mardi 10 décembre 2019

Humour — Manuela retourne à l'école

Cette semaine, Manuela découvre son nouveau lieu de travail, une école. En écoutant la maîtresse lui expliquer comment appeler chaque chose de manière politiquement correcte, elle se dit qu’elle a bien de la chance d’être femme de ménage et pas enseignante.


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Soumission à l'anglais des universités françaises

« Si les institutions publiques d’enseignement se donnent comme seule mission d’attirer des “clients” dans un marché international dont la langue d’attraction est l’anglais, pourquoi les Français devraient-ils les soutenir par leurs impôts ? »

L’universitaire québécois Yves Gingras (ci-contre), professeur d’histoire et de sociologie des sciences à l’Université du Québec à Montréal, juge que l’enseignement supérieur français manifeste une fascination ridicule pour l’anglais, qu’il tient pour la langue des vainqueurs.


Québécois, professeur invité en France chaque année depuis dix-huit ans dans différentes institutions d’enseignement supérieur, j’ai observé avec consternation au cours de cette période, une accélération de la soumission tranquille du monde universitaire, intellectuel et éditorial au nouvel impérialisme linguistique de la langue anglaise. Celle-ci s’impose d’autant plus facilement que ceux qui l’adoptent au nom d’une « internationalisation » ou d’une « globalisation » mal comprise croient naïvement que cela leur permettra de conserver leur empire intellectuel pourtant révolu. En fait, cette anglicisation rampante est surtout le signe d’un déclin marqué des intellectuels français qui pensent ralentir ou même renverser leur marginalisation en adoptant la langue dominante à laquelle ils ont si longtemps résisté quand ils se sentaient dominants. À ce titre, ils devraient plutôt se mettre au chinois…


Les maisons d’édition semblent avoir perdu la capacité élémentaire de traduire des titres pourtant loin d’être intraduisibles. Ainsi l’ouvrage Lost in math a été « traduit » par… Lost in math. Comment la beauté égare la physique, alors qu’un peu d’imagination linguistique aurait pu proposer « Beau, mais faux. Quand la physique s’égare dans les maths », qui rend très bien la thèse centrale du livre. Comble de l’absurde, des ouvrages rédigés en français sont présentés avec des titres en anglais, comme s’ils allaient être plus « cool » et plus vendeurs. Quelques titres récents glanés au hasard des librairies : The Game, Earth First!, Carbon Democracy, Bullshit Jobs, Reclaim, etc.


Bien que je suive cette évolution, que je juge scandaleuse, depuis longtemps, j’avoue avoir décidé d’écrire ce texte aujourd’hui après avoir vécu ce qui me paraît constituer un exemple de bêtise absolue. Invité à faire une conférence dans le cadre d’un programme d’une grande institution d’enseignement supérieur que la charité chrétienne m’interdit de nommer, on m’a suggéré de faire mon exposé en anglais, sous prétexte que deux ou trois personnes sur les vingt-cinq attendues n’étaient pas francophones. Étant bilingue, habitué à faire sans problème des exposés en anglais et écrivant très souvent des articles dans cette langue pour des revues spécialisées dans mon domaine de recherche, j’ai tout de même demandé à la personne qui m’invitait si les quelque vingt-trois personnes non anglophones étaient elles-mêmes vraiment capables de comprendre l’anglais, étant donné qu’elles étaient en toute probabilité françaises. Qu’une institution en soit venue à abdiquer, sans vraiment y réfléchir, l’enseignement dans la langue nationale, sous prétexte que moins d’un dixième des inscrits (ici 2 ou 3 sur 25) ne sont pas francophones, sans se demander si la majorité accepte avec plaisir une telle soumission, m’a laissé perplexe. Ce n’était pas un colloque international, mais bien, il vaut la peine de le répéter, une intervention dans une institution française, intervention à laquelle l’écrasante majorité des personnes inscrites étaient francophones.


La question se pose de savoir comment la nation française peut continuer à penser sa spécificité si ses institutions d’enseignement supérieur abdiquent la langue nationale aussitôt qu’un anglophone apparaît dans le décor. Ne serait-ce pas à cette personne d’avoir la courtoisie d’apprendre ou du moins de comprendre la langue du pays dans lequel elle considère utile et intéressant de venir étudier ? Du reste, ceux-ci maîtrisent parfois le français, mais personne ne s’avise de leur poser la question.


À moins bien sûr que la finalité des institutions publiques d’enseignement en France, d’abord créées pour former les citoyens, ne se soient transformée sans crier gare pour se donner comme seule mission d’attirer des « clients » dans un marché international de l’enseignement supérieur dont la langue d’attraction est l’anglais ? Cela serait légitime à condition d’être clairement dit et assumé. Cependant on se demande alors pourquoi l’ensemble de la population française devrait appuyer financièrement par ses impôts de tels organismes qui abandonnent leur mission originale et devraient dès lors relever du privé.

Mais peut-être y a-t-il aussi un élément non négligeable de pensée magique. Plusieurs dirigeants semblent croire qu’il suffit de s’appeler « Institute of Technology » pour devenir l’égal du célèbre MIT américain ou encore d’écrire sur le fronton d’un édifice « Paris School of Economics » ou « Toulouse School of Economics », pour se considérer l’égal des School of Business américaines. Plus tordu au plan linguistique est bien sûr la récente « Sorbonne université », qui écorche la syntaxe et l’oreille françaises, gardant tout de même une petite gêne en troquant le « y » pour le « é », évitant ainsi d’écrire plus logiquement ce dont ils rêvent vraiment : « Sorbonne university ».


Ainsi, pour reprendre une autre expression utilisée récemment par le président Macron, il peut être parfois utile de lancer un « wake up call ».


France — « Avant de coder, les élèves ont besoin d’apprendre les fondamentaux »

Beaucoup de professeurs des écoles ne s’estiment pas compétents, car ils n’ont pas reçu de formation sur le sujet. Et comme ils ont une éthique professionnelle, ils préfèrent enseigner des choses qu’ils maîtrisent » « Il faut apprendre à coder dès 10 ans. » En 2016, dans une interview accordée au média Acteurs publics, Cédric Villani, la vedette française des mathématiques, désormais député et candidat à la mairie de Paris, militait pour un apprentissage de la programmation informatique dès l’école primaire. Cet enseignement, déjà expérimenté dans plusieurs établissements depuis 2014, fait désormais partie des programmes de primaire et du collège [élèves âgés de 12 à 15 ans] depuis la rentrée 2016.

En primaire, les élèves apprennent à « programmer les déplacements d’un robot ou d’un personnage sur écran » ou à « construire une figure simple ». Mais la mise en place de ce nouvel enseignement n’est pas aussi facile que prévu. Selon une étude effectuée par plusieurs enseignants-chercheurs auprès de 578 professeurs des écoles en 2018, 45 % d’entre eux n’enseignent pas encore la programmation dans leur classe. En réalité, le chiffre serait même beaucoup plus élevé. « Il n’y a pas la moitié des instituteurs qui enseigne aujourd’hui le code à leurs élèves », confie un enseignant ayant travaillé à la mise en place de la réforme. Le ministère, qui affirme ne pas avoir de données officielles, admet à demi-mot que les chiffres évoqués correspondent à peu près à la réalité.
Code source en LOGO et résultat affiché
dans une fenêtre DOS.

Ce n’est pas une idée neuve, il y a plus de 30 ans, la mode était de programmer la tortue LOGO, cela n’a rien donné.


Pour JEAN-RÉMI Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), les élèves ont d’abord besoin d’apprendre les fondamentaux. Il s’est livré au Figaro.

LE FIGARO. – L’apprentissage de la programmation à l’école primaire, est-ce une bonne idée ?


Jean-Rémi GIRARD. – Non, nous avons autre chose à faire. Avant de coder, les élèves ont besoin d’apprendre les fondamentaux : l’écriture, la lecture, l’histoire, les mathématiques, les enseignements artistiques. On a passé des années à taper sur le code grammatical, et là, il faudrait enseigner le code informatique. « Le code pour tous » est un slogan stupide. Tout le monde ne va pas s’amuser à coder. Quand on voit les enquêtes sur le niveau de nos élèves, on se dit qu’on a peut-être d’autres priorités avant d’apprendre l’informatique dès le plus jeune âge.

Peu d’instituteurs enseignent le code, alors qu’il fait désormais partie du programme officiel. Pourquoi ? Apprendre le code aux élèves n’est pas jugé prioritaire par la plupart des collègues. Beaucoup de professeurs des écoles ne s’estiment pas compétents, car ils n’ont pas reçu de formation sur le sujet. Et comme ils ont une éthique professionnelle, ils préfèrent enseigner des choses qu’ils maîtrisent. Puis, globalement, l’école primaire est très mal dotée et servie en termes de matériel. Il y a quelques années, 15 % des écoles primaires n’avaient pas encore de connexion internet. Ce chiffre n’a pas dû changer beaucoup. Nous n’avons ni les postes suffisants, ni les logiciels, ni les bonnes formations pour que les professeurs des écoles s’emparent de ce sujet. Et, surtout, nous n’avons pas le temps : les programmes sont chargés, avec des matières très importantes. Nous n’avons pas la possibilité de papillonner, on ne veut pas que les élèves se retrouvent avec des lacunes qu’ils auront du mal à rattraper par la suite.

Tous les professeurs des écoles peuvent-ils être formés pour enseigner le code ? Beaucoup n’en ont pas envie, et la plupart n’ont pas le niveau. L’enseignement du code n’est pas du tout évalué au concours de recrutement de professeurs des écoles. Il n’est pas non plus proposé dans la formation continue. Il ne faut donc pas s’étonner que les collègues ne l’enseignent pas ou l’enseignent mal.


Éducation à la sexualité — le ministre Roberge cherche à restreindre encore plus le choix des parents

Le gouvernement québécois songe à encore resserrer les balises permettant de dispenser certains enfants des cours gouvernementaux d’éducation à la sexualité après avoir interrogé une commission scolaire où près de 200 jeunes ont été exemptés.

Dans les dernières semaines, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge (ci-contre), a demandé à son ministère de lui proposer des moyens pour modifier la façon de procéder quand des parents veulent que leurs enfants soient sortis de la classe lorsque certains contenus d’éducation à la sexualité sont abordés, a appris Le Journal de Québec Il s’agit bien sûr & amp ; mdash ; nous sommes au Québec & amp ; mdash ; de s’assurer que le choix des parents sera moins respecté.

M. Roberge a également demandé au ministère de documenter les pratiques des écoles qui ont eu à gérer plusieurs demandes de parents, selon une source bien au fait du dossier.

Depuis l’an dernier, les contenus d’éducation à la sexualité sont de retour dans toutes les écoles du Québec. Actuellement, les parents peuvent demander une dérogation pour des raisons religieuses à condition de prêter serment et de prouver le caractère « sérieux » de leur requête. La décision revient à la direction de l’école.

En novembre, Le Journal de Québec publiait un article indiquant que la grande majorité (192) des élèves dispensés fréquentaient la Commission scolaire Portages-de-l’Outaouais (CSPO). Dans l’ensemble du Québec, moins de 270 jeunes ont été exemptés.

« Ils ont trouvé la faille »

Le ministre a donc demandé des comptes à la CSPO, pour s’assurer qu’aucune étape de la procédure n’a été escamotée. Selon nos informations, M. Roberge a conclu que les balises ont été respectées par les écoles, mais qu’un groupe de parents a trouvé une « faille ». Ils échappent à l’emprise du monopole de l’éducation du Québec. C’est intolérable pour l’ex-instituteur Roberge.

Le Journal de Québec a pu obtenir les explications et les documents de la commission scolaire fournis au ministre à la suite d’une demande d’accès à l’information.

On peut y voir que plusieurs parents ont utilisé un format et des arguments semblables pour remplir leur demande. Ce n’est que normal : lors des refus systématiques d’exemptions au cours d’ECR, les commissions scolaires utilisaient bien des réponses préformatés établies à l’avance !

En entrevue, le président du groupe Parents engagés de l’Outaouais avait d’ailleurs dit au Journal avoir aidé de nombreux parents mécontents de l’approche choisie par Québec pour parler d’homosexualité et de la « réalité » [dixit le Journal de Québec] transgenre.

Mais comment évaluer le « caractère sérieux » de ces demandes ? La CSPO se posait la question en février. Le directeur des ressources éducatives a contacté le ministère pour avoir des précisions, peut-on lire dans les échanges de courriels.

« La direction n’a pas à investiguer sur les motifs de la demande d’exemption, lui a alors répondu un responsable du ministère. [L’école] doit s’assurer (et non juger) du caractère sérieux [...] en fonction de l’atteinte alléguée. »

Certains continuent de prétendre que la Coalition avenir Québec est un parti de droite ou même de centre-droite... Il applique exactement les mêmes règles restrictives et les mêmes programmes scolaires que le PQ et le PLQ.