mardi 24 novembre 2015

Anne Coffinier sur la liberté scolaire, les réformes du système scolaire, le financement des écoles

Anne Coffinier, directeur général de la Fondation pour l’école, a répondu aux questions de Justine Fesneau pour Parents Professeurs Ensemble. Cette association se donne pour objectifs de redonner la parole à des experts de l’éducation, aux parents et aux professeurs afin de faire remonter des propositions simples et pragmatiques pour réformer l’école. Découvrez son témoignage.


Enseignement — l'engouement pour les écoles moins scolaires

À l’école ou chez soi, les pédagogies dites alternatives prennent de l’ampleur. Après avoir enseigné les arts dans des écoles, Adeline Charneau a décidé de changer de vie et de créer des outils pédagogiques autant pour les enfants que pour les parents.


Aujourd’hui, la fondatrice de l’Institut des Petits pinsons cherche un local, dans la métropole bordelaise, pour développer son projet. Elle vient de publier, en juillet chez Nathan, deux pochettes inspirées de la pédagogie de Maria Montessori, comprenant des images, des cartes à découper ou à coller, des roues pour comprendre la notion de cycles. Sur le thème de la nature, l’enfant (entre 3 et 6/8 ans) pourra découvrir dans un premier temps les différentes sortes d’animaux et de végétaux, comment ils vivent et évoluent.

Le Pape François se dresse contre une éducation trop sélective

Biographie de Don Bosco en bédé
publiée aux Éditions du Triomphe
(112 pages)
« Votre travail est de faire la même chose que Don Bosco : au temps des francs-maçons, il a fait une éducation d’urgence ! », a rappelé François.

Le Pape François est intervenu dans le cadre de la rencontre organisée au Vatican sur le thème « Éduquer aujourd’hui et demain. Une passion qui se renouvelle », à l’occasion des cinquante ans de la déclaration du concile Vatican II Gravissimum Educationis.

Pendant quatre jours, depuis le 18 novembre, 2000 responsables scolaires et universitaires étaient réunis à Rome. Rassemblés en salle Paul VI, ils ont participé à un échange très dynamique avec le Pape François, lui-même ancien professeur de lettres et passionné par les questions d’éducation. Il a écouté les témoignages et les interpellations de jeunes et de professeurs venus d’environnements très variés, de Naples à Dakar en passant par Bethléem et Bombay. L’occasion pour François, dans un dialogue improvisé, de formuler un nouvel appel pour une éducation accessible à tous.

« L’identité catholique, c’est Dieu qui s’est fait homme ! » a insisté François dans son dialogue avec les congressistes. « On ne peut donc pas parler d’éducation catholique sans parler d’humanité. »

« Éduquer chrétiennement, ce n’est pas seulement faire une catéchèse, ou faire du prosélytisme… Éduquer chrétiennement, c’est faire avancer les jeunes dans toutes les valeurs humaines, ce qui doit inclure la dimension de la transcendance », une dimension malheureusement rejetée par des modèles positivistes en vigueur actuellement.

« Aujourd’hui, non seulement, les liens éducatifs se sont rompus, mais l’éducation est devenue trop sélective et élitiste. Seulement les personnes d’un certain niveau semblent avoir droit à une éducation. C’est une réalité mondiale honteuse, cette sélectivité humaine éloigne les hommes au lieu de les rapprocher : les pauvres et les riches, les cultures entre elles… »

« Votre travail est de faire la même chose que Don Bosco : au temps des francs-maçons, il a fait une éducation d’urgence ! », a rappelé François, évoquant sa rencontre avec les salésiens à Turin, le 21 juin dernier. « Il faut risquer l’éducation informelle, car l’éducation formelle s’est appauvrie, elle est techniciste, intellectualiste, ne parle que le langage de la tête. Il faut de nouveaux modèles, inclure les voies du langage du cœur, du langage des mains. Une éducation inclusive, pour que tous aient une place. »

« Le monde ne peut pas aller de l’avant avec une éducation trop sélective » s’est alarmé François. « Le plus grand échec d’un éducateur, c’est d’éduquer entre les murs d’une culture sélective, sécuritaire. »

Le Pape a donc appelé à renouveler le pacte éducatif entre l’école, les familles et l’État, via notamment un meilleur salaire pour les éducateurs.

Et il a salué les congrégations qui œuvrent dans les périphéries. « Allez aux périphéries, cherchez les pauvres : ils ont l’expérience de la survie, de la faim, de l’injustice. C’est une humanité blessée. Et je pense que notre salut vient d’un homme blessé sur la Croix », a-t-il insisté. »

Source

ECR : Des musulmans modérés dénoncent le contenu des manuels

Une vision intégriste

Des musulmans de Montréal dénoncent que les manuels utilisés dans les cours obligatoires d’éthique et culture religieuse, qui remplacent maintenant les cours de morale et de religion dans les écoles québécoises, exposent une vision intégriste de l’islam.

« Une fois, mon fils est venu à la maison... en me disant : “On m’a dit que je ne suis pas musulman parce que ma mère n’est pas voilée” », raconte Hassan Jamali, un musulman qui est né en Syrie, mais qui vit au Québec depuis une trentaine d’années.

Quand il a vu ce qu’on enseignait à ses enfants, il n’en croyait pas ses yeux.

« On décrit la pratique islamique selon le dogme le plus conservateur, ajoute-t-il. C’est-à-dire, c’est comme si on dit : “C’est ça, l’islam.” »

Son fils, qui a aujourd’hui 18 ans, a dû se battre contre certains préjugés qui ont été véhiculés dans ses cours.

« À la longue, tu ignores et tu mets ça de côté, et tu arrêtes d’intervenir, parce que tu ne veux pas te faire associer non plus à ces pensées-là et tout », explique son garçon, Malek-Michel Jamali.



Une diversité mal représentée

Nadia El-Mabrouk, une Tunisienne d’origine et qui enseigne à l’Université de Montréal, déplore elle aussi le contenu de plusieurs des manuels utilisés pour ces cours.

« Ça, c’est une page où on parle de Mahomet, dit-elle en montrant une page d’un livre utilisé par son fils à l’école. Alors, on a fabriqué une image de Mahomet voilé. Là, on a vraiment fabriqué une image censurée. »

Madame El-Mabrouk a analysé plus de 20 manuels et cahiers d’exercices. Elle constate qu’on y présente les femmes musulmanes habituellement comme voilées et que les valeurs sont celles de l’islam radical.

« C’est la promotion de l’islam qui a été propagée par l’idéologie des Frères musulmans, oui », soutient-elle.

Le cours est censé présenter la diversité, mais il ne le fait pas, selon elle.

« On ne voit aucune diversité, renchérit-elle. Alors, on voit juste le voile islamique. Donc, on représente les musulmans par le voile islamique. »

Au bureau du ministre de l’Éducation, on explique que le cours d’éthique et culture religieuse expose les jeunes à un ensemble de traditions. Toutefois, madame El-Mabrouk raconte qu’elle a dû expliquer elle-même à ses enfants pourquoi elle ne portait pas le voile.

Madame El-Mabrouk et Hassan Jamali pensent tous les deux que ce cours, au lieu d’aider à l’intégration des jeunes musulmans, fait plutôt le contraire et empêche les jeunes de mieux comprendre cette religion.

Rien d’étonnant, mais dénonciation tardive

Ceci ne nous étonne pas du tout :

1) Des critiques similaires avaient déjà été faites par le Mouvement laïque québécois et des gens comme Mathieu Bock-Côté et Joëlle Quérin. Ils avaient déjà souligné que ce programme ne luttait pas contre les stéréotypes, mais les renforçait tout en inventant parfois des scènes inexactes par correctivisme politique (voir la scène du mur des Lamentations ici).

2) On retrouvait une musulmane fondamentaliste, Najat Boughaba (ci-contre), parmi les conseillers du Monopole de l’Éducation engagés pour évaluer ce cours.

3) Il est difficile de parler de véritable diversité quand le gouvernement a toujours voulu imposer un seul cours (pas une diversité de cours de morale et de culture religieuse) et qu’aucune tête ne devait dépasser.

 

Boucher, Martial. Rond-Point Cahier d’exercices, de contenu et de projets de recherche. Éthique et culture religieuse. Fascicule B. 2e année du 1er cycle du secondaire, Montréal, Lidec, 2007, p. II