vendredi 31 mai 2013

Histoire — l'eau brûlait déjà en 1669 quand Cavelier de La Salle passa par Burning Springs (NY)

Dans le film Gasland (dont de nombreux extraits ont été diffusés sur Radio-Canada),  on voit l'eau d'un robinet prendre feu si l'on en approche un briquet. Une enquête d'État menée par la Colorado Oil and Gas Conservation Commission a par la suite prouvé que le problème était dû au méthane naturellement présent dans l’eau et non à la technique de fracturation hydraulique ou à l’exploitation du gaz.

Ces phénomènes sont bien connus. Déjà en 1669, Cavelier de la Salle et ses compagnons ont été témoins du même phénomène dans ce qui allait devenir le haut de l'État de New York :




« Nous passâmes ainsi le temps pendant sept ou huit jours attendant toujours qu'il revint de traite quelque esclave pour nous donner, et ce fut pendant ce temps là, que pour me désennuyer, j'allai avec M. de la Salle sous la conduite de deux sauvages, voir environ à quatre lieues vers le midi du village où nous étions, une fontaine assez extraordinaire.

Elle forme un petit ruisseau en sortant d'un rocher assez haut. L'eau est fort claire, mais elle a une mauvaise odeur semblable à celle des boues de Paris, lorsqu'on remue avec le pied la boue qui est au fond de l'eau. Je mis le flambeau dedans et incontinent cette eau conçut le feu, comme pour voir faire l'eau-de-vie, et elle ne s'éteint point qu'il ne vienne de la pluie.

Cette flamme est parmi les sauvages une marque d'abondance, ou de stérilité lorsqu'elle a les qualités contraires. Il n'y a aucune apparence de soufre, ni de salpêtre, ni d'aucune autre matière combustible. L'eau n'a même aucun goût ; et je ne puis dire ni penser autre chose de meilleur sinon que cette eau passe par quel que terre alumineuse dont elle tire cette qualité combustible. »


Un nouveau documentaire démonte Gasland et l'eau du robinet qui s'enflamme, Fracknation. Quelques extraits ci-dessous :




















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Québec — Livre lancé sur l'éducation à domicile

Le lancement du livre Destination école-maison de Monique Legault et Christine Larose aura lieu le lundi 3 juin dès 1 h 30 au Pavillon de l’île Saint-Bernard de Châteauguay.

Cet ouvrage serait le premier livre québécois à traiter de l’éducation à domicile. Ce livre comprend le témoignage d’une famille qui fait l’école à la maison depuis plus de 10 ans. Les deux auteurs veulent inspirer les parents-éducateurs et démystifier cette pratique pour ceux intéressés à en connaître davantage sur cette vie au quotidien. Ensemble, elles ont écrit ce livre qu’elles disent toujours avoir voulu lire.


Renseignements :  destinationecolemaison@gmail.com




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Royaume-Uni — Des réformes de l’Éducation efficaces ?

Financement forfaitaire et autonomisation des établissements


En France, la Cour des comptes propose pour la première fois une gestion de l’Éducation nationale par forfait par élève. De son côté, en termes de services rendus et de dotations en enseignants par établissement, l’Angleterre est déjà en train d’introduire cette notion dans le calcul de son budget éducatif. Le système éducatif du Royaume-Uni, en pleine réforme, se caractérise aujourd’hui par une indépendance grandissante des établissements scolaires, une rationalisation des financements et des administrations responsables des questions d’éducation.
Un point sur la dévolution en matière d’éducation


L’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord partagent encore un socle commun en matière de politique éducative alors que l’Écosse possède déjà son système propre et indépendant. Cependant, en respect du processus de dévolution, les dernières réformes éducatives votées par le gouvernement de Westminster ne s’appliquent ou ne s’appliqueront qu’en Angleterre, notamment concernant le développement des académies et des écoles libres, la réforme des financements ou encore le passage à 18 ans en 2015 de l’âge minimum de sortie du cursus scolaire.
Le système scolaire écossais, lui, s’est distingué de la stratégie éducative du Royaume-Uni avant même la création de son Parlement en 1998 qui prend alors contrôle des questions d’éducations. Le gouvernement écossais et son Parlement ont la responsabilité de penser la stratégie éducative du pays, de contrôler l’Agence pour l’Education et de lui allouer un budget. La politique éducative de l’Écosse est principalement gérée par Education Scotland, l’Agence pour l’Éducation écossaise, un organe indépendant, mais devant rendre des comptes au gouvernement. En 2002, suite à un débat national sur l’éducation, l’Agence et le gouvernement proposent une réorientation du système éducatif vers un parcours de l’excellence (Curriculum for Excellence) moins rigide, laissant plus de liberté d’initiatives aux professeurs, privilégiant l’épanouissement personnel et des compétences afin de former une jeunesse performante et responsable. Localement, 32 collectivités assurent le fonctionnement des établissements scolaires publics.

En Angleterre, une gestion partagée tendant vers une plus grande autonomie des autorités locales et des établissements

Le gouvernement et le Parlement de Westminster sont responsables de la politique éducative du Royaume-Uni de manière générale, ils fixent les programmes d’enseignements nationaux, les critères de qualifications des enseignants ainsi que leurs salaires. Au niveau local, la réforme de 2009 ayant fortement rationalisé le découpage administratif du pays, chaque collectivité [1] instaure une autorité locale (local authority ou LA), administrée par un conseil composé des représentants des différents acteurs de l’éducation (représentants des parents d’élèves, des enseignants, de la commune…). Ces autorités supervisent l’ensemble des établissements d’enseignement public de leur zone, y répartissent les moyens (matériels ou financiers) ; fixent les grandes lignes de la politique de recrutements et payent tout le personnel (enseignants ou non). Ce sont les établissements scolaires qui organisent ensuite le recrutement individuel des enseignants alors que les conseils d’administration (ou governing bodies) nomment les chefs d’établissements, organisent la stratégie des établissements, assurent la bonne gestion des dépenses et veillent aux résultats pédagogiques.
La formation professionnelle et l’enseignement supérieur sont tous les deux sous la responsabilité du ministère du Travail, de l’Innovation et des Compétences. Tous les ans, le ministre remet une lettre au Higher Education Funding Council for England (Conseil pour le financement de l’enseignement supérieur en Angleterre) détaillant les orientations et les priorités du gouvernement pour l’enseignement supérieur. Si les universités et les établissements d’enseignement supérieur sont autonomes, c’est le Conseil qui répartit les fonds publics pour l’enseignement et la recherche. La formation professionnelle, bien que le ministère du Travail, de l’Innovation et des Compétences en soit responsable et la finance à travers la Skills Funding Agency (Agence pour le financement des compétences), se caractérise par sa grande flexibilité. Elle relève principalement des initiatives privées et des partenariats entre les entreprises et les acteurs locaux.
La politique éducative est finalement contrôlée par deux institutions. Le Bureau de contrôle pour l’Éducation, les Services à l’enfance et les Compétences (Office for Standard in Education, Children’s Services and Skills), responsable de l’inspection de l’éducation générale, des services s’occupant des enfants, de la formation professionnelle ou continue ainsi que du travail des jeunes et l'Agence de l'assurance de la qualité pour l'enseignement supérieur (The Quality Assurance Agency for Higher Éducation), un organe indépendant qui représente les chefs d’établissements des universités et d’établissements d’enseignement supérieur. Ils veillent à ce que la qualité de l’enseignement supérieur soit homogène à travers le territoire.

L’émergence de l’enseignement indépendant sur fonds public en Angleterre

La réforme de l’éducation en 2010 (ou Academies Act 2010) visait à augmenter le nombre d’écoles indépendantes à travers l’Angleterre, notamment en facilitant l’émergence des académies, qui sont des écoles indépendantes financées par l’argent public, versé directement par le gouvernement. Avant la réforme, 203 établissements d’enseignement secondaire avaient le statut d’académie. Aujourd’hui, toutes les écoles publiques peuvent se convertir en académies et on en décompte 2 886 regroupant plus de 2 millions d’élèves (soit près de 27 % du total des élèves de l’enseignement public) [2]. Elles sont ensuite libres de recruter leurs personnels, selon leurs propres critères, d’établir leur stratégie d’enseignement ainsi que les programmes (sous réserve qu’il reste cohérent avec le programme national) et peuvent même modifier le calendrier scolaire. La plupart d’entre elles sont parrainées par une entreprise, une université, une organisation extérieure, qui devient alors responsable de l’établissement et de ses résultats. La motivation première de cette réforme étant d’améliorer le niveau des établissements faibles, notamment en les plaçant sous la responsabilité d’une institution plus prestigieuse et efficace.
Les motivations poussant les établissements publics à se convertir au système des académies sont principalement l’augmentation de leurs moyens financiers. 39 % des académies interrogées admettent qu’il s’agissait de leur motivation principale et près de ¾ des académies expliquent que leurs perspectives financières se sont améliorées depuis leur conversion notamment grâce à une gestion personnalisée. Vient ensuite le désir d’autonomie des établissements qui sont maintenant libres de gérer leur budget, de penser leur stratégie éducative et de coopérer avec d’autres institutions que les autorités locales.

En Angleterre, un financement complexe en pleine réforme

Le financement de la politique éducative en Angleterre se fait par le sommet et la répartition des financements se fait ensuite selon les niveaux d’enseignements et les types d’établissements.
L’enseignement général public (maintained schools) est financé par des subventions affectées à l’éducation (dedicated school grant ou DSG) calculées par le gouvernement, transmises par l’Education Funding Agency et ensuite divisées par les autorités locales afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque établissement. Elles représentent près de 83% du budget total de l’enseignement public administré par les autorités locales (voir tableau), le reste du budget étant assuré par des subventions et allocations particulières ainsi que des compensations versées par les écoles venants de se convertir au système des académies. La répartition des financements se fait par un calcul complexe et opaque qui résulte en une large variabilité des budgets alloués aux établissements.
Répartition des financements du budget (2010-11) de l’enseignement public administré par les autorités locales (en milliards de £).
2010-11
% du financement total
Subventions affectées à l’éducation31.165.201.26282,90%
Subventions de niveau (School Standard Grant)1.575.979.1324,20%
Subventions de développement (School Development Grant )1.893.542.5865,00%
Autres subventions1.190.988.4663,20%
Financement de LSC( The Learning and Skills Council)2.219.445.3185,90%
Financements annexes des autorités locales68.358.9190,20%
Compensations versées par les Académies-545.187.808-1,40%
Budget total pour l’Angleterre37.612.832.696100%
Source : Department of Education – Budget data analysis pack 2010-11.

Face à ce système confus et toujours dans une volonté de rationalisation des politiques publiques, le gouvernement de Westminster et le Parlement ont voté une réforme [3] du financement de l’éducation basé, non plus sur le type d’établissement, mais sur le nombre d’élèves. Ce nouveau système de financement qui devrait être pleinement opérationnel pour la rentrée 2014 avec une année de transition en 2013-2014 cherche à simplifier le calcul des budgets alloués par établissement et à augmenter l’autonomie des conseils d’administration et des chefs d’établissements. L’État continue de financer l’éducation à travers les autorités locales qui vont déterminer une somme forfaitaire à allouer aux établissements de leur zone. Cette somme, servant à financer le salaire du personnel, les dépenses de matériels et de maintenance, sera la même pour tous les établissements publics d’une zone, sans distinction aucune de taille, de location ou d’âge des élèves. Ce rééquilibrage verra une baisse des budgets actuels les plus hauts et une augmentation des plus faibles, bien que pour l’année 2013, le gouvernement s’est engagé à ne pas réduire de plus de 1,5 % le financement public aux écoles. Les seules variations de budget se feront ensuite à travers des subventions supplémentaires, proportionnelles aux nombres d’élèves par établissements.
L’enseignement supérieur public, que le gouvernement souhaite de plus en plus autonome, bénéficie, lui, d’un budget public soutenu par des financements privés, dont les frais de scolarités des étudiants (34,7 %) et les investissements privés (environ 35 % du budget) (Voir tableau). Alors que le financement public pour l’enseignement supérieur 2011-12 a chuté de 6,7 % par rapport à l’année précédente, le budget total a augmenté de près de 400 millions de £ [4]. Cette baisse du financement public a principalement été compensée par l’augmentation des frais de scolarités payés par les étudiants (+ 7,8 %) qui peuvent désormais atteindre les 9 000£ annuels.

Répartition des financements du budget (2011-12) de l’enseignement supérieur public (1 000 £).
2011-12% du financement total
Subventions publiques8.270.98929,6 %
dont financements pour l’enseignement5.366.38519,2 %
dont financements pour la recherche1.930.0746,9 %
Frais de scolarité et contrats d’éducation9.676.45934,7 %
Dont étudiants européens5.702.77820,4 %
Dont étudiants non européens3.238.81611,6 %
Financement privé pour la recherche4.509.71516,2 %
Autres sources de financements5.180.12618,6 %
Donations et retour sur investissements285.0271,0 %
Budget total27.922.316100%
Source : HESA HE Finance Plus 2011/12.

Remarques : Les financements non publics pour la recherche sont versés par des associations pour la recherche scientifique (The Royal Society, The British Academy), des associations à but non lucratif, des entreprises… Les « autres sources de financements » sont notamment les frais de résidence et de restauration des étudiants, des subventions des autorités locales et conseils d’administration, les revenus générés par les parutions et les services rendus (centres médicaux et hospitaliers dépendant des établissements).

Conclusion

Le modèle éducatif du Royaume-Uni est donc fortement déconcentré et privilégie la gestion locale soit par les autorités locales ou par des conseils d’administration presque indépendants. Si l’éducation publique primaire et secondaire reste rattachée aux autorités publiques, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle se construisent principalement sur des partenariats public-privés. L’Angleterre, elle, poursuit dans le sens d’une plus grande autonomie des établissements scolaires avec la réforme des écoles indépendantes qui est peu à peu en train de changer le paysage éducatif du pays. En supprimant ainsi les échelons administratifs entre le gouvernement, qui verse des subventions rationalisées, et des établissements scolaires plus autonomes, le gouvernement de Westminster souhaite faire marcher la concurrence entre les écoles et ainsi élever le niveau d’éducation de sa jeunesse tout en régulant sa dépense publique.


[1] La rationalisation du paysage administratif du Royaume-Uni en 2009 a abrogé le découpage historique du pays pour instaurer un système métropolitain, non métropolitain et londonien. Les zones les moins peuplées ont été refondées en autorité unique (unitary authority) qui gère tous les services confondus. Au nombre de 55, elles peuvent concerner un comté entier, une ville et son agglomération ou une région. Viennent ensuite les zones non métropolitaines divisées en districts non métropolitains, chaque district élisant un conseil responsable notamment des questions d’éducation. Les 6 grandes agglomérations du Royaume-Uni ont été divisées en districts métropolitains, plus petits, gérant également la politique éducative. Enfin, le découpage du Grand Londres en districts londoniens complète les 159 autorités locales de l’Union.
[2] Source : The Guardian - Number of children taught in academies reaches 2 million.
[3] Source : Department for Education – School funding reform, next steps toward a fairer system.
[4] Source : HESA HE Finance Plus 2011/2012.

Source : IFRAP (avec quelques corrections typographiques et orthographiques)

Voir aussi

Angleterre — Écoles libres : la libéralisation de l’Éducation ?

Écoles libres en Grande-Bretagne

Les Québécois veulent des bons d’étude et que le cours ECR soit optionnel ou aboli




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France — Le gouvernement de gauche appelé à contrôler davantage les écoles non subventionnées

Un rapport invite le gouvernement socialiste français à contrôler davantage les écoles non subventionnées (et donc se rapprocher de la situation québécoise où l'État limite rigoureusement la liberté scolaire) :
« C'est devenu un rituel : chaque année depuis 2000, le médiateur de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur remet aux ministères concernés un " bilan d'activités " - sorte de synthèse annuelle des réclamations émanant du terrain, des personnels autant que des usagers de l'école. Une remontée de tout ce qui mécontente, irrite, émeut dans le fonctionnement du système scolaire et universitaire. 
Dans la pile des quelque 10 000 lettres reçues en 2012, un sujet a attiré l'attention de la médiatrice, Monique Sassier : l'enseignement privé « hors contrat ». Une galaxie d'écoles et d'établissements secondaires ou supérieurs accueillant « au moins » 140 000 jeunes, estime-t-elle. À la différence du privé « sous contrat » avec l'État, ces établissements ne reçoivent aucune subvention mais possèdent une autonomie quant aux programmes et à la pédagogie. Le secteur est en « développement rapide », mais insuffisamment surveillé par l'État, peut-on lire dans le rapport rendu public jeudi 30 mai. [...] 
Ses préconisations : clarifier les relations entre le " hors contrat " et l'Etat, perçues comme " floues et incertaines ". Définir une habilitation ou un label unique [aucune tête ne dépassera !?], permettant de reconnaître les écoles et établissements privés " certifiés " par l'institution [étatique] pour leur sérieux et leurs débouchés professionnels. [...] »

Source : Le Monde

Voir aussi

France — trois écoles libres sur cinq sont non confessionnelles

France — les écoles libres dans le collimateur de François Hollande

L'école doit-elle enseigner le bien et le mal ? La morale laïque ? Laquelle ? (vidéo)

Ministre socialiste français veut museler l'école dite catholique : elle doit être « neutre »

Pour le ministre de l'Éducation français, le socialisme est une religion

France — les écoles libres (hors contrat) n'en font qu'à leur tête

France — La morale laïque du ministre de l'Éducation Peillon, un ultra-moralisme obligatoire





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