jeudi 4 mars 2021

Instruction à la maison : progrès en Alberta et Colombie-Britannique, recul au Québec

Nous reproduisons ci-dessous un extrait d’une lettre envoyée aux donateurs du Centre canadien pour l’éducation à la maison :

Vivre en plein milieu d’une pandémie peut certainement poser tout un défi. Certains pensent que, durant la pandémie, la vie des familles faisant l’école-maison a simplement continué sans interruption. Ce n’est pas du tout le cas ! On s’imagine parfois, à tort, que faire l’école-maison signifie ne jamais quitter la maison. En réalité, nombre d’entre nous passons régulièrement du temps avec d’autres, que ce soit dans le contexte d’une coopérative école-maison ou bien à travers le sport, les sorties ou les événements spéciaux.

Nombre de familles nous ont fait part de leur déception de voir les écoles ouvrir tandis que les coops n’avaient pas la permission de fonctionner en mode présentiel à cause des restrictions provinciales. Notre équipe du CCHE est en communication avec les décideurs au niveau provincial depuis plusieurs mois dans le but de développer des options pour permettre aux familles faisant l’école-maison d’être engagées dans des activités éducatives en groupe. Nous sommes heureux de vous informer que deux provinces, soit la Colombie-Britannique et l’Alberta, ont fait des concessions pour permettre aux groupes de se rencontrer à des fins éducatives en dehors des salles de classes traditionnelles ! Ceci est un développement positif. Nous espérons que les autres provinces reconnaîtront ceci et adopteront des mesures similaires.

Toutefois, en plus des défis posés par le confinement, les familles qui éduquent à domicile au Québec sont confrontées à une pression accrue ainsi qu’à une augmentation des exigences de rapport de la part du Ministère de l’éducation provincial. Notre équipe juridique au CCHE travaille présentement avec le Ministère afin de s’assurer que les familles soient traitées de manière équitable et que le gouvernement du Québec n’outrepasse pas son autorité en vertu de la loi. 

[Le Monopole de l’Éducation veut forcer les parents éducateurs à se conforter de plus en plus strictement au programme et aux méthodes du seul Ministère. Une autre association, l’AQED, émet des doutes quand le Ministère québécois prétend que les familles éducatrices sont satisfaites du nouveau règlement gouvernemental.]

[…] Nous sommes là pour défendre les intérêts des familles faisant l’école-maison. Nous continuerons de vous tenir au courant de tout le travail en cours au CCHE. Si vous avez des questions ou des suggestions, n’hésitez pas à nous contacter en répondant à ce courriel.

Cordialement,

Peter Stock
Directeur général
Centre Canadien pour l’Éducation à la Maison
CCHE
www.cche.ca/fr
courriel: francais<arrobe>cche.ca

Voir aussi 

AQED : « Éducation à domicile — Le nouveau projet de règlement est très mal avisé »

DPJ utilisée pour harceler les parents-éducateurs à la maison

DPJ utilisée pour harceler les parents-éducateurs à la maison

Sous l’égide de l’instituteur Roberge, dont on ne peut mettre en doute la ténacité et la confiance en soi, les parents éducateurs du Québec sont soumis depuis près d’un an à de très fortes pressions de la part du Monopole de l’Éducation du Québec. Celui-ci utilise l’arme de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) pour faire plier les parents. Ces pressions n’ont aucunement l’objet d’éviter la maltraitance d’enfants, à moins que de ne pas appliquer fidèlement la pédagogie et le programme de M. Roberge soit de la maltraitance… 
 
Nous connaissons personnellement trois familles qui ont décidé de quitter le Québec à la suite de ces pressions par la DPJ, l’une d’entre elles possédait une petite entreprise prospère en Estrie, elle est depuis vendue.

Dans le cadre de ces tracas causés par le Monopole de l’Éducation du Québec et par la DPJ, l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) informe ses membres :

L’AQED travaille sans relâche pour ses membres ! Nous tenons à vous garder informés des efforts faits pour vous défendre auprès de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). La liberté des familles est constamment mise à l’épreuve et nous devons continuer à travailler pour éviter que des familles ne soient harcelées par la DPJ sans raison autre que parce qu’elles font l’éducation à domicile.

À quoi ces interventions peuvent-elles ressembler ? Voici le résumé d’une situation qui s’est déroulée au début du mois, lors de laquelle l’AQED est intervenue pour soutenir une de ses membres.

Une représentante de la DPJ dans une région a contacté l’AQED pour avoir des renseignements au sujet d’une famille. Nous leur avons bien spécifié que l’AQED est un organisme communautaire et que la loi ne nous oblige pas à communiquer quelque renseignement que ce soit.

À la suite d’échanges téléphoniques, notre conseillère juridique a rectifié plusieurs faits avec cette représentante de la DPJ.

  • La famille n’a rien à se reprocher puisqu’elle a envoyé son avis à la Direction de l’enseignement à la maison (DEM) dans les 10 jours suivant le retrait de l’école. Elle a présenté à la DPJ son avis de réception, ce qui est le seul document dont la DPJ a besoin pour évaluer si la famille fait vraiment l’éducation à domicile.
  • La famille peut présenter son projet d’apprentissage (PA), mais ce n’est pas au travailleur social de le juger ou de l’évaluer. La DEM est le seul département gouvernemental compétent pour déterminer la conformité du PA. La DPJ n’est pas un organisme compétent pour évaluer le contenu du PA : sa compétence et son mandat étant d’évaluer si un enfant est en situation de compromission seulement.

Les travailleurs sociaux et la DPJ ont parfois une faible connaissance de l’éducation à domicile et nous prenons des moyens pour les sensibiliser et les informer de vos droits et vos réalités. C’est donc une des nombreuses excellentes raisons de devenir membre de l’AQED, l’association étant constamment présente pour défendre et représenter ses membres.

Merci de votre confiance !


Les tribunaux décréteront-ils que la Fête des mères et celle des pères sont offensantes?

Nous avons reçu ce communiqué de presse.

MONTRÉAL, le 4 mars 2021/CNW Telbec/—Le Conseil des leaders religieux de Montréal-Nord et le groupe UVVC s’unissent pour demander au procureur général d’en appeler du jugement de la Cour supérieure du Québec qui demande au gouvernement d’enlever les mots père, mère, homme et femme de notre vocabulaire courant et des registres de l’état civil.

Nos organisations partenaires regroupent des parents, des responsables d’églises de communautés de foi chrétienne et autres, ainsi que des leaders professionnels évoluant dans différentes sphères de la société québécoise. Nos membres ont été fortement ébranlés par la récente décision de la Cour supérieure du Québec.

Nous nous interrogeons sur la décision de ne plus utiliser des mots dont les référents non subjectifs font partie de nos habitudes langagières depuis toujours, aussi bien que de l’éducation de nos enfants et de nos petits-enfants. Cette décision qui aurait un impact majeur dans notre société constituerait, d’après nous, une atteinte brutale à nos droits et à notre liberté d’expression.

Nous croyons aux valeurs fondamentales qui ont permis à la société québécoise, durant plusieurs générations, de surmonter des crises, d’éduquer des hommes et des femmes capables de se développer, de s’épanouir et de former des familles. Nous croyons que nous pouvons nous exprimer librement et en tout respect pour tous, et que les mots père, mère, homme et femme sont des vocables de base dans toute société, la nôtre, en l’occurrence, qui est devenue une nation forte, grâce à nos pères et mères. D’ailleurs, comment les appeler autrement ?

En tant que citoyens, parents et leaders solidement implantés dans la société québécoise, nous sommes vivement alarmés par ce jugement et nous demandons au gouvernement d’en appeler de cette décision de la Cour supérieure du Québec, et ce, pour le bien-être de notre société entière et pour la stabilité affective de nos enfants et petits-enfants.

À défaut d’en interjeter appel, quelle garantie nous reste-t-il qu’il ne sera pas interdit, dans un avenir rapproché, de mettre fin à des célébrations qui mettent en valeur le rôle éducatif et affectif des pères et des mères du Québec vis-à-vis leurs enfants ? Et si les mots fille et garçon étaient les prochains mots à extraire de notre vocabulaire ? C’est pourquoi nous conjurons nos élus de nous appuyer en demandant au ministre de la Justice d’en appeler de ce jugement.

Cosignataires

Éric Lanthier, vice-président d’UVVC et aumônier

Serge Célestin, Président du Conseil des leaders religieux de Montréal-Nord et pasteur

SOURCE UVVC

Renseignements : RENSEIGNEMENTS AUX MÉDIAS : Éric Lanthier, 819.968-9994

Liens connexes

https://www.uvvc.ca/index.html

Voir aussi 

Italie — Plus de fête des Pères à cause d'une enfant élevée par ses deux « mamans » 

Mort à papa ! Mort à maman !

Jordan Peterson sur Trudeau et son « peoplekind » et les danses père-fille annulées 

 

Cartes de la fête des Pères interdites dans les écoles écossaises



Pour le philosophe Alain Badiou : « le mot communisme a été corrompu par le pouvoir d’État »

Recension du dernier (espérons) livre éponyme d’Alain Badiou par Éric Zemmour. Pour le chroniqueur du Figaro, cet ouvrage est un plaidoyer pro domo par le plus célèbre des philosophes marxistes vivants. Entre humanisme irréaliste et jargon mathématique abscons.

C’est une drôle d’histoire belge. Des lycéens de ce pays reçoivent Alain Badiou. Le philosophe leur parle de communisme, de vérité, d’amour, de poésie, de mathématiques, de Platon, de Socrate, d’Aristote, de Spinoza, de Hegel, de Marx, de Sartre. Il en sort un opuscule que l’éditeur énamouré présente comme « une boussole fiable afin de s’orienter dans le fantastique foisonnement » de son œuvre.

Ladite boussole marque toujours le même nord : le communisme. S’il ne doit en rester qu’un, Badiou sera celui-là. Il n’en démord pas, enrôlant Platon dans son combat égalitariste millénaire dont il veut faire la quintessence de la « Vérité ».

Badiou, dans un raccourci audacieux, met un signe égal entre vérité, universalisme, égalitarisme, internationalisme, communisme : « Le Communisme (est l’) idée de sortie du Néolithique, de sortie des six mille ans qui l’ont précédé. Il n’y a aucune raison d’abandonner cette tradition sous prétexte qu’à un moment donné elle a tenté une expérience qui a échoué. »

« L’espoir de la jeunesse »

Il n’y a aucune raison : la famine organisée en Ukraine, le Goulag, les procès de Moscou, etc., Badiou reprend comme si de rien n’était la thèse du « bilan globalement positif ». D’un côté, l’éducation et la santé, de l’autre le totalitarisme et les persécutions : « Il faut soutenir la thèse que le mot communisme a été corrompu par le pouvoir d’État […] Lénine avait vu cela dès 1920. […] Anxieux empli de doutes où il va jusqu’à dire que somme toute l’État bolchevique ne vaut pas mieux que l’État tsariste. »

À le lire, on songe à ce qui adviendrait si un philosophe venait devant des lycéens français et leur disait tout uniment : « L’idée fasciste fut l’espoir de la jeunesse. Le national-socialisme a été corrompu par le pouvoir d’État. Hitler avait vu cela dès 1934. Anxieux, empli de doutes, dans son nid d’Aigle, où il va jusqu’à dire que l’État nazi ne vaut pas mieux que l’État bismarckien. Après tout, le nazisme c’est aussi les croisières pour les ouvriers et la Volkswagen Coccinelle (la voiture du peuple !) pour tous. Il nous faut donc être fidèles à cette espérance. »

Mais Badiou ne plaisante pas. Il est en mission commandée. Il est là pour « corrompre la jeunesse » : c’est lui-même qui le dit, reprenant la célèbre accusation portée contre Socrate. Une jeunesse qu’il est facile de « corrompre » avec des idéaux généreux d’égalité et d’universalisme. Quand il se contente d’ânonner de grandes déclarations de principes, on voit bien que le communiste n’est d’abord qu’un « chrétien impatient ». Ou plutôt un hérétique qui ne respecte pas l’enseignement de Jésus : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » C’est dans cette hérésie que tout bascule. Mais Badiou sent bien que la jeunesse risque de lui échapper. Il a vu que son communisme orthodoxe est dépassé sur sa gauche par « deux évolutions contemporaines : un relativisme culturel qui ne laisse plus de place à la notion de vérité universelle (…), des doctrines qui affirment la supériorité des actions sur les pensées ».

« L’immigration, arme du capitalisme »

Notre marxiste orthodoxe a vu le danger, celui d’un gauchisme mâtiné d’islamisme et de féminisme, et leurs fameuses luttes « intersectionnelles » qui le jetteraient, lui aussi, dans les poubelles de l’histoire du mâle blanc de plus de 50 ans, comme un vulgaire Aragon, sifflé par les jeunes rebelles de Mai 68. Mais il ne sait pas comment combattre ce danger. Il l’aggrave au contraire avec ses pétitions de principe égalitaristes et universalistes, faisant de l’attitude favorable aux migrants, l’alpha et l’oméga d’un antifascisme d’opérette.

On a envie de lui rappeler que le secrétaire général du Parti communiste, Georges Marchais, avait, en 1980, réclamé avec vigueur l’arrêt de l’immigration, illégale, mais aussi légale. À l’époque, les communistes tentaient — pour la dernière fois — de protéger la classe ouvrière française de la destruction programmée par un capitalisme qui s’apprêtait à faire le grand saut de la mondialisation. Les communistes avaient encore en tête la leçon de Marx sur « l’immigration, arme du capitalisme » pour faire baisser les salaires et diviser la classe ouvrière.

Mais nos jeunes lycéens belges, pas plus que la plupart de leurs homologues français d’ailleurs, ne savent plus qui est Georges Marchais.

Badiou non plus ne veut plus le connaître. Le passé pas plus que le réel ne semblent l’intéresser. La dernière partie de l’ouvrage voit notre philosophe s’envoler dans les hautes sphères abstraites et absconses d’une philosophie qu’il « situe entre les mathématiques et la poésie ». À le lire, on voit bien les mathématiques, mais pas vraiment la poésie. Il use d’un incompréhensible charabia mathématique qui m’a ramené soudain en classe de sixième quand des pervers narcissiques dits pédagogues de l’Éducation nationale expérimentaient sur ma pauvre cervelle leurs théories sur les ensembles : « L’inexistant est donc proprement le point de non-apparaître d’une multiplicité dans un monde, point qui est relatif au transcendantal de ce monde. […] L’universalité ontologique ne garantit pas à elle seule l’absoluité des vérités. Le relativiste peut toujours dire que ce n’est que la garantie d’une circulation possible d’une œuvre à support générique d’un monde à un autre, voire l’implosion impériale d’une généricité locale à des mondes culturels disparates. »

Content de lui

On relit plusieurs fois pour essayer de comprendre. On se frotte les yeux, on est perdu. Les formules mathématiques s’enchaînent aux phrases alambiquées. Badiou, citant Sartre, nous avait pourtant dit qu’il voulait être fidèle à ses ancêtres, Voltaire, Rousseau et les philosophes de la Révolution française. On avait pourtant eu l’impression que ceux-ci écrivaient dans une langue limpide, élégante, compréhensible de tous. On rit en imaginant la tête des lycéens belges devant l’abscons jargon mathématisé de notre philosophe.

Mais s’il a perdu en route la plupart de ses lecteurs et auditeurs, Badiou n’a jamais été aussi content de lui, car il a « trouvé le chemin d’une absolutisation des œuvres de vérité, dont j’ai déjà démontré, allant et venant entre philosophie et mathématiques, qu’elles étaient à la fois singulières et universelles, et dont il ne restait plus qu’à montrer qu’elles peuvent être également absolues. Ce que je crois avoir fait. Je l’ai fait à un âge suffisamment avancé pour que cette réussite soit vraiment réconfortante ! Permettez-moi de finir sur cette orgueilleuse assertion ! »

Il faut imaginer Badiou heureux.

ALAIN BADIOU 

par Alain Badiou,
publié aux PUF,
le 3 février 2021,
à Paris,
162 pp.,
ISBN-10 : 2 130 827 063

Voir aussi

Le communisme, cette religion profane