mercredi 4 avril 2012

Un peu d'endoctrinement syndicalo-socialiste avec votre ECR ?

Noël Landry, prof à l’école secondaire de la Magdeleine 
de La Prairie devant son mur « polythéiste » ECR,
porte le rouge en guise de solidarité envers les étudiants,
ongle du pouce compris pour symboliser le carré rouge.
La traversée de la mer Rouge revisitée

Ce dimanche 8 avril, en dehors donc des heures de classe mais à l'initiative d'un de leurs professeurs, des élèves de l’école secondaire de la Magdeleine partiront de leur école à 10 h pour marcher dans les rues du Vieux-La Prairie. L’objectif ? Démontrer leur solidarité avec les étudiants du cégep et de l'université qui luttent contre la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement Charest.

« Le jour de Pâques est la fête de la résurrection mais il y a aussi un lien avec la Pâque juive, laquelle nous rappelle qu'il y avait des gens exploités en Égypte, qu'ils se sont sauvés pour fuir l'oppression et qu'ils ont dû traverser la mer Rouge pour échapper à leurs bourreaux », mentionne Noël Landry, enseignant en éthique et culture religieuse qui soutient les étudiants dans leurs revendications.

Les élèves ne sont pas conviés à aller à l'office de Pâques pour autant. Non. En chemin, le défilé s'arrêtera sur le perron de l'église de la Nativité afin d'inviter ceux qui sortiront de l'office religieux à se joindre à la marche qui se poursuivra sur le chemin de Saint-Jean pour se terminer par un pique-nique au Marché des jardiniers. « Nous invitons les gens à changer le Québec, car quand le gouvernement refuse de négocier avec les étudiants. Il refuse aussi de parler à tous les citoyens. Habillez-vous en rouge et joignez-vous au groupe avec vos enfants », lance M. Landry.

Noël Landry est connu pour ses sympathies envers Québec Solidaire et le mouvement du Refus global qu'il aborde dans ses classes d'ECR.

Dans une lettre ouverte du 21 mars 2012, Noël Landry répond « plusieurs d'entre vous m'ont demandé mon opinion sur ce qui se passe » sur la « grève des étudiants ». Il y offre une version très particulière de l'historique des frais d'inscriptions à l'université :
« Comme vous le savez, une des bonnes choses de la révolution tranquille a été de changer le système pour que tous puissent avoir accès à une éducation de qualité. Dans les valeurs qui ont porté le projet social de cette révolution, l'égalité a été le moteur de l'instauration de la gratuité scolaire. Ainsi, pendant plusieurs années, tous les enfants du Québec ont eu le loisir d'envisager des études supérieures. Vers la fin des années 2000, le gouvernement a augmenté les frais de scolarité qui, jusqu'alors avaient été gelés. Graduellement, le coût des études collégiales et universitaires a augmenté, pour atteindre les montants qui sont exigés aujourd'hui. »

Or, jamais l'accès aux études supérieures n'a été gratuit, les frais qui seront exigés sont en fait équivalents en dollars constants aux frais exigés à l'époque de la grande, belle et merveilleuse Révolution tranquille (violons et trémolos s.v.p.!)...

En effet, selon la FAÉCUM (association étudiante contre la hausse des frais !), en 1968 les frais de scolarité moyens étaient alors de 546,40 $ par année. En 2017, les hausses prévues porteront la facture étudiante annuelle à 3 793 $. Or, si l’on tient compte de l’inflation, la somme de 547 $ payée en 1968 est équivalente à 3 491$ en dollars de 2011...

Les statistiques indiquent que la province la moins chère pour étudier au Canada est actuellement le Québec. Si on suit la logique qui voudrait que le prix et la fréquentation universitaire et la diplomation soient directement liés, le Québec devrait aussi avoir le plus haut taux de diplômés au Canada. Or ce n’est pas le cas : le Québec arrive en dernier dans les quatre grandes provinces ! Cette non-corrélation entre frais universitaires et diplomation s’observe également entre les États américains où les États qui subventionnent le plus l’éducation universitaire font partie de ceux ayant des taux de diplomation comparativement médiocres.

Noël Landry poursuit :
« Ainsi, le mouvement de contestation évolue, des nouveaux appuis sont demandés un peu partout et il vous est apparu, à vous élèves du secondaire, qu'il fallait faire quelque chose de significatif pour indiquer votre solidarité.

Tout cela étant dit, je pense que tous ceux qui croient à l'égalité et à la justice ont le devoir de s'impliquer ou de poser un geste pour montrer à ce gouvernement qu'il ne peut impunément bafouer vos valeurs communes. »
Rappelons qu'un des buts du programme ECR est de créer une culture publique commune.

Noël Landry donne enfin ce conseil à ses élèves :
« il faut agir démocratiquement et charger votre conseil étudiant de vous réunir en assemblée générale pour donner la parole à tous afin d'examiner ensemble les moyens dont vous disposez et envisager des actions qui sont réalistes. »
Un peu d'endoctrinement syndicalo-socialiste avec votre ECR ?




Sur le plan de la culture religieuse, les notes de cours de Noël Landry font la part belle aux religions et  aux spiritualités exotiques (29 documents sur l'islam, 19 sur l'hindouisme, 10 sur le bouddhisme) et  n'hésitent pas à se montrer très circonspectes vis-à-vis du christianisme (8 documents dont 4 sur les langues de la Bible).

« L'unité » selon les notes de cours de Noël Landry
 (Quel est le plus petit symbole religieux et quel est cet œil dans ce triangle ?
Sur le thème trois religions, un Dieu, voir ici)

Voici les citations lénifiantes utilisées dans ces notes pour présenter le Coran :
« Une parole d'affection qui pardonne vaut mieux qu'une aumône qui blesse »
(Sourate II, 263)

« Celui qui sauve un seul homme, c'est comme s'il avait sauvé l'humanité tout entière »
(Sourate V, 32)

« Le Prophète a cru à ce qui est descendu sur lui de la part de son Seigneur. Lui et les croyants; tous ont cru en Dieu, en Ses anges, en Ses Livres et en Ses prophètes. »
(Sourate II, 285)

Nulle trace de sourates un peu plus polémiques comme :

« Ne prenez pas pour amis les Juifs et les Chrétiens ils sont amis les uns des autres. Celui qui, parmi vous, les prend pour amis, est des leurs. Dieu ne dirige pas le peuple injuste. »
Sourate V, 51

« Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien ce qu'ils œuvrent. »
Sourate VIII, 39.
Évidemment, sur le djihâd, les notes reflètent le prêt-à-penser mou :
« Mais le djihâd s'arrêta bien vite et la notion devint caduque. Les soufis intérioriseront cette notion en parlant de djihâd intérieur, le djihâd mené en soi-même contre ses propres passions. C'est le djihâd al-akbar (le djihâd majeur) par opposition au djihâd al-asghar  (le djihâd mineur). Même à l'époque coloniale le calife n'appela jamais au djihâd contre l'Europe. 
Attention: "djihâd" ne signifie pas "guerre sainte", mais tout simplement "militance". »
Selon Le Dictionnaire du Coran sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi (coll. Bouquins, p. 375), un nombre de hadiths (paroles du prophète) corrobore sans ambiguïté le sens concret du djihâd. Le martyr (chahîd) est celui qui meurt en combattant pour Dieu (et non, comme dans le christianisme, l'homme supplicié pour sa foi). Par ailleurs, qualifier le combat de « djihâd mineur » ne signifie pas son élimination et l'histoire islamique a connu nombre de soufis s'adonnant au service militaire dans les ermitages-forteresses appelés ribât. Il est donc faux de dire que la notion devint vite caduque.

Entre 1300 et 1304, lors des derniers raids en Syrie effectués par les Mongols ilkhanides, Ibn Taymiyya incita par une fatwa ses compatriotes au djihâd contre les Mongols. Il les combattit par les armes, mais également dans ses écrits. Ainsi, il met en doute la conversion à l'islam de ces derniers et de leur chef Mahmoud Ghazan Khan, les accusant de maintenir leur droit coutumier, et de pactiser avec les royaumes chrétiens. Cette même fatwa servira de justification après l'assassinat des sept moines trappistes de Tibéhirine en 1996. Le XIXe siècle connut également divers djihâds comme la guerre sainte d'Ousmane dan Fodio, un émir peul (1754 - 1817) ou de la Guerre des mahdistes (1881 à 1899) contre les Britanniques, à l'époque coloniale donc. Le Libyen Omar Al-Mokhtar refuse toute paix avec les Italiens par ces mots : « Notre foi profonde nous incite au djihâd ». Toujours à l'époque coloniale. Enfin, le Calife déclara le djihad contre la Triple-Entente (la France, l'Empire russe et l'Empire britannique) le 11 novembre 1914 (voir ici, ici, ici et ) : « Il est du plus impérieux devoir religieux de participer à lutte en corps et en biens, [ et ainsi ] de pouvoir compter en tout sur l'assistance de Dieu. »

Évidemment, les ressources de Noël Landry pour son cours ECR ne prennent pas les mêmes pincettes quand il s'agit de présenter la tradition religieuse du Québec. Là on a comme ressource pédagogique le texte intégral du Refus global qui constitue une critique virulente très partiale qui permet de caricaturer l'histoire québécoise et d'entretenir une vision largement mythique du Québec de la Grande Noirceur.

Qu'en est-il de la foi et de la superstition, de la multiplicité des religions ? Les religions sont diverses à cause de l'imagination de l'homme (voir rapport Proulx page 90, conception inacceptable pour ceux qui croient en une religion révélée). Noël Landry semble aussi justifier une croyance à la carte (nous serions de toute façon tous les jouets de notre culture) dans son document Croire ou avoir la foi ?

« J’ peux bin croire aux extra-terrestres, toi tu crois bin à Dieu », me disait une de mes élèves, il y n’y a pas longtemps.

« Mais l’existence de Dieu est plus certaine que celle des extra-terrestres », ai-je répondu.

« Pas sûr de ça, genre, les extra-terrestres, y’ont foule de dossiers au FBI, pis ton Dieu si y’existe, ya sacré l’camp parc’que les églises, genre, sont pas mal vides, non? »

Là, on dirait qu’elle n’a pas tort, la jeune fille. C’est vrai qu’ils ont des dossiers sur les extra-terrestres; c’est vrai que les églises catholiques du Québec sont plus ou moins désertes. On peut bien croire à tout ce qu’on veut; pourtant, il n’y a qu’une seule vérité. Prenons comme exemple un accident. Plusieurs témoins, plusieurs versions; et un seul fait. On pourra croire le récit de l’un ou de l’autre, mais il n’y aura toujours qu’une seule vérité, immuable.

Ainsi, il y a autant de systèmes de croyances qu’il y a d’humains sur la planète car c’est la vie qui façonne la pensée. Il y a des gens qui se retrouvent et se sentent bien dans les systèmes de croyances proposés par les religions ou les sectes; d’autres préfèrent prendre ici et là ce qui leur convient. C’est comme au restaurant chinois : il y a les numéros 1 à 10 avec des variantes de riz frit et de chow-mein et il y a le menu à la carte.

Et toi? Quel système de valeurs et de croyances penses-tu avoir choisi?