dimanche 30 septembre 2012

Sortir le religieux de l'école pour y laisser entrer l'ésotérisme et les gourous

On vous l'avait déjà montré ici, le cours gouvernemental obligatoire d'éthique et de culture religieuse (ECR) et l'animation « spirituelle » des écoles québécoises sont souvent prétextes à l'introduction d'une pléthore de spiritualités, de pratiques douteuses et aux visites de gourous. Les parents s'en sont inquiétés dès le début, on ne les a pas écoutés même en séance publique. Pire, le représentant du gouvernement, Pierre Pettigrew, a même recommandé de mettre fin à ces réunions publiques qui donnaient une tribune aux parents inquiets.

Les enfants sont donc invités à « laisser entrer un animal en eux », on leur raconte que Jésus était un emmerdeur, qu'il fréquentait des prostituées, ailleurs on apprend que Bouddha, Mahomet et Jésus c'est la même chose. Dans une autre école on nous a communiqué que « Hare Krishna ! Hare Krishna ! » était en visite régulière au cours d'ECR. Des parents nous ont raconté que leur enfant avait commencé à s'intéresser à la spiritualité autochtone depuis ses cours d'ECR, qu'il s'était acheté un capteur de rêves et priait la Terre-Mère, un autre encore consultait désormais sa roche dans ses exercices spirituels. La liste est longue, la spiritualité amérindienne rentre en force dans les écoles québécoises : tant au primaire dans les manuels, que dans les activités scolaires ou parascolaires (les journées de la Terre, les heures de la Terre et autres célébrations écologistes qui rentrent en grand dans l'école québécoise).

C'est donc sans surprise que nous avons pu lire ceci dans La Presse de ce vendredi :
La théorie des chakras au primaire

Trois écoles primaires de Lanaudière ont récemment permis à une enseignante et orthopédagogue de donner des ateliers parascolaires pour aider les élèves « à réorganiser leur énergie » en utilisant une approche basée sur la théorie des chakras
Et d'après ce qu'elle nous a indiqué, d'autres écoles et une autre commission scolaire envisagent d'offrir le même atelier, possiblement durant les heures de classe, dans le cadre du cours d'éthique et de culture religieuse. Depuis quatre ans, au moins 10 intervenants ont payé 1 100 $ pour apprendre aux enfants à harmoniser leurs supposés «  champs électromagnétiques », représentés sous forme de treillis connecté à l'univers. L'approche a été inventée par l'Américaine Peggy Dubro, qui dit canaliser des esprits. Au Québec, elle est enseignée par une coach de vie des Laurentides, Gisèle Proulx. Sa lettre type propose d'aider les directions d'école à répondre à la montée des cas de déficit d'attention. Connaître « leur nature énergétique » aide les enfants à se concentrer et à gérer leurs émotions, dit-elle. Allergique à l'ésotérisme, le chercheur en psychoéducation Serge Larivée est choqué. « Les enseignants sont une courroie de transmission du paranormal », dénonce-t-il. 
Quand trois élèves sont devenus psychotiques à quelques semaines d'intervalle, la directrice elle-même est rentrée un dimanche « pour faire chasser les mauvais esprits » de son école, confirme une professionnelle (à condition que nous ne nommions pas l'endroit). En une seule année (2007-2008), le Centre d'information sur les nouvelles religions (CINR) de l'Université de Montréal a reçu près d'une centaine de demandes d'information sur des organisations controversées qui ont été en contact avec des élèves. Des écoles avaient notamment invité AGIRA, un centre de Saint-Hubert qui offre des cours de « psychologie spirituelle ésotérique ». Ou encore Narconon, un centre de désintoxication récemment fermé parce qu'il était affilié à l'Église de scientologie. 
Environ 25 groupes scolaires montréalais ont par ailleurs visité un lieu qui se présente comme « le réceptacle des énergies de la Hiérarchie des maîtres » (soit l'Ashram canadien des sciences spirituelles et occultes). Il arrive aussi que des enseignants exposent leurs croyances en classe. « On leur rappelle alors de prendre une posture professionnelle en éducation. On n'a pas obtenu le droit de tout rentrer juste parce qu'on a sorti [le catholicisme] des écoles », indique Louise Coutu, présidente de l'Association des animateurs de vie spirituelle et d'engagement communautaire du Québec.

Scientologie

Règle générale, les enseignants veulent bien faire, précise la directrice du CINR, Marie-Ève Garand. « Ils sont sensibles au discours des groupes qui prétendent pouvoir aider les enfants sans les médicamenter », dit-elle. Julie Fournier, l'enseignante de Lanaudière, est en effet convaincue du bien-fondé de son approche. « Les enfants se retrouvent mieux outillés. Même les parents méfiants changent leur fusil d'épaule devant les résultats », nous a-t-elle déclaré lorsque nous l'avons interrogée sur ses ateliers de rééquilibrage d'énergie. Sa formatrice, Gisèle Proulx, abonde dans son sens. « Les classes sont grosses à l'école, les enfants sont sur le Ritalin. Il faut essayer autre chose », plaide l'ancienne infirmière, qui a changé de carrière parce qu'elle désapprouvait le recours excessif aux médicaments. 
Son analyse : « Le champ énergétique des enfants est souvent trop haut, donc ils ne sont pas groundés. » La commission scolaire des Samares, qui chapeaute les écoles où ont été donnés les ateliers, compte intervenir. « Comme enseignant, on est un modèle et il faut faire attention à ce qu'on fait. On n'est pas groundé [sic] à l'univers : on a les deux pieds sur terre, dans une classe, et on utilise les stratégies qu'on a déployées à la commission scolaire », nous a dit la directrice générale, Sylvie Anctil. Pour les intervenants comme pour les parents, il est facile de s'y perdre. À Longueuil, l'Académie Phénix se présente comme un centre d'aide scolaire pour enfants en difficulté. Il faut cliquer sur un lien discret, sur son site Internet, pour découvrir qu'on y applique la technique de Ron Hubbard, fondateur de l'Église de scientologie.

Selon la journaliste de La Presse, Marie-Claude Malbœuf, « The Gift of the Golden Dolphin est un livre qui fait croire aux enfants qu'ils ont des chakras et qu'ils peuvent améliorer le fonctionnement de leurs glandes en les inondant d'énergie dorée. » Mais... en cours d'éthique et de culture religieuse on leur dit de respecter cette croyance parmi toutes les autres, pourquoi cette journaliste voudrait-elle que ces enfants soient aussi intolérants qu'elle ?

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Comment la Suède a fait maigrir l'État (y compris l'école)


On notera la liberté administrative des écoles publiques en Suède, malheureusement au niveau des programmes scolaires et de l'enseignement à la maison, la Suède ne s'est toujours pas défaite de ses habitudes jacobines et collectivistes.

Suède : modèle ou mythe ?
(Chronique de Nathalie Elgrably-Lévy en 2010).

Depuis plusieurs décennies, il ne se produit pas un débat public sans qu’on cite en exemple le modèle suédois où l’État-providence prend en charge l’individu du berceau jusqu’à la tombe.

À plusieurs égards, s’inspirer de l’expérience suédoise est approprié tant les similitudes avec notre belle province sont nombreuses. À l’instar du Québec, ce pays a traversé une grave crise économique dans les années 1990: hausse du taux de chômage, importante détérioration des finances publiques, augmentation vertigineuse de la dette publique, dégradation du système de santé et d’éducation, etc.

Certes, la Suède a depuis réussi à renflouer son Trésor public, à maîtriser sa dette et à enregistrer un taux de croissance économique enviable, autant de prouesses qui contribuent à l’élever au rang de modèle à reproduire. Récemment, le ministre des Finances, Raymond Bachand, invoquait le modèle suédois pour justifier l’étatisation du jeu en ligne. Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, a également fait appel à la célèbre social-démocratie scandinave pour défendre l’idée d’une hausse de l’impôt des particuliers à revenus élevés. M. Bachand et Mme Carbonneau souhaitent qu’on imite le modèle suédois? Excellente idée! Mais pourquoi se contenter d’émuler quelques mesures? Adoptons-le au complet.

Par exemple, on pourrait reproduire la manière dont fonctionne le marché du travail suédois. S’il est vrai que le taux de syndicalisation avoisine les 80%, il reste que les négociations salariales ont été radicalement décentralisées, si bien que 93% des travailleurs suédois couverts par une convention collective négocient maintenant leurs conditions de travail à l’échelle locale. Notons aussi que la rémunération des employés de l’État, jadis calculée selon l’ancienneté, est maintenant déterminée en fonction de leur rendement. Quant à la sécurité d’emploi, elle a carrément disparu. Mme Carbonneau souhaite qu’on imite la fiscalité suédoise, mais serait-elle disposée à appliquer leurs réformes relatives au marché du travail?

Quant à M. Bachand, il pourrait recourir à l’expérience suédoise lors de l’élaboration de son prochain budget. Alors qu’il espère éponger son déficit en haussant la TVQ, la Suède a opté pour une série de réformes majeures à son régime fiscal afin de réduire substantiellement le fardeau supporté par les travailleurs et les entreprises. En date du 1er janvier dernier, 99% des travailleurs à temps plein ont bénéficié d’une réduction d’impôts variant de 1000 à 1500 couronnes suédoises par mois (soit entre 141$ et 212$ par mois). La fiscalité des entreprises, quant à elle, a fait l’objet de changements si importants qu’elle figure maintenant parmi les plus concurrentielles au monde.

Pour les gouvernements suédois qui se sont succédé, la «réduction de la taille de l’État» était plus qu’un slogan. Ils ont procédé à une importante décentralisation des pouvoirs au niveau des autorités locales et à une réorganisation totale des composantes du gouvernement. Ils ont ouvert à la concurrence, et donc au secteur privé, le secteur de la santé. Ils ont libéralisé à divers degrés l’industrie de l’électricité, du taxi, des télécommunications, des services postaux, de la vente d’alcool et du transport aérien et ferroviaire.

Les réformes adoptées depuis 1995 ont permis au pays des Vikings de redresser son économie. Aujourd’hui, le modèle suédois ne fait pas référence à la concrétisation d’un paradis socialiste. C’est plutôt le symbole d’une classe politique qui a eu l’humilité de reconnaître la banqueroute de l’État-providence, la sagesse de remettre en question les vaches sacrées qui handicapent l’économie, et le courage de sortir des sentiers battus et de procéder à des changements contraires aux dogmes. Nos élus invoquent souvent le modèle suédois… mais auront-ils l’audace de le mettre en pratique ?

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« Les monopoles sont incapables de répondre à tous les désirs » Per Unckel, ex-ministre de l’Éducation et des Sciences en Suède (1991-1994)






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