dimanche 8 mai 2016

Critiques de conservateurs « responsables » — Le pape François, fossoyeur de l'Europe ?

Les critiques contre la pensée et les actes du pape François en matière d’immigration s’accumulent dans les cercles conservateurs francophones. En voici deux.

D’abord celle de Paul-Marie Coûteaux, écrivain et ancien député européen.

« Quelques esprits simples aimeraient nous faire croire que l’immigration massive est une fatalité : démographie, guerres, persécutions, tremblements de terre et autres misères la rendraient inévitable, et nous n’aurions le choix qu’entre le généreux accueil de millions de personnes venues de loin, souvent très loin, ou son refus honteux. En fait, la plupart des migrants ne tenteraient pas une aventure si onéreuse, jusqu’à donner l’essentiel de leurs biens aux passeurs, aléatoire et dangereuse, s’ils n’avaient l’espoir d’être accueillis, de sorte que les belles âmes qui entretiennent des illusions vite déçues (avec quelquefois, en prime, la mort en route, souvent la déchéance, toujours le déracinement et la solitude) sont, sous couvert d’une générosité paresseuse, des criminels qui s’ignorent.

On pourrait comprendre que les gauches, voulant détruire (pardon, “déconstruire”) le monde ancien et, comme Bruxelles, créer un nouveau peuple par un vaste creuset à l’américaine, chantent le refrain de l’immigration heureuse. Mais comment comprendre que l’Église participe à cette nouvelle traite internationale et à la dislocation de l’Europe dont elle se veut la matrice ?

C’est pourtant ce qu’elle fait en toutes ses échelles, des prêtres critiquant en chaire les lois limitant l’immigration jusqu’au pape allant à Lesbos soutenir les migrants, geste où médias et politiques dans le vent, Jean-Luc Mélenchon compris, virent d’autant mieux un soutien au principe même de migration qu’il déclara : “Nous sommes tous des migrants.”

Je suis chrétien, je crois au Dieu du Christ, j’admire la miraculeuse rupture introduite dans l’histoire des hommes par la religion de l’amour, comme j’admire l’incomparable civilisation qu’elle a produite sur le continent européen. Mais j’aimerais encore dire à la messe que “je crois en l’Église catholique et apostolique”. Et, pour cela, que s’élève au sein de cette Église une voix de raison et d’équilibre qui regarde en face la réalité : que les drames en Méditerranée se multiplient à mesure qu’on attire de pauvres hères en promettant un accueil de plus en plus problématique et illusoire ; que ce sont là des questions compliquées (songeons au jeu de l’État turc) que d’abstraits principes, sublimes par leur inspiration, mais simplistes quant à leur application, ne peuvent régler au petit bonheur ; qu’il est écrit que les hommes doivent aussi rendre à César, en premier lieu, la garde des frontières, responsabilité politique pure ; que l’amour du prochain n’est pas une facile prime au lointain quand tant d’êtres près de nous souffrent d’une forme ou une autre de misère, due à l’incurie politique, comme ces paysans, pour lesquels l’Église n’a pas un mot ; que l’on doit aimer son prochain “comme soi-même”, et non “plus” que soi-même, et que celui qui ne se respecte pas lui-même et se laisse détruire n’aura plus rien à donner ; que charité bien ordonnée commence par soi-même et qu’il y a aussi de la charité à protéger et servir les siens, sa famille et son peuple.

Je voudrais qu’un travail d’exégèse éclaire ceux qui ne font qu’appliquer mécaniquement des préceptes : Matthieu rapporte que les brebis qui sont parmi les loups se doivent d’être “simples comme les colombes”, mais aussi “prudentes comme les serpents” : cette prudence, c’est l’esprit de responsabilité, nul chrétien n’étant affranchi de la considération des conséquences de ce qu’il dit ou fait. Pie XII l’a héroïquement montré. Dans la cité terrestre, le mal et le bien sont à ce point imbriqués qu’il entre souvent dans le bien un point d’excès où il change de nature : le “tu ne tueras point” n’empêche pas les aumôniers militaires...

Que l’Europe soit chrétienne donne à Rome une responsabilité devant ce continent, faute de quoi — angoisse peut-être inconcevable pour un pape venu du continent américain — elle pourrait sombrer avec lui. »

Puis celle de l’essayiste Éric Zemmour :



Le pape François « abandonne l’Europe à son destin islamique », selon Éric Zemmour

La visite du pape François en Grèce sur l’île de Lesbos a eu un succès retentissant, d’autant qu’il en est revenu avec 12 migrants syriens qu’il a accueillis au Vatican. « Ce pape est un maître. Un maître en politique, un maître en communication. Il fait honneur à la réputation légendaire de machiavélisme des Jésuites », analyse Éric Zemmour. Après avoir suggéré qu’il donne des cours à François Hollande, Éric Zemmour qualifie le voyage du pape de « sans faute ». Mais en ayant ramené des réfugiés musulmans, le pape aurait-il vu sa charité se retourner contre lui ?

Ainsi, Éric Zemmour y voit un pape qui « a fait une croix sur l’Europe, terre chrétienne. Il refuse de privilégier la défense des chrétiens d’Orient persécutés, et abandonne l’Europe à son destin islamique ». Pour le journaliste, les ponts que le souverain pontife veut édifier favoriseront toujours la civilisation la plus conquérante, et la démographie la plus vigoureuse ». Éric Zemmour pense que le pape voit l’Europe comme un monde rongé par l’argent, et qu’après tout « que la volonté de Dieu soit faite, même si le dieu s’appelle Allah ».

Voir aussi

Histoire — Léon XIII crut apaiser l’anticléricalisme républicain par le ralliement, au nom d’un “réalisme” chimérique



L’immigration « remède imaginaire » au déclin démographique, mais gain électoraliste

Extraits d'un article du Devoir qui n'étonneront pas les lecteurs de ce carnet (nous avions déjà consacré plusieurs billets sur ce sujet et notamment sur les travaux de Guillaume Marois). C'est pourtant un bon résumé des faits et des études publiées sur le sujet.

Comme la population n’assure pas sa propre survie par la natalité [voir La fécondité continue de chuter au Québec (depuis 7 ans, fécondité désormais sous le niveau de la Russie)], le Québec « a besoin d’un moteur de croissance démographique plus important. Et l’immigration, c’est un de ces moteurs », disait le 8 mars dernier le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Le Québec [aurait dû] accueillir 10 000 immigrants de plus par année, précisait-il, faisant passer leur nombre total de 50 000 à 60 000.

« C’est un mythe de croire une chose pareille, déclare le démographe Guillaume Marois, chercheur postdoctoral à l’Université de Montréal. L’immigration augmente l’effectif, mais, à long terme, elle n’est pas une solution à la dénatalité et aux conséquences du vieillissement de la population. »

Coauteur avec Benoit Dubreuil du Remède imaginaire, paru en 2011 chez Boréal, M. Marois a étudié cette question [...].

Sa conclusion : non seulement la hausse de l’immigration ne freine pas le vieillissement démographique, mais elle pourrait même avoir l'effet inverse! Le «remède imaginaire» consiste à hausser les seuils d’immigration en donnant l’impression que le vieillissement va cesser. Une politique qui fait image et à laquelle il est difficile, politiquement, de s’opposer, comme l’a constaté le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, accusé par le premier ministre [dont le parti le PLQ a une forte base électorale anglophone et allophone, comme par hasard...] de souffler «sur les braises de l’intolérance». [Rappelons que seuls 21% des francophones mais une masse de 72% de non-francophones soutiennent le PLQ au pouvoir, selon un sondage Léger en date du 24 mars 2016.]

Même si la ministre de « l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion »MC [intitulé orwellien s'il en est], Kathleen Weil, a affirmé par la suite que cette augmentation était impossible à court terme, Philippe Couillard n’a pas officiellement reculé sur la question.

Politiques natalistes sont plus efficaces

Les recherches en démographie sont consensuelles : les politiques natalistes comme l’instauration d’un régime de garderies à bas tarifs et les crédits d’impôt aux familles [pour toutes les familles et pas uniquement les moins nanties...] ont une incidence beaucoup plus significative sur la lutte contre le vieillissement de la population. «Il apparaît contre-intuitif de penser que l’immigration ne freinera pas le vieillissement démographique à long terme au Québec. C’est pourtant un fait», assure le professeur émérite du Département de démographie de l’Université de Montréal Jacques Légaré, qui dirigeait l’Équipe de recherche sur le vieillissement de la population [...].

D’abord, l’âge moyen des immigrants qui arrivent au Québec (30 ans) est si élevé qu’une bonne partie d’entre eux n’auront pas d’enfants. Ensuite, une grande proportion d’immigrants (au-delà de 20 %, selon certaines estimations) choisissent de quitter le Québec une fois leur statut régularisé. En outre, plusieurs études mentionnent que les immigrants adoptent très vite les mœurs de leur pays d’accueil en matière de natalité; ils ont donc moins d’enfants que s’ils étaient restés dans leur pays d’origine.

Résultat : le taux de fécondité reste pour ainsi dire inchangé. L’effet pourrait même être négatif.

L’annonce du premier ministre Couillard, appuyée par un document du ministère de l’Immigration, étonne d’autant plus les démographes qu’elle entre en contradiction avec les recommandations de deux économistes qui ont déposé un rapport sur cette question il y a 18 mois. «Nous recommandons de maintenir les niveaux d’admission actuels, soit autour de 50 000 immigrants permanents par an. Rien ne prouve que l’économie a besoin de beaucoup d’immigrants pour se développer», écrivent Brahim Boudarbat, chercheur à l’Université de Montréal, et Gilles Grenier, du Groupe de recherche sur l’économie de l’immigration de l’Université d’Ottawa, dans le document intitulé L’impact de l’immigration sur la dynamique économique du Québec et daté du 12 novembre 2014.

[Comme le soulignait Mathieu Bock-Coté personne n'ose même mentionner ce qui semble évident devant le manque de moyens pour les franciser et leur donner du travail : diminuer le nombre d'immigrants.

Rappelons ce que déclarait récemment le démographe de l'Université de Montréal Marc Termote : «Toutes les études montrent que l'impact économique de .

«Il y aura des pénuries, mais ce seront des pénuries très ponctuelles, dans des secteurs bien spécifiques. Et ce n'est pas en ajoutant 10 000 immigrants de plus qu'on va régler cette pénurie-là. (...) Ce n'est pas par une politique générale qu'on règle le problème», a-t-il ajouté.

Montréal a du mal à intégrer les immigrants qu'elle a déjà accueillis, alors que le taux de chômage pour les résidants nés à l'extérieur du pays se situe à 11 %, comparativement à sept pour cent pour ceux qui sont nés au Canada.]

Quand on parle des conséquences du vieillissement de la population, c'est surtout l’accroissement de la proportion de gens âgés qui inquiète : plus de dépenses, moins de personnes pour payer. Sur ces éléments, l'immigration a une influence limitée, d'autant plus que les difficultés d'intégration économique rendent la contribution des néo-Québécois aux finances publiques encore plus incertaine.

Jacques Légaré soutient aussi que la hausse du nombre d’immigrants est une erreur qui témoigne de la méconnaissance des études démographiques. «C’est essentiellement une déclaration partisane et électoraliste», affirme-t-il. Même le nombre actuel d’immigrants semble élevé pour notre capacité d’accueil, à son avis. «À 30 000 nouveaux arrivants par année, l’intégration se déroulait de manière plus efficiente», estime-t-il. Et il ne faut surtout pas réduire les ressources allouées à l’intégration.

D’autres raisons d’accepter l
immigration

M. Marois signale que ses études se penchent principalement sur la question de la lutte contre le déclin démographique dans une société vieillissante. Or, indique-t-il, «il y a d’autres raisons d’accueillir des immigrants».

La crise des réfugiés que l’on connaît depuis quelques années force les pays d’accueil à ouvrir leurs frontières et à reconsidérer leurs critères de prise en charge pour des raisons humanitaires. À son avis, les seuils d’immigration eux-mêmes devraient être abandonnés au profit d’objectifs d’intégration. « Le problème auquel il faut s’attaquer, c’est l’intégration des immigrants à la société d’accueil. Il y a des lacunes à corriger de ce côté avant de se lancer vers de nouvelles cibles », conclut-il.

Voir aussi

La fécondité continue de chuter au Québec

L'immigration, le remède imaginaire

Montréal : en 2031 les minorités visibles représenteront 31 % de la population

Les universités anglophones du Québec seraient démesurément financées

Québec — Plus bas nombre de naissances depuis 8 ans, record de décès [mars 2016]

Les immigrés de 2e génération réussissent mieux en moyenne que les Québécois de souche et préfèrent nettement le CEGEP anglophone (2008)

Les CPE ont échoué sur le plan pédagogique... comportemental et démographique

Pologne — Allocation familiale universelle pour lutter contre l'implosion démographique

Le coût des garderies québécoises

L'histoire évacuée du 375e de Montréal en faveur du festivisme officiel bilingue ?

L'utilité du français pour un emploi est-elle quasi nulle à Montréal pour les immigrants récents ?

Québec — Le français perd de plus en plus de terrain au travail

L'anglais intensif est optionnel en 6e au Québec, il progresse peu malgré les fonds supplémentaires (l'État pousse à la bilinguisation généralisée des francophones)

Québec — Toujours pas de plan pour l'amélioration du français à l'école

ECR — Un cours réducteur qui rate la cible

Étude — Baisse de « solidarité » corrélée à l'augmentation du nombre d'étrangers

Histoire — Léon XIII crut apaiser l’anticléricalisme républicain par le ralliement, au nom d’un “réalisme” chimérique

L’historien italien Roberto de Mattei raconte comment Léon XIII crut apaiser l’anticléricalisme républicain par le ralliement, au nom d’un “réalisme” chimérique.

Lorsque Léon XIII est élu pape en 1878, la IIIe République est en train de mettre en place sa politique anticatholique : la “République des républicains” est aussi une “République du Grand Orient” dont le but est, dit Ferdinand Buisson, de créer une « religion laïque » pour « libérer les consciences » du christianisme, ce “phylloxera” des esprits selon Paul Bert. Pourtant, le nouveau pape rompt avec la politique de ses prédécesseurs : à l’affrontement, il préfère la diplomatie et croit fermement qu’il n’est aucune opposition qui ne puisse être surmontée par un dialogue sincère et généreux. Il a aussi une obsession : recouvrer les États pontificaux, confisqués par l’Italie en 1870. On ne comprend pas le ralliement sans ce souci brûlant, qu’il ne pensait pouvoir mener à bien sans une alliance avec la France. La réconciliation avec la IIIe République est donc avant tout un impératif diplomatique. Pour lui, l’hostilité de celle-ci n’est qu’une conséquence de l’opposition des catholiques à la forme républicaine du gouvernement : convaincre les catholiques français d’abandonner leur attachement à la monarchie, c’est donc se réconcilier immanquablement avec le pouvoir.

Laïcisation brutale de l’instruction, dissolution des Jésuites, mise sous tutelle des congrégations, expulsion des milliers de religieux qui ne voulurent pas s’y soumettre : les catholiques français avaient pourtant de solides raisons de s’opposer à une République dont l’anticatholicisme constituait le cœur idéologique. On comprend leur atterrement lorsque Léon XIII, en 1892, préconisa le ralliement à la République par l’encyclique Au milieu des sollicitudes. Deux jours plus tôt, Clemenceau avait pourtant réaffirmé avec force qu’entre la République et l’Église, « la lutte est engagée : il faut qu’elle se poursuive. L’avenir dira le vainqueur ».

L’avenir dit clairement, en tout cas, que malgré l’effondrement du parti monarchiste français consécutif à sa condamnation par Léon XIII (des fidèles se voyaient refuser l’absolution pour “péché de monarchie”), le ralliement n’empêcha pas l’anticléricalisme de s’intensifier. Il culmina avec Émile Combes, qui imposa une seconde vague d’expulsions aux congrégations à partir de 1903, l’année même de la mort de Léon XIII, qui ne sera donc pas témoin du démenti le plus cinglant à sa politique d’apaisement : la crise des inventaires et la dénonciation du Concordat. Pie X, lui, imposa sans délai une politique de combat qui obtint des résultats immédiats, la République renonçant à appliquer la loi de 1905 dans toute sa dureté, pour éviter de créer des martyrs. Aristide Briand lui rendit cet hommage : « C’est le seul qui ait vu clair […] et qui travaillait pour l’avenir. »

Dans un ouvrage limpide et étayé sur de nombreux documents inédits, Roberto de Mattei met en lumière les paradoxes de Léon XIII : un pape à l’enseignement antilibéral (la plupart de ses 86 encycliques sont des condamnations des idées modernes) mais à la pratique libérale, d’accommodement avec les adversaires de l’Église ; un pape qui publia des textes sans appel contre la maçonnerie et ses prétentions à « la séparation absolue de l’Église et de l’État », et qui pactisa avec une République qui ne cachait aucunement ses affiliations avec les loges, ce qui revenait, comme le notait le cardinal Masella, « à vouloir réconcilier le diable avec l’eau bénite » ; un pape qui, au nom du réalisme, condamna une restauration qu’un parti monarchiste puissant rendait encore possible, dans l’espoir d’obtenir une restitution des États pontificaux, qui était une pure chimère ; un pape qui n’avait pas été partisan de l’infaillibilité pontificale mais en réalisa une spectaculaire extension, en imposant brutalement aux catholiques une obéissance sans faille à des positions qui, étant purement politiques, ne relevaient pourtant pas du domaine du magistère infaillible. Ne serait-ce que sur ce dernier point, on le voit, l’ouvrage remarquable de Roberto de Mattei n’est pas seulement un livre d’histoire mais un utile outil de réflexion pour aujourd’hui.


Source

Le Ralliement de Léon XIII,
L’échec d’un projet pastoral,
de Roberto de Mattei,
aux éditions du Cerf,
paru à Paris,
le 22 janvier 2016,
480 pages,
29 €.
ISBN-13: 978-2204105552

Voir aussi

L'encyclique Affari Vos de Léon XIII (écoles du Manitoba : il faut fuir à tout prix, comme très funestes, les écoles où toutes les croyances sont accueillies indifféremment et traitées de pair)

France – La guerre des manuels sous la IIIe République

Que se passera-t-il lorsque la laïcité ne suffira plus pour nous définir ?

France — « L’école laïque, gratuite et obligatoire » constitue un mythe fondateur

Mythe — C’est grâce à la République que l’enseignement est devenu obligatoire, public et gratuit (mais le laïc obligatoire, c'est vrai)

Jules Ferry : « nous avons promis la neutralité religieuse, nous n’avons pas promis la neutralité philosophique, non plus que la neutralité politique »

France — L’instruction gratuite et universelle ne date pas de Jules Ferry ni de la République

France — la « gratuité » de l’école laïque visait à assécher les écoles privées


Le crépuscule du mouvement réchauffiste ?

Le mouvement écologiste et politique autour du réchauffement climatique devrait radicalement se remettre en cause au plus vite, c'est le constat de plusieurs chercheurs aux Etats-Unis.

Voici des extraits du long article intitulé Green Idols : Twilight of the Climate Change Movement écrit pour The National Interest par Mario Loyola, associé de recherche principal au Wisconsin Institute for Law and Liberty :

La face cachée de l’accord de la COP21

Le sommet climatique de l’ONU à Paris fin 2015 s’est achevé par un feu d’artifice. Les gouvernements du monde ont promis des coupes radicales dans les émissions de carbone. Les pays riches ont promis un coup de main aux pays pauvres avec 100 milliards de dollars par an pour les aider. Tout le monde est d’accord pour voir là un résultat historique majeur.

Puis vint le croustillant : l’accord n’est pas contraignant. Le secrétaire d’État américain John Kerry assura sur Meet the Press de la NBC que la conformité serait imposée par « l’arme puissante » de l’humiliation publique, impliquant apparemment une politique de confrontation verbale avec les États défaillants. Le scientifique danois Bjørn Lomborg qualifia l’accord de Paris comme « le plus coûteux de l’histoire » si appliqué. [Bjørn Lomborg est l’auteur de L’Écologiste sceptique ]

Selon Lomborg, l’accord « réduirait les températures d’à peine 0,05 degré Celsius d’ici 2100… » ; c’est tout simplement du théâtre politique, destiné à nous convaincre que nos chefs s’attellent sérieusement à la tâche… un geste incroyablement coûteux, mais presque inopérant. Jim Hansen, scientifique de la NASA, un des premiers partisans de l’idée que le réchauffement global est d’origine humaine, qualifia l’accord de « foireux, contrefait » et « d’escroquerie ».


Échec de la COP21 : la faute à qui ?

L’évaluation de Hansen est probablement proche de la vérité ; et lui et ses amis n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Bien que ceux qui remettent en cause l’existence même d’un réchauffement planétaire puissent être directement mis de côté, les alarmistes ont été bien trop prompts à écarter les questions légitimes sur l’importance du réchauffement climatique. En fait, ils ont fréquemment qualifié de telles questions d’hérésies à persécuter, adoptant une mentalité encore plus agressivement anti-scientifique que ce dont ils accusent les autres.

En même temps, du côté politique, la demande des alarmistes pour un contrôle économique mondial, y compris un plafonnement des carburants fossiles, est largement recyclée des précédentes modes scientifiques catastrophiques, comme la peur de la pénurie de pétrole de la fin des années 70. En dépit des énormes coûts qu’imposeraient ces politiques, particulièrement sur les pays pauvres, elles ne feraient pratiquement rien pour stopper le changement climatique d’origine humaine, et encore moins protéger quiconque de l’incessant changement climatique naturel qui est l’une des principales et inévitables caractéristiques de notre planète. Elles détournent aussi l’attention des investissements qui rendraient la société moins vulnérable au changement climatique.

Ne vous laissez pas avoir par la fanfare parisienne : le mouvement du changement climatique va se voir confronté à de gros problèmes. Ses propositions principales contiennent deux erreurs majeures qui ne deviendront que davantage voyantes avec le temps. D’abord, dans un contraste saisissant avec la croyance populaire et les déclarations publiques des officiels gouvernementaux et de nombreux scientifiques, la science sur laquelle sont basées les terribles prédictions de changement climatique anthropique est très loin du niveau de compréhension ou de certitude que le discours populaire lui attribue. Ensuite, et concomitamment, l’adoption par le mouvement d’une forme absolue de principe de précaution dénature l’analyse rationnelle coût-avantage, ou la met totalement au panier.

La bonne stratégie pour faire face aux défis environnementaux devra être basée sur des incitations et des mécanismes de marché, une analyse coûts-avantages rationnelle, et un large consensus sur l’importance vitale d’une économie efficace. Les stratégies qui faussent l’analyse coûts-avantages rationnelle (ou la science sur laquelle elle est basée) pour faire passer un ordre du jour antiéconomique ne marcheront pas et ne peuvent maintenir l’illusion d’une légitimité que jusqu’à ce qu’elles soient discréditées.

Le changement climatique est réel, questions hérétiques

Dans le discours politique, il est souvent nécessaire de simplifier des sujets politiques pour les rendre accessibles au débat public. Mais trop de simplification peut avoir pour effet de troubler le débat public, comme cette malencontreuse déclaration lors du discours sur l’État de l’Union du Président Obama : « Le débat est clos. Le changement climatique est réel. » Bien sûr, le changement climatique est réel. Le climat change perpétuellement. Seul le plus sot des détracteurs du Président pense autrement, et cela n’aide pas sa cause de démontrer qu’il peut être aussi idiot.

Il est parfaitement évident que la planète s’est refroidie et réchauffée au long des siècles. Il est aussi irréfutable qu’au moins une part significative de ce réchauffement est attribuable au dioxyde de carbone issu de la combustion des carburants fossiles depuis le milieu du XXe siècle. Il y a une bonne raison scientifique de croire que cet accroissement de la concentration de gaz à effet de serre constitue presque certainement une contribution nette au réchauffement planétaire. Mais des questions cruciales demeurent à propos de l’importance relative des facteurs naturels qui influencent le climat. Le Président a cependant tort en ce sens que pour ce qui est des questions scientifiques les plus importantes, le débat ne fait que commencer.

Le débat public est dominé par des déclarations simplistes affirmant que le « changement climatique est d’origine humaine » ce qui amène chacun à penser que toute la tendance actuelle au réchauffement est due à l’homme. Mais presque tous les scientifiques du climat s’accordent pour dire que de nombreux facteurs influencent les températures, y compris des variations majeures dans la circulation océanique, des variations de l’orbite de la Terre, de l’activité solaire et de l’activité volcanique. La « déclaration d’attribution » dans le dernier rapport d’évaluation du GIEC est prudemment formulée : « Il est très probable que plus de la moitié de l’augmentation observée de la température moyenne globale de 1951 à 2010 a été causée par l’augmentation des GES et autres forçages anthropiques. »

La différence entre « plus de la moitié » (le résumé de la littérature scientifique du GIEC) et « tout » ou « presque tout » est cruciale du point de vue de la politique publique. Si seulement la moitié environ du réchauffement observé est due à l’activité humaine, l’analyse coûts-avantages des politiques actuellement proposées est plus que douteuse, et révèle un autre problème : si pratiquement la moitié de la tendance actuelle (quelle qu’elle soit) au réchauffement est due à des causes naturelles, les politiques actuelles seront sans effet.

Ceci met en lumière une fonctionnalité autocorrective importante dans le développement de la science du climat. Oui, il est vrai que nombre de journaux rejettent les articles critiquant le consensus ambiant, et que des priorités de financement renforcent lourdement ce consensus. Mais même le puissant biais en faveur de conclusions pressantes, qui a été introduit dans la recherche scientifique par la politisation persuasive du problème, ne peut inventer facilement de fausses données. Chaque année apporte plus de données brutes que l’année précédente, et l’écart entre les nouvelles données et les simples modèles climatiques augmente.

Les alarmistes disent qu’on doit s’attendre à des écarts, et que les modèles peuvent être affinés. Mais ils se sont eux-mêmes enfermés à tort dans des certitudes alors que des incertitudes considérables demeurent. L’incertitude sur les risques n’est pas nécessairement fatale à une politique de précaution, mais revendiquer de fausses certitudes finit par l’être tôt ou tard. Rappelons-nous la guerre d’Irak et la non-existence des armes de destruction massives de Saddam.



Il y a une grande différence entre admettre que le dioxyde de carbone anthropique est une cause du réchauffement global actuel, et affirmer qu’il est responsable de pratiquement tout le réchauffement global en cours. Nombre de scientifiques du climat qui admettent que l’homme contribue au réchauffement global sont sceptiques quant aux pronostics de changement climatique catastrophique.

Ce flou des limites entre recherche et plaidoyer trouble le public et laissent les scientifiques désarmés face à des accusations de malhonnêteté professionnelle. Le fait que la vision apocalyptique d’une catastrophe imminente fasse partie de l’orthodoxie obligatoire donne au mouvement une tonalité quasi religieuse, et amène à la persécution des « sceptiques » comme hérétiques.

Des politiques révolutionnaires contre le changement climatique

[…]

Les Américains de l’ensemble du spectre politique pourraient admettre que les preuves scientifiques du changement climatique justifient certaines mesures de précaution, et que la nature est une valeur importante. Mais avec tant d’alarmistes, de Bill McKIbben à Naomi Klein appelant à la fin du capitalisme comme nous le savons, le débat tend à dérailler dès le départ.

Les alarmistes du climat veulent-ils éliminer l’impact humain sur le climat, quel que soit ce que ferait le climat autrement ? Ou essayent-ils d’éliminer le changement climatique lui-même, quelle qu’en soit la cause ? Les paroles confuses d’Obama pour sauver la planète semblent éluder plutôt que clarifier si c’est réellement la planète qui a besoin d’être sauvée de l’humanité, ou l’humanité qui a besoin de se sauver d’elle-même.

La question n’est pas passée inaperçue. Sur Slate, Joseph Romm concède que la planète se portera bien quoi que nous fassions, donc nous devrions être plus inquiets pour nous-mêmes. Nous vivons sur une planète où l‘adaptation est une compétence nécessaire.

Imaginons que c’est parfaitement possible — qu’une seule percée technologique nous permette de contrôler la température moyenne globale. Pourrions-nous nous mettre d’accord sur ce que devrait être la température idéale ? La température moyenne globale actuelle est-elle idéale ? Beaucoup voudraient considérer cela comme admis, et les alarmistes du climat semblent le présupposer, mais la proposition ne va pas du tout de soi.

En lisant les rapports du GIEC, les alarmistes trouvent l’idée de s’adapter au changement climatique bien moins satisfaisante que celle de le prévenir. Mais leur fixation sur un contrôle économique mondial se ramène à une sorte d’ingénierie climatique parce que cela présuppose que l’humanité n’apprendrait pas à vivre avec une planète en changement. Ainsi nous devons croire que l’espèce la plus adaptative qui ait jamais existé, une espèce si sophistiquée qu’elle peut survivre dans l’espace, exige une température moyenne et un niveau marin absolument stable pour survivre. C’est un défi au sens commun.

La civilisation humaine fait face à de nombreux défis. Nous sommes face à un risque toujours présent de changement climatique dangereux dû à des causes naturelles. Nous faisons face à une crise immédiate de perte rapide de l’habitat le plus précieux et essentiel, principalement en raison de l’agriculture et de l’abattage. Le futur nous apportera des défis supplémentaires pour lesquels nous nous trouverons bien moins préparés que nous n’aurions pu l’être. Ce qui est terrible c’est que nous n’accordons que très peu d’attention à ces risques, pour la simple raison qu’ils ne rentrent pas confortablement dans le programme essentiellement anti-industriel des écologistes.

La conférence de Paris est parvenue à un accord sur un Fonds Climatique Global de $100 milliards pour aider les pays en développement à réduire leur empreinte carbone. L’argent serait bien mieux dépensé dans une assistance à l’adaptation, pour s’assurer que les sociétés pauvres préservent leur habitat essentiel tout en améliorant leur accès à ce dont elles auront besoin en cas d’événement climatique vraiment catastrophique : nourriture, eau, et carburants fossiles.

Commentaires de Judith Curry

J’ai sélectionné environ le tiers de l’article de Loyola, surlignant les parties que j’ai trouvé les plus pertinentes. Cet article démontre une compréhension remarquable du débat public sur le changement climatique.

Je n’ai pas sélectionné les parties scientifiques. Loyola a mis en lumière la plupart des problèmes importants qui contribuent à l’incertitude majeure de la compréhension du changement climatique. Il a bien vu l’ensemble du tableau, sinon tous les détails.

J’ai mis en gras les remarques que j’ai trouvées les plus pertinentes, voici mes favorites.

L’incertitude sur les risques n’est pas nécessairement fatale à une politique de précaution, mais déclarer de fausses certitudes finit par l’être tôt ou tard.

La différence entre « plus de la moitié » (le résumé de la littérature scientifique du GIEC) et « tout » ou « presque tout » est cruciale du point de vue de la politique publique.
Ce sont deux points extrêmement importants que j’ai aussi essayé de faire, mais hélas pas aussi succinctement ou élégamment.

Il est bon de voir des autorités telles que Mario Loyola donner un point de vue sur le débat du changement climatique.

[Judith A. Curry (ci-contre) est une climatologue américaine, présidente de la School of Earth and Atmospheric Sciences au Georgia Institute of Technology.]

Source

Voir aussi

Enquête sur le réchauffisme (l'auteur, monsieur Météo pendant 20 ans à France 2, sera viré à la suite de cette enquête...)

Coûts de l'écologisme éolien au Québec : 23 milliards de $

« Une orientation activiste de l'enseignement des sciences »

Les climato-optimistes

Des nuisances de l'éolien

Noël dans 30 ans, enfin laïque, bio, diversitaire et morne ?

Écologisme — Pas de réchauffement climatique depuis 16 ans ? (m à j, réactions prof Lindzen)

Une heure pour la Terre : la grande noirceur

Bjørn Lomborg : L’Écologiste sceptique




Le 8 mai 1794 : la Révolution exécute le savant Lavoisier

Antoine-Laurent Lavoisier, qui par la découverte d’une nouvelle théorie chimique a rendu son nom immortel, naquit à Paris le 16 août 1743. Après avoir terminé ses humanités avec éclat, il conçut tant de goût pour les sciences mathématiques et physiques, qu’il résolut de s’y consacrer tout entier. À cet effet, au sortir du collège, il s’occupa d’approfondir la science du calcul et l’astronomie, pratiqua la chimie, et apprit la botanique.

Il avait à peine atteint sa vingtième année, lorsqu’il fit pressentir ce qu’on devait attendre un jour de lui. L’Académie des sciences avait mis au concours la question de trouver, pour la ville de Paris, un mode d’éclairage à la fois plus efficace et plus économique que celui dont on s’était servi jusqu’alors. Lavoisier obtint le prix ; mais trop désintéressé pour le prendre, il le fit distribuer à trois artistes qui avaient entrepris des expériences dispendieuses pour arriver à la solution du problème.

Lavoisier fut chimiste, philosophe et économiste. Il est souvent présenté comme le père de la chimie moderne, qui se développera à partir des bases et des notions qu'il a établies et d'une nouvelle exigence de précision offerte par les instruments qu'il a mis au point. Il a inauguré la méthode scientifique, à la fois expérimentale et mathématique, dans ce domaine qui, au contraire de la mécanique, semblait devoir y échapper.

Au delà de la découverte de l'oxydation, des composants de l'air et de l'eau, de l'état de la matière, ses contributions à la révolution chimique sont à la fois techniques, expérimentales et épistémologiques. Elles résultent d'un effort conscient d'adapter toutes les expériences dans le cadre d'une théorie simple dans laquelle, pour la première fois, la notion moderne d'élément est présentée de façon systématique. Lavoisier a établi l'utilisation cohérente de l'équilibre chimique, a utilisé ses découvertes sur l'oxygène, dont il a inventé le nom ainsi que ceux de l'azote et de l'hydrogène, pour renverser la théorie phlogistique, et a développé une nouvelle nomenclature chimique qui soutient, ce qui se révélera inexact, que l'oxygène est un constituant essentiel de tous les acides. Précurseur de la stœchiométrie, il a surtout traduit des réactions dans les équations chimiques qui respectent la loi de conservation de la matière, donnant à celle-ci une solide assise expérimentale.

Expériences de Lavoisier sur la composition de l’air

Financier de son métier, soucieux d'établir des statistiques précises utiles à ce qu'il appelle à la suite de Condorcet l'arithmétique politique, il a été sollicité par l'administration royale puis révolutionnaire sur de très nombreux sujets depuis l'instruction publique jusqu'à l'hygiène en passant par le système monétaire. Il a aussi produit dans la lancée de Joseph Black la première théorie expérimentale de la chaleur, à travers l'étude non seulement de la combustion mais aussi de la respiration et de la fermentation des sols.

Après avoir enrichi la science d’une foule de découvertes et d’observations de détails sur lesquelles nous ne pouvons nous appesantir, Lavoisier se proposait de coordonner tous ses travaux, et d’en former un corps complet de doctrine ; il s’était, à cet effet, associé, à Armand Seguin, qui l’avait déjà aidé à employer la théorie nouvelle pour l’explication des phénomènes de la respiration et de la transpiration. Il marchait à grands pas vers l’exécution de ce louable projet, lorsque, pour employer encore les expressions de Cuvier, « une vie si belle et si utile fut terminée par un des crimes atroces qui ont déshonoré cette époque. Au fond de sa prison, lorsqu’il n’ignorait pas que l’on préméditait son assassinat, Lavoisier s’occupait encore, avec calme et sérénité, de suivre l’impression de son ouvrage, qui devait avoir huit volumes. Les bibliothèques ne possèdent pas de monument plus touchant.

Ces dernières lignes d’un homme de génie écrivant encore à la vue d’un échafaud, ces volumes mutilés, ces discours interrompus au milieu d’une phrase, et dont la suite est perdue pour toujours, rappellent tout ce que les temps affreux dont nous parlons produisirent d’horreur et d’effroi. La catastrophe qui a mis fin aux jours de Lavoisier fut une suite de sa carrière administrative, qu’il avait cependant parcourue avec non moins d’honneur et de talent que sa carrière scientifique. Il avait été fermier général en 1769. Malgré les préventions que devaient exciter contre lui, dans une telle compagnie, ses occupations savantes, il y obtint promptement un crédit proportionné à l’habileté qu’il y développa, et devint en peu de temps l’un des membres les plus actifs du corps, celui que l’on chargeait des affaires les plus difficiles.

Les hauts taux tuent les totaux

Ses vues étaient éclairées ; il savait combien une fiscalité excessive nuit quelquefois aux recettes, et en plusieurs occasions il fit supprimer des droits qui, fort onéreux pour le peuple, n’étaient pas très lucratifs pour l’Etat. Que la fiscalité excessive nuise aux recettes n'était pas une découverte cependant. Au XVIe siècle déjà, l’économiste français et conseiller de Henri IV, Barthélémy de Laffemas, avait déjà constaté que plus on taxe les riches, moins ils paient d’impôts. C’est d’ailleurs lui qui serait l’auteur de la formule « les hauts taux tuent les totaux ». Puis, en 1844, ce fut au tour de Jules Dupuit, ingénieur et économiste français, d’observer le même phénomène. Plus récemment, pendant les années Reagan, l’économiste américain Arthur Laffer s’est fait connaître pour sa formule « trop d’impôt tue l’impôt ».

La communauté des Juifs de Metz lui donna un témoignage honorable de gratitude pour la décharge qu’il avait obtenue en leur faveur d’un péage à la fois vexatoire et ignominieux... Lavoisier faisait aussi des recherches particulières d’agriculture et d’économie domestique. Comme grand propriétaire dans la généralité d’Orléans, il fut nommé, en 1787, membre de l’assemblée provinciale, et il ne se borna point, pour remplir cette honorable mission, à des conseils et à des travaux lors des intempéries de 1788, il avança à la ville de Blois une somme de cinquante mille francs pour acheter des blés, et il en dirigea si habilement l’emploi, que cette ville échappa, sans qu’il lui en coûtât rien, aux effets de la famine qui mirent le désordre et produisirent des séditions dans tant de lieux...

À cette époque, la France entière, provoquée par son roi, s’occupait des améliorations dont le gouvernement et l’administration paraissaient avoir besoin : Lavoisier crut devoir payer son tribut, et son Traité de la richesse territoriale de la France est une sorte de modèle de la manière dont on pourrait exposer les faits de l’économie politique... Le choix que l’Académie fit de lui, en 1790, pour être un des membres de la commission chargée de fixer les nouvelles mesures, lui offrit encore une occasion d’appliquer à la fois son génie pour les expériences et son esprit pratique... Tant de services, et des services si divers, ne lui obtinrent point de grâce auprès des hommes de 1793...

La République n'a pas besoin de savants

Traduit au tribunal révolutionnaire avec les autres fermiers généraux, il fut du nombre des vingt-huit condamnés à mort. On espéra encore un moment que sa renommée dans les sciences inspirerait de l’intérêt ; on se reposait sur les instances que quelques-uns de ses anciens confrères paraissaient à portée de faire en sa faveur ; mais la terreur glaça tous les cœurs ; personne n’osa en parler aux décemvirs... Un citoyen courageux, Hallé, osa seul tenter un effort public ; il se hâta de faire au Lycée des Arts un rapport sur ce que les découvertes de ce grand homme avaient d’utile, et ce rapport fut produit au tribunal.

Lavoisier est traduit devant le Tribunal révolutionnaire

Ayant demandé un sursis pour pouvoir achever une expérience, il s’entend répondre par le président du tribunal révolutionnaire, Jean-Baptiste Coffinhal : « La République n'a pas besoin de savants ni de chimistes ; le cours de la justice ne peut être suspendu. ». Il est guillotiné place de la Révolution le 8 mai 1794, à l'âge de cinquante ans, en même temps que l'ensemble de ses collègues de la Ferme. Son corps, dépouillé, est empilé dans la fosse commune des Errancis.

Le lendemain de l'exécution de Lavoisier, le grand mathématicien Louis de Lagrange commente : « Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable ».

Son matériel et ses notes sont saisis mais ses travaux d'économétrie, dont il avait fait don à l'Assemblée constituante, peuvent être repris et publiés en 1796 par Lagrange.

Montréal : en 2031 les minorités visibles représenteront 31 % de la population

Alors que le taux de fécondité poursuit son déclin et que le vieillissement de la population s’accentue au Québec, l’enjeu de l’accueil des immigrants est placé à l’avant-plan, suscitant des débats sur l’économie, l’identité, la culture et la langue dans la province.

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a annoncé à la fin du mois dernier que l’indice synthétique de fécondité s’était établi à 1,6 enfant par femme en 2015 – une baisse de 1 % par rapport au niveau de 2014 -, marquant un recul pour la sixième année consécutive.

Bien que ce chiffre ne semble pas anormalement bas, la province doit aussi tenir compte du vieillissement de la population et du manque de main-d'œuvre qualifiée.

Québec estime qu’environ 1,1 million de travailleurs auront pris leur retraite entre 2013 et 2022, et selon un document récemment publié par le ministère de l’Immigration, cette situation «souligne la nécessité de réaffirmer le rôle de l’immigration et de sa contribution au Québec».

Cependant, les immigrants ne sont pas répartis équitablement partout dans la province. Selon Statistique Canada, d’ici 2031, les minorités visibles représenteront 31 % de la population de Montréal, mais pas plus de 5 % ailleurs au Québec.

[…]

M. Termote s’est par ailleurs désolé que tous les gouvernements répandent le «mythe» voulant que l’augmentation des niveaux d’immigration aide à combler le manque de main-d'œuvre.

M. Termote s'est par ailleurs désolé que tous les gouvernements répandent le «mythe» voulant que l'augmentation des niveaux d'immigration aide à combler le manque de main-d'œuvre.

«Toutes les études montrent que l'impact économique de l'immigration est nul», a-t-il soutenu.

«Il y aura des pénuries, mais ce seront des pénuries très ponctuelles, dans des secteurs bien spécifiques. Et ce n'est pas en ajoutant 10 000 immigrants de plus qu'on va régler cette pénurie-là. […] Ce n'est pas par une politique générale qu'on règle le problème», a-t-il ajouté.

Montréal a du mal à intégrer les immigrants qu'elle a déjà accueillis, alors que le taux de chômage pour les résidants nés à l'extérieur du pays se situe à 11 %, comparativement à sept pour cent pour ceux qui sont nés au Canada.

« Le bassin d’immigration francophone, ce n’est pas la France, la Belgique ou la Suisse francophone. Le bassin francophone, c’est essentiellement l’Afrique francophone – l’Afrique subsaharienne et le Maghreb –, ce qui a des implications (culturelles) », a-t-il indiqué. […]

« Avec 50 000 à 60 000 immigrants par année, nous allons changer le visage culturel du Québec. Les défis de maintenir une société francophone qui est distincte culturellement augmenteront », a constaté M. Weinstock.

Source

Voir aussi

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