mercredi 16 février 2022

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« L’écologie politique consiste en une offensive contre l’Occident »

Dans son nouvel essai, « L’Écologie ou l’Ivresse de la table rase », la philosophe Bérénice Levet dénonce l’écologie telle qu’elle s’incarne aujourd’hui chez les Verts et dans les mouvements associatifs ou militants. Derrière la nécessité de préserver notre environnement, l’écologie politique s’est, selon elle, lancée dans une vaste entreprise de déconstruction de notre civilisation.

Dans votre dernier livre, vous dénoncez une victoire à la Pyrrhus des écologistes. Qu’entendez-vous par là ?

Victoire à la Pyrrhus, en effet. Victoire parce que l’écologie a gagné la bataille des idées et des esprits. La maison Terre brûle et nous ne regardons plus jamais ailleurs. Films, expositions, festivals, la réquisition est perpétuelle. Vous empruntez le réseau ferroviaire et au terme de votre trajet l’agent de la SNCF se mue en grand prêtre assermenté : « La planète vous remercie d’avoir pris le train. » Mais à la Pyrrhus, c’est-à-dire défaite, parce que, préemptée par la gauche, l’écologie est, avec le féminisme et l’antiracisme décolonial ou indigéniste, de ces grandes machines à fabriquer des dogmes, des slogans, des mots-dièses, ces hallalis numériques du XXIe siècle, des imprécations propres à terroriser, une langue exsangue, sans couleur, sans saveur, sans parfum, un récit accusatoire et une jeunesse instituée en tribunal de l’inquisition, ânonnant catéchisme vert et sentences comminatoires. Bref, une idéologie.

Si bien que, après des années de mondialisation, loin d’être rapatriés sur terre et dans nos terres, dans le monde concret, sensible, charnel des hommes, nous voici entraînés dans l’ivresse de la table rase, de la régénération de l’humanité et du grand règlement de compte avec nos ancêtres. Heureux qui comme Ulysse a fait un grand voyage et puis est retourné vivre entre ses parents le reste de son âge, il n’en est hélas rien. On peut dire des écologistes, en paraphrasant Rousseau, qu’ils sont des hommes à paradoxes parce qu’ils sont des hommes à préjugés : ils restent inféodés à des nœuds mentaux, mora­lement qualifiés ; l’ouverture, c’est bien, les frontières, c’est mal ; pour ne rien dire de l’enracinement, le mot suffit à leur faire dresser les cheveux sur la tête.

 

Sous l'amour de la nature, la haine de l'homme occidental

 

— La nécessité de sauver la planète ne justifie-t-elle pas des mesures fortes et un discours anxiogène ?

On aurait pu penser que la politique, c’est-à-dire la conversation civique, la question du monde dans lequel nous voulons vivre, de ce que nous poursuivons et de ce que nous hasardons, recouvrerait ses droits après des décennies de pouvoir technocratique. Or, là encore, il n’en est rien. Le mantra de l’urgence climatique met le bâillon à toute interrogation, à tout doute. Le sauvetage de la planète est érigé en absolu, omelette justifiant tous les œufs cassés, selon le principe des régimes totalitaires, et les œufs, c’est nous, une certaine entente de la vie et une certaine idée de l’homme. La politique hier abdiquait devant les mots d’ordre de la modernisation, de l’efficacité, de la rentabilité, de la fonctionnabilité, elle est aujourd’hui sommée de plier devant le salut de la Terre. Il y a du Molière dans la dramaturgie actuelle du climat. Quelque chose entre Le Malade imaginaire et Le Médecin malgré lui, entre « Le poumon, le poumon, vous dis-je » de Toinette et « Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette » de Sganarelle. Pluies diluviennes ? Feux de forêt ? Montée des eaux des océans ? Effacement des calottes glaciaires ? Disparition d’espèces animales ? Le réchauffement climatique, le réchauffement climatique, vous dis-je. Pirouette par laquelle on conclut des raisonnements qui n’en sont pas.

Que vous inspire la campagne des écolos en ce début de présidentielle ?

Elle me confirme dans mon analyse. EELV est bien le parti de l’insécurité culturelle, au sens que Christophe Guilluy et à sa suite, le regretté Laurent Bouvet, donnaient à ce terme. Ils passent par pertes et profits les fidélités, les attachements des peuples à leurs mœurs, leurs traditions, leurs paysages. La passe d’armes entre le candidat communiste et Sandrine Rousseauest funestement révélatrice du monde dans lequel les écologistes entendent nous faire vivre. Lorsque Fabien Roussel se fait le chantre de la gastronomie à la française, lorsqu’il a la faiblesse de voir encore, selon les belles descriptions d’Italo Calvino dans son magnifique récit Monsieur Palomar, dans un morceau de viande une « promesse de bonheur gustatif » et de sentir « derrière chaque fromage des prés incrustés de sel, des secrets de fabrication transmis au fil des siècles », qui se dresse la première pour le fasciser ? Sandrine Rousseau affirmant que le plat préféré des Français est le couscous. C’est une erreur de croire que la candidate malheureuse, d’un cheveu au demeurant, à la primaire écologiste, incarnerait la version radicale de l’écologie ; elle en est la vérité profonde.

Le meeting de Lyon du 29 janvierétait très instructif. Placé sous le signe de l’égérie suédoise de l’écologie : « Ensemble ici, à Lyon, nous disons avec Greta Thunberg et la jeunesse du monde entier, no more bla bla bla », il s’offrait comme une sorte de synthèse. Les enfants sont prescripteurs dans le monde des Verts. Il n’est rien de fortuit à ce que la trottinette soit leur emblème. Il y a le vélo certes, mais associé au Tour de France, il exhale quelques relents machistes. La trottinette, formidablement féminine par sa grâce, diront d’aucuns, aérienne, ailée, c’est l’enfance, l’innocence sauf que c’est aussi l’expression de l’individu de l’anthropologie libérale, qui va, fendant l’air, sans égard pour ce qui l’entoure. Expression, autrement dit, de cette « pulsion de vie » exaltée, le 29 janvier, par un Jadot enfiévré : « Nous sommes les pulsions de vie, nous sommes la vie. »

Il y avait quelque chose d’effrayant dans ce cri de guerre. La vie est vorace, elle suit son cours, indifférente et la nature fragile, mortelle a besoin au contraire de l’homme en son humanité, capable d’attention, de scrupules, de tact. C’est un point fort préoccupant dans l’écologie actuelle et notamment intellectuelle et universitaire que la réduction de l’humain au vivant. L’homme en son humanité, en sa spécificité, se voit noyer dans le grand bain du vivant. Il est tout à fait significatif que les esprits dits éveillés à la cause écologique aiment à donner à leur fille le prénom Zoé : « zoe » en grec, c’est la vie biologique précisément, par opposition à la vie proprement humaine qu’est le « bios », et qu’on retrouve dans biographie.

Les écolos français sont-ils des « gauchistes » qui s’ignorent ?

Qui s’ignorent, pas vraiment, sans doute récuseraient-ils l’épithète de « gauchiste » pour ses accents péjoratifs mais ils se veulent l’incarnation de la vraie gauche, de cette gauche qui a troqué le peuple pour les minorités et la diversité. Ce qu’ils sont en effet. La liquidation de notre modèle de civilisation est le ressort de leur activisme. La Terre, la nature, les bêtes ne sont que des alibis. Ce qui les enfièvre est l’injonction à « réinventer » la vie, la ville, à « changer les mentalités, les comportements », « l’imaginaire des enfants » - on se souvient de l’objurgation de la maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy - à accumuler les ruines assurés qu’ils sont de porter dans leur cœur un monde nouveau, selon le programme du porte-parole d’EELV, Julien Bayou. L’écologie consiste en une furieuse offensive contre l’Occident. « Se désoccidentaliser », là serait le salut pour la Terre. Injonction portée par les voies les plus autorisées et adulées des élites culturelles, notamment le professeur au Collège de France, Philippe Descola.

Des éléphants dans un magasin de porcelaine, autrement dit. Si la nature est mortelle, nos civilisations ne le sont pas moins, mais l’écologie joue la nature contre notre culture. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai écrit ce livre, afin de ne pas laisser le dernier mot aux contempteurs de notre civilisation et singulièrement de l’entente française de la vie.

Quelles sont les passerelles entre l’écologie politique et ce que l’on appelle désormais la « gauche woke » ?

Les écologistes, politiques aussi bien qu’associatifs, communient dans le grand récit de la woke culture et de l’intersectionnalité, celui d’un Occident regardé et présenté comme une vaste fabrique de victimes. Un Occident dont toute l’histoire aurait été écrite et continuerait de l’être, selon leur intrigue désolante de simplisme, par l’homme blanc hétérosexuel chrétien ou juif, lequel n’aurait d’autre passion que la domination, d’autre ressort d’action que la prédation - depuis #MeToo, le paradigme prédateur/proie avec ses accents carnassiers, tend à supplanter celui de domination - et l’asservissement de tout ce qui n’est pas lui : les femmes, les Noirs, les minorités sexuelles, les musulmans et désormais, la nature, les animaux et les végétaux. À l’intersection, au carrefour, se trouve toujours un même protagoniste.

Les écologistes sont les vecteurs de la conversion de la France au modèle américain identitaire et diversitaire. Ils enferment chacun dans le cercle étroit de son identité de sexe, de « genre », de race, de religionet l’incarnent dans la prison du présent. La France aurait fait son temps. Il faut en avoir pleinement conscience : lorsque l’on donne son suffrage à EELV, ce n’est pas l’avenir de nos civilisations et des hommes sur la terre que nous servons mais l’avènement d’un modèle qui nous est étranger et contraire. L’affaire des piscines de Grenoble et du port du burkini revêt une validité exemplaire : chantre du droit des minorités et de la diversité, le maire Éric Piolle est totalement désarmé pour y répliquer.

Paradoxalement, vous accusez également les écologistes d’être des enfants de la société de consommation…

De la société de consommation, de l’individu atomisé, inaccessible au sentiment de dette, de gratitude, incarnation aussi de l’ignorance crasse dans laquelle s’enfonce notre époque. Greta Thunberg est en effet l’incarnation même de la figure consumériste, réclamant incontinent la satisfaction de ses désirs érigés en droits. Cette enfant, l’œil noir, se lève, tonne contre une civilisation, la civili­sation occidentale dont elle ne sait rien sinon qu’elle est coupable et le monde entier plie et ploie. La complexité du réel ne l’étreint guère et les adultes se font flagorneurs. Elle est en outre la personnification de l’homme contemporain, incapable de parler une autre langue que celle du droit : c’est au nom de son droit à la santé, au bien-être, à un air pur que cette jeunesse se mobiliseet Jadot se présente avec lyrisme comme le candidat « des jeunes dans l’écoanxiété ».

Le sujet de l’écologie n’en est-il pas moins majeur ?

Naturellement, puisque se joue notre manière d’habiter le monde. Le mot le dit : l’« oikos » en grec, désigne une réalité bien concrète : c’est la maison, le foyer, nullement la planète, non plus la Terre. Si l’éco-nomie, qui partage avec l’éco-logie son préfixe, est affaire d’administration, de gestion de la maison dans le but d’en obtenir le meilleur fruit, l’écologie, elle, est d’abord pensée et discours sur l’habitat humain, sur l’art d’aménager le séjour terrestre, de l’arranger au sens musical du terme, ainsi que le suggérait Antoine de Saint-Exupéry lorsqu’il définissait la civilisation comme « un certain arrangement des choses ». L’écologie doit renouer avec sa signification origi­nelle : elle doit se placer à la jointure de l’homme et de la nature, et non noyer l’homme dans la nature.

Qu’est-ce qu’une « écologie conservatrice » ?

Une écologie qui se donnerait pour tâche de préserver, sauver, assurer un avenir à ce qui n’a pas été détruit. Une écologie qui prendrait appui sur le modèle français. Si nous avions encore la fierté de notre singularité, nous pourrions être le fer de lance d’une politique agricole, d’un mode d’élevage les plus accordés au tourment écologique. « Le crime de nos politiques est moins de n’avoir pas servi la France que de ne pas s’en être servi », disait Bernanos.

Une écologie qui placerait les humanités au cœur de l’enseignement quand les écologistes n’ont d’autre projet éducatif que l’instauration d’une école occupant les enfants à « potagiser » dans des « cours de récréation dégenrées ». Après avoir été regardée comme un stock de ressources, la nature doit être redécouverte comme réalité sensible, et pour cela il faut rendre aux hommes les mots pour la dire et la voir - les mots sont des instruments de perception - dans son étoffe charnelle. Ce n’est pas seulement l’abêtissement qui marque de son sceau notre époque, c’est aussi la dévastation du vocabulaire de la sensibilité. Si nous voulons rendre ses droits à la nature, nous avons besoin des poètes, des peintres, des musiciens, Debussy, Ravel.

L'écologie ou l'ivresse de la table rase
par Bérénice Levet,
publié le 12 janvier 2022,
à L'Observatoire,
220 pp,
ISBN-13 : 979-1032923696