mardi 16 décembre 2008

Réaction de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec face aux expulsions dues à l'imposition du cours d'ECR




(silence)






« La situation actuelle est créée par l’intransigeance du gouvernement qui rend ce cours obligatoire »

Dans un communiqué publié aujourd'hui, l'Association des parents catholiques appuient les parents et élèves de Granby victimes de l'intransigeance du gouvernement. Gouvernement, rappelons-le, qui prétend vouloir enseigner la tolérance, le respect de la diversité en matières de convictions religieuses et le dialogue.

Nous reproduisons ce communiqué ci-dessous.
Mépris de la liberté de religion au secondaire — l’APCQ appuie les familles

Mardi le 16 décembre 2008.

Sept élèves de l'école secondaire Joseph-Hermas-Leclerc de Granby sont en voie de suspension parce qu’ils boycottent le cours d'éthique et culture religieuse. L’école exige que les parents signent un contrat de ré-intégration où ils accepteraient que leurs enfants suivent le cours, afin que l’élève puisse retourner en classe, ce que les parents, avec la collaboration de leurs jeunes, refusent de faire. Les jeunes risquent l’expulsion de l’école si les absences perdurent. Alain Lecours, directeur général de la commission scolaire du Val-des-Cerfs, a reconnu que ce sont « les valeurs et les croyances » qui font problème (Voix de l’Est le 13 décembre 2008).

L’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) déplore ces suspensions de jeunes qui agissent en conformité avec leurs convictions religieuses. L’école a invoqué le fait que les absences étaient non motivées alors que les parents, comme des centaines d’autres, ont fait une demande d’exemption en motivant clairement leur requête sur des bases religieuses, morales et juridiques, demande refusée par l’école et la commission scolaire, rappelle l’APCQ.

« La situation actuelle est créée par l’intransigeance du gouvernement qui rend ce cours obligatoire, l’impose à tous les élèves du début à la fin du secondaire tant au public qu’au privé, et écarte toute possibilité d’exemption », insiste Madame Jean Morse-Chevrier, présidente de l’APCQ. « Ces jeunes n’ont pas d’autre choix que de s’absenter du cours, par respect de leurs croyances et principes, situation que vivent bon nombre de jeunes au Québec » renchérit-elle.

L’APCQ appuie ces familles, éprouvées dans l’exercice de leur liberté de religion et de conscience et réclame du nouveau gouvernement un règlement juste de la situation, qui permettra, sur les bancs d’école, comme dans le reste de la société, l’exercice de la liberté démocratique dans le choix des contenus religieux auxquels les jeunes et les familles veulent s’exposer.

L’APCQ fait valoir le droit de chaque jeune à une éducation de qualité, et en invoquant ce droit, plaide pour une considération de l’impasse dans lequel le gouvernement met ces familles, pour une prise en compte des motifs invoqués par les familles et pour une accommodation raisonnable des besoins religieux de chacun et chacune des élèves par les écoles et les commissions scolaires, sans que les élèves soient privés de l’ensemble des cours auxquels ils ont droit.


Personne contact : Jean Morse-Chevrier, présidente APCQ
Association des parents catholiques du Québec
7400, boul. St-Laurent local 406
Tél : 819-661-7140 (cellulaire)

Deuxième personne contact : Angelo Polcaro, vice-président APCQ
Association des parents catholiques du Québec
7400, boul. St-Laurent local 406
Tél : 514-378-7373 (cellulaire)

Troisième personne contact : Diane Joyal, présidente APCQ (section Montréal)
Association des parents catholiques du Québec
7400, boul. St-Laurent local 406
Tél : 514-279-0670


Centre de réflexion et d'autocritique

Les élèves Lasnier, par ailleurs remarquables (voir leurs bulletins ci-dessous), n'ayant pas été présents à toutes les séances obligatoires du cours gouvernemental d'éthique et de culture religieuse ont été soumis à une séance d'autocritique.

Il s'agissait de leur faire comprendre que leur entêtement à ne pas vouloir participer avec leurs camarades à ces séances éducatives n'était qu'une manifestation de l’individualisme petit-bourgeois. Ce manque d'ouverture à la diversité, cet état d'esprit délétère et réactionnaire sont à combattre vigoureusement dans la jeunesse.

C'est la mission du centre de réflexion de l'école gouvernementale québécoise.

Transcription de la fiche d'autocritique (original numérisé ci-dessous)

Centre de réflexion
Fiche de réflexion


Nom de l'élève : Xavier Lasnier Nom de l'enseignant : Mme Carvin (?)

Date : 12 décembre 2008 Nom du directeur : Mme Béchard

[...]

1. Raconte l'évènement qui t'a amené au local de réflexion...
« Mes parents me demandent de ne pas aller au cours d'éthique et de culture religieuse puisque l'enseignement reçu est contraire à nos convictions et que l'école, la commission scolaire ainsi que le gouvernement empêche mes parents et d'autres de faire valoir leur droit sur le choix de l'enseignement de leurs enfants. »
2. Quelle est ta part de responsabilité dans ces évènements ?
« Ne pas m'être présenté au cours d'éthique et de culture religieuse, mais avec l'appui de mes parents. »
3. Quelles sont les conséquences de ton comportement pour :
Tes collègues de classe : «Je suis même pas allé 2 fois, ils savent probablement pas qui je suis. »

L'enseignant(e) et/ou la direction :« Un pro[ba]blement de plus »

Toi :« Je manque un cours contraire à mes convictions. »

4. Nomme un ou des objectifs que tu pourrais te fixer ainsi que des moyens à prendre pour améliorer ton attitude et/ou ton comportement à l'école :

Objectif(s) :
« Mon comportement est exemplaire. Le problème n'est pas là. Trouver un terrain d'entente. »

Moyens :« Mes parents sont présentement en train de faire des démarches pour régler le conflit. »

5. Quel est le rôle d'un élève dans un établissement d'enseignement comme le nôtre ?
« Apprendre. »


autocritique du petit-bourgeois Lasnierautocritique du petit-bourgeois Lasnier


La mise en demeure envoyée à l'école J.-H. Leclerc de Granby et à son directeur

On remarquera la possibilité que le directeur (ou d'autres personnes impliquées dans la décision) puisse devoir payer à titre personnel des dommages et intérêts exemplaires pour l'atteinte intentionnelle à une liberté fondamentale protégée par la Charte : la liberté de conscience et de religion. Pour le préjudice grave et disproportionné encouru par les élèves suspendus et menacés de renvoi, la mise en demeure évoque le paiement de dommages compensatoires prévus par le Code civil.

Les absences sont motivées

Remarquons aussi que l'avocat de la CLÉ rejette comme sans fondement la raison invoquée de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs : contrairement à ce qu'affirme celle-ci, les absences des élèves sont bien motivées par leurs parents (même si pour des raisons idéologiques[1] — et c'est ce carnet qui l'ajoute — la direction de l'école n'est pas en accord avec ces motivations).

[1] Il semble qu'il faille exclure une servilité excessive puisque dans un communiqué de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs à l'attention de ses employés envoyé ce matin, la commission signale qu'il s'agit d'« une situation inhabituelle et pour laquelle des directives ministérielles tardent à venir. »



L'article 49 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec invoqué ci-dessus se lit ainsi :
49. Une atteinte illicite à un droit ou à une liberté reconnu par la présente Charte confère à la victime le droit d'obtenir la cessation de cette atteinte et la réparation du préjudice moral ou matériel qui en résulte.

Dommages-intérêts punitifs.

En cas d'atteinte illicite et intentionnelle, le tribunal peut en outre condamner son auteur à des dommages-intérêts punitifs.

1975, c. 6, a. 49; 1999, c. 40, a. 46.