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mercredi 13 juillet 2022

L’Europe de l'Est en proie à une démographie en chute libre

L’ampleur de l’émigration, conjuguée à la faiblesse de la natalité, pourrait vider de leurs habitants certaines régions de Bulgarie, de Lettonie, de Lituanie, de Serbie et d’Ukraine d’ici à 2050.

L’Europe centrale et orientale a de quoi s’inquiéter. Parmi la soixantaine de pays amenés à voir leur population décroître significativement (1 % ou plus), d’ici à 2050, figurent la Russie, l’Allemagne, la Corée du Sud et Cuba. Mais c’est l’ancien bloc soviétique qui perdra le plus, d’après les dernières projections de l’ONU.

Sur cette photo, prise le 23 janvier 2020, une vieille carte postale montre à quoi ressemblait le village de Blagojev Kamen, en Serbie, il y a cinquante ans. Des villages presque vides, aux maisons abandonnées et délabrées, sont désormais visibles dans toute la Serbie

[L'Europe occidentale vide l'Europe de l'Est sauf la Russie]

La chute s’annonce supérieure à 20 % à l’horizon de trente ans en Bulgarie, en Lettonie, en Lituanie, en Serbie et en Ukraine. Pour cette dernière, il ne s’agit pas d’une nouveauté, même si la guerre déclenchée le 24 février par la Russie a considérablement aggravé la situation préexistante. Fin mai, le conflit en cours avait donné lieu au déplacement de 13 millions de personnes, dont 6,8 millions de réfugiés partis à l’étranger.

L’Ukraine approchait les 52 millions d’habitants au début des années 1990, n’en comptait plus que 43 millions en 2021 et pourrait passer sous la barre des 33 millions en 2050. À l’instar de ses voisins, elle souffre de deux maux chroniques : une natalité faible et une émigration forte. « Tous les pays d’Europe de l’Est, ou presque, ont connu des niveaux de fécondité faibles, environ 1,5 naissance par femme ou moins, depuis vingt ou trente ans », explique-t-on au siège des Nations unies, à New York. Loin, donc, du seuil de remplacement (2,1 naissances par femme) pouvant garantir le renouvellement des générations.

Un ancien blason yougoslave visible sur un bâtiment scolaire abandonné dans le village de Blagojev Kamen, en Serbie, le 23 janvier 2020.

 

« Fécondité très basse »

Par ailleurs, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, la différence entre les entrées (immigration) et les sorties (émigration) n’a cessé d’augmenter, du fait d’une hémorragie de la jeunesse. La Bulgarie, passée de 9 millions d’habitants dans les années 1990, à 6,8 millions en 2022, pourrait ne plus en compter que 5,2 millions en 2050. La Serbie, elle, comptait 8 millions d’habitants à l’effondrement du rideau de fer. Elle en a actuellement 7,2 millions et pourrait tomber à 5,8 millions dans trente ans. 

[Pays baltes]

Sur la même période, la population de la Lituanie pourrait dégringoler de 3,8 millions à 2,2 millions, celle de la Lettonie de 2,7 millions à 1,4 million. [Une certaine portion de cette population sont des Russes qui ont fui des politiques antirusses dans les pays baltes. En 2017, il y avait environ 1 million de Russes de souche dans les trois pays baltes, après atteint environ 1,7 million en 1989, l'année du dernier recensement à l'époque soviétique. En 2009, plus de 15 % des habitants de la Lettonie étaient des non-citoyens, en majorité des russophones ne parlant pas, ou pas assez bien, le lette, et c'est également le cas des russes « non-citoyens d'Estonie » privés de leurs droits civiques et apatrides puisque leur pays d'origine, l'Union soviétique, a disparu.]

« Les jeunes partent et, chez ceux qui restent, la fécondité s’avère très basse. La question est de savoir si ce phénomène va durer ou non », analyse Gilles Pison, conseiller scientifique à l’Institut national d’études démographiques (INED). Ce dernier met néanmoins en garde. 

[La fécondité de la Pologne est légèrement remontée]

« Les choses peuvent vite s’inverser, comme on l’a vu en Pologne. Avec son entrée dans l’Union européenne en 2004, ce pays a connu une émigration importante, tandis que la fécondité était très basse à l’époque, à 1,22 enfant par femme, rappelle M. Pison. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La Pologne redevient un pays attractif, pour les Russes et les Ukrainiens notamment, tandis que le taux de fécondité est remonté » à 1,46 enfant par femme en 2022 et pourrait atteindre 1,56 en 2050.

La Bulgarie s’interroge sur son sort. Alors que « plus des deux tiers » de son territoire seront des déserts démographiques en 2040, selon une étude de l’Académie des sciences bulgares datant de l’été 2021, elle considère faire « partie des 10 % des pays au monde ayant les conditions de vie naturelles les plus favorables », si bien que le changement climatique et la surpopulation dans le monde pourraient faire du territoire bulgare « un lieu de vie de plus en plus attrayant ».

En attendant, le déclin est bien là. Les données de l’ONU corroborent ce que pointaient les démographes Agnieszka Fihel et Marek Okolski dans une étude parue en 2019 dans le bulletin d’information scientifique de l’INED, Population & Sociétés. Dans toute l’Europe de l’Est, précisaient ces deux experts polonais, « le solde migratoire, facteur principal, est responsable des trois quarts de la baisse (73 %), et le solde naturel d’un quart (27 %) ». En Estonie, en Lettonie et en Lituanie, relevait en 2021 Céline Bayou, spécialiste des pays baltes au Quai d’Orsay, dans la revue Nordiques, la population est confrontée à « l’angoisse de la disparition ».

Source : Le Monde

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lundi 25 avril 2022

Démographie — Le trilemme de Morland : égoïsme, économie ou ethnie

Sur de vastes étendues de la planète, dans un « croissant infertile » allant de l’Espagne à Singapour, la population vieillit rapidement. Elle amorce un déclin abrupt. C’est le sujet du nouveau livre de Paul Morland, Tomorrow’s People. Le Dr Paul Morland est chercheur associé au Birkbeck College de l’Université de Londres et un spécialiste reconnu en matière de démographie.

L’ouvrage précédent de Morland, The Human Tide, se penchait sur l’impact politique et culturel de la démographie à travers l’histoire. Son dernier livre dépeint le monde du XXIe siècle, un tome bien écrit, informatif et agréable à lire ; bien que « agréable » ne soit peut-être pas le mot approprié, car l’avenir semble sombre à bien des égards et, dans certains pays, cet avenir est déjà présent.

L’avantage est que — et c’est certes un moment étrange pour le suggérer — une grande partie du monde pourrait bien devenir moins violente selon Morland. L’auteur passa ses vacances en Catalogne à l’époque des tentatives d’indépendance de cette province en 2017 : « Alors que j’étais assis sur l’une des places de Portbou, j’ai réfléchi à la raison pour laquelle le référendum était devenu une note de bas de page dans les livres d’histoire plutôt que l’étincelle qui déclencherait un conflit violent. J’ai regardé autour de moi ces habitants grisonnants qui profitaient du soleil d’octobre et sirotaient des tasses de café noir. Ils étaient bien trop vieux pour prendre les armes et défiler dans les rues, exaspérés par l’injustice politique. » Quel contraste avec la tension juvénile qu’il ressentait en Israël à la veille de la première Intifada où une population palestinienne dominée par des adolescents était sur le point de violemment exploser !

Ces dernières années, nous avons bénéficié de ce qu’on a appelé la Pax Americana Geriatrica. La plupart des pays riches ont un âge médian supérieur à 40 ans et les personnes d’âge moyen n’aiment pas commencer des bagarres. Nous avons des responsabilités et des soucis, nos lobes frontaux nous ont rendus prudents et nos niveaux de testostérone sont en déclin terminal.

Dans les années 1930, au début de la guerre civile en Espagne, l’âge médian était la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. Au début des années 1990, l’âge médian en Bosnie était inférieur à 30 ans, alors qu’il est aujourd’hui supérieur à 40 ans. Lorsque la guerre civile au Liban a commencé, l’homme libanais moyen avait six enfants et trois frères. Aujourd’hui, il a un frère ou une sœur. C’est au moins en partie pourquoi l’instabilité politique et la crise financière récentes n’ont pas conduit à une répétition de la guerre. Morland cite « des études sur des périodes de plusieurs décennies révélant qu’il n’y a presque pas de guerre civile dans les pays où 55 % ou plus de la population sont âgés de plus de trente ans ».

« Bien qu’on ne puisse pas dire que la jeunesse “cause” la guerre », écrit-il, « ou que la maturité “cause” la paix, la structure par âge d’une société crée des conditions de fond contre lesquelles d’autres choses provoquent ou non des conflits ». Un peu comme dans une forêt dont le bois est sec, les conditions sur le terrain détermineront si une étincelle s’avère désastreuse.

Les origines de la transformation du monde remontent à la plus grande réalisation de l’histoire de l’humanité : l’énorme chute de la mortalité infantile grâce à l’hygiène et la médecine modernes. Cette baisse commença dans le nord-ouest de l’Europe au XVIIe siècle, les décès d’enfants ont ensuite diminué dans le monde entier et une grande partie de l’amélioration n’a été que récente. Même au début des années 1970, la mortalité infantile au Pérou était 10 fois supérieure à son niveau actuel. « Un travailleur humanitaire qui vivait autrefois dans l’un des pays les plus pauvres d’Afrique m’a dit que la mortalité infantile était si courante il y a une quinzaine d’années qu’un de ses employés pouvait ne pas prendre un jour de congé si cela leur arrivait — cela faisait partie de la vie et on s’y opposait donc moins. »


Mark Steyn interviewe Paul Morland, auteur de Tomorrow’s People: The Future of Humanity in Ten Numbers

Même dans les pays les plus pauvres, la vie est bien meilleure pour la plupart des parents, mais il en va de même pour tout le monde, même une fois qu’ils ont atteint l’âge adulte ; alors qu’en 1900, 75 femmes américaines sur 100 étaient en vie à 30 ans, en 2020, 75 sur 100 étaient encore en vie à 80 ans.

La prochaine étape de la transition démographique, après une baisse de la mortalité, est habituellement une baisse subséquente de la fécondité (bien que la relation ne soit pas simple). La taille des familles passe en théorie d’une moyenne de 5 à 6 jusqu’au niveau de remplacement de 2 enfants par femme. Mais ensuite, on observe qu’elle continue de baisser — et semble ne jamais remonter. En effet, dans la majeure partie du monde, en dehors de l’Afrique subsaharienne, la taille des familles baisse sous le taux de remplacement des générations, puis continue de diminuer alors que les populations vieillissent.

En 1990, le Japon comptait 2 000 centenaires ; il y en a aujourd’hui 79 000. Il existe même un mot, rougai, pour désigner une personne âgée agaçante qui énerve les jeunes, « que ce soit en obstruant les portes qui se ferment dans le métro de Tokyo ou en donnant des conseils déplacés sur le nombre décroissant de jeunes mères ». En Chine voisine, le nombre de plus de 80 ans est passé de 500 000 en 1950 à 7,5 millions en 1990, et en 2050, ils seront 150 millions, soit plus de 8 % de la population chinoise.

En Italie, la population a déjà commencé à décliner et ce déclin s’accélérera dans les années à venir. Le nombre d’Italiens de moins de 5 ans a culminé à 4,5 millions au milieu des années 1960. Ce nombre n’est plus que de 2,2 millions environ aujourd’hui, après quoi il tombera en dessous de 2 millions avant le milieu du siècle. D’ici 2050, il y aura deux fois moins d’Italiens de moins de 25 ans qu’en 1980. Le nombre de jeunes en Corée du Sud sera également divisé par deux d’ici 2050.

Pour Morland, les Européens s’inquiètent de la menace d'un monde musulman dominant, mais la plupart des pays arabes ont maintenant une fécondité modérée, voire faible. Morland semble oublier que nombre de pays africains non arabes (Sénégal, Mali, Niger, etc.) sont également musulmans et à très forte natalité. 

Si l’on exclut l’Afrique subsaharienne et quelques pays comme le Sri Lanka, les États passent rapidement d’une fécondité élevée à des niveaux de sous-remplacement inquiétants. La Colombie est passée en à peine une décennie d’un taux de fécondité idéal légèrement au-dessus de 2 enfants par femme pour se situer désormais au niveau de l’Europe du Nord. Pourtant, la Colombie, favorable aux familles, malgré ses problèmes de criminalité et de pauvreté, est depuis de nombreuses années l’un des pays les plus heureux au monde. Le Japon isolé et à faible fécondité est l’un des plus malheureux selon Morland. À mesure que la fécondité a diminué, divers gouvernements ont changé d’attitude quant à la taille idéale des familles. Le conseil officiel de Singapour dans les années 1960 était « Arrêtez-vous à deux », mais en 1987, c’était « Ayez-en trois ou plus (si vous pouvez vous le permettre). » La politique chinoise de l’enfant unique est belle lurette abandonnée au profit d’une politique de deux enfants et le gouvernement permet maintenant à certaines personnes d’en avoir trois ; les encourage même. Mais il semble qu’il soit trop tard.

Morland pense que « tenter d’augmenter la fertilité [s’apparente] au travail de Sisyphe ». La République tchèque et la Hongrie ont connu des augmentations au cours de ce siècle, grâce à un effort financier gouvernemental important, mais elles sont encore bien en deçà du taux de remplacement. Seul Israël semble aller à contre-courant de la tendance dans le monde développé, tant parmi les religieux que les laïcs, la Géorgie est le seul pays qui semble être revenu à un taux de remplacement, avec l’aide de l’église, le chef religieux du pays baptisant chaque enfant qui y est né. Pour Morland, le gouvernement peut facilement faire baisser la natalité, plus difficilement la faire remonter. Ce qui permet de redresser la natalité est une question de changement d’attitude, de culture.

En Russie, après l’effondrement démographique des années 1990, lorsque l’espérance de vie a plongé à mesure que le pays a été saccagé, les choses se sont améliorées pour de nombreuses personnes sous Poutine (meilleures conditions économiques, lutte contre l’alcoolisme). Depuis le début du XXIe siècle, la fécondité russe est passée de 1,2 à 1,75, mais cela est loin d’être suffisant pour inverser la baisse à venir (résultat du peu d’enfants nés entre la fin de l’URSS et l’avènement de Poutine, la sous-natalité persistante et la fin de l’allongement rapide de la vie sous Poutine).

À l’échelle mondiale, tout cela aura des conséquences économiques assez moroses dans les décennies à venir, le Japon étant le premier pays à entrer dans une « stagnation séculaire ». 

Morland parle du trilemme auquel sont confrontées les nations vieillissantes, selon lequel vous pouvez avoir deux des trois aspects suivants :

  • la continuité ethnique,
  • une économie florissante ou
  • un style de vie égoïste et confortable sans l’énorme stress de concilier éducation des enfants et carrière moderne.

Israël a sacrifié le confort égoïste individuel (le 3e e), mais a une économie dynamique et une continuité ethnique. Le Japon, quant à lui, a choisi de subir le coup économique (le 2e e) pour privilégier la continuité ethnique et le confort personnel ; tandis que les dirigeants britanniques ont renoncé à sa continuité ethnique (le 1er e). Mais ce fut, hélas, une solution à court terme, puisque les jeunes immigrants n’empêchent pas le déclin démographique et donc économique.

Comme il le souligne, malgré la douleur de l’austérité après 2010, les coupes du gouvernement britannique n’ont même pas réduit la dette, juste le déficit, ce qui est très difficile à faire lorsque la démographie est à la baisse. Au début des années 1960, il y avait 5 millions de naissances au Royaume-Uni ; en 2000-2005, ils n’étaient plus que de 3,5 millions. Il s’agit de la cohorte sur le point de commencer à travailler. Même avec des niveaux d’immigration sans précédent — les mères nées à l’étranger représentent désormais près d’un tiers des naissances au Royaume-Uni — il n’y a tout simplement pas assez de jeunes pour faire croître l’économie.

La même chose se passe partout en Eurasie. En 2000, la Thaïlande comptait 7 travailleurs pour chaque retraité ; d’ici 2050, ce chiffre ne sera plus que de 1,7. En Grèce, 1 700 écoles ont fermé entre 2009 et 2014, tandis que la Macédoine du Nord voisine a perdu un quart de sa population à cause de la faible fécondité et de l’émigration. Des régions entières, comme la province de Vidine dans le coin nord-ouest de la Bulgarie, se sont contractées et ont vu des services, comme les vols aériens, disparaître par manque d’intérêt. Un habitant aurait déclaré : « C’était comme si je revenais dans ma tombe. C’est une ville moribonde. À Stoke-on-Trent, 40 % des bars et clubs ont fermé leurs portes au cours des vingt dernières années, le ratio enfants/retraités étant passé de 4:1 à 1:2 en un siècle. Au centre de Paris, 15 écoles ont fusionné ou fermé entre 2015-2018. »

Plus d’un quart des grandes jeunes pousses (startups) japonaises, celles qui valent plus d’un milliard de dollars, se concentrent sur les soins aux personnes âgées. La technologie est impressionnante : dans les maisons de retraite, « les travailleurs reçoivent désormais un signal lorsque les résidents incontinents ont besoin d’attention, les avertissant de la nécessité d’une intervention urgente. Il existe également des appareils qui suivent les signes vitaux et indiquent des battements cardiaques ou des battements irréguliers, tandis qu’on y fabrique des lits robotisés qui se transforment en fauteuils roulants. »

Mais le tableau est sombre. Au Japon, des milliers de personnes meurent seules chaque semaine. En Allemagne, les obsèques payées par la commune ont doublé à Hambourg entre 2007 et 2017, car de plus en plus de personnes quittent cette terre sans parents pour prendre soin de leur héritage. Morland cite Manfred Grosser, un ecclésiastique d’une ville entre Berlin et Dresde, qui officie à cinq funérailles pour chaque baptême, voit « de sombres nuages démographiques à l’horizon ».

Pour Morland, certaines parties du monde ressemblent au roman de Leonard Woolf de 1913, Le village dans la jungle, sur une colonie engloutie par la forêt en raison du déclin de la population. Dans le nord du Japon, le nombre d’observations d’ours a doublé en une seule année et les animaux sauvages reviennent dans certaines parties de l’Espagne, de la France et de l’Italie alors que les villages se vident.

Les pays riches sont confrontés à des choix impopulaires à mesure que leurs électeurs vieillissent, y compris la nécessité d’une forte augmentation de l’âge de la retraite. Mesure à un tel point difficile politiquement que, comme le souligne Morland, même Vladimir Poutine n’a pas réussi à l’imposer. Il est peut-être le nouveau tsar et possède le plus grand arsenal nucléaire du monde, mais il existe une force invincible : le pouvoir électoral des baby-boomers. Pour l’auteur, les personnes âgées ont tendance à voter pour leurs propres intérêts et, dans le cas de la Grande-Bretagne, finissent par contrôler le gouvernement au pouvoir ; les électeurs ayant des pensions et des maisons optent pour une croissance plus faible et préfèrent limiter la construction de logements, ce qui augmente encore le coût de la propriété du logement pour les jeunes et fait donc encore baisser le taux de fécondité.


On a du mal à le croire, mais dans les années 1970, l’un des livres les plus lus était La Bombe P de Paul R. Ehrlich qui affirmait de façon alarmante : « La bataille pour nourrir l’humanité est terminée. Dans les années 1970, le monde connaîtra des famines — des centaines de millions de personnes vont mourir de faim. »

Heureusement, Ehrlich avait tout faux et si l’avenir devait ressembler à une dystopie, il prendrait la forme d’une vision cauchemardesque à la P. D. James : un lieu triste, solitaire, dépourvu du bruit des enfants.

Voir aussi 

Gunnar Heinsohn : jeunesse de la population et index de belligérance

Elon Musk inquiet de l’effondrement démographique 

Éric Kaufmann — Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ?   

Le déclin des blancs : rejeter, réprimer, fuir ou métisser ? 

« La planète va se vider de sa population, changeons nos idées reçues » 

Plus de travail, moins de bébés ? Carriérisme contre familisme (c’est une question de priorités, de « valeurs ») 
 
 
 
Un pays à très faible fécondité peut-il jamais renouer avec le taux de renouvellement des générations ? (l’exemple de la Géorgie dans le Caucase)

La fécondité israélienne (3,1 enfants/femme) contraste avec celle de l’Occident

dimanche 3 octobre 2010

Bulgarie — manifestation et pétition pour l’enseignement religieux à l’école



Le chef de la communauté musulmane de Bulgarie apporte son appui à la campagne menée par l’Église orthodoxe du pays pour rendre obligatoire le cours d’éducation religieuse à l’école.

À l’occasion d’un grand défilé organisé par l’Eglise en soutien à cet objectif dans la capitale bulgare, Sofia, le 24 septembre, des manifestants ont scandé des slogans dénonçant les « 60 ans d’athéisme », mis en place pendant la période communiste.

Dans un communiqué repris dans le quotidien bulgare Klassa, le bureau du grand mufti, leader spirituel des musulmans de Bulgarie, deuxième communauté religieuse du pays, indique que « le mufti appelle les citoyens bulgares professant l’islam à appuyer cette expression de solidarité avec la campagne menée par les chrétiens ».

La plupart des 7 millions d’habitants de la Bulgarie sont des chrétiens orthodoxes, mais d’après la législation du pays, l’enseignement scolaire doit rester laïc, même si, depuis quelques années, l’étude de la religion est autorisée en tant que matière optionnelle.

L’organe directeur de l’Eglise, le Saint-Synode, a approuvé une campagne visant à faire de l’étude de la religion une matière obligatoire à l’école, tout en affirmant que les écoles auraient le choix d’enseigner la confession chrétienne de leur choix, l’islam ou le judaïsme. Les écoles ne souhaitant pas enseigner la religion devraient obligatoirement dispenser des cours d’éthique.

Dans une interview accordée au quotidien bulgare Trud, le métropolite Nikolaï de Plovdiv, deuxième ville de Bulgarie, a déclaré que l’éducation religieuse à l’école vise à donner aux enfants « des fondations morales, à leur enseigner des valeurs stables, à les rapprocher des réalisations culturelles de la civilisation européenne, qui, pardonnez-moi, est chrétienne. »

Le métropolite Nikolaï ajoute que « tout le monde s’inquiète de l’augmentation de la délinquance, de la consommation de drogue et de la violence chez les jeunes à l’école … Le système éducatif n’offre pas de solution mais l’Église montre le bon chemin ».

La manifestation du 24 mars, concentrée autour de la cathédrale Alexandre-Nevsky de Sofia, s’est s’achevée par la remise d’une pétition remise au Premier ministre et au président du Parlement.

Selon l’agence de presse Focus, à Sofia, la responsable du Syndicat des enseignants de Bulgarie, Yanka Takeva, a également apporté son soutien à la campagne de l’Église orthodoxe bulgare.

Dans une série d’entretiens dans la presse et à la télévision, le ministre de l’Education, Sergueï Ignatov, du parti de centre-droit au pouvoir dans le pays, a pris parti contre l’éducation religieuse obligatoire. « Je crains que les écoles bulgares ne deviennent un terrain de rivalités religieuses », a opiné le ministre.



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