dimanche 27 janvier 2019

« Nous irons dans les écoles pour entamer un dialogue » sur le racisme systémique au Québec

La Presse nous apprend qu’afin de lutter contre l’« exclusion » et la « discrimination », des militants viendront dans les écoles « dialoguer » (culpabiliser).

Un collectif d’auteurs — parmi lesquels on trouve Will Prosper, Webster, Fabrice Vil, Stella Adjokê et Widia Larivière — discute des différentes facettes de ce qu’il considère comme du racisme, afin « d’amorcer une discussion publique ». Présidente de la fondation Paroles de femmes et membre de l’incubateur Hoodstock à Montréal-Nord, Amel Zaazaa a codirigé l’ouvrage avec le philosophe Christian Nadeau. La Presse lui donne une tribune et l’interviewe. Amel Zaazaa est relationniste de presse à la Fédération des femmes du Québec, elle fut attachée politique de Mme Anne Lagacé Dowson (NDP) en 2015. Tunisienne d’origine, son dernier emploi en Tunisie fut Chargée des relations médias aux ministères des affaires étrangères français (jusqu’à la fin 2013).

Amel Zaazaa a participé à un reportage de la BBC sur les difficultés d'intégration au Québec en 2015, elle s'y plaignait du fait que Québec n'offre pas de classes d'anglais gratuites aux immigrants,

Pourquoi ce livre ?

L’idée est née il y a plus de deux ans. Quand il a été question de la commission sur le racisme systémique, il y a eu beaucoup de controverse dans les médias. Les gens ont réagi fortement, ils ont cru que tous les Québécois étaient accusés d’être racistes. Pourtant ce n’était pas la première fois qu’on en parlait. Déjà en 1969, lors des émeutes à l’Université Concordia, les gens réclamaient une telle commission. [Note du carnet : Les causes du conflit remontent à 1968, lorsque six étudiants antillais anglophones ont accusé Perry Anderson, professeur de biologie, de discrimination parce qu’ils avaient eu de mauvaises notes à un examen. Les émeutes se conclurent par 2 millions $ de dégâts (13 millions $ en tenant compte de l’inflation) par les étudiants « racisés » et « afrodescendants ». Le professeur accusé de racisme par six étudiants noirs anglophones fut déclaré innocent. La commission d’audience chargée de l’affaire a estimé qu’« il n’y avait aucune preuve pour étayer les accusations générales de racisme ».]

Il faut faire une différence entre le racisme individuel et le racisme systémique. On a voulu nuancer tout ça, d’autant plus que le débat se faisait sans que les personnes concernées soient impliquées. Avec Christian Nadeau, de l’Université de Montréal, qui est également président de la Ligue des droits et libertés, on a voulu faire un livre qui s’adresserait au plus grand nombre, un livre accessible qui serait aussi un outil d’éducation populaire.

Comment définissez-vous le racisme systémique ?

Quand on parle de racisme systémique, on ne parle pas d’une société qui a érigé le racisme en système, mais bien d’un ensemble d’oppressions subies par les personnes racisées dans différents domaines (la justice, la santé, l’éducation, etc.). Quand, par exemple, un seul nom peut être un obstacle majeur à l’obtention d’un logement ou d’un emploi, c’est du racisme systémique. Si mon voisin ne m’aime pas, c’est du racisme individuel et ce n’est pas très important. Mais si ce même voisin a le pouvoir de me priver de quelque chose d’important, d’un droit, alors là, on parle de racisme systémique. [Cette distinction nous paraît floue et sujette à discussion. On peut parler de racisme « systémique » ou « institutionnel » quand des lois et des règlements discriminent en fonction de la race comme en Afrique du Sud actuellement contre la minorité blanche, mais le racisme d’un propriétaire qui prive quelqu’un de quelque chose de vague d’important reste du racisme individuel.]

Avec le livre, nous allons entreprendre une tournée d’éducation populaire. Nous irons dans les écoles pour entamer un dialogue. Il ne s’agit pas de montrer du doigt des individus ou des groupes, mais bien de prendre acte, d’identifier les problèmes et de trouver des solutions. SLĀV nous a montré que c’est possible [NdC : que l’hystérie et la culpabilisation fonctionnent], qu’à l’abri des caméras on peut se rencontrer, dialoguer, aller au-delà des susceptibilités de chacun et avancer. On peut faire la même chose avec le racisme.

Les médias sont souvent montrés du doigt dans le livre. Quel rôle peuvent-ils jouer ?

Prenons le terme d’« appropriation culturelle ». Les gens ne comprenaient pas ce que cela signifiait. Mais grâce au débat et aux nombreuses discussions, ils ont finalement compris. [Ils ont plié.] C’est un exemple positif du rôle que peuvent jouer les médias lorsqu’ils expliquent des concepts [adopte notre vocabulaire, notre lexique et notre vision du monde]. Ils peuvent également donner des tribunes à des gens qui n’en ont pas, sinon le débat se fait sans nous. Mais il faut une volonté politique et sociale. Et il faut refuser que les politiciens instrumentalisent les peurs, comme c’est le cas dans le débat sur l’immigration, par exemple. Je suis arrivée au Québec il y a cinq ans, je parle parfaitement français. Or on parle de moi comme si je n’étais pas voulue au Québec. Les immigrants ont l’impression de ne pas être des citoyens à part entière [description monolithique des immigrants, ils sont divers et tous n'ont pas cette impression !]. On parle de nous comme si nous étions un bloc monolithique [oups, Amel tu viens de le faire en parlant au nom de tous les immigrants]. Or nous avons droit à notre individualité.


Éducation à la sexualité : « les craintes des parents sont légitimes »

Texte de Nadia El-Mabrouk, professeure à l’Université de Montréal. Ce texte aurait mené à l’exclusion de la professeure Nadia El-Mabrouk d’un colloque syndical à cause de ses positions sur la laïcité et l’éducation à la sexualité.


« In Queer We Trust » est le message que je peux lire tous les jours sur un autocollant à la porte de ma station de métro. Et si c’était une religion ?

Cela expliquerait la déferlante de messages virulents que j’ai reçus après ma chronique sur l’identité de genre, afin de parfaire mon « éducation » sur le sujet.



Le sexe serait « un continuum d’états sur le spectre de l’arc-en-ciel », il ne serait pas constaté, mais « assigné » à la naissance, des personnes seraient « nées dans le mauvais corps », il y aurait des « femmes avec un pénis » et des « hommes qui accouchent ». Toute objection est déclarée transphobe.

En clair, l’idéologie queer est une orientation politique dont l’objectif est de nier la binarité des sexes.

La notion de femme et d’homme serait une question d’« identité de genre », autrement dit de ressenti, et non de sexe biologique.

À qui profite cette déconstruction des concepts ? Certainement pas aux femmes victimes d’inégalités sociales liées à la maternité ni à celles aux prises avec des traditions patriarcales qui les aliènent sur la base de leur sexe.

C’est pourtant ce nouveau paradigme qui, sans qu’aucun débat public n’ait eu lieu, imprègne les discours politiques et les orientations gouvernementales. Il est à l’origine du remplacement de la notion de sexe par celle de « genre » dans les documents officiels.

Dernièrement, c’est Statistique Canada qui annonçait le remplacement de la variable « sexe » par la variable « genre que ressent intimement une personne (selon où elle se positionne sur le continuum de l’identité de genre) » 1. On croit rêver !

Comment une institution aussi essentielle pour la démocratie pourra-t-elle baser ses enquêtes sur une dimension des plus floues et des moins scientifiques, plutôt que sur une donnée objective ?

Comment le gouvernement compte-t-il remplir ses engagements de mesurer les écarts de salaire, d’employabilité ou de conditions de vie entre les hommes et les femmes, des données essentielles pour atteindre l’égalité ?

Pour ce qui est du « continuum des genres », les formulaires de Statistique Canada offriront-ils la panoplie des identités que promeuvent les militants de la cause trans, soit « transsexuelle, transgenre, homme et femme trans, genre fluide, genre variable, travestie, sans genre, gender fuck, bispirituelle, etc. » ? Cette idéologie, qui a déjà largement pénétré la sphère politique, se retrouvera-t-elle à l’école ?

Cours d’éducation à la sexualité

L’instauration au Québec d’un cours qui permette [note du carnet : permettrait uniquement] aux enfants d’intégrer une vision saine de la sexualité, et de les prémunir contre les agressions sexuelles, est une excellente nouvelle. Mais les parents doivent être informés du contenu du cours, du matériel pédagogique et des intervenants. Leurs craintes sont légitimes.


En Colombie-Britannique, par exemple, le ministère de l’Éducation a instauré le programme « Orientation sexuelle et identité de genre » (SOGI) qui, sous couvert de lutte contre la discrimination, intègre le vocabulaire transgenre.

D’ailleurs, le jumelage qui est toujours fait entre l’orientation sexuelle et le discours trans ne risque-t-il pas de créer un ressac contre la nécessaire lutte contre l’homophobie ?

C’est pour manifester leur opposition à de tels programmes que des parents aux États-Unis, en Australie et au Canada, ont retiré leurs enfants de l’école le 23 avril dernier. Au-delà des raisons religieuses de certains parents, une grande partie de la contestation concerne un matériel pédagogique développé par des militants de la cause trans. C’est le cas du site SOGI financé, entre autres, par des organisations LGBTQ+2.

Dans une capsule vidéo publiée sur ce site, on nous présente une « fille trans » de 14 ans, autrement dit un garçon, qui explique être une fille, notamment par le fait qu’il aime dessiner des sirènes.

Cette semaine, Radio-Canada nous présente Alexis, un ex-culturiste, qui explique son sentiment d’être une femme par le fait d’avoir toujours été attiré par les jouets, le maquillage et les vêtements féminins. Alexie, devenu « femme », donne des conférences devant des jeunes du secondaire.

A-t-on fait tout ce chemin de lutte contre les stéréotypes pour en arriver là ?

Plutôt que de brouiller la distinction entre les sexes, le rôle de l’école n’est-il pas de faire en sorte que les garçons se sentent à l’aise de pratiquer des activités traditionnellement assignées aux filles, et inversement ? [Note du carnet : non, ce n’est pas plus le rôle de l’école gouvernementale. Qu’on laisse les garçons être garçons, qu’on les aide à moins décrocher et qu’on ramène le goût de l’effort à l’école, qu’on remette l’accent sur l’instruction des savoirs, moins de volonté de changer les enfants des autres pour en faire des « progressistes », des métrosexuels. Ensuite chaque école, selon sa tradition pourra offrir le contenu moral recherché par les parents. On pourrait ainsi avoir des écoles catholiques, d’autres très progressistes, LGBT, si l’on veut du moment que cette philosophie est clairement affichée et que les parents choisissent l’école en connaissance de cause.]

Comment les enseignants devront-ils surfer sur ce paradoxe qui consiste, d’une part à lutter contre les stéréotypes, comme le prévoit la stratégie gouvernementale « Pour l’égalité entre les femmes et les hommes », et d’autre part à aller dans le sens de la reconnaissance de l’« identité de genre » qui s’appuie, en grande partie, sur l’acceptation des stéréotypes ?

Nous sommes de nombreux parents à contester le cours d’Éthique et culture religieuse qui cantonne les enfants dans des appartenances religieuses. Allons-nous faire face, avec le cours d’éducation à la sexualité, à une nouvelle idéologie, encore plus intrusive, qui nie les sexes ? J’appelle le ministre de l’Éducation à s’assurer que le cours soit à l’abri de telles dérives.