samedi 20 octobre 2018

Quebec : Nouveau curriculum pour l’éducation à la sexualité

Quebec: Nouveau curriculum pour l’éducation à la sexualité
Lettre ouverte au Ministre de l’Éducation


Monsieur le Ministre,

Notre fils de cinq ans va accéder à l’école primaire cette année. On a examiné le nouveau curriculum de l’éducation sexuelle et, basé sur cette examen on vous prie de le retirer pour permettre plus de consultation avec les parents. J’espère que d’autres parents et experts vous diront la même chose.

Vu que des enjeux de santé sont aussi impliqués, je fais copie à Ministre Barrette. Laissez-moi vous expliquer pourquoi plus de consultation est nécessaire (les citations proviennent du matériel issu par le ministère par rapport au curriculum) :

1. Le curriculum contient des erreurs graves

L’exemple par excellence est qu’on veut enseigner à nos enfants que l’anus est un organe sexuel, et cela aux enfants de sept ans. Dans nos écoles, on devrait enseigner une anatomie scientifiquement correcte, non une anatomie politiquement correcte.

Encore, le curriculum enseigne faussement que les condoms peuvent protéger des ITSS (« visite avec le docteur n’est pas nécessaire »), lorsqu’en vérité, ils ne protègent pas à 100 % et certaines maladies sont transmises par le contact de la peau ou oralement même si le condom est utilisé correctement, p. ex. le Papilloma virus.

La troisième erreur est que l’approche proposée fait trop de confiance à nos enfants. Nos enfants sont sous l’autorité des parents pour une bonne raison : ils ne prennent pas nécessairement des décisions bien réfléchies et responsables, et courent des risques sans trop y penser. Il est donc erroné de penser qu’après avoir reçu de l’information sur la contraception et les condoms, ils engageront dans des relations sexuelles plus sécuritaires. Pourtant, au lieu d’enseigner que l’abstinence est la seule méthode sécuritaire contre les infections, le curriculum suggère que l’enfant devrait « prendre en charge sa santé sexuelle et reproductive » et « adopter une attitude favorable à l’utilisation du condom ». On leur donne un faux sens de contrôle et de sécurité au lieu de leur dire la vérité : qu’il n’y a pas de relations sécuritaires en dehors d’une relation stable et sans antécédent, laquelle ils ne verront pas à leur âge.

En tant que parents, on se réserve le droit de ne pas permettre à un adolescent dont le cerveau n’est pas encore assez développé pour mesurer les risques de son comportement, de prendre ses propres décisions par rapport à son comportement sexuel ou autre. Un curriculum qui suggère aux enfants de huit ans que « de prendre conscience de la diversité des sources d’information 
sur la sexualité et d’être critiques à leur égard » ignore que les enfants de cet âge ne sont pas encore capables de faire de tels jugements. Nos enfants resteront sous notre supervision parentale jusqu’à ce qu’ils auront la maturité de gérer leurs propres vies (ceci n’est donc pas seulement une question de consentement des enfants, mais aussi, et surtout, celui des parents !).

2. Les enseignements sont trop détaillés et viennent trop tôt

On commence avec un enseignement très détaillé à un âge d’innocence. Cela nous force comme parents d’approcher ces questions en plus de détail que nécessaire à ces étapes de vie. On devrait plutôt cultiver cette innocence et ne pas la sacrifier au nom d’une éducation prématurée par rapport à ces enjeux. Il faut faire le nécessaire pour la protection des enfants contre l’abus, mais comme parents, nous souhaitons qu’on n’aille pas trop loin de l’autre côté en leur enseignant des idées ou même des faits qui ne conviennent pas à leur âge.

Pourquoi un élève en première année devrait-il « comprendre ce qu’est la sexualité » et en 2e année, devrait-il comprendre tous les détails de la conception ? Les détails prévus pour la 4e et 6e par rapport aux stéréotypes et l’homophobie devraient être enseignés à un âge plus élevé (14+) pour que les élèves tiennent la maturité pour en discuter. Et un jeune de 14 ans n’a pas besoin de savoir tous les détails des techniques sexuelles, comme si on devait le préparer à s’y engager à cet âge (au lieu de le décourager). Un enseignement « positif » dans ce sens combiné à un manque de jugement mature encouragera sans doute l’expérimentation dans ce domaine — et on en a déjà bien trop.

Aussi, un curriculum qui veut faire croire à des enfants de 12 ans que « l’entrée dans l’adolescence l’amènera graduellement à adopter de nouveaux rôles et comportements en rapport avec sa sexualité et à prendre de plus en plus ses propres décisions » et de parler d’un premier rendez-vous aux élèves de onze ans est une infraction majeure sur les droits des parents.

Il faudra donc réduire le contenu du curriculum à une fraction du contenu proposé pour les quatre premières années de l’école primaire. S’il y a lieu (mais ne pas par défaut), un enseignant pourrait enseigner sur les stéréotypes, etc., au cas où il y aurait du harcèlement lié à ce type d’occasion. En général, il y a déjà des mécanismes en place dans nos écoles pour minimiser l’harcèlement.

Il n’est pas non plus nécessaire de répéter plusieurs fois les mêmes enseignements, comme le prévoit le curriculum. On devrait donc enseigner une fois en primaire sur la protection contre l’abus, une fois aux enfants de onze à douze ans sur la puberté, et alors discuter des protections et risques et de l’abstinence comme seule option vraiment sécuritaire, aux adolescents de 14+ (on sait que les programmes qui n’enseignent que l’abstinence ont failli aux ÉE-UU, mais je parle ici de clarifier que les autres méthodes de protection ne fonctionnent pas avec plusieurs types d’infection). Revenir à ces thèmes chaque année enlèverait trop de temps des autres sujets d’apprentissage.

3. Le rôle et les droits des parents sont minimisés

À plusieurs reprises, le curriculum se réfère à des personnes de confiance auxquelles l’enfant devrait confier ses émotions et se doutes, sans même mentionner les parents comme de telles personnes. Comme parents, on ne voudrait surtout pas que nos enfants confient les détails de leur vie à des personnes hors d’un cercle très étroit, et d’abord ils devraient en parler à nous. On vous demande donc d’enlever de telles références du curriculum, vu que c’est encore une infraction contre nos droits comme parents.

On devrait également approcher avec caution le sujet des stéréotypes. Encore, lorsqu’on reconnaît qu’il y avait peut-être trop de restrictions par rapport aux stéréotypes dans les années 60, on vit maintenant dans le 21e siècle et il n’y a pas besoin d’aborder ce sujet avec nos jeunes enfants. Pour ce qui est considéré adéquat comme jouets ou activités des filles er garçons, c’est la responsabilité des parents et non des écoles.

Généralement, le curriculum devrait reconnaître le rôle central des parents dans l’éducation sexuelle et morale, lorsque les écoles ne devraient que rajouter ou souligner certains enseignements, surtout par rapport à la nouvelle réalité d’un monde réseauté et dominé par les médias électroniques.

Par contre, enseigner aux adolescents de « prendre conscience des facteurs qui peuvent influencer les relations sexuelles à l’adolescence » et de « respecter les besoins sexuels de l’autre » normalise et encourage les relations sexuelles parmi les jeunes et est donc antagoniste à notre intention comme parents de préserver leur santé et virginité pour qu’ils puissent entrer dans une relation matrimoniale plus tard sans avoir besoin de faire face aux préjudices de santé et psychologiques qui sont la conséquence du sexe extramatrimonial, surtout quand les organes sexuels ne sont pas encore matures.

On n’est donc pas d’accord avec une approche qui prend le sexe parmi les adolescents comme fait accompli sans même essayer de promouvoir l’abstinence (seulement les condoms, méthodes hormonales et procédures d’urgence sont mentionnés comme méthodes de protection, bien qu’on parle aussi de « report des relations sexuelles »). L’abstinence devrait toujours être présentée comme la seule option sécuritaire à 100 % par rapport aux ITSS quand on parle des risques et protections.

4. Les enseignements devraient être ciblés sur la santé sexuelle et les dangers des multimédias

Contrairement au curriculum, il ne faut pas présenter une vue (artificiellement) positive de la sexualité, mais en effet, les risques devraient être en avant-plan si on veut améliorer la santé publique au Québec. Une vue « positive » est déjà amplement pourvue par les médias et l’école devrait donc essayer de contrecarrer les exagérations et mettre les choses dans un contexte réaliste, basé sur la connaissance scientifique qu’on possède.

Pour les très petits (en primaire), il faut les protéger en leur donnant les moyens de reconnaître l’abus et de se défendre. Pour faire cela, il n’est pas nécessaire d’enseigner tous les détails sur le corps humain et la sexualité. Il suffit de leur expliquer qu’on ne se laisse pas voir à nu et qu’on ne se laisse pas toucher dans certaines zones du corps, et que faire si un adulte ou autre personne tentait de le faire.

Pour les plus grands, il est effectivement important de décourager le sextage et d’expliquer les dangers de l’Internet et des médias sociaux. Il est également important de leur expliquer les risques très augmentés du sexe prématuré, soit le manque de protection vaginal, le manque de protection contre les ITSS même avec l’utilisation des condoms, et la probabilité d’une infection ITSS trente fois plus élevée du sexe anal, ainsi que les dangers physiques et psychologiques des relations occasionnelles et de l’utilisation de la pornographie. Ce sont des détails qu’on ne retrouve pas dans le curriculum, ou bien ils sont abordés seulement à la fin de secondaire, après avoir fait la promotion des relations sexuelles parmi les élèves des classes plus basses pendant des années.

5. Les enseignements moraux devraient être laissés aux parents

Le curriculum promeut l’homosexualité (y compris le sexe anal) et la bisexualité à côté de la hétérosexualité. Comme parents, nous sommes très conscients que ce sont des réalités de notre société. Par contre, dus aux enjeux moraux liés à ces concepts de la sexualité, le rôle de l’école devrait être restreint à l’enseignement par rapport aux risques liés au sexe non vaginal et le respect envers les gens d’une orientation sexuelle divergente de l’hétérosexualité. C’est aux parents de passer leurs valeurs par rapport au comportement sexuel à leurs enfants, selon leurs cultures et croyances. Cela se réfère aussi à quand un jeune devrait commencer à avoir des relations sexuelles, et avec qui.

En résumé

Bien qu’on puisse être d’accord que certains enseignements sur la sexualité seraient bénéfices pour nos enfants, le curriculum proposé par le Ministère de l’Éducation va beaucoup trop loin tout en négligeant des détails importants. Bref, le curriculum devrait être réduit à un minimum en ce qui concerne les premières quatre années de primaire, et devrait être moralement neutre (soit, ne pas aller contre les convictions morales de certaines religions et cultures) et plus dirigé vers les dangers de prédation sexuelle et du sexe « protégé » et non protégé parmi les jeunes. Le curriculum devrait respecter les droits des parents et reconnaître la science par rapport aux risques liés aux ITSS.

Vu que le curriculum même confirme que les cas de chlamydia ont augmenté de 250 % depuis 2006 (et on devrait y rajouter la gonorrhée, le sida et la syphilis), on peut parler d’une crise de santé par rapport aux ITSS. Ce curriculum, en donnant aux jeunes un faux sens de sécurité en recommandant l’usage de condoms (on peut contracter la syphilis, herpes et virus du papillome même avec un condom), peut seulement rajouter à cette crise. On ne les laisse pas conduire une voiture — encore moins on devrait les laisser pratiquer des relations sexuelles qui sont trop risquées et peuvent les marquer à vie.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, mes salutations distinguées.

Martin Tampier
Parent, Terrebonne, QC

CC : Sous-ministre Sylvie Barcelo, Marie B. Deschamps, Geneviève Leblanc, Pierre-Luc Pouliot, Ministre Gaétan Barrette, Mathieu Traversy (Député, Terrebonne), Jean-François Roberge (CAQ), Alexandre Cloutier (PQ), Association des parents catholiques du Québec, Christian Lépine (archevêque de Montréal), Conseil Musulman de Montréal, Fédération CJA, La Presse, Le Devoir, Québec Famille, Association des Premières Nations du Québec et du Labrador, Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îsles

Voir aussi

Pétition pour amender le nouveau programme québécois d'éducation à la sexualité (plus de 30.000 signataires)

Texte supplémentaire de Martin Tampier (cliquer sur les images pour en voir une version plus grande) :