dimanche 15 août 2010

Briser le monopole de l'Éducation en France : comment et pourquoi y créer son école

Entretien avec Anne Coffinier présidente de l’association Créer son École, cofondatrice de l’Institut libre de formation des maîtres. Les écoles libres hors contrat représentent la véritable liberté scolaire.

« Ce n'est pas par hasard que Napoléon Bonaparte a créé le Monopole de la presse à trois ans d'écart du Monopole de l'éducation. »

« Le corolaire de tout état de droit est la liberté d'enseignement comprise dans deux dimensions : la liberté de choisir l'école de ses enfants et la liberté d'enseigner dans sa classe, dans son école selon les conceptions qui sont les siennes. »

Anne Coffinier revient sur les expériences des chèques-éducation (« bons scolaires ») aux États-Unis et la liberté scolaire en Suède, etc.

La liberté complète est nécessaire à un bon enseignement. Anne Coffinier en quoi le système des contrats impose des contraintes aux écoles qui en dépendent : comment les écoles catholiques sous contratspeuvent-elles être catholiques alors que leurs professeurs, imposés par l'État dans les faits, ne sont même pas catholiques ? Elle dénonce l’arbitraire administratif imposé aux écoles libres, y compris celles relatives aux innombrables « règles de sécurité ».

Elle décrit l’Institut libre de formation des maîtres, la manière de compléter, de mettre en contexte l'enseignement de l'État en matière de philosophie ou d'histoire.

Éloge de la vie en solo et sans enfant

Le bihebdomadaire L'Actualité, le parent pauvre et progressiste du Maclean's, publie dans son numéro de septembre (déjà en kiosque) un dossier sur « Vivre en solo », une « tendance québécoise [en réalité occidentale] très XXIe siècle ».

Extraits :
« L'enfer, c'est les autres. Et le paradis, alors? Il se trouve au Québec, si l'on se fie aux données du dernier recensement de Statistique Canada. Menez votre propre enquête et allez cogner aux portes. Vous verrez que dans la Belle Province, près d'un ménage sur trois est composé d'une seule personne. Pas de coloc qui vide le carton de lait sans le remplacer. Pas de conjoint pour faire la morale quand on rentre passés les 12 coups de minuit. Pas d'adolescents [en réalité aucun enfant] pour transformer la salle de bains en zone sinistrée. Le bonheur !

Partout en Occident, de plus en plus de gens optent pour la vie en solo. Surtout dans les grandes villes. Et Montréal se classe parmi les capitales canadiennes du genre, avec 40 % des ménages qui ne comptent qu'une seule personne — surtout dans les quartiers centraux. Le Plateau-Mont-Royal [très bobo] fait figure de Mecque (53 % des ménages), talonné par Rosemont-La Petite-Patrie (47 %).

Québec (37 % de ménages solos), Trois-Rivières (35 %) et Rimouski (35 %) ont leur place au palmarès. À Toronto, seulement 30 % des logements sont habités par une seule personne. À Halifax, c'est 28 %, et à Calgary, 26 %. En fait, seule Vancouver rivalise avec Montréal, avec 38 % de ménages solos... »
Trois remarques :
  1. Cette valorisation du ménage stérile  — le bonheur ! — ne va pas arranger la démographie anémique du Québec (il est vrai que pour le PLQ, il suffit d'importer des immigrants, de futurs électeurs, même si cela n'est pas sans problème [1], [2], [3]).
  2. L'autonomie excessive n'est pas seulement valorisée dans un magazine comme L'Actualité, mais dès l'école et en première année du primaire avec des programmes comme ECR.
  3. Il faut se demander dans quelle mesure l'État-Providence n'est pas responsable de ces comportements peu féconds au niveau de la démographie : plus besoin de penser à avoir des enfants pour être assuré d'avoir quelqu'un qui prendra soin de nous, il vaut mieux s'amuser et laisser les enfants des autres (des naïfs !) payer plus tard en partie pour nos retraites, payer tous les frais de santé mutualisés durant notre vieillesse (ils sont payés par les contribuables et pas du tout capitalisés) pour ne rien dire des impôts et taxes qui permettront aux infrastructures d'être entretenues lors de notre retraite.




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Québec — C'est la déconfiture post-réforme chez les éditeurs scolaires !

Nous en avions déjà parlé il y a quelques semaines, Fides, l'une des plus importantes maisons d'édition au Québec, s'est placée en juillet sous la protection de la Loi sur la faillite. La raison ? Le fiasco financier engendré par la production du matériel nécessaire pour le cours d'éthique et de culture religieuse.

Le Devoir nous apprend, dans son édition de cette fin de semaine, que chez Hurtubise, on a cessé de concevoir des manuels scolaires obligatoires peu de temps après l'implantation de la réforme pour se consacrer au profit des livres de références ou d'approfondissement et des ouvrages parascolaires.

Selon Hervé Foulon, président-directeur général des Éditions Hurtubise, outre la révision de tout le contenu de leurs manuels et l'obligation de passer à travers tout le processus d'approbation (voir conférence du Bureau d'approbation du matériel didactique), la réforme pédagogique a forcé les différents éditeurs à traverser une période d'expérimentation prolongée et fort coûteuse.

« Le problème, c'est que nous nous retrouvions peut-être trois ou quatre éditeurs avec des manuels approuvés par matière et par niveau. Les écoles nous disaient que les professeurs voulaient tester les livres pendant une année, donc nous les leur prêtions gratuitement. Et on ne faisait pas ça dans deux ou trois écoles, mais à la grandeur du Québec. »

À la fin de la période d'expérimentation, les professeurs pouvaient renvoyer les livres à l'éditeur en leur disant que les manuels ne les satisfaisaient pas. Les livres usagés n'avaient plus alors aucune valeur commerciale. Cette phase d'expérimentation a duré quelques années avec l'introduction de la réforme, alors qu'avant celle-ci, les nouveaux manuels n'étaient envoyés qu'à quelques écoles pour sonder le marché.

Éthique et culture religieuse, un cas à part

Le cas du programme ECR est un peu particulier : d'une part, cette nouvelle matière a été introduite dans toutes les écoles pour toutes les années à la rentrée de 2008 alors que l'introduction de la réforme pour les autres matières avait été échelonnée sur près de 10 ans, d'autre part, le programme est fortement contesté devant les tribunaux et dans la population et plusieurs écoles sont réticentes à acheter des manuels pour un programme qui pourrait bien ne plus être obligatoire d'ici quelques années (il ne l'est plus au collège Loyola).

La maison d'édition Fides a affirmé avoir investi 1,5 million de dollars dans la production de manuels et de guides pour les enseignants ECR. La concurrence, les programmes d'expérimentation, les retards de production et d'approbation, et les nombreuses critiques ont nui aux ventes dans les écoles et l'ont empêchée de récupérer sa mise. Lors de l'annonce de la faillite de ce vénérable éditeur en juillet, son directeur, Michel Maillé, a déclaré que « beaucoup d'écoles hésitent à faire des achats sans trop savoir ce qu'il va advenir du programme. »

Période d'implantation de la réforme extrêmement difficile

L'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) confirme que la période d'implantation de la réforme « Marois » a été extrêmement difficile pour les éditeurs scolaires.

« Au début, il n'y avait aucun budget dédié à l'achat de manuels scolaires. Pire encore, il y avait de la promotion qui se faisait pour l'implantation de la réforme sans manuels scolaires ! Comme les éditeurs avaient répondu aux demandes du monde scolaire en concevant de nouveaux manuels, on n'a pas eu d'autres choix que d'accepter de les prêter gratuitement. Ils étaient faits de toute façon » d'expliquer Jacques Rocher, conseiller au conseil d'administration de l'ANEL.

Faillite de plus de la moitié des éditeurs scolaires

Plusieurs éditeurs scolaires ont fait faillite depuis l'introduction de la réforme :  « La preuve, c'est qu'en 2000 nous étions une quinzaine d'éditeurs scolaires qui faisaient des manuels, alors que maintenant il en reste cinq ou six » affirme Hervé Foulon.

Information confirmée par Jacques Rochefort : « Les temps ont été si difficiles que plusieurs éditeurs ont été obligés de fermer leurs portes, de vendre ou de réduire le nombre de livres qu'ils éditent chaque année. »

352 millions pour l'achat de manuels jusqu'à 2011

Jacques Rochefort affirme toutefois que la situation s'est grandement améliorée ces dernières années grâce à une subvention de 352 millions de dollars promise dès 2003 par le Monopole de l'Éducation afin d'acheter un manuel par élève et par matière : « Le problème, toutefois, c'est qu'on avait fixé la date limite d'achat pour tous les niveaux à 2011, soit l'année de l'implantation de la réforme. Le bal a donc continué ! Pas pressées, les écoles ont continué à évaluer les manuels ».

À la suite d'une levée de boucliers dans le milieu de l'édition, le MELS a établi en 2007 une date butoir pour l'achat de manuels par niveau. Le 30 juin 2010 était la date limite pour la 4e secondaire, et le 30 juin 2011, le sera pour la 5e secondaire.





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