dimanche 21 mai 2023

Débat sur l'Immigration avec Frédéric Bastien (2019)

En hommage à l’historien Frédéric Bastien, mort prématurément cette semaine, voici une vidéo d’un débat sur l’immigration auquel il a participé en 2019. Le débat est bien sûr organisé de telle sorte que la majorité des « débatteurs » soient pro-immigration et que les deux témoignages le soient aussi.

Participants à l’émission : 

  • Shannon Charles, étudiante, témoigne, mais ne débat pas. C’est la perle rare, l’immigrée antillaise anglophone qui parle un français relativement correct, mais fortement accentué et souvent agrammatical et qui se dit intégrée. Elle s’est même mise au patinage et pourtant elle n’aimerait pas l’hiver… Elle ne parle que du Canada, jamais du Québec. La présentatrice sourit et opine du bonnet. Aucune question difficile.

  • Mensah Hemedso, immigré togolais, doctorant en littérature française (Strasbourg) avant d’immigrer au Québec. Il a ensuite passé son baccalauréat en sciences de l’éducation à Gatineau (UQO), Gatineau où il a enseigné environ 3 ans. Depuis cette émission, il enseigne dans une école francophone en Ontario à Stittsville, non loin de Kanata. Il se plaint de n’avoir eu que des contrats courts au Québec,  mais d’avoir trouvé rapidement un meilleur poste en Ontario. M. Bastien lui répond qu’il a connu des difficultés similaires à son retour de Suisse, il n’avait pas de contacts locaux. Il pense mettre mal à l’aise Alexandre Cormier-Denis avec la vieille ficelle consistant à demander ce qu’est l’identité de son pays d’accueil.
  • Mariam  Hassaoui, professeur de sociologie, qui joue la maîtresse d’école au débit strident de mitraillette et qui roule ses  « r » tout en faisant la leçon. Elle se dit nationaliste québécoise, mais d’un nationaliste « inclusif ». Pour elle, les immigrés n’ont nul besoin d’adhérer aux mœurs du Québec.
  • Mehdi Bousaïdan, humoriste, vient d’un pays (Algérie) qui parle français, mais il aurait appris le français au Québec grâce à une institutrice péruvienne. « Il n’y a pas trop d’immigrants, il y a assez de place, de ressources, je pense juste qu’il y a des gens qui ont peur. »
  • Frédéric Bastien, professeur d’histoire, il défend une diminution de l’immigration (moins on accueille d’immigrants, mieux ils s’intégreront). Il est en faveur d’immigrants francophones qualifiés, mais ce n’est pas la majorité des immigrants. Il souligne que les avantages économiques de l’immigration sont minimes, voire nuls ou même négatifs. Il rappelle comme Alexandre Cormier-Denis que le Canada et le Québec reçoivent nettement plus d’immigrants proportionnellement que la France ou les États-Unis.
  • Alexandre Cormier-Denis, président d’Horizon Québec Actuel, défend une position nationaliste sans complexe qui rejette l’analyse uniquement économique de l’immigration. Il insiste sur l’importance pour les Canadiens français de se sentir chez eux au Québec. Il réclame non pas l’intégration mais l’assimilation des immigrants autant au niveau de la langue, des mœurs que des réflexes électoraux, à savoir qu’ils votent en aussi grande proportion pour l’indépendance du Québec que les Canadiens français du Québec, si l’on comprend bien. Il y dénonce déjà (en 2019 !) l’Initiative du Sicle d’un Canada à 100 millions d’habitants par l’immigration de masse. Il souligne que les peuples ne sont pas consultés sur ce sujet brûlant. Il condamne l’anti-intellectualisme de Mme Morin.


Sur Rumble (plateforme complètement censurée en France) :

Sur Odysee (souvent plus lent) :

 

Frédéric Bastien, né en 1969 et décédé le 16 mai 2023, était un historien, professeur, journaliste et homme politique québécois. Il est connu notamment comme étant l’auteur de La Bataille de Londres et pour sa candidature en 2020 comme chef du Parti québécois. Frédéric Bastien était titulaire d’un doctorat en histoire et politique internationale de l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève et rédigea deux livres traitant des relations Paris-Québec-Ottawa depuis la Révolution tranquille. Il était professeur d’histoire au cégep anglophone Collège Dawson à Montréal jusqu’à son décès en 2023. 

En 2013, Frédéric Bastien publia La Bataille de Londres dont le sous-titre est Dessous, secrets et coulisses du rapatriement constitutionnel. L’auteur y relate un épisode historique du Canada et du Québec du début des années 1980. Il y affirme que le rapatriement de la Constitution du Canada en 1982 constitue un coup d’État en raison de l’ingérence du pouvoir judiciaire canadien dans le processus de rapatriement constitutionnel et l’irrespect du principe fondamental de la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire. L’originalité du travail de Bastien consista dans son recours aux sources britanniques (et non seulement canadiennes) dans ce dossier grâce à des demandes d’accès à l’information. En avril 2013, la Cour suprême du Canada lance une enquête interne sur les accusations avancées par le livre, mais la Cour conclut son examen en déclarant l’absence de documents pertinents dans ses archives… 

Le ministre québécois délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, à la Francophonie canadienne et à la Gouvernance souverainiste (2012-2014), Alexandre Cloutier, jugea que La Bataille de Londres « montre jusqu’où le premier ministre [du Canada] Pierre Elliott Trudeau était prêt à aller et quels moyens il était prêt à utiliser pour imposer la Constitution aux Québécois, des gestes qui sont extrêmement graves ». De son côté, interrogé sur la controverse lors d’une visite au Québec, le premier ministre canadien Stephen Harper (2006-2015) rejette les allégations de Frédéric Bastien en déclarant : « Je pense que toute la population en a assez de cette discussion. »

Selon l’avis du semestriel canadien spécialisé en histoire, The Dorchester Review, Frédéric Bastien « a réussi à remettre en question la légitimité historique et l’éthique du gouvernement [Pierre Eliott] Trudeau… révélant ainsi un nouvel éclairage sur la chicane avec laquelle la Charte des droits et libertés a été imposée aux Canadiens, qui n’en avaient pas besoin et ne l’ont jamais demandée. »

Voir aussi

Partialité idéologique de la juge en chef de la Cour d'appel du Québec (m-à-j) [Frédéric Bastien a déposé une plainte au Conseil canadien de la magistrature]

Universités — L’exclusion des hommes blancs d’appels de candidatures fait l’objet de plaintes [Frédéric Bastien ne pouvait postuler car homme blanc!]

Justice pour le Québec (Regroupement basé à Montréal qui était présidé par Frédéric Bastien)