dimanche 14 septembre 2008

Nouvelle éthique planétaire, constitution européenne et cours d'éthique et de culture religieuse

Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits d'une critique faite par l'équipe de Liberté politique au sujet de l'éthique sous-jacente au projet de Constitution européenne qui a été rejeté par la France et les Pays-Bas en 2005. Cette critique se base sur une analyse de l'Institute for Intercultural Services.
« Nous nous limitons ici à proposer quelques clefs de lecture du Traité à la lumière de l'analyse faite dans nos rapports précédents de la postmodernité, de ses paradigmes, de son éthique, et de la gouvernance mondiale. En quoi la Constitution s'aligne-t-elle sur les valeurs de la nouvelle culture postmoderne ?

[...]

4.- L'abandon des valeurs universelles a ouvert une ère post-démocratique

Comme nous le savons, la référence à l'héritage chrétien de l'Europe est absente du texte du traité. Le préambule parle des "héritages culturels, religieux et humanistes" de l'Europe en omettant "l'héritage chrétien", qui est pourtant la marque distinctive de l'histoire européenne. La portée et les conséquences de ce rejet n'ont peut-être pas été suffisamment bien perçues. En effet, ce qui disparaît avec "l'héritage chrétien", c'est aussi le concept judéo-chrétien d'universalité, la notion que l'ordre social et politique se fonde sur ce qui est donné par la nature et la Révélation judéo-chrétienne — sur un ordre ouvert, et non fermé, à la transcendance, à la loi éternelle. L'abandon de l'universalité déconstruit la modernité en tant qu'alliance de la tradition judéo-chrétienne et de l'héritage des Lumières. Aussi bien le projet européen que les Nations-unies avaient été fondées après la Seconde Guerre mondiale sur ce qu'on avait jusqu'à récemment coutume d'appeler les "valeurs universelles". La constitution européenne rompt avec cette tradition.

Construire de nouvelles « valeurs communes », pensez ECR au Québec

La nature a horreur du vide. Si les valeurs universelles ne sont plus le contrat de la société européenne, il faut les remplacer, combler le vide, construire de nouvelles "valeurs communes". Construite arbitrairement, la nouvelle éthique sera nécessairement immanente. Le choix individuel et collectif arbitraire se substitue à l'universalité, le pour soi à l'en soi, le processus au contenu. La construction de la nouvelle éthique se fait par inclusion de tous les choix possibles : la nouvelle éthique est inclusive. Ce processus constructiviste nous introduit en pleine post-modernité, là où la liberté de choix rejette ce qui est donné.

L'éthique inclusive prétend ne pas rejeter les valeurs universelles mais de les inclure comme composantes égales d'un nouveau tout comportant d'autres choix et valeurs. L'éthique inclusive prétend "transcender" l'éthique judéo-chrétienne. En réalité, elle la transforme de l'intérieur et finit par en détruire l'identité et la spécificité.

La construction de l'éthique inclusive est confiée à des experts et technocrates arbitrairement choisis en fonction de leur "compétence". Ces minorités finissent par exercer indirectement un pouvoir normatif éthique sur l'ensemble de la population à travers les institutions qu'ils influencent parfois de manière substantielle. La gouvernance par les experts, aussi appelée démocratie participative, met profondément en crise le gouvernement par les élus et la démocratie représentative. Il est aisé de voir de quelle manière la crise actuelle de la démocratie est directement liée à l'abandon par l'Occident de ce qui est par nature universel. Les proportions actuellement prises par la gouvernance des experts, des "personnalités éminentes" consultées par les dirigeants sont telles que nous pourrions déjà être entrés dans une ère post-démocratique sans nous en être rendus compte.

L'Institute for Intercultural Services se demande si la culture postmoderne actuelle, dans la mesure où elle rejette la loi que Dieu a inscrite dans nos cœurs et le contenu objectif du langage, est capable de produire une constitution et de construire des institutions. Le choix arbitraire ne pourrait que les construire sur du sable — ou mener à la dictature. »

Respecter la capacité d'apprentissage, ne pas tout apprendre en même temps

Extrait d'une lettre ouverte de Nestor Turcotte, philosophe, qui dénonce le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) imposé aux élèves et parents québécois et qui prétend tout enseigner en même temps dès six ans :
[...] L'enfant découvre vite aussi qu'il est un animal religieux. Il pose la question du sens. Du sens des choses et des êtres. Du sens aussi de l'existence. Le nouveau programme d'Éthique et de culture religieuse, imposé par le ministère de l'Éducation à tous les enfants du Québec et sans l'accord des parents, va à l'encontre de tout ce que je viens de dire sur les enseignements de base. On ne peut pas enseigner toutes les données des grands courants religieux planétaires, surtout à un enfant du primaire, sans jeter une grande confusion dans la tête du jeune enfant. Dans le domaine religieux, les mêmes mots peuvent se retrouver dans plusieurs religions, sans avoir toujours le même sens. Ayant un vocabulaire encore trop réduit, le jeune sera incapable de faire les distinctions qui s'imposent, clarifier certains concepts, éviter la confusion des genres. Au lieu de lui apporter les éléments qui lui permettraient de mieux juger et comparer les différentes doctrines religieuses, on en arrivera à créer en lui un mélange de mots, une mauvaise appréciation du domaine religieux, voire à son rejet.

Respecter la capacité d'apprentissage

L'enfant ne peut pas tout apprendre en même temps. L'enfant ne peut pas tout apprendre sur tous les sujets en procédant par un apprentissage parallèle. Ce travail intellectuel est le lot des adultes, ayant acquis une certaine formation intellectuelle. L'histoire des religions comparées fait souvent l'objet de cours universitaires et collégiales. Ayant parcouru un certain chemin, le jeune adulte devient apte à comparer ce qui, de prime abord, semblait être semblable. À vouloir prendre tous les chemins en même temps, à vouloir enseigner tout en même temps aux classes du primaire et du secondaire, on risque de créer une telle confusion dans les esprits qui ne fera qu'accentuer l'abandon éventuel de toute dimension religieuse dans l'être. Là, comme ailleurs, la méthode s'impose. Tout être humain a une certaine capacité d'apprentissage. On dénonçait jadis le bourrage de crâne fait aux enfants. On ne doit pas craindre de dénoncer ce qui s'en vient. Jadis, on gavait les jeunes d'un seul aliment. Maintenant, on les gavera davantage avec de multiples produits servis par des personnes qui n'en possèderont pas souvent la posologie. Le ministère de l'Éducation est responsable de ce cafouillis. Une correction de tir s'impose : seule la ministre peut procéder.


La ministre, le Premier ministre, les tribunaux, un futur gouvernement...