mercredi 19 mai 2021

Instruction à la maison : Maître Lucas, le site de cours qui cartonne auprès des élèves de primaire

Il a 36 ans, et son site destiné aux élèves du premier degré et à leurs enseignants cartonne ! Découvrez le monde de Maître Lucas.

Les élèves de primaire reprennent les cours en personne, ce lundi matin. Les sites d’aides continuent toutefois de cartonner comme celui de Maître Lucas, un instit, visité des dizaines de milliers de fois. Et il a même été salué par… le président de la République française !

« À la base, j’ai bricolé ça pour ma classe de CP [élèves de 6 ans]. Je ne pensais pas que des dizaines de milliers de profs et d’élèves allaient se ruer dessus… » La force est avec Maître Lucas. Derrière l’énigmatique appellation : le « bébé » d’un instituteur de 36 ans au nom imprononçable — il s’appelle Lucas Schildknecht — qui a créé, avec son cousin Benoît, un site web de contenus pédagogiques dédié aux élèves du premier degré et leurs enseignants. 200 vidéos ludiques, 600 fiches techniques, portant sur le programme officiel du CP au CM2 [10/11 ans].

Et même si les élèves du premier degré vont retrouver leur maître ou maîtresse en vrai ce lundi, après le pont de l’Ascension, et qu’ils ont repris l’enseignement en présence depuis fin avril, ce site continue, comme d’autres, à attirer les écoliers (et leurs parents).

Du « fait maison » sans prétention, assure le professeur des écoles reconverti cette année dans la formation de ses pairs, qui a connu surtout un succès affolant lors de la semaine à distance, juste avant les vacances de printemps… La même semaine où les contenus officiels de l’Éducation nationale, notamment « Ma classe à la maison », déployée par le CNED, et les espaces numériques de travail (ENT), ont planté. En quatre jours, 87 000 enfants et profs ont visionné 170 000 contenus sur la chaîne de Maître Lucas !

De quoi attirer l’attention jusqu’à l’Élysée : le 26 avril, le président de la République français, Emmanuel Macron, s’est fendu d’un courrier aux deux cousins, les « félicitant » pour leurs « vidéos ludiques et éducatives qui illustrent l’extraordinaire esprit d’initiative et de solidarité » des Français, « en particulier nos enseignants », face à la crise sanitaire.

L’histoire démarre en 2017. « J’ai créé une chaîne YouTube pour mettre en ligne des petites vidéos sur certains aspects du programme de ma classe de CP, des choses que je cherchais en tant qu’enseignant, mais que je ne trouvais pas. Je faisais 4 ou 5 vidéos par mois, avec un petit logiciel de montage permettant de créer son personnage, doublé par ma propre voix », raconte Lucas.

Ses montages sont animés par le fameux Maître Lucas, une sorte de héros de bande dessinée qui disserte, avec des mots simples, sur, au choix, les additions, les soustractions, les volcans, les adjectifs, le système solaire ou le cycle de la vie. Modestement, il utilise l’outil pour les devoirs et les révisions à la maison, ou même en classe, pour un moment ludique. Mais tout change lors du premier confinement et la fermeture des établissements.

« C’est 100 % bénévole »

« Au plus fort, les vidéos ont été vues 50 000 fois par jour ! Des profs appelaient, proposaient des sujets, et des parents envoyaient des courriels pour dire qu’ils faisaient l’école à la maison avec nos vidéos », se remémore Benoît. En septembre, les deux cousins passent la vitesse supérieure et créent un site dédié : Maitrelucas.fr. De nouveaux personnages sont créés, dont celui de l’élève, qui n’a pas de nom, et son papy. « C’est 100 % bénévole », précisent-ils. « On y a mis plus de vidéos, inclus des fiches techniques à télécharger, le tout 100 % basé sur les programmes de l’Éducation nationale, ajoute Benoit. Cela a pris vite ! » En un mois, leur site affiche 250 000 visites en moyenne, avec un pic, donc, la semaine du 6 avril.

Cette semaine-là, Noémie, directrice d’école et professeure en CE2-CM1 dans le secteur de Metz (Moselle), n’hésite pas : « Devant le bogue généralisé des ENT et du CNED en mars 2020, j’ai utilisé les vidéos de Maître Lucas. Chaque jour, au lieu de faire des visio, j’ai envoyé des liens vers leurs vidéos à mes élèves. Je l’utilise aussi en tant que maman pour ma fille. Elle adore. L’un des avantages, c’est qu’il n’y a pas de pub, de bannière qui s’affiche, et je n’ai encore eu aucun dysfonctionnement. C’est assez clair et ludique, et très sûr, puisque ce sont les programmes officiels. Alors, en couplant à quelques exercices, je m’y retrouve. »

« On a été un recours pour pas mal d’enseignants, de familles, confirme Benoît. Nos vidéos ont été diffusées par le biais des ENT, ou le lien de nos vidéos et nos fiches directement envoyées par courriel aux parents par les profs. »

Pour autant, tout le monde est formel : le concept ne vaut pas la classe. « Rien ne remplace une instit en chair et en os pour le développement d’un élève », estime Noémie. Ce dont sont conscients les deux cousins : « On n’a pas du tout l’ambition de remplacer les profs ou l’Éducation nationale. C’est un outil modeste, mais qui peut rendre quelques services si le distanciel revient. Et le sujet de l’une de nos prochaines vidéos, c’est : Comment fonctionne un vaccin. »

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France — Histoire du baccalauréat

Une histoire du baccalauréat qui est aussi une sorte d’histoire de France depuis Napoléon. Un voyage dans les évolutions du système éducatif français et de ses impasses actuelles. L’auteur, Robert Colonna d’Istria, est historien et écrivain, auteur de nombreux ouvrages dont Une famille corse (Plon, 2018), finaliste du prix Renaudot. Une recension d’Éric Zemmour.

Les images reviennent chaque année en juin. Des images de jeunes gens joyeux, complaisamment filmés par les caméras de télévision — surtout les jeunes filles et les représentants de la « diversité » — qui exultent dans la rue pour célébrer leur baccalauréat. Des images qui font plaisir aux intéressés et sourire de tendresse leurs parents, mais qui apparaissent au mieux ridicules, au pire indécentes à tous les autres.

Le bac a plus de deux siècles. Comme la plupart de ces « masses de granit » qui ont fait la France moderne, c’est une création de Napoléon. En 1808, pour la première année, il y a 32 lauréats. Faire l’histoire du bac, c’est faire une histoire de France. C’est ce qu’a compris et voulu Robert Colonna d’Istria. Notre historien se fait aussi conteur lorsqu’il nous décrit les affres de la première femme reçue, les fraudes et les triches, les résultats du jeune Flaubert ou encore l’échec de Zola.

Mais derrière l’anecdote, il y a la politique. Le bac est une grande question politique. Depuis l’origine. Lorsque Napoléon choisit Fontanes contre Fourcroy pour être le premier « patron » de son institution naissante, il engage l’école française pour un siècle. Fontanes est un catholique, monarchiste, favorable aux humanités. Fourcroy est un révolutionnaire, favorable aux sciences. À Sainte-Hélène, Napoléon regrettera son choix et pas seulement parce que Fontanes l’aura trahi en 1814. Lui qui était à la fois un grand lecteur et un féru de mathématiques aurait voulu une synthèse harmonieuse entre les deux. En 1870, Bismarck vainqueur de l’armée française, se moquera de ces élites françaises qui ne se sont pas intéressées à la science à l’époque de la révolution industrielle.

Entre-temps, le bac aura pris ses quartiers de bourgeoisie, cette classe désormais dominante s’en servant à la fois comme d’une barrière pour se protéger de l’invasion des « barbares » populaires mais aussi comme moyen de sélection des meilleurs, afin de ne pas renouveler l’erreur de l’aristocratie au XVIIIe siècle qui s’était enfermée jusqu’à l’explosion révolutionnaire : c’est le principe de la « méritocratie » qui irrigue tout ce siècle, quel que soit le régime, monarchiste, impérial ou républicain.

C’est Victor Duruy, ministre de Napoléon III, qui instaure l’épreuve de philosophie ; c’est Jules Ferry, ministre républicain, qui impose la composition de français. Tous ont le même objectif : rendre le bac de plus en plus difficile. Et tous utilisent la même arme : substituer aux oraux des origines des épreuves écrites.

Cette politique « méritocratique » sera maintenue jusqu’à la moitié du XXe siècle : en 1945, il y a 28 000 bacheliers. On est passé de 2 à 3 % d’une classe d’âge.

Après commence la grande Révolution qui va abattre « l’élitisme républicain » au nom de « la démocratisation ». Une révolution qui se fera en trois temps. Il revenait à deux communistes de donner le premier coup de pioche avec le fameux rapport Langevin-Wallon de 1945 : la « démocratisation » concurrence désormais la transmission des savoirs. Un ministre giscardien, pétri d’angéliques intentions, René Haby, leur donne la main trente ans plus tard : c’est la fameuse loi Haby, qui instaure le « collège unique ». Enfin, c’est paradoxalement le chantre de « l’élitisme républicain », Jean-Pierre Chevènement, qui lui donne le coup de grâce, avec son objectif de « 80 % d’une génération au niveau bac ».

Dans les années 1960-1970, le dynamisme de l’économie, le développement des nouveaux métiers de « cadres », le niveau exceptionnel de l’école primaire et secondaire héritée de la IIIe République, tout permet de marier vaille que vaille démocratisation et élitisme.

À partir des années 1980, la démocratisation devient massification. C’est le temps du « bac pour tous » et du droit au bac : « On remonte les notes sur injonction du rectorat, on invite à la bienveillance ; on multiplie les options pour gagner des points ; on insiste sur les “compétences”. »

Tous les observateurs lucides s’accordent sur la décadence du parchemin : « Le bac joue le rôle social que tenait le certificat d’études primaires jusque dans les années 1960 et la licence celui qu’il tenait il y a près d’un demi-siècle. »

Mais la valeur juridique du bac n’a pas changé — le droit d’entrer à l’université — et sa valeur sentimentale auprès des Français reste élevée : d’où la désillusion, en particulier des classes populaires, quand elles constatent que leurs enfants bacheliers ont souvent des situations sociales inférieures aux leurs.

Alors que faire ? Achever le bac, que des générations de ministres depuis quarante ans ont consciencieusement étranglé ? Le dernier en date est Jean-Michel Blanquer qui, avec un discours sur l’élitisme républicain, est revenu aux épreuves orales d’origine, pour mieux cacher les béances dans l’expression écrite et le raisonnement de la plupart des élèves. Comme s’il signait discrètement son forfait.

L’alternative est donc simple, en tout cas en théorie : soit prendre acte que le bac est mort et le supprimer. Soit prendre acte que les Français y restent attachés, et reprendre la politique suivie au XIXe siècle, c’est-à-dire le rendre de plus en plus difficile et réduire sévèrement le nombre de bacheliers. En Allemagne, le nombre d’Abitur est de 33 % d’une classe d’âge, et en Suisse, les « matu » ne sont que 20 %. En France, le bac coûte cher (200 à 300 millions d’euros) et le niveau est d’une médiocrité affligeante. Mais, comme le remarque Robert Colonna d’Istria avec finesse : « Si on observait le niveau des 2 % à 3 % des meilleurs candidats au baccalauréat, on constaterait probablement qu’il est strictement identique à celui de leurs camarades bacheliers diplômés cent ans plus tôt, à l’époque où dans une tranche d’âge il n’y avait que 2 ou 3 % de diplômés. Comprenne qui pourra. »

On pourrait transposer la célèbre apostrophe révolutionnaire de Sieyès sur le Tiers-État au baccalauréat : « Qu’est-ce que le bac aujourd’hui ? Rien. Qu’a-t-il été : Tout. Que veut-il ? Redevenir quelque chose. » Mais qui osera faire la Révolution ?

 


La grande histoire du baccalauréat, 
par Robert Colonna d’Istria,
paru le 6 mai 2021,
chez Plon, 
à Paris,
352 pp.
ISBN-10 : 2 259 304 990 
ISBN-13 : 978-2259304993


France — Natalité en berne, abandon des politiques natalistes

Dans une note transmise à l’AFP, le haut-commissaire au Plan et président du Modem, François Bayrou, propose notamment un « pacte national pour la démographie ».

« Assurer notre avenir démographique » passe par « deux voies : avoir plus d’enfants ou accueillir des personnes d’autres pays », écrit le président du Modem, pour qui « la France devra jouer des deux leviers dans des proportions raisonnables qui garantissent le maintien de la cohésion nationale. »

Pour Jean-Yves Le Gallou, auteur de L’invasion de l’Europe (Éd. Via Romana, 2020) et ancien eurodéputé du Front national, le recours à l’immigration, même pour un motif lié à l’emploi, ne peut être une solution pour la relance économique et démographique du pays. « L’immigration de travail se transforme très vite en immigration familiale et en immigration d’aides sociales », avance notre interlocuteur. « Il est évident que des immigrés de langue et de culture différente ne peuvent pas se substituer aux Français ou cela porte un nom : cela s’appelle le “Grand remplacement” ! », ajoute-t-il, reprenant à son compte l’expression popularisée par l’écrivain controversé Renaud Camus.

Si la France veut sauver son modèle social, basé notamment sur le financement des retraites par répartition, Jean-Yves Le Gallou opte sans hésiter pour la première option suggérée par François Bayrou, à savoir une refonte complète de la politique familiale en faveur de la natalité. « Les politiques de soutien à la famille ont été dégradées dès l’époque Chirac et sur-dégradées à l’époque Hollande, avec une conséquence sur le taux de fécondité », dénonce-t-il.

« La solution, c’est une aide aux familles déconnectée du revenu. Il faut compenser la charge de l’enfant : cela supposerait de rétablir les quotients familiaux dans leur intégrité et d’aider les familles à partir du deuxième enfant », plaide le président de la fondation identitaire Polémia.

Pessimiste, Jean-Yves Le Gallou n’envisage toutefois pas une sortie du « paradigme immigrationniste » dans les années à venir. « Derrière le baratin pour tromper les électeurs, toute la politique des pouvoirs politique, judiciaire et médiatique consiste à faciliter l’immigration en France. Il suffit de voir la façon dont on a changé la jurisprudence pour éviter une condamnation à ce paysan de la région de Nice qui aide des clandestins [Cédric Herrou, NDLR] », illustre-t-il.

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Le confinement aurait détruit plus d'années de vie qu'il n'en a épargné

Une étude du laboratoire d’idées libéral GenerationLibre relance le débat sur l’effet des mesures sanitaires, estimant que les restrictions sanitaires ont sauvé 500 000 années de vie en France, mais en ont fait perdre 1.200.000 du fait de la paupérisation d’une partie de la population.

Un graffiti parisien compare les mesures de restrictions sanitaires à la dystopie de George Orwell, 1984.

« Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami », écrit un Jean de La Fontaine espiègle, qui n’a décidément pas fini d’éclairer d’une ironie salutaire les errements de la gouvernance sanitaire. On connaît la fable de « l’ours et l’amateur des jardins » : l’animal veut ôter une mouche du nez de son ami, mais « non moins bon archer que mauvais raisonneur », lui fracasse le crâne d’un jet de pavé — croyant bien faire. Tout part donc d’une bonne intention : l’enfer, dit-on, en serait pavé…

Quand l’économie pâtit, la santé s’en ressent aussi

Que le remède puisse être pire que le mal, voilà l’objet de la démonstration de GenerationLibre (qui n’est pas franchement connu pour son enthousiasme à l’égard des politiques de restriction des libertés adoptées depuis plus d’un an). Dans une étude que publie ce « réseau pensant » ce mardi, les effets des confinements successifs sont mesurés en nombre d’années de vie gagnées ou perdues : « l’objet n’est pas de dire s’il fallait ou non confiner le pays », prévient le directeur général de GenerationLibre, l’économiste Maxime Sbaihi, « mais de proposer une première tentative d’évaluation des conséquences du confinement qui réconcilie l’économie et la santé. Opposer les deux n’a aucun sens, car elles sont intimement liées : lorsque la situation économique se dégrade, les personnes dont le niveau de revenu diminue perdent aussi en espérance de vie. »

500.000 années de vie épargnées

Dans le détail, l’étude procède en deux temps, pour modéliser les effets bénéfiques d’une part et néfastes d’autre part, et comparer ensuite les deux plateaux de la balance. Pour ce qui est des « années de vie gagnées », elles sont calculées sur la base d’un « modèle d’agent » que l’épidémiologiste Henri Leleu détaille au Figaro. Ce modèle consiste selon lui à étudier tout d’abord l’effet d’une réduction des interactions sociales sur la circulation du virus, en considérant une population jugée représentative de celle du pays et en simulant leurs interactions normales (à l’école, en soirée, dans les lieux publics… en fonction des habitudes de chaque classe d’âge). La transmission du virus est ensuite étudiée à partir des paramètres épidémiologiques donnés par l’Institut Pasteur, et le modèle compare ensuite avec la situation vécue de mois en mois depuis le début de la crise, à mesure que les restrictions et l’application des gestes barrière ont limité les interactions sociales, d’après les paramètres sociaux transmis cette fois chaque mois par Santé Publique France. En prenant donc en compte l’adaptation des comportements, le modèle établit qu’environ 100 000 morts ont été évitées grâce aux politiques de limitation des libertés — c’est « l’estimation haute », précise Henri Leleu. Reste à recouper ce chiffre avec l’espérance de vie moyenne des personnes décédées de la Covid-19 : celle-ci est obtenue en croisant les données sur l’âge des personnes décédées (81 ans en moyenne), ainsi que leurs comorbidités. En moyenne donc, les personnes emportées par la maladie auraient pu vivre 5 années de plus : si les confinements ont permis d’en sauver 100 000, ce sont alors 500 000 années de vie qui ont été épargnées par la politique sanitaire mise en place.

Henri Leleu ajoute que le chiffre obtenu est une estimation raisonnable, obtenue par une approche dynamique, qui se situe dans un juste milieu entre des études plus sévères quant à l’efficacité réelle du confinement (une estimation fondée sur des données d’observation en Afrique du Sud ne comptait que 20 000 décès évités) et d’autres bien plus clémentes (celle publiée dans la revue Nature par des chercheurs de l’Imperial College en dénombrait 245 000, mais néglige selon Henri Leleu « qu’en l’absence de politiques de confinement, les individus ajusteraient leur comportement face au risque d’être infecté et restreindraient leurs interactions sociales de manière volontaire »).

Autre rappel intéressant de l’analyse, les auteurs précisent que « plusieurs études trouvent une absence de lien entre la rigueur des restrictions et le taux de mortalité » : sans en retirer des conclusions trop hâtives, du moins retiennent-ils donc que « les mesures de restrictions ne peuvent seules expliquer l’hétérogénéité des taux de mortalité » d’un pays à l’autre.

1.200.000 années de vie sacrifiées

De l’autre côté de la balance, les effets néfastes des confinements sont évalués à raison de l’impact qu’ont eu les restrictions sur l’économie, et donc in fine sur le niveau de revenus de la population. La première intuition fondamentale à la base du modèle employé est l’idée, étayée à de multiples reprises par les économistes et les données statistiques, que l’espérance de vie est directement corrélée au niveau de revenus moyens. Ce que l’on voit très bien sur le graphique ci-dessous, obtenu d’après les données de l’INSEE en 2018.



 Niveau de revenus moyens (par quintiles) et espérance de vie à la naissance Source : INSEE, « Tables de mortalité par niveau de vie ». Échantillon démographique permanent, INSEE Résultats. Tableau 68, 6 février 2018.

« La décision politique d’imposer des restrictions strictes au niveau national a provoqué en 2020 la pire récession économique de l’après-guerre » argumente le politiste Kevin Brookes, directeur des études de GenerationLibre, rappelant que d’après l’INSEE là encore, « un quart des ménages a déclaré que sa situation financière s’est dégradée depuis le début du confinement ». Des effets qui touchent davantage les salariés du privé et les indépendants que les retraités et les fonctionnaires ; mais surtout aussi les jeunes, dont le revenu a baissé de 5 à 10 % entre 2019 et 2020 (20-25 ans, d’après une note du Conseil d’analyse économique). En conclusion, d’après l’étude, 5 millions de personnes auraient connu une perte de revenus depuis le premier confinement, et 1 million aurait basculé dans la pauvreté, cette fois d’après le Secours catholique (la France a franchi cette année le seuil symbolique des 10 millions de pauvres).

Selon la durée de ce déclassement soudain (et donc l’efficacité des politiques de relance, de réinsertion et d’emploi qui seront mises en place), plusieurs scénarios se dessinent : le plus probable selon les auteurs est celui selon lequel cette perte de revenus se résorberait au bout de 5 ans en moyenne. En conséquence de quoi, compte tenu de l’impact de ce basculement sur l’espérance de vie des personnes concernées, environ 1 200 000 années de vie auraient donc été perdues sous l’effet du ralentissement de l’économie et de l’appauvrissement d’une partie de la population.

« Et encore » précise Kevin Brookes, « notre étude fait des hypothèses conservatrices et ne prend pas en compte certains effets indirects, notamment psychologiques, du confinement sur l’espérance de vie ». Elle ne prend pas réellement en compte non plus la détérioration de l’éducation d’un certain nombre de jeunes, qui pourraient, là encore, être pénalisés au moment de leur arrivée sur le marché du travail.

Pour Maxime Sbaihi, ce travail n’entend pas « fournir une évaluation définitive » des effets des confinements décidés par le gouvernement, mais au moins « contribuer à créer en France une culture de l’évaluation et de la modélisation », lesquelles font selon lui cruellement défaut au décideur public : « j’espère qu’il y aura par la suite d’autres évaluations plus précises encore qui viendront alimenter le débat, mais pourvu que nous prenions le réflexe d’analyser davantage les conséquences de long terme de nos choix politiques » conclut-il. Alors, à la lumière de ces indicateurs, aurait-il mieux valu ne pas confiner du tout ? L’économiste botte cette fois en touche : « ce serait trop facile de juger en fonction de données que nous n’avions pas à l’époque ». Et de citer Churchill : « Dans l’urgence, un tiers des informations à disposition sont contradictoires, un tiers sont fausses et un tiers sont incertaines ».

Source : Le Figaro

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