mardi 19 mai 2009

No neutral ground in religion and ethics class

Lettre ouverte envoyée à la Gazette par John Vaudry de Montréal.
There seems to be a lot of misunderstanding as to why some parents object to the new course on Religion and Ethics that is now mandated in Québec schools. Shouldn't we all know something of what others believe? And if the course aims at promoting tolerance and "the common good," how could any right-thinking person be against it? Conservative Catholics and evangelicals are among the main opponents of the course. Those I know want a society in which all people (whatever they profess to believe or not believe) might live and let live. There ought to be at least civility among us, and in many cases co-operation for the common good.

However, this does not mean that children in Grade 1 must be taught about world religions. If parents and church teach, for example, that Jesus is Lord over all yet the school says Jesus is but one of many religious teachers (and how can it do otherwise?), there will inevitably be confusion in the child's mind. The notion that such a course can be taught from a neutral point of view is a myth. Not to decide is to decide. Either the school affirms that everyone should bow before Jesus or it does not. There is no neutral ground.

Similarly, it is questionable whether ethics can be taught from some supposedly neutral perspective. The teacher always has a bias (whether Christian, humanist, utilitarian, etc.) which will be virtually impossible to conceal. Big Brother needs to stop encroaching on the rights of parents.

John Vaudry, Montréal

Le pouvoir légitime des parents — Réponse à la lettre de l'abbé Gravel

Lettre ouverte de Mme Morse-Chevrier, présidente de l'Association des parents catholiques, envoyée à la Presse de Montréal et à l'Action, à la suite de la publication d'une lettre du prêtre Raymond Gravel en faveur de l'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse.

Le procès opposant les parents qui demandent l’exemption de leurs enfants du cours d’Éthique et culture religieuse (ECR) et la Commission scolaire Des Chênes, assistée de la Procureure Générale comme intervenante, a eu lieu à la Cour Supérieure de Drummondville du 11 au 15 mai 2009. Ayant assisté à l’entièreté de la preuve présentée par les deux parties, je ré-affirme l’appui de la part de l’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) aux parents qui demandent l’exemption pour leurs enfants.

Le Cardinal Zenon Grocholewski de Rome, se référant « à de nouvelles réglementations civiles » qui remplacent l’enseignement religieux par des cours de « morale et culture religieuse », a publié très récemment (le 5 mai 2009), une lettre à tous les évêques du monde pour distribution auprès de ceux engagés dans la mission éducatrice de l’Église. Cette lettre rappelle très fortement la priorité pour le parent de choisir l’éducation morale et religieuse de leurs enfants à l’école comme ailleurs : « Au sein d’une société pluraliste, le droit à la liberté religieuse requiert à la fois l’assurance que l’enseignement religieux soit donné dans les écoles, et une garantie que cet enseignement soit en conformité avec les croyances des parents. »

La lettre du cardinal Grocholewski vient renforcer ses remarques orales il y a quelques semaines à l'effet que l'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse au Québec « violait le droit des parents. » (Zenit, 19 février 2009)

En tant que préfet de la Congrégation pour l’Éducation catholique, le Cardinal, le 5 mai 2009, a prévenu des dangers suivants : « Si l’enseignement religieux se limite à une exposition de différentes religions de manière comparative et “neutre”, cela peut être source de confusion, ou inciter au relativisme ou à l’indifférentisme. » Ce n’est pas différent de ce que disent les parents qui demandent d’exempter leur enfant du cours d’Éthique et culture religieuse (ECR), ni des propos du théologien Guy Durand, témoin expert pour les parents en Cour supérieure à Drummondville du 11 au 15 mai 2009, qui a souligné que ce cours mène au relativisme.

Ce ne sont pas quelques parents marginaux qui s’objectent à ce cours, contrairement aux dires de M. Raymond Gravel (L’Action, le 14 mai 2009). Les Chevaliers de Colomb de la province veulent la reconnaissance du droit à l’exemption et que ce cours soit optionnel. Il en va de même pour les coptes orthodoxes, pour les parents de l’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) et de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ), pour plusieurs pasteurs évangéliques et autres. Lorsque 2000 parents demandent l’exemption, que 200 parents retirent leurs enfants et que des parents poursuivent une commission scolaire en cour, il y a lieu de s’interroger. Pour moins que cela, on avait introduit l’enseignement moral comme option à l’enseignement religieux, il y a plus de 25 ans. L’APCQ demande, avec les autres parents, que les commissions scolaires accordent l’exemption aux parents qui le demandent ou, mieux encore, que le cours ECR soit optionnel.

David Mascré, philosophe et professeur associé à l’Université de Paris, après une analyse minutieuse du programme, considère que ce dernier est dangereux pour les enfants car il promeut « le polythéisme » et « réduit systématiquement le contenu de la foi à un ensemble de symboles sans fondement objectif ni assise rationnelle ». Son analyse confirme celles faites par les parents de la province.

Il ne faut pas confondre la perte du choix entre l’enseignement religieux ou l’enseignement moral (sans religion) et l’imposition du programme d’ECR. Les parents veulent avoir, bien sûr, une option respectueuse de leur foi à l’école comme l’a maintes fois recommandé le Vatican. Cependant ils veulent aussi et séparément, ne pas voir des religions étrangères imposées à leurs enfants dans le contexte d’un cours non chrétien comme ECR. Ils ne veulent pas, non plus, que leurs enfants soient soumis à une approche de clarification des valeurs pour l’éthique, comme c’est le cas dans ECR.

Le cynisme, la moquerie et le mépris de M. Gravel à l’égard des parents ne semblent pas connaître de limite (L’Action, le 14 mai 2009). Mais, à mon étonnement, M. Gilles Routhier, théologien expert pour la Commission scolaire Des Chênes à Drummondville, a aussi reproché aux parents : « de bouder le programme, de faire des marches et des manifestations ». Par ces actions, les parents ne font qu’exercer leur pouvoir démocratique et défendre leurs droits. L’État et certains membres du clergé ont peut-être un agenda social à promouvoir, mais ce débat doit se faire entre adultes consentants. Ne le faisons pas sur le dos des enfants. En dépit de sa position pro-ECR, Georges Leroux, témoin expert pour la Commission scolaire à Drummondville, a prévenu contre le fascisme quand l’autorité parentale tombe. Il faut renforcer et non miner l’autorité parentale et le droit de choisir des parents.

Les parents ne sont pas des fanatiques parce qu’ils tentent de passer à leurs enfants des valeurs sûres et une foi vivante et parce qu’ils ne veulent pas voir cet ouvrage détruit par l’école, en l’occurrence par le cours ECR. L’APCQ demande le respect pour ces parents et pour leurs enfants et adolescents dont la liberté de conscience et de religion est aussi bafouée.

Lorsqu’on demande à l’enfant de comparer des récits religieux, de rentrer dans des lieux de culte en prenant les postures requises par cette croyance, de nommer des noms de dieux païens, de lire des prières des spiritualités autochtones, de raconter comment il vit sa religion à domicile, de se taire devant des opinions qu’il trouve irresponsables ou devant des croyances qu’il trouve illégitimes, d’accepter toute croyance sur le même pied, on demande à l’enfant d’agir et non seulement d’observer le phénomène religieux, contrairement à ce qu’ont prétendu M. Jacques Pettigrew et M. Routhier lors des audiences en cour. Ces actes interfèrent avec le développement religieux de l’enfant car il doit mettre de côté son esprit critique face aux autres religions et collaborer avec des actions qui vont parfois contre sa foi. Le vivre-ensemble n’est pas tout, l’enfant tend entièrement vers la connaissance de la vérité, comme l’a précisé le professeur Mascré devant le Tribunal.

Laissons les parents éduquer leurs enfants. Ne tentons pas de leur enlever ce privilège qui vient avec la responsabilité de les élever. Faisons confiance au peuple québécois en leur laissant, comme le stipule le Vatican, une réelle liberté dans le choix de l’école et des programmes. Rejetons l’approche totalitaire qui impose, par le biais de lois gouvernementales, de cours obligatoires et de mépris des demandes des parents, des changements identitaires aux plus jeunes et plus vulnérables des citoyens.

Terminons par une citation d’un document de Vatican II donnée en Cour Supérieure par Me Jean-Pierre Belisle, procureur pour les parents, pour appuyer la légitimité des actions des parents catholiques (et autres) qui veulent exercer de manière responsable leur autorité parentale :
« Qu'ils [les laïcs] attendent des prêtres lumières et forces spirituelles. Qu'ils ne pensent pas pour autant que leurs pasteurs aient une compétence telle qu'ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission. Mais plutôt, éclairés par la sagesse chrétienne, prêtant fidèlement attention à l'enseignement du Magistère, qu'ils prennent eux-mêmes leurs responsabilités. »
(Gaudium et Spes, 43-2).

Notons que le Magistère vivant est celui dont l'autorité s'exerce au nom du Christ, c'est-à-dire par les évêques en communion avec l'évêque de Rome (Wikipedia).

Jean Morse-Chevrier,
présidente,
Association des parents catholiques du Québec

Cours d'éthique et de culture religieuse — Réponse à l'abbé Gravel

Lettre ouverte de Guy Durand, théologien, à Raymond Gravel, prêtre, qui approuve l'imposition du cours ECR.
Monsieur Raymond Gravel, votre lettre sur le cours Éthique et culture religieuse m'a d'autant plus attristé que j'ai une grande admiration pour vous. Comment pouvez-vous être aussi méprisant pour des citoyens qui demandent qu'on respecte leur liberté de conscience et de religion: «Fanatiques», «ultra-catholiques», sans avoir «évaluer la pertinence et le contenu» du programme. Tout en appuyant la demande d'exemption, je ne me reconnais aucunement sous ces termes: j'ai milité il y a plusieurs années pour la déconfessionnalisation de l'école Notre-Dame-des-Neiges à Montréal; j'ai déjà écrit comment on devrait transformer le présent programme (revue Éthique publique, printemps 2008). Mais je respecte infiniment la liberté de conscience et de religion, donc le droit à l'exemption du cours ÉCR qui constitue le coeur du procès à Drummondville. D'autant plus que je trouve que le programme actuel, malgré les beaux objectifs affichés, contient des faiblesses majeures, surtout lorsqu'il s'adresse aux élèves du primaire. Peut-on discuter à un autre niveau que celui des invectives?

Vous dites que les objectifs du programme sont corrects. Oui, mais avez-vous analysé la structure et le contenu du programme? Avez-vous analysé quelques manuels? Personnellement, je ne pense pas que le cours réponde aux objectifs que vous désirez: «comprendre notre culture et notre héritage collectif» ou «montrer l'influence du christianisme dans l'évolution de la société québécoise». On présente huit religions aux enfants de six et sept ans. Elles sont sur le même pied que des légendes grecques, des mythes et des contes que personne ne donne comme «croyances». Le maître doit rester neutre dans les discussions entre enfants. Je ne vois pas en quoi le cours permettra «d'apprendre à distinguer un récit historique d'une légende ou d'un texte poétique». Au contraire, c'est plutôt la confusion que le programme favorise. Les éléments des religions sont présentés de manière morcelée, sans que l'élève ne puisse saisir la signification profonde de la religion ou le sens qu'elle pourrait donner à sa vie. Le christianisme lui-même y est mal présenté, vidé de tout ce qui fait sa signification. Il n'est pas certain d'ailleurs qu'on lui donne la prépondérance demandée. Quand il est question des besoins de l'enfant, on en nomme cinq ou six, mais jamais les besoins d'ordre spirituel ou religieux ne sont cités. On cherche à développer l'esprit critique des jeunes enfants, y compris vis-à-vis les règles familiales et religieuses. On impose aux enfants du primaire des discussions qui relèvent davantage de la fin du secondaire.

Il n'est pas question de transmission de la foi – on s'entend que celle-ci relève des parents et des communautés – mais de la transmission de connaissances religieuses ou d'acquisition de la culture religieuse qui a fait le Québec, ainsi que d'une véritable formation morale et non d'un cours de citoyenneté.

Les orientations du programme sont confirmées et accentuées par les affirmations et déclarations de certains rédacteurs ou conseillers du programme dans des revues ou des séances de formation organisées par le Ministère: l'un affirme «Tout est légitime»; un autre déclare qu'il faut «apprendre à ébranler la suffisance identitaire» du jeune; un troisième dit qu'il faut décentrer le jeune; un quatrième qu'il faut apprendre à relativiser; une diapositive d'un video de formation signale qu'il faut poursuivre la déconfessionnalisation du système scolaire jusqu'à la «déconfessionnalisation des mentalités».

Dans les manuels utilisés à Drummondville (1re et 2e années), il y a deux prières à la Terre-Mère et au Grand-Esprit, aucune allusion au Notre Père. On parle de la Création en deuxième année en décrivant la légende autochtone du Grand-Lièvre: rien sur le récit biblique. On fait suivre le récit de Noël d'un «réveillon» chez les souris. on ne dit pas pourquoi Jésus pardonne à Zachée. Dans un autre manuel, on demande aux enfants de 12,13 ans d'inventer leur propre religion (fondateur et mythe fondateur, un ou des dieux, un code moral, un livre sacré, quelques rituels, quelques objets de culte): jeu si l'on veut, mais on peut se demander ce que ce jeu induit dans la pensée de l'enfant. Ailleurs, on met la Révélation de Dieu à Mahomet à l'indicatif («Dieu révéla à Mahomet le message divin») alors qu'on utilise le conditionnel pour la Résurrection de Jésus («ses disciples l'auraient rencontré bien vivant»). On décrit la place de la femme dans diverses religions de manière vraiment injuste pour le catholicisme. Une activité de réflexion de type yoga avec les tout petits a pour titre «Graine de doute» et donne le doute comme fruit de l'activité.

Je suis particulièrement abasourdi par votre dernière phrase: «comme prêtre catholique, je fais confiance à la sagesse de nos évêques». Que pensez-vous de la sagesse des évêques sur la contraception, l'homosexualité, le mariage des prêtres, l'ordination des femmes? Question directement de leur ressort pastoral pourtant. Le concile Vatican II a d'ailleurs affirmé que dans les questions concrètes d'aménagement social et politique, il appartient aux laïcs de décider; ceux-ci ne doivent pas penser que leurs pasteurs ont cette compétence, ni mission à cet effet (Gaudium et spes, no 43, paragraphe 2).

Quant à la déclaration de l'épiscopat en 2008, elle rappelle que leur préférence demeure pour les options en enseignement religieux, elle signale de nombreuses faiblesses et difficultés qui affectent le programme, «dont certaines sont contournables», ce qui implique que certaines ne le sont pas. Et leur déclaration contient trois fois l'affirmation qu'ils sont devant un fait accompli: Ils sont loin d'approuver le programme. On peut comprendre leur fatigue quand on sait qu'ils se sont prononcés en faveur des options des dizaines de fois, notamment en 1997, 1999, 2000, 2005.

Guy Durand, théologien retraité

Dunham

« Le libre choix, ça fait partie de nos valeurs au Québec »

« Le libre choix, ça fait partie de nos valeurs au Québec »
C'est ce qu'a déclaré ce matin madame Yolande James, ministre de l'immigration et des communautés culturelles, au micro de Paul Arcand au 98,5 MF.

C'est ce qu'elle a affirmé mot pour mot, en parlant du port du voile musulman dans la fonction publique québécoise, pas de la liberté de choix à l'école, bien sûr.