dimanche 21 janvier 2024

Le 21 janvier — mort de Louis XVI (en 1793) et de Lénine (en 1924)


 La personne du roi devient en 1793 un enjeu de luttes de pouvoir entre les Montagnards, les plus radicaux, et les Girondins, qui demeurent attachés à une monarchie constitutionnelle. Le 18 janvier 1793, une courte majorité de Conventionnels vote pour la mort et, le lendemain, un sursis à exécution est rejeté. Le 21 janvier 1793, le roi est exécuté.

 La gravure qui illustre cet article (en haut de cette page) immortalise l'exécution de Louis XVI. Elle livre les dernières paroles de Louis XVI, alors qu'il quitte son confesseur (en habit noir) et qu'il avance vers la guillotine : « Je pardonne à mes ennemis. Je désire que ma mort fasse le salut de la France. Je meurs innocent ».

La une de la Pravda du 22 janvier annonçant la mort de Lénine

Il y a 100 ans jour pour jour, le 21 janvier 1924, Lénine mourrait à l’âge de 53 ans. Le lendemain, les autorités soviétiques titraient dans la Pravda : « il n'est plus parmi nous, mais son œuvre demeure ».

Traduction automatique de la dépêche annonçant sa mort (coin supérieur gauche de la Pravda du 22 janvier 1924)

Dans les années qui précèdent 1917, il est devenu commun d’assimiler les Jacobins aux bolcheviks ; si ces derniers insistent sur leurs spécificités sociales et l’originalité du bouleversement attendu, ils apprécient les « grands hommes » de la Révolution française, à commencer par (les sanguinaires) Robespierre et Saint-Just ; Lénine en admire l’authenticité, le désintéressement, les convictions en faveur du peuple et la détermination face aux rois et à la contre-révolution. 1789 apparaît comme un glorieux précédent, qui suscite le respect et un fort attachement émotif ; la Révolution française sert aussi de boîte à outils, un peu comme le fut l’Antiquité républicaine de Rome et d’Athènes pour les conventionnels français.

Histoire — le 21 janvier 1793, les langues à l’Assemblée du Bas-Canada


Trente ans après la Conquête, le Bas-Canada se dote pour la première fois d’un parlement avec des représentants élus. La première séance se tient exactement le 17 décembre 1792. Et déjà surgit un débat qui anime toujours le Québec : dans quelle langue seront enregistrés les procès-verbaux de la chambre ? La polémique linguistique du Québec vient de naître.


À l’évidence, les députés francophones optent sans ambiguïté pour le français alors que les Britanniques tiennent à confirmer l’appartenance du Canada à la couronne en faisant prévaloir l’anglais. Les joutes oratoires seront vives. La presse se fera le relai de chaque camp. Le 21 janvier 1793, les députés conviennent que les textes seront rédigés dans les deux langues et placés sur un même pied d’égalité. Ainsi, tout projet de loi devra être présenté en anglais et en français dès la première lecture.

« McGill français »

Sur les 50 députés qui forment la première Assemblée, 16 sont anglophones, dont le marchand de fourrures James McGill, un des hommes d’affaires les plus riches de Montréal. Les francophones sont majoritaires, mais leur pouvoir est limité. Toutes les décisions de la Chambre sont soumises au droit de véto du Conseil législatif, dont les membres, nommés par le gouverneur, sont presque tous britanniques.

À sa mort, James McGill lègue un domaine et une somme d’argent qui permettront la fondation, en 1821, de l’université qui porte son nom. Cet établissement deviendra, aux yeux de bien des nationalistes, un symbole du pouvoir disproportionné de l’élite anglo-saxonne dans la société québécoise.

Le 28 mars 1969, 10 000 personnes marchent jusqu’aux portes de l’université pour réclamer sa francisation. C’est la manifestation « McGill français », moment marquant d’une époque où de nombreux Québécois pressent l’État d’agir pour donner le contrôle de l’économie à la majorité francophone et assurer la prédominance du français. Les lois linguistiques se succéderont bientôt : la Loi pour promouvoir la langue française au Québec (loi 63), en 1969, la Loi sur la langue officielle (loi 22), en 1974, et la Charte de la langue française (loi 101), en 1977.

Le tableau de la discorde

Entre 1910 et 1913, le peintre Charles Huot réalise une toile représentant cette séance du 21 janvier 1793. Ce tableau trône aujourd’hui dans le Salon bleu de l’Assemblée nationale. Un détail du tableau attire particulièrement l’attention et traduit certaines intentions de l’auteur. Dans la fenêtre en haut à droite, Charles Huot a dessiné la château Saint-Louis (siège du pouvoir sous le régime français) alors qu’en réalité on devrait y voir les jardins du Séminaire. C’était sans doute là un clin d’œil de l’artiste à ses convictions nationalistes et francophones.

Localisation du Bas-Canada (en vert) : la colonie exista sur le plan légal et politique de 1791 jusqu'à la mise en vigueur en février 1841 de l'Acte d'Union, adopté le 23 juillet 1840.


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