dimanche 5 septembre 2021

Vaccins : le doute est-il encore permis ?

Texte du virologue Jean-Michel Claverie dans le journal Les Échos du 3 septembre:


Les tableaux contrastés d'Israël et de l'Inde devraient nous amener à nous interroger sur la pertinence des campagnes de vaccination, écrit le virologue Jean-Michel Claverie. Oui, mais voilà : dans la confusion actuelle, ceux qui doutent sont vite assimilés à des complotistes ou des ignares...

Triste rentrée. Le Covid est toujours là et nous accueille de retour de vacances dans un contexte de confusion grandissante.

Israël, un des pays le mieux vaccinés (150 doses/100 habitants) et dont les contraintes sanitaires ont été parmi les plus sévères, se débat maintenant avec quatre fois plus d'infections journalières que la France (1.000/million), sans que personne ne comprenne pourquoi. Même incompréhension dans l'autre sens, avec l'Inde, qui dénombre cinq fois moins de décès par million d'habitants (0,36) que la France (2), avec un taux de vaccination de seulement 10 %.

Adepte du « en même temps », le PDG de Pfizer, aussitôt suivi par la plupart des gouvernements occidentaux, assure que son vaccin est toujours efficace contre le variant Delta, mais recommande une troisième dose. Les rebonds épidémiques seraient dus à une (trop) faible persistance de l'immunité. Cette obsolescence (non programmée !?) ne devrait-elle pas entraîner une révision des contrats plutôt qu'une hausse des tarifs (actée) ? Elle est pourtant la conséquence d'un recul insuffisant des essais cliniques.

Situation complexe et chaotique

Ce vaccin, qui n'empêche ni l'infection ni la contagion, doit-il rester la seule solution vers une éradication du virus désormais élusive, alors que l'immunité naturelle beaucoup plus large et durable acquise par les jeunes (mineurs et enfants) au terme d'une infection souvent asymptomatique est maintenant avérée ?

Et le « passe sanitaire », autorisant le mélange de vaccinés infectés avec des non-vaccinés sains, est-il encore justifié ? Et quid de la vaccination obligatoire des soignants s'ils peuvent toujours infecter les patients ?

Face à cette situation complexe et chaotique, il semblerait raisonnable de prôner une réflexion aussi large que possible, réhabilitant la pratique contradictoire du doute, concept fondateur de la science moderne. Or on assiste au contraire. Dans un amalgame avec les tenants du complotisme et les ignorants, ceux qui doutent, de par leur expertise même, sont désormais censurés par les médias, vilipendés par les ministres, accusés de trahison par les sociétés savantes. Attention : la science « officielle » n'a jamais fait bon ménage avec la vérité !

Jean-Michel Claverie

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En Islande, les seuls voyageurs qui sont dispensés de présenter un test PCR négatif sont ceux qui peuvent prouver qu'ils ont été contaminés (PCR+) dans les 6 derniers mois (et plus de 14 jours). Le fait d'être vacciné n'est pas pris en compte. (« Those who are vaccinated will still have to bring a negative PCR-test result / rapid antigen test upon arrival to Iceland.»)

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Le gouvernement danois ne considère plus la Covid-19 comme une menace critique pour la société.

Le pont de l’Oresund reliant le Danemark et la Suède avait été fermé plus tôt lors de la pandémie


Le Danemark, un pays dont la stratégie plus tôt lors de la pandémie de Covid était considérée comme le contraire de celle adoptée par la Suède, avec des restrictions frontalières et des fermetures d’écoles précoces, a désormais dépassé son voisin pour devenir le pays avec le moins de restrictions sanitaires en Scandinavie.

Un article paru aujourd’hui dans Svenska Dagbladet, un grand journal suédois, observe :

Tout d’un coup, on dirait le monde à l’envers : les Danois, qui au début de la pandémie battaient froid aux voyageurs suédois sur le pont de l’Oresund et leur disaient de s’en retourner dans leur pays parce que les restrictions suédoises contre la Covid étaient trop laxistes, lâchent désormais complètement les rênes.

– SVENSKA DAGBLADET

Les boîtes de nuit au Danemark sont ouvertes depuis la semaine dernière, et à partir du 10 septembre, les clients n’auront plus besoin de montrer leur « Coronapass » qui sert de preuve de vaccination ou d’un test négatif récent. Malgré un nombre de cas plus élevé que la Suède, toutes les restrictions restantes seront levées — le gouvernement danois ne considère plus Covid-19 comme une « menace critique pour la société ».

La Suède progresse plus prudemment. L’administration a établi un plan en 5 étapes pour lever les restrictions. L’étape 3 a été adoptée le 15 juillet, comprenant la fin de l’obligation de porter des masques dans les transports en commun et une augmentation de la taille des tables de restaurant autorisées de 4 à 8 convives.

L’étape 4, y compris la suppression de toutes les restrictions sur la taille des rassemblements, a été provisoirement fixée à septembre, mais, le nombre de cas augmentant doucement en Suède, la date n’a pas encore été confirmée. Les responsables de la santé ont averti qu’il pourrait être encore retardé, avec certaines restrictions jusqu’à l’année prochaine.

Lone Simonsen, professeur d’épidémiologie à l’université de Roskilde au Danemark, a déclaré à Svenska Dagbladet :

Les Suédois étaient sur la bonne voie plus tôt dans la pandémie. Anders Tegnell avait déclaré : « nous garderons les écoles ouvertes, nous devons faire attention à ne pas étrangler la société » puis a réussi à maîtriser l’épidémie tout au long de l’été 2020. C’est une histoire qu’on ne raconte pas assez souvent… Nous étions vraiment jaloux ici au Danemark, car nous étions davantage coincés à la maison.

– PROFESSEUR LONE SIMONSEN

Pendant ce temps, la Norvège, qui affichait auparavant le nombre de Covid les plus bas de la région, connaît une forte augmentation des infections. Jeudi a vu 1785 nouvelles infections, le nombre quotidien le plus élevé depuis le début de la pandémie au printemps 2020.

Entretemps au Québec, à la traîne de la France

Christian Dufour de La Presse revient sur la facilité inquiétante avec laquelle le Québec a imposé le passeport sanitaire, ce laissez-passer moderne.

Alors qu’on nous disait au départ que tout reposait sur la nécessité de sauver des vies, presque personne n’ose plus attirer l’attention sur le fait que la COVID-19 fait désormais peu de morts, 90 % des citoyens les plus vulnérables étant doublement vaccinés.

Le but premier est de protéger notre irréformable système de santé d’un variant Delta menaçant les jeunes non pas de mourir, mais d’être malades. En attendant d’autres variants potentiellement plus dangereux et résistants aux vaccins : Epsilon, Zêta, Êta… Sans parler du reste de la planète où la vaccination souvent tarde.

L’approche québécoise de cette crise comporte quelque chose de foncièrement malsain parce qu’elle est basée sur l’absurdité du risque zéro, elle est basée sur la peur de vivre.

On l’a encore vu la semaine dernière au sujet du passeport vaccinal qui entre en vigueur au Québec aujourd’hui et plus en tard en Ontario, et dont il faut rappeler qu’il n’est pas justifié par des motifs avant tout sanitaires.

Comme le couvre-feu, cette importation française est passée comme une lettre à la poste bien qu’il s’agisse véritablement d’une première : des Québécois qui se verront désormais imposer, comme les Français, le port d’une carte d’identité à présenter obligatoirement avec leur passeport vaccinal.

Il n’a pas fallu 48 heures pour qu’il soit à nouveau clair dans cette affaire que l’obsession de la sécurité l’emporte désormais sur la liberté au Québec.

[...]

Un peuple qui fait passer à ce point la sécurité avant la liberté ne peut pas devenir indépendant.