samedi 16 mars 2013

Pourquoi les élèves français ont un niveau si médiocre...

Le constat est alarmant. En France, les élèves lisent de manière trop hésitante, le niveau d'orthographe est moyen, voire mauvais et le calcul est trop souvent approximatif. Pourquoi un tel niveau ?

Un temps scolaire en baisse

Certains experts évoquent la baisse du temps scolaire. Pour l'historien Antoine Prost, « il faut non seulement travailler davantage mais mieux », précisant que « cinq journées de cinq heures de cours seraient le plus efficace ». « Entre 1960 et aujourd'hui, on a perdu une heure de travail d'élève sur cinq. C'est comme si on avait obligé tous les élèves à sauter une classe », note-t-il.


Une baisse des matières fondamentales

D'autres mettent en avant la baisse du nombre d'heures consacrées aux matières fondamentales. Le temps alloué à l'enseignement du français a aussi fortement baissé, relève l'historien Claude Lelièvre. « Les élèves font plus de fautes de grammaire ou de lexique parce qu'on passe moins de temps à faire de la grammaire explicite et encore moins à faire des répétitions ».


C'est la principale cause probable de la dégringolade observée pour une même dictée soumise à 33 ans de distance : le manque d'heures de français, les élèves français passent en effet 800 heures de moins (de 12 à 16 ans) à étudier le français qu'en 1976.

En revanche, « si vous mettez entre parenthèses la question de l'orthographe, on a des élèves qui font des rédactions supérieures par rapport à des copies du certificat d'études de 1923 », souligne-t-il. Encore faut-il connaître les critères (subjectifs hors orthographe) pour juger supérieures les copies d'aujourd'hui.

Une inflation de disciplines

Antoine Prost note par ailleurs qu'il y a prolifération des disciplines. On est passé des exercices (lecture, rédaction...) à des disciplines (français, maths...), fait-il remarquer. « Chaque discipline a ses objectifs propres tandis qu'avec les exercices, l'objectif était transversal : on faisait aussi du français, de l'orthographe et de la lecture quand on recopiait l'exercice de calcul que le maître écrivait au tableau ».

Une formation des enseignants inadaptée

Cette « disciplinarisation » de l'enseignement primaire alliée à l'élévation considérable du niveau de formation disciplinaire des maîtres du premier degré « modifient les objectifs et si on va jusqu'au bout de cette évolution, eh bien il faut des agrégés pour apprendre à lire et la France devient analphabète en une génération », ironise par ailleurs Antoine Prost.

Pauvreté et immigration

Viviane Buhler, inspectrice de l'Education nationale honoraire, formule d'autres « hypothèses » : « la dégradation sociale et la transformation de la population », citant « le chômage, la perte de repères dans les milieux populaires, des familles issues de cultures très éloignées de celle de l'école... » Bref, d'une forte immigration souvent pauvre et non francophone, mais on aborde ici un de ces tabous de la société «  moderne et libérée ».


Voir la romancière Christine Angiot au bord de l'apoplexie quand on ose faire un lien entre immigration et baisse de niveau...
(La situation au passage est différente au Canada où l'immigration est en grande partie, mais pas complètement, constituée de travailleurs qualifiés. Notons que la deuxième génération de certains groupes ethniques et les immigrants récents au Québec ont des difficultés d'intégration.)

Une avalanche de réformes

Viviane Buhler accuse aussi la multiplication des réformes qui ont introduit de nouvelles matières (langue vivante, sécurité routière...), du coup « les enseignants ne savent plus trop quelles sont leurs priorités », tandis que la formation continue « n'a pas eu suffisamment d'impact sur les pratiques pédagogiques ».

La dernière réforme consiste à ne plus faire redoubler les mauvais élèves. Le redoublement est coûteux et jugé inefficace pour les élèves. « Les résultats révèlent l’impact négatif du redoublement pour la société et l’élève, plaide la députée socialiste. Il affecte négativement la motivation, le sentiment de performance et les comportements d’apprentissage de ceux-ci et les stigmatise. » La France est l'un des pays dans le monde où le taux de redoublement est le plus élevé : 38 % des élèves ont ainsi redoublé au moins une fois dans leur vie.

Un constat alarmant

Selon plusieurs enquêtes du ministère de l'Education nationale et d'organisations internationales :
  • En 2007, à l'entrée au collège [12 ans], 15 % des élèves connaissaient des difficultés sévères ou très sévères, et 25 % avaient des acquis fragiles. C'est plus de 30 à 35 % dans les zones d'éducation prioritaire [les « banlieues » ethniques].
  • Entre 1987 et 2007, les compétences des élèves en fin de CM2 [3e année du secondaire], observées aux mêmes épreuves, montrent « une baisse significative ».
  • ORTHOGRAPHE. Dans une même dictée d'un texte d'une dizaine de lignes, le nombre d'erreurs a augmenté en moyenne de 10,7 en 1987 à 14,7 en 2007. Le pourcentage d'élèves qui faisaient plus de quinze erreurs était de 26 % en 1987 mais de 46 % vingt ans plus tard. Ce sont principalement les erreurs grammaticales qui ont grimpé, passant de sept à onze en moyenne. Par exemple, 87% des élèves conjuguaient correctement le verbe 'tomber' dans la phrase 'le soir tombait'. Ils n'étaient plus que 63% en 2007.
  • LECTURE. Les élèves devaient strictement reproduire une courte phrase contenue dans 'La gloire de mon père' de Marcel Pagnol: 81 % y sont parvenus en 1987, et seulement 64 % en 2007. En lecture, entre 1997 et 2007, la proportion de jeunes au début du collège jugés en difficulté est passée de 14,9 % à 19 %, une augmentation particulièrement marquée dans l'éducation prioritaire.
  • ENQUETES PISA. Les enquêtes Pisa évaluent les jeunes de 15 ans, c'est-à-dire quasiment à la fin de la scolarité obligatoire en France, en compréhension de l'écrit, mathématiques et sciences : Entre 2000 — première édition de l'enquête — et 2009 : la France recule, même si elle se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE. En compréhension de l'écrit, la France est passée du 13e rang sur 26 pays, au 18e sur 34 pays.
  • La proportion des élèves les moins performants en lecture s'est accrue pour passer de 15 % à 20 %, et celle des élèves les plus faibles en mathématiques a augmenté de 16,6 % en 2003 à 22,5 % en 2009.
  • En revanche, le pourcentage des plus performants a augmenté en lecture (de 8,5 % à 9,6 % entre 2000 et 2009) alors que globalement ce groupe a plutôt décru dans le reste de l'OCDE. La proportion des meilleurs élèves en maths est resté sensiblement identique.
  • ENQUETE PIRLS. Dans l'enquête internationale Pirls, menée en 2011: La France n'arrive qu'en 29e position sur 45 pays, en-deçà de la moyenne européenne. En outre, en dix ans (2001-2011), les élèves français sont toujours plus nombreux à s'abstenir de répondre lorsque les réponses doivent être rédigées, et ils sont les plus nombreux à ne pas terminer les épreuves.

Source (en partie Les Échos)

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Japon — l’indépendance énergétique grâce aux hydrates de méthane ?

Le Japon n’a quasiment ni pétrole, ni gaz naturel, ni charbon.

L’exploitation des hydrates de méthane pourrait bien lui permettre d’assurer tous ses besoins en gaz d'ici quelques années. En effet, pour la première fois, les Japonais ont réussi avec succès à en extraire. Les réserves mondiales des hydrates de méthane sont estimées, selon des chercheurs américains, à 10 000 milliards de tonnes, soit deux fois celles du pétrole, du charbon et du gaz naturel réunies.



Plusieurs grands pays, comme la Chine et l'Inde, s'intéressent à cette filière méconnue. Les chercheurs allemands, avec leurs moyens d'étude des fonds marins nettement supérieurs à ceux du Canada malgré l'importance de nos zones maritimes, en ont localisé entre les côtes du Canada et du Groenland notamment, dans la mer du Nord, près de l'Alaska, etc.

Le bassin du fleuve Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, présente une concentration en hydrate de méthane parmi les plus élevées au monde, selon le site Internet du ministère des Ressources naturelles.

Un spécialiste affirme que l'Arctique canadien abrite entre 21 000 et 707 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel dans ses hydrates. En comparaison, la consommation annuelle de gaz naturel aux États-Unis est de 650 milliards de mètres cubes, selon Yannick Beaudoin du Programme des Nations unies pour l'environnement.

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Le pape François sur l'éducation


Extrait du livre Sobre el Cielo y la Tierra (Du Ciel et de la Terre), un dialogue entre Jorge Bergoglio, désormais le pape François, et le rabbin Abraham Skorka, recteur du Séminaire rabbinique latino-américain :

« Je ne suis pas non plus d’accord avec des cours de religion qui impliquent une discrimination envers les non-catholiques. Mais je crois que la religion doit faire partie de l'éducation à l'école, en tant qu'un des éléments du programme offert dans la salle de classe. Je trouve discriminatoire qu’on ne parle pas de religion, qu’on n’enseigne pas la conception religieuse de la vie et les événements historiques comme dans d'autres disciplines.

[…]

Dans la Bible, Dieu est présenté comme un éducateur : « C'est moi qui guidai les pas d'Éphraïm, le soutenant par ses bras » [Osée 11 :3]. [Note du traducteur : le pape François utilise l’expression populaire argentine « a babucha » dans sa version de ce verset.] L'obligation du croyant est d’élever sa descendance. Tout homme et toute femme a le droit d'éduquer ses enfants dans ses valeurs religieuses. Quand l’État prive les enfants de cette éducation, cela peut conduire à des cas comme le nazisme où les enfants étaient endoctrinés dans d'autres valeurs que celles de leurs parents. Les totalitarismes ont tendance à monopoliser l'éducation pour amener l'eau à leur propre moulin.

L'école éduque à la transcendance, à l’instar de la religion. Mais si l’école n’ouvre les portes à une vision religieuse du monde, elle mutile le développement harmonieux de l’enfant. Parce que son rôle est de transmettre les valeurs du père à son fils. On est privé de l'héritage culturel et religieux. Si l’on prive l’éducation de la transmission de la tradition des parents, il ne reste plus que de l'idéologie. On ne voit la vie qu’à travers des yeux remplis, il n’existe pas d’herméneutique [à savoir de science de l’interprétation] aseptisée, même pas en éducation. Les mots sont chargés d’histoire, des expériences de la vie. Quand on laisse un vide, celui-ci se remplit d’idées éloignées de la tradition familiale; c’est ainsi qu’apparaît l’idéologie. Je me souviens qu’à l’école industrielle [où le pape François a étudié la chimie] il y avait un professeur communiste. Nous avions une relation géniale avec lui, il remettait tout en question et nous a fait beaucoup de bien. Mais il ne nous a jamais menti, il nous a toujours dit d'où il nous parlait et quelles étaient son herméneutique [sa grille d’interprétation] et sa vision du monde.

[...]

Il existe une différence entre être un enseignant et être un maître. L'enseignant donne sa matière froidement, tandis que le maître s’implique. Il est foncièrement un témoin. Il y a cohérence entre son comportement et sa vie. Il n’est pas un simple répétiteur d’une science, comme l’est l’enseignant. Il faut aider les hommes et les femmes à être des maîtres, à témoigner, c’est la clé de l'éducation. »

Extrait du chapitre 18, De l'éducation.





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