L’ancien ministre Louis O’Neill écrit au sujet des lois sur « l’aide à mourir ».
Le débat qui a conduit à l’adoption de la loi C-14 portant sur l’aide médicale à mourir s’est déroulé dans un climat marqué par la dignité et la réserve, aussi bien à la Chambre des Communes du Canada qu’au Sénat. Ce qui n’empêche point de s’interroger sur son véritable enjeu et sur ses conséquences éthiques et sociales. Car subsistent des ambiguïtés et des malentendus qu’il faudra bien dissiper un jour ou l’autre.
Une ambiguïté majeure a trait à la signification de l’expression aide médicale à mourir, qui constitue une façon détournée de parler d’euthanasie ou encore de suicide assisté. Elle prête à confusion. Je connais des gens qui s’opposent à l’euthanasie et au suicide assisté, mais se déclarent favorables à l’aide médicale à mourir. Ils confondent celle-ci avec le recours aux soins palliatifs.
Ceux-ci sortent grands perdants du débat. On les a oubliés. Or ils pourraient répondre très largement et mieux que ladite aide médicale à mourir aux attentes de gens aux prises avec des souffrances très lourdes à supporter, ce que vise en principe la nouvelle loi. Mais on n’a rien prévu pour les rendre plus accessibles. On s’est comporté comme si l’euthanasie et le suicide assisté étaient les seules solutions valables. On a cautionné une aide médicale à mourir de portée limitée, entourée de certaines mesures de contrôle, tandis qu’on a mis au rancart les vastes possibilités d’une stratégie efficace de soins palliatifs.
Au fait, y a-t-il eu vraiment débat ? Au sein des instances politiques, sans doute. Dans les médias, bien peu, car ce sont des porte-parole d’une pensée unique qui ont monopolisé le discours, donnant l’impression que l’affaire était close et qu’une seule conclusion s’imposait de soi. Je note par exemple que n’eut été le recours à mon ordi et à mon courriel, je n’aurais pu savoir que des groupes religieux d’allégeances diverses avaient émis à plusieurs reprises des opinions qui auraient mérité d’être connues du grand public et faire partie du débat. Mais ces opinions avaient le défaut d’aller à l’encontre du discours dominant. Sauf un rare et faible écho qu’on leur a accordé, elles ont glissé sous le radar. Il en est résulté un débat à sens unique, voire plus une apparence de débat qu’un échange réel.
La loi sur l’aide médicale à mourir s’appuie sur un consensus politique plus ou moins préfabriqué. Elle ne s’appuie pas sur un consensus social éclairé. Il faudra dans l’avenir vivre avec cette disjonction et accepter que cohabitent des choix éthiques divergents. Ce qui devrait logiquement permettre un espace pour l’objection de conscience à laquelle auront recours des professionnels de la santé. Autrement, on subirait la tyrannie d’un consensus politique sui generis qui projetterait l’image d’une démocratie un peu boiteuse.
Le débat qui a conduit à l’adoption de la loi C-14 portant sur l’aide médicale à mourir s’est déroulé dans un climat marqué par la dignité et la réserve, aussi bien à la Chambre des Communes du Canada qu’au Sénat. Ce qui n’empêche point de s’interroger sur son véritable enjeu et sur ses conséquences éthiques et sociales. Car subsistent des ambiguïtés et des malentendus qu’il faudra bien dissiper un jour ou l’autre.
Une ambiguïté majeure a trait à la signification de l’expression aide médicale à mourir, qui constitue une façon détournée de parler d’euthanasie ou encore de suicide assisté. Elle prête à confusion. Je connais des gens qui s’opposent à l’euthanasie et au suicide assisté, mais se déclarent favorables à l’aide médicale à mourir. Ils confondent celle-ci avec le recours aux soins palliatifs.
Ceux-ci sortent grands perdants du débat. On les a oubliés. Or ils pourraient répondre très largement et mieux que ladite aide médicale à mourir aux attentes de gens aux prises avec des souffrances très lourdes à supporter, ce que vise en principe la nouvelle loi. Mais on n’a rien prévu pour les rendre plus accessibles. On s’est comporté comme si l’euthanasie et le suicide assisté étaient les seules solutions valables. On a cautionné une aide médicale à mourir de portée limitée, entourée de certaines mesures de contrôle, tandis qu’on a mis au rancart les vastes possibilités d’une stratégie efficace de soins palliatifs.
Au fait, y a-t-il eu vraiment débat ? Au sein des instances politiques, sans doute. Dans les médias, bien peu, car ce sont des porte-parole d’une pensée unique qui ont monopolisé le discours, donnant l’impression que l’affaire était close et qu’une seule conclusion s’imposait de soi. Je note par exemple que n’eut été le recours à mon ordi et à mon courriel, je n’aurais pu savoir que des groupes religieux d’allégeances diverses avaient émis à plusieurs reprises des opinions qui auraient mérité d’être connues du grand public et faire partie du débat. Mais ces opinions avaient le défaut d’aller à l’encontre du discours dominant. Sauf un rare et faible écho qu’on leur a accordé, elles ont glissé sous le radar. Il en est résulté un débat à sens unique, voire plus une apparence de débat qu’un échange réel.
La loi sur l’aide médicale à mourir s’appuie sur un consensus politique plus ou moins préfabriqué. Elle ne s’appuie pas sur un consensus social éclairé. Il faudra dans l’avenir vivre avec cette disjonction et accepter que cohabitent des choix éthiques divergents. Ce qui devrait logiquement permettre un espace pour l’objection de conscience à laquelle auront recours des professionnels de la santé. Autrement, on subirait la tyrannie d’un consensus politique sui generis qui projetterait l’image d’une démocratie un peu boiteuse.