vendredi 10 janvier 2020

« National Assembly of Quebec » — le Québec officiellement bilingue

Le Québec prétend avoir une seule langue officielle : le français. Sauf que tout est accessible à la communauté historique anglophone (de plus en plus composée d’immigrants allophones en réalité) : les écoles, les cégeps, les universités, l'administration publique ("Press 9 for English"), les soins de santé avec un mégahôpital universitaire anglophone, les tribunaux, la presse, les lois, les dépliants publicitaires, la radio, la télévision, le marché du travail qui impose souvent l'anglais, etc.

Voici une jolie photo où une équipe ministérielle présente même un texte de loi en anglais en premier avec le titre de la National Assembly of Québec bien visible.



On comprend dans ces circonstances que les immigrants ne se sentent en rien obligés d’apprendre le français... Ils pourront l’apprendre s’ils le veulent. L'espagnol aussi, mais là à leurs frais. On comprend aussi que certains se disent qu’il vaut mieux étudier en anglais (le nombre d’inscrits au cégep en anglais ne fait que croître...).




Source


Québec — L'augmentation de la proportion du collégial anglais est continue

De deux billets de Frédéric Lacroix :

Voici une des conclusions phares du rapport quinquennal 2019 de l’OQLF [on la retrouve dans ce rapport de 2017 cité comme référence dans le rapport quinquennal] :

« Ainsi, même si n’encadre pas la langue d’enseignement au collégial, la Charte de la langue française, en réglementant la langue d’enseignement au primaire et secondaire, a pu favoriser le choix du français au collégial, autant chez les nouveaux inscrits de langue maternelle tierce qu’auprès de ceux qui ont le français comme langue maternelle ».

Le même rapport dit pourtant que ceux qui ont été scolarisés en français au secondaire faisaient le choix du collégial anglais au taux de 5 % en 1993. Ce taux était de 10 % en 2015, soit le double.

Il est clair que la Charte n’a pas les effets que l’OQLF lui assigne dans sa conclusion.

Mais ce n’est pas grave ; l’OQLF sait fort bien que la plupart des gens ne lisent que la conclusion. [En fait la plupart des journalistes qui eux ne relaient que ces conclusions.]

Ah, une autre chose ; le collégial anglophone en est rendu à 18,2 % du total des places au collégial en 2017. Il était de 16 % en 2010.



L’augmentation de la proportion du collégial anglais est continue.

Il loin d’être sûr qu’imposer la loi 101 au collégial, qui nous est présenté médiatiquement comme étant une mesure « radicale » (comprendre : mauvaise) sera suffisant pour sauver le français au Québec (personnellement, je pense que ce ne sera pas suffisant).

[Rappelons qu’en Belgique en Flandres, les universités, lycées, athénées et écoles françaises ont été fermés au XXe siècle malgré la présence d’une communauté historique nettement plus ancienne et enracinée que celles des Anglo-Montréalais. Rappelons que l’empereur Charles-Quint, né à Gand en 1500, a été éduqué en français... On observe l’usage du français littéraire à la cour de Flandre dès le milieu du XIIe siècle et l’emploi du français administratif a été également assez précoce dans les familles nobles des Flandres, avec des actes en français dès 1219. Le Québec n’a pas voulu suivre cet unilinguisme territorial, il lui en coûtera très cher.]

Mais une chose est sûre : sans elle, nous fonçons tout droit dans le mur. Et à grande vitesse.

Répartition de la fréquentation des cégeps à Montréal. Étudiants temps plein, inscrits au DEC. Formation préuniversitaire.



En 2021, le secteur de langue française sera devenu minoritaire.


% des places occupées par des anglophones dans les cégeps anglophones au préuniversitaire à Montréal.

Les anglophones [et assimilés de type canado-grecs, canado-italiens dont l’anglais est désormais la langue maternelle] sont minoritaires depuis 2001 dans leurs cégeps.

Un site internet pour progresser en labo de chimie

Quand innovation rime avec personnalisation des contenus pédagogiques et meilleures modalités de transmission.

« Peut-on se former au travail expérimental en chimie en s’installant face à un écran d’ordinateur plutôt que devant une paillasse de laboratoire ? De prime abord, l’idée peut surprendre. “J’entends et j’oublie, Je vois et je me souviens, Je fais et je comprends”, disait Confucius.



Si l’on se réfère à cette célèbre maxime, manipuler bain-marie et pipettes, balance, tubes et flacons semble bien plus évident pour qui veut progresser en sciences expérimentales que de consulter des vidéos ou des protocoles en ligne. Et il ne s’agit pas là de nier l’importance des séances de travaux pratiques.

À l’instar de Hofstein, Lagowski et Scheckler, nous sommes convaincues que l’expérimentation doit garder une place de choix dans les formations de chimie. Mais force est de constater que le temps dévolu à ces séances est de plus en plus limité dans les cursus, en partie pour des raisons financières et des contraintes de préparation.

Par ailleurs, les promotions de master sont de plus en plus diversifiées. Une tendance positive pour favoriser le dialogue entre les étudiants. Mais leurs bagages personnels sont différents, certains ayant beaucoup travaillé en laboratoire auparavant, d’autres non, ce qui suppose des rappels ou des mises à niveau.

Comment optimiser, dans ces conditions, le travail en laboratoire et rendre plus efficaces les échanges entre enseignants et apprenants ? Avec plusieurs enseignants issus de trois établissements de l’Université Paris-Saclay, nous avons décidé en 2014 de répondre à la question par le numérique, en concevant un site de ressources en ligne, Chimactiv.


Des usages personnalisés


Au départ, Chimactiv s’adressait à des cursus bien identifiés – ingénieur AgroParisTech, master Nutrition et Sciences des Aliments, master Chimie, pharmacien, master FESup (formation des enseignants pour le supérieur). Pour que les ressources puissent être partagées de l’un à l’autre, nous avons mis le site en accès libre.

Puis, au fil du développement, nous nous sommes aperçus que le public pouvait être bien plus vaste : Chimactiv couvre en effet un champ très large dans le domaine de l’analyse chimique, allant des notions fondamentales de niveau lycée jusqu’à des apports méthodologiques de niveau master avec des applications concrètes.

À travers une grande diversité de contenus — textes, photos, schémas interactifs, vidéos, diaporamas — dont certains sont téléchargeables, le site aborde cinq thèmes fondamentaux pour appréhender les séances expérimentales :
  • la sécurité dans un laboratoire de chimie
  • le B.A.BA des manipulations
  • l’analyse de médicaments
  • l’analyse d’aliments
  • la familiarisation avec les méthodologies expérimentales.

Il propose également des outils d’auto-évaluation (jeu-questionnaire et exercices) et reste interactif quel que soit le support de consultation (ordinateur, tablette ou téléphone intelligent), ce qui est un facteur d’attractivité.

Chaque enseignant peut librement organiser son scénario pédagogique et orienter ses élèves vers les ressources à consulter en amont de séances sur le modèle de la classe inversée. Il peut aussi s’appuyer sur ces ressources lors de cours, TD et TP, en les intégrant dans ses propres supports pédagogiques.

Quant aux étudiants, au-delà des instructions des enseignants, ils peuvent orienter leur navigation selon leurs besoins. Ainsi les étudiants peu familiers avec le laboratoire vont consulter les fiches relatives à la sécurité et la manipulation des produits chimiques à risque en amont des séances, alors que les étudiants ayant déjà de l’expérience s’abstiendront de cette consultation ou y passeront moins de temps.

De quoi arriver mieux préparés en laboratoire, comme l’ont déjà montré d’autres travaux sur la mise à disposition de ressources numériques, et donc alléger la charge cognitive qu’ils pourraient éprouver en séance expérimentale.

En ayant appréhendé en amont le protocole et les manipulations, ils se laissent en effet moins accaparer l’esprit par les tâches techniques — par exemple la préparation des dilutions si on leur demande de doser un composé dans un extrait — pour mieux se focaliser sur l’interprétation des résultats.

Ainsi, on évite que les participants se contentent d’un rôle de simples “exécuteurs de recettes de TP”. Le temps imparti à la pratique expérimentale augmente et les échanges en séance sont plus riches.

Vers une communauté en ligne ?


Les ressources sont également exploitées après des séances en laboratoire, pour aider à l’interprétation ou la valorisation des résultats (pour le tracé d’une droite d’étalonnage, ou la détermination de la concentration efficace d’un antioxydant par exemple).

L’utilisation en situation professionnelle est également observée comme l’illustre le témoignage d’une ancienne élève-ingénieur passée par le laboratoire de recherche d’une grande entreprise :
Je ne maîtrisais pas certaines techniques de laboratoire avant de commencer mon stage. J’ai donc consulté le site afin de comprendre et d’apprendre le fonctionnement des méthodes de chromatographies gazeuse, ionique, et de l’HPLC également. […] Et j’ai pu grâce à Chimactiv réviser les bases du “monde de la paillasse” que je n’avais plus eu l’occasion de fréquenter depuis plusieurs années.

Cet exemple signerait-il l’émergence d’une communauté d’utilisateurs plus large que le public initialement visé ? Sur les 228 répondants au questionnaire de satisfaction qui s’affiche sur le site, on constate que 7,5 % d’entre eux sont des professionnels hors enseignement travaillant en contrôle qualité, dans un service R&amp ; D ou au sein d’une unité de recherche.

Par ailleurs, si la réalisation du site a permis de fédérer une équipe interétablissements, Chimactiv est utilisé par des enseignants d’autres écoles et universités. Le but est de continuer à essaimer dans différents cursus, tout en se penchant de manière plus cadrée sur les usages du site et ses apports.

Dans cet objectif, Chimactiv fait partie des projets intégrés à la nouvelle chaire de recherche-action sur l’innovation pédagogique inaugurée par l’Université Paris-Saclay, afin de travailler main dans la main avec des chercheurs en sciences de l’éducation. »

Primé par le jury 2019 des Digital Learning Excellence Awards [C’est un prix franco-français, semble-t-il, malgré son titre en anglais...] dans la catégorie « éducation », le site Chimactiv, créé par une équipe plurielle, a bénéficié du soutien financier de l’Université Paris-Saclay (financements IDEX accordés lors des appels à projets « Former par le numérique » 2014, et « Initiatives pédagogiques – Transformer » 2016 et 2018).

Source : theconversation.com, « Innovation pédagogique, un site web pour progresser en labo de chimie ». Publié le 7/1/2020, par Valérie Camel et Marie-Noëlle Maillard. https://theconversation.com/innovation-pedagogique-un-site-web-pour-progresser-en-labo-de-chimie-120771