mercredi 9 mai 2018

Du décrochage parental et de l'importance des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants

Un texte de Julie Charette que nous reprenons ici :

Voilà donc que les médias nous annoncent (encore une fois) que le taux de réussite des jeunes fréquentant le système scolaire québécois n’a rien d’impressionnant. Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, attribue une partie du problème à un « décrochage parental » chez les francophones, et il a surement raison. Mais comment les parents de notre province pourraient-ils s’impliquer davantage dans un système qui les rejette ? En effet, en plus du gouvernement lui-même, plusieurs chercheurs ont souligné, depuis les années 1980, que les parents désireux de participer à la vie éducative de leurs enfants se heurtent généralement à d’importantes résistances de la part des acteurs scolaires. En gros, le message est le suivant : « Nous sommes les spécialistes ; laissez-nous faire. » Le problème, c’est que ça ne fonctionne pas, comme on le découvre (encore une fois) avec ce nouveau rapport de l’Institut du Québec.

Les solutions proposées par Jean-François Roberge — député de Chambly, de la Coalition Avenir Québec [Note du carnet : et lui-même ancien enseignant au primaire], vont aussi dans le sens d’une survalorisation des professionnels embauchés par l’État et de la mise à l’écart des parents, comme l’implantation de la prématernelle à quatre ans. Des mesures inspirées du système ontarien, et « supportées par la science », selon lui. Sans doute fait-il référence à la partie des études du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) soulignant l’augmentation du vocabulaire chez les enfants scolarisés tôt, mais il évite de mentionner que, selon les mêmes études, cet avantage académique en bas âge s’estompe dès la fin du primaire, et s’accompagne de problèmes de comportement qui, eux, perdurent.

Alors que les acteurs du système scolaire actuel se plaignent d’un manque de financement pour offrir les services qui ont déjà été mis en place, l’exorbitant investissement [N. du C. : dépense] que constituerait l’implantation d’une prématernelle à l’efficacité hautement improbable n’est certainement pas la façon la plus responsable d’utiliser l’argent des contribuables…

Que nous dit donc vraiment la science, celle dont on lit les études jusqu’à la fin ? Que les enfants dont les parents s’impliquent dans leurs études sont ceux qui réussissent le mieux. Ainsi, il n’est pas surprenant de découvrir que c’est dans l’éducation à domicile, là où les parents assument entièrement l’instruction de leurs jeunes, qu’on retrouve le meilleur taux de réussite et, même, la réalisation du rêve de Jean-François Lisée et du Parti Québécois, soit la réduction de « tous les écarts, entre les francophones et les anglophones, entre les garçons et filles, entre les riches et les pauvres. » (Voir à ce sujet le Homeschool Progress Report 2009 du Dr. Brian Ray.)

Évidemment, tout comme les citoyens tentant de s’impliquer dans la vie éducative de l’école fréquentée par leurs enfants, les parents-éducateurs font face à la résistance étatiste québécoise et à la méfiance. On les a récompensés de leurs bons résultats, cette année, en adoptant le #projetdeloi144, qui stipule que le gouvernement pourra croiser les données d’autres ministères avec les siennes pour forcer les familles d’école-maison à s’adonner à un lourd suivi. Le projet de règlement qui est présentement à l’étude propose d’exiger d’elles pas moins de huit documents, par enfant et par année, en plus d’au moins une rencontre avec un employé du ministère. Bref, on veut impérativement s’assurer que des acteurs du système scolaire public (qui fonctionne mal) surveillent les parents responsables de la scolarisation à domicile (qui va bien).

Puisque l’on s’intéresse tant aux pratiques de l’Ontario en matière d’éducation depuis quelques jours, il serait intéressant de jeter un œil à son approche de l’école-maison. Probablement inspirée par l’adage anglais « if it ain’t broken, don’t fix it », notre province voisine présume que les parents choisissant d’assumer l’instruction de leurs enfants le font bien et n’investigue que si une autorité scolaire a de réelles raisons de croire que ce n’est pas le cas. Autrement dit, on y respecte le principe démocratique de présomption d’innocence au lieu de demander aux parents de prouver leur compétence pour pouvoir conserver leur droit de décider de l’éducation que reçoivent leurs enfants sans le déléguer (droit garanti par les chartes des droits et libertés et, au Québec, par le Code civil).

Se pourrait-il que les meilleurs résultats obtenus par l’Ontario soient en partie attribuables à cette attitude un peu plus respectueuse de la famille ? Quoi qu’il en soit, une chose est certaine, si le Québec veut favoriser la participation des parents francophones à l’éducation, et la recherche démontre qu’il a tout intérêt à le faire, il devra cesser de les discréditer, et commencer à leur faire confiance.

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Voir aussi

Québec : le problème grave de réussite des garçons francophones (comparaison défavorable avec franco-ontariens)

Les garçons éduqués dans le cadre d’une famille traditionnelle ont de meilleurs résultats scolaires

Selon l’étude intitulée L’Ennui (ou les difficultés) avec les garçons, basée sur des données détaillées sur près de 20 000 enfants américains pendant plus d’une décennie, n’a pas découvert de preuve décisive que l’échec croissant des garçons à l’école trouvait son origine dans des facteurs liés à l’école.