mercredi 31 octobre 2018

Toujours plus d'État et de monopole : convertir les garderies privées en CPE

Les chercheurs d’un institut qui se dit indépendant et « progressiste » (étatiste serait un meilleur terme) recommandent de cesser de créer de nouvelles places en garderies privées au Québec et de convertir l’ensemble des garderies privées non subventionnées en centres de la petite enfance (CPE).

L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) précise dans une note publiée mardi que l’État doit, selon lui, créer précisément 67 246 places en CPE et rétablir le financement des services de garde subventionnés au niveau de 2013. Les auteurs de la note affirment qu’une telle conversion permettra de diminuer le crédit d’impôt pour garde d’enfant. L’IRIS a observé que depuis 2007, le nombre de garderies privées non subventionnées a augmenté de 1 382 %. L’Institut salue la promesse du nouveau gouvernement du Québec de mettre fin à la modulation des frais de garde, mais la note préparée par le militant Philippe Hurteau — qui écrit dans le magazine d’extrême gauche Presse-toi à gauche !] démontrerait selon ses dires qu’il faut aller plus loin. Il suggère au gouvernement de consacrer 892,4 millions $ pour que chaque enfant inscrit dans une garderie privée non subventionnée puisse avoir accès à un CPE pour profiter, à son avis, de meilleurs services éducatifs [*], d’un milieu de socialisation et de repas de qualité.




[*] Aucune étude sérieuse ne prouve que les résultats à long terme des CPE sont globalement meilleurs que ceux des garderies privées, ni bien sûr des enfants gardés à la maison par un parent (ce serait plutôt l'inverse dans ce cas). Les études qui insistent sur la qualité des CPE mesurent celles-ci non sur les résultats des jeunes à l’école, au secondaire par exemple, mais en prenant des critères qui favorisent les CPE : des éducatrices plus formées (mais de manière vraiment utile ?), plus de dépenses, des locaux payés par le contribuable plus conformes à la réglementation, etc.


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Je me suis intéressé aux garderies universelles lorsque Michael Baker est venu à Queen’s et a présenté les résultats de la recherche qu’il avait faite avec Kevin Milligan et Jon Gruber. Ils avaient constaté que le programme de garde d’enfants du Québec, l’accès à des services de garde subventionnés universels, aboutissait à une augmentation d’effets comportementaux défavorables chez l’enfant et de résultats préjudiciables dans la famille.

Je vais être franc : je n’y avais pas cru. Je pensais l’inverse.

[...]

Lorsque les parents envoient leurs enfants à la garderie [ou le CPE, débat un peu stérile au Québec], ils finissent par s’occuper nettement moins de ceux-ci, ils lisent notamment nettement moins à leurs enfants. Les parents supposent que leur enfant bénéficie de nombre d’activités éducatives dans les garderies. Ils pensent qu’il s’agit plus d’une éducation précoce que d’une garde précoce. Ce que nous avons constaté, c’est que les enfants qui sont vraiment très peu stimulés à la maison bénéficient de la garderie qu’ils y reçoivent plus de stimulation qu’à la maison. Mais pour les autres enfants, ils finissent par s’en tirer plus mal parce qu’une garde collective n’est pas aussi efficace qu’une garde individuelle.



Garderies privées et CPE : plus ciblées, moins universelles, de meilleure qualité et soutenir d’autres choix...

La maternelle à 4 ans au Québec, étude : peu d’effets positifs


Une nouvelle étude souligne les conséquences néfastes des garderies « universelles » québécoises

« Le Québec, leader en matière de petite enfance » (Mais comment le Québec a-t-il atteint sa première place et la Saskatchewan sa mauvaise note ? Par un effet de système qui favorise les provinces dépensières dans le domaine, pas par une mesure réelle de l’efficacité quelconque des sommes dépensées.)

Les CPE québécois ne sont pas un exemple à suivre

Allemagne — Légère baisse de la natalité après quatre années de petite hausse

En 2017, le nombre des naissances a baissé en Allemagne par rapport à l’année précédente, selon les données publiées mercredi par l’Office fédéral de la statistique (Destasis).

En 2017, environ 785 000 nourrissons étaient nés, soit 7 000 de moins que l’année précédente. Le taux de natalité se situait à 1,57 enfant par femme contre 1,59 enfant par femme, en moyenne, l’année précédente.

Les données font apparaître une différence significative — en termes de taux de natalité — entre les femmes qui ont un passeport allemand (1,45 enfant par femme en moyenne) et les femmes qui vivent en Allemagne, mais qui sont ressortissantes d’autres pays (2,15 enfants par femme en moyenne). Les taux de natalité observés parmi les femmes étrangères vivant en Allemagne ne sont pas aussi élevés, cependant, qu’il y a un an.

À l’exception de Berlin, les taux de natalité en Allemagne de l’Est (qui votent le plus pour les nationalistes de l'AfD) étaient supérieurs à ceux de l’Allemagne de l’Ouest. Les taux les plus faibles ont été enregistrés à Berlin (ville très à gauche sur le plan des mœurs).

Les chiffres officiels suggèrent que le léger regain dont l’Allemagne a bénéficié entre 2012 et 2016 ne se poursuit pas, même si les taux de natalité se stabilisent à un niveau relativement élevé pour l’Allemagne. En 2011, l’indice de fécondité était de 1,39 pour l’Allemagne. Rappelons qu’il faut 2,1 enfants par femme pour que la population se renouvelle. La natalité allemande est désormais similaire à la natalité québécoise. Avec 1,45 enfant par femme allemande, quatre grands-parents ont 2,9 enfants et, si ceux-ci ont la même fécondité, 2,1 petits-enfants allemands.

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Pourquoi le patriarcat a de l’avenir

Allemagne — La formation des réfugiés un énorme défi

Bavière — Une croix dans chaque bâtiment public (M-à-j : réactions)

Démographie : la population de la Turquie rejoint celle de l'Allemagne à 82,8 millions d'habitants en 2018 (Rappel de la population de l'Allemagne en 1927 : 63,9 millions, Turquie en 1927 : 13,7 millions).

lundi 29 octobre 2018

Ensauvagement — Où sont les pères ?

Texte de Chantal Delsol, de l’Institut. Dernier ouvrage paru : « Un personnage d’aventure : petite philosophie de l’enfance » (Cerf, 2017)

La stupeur domine à voir un garçon de 13 ans tué à coups de barres de fer par des adolescents de son âge aux Lilas (Seine–Saint-Denis). On a le sentiment — le souvenir ? — que « cela n’arrivait pas avant ». Les rixes et les règlements de comptes existent dans toutes les zones urbaines, et certaines en sont coutumières. Mais un jeune ado, presque un enfant ! Puis, on nous informait que, à Créteil, un lycéen a braqué un pistolet à bille sur son professeur afin d’être marqué présent pendant qu’un de ses camarades filmait la scène et la diffusait sur les réseaux sociaux…

L’enfant n’est pas le bon sauvage de Rousseau. Il attend son humanisation. Si on ne l’humanise pas d’une manière ou de l’autre il se hâte de demeurer au chaud dans la barbarie primitive. Ainsi, ce ne sont pas de mauvais enfants qui vont chercher la barre de fer pour assassiner le voisin de cité — ce sont des enfants qu’on a renoncé à humaniser. Ou pire encore, qu’on se refuse d’humaniser, par utopisme, par démagogie, par lâcheté d’adulte. Dans les sociétés mondiales, l’ordre social, celui qui permet d’éviter ce genre d’insupportable meurtre, peut être atteint de deux manières possibles. Ou bien l’enfant est éduqué à la liberté, c’est-à-dire en permanent apprentissage de la responsabilité personnelle, ce qui est en principe le cas dans les sociétés démocratiques qui sont des fabriques de citoyens. Ou bien l’enfant est élevé dans la soumission, et un État autocratique vient réprimer tout écart, en général avec tant de sévérité que finalement l’ordre règne. Dans le premier cas, l’enfant n’ira pas chercher la barre de fer parce qu’on lui a appris patiemment à remplacer la violence par les mots, et parce qu’il est contrôlé et accompagné par ses parents. Dans le second cas, il n’ira pas chercher la barre de fer parce qu’il sait que la police sera là avant lui, et que sa vie est ruinée s’il se livre à ce genre d’agression.

Le problème est que chacun de ces modèles sous-entend des conditions spécifiques. Notre modèle, celui occidental qui préfère l’apprentissage de la liberté et de la responsabilité, et la fabrique de citoyens, requiert une éducation soignée, qui ne s’arrête pas à l’affection et au dressage. Éduquer à la responsabilité exige généralement deux parents, c’est-à-dire deux pôles d’autorité capables de maintenir l’équilibre entre l’affection essentielle et la prise de risque que nécessite tout apprentissage de la liberté. Pour cela, les psychiatres le savent bien, il faut généralement un père. L’affirmation s’entend évidemment de façon générale sans préjuger des exceptions nombreuses. On constatera que dans toutes les sociétés dont les pères sont absents ou lointains (sociétés polygames, sociétés matriarcales), le gouvernement est autocratique. Il n’y a pas de hasard si les sociétés occidentales démocratiques sont en même temps, traditionnellement, des sociétés patriarcales (mais certaines sociétés patriarcales peuvent être en même temps autocratiques, comme la Chine).

Aussi y a-t-il une grande incohérence à vouloir écarter les pères et récuser l’autorité des parents (interdire la fessée !), ou à vouloir comme c’est le cas des lois en cours, programmer délibérément des enfants sans père. On aura remarqué l’enthousiasme frénétique avec lequel nos médias tentent de nous convaincre des bienfaits du matriarcat. Lors de son 50e anniversaire, en 1995, les Nations unies ont déclaré que les Moso (une minorité ethnique de Chine, NDLR), une société matriarcale sans père ni mari, étaient un « peuple modèle », une « société parfaite » (je cite) !

On croit rêver. La société sans père est autocratique, parce qu’il faut bien à un moment donné stopper les méfaits du jeune barbare. Et la mère seule a beaucoup de mal à éduquer à la liberté en même temps qu’elle apporte l’indispensable affection, car l’un et l’autre s’entrechoquent et se contredisent. Des études sociologiques américaines et norvégiennes (un résumé de nombre de ces études figure dans Le Coût social de la famille déstructurée, de Paul C.Vitz, in Revue éthique, 1996, n° 21, équivalent en anglais disponible en ligne) ont été faites depuis vingt ans sur le devenir des enfants élevés par la mère seule. Sur des chiffres importants qui garantissent le sérieux des enquêtes, les résultats sont impressionnants. Les jeunes garçons délinquants sont le plus souvent ceux qui ont été privés de père. En France, on renâcle à publier ces enquêtes, et, placés devant ces chiffres, les sociologues ont tendance à récuser la corrélation, qui pourrait « discriminer » les familles monoparentales… Elle existe pourtant, sur le long terme et dans des pays fort divers (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Norvège… des dizaines d’études sont référencées dans l’article cité ci-dessus).

Si on ne veut pas de pères dans les maisons, on aura un jour prochain la police dans les lycées et une sévérité pénale singapourienne. Aujourd’hui, le garçon de 13 ans est assassiné parce que nous sommes dans une situation politico-sociale de transition : nous avons une société démocratique (et non un État policier) et en même temps l’autorité parentale et paternelle est dénigrée ou récusée. Nous ne pourrons pas demeurer longtemps dans cette situation. Il nous faudra accepter de légitimer une autorité d’un côté ou de l’autre — aucune société ne peut vivre dans une situation anomique, où les enfants s’entretuent.

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Idées reçues sur les blancs américains, écart moral et culturel croissant des classes sociales : les classes moyennes supérieures sont plus religieuses, plus souvent traditionnelles, plus souvent encore mariées que les classes sociales moins nanties.

Richard Martineau : « L’école sert à extirper l’enfant de son milieu familial et à l’exposer à d’autres valeurs » [sexuelles]. Permissives ?


Québec — Hausse constante de l'utilisation d'antidépresseurs chez les jeunes

La consommation d’antidépresseurs est en hausse constante chez les jeunes, en particulier chez les adolescentes.

Selon les derniers chiffres obtenus auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), 2157 jeunes filles âgées de 14 à 17 ans ont eu recours à des antidépresseurs en 2017 comparé à 826 en 2007, soit une augmentation d’environ 160 %.

Les filles sont deux fois plus nombreuses à avoir recours à ce type de prescription que les garçons du même âge, un phénomène qui existe depuis déjà plusieurs années.

Les antidépresseurs sont prescrits pour traiter la dépression, mais aussi l’anxiété, qui pourrait représenter environ la moitié des cas, estime le pédopsychiatre Frédéric Charland, président du comité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Association des médecins psychiatres du Québec.

Ce dernier n’est pas étonné par l’augmentation du recours à la médication chez les jeunes filles, puisqu’on observe depuis déjà plusieurs années davantage de troubles de l’humeur chez les femmes, peu importe l’âge, précise-t-il.

Augmentation généralisée

L’augmentation ne concerne toutefois pas seulement les filles. De manière générale, le nombre total de jeunes Québécois de 17 ans et moins qui consomment des antidépresseurs est passé de 1886 à 4098 en 10 ans, ce qui représente une hausse de 115 %.

Les troubles de santé mentale sont effectivement en augmentation, mais ils seraient aussi plus détectés qu’avant, précise le Dr>/sup> Charland.

Or, le recours à la médication préoccupe Joël Monzée, professeur de psychiatrie à l’Université de Sherbrooke. Il est plus facile au Québec d’avoir accès à une prescription qu’à un psychologue, déplore-t-il. « On a mis beaucoup d’argent collectivement sur le médicament et on a oublié que l’esprit humain a parfois besoin d’autre chose que de prendre une pilule ».

Cette préoccupation est partagée par le Dr Charland, qui déplore aussi le manque de suivis thérapeutiques. « Lorsque les traitements psychosociaux ne sont pas disponibles, c’est la médication qui vient prendre la place. »

La médication peut toutefois être incontournable dans le cas d’un jeune qui a des idées suicidaires, précise toutefois M. Monzée. « Il vaut mieux médicamenter que d’oser risquer un drame », lance-t-il.

Lorsqu’un jeune a recours à la médication, l’intervention au niveau psychologique reste tout aussi nécessaire pour éviter que le patient ne revive des épisodes de dépression ou d’anxiété une fois la médication cessée, précise-t-il.

Juges européens : droit de blasphème contre christianisme, mais délit de blasphème contre l'islam ?

Selon le docteur en droit Grégor Puppinck, en confirmant jeudi la condamnation d'une Autrichienne qui avait évoqué en public la «pédophilie» de Mahomet, la CEDH reconnaît l'existence d'un délit de blasphème. Grégor Puppinck est docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ). Il est membre du panel d'experts de l'OSCE sur la liberté de conscience et de religion. Il est l'auteur d'une étude sur l'objection de conscience et les droits de l'homme, publiée aux éditions du CNRS en 2016. Prochain livre à paraître: Les droits de l'homme dénaturé (Le Cerf, novembre 2018).

Les faits. En Autriche, lors d'une conférence organisée au sein du FPÖ et intitulée «connaissance élémentaire de l'islam», la conférencière et responsable du FPÖ a été condamnée pour avoir dit, à propos du mariage de Mahomet avec une fillette de 6 ans et de sa consommation sexuelle à l'âge de 9 ans: «Comment appelons-nous cela, si ce n'est de la pédophilie?». Elle voulait notamment alerter sur la pratique du mariage des mineurs dans l'islam, suivant l'exemple de Mahomet. Alors qu'elle a contesté en 2012 cette condamnation devant la Cour européenne des droits de l'homme, cette dernière a confirmé la décision des juges autrichiens dans un arrêt rendu public jeudi 25 octobre. L'ECLJ est intervenu dans cette affaire pour défendre la plaignante.

— La Cour européenne des droits de l'homme vient de confirmer la condamnation d'une Autrichienne qui avait évoqué lors d'un meeting la «pédophilie» de Mahomet. Sur quel motif s'appuie cette condamnation?

Grégor PUPPINCK. Le seul véritable motif de cette décision est la peur des musulmans. La Cour le dit expressément: les autorités autrichiennes ont eu raison de condamner ces propos pour préserver la «paix religieuse» et la «tolérance mutuelle» dans la société autrichienne. Selon la Cour, les États auraient à présent, et c'est nouveau, «l'obligation d'assurer la coexistence pacifique de toutes les religions et de ceux n'appartenant à aucune religion, en garantissant la tolérance mutuelle».

La Cour développe plusieurs arguments à l'appui de sa conclusion.

D'abord, elle juge l'intention même de la conférencière, et la condamne en estimant qu'elle n'a pas tant cherché à informer le public qu'à «dénigrer» Mahomet et à démontrer «qu'il n'est pas digne d'être vénéré», et par suite à inciter à la violence. Ainsi, dénigrer Mahomet n'est pas protégé par la liberté d'expression: il ne faudrait en parler qu'avec respect et des bonnes intentions!

La Cour a jugé ensuite - de façon incroyable - que ces propos n'étaient pas l'expression d'un fait mais d'un jugement de valeur personnel et hostile, car la conférencière n'aurait pas resitué les faits dans leur contexte historique, ni précisé que la première épouse de Mahomet était bien plus âgée que lui. Dès lors, elle aurait «généralisé» la pédophilie de Mahomet de façon malveillante. Pour la Cour, alors, la conférencière était de mauvaise foi, et c'est «légitimement» que les musulmans auraient pu se sentir «offensés» par ces propos et que les juridictions autrichiennes les ont condamnés.

Cette décision est grave à mes yeux. D'abord parce qu'elle se résigne à l'intolérance et même à la violence des musulmans face à la critique, et qu'elle renonce à défendre fermement la liberté d'expression sur l'islam. En fait, c'est la violence même des musulmans qui justifierait et exigerait que leurs croyances soient davantage protégées contre les critiques.

Plus profondément, cette décision est aussi très grave car elle fait primer les objectifs de «tolérance mutuelle» et de «coexistence pacifique» sur la liberté de pensée et d'expression en matière religieuse. Elle permet de museler la critique de l'islam au nom du vivre-ensemble. Cela va à rebours de la modernité occidentale qui exige au contraire de soumettre l'islam à la critique historique, sans peur de bousculer les croyances de ses adeptes et même de provoquer des tensions.

Mais pour estimer et protéger le débat critique et la controverse, il faut encore croire en la vérité et en la vertu. Ce n'est malheureusement pas le cas de cette décision qui est purement relativiste. Faire de la tolérance et de la coexistence des valeurs et des objectifs en soi est une abdication de l'esprit. La société européenne ne doit pas renoncer à être fondée sur la justice et la vertu qui sont, par définition, intransigeantes.

Ultimement, la logique de la coexistence et du vivre-ensemble repose sur le dogme absurde de l'égalité des religions. Pour ma part, je suis convaincu qu'il est urgent de détruire ce dogme, de critiquer et de comparer les religions par rapport à leur contribution au bien de l'humanité. Quant à la liberté d'expression, je pense que seule la diffusion d'obscénités gratuitement offensantes et inutiles au débat ainsi que les propos incitant à la violence immédiate peuvent être restreints. Tout autre propos - surtout lorsqu'il s'appuie sur des faits réels - devrait être protégé au titre de la liberté d'expression.

— La décision rendue par la CEDH aurait justifié la condamnation des caricatures de Charlie Hebdo, mais aussi de Voltaire, Ernest Renan ou encore Auguste Comte. La Cour européenne des droits de l'homme n'est pas vraiment Charlie...

N'est-il pas étonnant de voir la CEDH maintenir un «délit de blasphème» alors même que, partout en Europe, il tend à disparaître? Les Irlandais s'apprêtent par exemple à le retirer de leur Constitution.

Oui, il est vrai que depuis 2009, les instances internationales et européennes se sont toutes déclarées en faveur de l'abolition du délit de blasphème. C'est pourquoi il a été retiré du droit local alsacien en 2016, et que les Irlandais s'apprêtent à faire de même prochainement. Cette décision de Strasbourg va donc à contre-courant.

La Cour a adopté une position inverse en accordant sa protection à des blasphèmes contre la religion chrétienne.

En fait, cette tendance est une réaction de défense face à l'offensive menée à l'ONU par l'Organisation de la Conférence Islamique pour créer en droit international un délit de blasphème sous l'appellation de «diffamation de l'islam». Il y a donc eu un conflit en droit international entre les conceptions musulmane et occidentale de la liberté d'expression en matière religieuse. La Cour, dans cette affaire, a opté pour la conception musulmane… conforme à la charia.

— En somme, la CEDH défend ceux qui blasphèment contre le christianisme, mais condamne ceux qui blasphèment contre l'islam...

Force est de constater que dans deux jugements récents, la Cour a adopté une position inverse en accordant sa protection à des blasphèmes contre la religion chrétienne. Il ne s'agissait pas, dans ces affaires, de débat historique, mais de simples publicités commerciales et d'activisme politique.

Il y a d'abord eu l'affaire des publicités représentant le Christ et la Vierge Marie comme des junkys tatoués et lascifs. La Cour de Strasbourg n'a pas admis la condamnation de ces publicités, alors même qu'elles choquaient gratuitement, dans un seul objectif commercial. Elle a condamné la Lituanie.

Il y a ensuite eu l'affaire des «Pussy Riot», ce fameux groupe d'agitatrices punk qui avait été lourdement condamné en Russie pour avoir organisé un concert sauvage dans le chœur de la Cathédrale orthodoxe de Moscou. Ici encore, la CEDH a protégé leur liberté d'expression, reconnaissant tout au plus qu'une réaction au manquement à des règles ordinaires de conduite dans un lieu de culte aurait pu être justifiée.

On peine à s'expliquer la divergence d'approches de la Cour entre ces différentes affaires.

— Ailleurs dans le monde, une jeune femme, Asia Bibi, a été condamnée à mort pour blasphème. Que font les défenseurs des droits de l'homme?

L'ECLJ dispose d'un bureau au Pakistan qui y défend courageusement les nombreux chrétiens persécutés, tels qu'Asia Bibi. Face à l'islam, nous avons aussi besoin en Europe de défenseurs courageux des droits de l'homme. Ce n'est pas le signal que donne la Cour européenne avec cette décision... J'espère que cette affaire sera rejugée, en appel, devant la Grande Chambre de la Cour européenne, et que celle-ci saura alors faire preuve du courage qu'exigent les circonstances actuelles.

Source

Élection de Bolsonaro au Brésil : impact sur les écoles et universités

Dans les classements du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), référence dans le domaine de la mesure des performances des systèmes éducatifs, le Brésil fait office de mauvais élève parmi les pays développés. Il se classe entre la 59e et la 65e place en mathématiques, sciences et lecture.

Jair Bolsonaro préconise donc de changer le contenu et les méthodes des programmes scolaires, avec « plus de mathématiques, de sciences et de portugais », et ce « sans endoctrinement ni sexualisation précoce ». Défenseur des valeurs chrétiennes et de la famille, soutenu par les évangéliques ultraconservateurs, il fait ici référence à son adversaire du second tour, Fernando Haddad. En 2011, alors qu’il était ministre de l’Éducation, ce dernier avait fait distribuer dans les écoles des manuels contre l’homophobie. En août dernier, Jair Bolsonaro avait affirmé à la télévision que ces manuels étaient des « trousses homos », poussant les enfants vers l’homosexualité. Il avait brandi le Guide du zizi sexuel de Titeuf, de l’auteur suisse Zep [plus de détails ici], qui vise à expliquer la sexualité aux enfants.


En dehors des valeurs chrétiennes, le candidat du PSL souhaite mettre en avant dans les programmes scolaires le patriotisme et le nationalisme. Le général Ribeiro Souto, responsable du volet éducation du programme de Jair Bolsonaro, compte mettre en place une « nouvelle bibliographie pour les écoles » pour « enseigner la vérité sur 1964 », date du coup d’État miliaire qui a instauré la dictature jusqu’en 1985.

Enfin, Bolsonaro veut réduire les quotas de places réservées aux Brésiliens noirs dans les universités publiques et dans la fonction publique. « Je ne dirai pas que je vais mettre fin aux quotas, car cela dépend du Congrès. Peut-être, réduire le pourcentage. Non seulement pour l’université, mais aussi dans les concours de la fonction publique. Pour l’amour de Dieu, mettons fin à cette division au Brésil. » (Source)

La loi 12 990 du 9 juin 2014 réserve 20 % des postes vacants dans les concours publics des administrations publiques fédérales, des municipalités, des fondations et des sociétés d’économie mixte ou à économie mixte contrôlées par le gouvernement aux personnes qui se disent noirs ou mulâtres. Les quotas d’admission dans les universités et les établissements fédéraux d’enseignement technique moyen sont définis par la loi n° 12 711 du 29 août 2012. Cette loi exige que 50 % des postes vacants de chaque sélection soient réservés Grâce à diverses mesures de discrimination en faveur des noirs, métisses et mulâtres, le pourcentage de Noirs et mulâtres inscrits dans les universités publiques fédérales est passé de 20 % en 2011 à 40 % en 2016. Notons que le président brésilien ne peut modifier ces lois de son propre chef, il faut que le congrès brésilien où son parti est minoritaire passe une loi. Laquelle loi pourrait être déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême fédérale. En effet, le tribunal a déjà reconnu la constitutionnalité de la réservation de postes vacants pour les Noirs dans les universités publiques en 2012 et dans les concours publics en 2017.

Voir aussi

Brésil — discrimination raciale et en faveur des diplômés des écoles publiques dans les universités

Brésil: Rio réintroduit l’enseignement religieux facultatif

Parents brésiliens éducateurs à la maison condamnés en justice

État de droit (gouvernement des juges) contre démocratie ?

Les juges-prêtres (sur le livre L’emprise contemporaine des juges)

La Cour suprême du Canada : décideur politique de l’année 2014

Dicastocratie — « La réinvention du despotisme éclairé »

Histoire — Jean de Léry et les explorateurs français au Brésil (1555 à 1560)

dimanche 28 octobre 2018

Chrétiens, juifs et musulmans dans al-Andalus, mythes et réalités

Recension par Hélène Renard.

L’affirmation qu’en Espagne arabo-musulmane (du VIIIe au XVe siècle) les fidèles des trois religions ont pu vivre une coexistence harmonieuse en un paisible paradis est une falsification de l’histoire. Telle est la thèse de l’auteur qui entreprend ici une démystification de cette vision idyllique (soutenue, affirme-t-il, par une propagande efficace et utile à certains). Les faits historiques, les textes (en particulier juridiques), les trouvailles archéologiques récentes la démentent. Il aborde dans les deux premiers chapitres la façon dont l’Espagne a été colonisée et conquise par les forces du Califat islamique, démontrant qu’il s’agissait bien d’un djihad, d’une invasion à motifs religieux, avec pour effets la destruction d’une civilisation, celle de l’empire chrétien gréco-romain et wisigothique.

À partir du troisième chapitre, il détaille les réalités quotidiennes de la vie à al-Andalus, société régie par la charia, gouvernée par un clergé islamique, proche du malikisme, école conservatrice de la jurisprudence musulmane, où des mots comme tolérance, liberté de conscience, n’avaient aucun sens. La prétendue convivencia était quotidiennement accompagnée de décapitations, d’empalements, de crucifixions à la fois contre les musulmans blasphémateurs et contre les chrétiens et les juifs non soumis. Sans parler du sort réservé aux femmes, excisées, lapidées ou réduites à l’esclavage sexuel. Ni des destructions innombrables d’églises. Les Chrétiens restaient des dhimmis, tolérés, mais avec des mesures humiliantes, car en position d’inférieurs ; de même pour la majorité des juifs. Et bien entendu, l’auteur examine en les nuançant les apports culturels des grands esprits de l’époque (Averroès entre autres). Il démontre, avec l’appui de nombreuses références, que l’Espagne islamique ne fut pas une période heureuse, ouverte, tolérante, n’en déplaise aux tenants du « multiculturalisme ».

POINTS FORTS

· L’éclairage totalement nouveau offert par ce livre remettant en cause une croyance largement répandue et une vision, héritée du XIXe siècle, qui ne s’appuyait pas sur les faits historiques.

· Avec 190 pages de notes détaillées, dont la lecture n’est pas moins intéressante que le reste du texte, les sources et références sont non seulement citées, mais largement expliquées.

· Le courage de l’auteur qui ne craint pas d’être traité d’islamophobe — ce qu’il n’est pas à l’évidence — et contredit sans sourciller les affirmations de ses confrères historiens quand elles vantent une tolérance qui n’a jamais pu exister, les lois et textes juridiques de l’Islam, généralement méconnus, s’y opposant.

· Les « perles » citées en tête de chacun des chapitres : une sélection d’affirmations surprenantes qui laissent le lecteur plus qu’étonné...

· La préface de Remi Brague (membre de l’Académie des sciences morales et politiques) qui, depuis longtemps, dénonce cette vision idyllique : « C’était trop beau pour être vrai ».

POINTS FAIBLES

· L’éditeur, courageux lui aussi, aurait cependant dû veiller à ce que les citations des historiens chantres d’un paradis tolérant soient mises dans une autre police de caractère de façon à les distinguer d’emblée du reste du texte et de l’analyse de l’auteur.

· Les innombrables exemples, références, preuves, sources citées finissent par rendre à la longue, du moins pour le non-spécialiste, la lecture mal aisée. Les spécialistes, eux, apprécieront cette abondance justifiée par l’objectif de démystification.

EN DEUX MOTS...

S’il existe des dizaines d’ouvrages et d’articles, tous orientés dans la célébration de cette période hispano-islamique, il est juste et enrichissant que paraisse enfin une étude permettant une approche différente, « dégrisante » dit Rémi Brague.

UN EXTRAIT

« Rares sont les périodes de l’histoire qui ont été si mal interprétées ou déformées que l’Espagne musulmane. La tolérance si vantée des dirigeants omeyyades fait partie de cette narration ou de ce roman historique. Nous avons vu que cette interprétation ne résiste pas à un examen attentif... »

L’AUTEUR

Dario Fernandez-Morera est américain, né en 1950, professeur au département d’espagnol et de portugais de l’Université Northwestern (Chicago). Docteur de l’Université Harvard, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Espagne médiévale et s’est fait connaître par plusieurs monographies sur les auteurs du Siècle d’or. Dans sa version anglaise, paru aux États Unis, cet ouvrage a rencontré un grand succès auprès du public américain sous le titre The Myth of the Andalusian Paradise (2016).

Vidéo sur ce même livre 





Chrétiens, juifs et musulmans dans al-Andalus : Mythes et réalités
de Dario Fernandez-Morera
Paru chez Jean-Cyrille Godefroy
à Paris
le 13 septembre 2018
366 pages
ISBN-13: 978-2865533053

Voir aussi

Contes, légendes, clichés et réalité de l'Espagne musulmane

Histoire — « On a trop souvent mythifié el-Andalous »

Manuel d’histoire (1) — chrétiens intolérants, Saint Louis précurseur des nazis, pas de critique de l’islam tolérant pour sa part

Manuel d’histoire — Chrétiens tuent les hérétiques, musulmans apportent culture raffinée, pacifique et prospère en Espagne

Meilleur « vivre-ensemble » grâce à la connaissance ?

Rémi Brague sur l’islam, la culture classique et l’Europe

Les chrétiens et les juifs dans l’Occident musulman

La conservation du savoir grec à Constantinople et sa diffusion dans l’Europe romane

Usage de la raison : Rémi Brague sur la prétendue primauté Averroès sur Saint Anselme, Saint Thomas d'Aquin (vidéo)

samedi 27 octobre 2018

Michel Houellebecq : le suicide de l'Occident résultat de deux déclins, l'un démographique, l'autre religieux

Texte prononcé par Michel Houellebecq à Bruxelles le vendredi 19 octobre lors de sa réception du prix Oswald Spengler 2018.

Des journalistes m’ayant demandé s’ils pouvaient écrire que j’avais été influencé par Oswald Spengler, j’ai répondu que c’était trop simplificateur, qu’il valait mieux que je m’explique plus longuement sur ce point. Tel est l’objet de ce discours.

Je fais moi-même partie du jury d’un prix. La Fondation 30 Millions d’amis est une fondation française qui se consacre à la défense de la cause animale ; ils ont créé un prix littéraire.

Tous les ans, les jurés reçoivent deux types de livres :

– des romans dont l’un des personnages principaux est un animal ;

– des essais. Soit des essais scientifiques sur tel ou tel aspect du comportement animal. Soit des essais plus militants, par exemple sur les conditions de vie des animaux en élevage industriel.

Tous les ans, les jurés se rendent compte qu’il est possible de comparer des romans entre eux ; qu’il est possible de comparer des essais entre eux. Mais qu’il est impossible de comparer un roman et un essai ; qu’on a affaire à des entités, strictement, incommensurables.

Nous avons fini par prendre la seule décision rationnelle, celle de diviser le prix en deux : un prix pour la fiction, un prix pour l’essai.

Remise du prix Oswald Spengler à Bruxelles
(Comme c'est une ville belge massivement francophone, tout ce qui est écrit est en anglais)


On peut dire que Flaubert a influencé les romanciers naturalistes. On peut dire que Baudelaire a influencé de nombreux poètes de la seconde moitié du XIXe siècle (l’influence peut aussi être négative ; dans une large mesure, Nietzsche n’est qu’une réponse à Schopenhauer).

Bref, les véritables influences littéraires se produisent entre des gens qui écrivent le même type d’ouvrage. Et du point de vue philosophie ou essais, on ne peut pas dire que j’ai fait grand-chose. Il y a très peu de textes, et le plus long doit faire vingt pages. En fait, on pourrait même se demander si je mérite le prix Spengler.

La première réponse qui vient à l’esprit, c’est plutôt : « non ». Quelqu’un comme Éric Zemmour, qui a réellement produit des essais historiques de grande ampleur, et bien documentés, le mériterait dans un sens bien davantage.

Pourtant, en y réfléchissant plus longuement, j’ai fini par me dire que la réponse était : « oui ». Et c’est là qu’il y a quelque chose de vraiment mystérieux dans le roman. Je dis mystérieux alors que j’ai déjà écrit pas mal de romans ; mais oui, pour moi, le mystère demeure, et je ne sais toujours pas comment font les romanciers, même si j’en suis devenu un. Mais le fait est qu’on apprend davantage sur la France de 1830 en lisant les romans de Balzac qu’en lisant une dizaine d’historiens, aussi sérieux, compétents et bien documentés soient-ils. Et que si quelqu’un écrit dans cent ans : « Sur l’Occident de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, sur le déclin qu’il traversait à l’époque, Houellebecq offre un témoignage d’une grande valeur », c’est un compliment que j’accepte par avance.

Alors oui, dans ce sens, je me sens en droit d’accepter le prix Spengler.

vendredi 26 octobre 2018

Houellebecq : « l’intégration des musulmans ne pourrait fonctionner que si le catholicisme redevenait religion d’État »

Alors qu'on reparle de Michel Houellebecq pour ses propos sur la décadence européenne (voir la vidéo ci-dessous) et de la laïcité, rappelons que l'auteur à succès a une thèse originale sur l’intégration des musulmans.

Il a d’ailleurs la solution pour éviter la guerre civile en France. « Au fond, l’intégration des musulmans ne pourrait fonctionner que si le catholicisme redevenait religion d’État. Occuper la deuxième place, en tant que minorité respectée, dans un État catholique, les musulmans l’accepteraient bien plus facilement que la situation actuelle. Ils n’arrivent pas à se faire à l’État laïc, porteur d’une liberté de religion qu’ils ne comprennent pas. Le prophète Mahomet ne pouvait pas imaginer l’existence d’un athée », explique celui qui a écrit le très polémique Soumission, un livre d’anticipation où il imaginait l’arrivée au pouvoir d’un parti musulman. Avec une deuxième place, celle d’une minorité respectée dans un État catholique, les musulmans accepteraient mieux la légitimité de l’État français. Au contraire, au sein d’une société sécularisée avec un État laïc, ils considèrent la puissance publique comme un agent au service d’une guerre antireligieuse déguisée. Pour Michel Houellebecq, le régime de la laïcité n’est donc pas le meilleur garant de la concorde publique entre tous les citoyens pratiquant différentes religions.

Michel Houellebecq s’attaque ensuite à la politique. « La gauche (…) est à l’agonie. Ses idées sont mortes, le succès de Mélenchon ne reposait que sur lui-même, en aucun cas sur ses idées. » Et de poursuivre : « Il n’y a plus en France que la droite et l’extrême droite. La gauche a perdu sa force mobilisatrice. »

Dans le dernier numéro de Valeurs Actuelles, Michel Houellebecq réitère ce point de vue :




« Le remarquable retour du catholicisme » en France

Michel Houellebecq évoquait également dans cet entretien au Spiegel ce qu’il considère comme l’un des « moments les plus intéressants de l’histoire récente » et qu’il a pu observer en France. À l’occasion des manifestations contre le mariage pour tous, le monde politique a été abasourdi de découvrir une mobilisation de masse de cette population que l’on croyait disparue. « C’était un courant souterrain qui est remonté soudainement à la surface » : les catholiques français ont redécouvert à cette occasion leur poids et leur capacité de mobilisation.

Pour le romancier, ces mobilisations étaient beaucoup moins inspirées d’élans réactionnaires qu’on a pu le prétendre. Il les attribue essentiellement au renouveau lié aux mouvements charismatiques, qui ont su développer de nouvelles formes d’expressions et transformer la communication en s’inspirant des mouvements pentecôtistes. Le catholicisme que certains croyaient morts est apparu bien vivant et plein de vitalité.

Michel Houellebecq soulignait l’importance qu’il donne à la religion. Selon lui, elle joue un rôle moteur pour la constitution des communautés et elle aide à leur pérennité. Il explique : « J’ai la conviction qu’une religion, une vraie foi, est beaucoup plus puissante sur les esprits qu’une idéologie. Le communisme était une sorte de fausse religion, un mauvais ersatz, quand bien même il se présentait avec toute une liturgie ». C’est pour cette raison que, selon lui, il a pu disparaître. Ce ne sera pas le cas, explique-t-il, de l’islam ou du catholicisme.

Source

jeudi 25 octobre 2018

Ce que l'école québécoise transmet (audio)

La vie des idées animé par Mathieu Bock-Côté, avec Étienne-Alexandre Beauregard et Philippe Lorange, à propos de l'école québécoise et de ce qu'elle transmet.


mercredi 24 octobre 2018

Débat très houleux autour de l'immigration, de l'éducation et des banlieues immigrées

Débat très houleux autour de l’immigration, de l’éducation et des banlieues immigrées en France (pardon les zones à éducation prioritaire). Avec Laurent Obertone et Jean-Paul Brighelli.

Gérard Leclerc, amusant quand il dit que les choses s’améliorent parfois, par exemple les langues étrangères. Il veut dire meilleur dans une seule langue étrangère : l'anglais, car on se plaint en Alsace que les jeunes sont moins bons en allemand. Feu François-Georges Dreyfus, professeur d'histoire et de science politique à l'université de Strasbourg, se plaignait ainsi qu’il ne trouvait plus d’étudiants capables de lire des archives écrites en allemand, à Strasbourg donc, à quelques encablures de l'Allemagne. Jean-Paul Brighelli nuance ce relativisme optimisme : en réalité de nombreux élèves aujourd’hui sont mauvais en anglais, comme ils sont mauvais en français et parce qu’ils sont mauvais en français [et en grammaire], ce qui ne leur permet pas un accès à la langue étrangère dans le cadre de la classe. [Voir L’ADQ pour que l’État impose plus d’anglais dès la première année du primaire, qu’en dit un linguiste ?]

Jean-Paul Brighelli évoque aussi de la dévaluation des diplômes [études nettement plus longues sans hausse du niveau].

Discussion également sur la violence contre les professeurs (professeur braquée avec une arme par un élève, élèves qui déshabillent une professeur en classe...)

Le nouveau ministre de l'Éducation du Québec : une vision étriquée face au choix des parents

La CAQ (Coalition pour l’avenir du Québec) a remporté les élections et le Premier ministre a désigné Jean-François Roberge, un ancien enseignant, à la barre de ce ministère.

M. Roberge est un fervent partisan du controversé programme d’Éthique et de culture religieuse. En 2012, il s’est levé en congrès de la CAQ pour défendre cette créature, il fut à l’époque mis en minorité par les militants de la CAQ qui votèrent pour abolir le cours ECR au primaire.

Sur le plan de l’instruction à domicile qui connaît un succès croissant au Québec (en partie à cause de l’interdiction gouvernementale d’écoles religieuses décrétées illégales), on peut se faire une idée de ce que pense le nouveau ministre à la lumière de ses interventions au cours des débats qui se sont déroulé l’automne passé autour du projet de loi 144. Entre autres choses, il a présenté certains amendements proposant que l’enfant instruit à la maison doive être soumis au programme complet du ministère ainsi qu’aux examens ministériels. Réduisant la liberté de choix pédagogiques des parents à une peau de chagrin pour centraliser de plus en plus de pouvoir aux mains des bureaucrates.

M. Roberge a également proposé que la Direction pour la protection de la jeunesse (DPJ) puisse sévir contre les parents rétifs au Monopole de l’Éducation du Québec. Selon M. Roberge en décembre 2016, il faut qu’au Québec, le droit à l’éducation soit traité « sur le même pied que le droit à un toit, le droit d’être vêtu, le droit d’être nourri, le droit d’avoir des soins de santé ». Nous sommes d’accord avec M. Roberge quant au devoir d’éduquer ses enfants, le problème c’est qui décide du type de l’éducation de ses propres enfants ? Les parents ont-ils encore leur mot à dire ou le gouvernement sera-t-il juge et partie, et même seul juge et partie ? Les parents ont-ils encore le droit à ne pas suivre le programme étatique unique ? Rappelons que si les enfants ont le droit à avoir un toit, d’être vêtu et d’être nourri on ne sache pas que l’État impose un modèle unique de maison, des uniformes et un seulement type d’alimentation aux parents (« le programme d’éducation du Québec ») sous peine de visites de la DPJ. L'analogie de M. Roberge est donc boiteuse. Selon M. Roberge, il existe « un manque d’encadrement pour les jeunes qui font l’école à la maison » (J.-F. Roberge, 7/XII/2016). Les études ne prouvent pas que des contrôles plus tatillons assurent de meilleurs résultats scolaires pourtant...

C’est bien simple, ne pas suivre le programme d’éducation du Québec serait de la négligence pour l’instituteur Roberge, ce serait le nec plus ultra. Souhait du député J.-F. Roberge : « la DPJ intervient seulement si un jeune est victime de négligence, et, malheureusement, une scolarisation qui ne respecte pas le programme, qui ne mène pas à un diplôme, ce n’est pas considéré comme de la négligence. » (7/XII/2016) Espérons que M. Roberge voulait dire qui ne respecte pas le programme québécois ou un programme équivalent ou supérieur...

En général, M. Roberge survalorise l’action des professionnels embauchés par l’État et de la mise à l’écart des parents, comme l’implantation de la prématernelle à quatre ans. Des mesures inspirées du système ontarien, et « supportées par la science », selon lui. Sans doute fait-il référence à la partie des études du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) soulignant l’augmentation du vocabulaire chez les enfants scolarisés tôt, mais il évite de mentionner que, selon les mêmes études, cet avantage académique en bas âge s’estompe dès la fin du primaire, et s’accompagne de problèmes de comportement qui, eux, perdurent.


Voir aussi

Un État tatillon en éducation est-ce mieux ?

La CAQ vote pour l’abolition du programme ECR au primaire, M. J.-F. s’y oppose et est mis en minorité

Étude sur l’instruction à domicile au Canada

Du décrochage parental et de l’importance des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants

Les garçons éduqués dans le cadre d’une famille traditionnelle ont de meilleurs résultats scolaires

Selon l’étude intitulée L’Ennui (ou les difficultés) avec les garçons, basée sur des données détaillées sur près de 20 000 enfants américains pendant plus d’une décennie, n’a pas découvert de preuve décisive que l’échec croissant des garçons à l’école trouvait son origine dans des facteurs liés à l’école.


France — malgré des moyens très importants, constat d’échec des politiques d’éducation prioritaires

Dans un rapport publié mercredi 17 octobre, la Cour des comptes française juge sévèrement la politique d’éducation prioritaire.

Les politiques d’éducation prioritaire mise en place par les gouvernements français ne parviennent pas à accomplir leur mission première, qui est de réduire les inégalités de départ dans la réussite scolaire des enfants. Dans un rapport publié mercredi 17 octobre, la Cour des comptes dresse un bilan négatif de cette politique de « différenciation » des moyens (comprendre nettement plus de moyens pour les banlieues immigrées), apparue en 1981 avec les « zones d’éducation prioritaire » (ZEP).


La conclusion est sans appel : l’écart de résultat au diplôme national du brevet entre un enfant scolarisé dans un collège relevant du réseau d’éducation prioritaire (REP) et un enfant d’un collège favorisé reste situé entre 20 et 30 % en français et en mathématiques alors que l’objectif est de « limiter à 10 % ces écarts de niveau ».

La Cour affirme que les dispositifs prioritaires auraient permis de les stabiliser et conjecture que la situation serait probablement plus préoccupante encore s’ils n’avaient pas existé. Mais à l’entrée en 6e (11 ans), les écarts sont déjà acquis. La Cour affirme que ces dispositifs ne sont pas pensés pour remédier à une ségrégation sociospatiale aussi forte qu’elle ne l’est aujourd’hui, à laquelle se greffe une ségrégation scolaire sans précédent soit l’évitement des établissements REP et REP+ par les parents plus nantis : aucun n’enverrait ses enfants dans ces établissements très mal considérés.

Pour Pierre Duriot, enseignant du primaire, qui écrit dans Atlantico : « Doit-on nécessairement mettre cela sur le dos des politiques d’éducation prioritaire qui sont inefficaces ou observe-t-on aujourd’hui une forme de refus des aides que l’État propose ? Tout cela repose sur des mensonges et sur une dialectique, répétés en boucle depuis des années, sur tout ce qui touche aux zones d’éducation prioritaires. Ce sont des zones “d’exclusion et de pauvreté” : pas du tout. Ce sont des zones fort bien desservies par les transports en commun, les voies de communication, les ondes de toutes sortes. Y sont installés de nombreux commerces et services et par exemple, le PIB de la Seine–Saint-Denis est au quinzième rang national, même si le revenu net par habitant y est effectivement faible. Ces zones sont avant tout des zones à caractère ethnique, communautarisées et sous les coupes d’un islam plus ou moins radical et des gangs liés à la drogue, au banditisme ou à la prostitution. Gérard Collomb, lors de son départ du Ministère de l’Intérieur, a été très clair sur ce sujet. “La délinquance est liée à la pauvreté” : c’est encore faux. Si tel était le cas, la Creuse, la Nièvre ou la Lozère, les départements les plus pauvres, seraient des coupe-gorges. La délinquance est liée à la présence d’argent, en particulier d’argent sale, on ne vole rien chez les pauvres. Également, à la concentration d’une population fort connue, majoritaire dans ces quartiers, où l’on constate que les services de l’État, policiers, pompiers, ne se rendent plus qu’en force et avec gilets pare-balles. Mais le sujet doit être évoqué à demi-mot, alors même qu’il crève les yeux. “Les désordres sont le fait d’une minorité” : encore faux. Si tel était le cas, le problème serait réglé depuis longtemps. Non, sur ces zones, sur le sujet de l’islam des quartiers, le gouvernement dispose de statistiques certes peu connues, mais fiables. Depuis un audit sur la réussite au bac des jeunes hommes issus de l’immigration, on sait que les Asiatiques font bien mieux que la population générale, à 80 % d’une génération, contre 55/60 % pour la population ordinaire, mais autour de 30 % pour les Maghrébins et les Turcs. On sait aussi qu’une bonne soixantaine de pour cent des musulmans considèrent leurs préceptes culturels et religieux comme plus importants que ceux de la République. On a des expériences désastreuses comme le lycée Gallieni de Toulouse. Plus loin dans le temps, on a eu Creil et ses foulards, on a eu l’IUT de Saint-Denis. On connaît les phénomènes de harcèlement au voile et ainsi de suite. Autant de signes qui sont des indicateurs et dont on aurait dû tenir compte et avec lesquels on n’a rien fait. Il est donc fort logique qu’on ne puisse résoudre, avec de l’argent, un problème dont on est incapable de poser correctement l’énoncé. »

Pour Barbara Lefebvre, professeur dans le secondaire et coauteur avec Georges Bensoussan de Les Territoires perdus de la République et d’Une France soumise : « . Des analyses sur l’inefficacité des dispositifs de l’éducation prioritaire — inventée par la gauche mitterrandienne — on en a déjà lu. La dernière en date venait le Conseil national d’évaluation du système scolaire que M. Blanquer voudrait hélas, paraît-il, supprimer. En 2016, cette autorité indépendante a proposé une bonne analyse-bilan de cette politique de discrimination positive : en dépit de réussites locales, le Cnesco observait une mise en œuvre à l’échelle nationale insuffisante qui n’a donné aucun résultat tangible pour réduire les inégalités sociales ce qui était l’objectif annoncé par cette politique dès 1981. Le seul problème dans l’analyse du Cnesco c’est qu’il s’arrête au milieu du guet en se félicitant que l’éducation prioritaire a permis de poser un diagnostic. Tant d’argent dépensé pendant trente ans pour constater qu’il y a des inégalités scolaires qui recouvrent peu ou prou les inégalités socio-économiques ; “tout ça pour ça ?” serait-on tenté de dire. »

Mme Lefebvre poursuit : « La crise est générale, je l’ai constatée dans tous les établissements que j’ai fréquentés, ZEP ou non. C’est avant toute chose une crise de sens : les finalités du système éducatif ne font pas l’objet d’un vrai consensus. Pour toutes nos élites dirigeantes, depuis au moins trois décennies, l’école n’a plus au fond qu’une mission utilitaire : elle doit être efficace pour former des actifs adaptés à la loi du Marché mondialisé. Le gouvernement actuel l’assume au moins plus franchement que ses prédécesseurs qui ne le disaient pas publiquement, mais laissèrent l’école de la République aux mains des [gestionnaires publics], qui ne [sont] guère plus humains que [les gestionnaires] du privé. »

Pourtant, pour Mme Lefebvre et M. Brighelli (voir vidéo ci-dessous), on ne peut que constater la baisse du niveau culturel général, et une fois encore cela n’épargne aucune catégorie sociale. Il n’est qu’à observer le développement des écoles hors contrat loin d’être toutes animées par des motivations religieuses : les parents y cherchent une ambition culturelle. L’échec de l’école utilitariste que nous subissons depuis quarante ans est général, il est simplement plus flagrant en zone d’éducation prioritaire parce que des phénomènes de contre-sociétés avec des codes culturels venus d’ailleurs ont surgi depuis deux décennies environ. Elles sont venues occuper le vide laissé par l’abandon d’une politique d’intégration voire d’assimilation qui était, historiquement en France, l’œuvre de l’école puis de l’armée avec le service militaire — le vrai pas le Service universel civique d’un mois dans une association ou une ONG que nous promet le gouvernement…

La montée des revendications identitaires ou la culture de l’échec expliqueraient également en partie cet échec de l’école publique dans les banlieues immigrées. Pour Pierre Duriot, « On sait que l’envie de l’élève est le principal moteur de l’apprentissage. On sait également que le projet des parents pour leur enfant, leur adhésion à l’école et à la réussite scolaire conditionnent les dispositions et la réussite de l’élève. C’est tout cela qui est en panne. Pour bon nombre de musulmans de ces quartiers, l’environnement doit s’adapter à la culture majoritaire, la leur. Cette posture justement, pousse à revendiquer dans les cantines, les piscines, les lieux de culture, les entreprises, mais aussi l’école. » Il n’y a aucune volonté de se plier au projet éducatif d’une culture vue comme étrangère, parfois même « mécréante ».


Débat très houleux autour de l'immigration, de l'éducation et des banlieues immigrées



Québec — Clinique de changement de sexe débordée (épidémie psychologique sociale ?)

La seule clinique au Canada à faire des opérations de changement de sexe est débordée et doit agrandir de 30 % sa capacité d’accueil à Montréal en raison d’un nombre record de demandes chez les personnes qui se disent transgenres..

«On est un peu surpris par l’augmentation de la demande et on travaille fort pour être capables de les soutenir et de les aider, car ce sont des chirurgies complexes», explique la directrice générale du Centre métropolitain de chirurgie, Mélanie Dubois.

Le ministère de la Santé a dénombré l’an dernier un nombre inégalé de nouveaux patients. Ce sont 178 personnes qui ont entamé une «réassignation sexuelle», selon des chiffres obtenus par «Le Journal de Montréal».


Jeunes et accompagnés

«Les patients vont venir de plus en plus jeunes, avec leurs parents qui les soutiennent, mais il y a sept ans, on ne les voyait pas, les plus jeunes, ou ils venaient seuls, pas accompagnés et sans soutien», dit-elle.

Selon elle, il y a une plus grande ouverture d’esprit en 2017 par rapport aux changements de sexe. Et puis, les progrès technologiques rendent aussi les chirurgies de réassignation sexuelle moins effrayantes.

« L’ouverture d’esprit » des parents d’enfants qui se disent transgenres, la sexologue et psychothérapeute Camille Chamberland la remarque aussi.

«Il y a tout un mouvement de visibilité, donc les jeunes peuvent nommer plus rapidement leur questionnement», dit-elle.

Dans son bureau, les jeunes trans viennent aussi avec leurs parents. Mme Chamberland voit aussi des parents seuls qui s’interrogent sur le comportement de leur enfant au primaire, par exemple.

Pour sa part, le président d’Aide aux trans Québec (ATQ), Julien Leroux-Richardson, croit aussi qu’il y a moins de craintes qu’avant à obtenir des soins médicaux et même à s’afficher publiquement. Des psychologues cliniciens comme le professeur Jordan Peterson pensent que « Nous sommes en pleine épidémie psychologique. Cela se produit régulièrement. L’hystérie freudienne était une épidémie psychologique ; aujourd’hui on ne rencontre plus que très rarement des hystériques freudiens. Le trouble de la personnalité multiple est un bon exemple ; vous n’en voyez plus aujourd’hui.»

Selon l’ATQ, 70 % des personnes trans ont déjà pensé au suicide et entre 33 % ont fait une tentative.


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mardi 23 octobre 2018

Décès de l'ancien ministre Louis O'Neill à 93 ans, il avait témoigné au procès contre l'imposition d'ECR

L’ex-ministre péquiste Louis O’Neill est décédé aujourd’hui à l’âge de 93 ans à Québec.

Né à Sainte-Foy en 1925, O’Neill a d’abord été ordonné prêtre en 1950, bien avant d’être tenté par la politique.

Il amorça sa carrière comme professeur de philosophie et d’éthique sociale au Séminaire de Québec, à l’Académie de Québec, à l’Université nationale du Rwanda et à l’Université Laval.

Il fut nommé ministre des Communications et ministre des Affaires culturelles, des fonctions qu’il occupera respectivement jusqu’en 1978 et 1979. Il quittera la politique en 1981.

Depuis 2005, il alimentait un site internet où il publiait ses réflexions notamment sur l’histoire, la foi chrétienne et la solidarité internationale.

Lorsqu’il a accroché sa soutane, O’Neill n’a pas délaissé ses convictions religieuses pour autant. Lors de son passage devant la Commission Bouchard-Taylor en 2007, il prônait un libre-choix en la matière pour les cours au primaire et au secondaire.

Le 12 mai 2009, déjà octogénaire, il était venu à la barre du Tribunal de Drummondville défendre le choix des parents en matière d’éducation morale et religieuse et s’opposer à l’imposition gouvernementale du programme controversé d’éthique et de culture religieuse. Extrait de notre compte-rendu de cette journée au tribunal :

Monsieur O’Neill a rappelé que pour l’Église catholique le rôle des parents est tellement important qu’elle refuse de baptiser les enfants mineurs sans l’autorisation des parents, même si le baptême est un bien spirituel.

Ensuite Louis O’Neill a insisté sur le principe de précaution qui devait s’appliquer ici ; il a rappelé qu’il existe d’autres manières de faire. En Belgique par exemple, les écoles publiques offrent 6 options de cours confessionnels de religion et de morale laïque.

Enfin, M. O’Neill a insisté sur le fait qu’un cours de culture religieuse et d’éthique sera présenté de manière très différente selon qu’il est donné par une personne croyante ou non.



Voir aussi


L’ancien ministre Louis O’Neil raconte sur son carnet une anecdote savoureuse bien contemporaine :

« J’ai appris une histoire cocasse. C’est arrivé en Estrie, dans un petit village. Une enseignante a osé amener les jeunes de sa classe à l’église, pour qu’ils puissent admirer la crèche de Noël. Informée de cette initiative une conseillère pédagogique y a vu un délit portant atteinte à la posture professionnelle.

Elle a réprimandé l’enseignante et lui a ordonné de réparer sa faute en conduisant les jeunes à une mosquée. »

Louis O’Neil : Résignation molle et confusion alambiquée des évêques catholiques du Québec



Urgence : vers la féminisation des textes de la Ville de Montréal

La Commission de la présidence du conseil, chargée de revoir le Code d’éthique de la Ville de Montréal, demande à l’administration de la mairesse Valérie Plante d’adopter un langage féminisé ou épicène pour « reconnaître la présence, le rôle et la contribution des femmes, des personnes trans et non binaires en leur accordant une visibilité équivalente à celle des hommes » . Dans son rapport qui sera déposé au conseil municipal lundi, la Commission recommande d’adopter la façon de faire privilégiée par l’Office québécois de la langue française (OQLF). Celui-ci propose notamment d’utiliser les doublets (ils et elles par exemple) et des tournures plus impersonnelles pour éviter le recours systématique au masculin.

 « La Commission comprend qu’il s’agit d’un changement qui nécessitera une gestion échelonnée dans le temps puisque l’adoption d’une nouvelle pratique rédactionnelle à la Ville de Montréal pose un défi », est-il noté. Ainsi, sa demande concerne « tous les contenus émanant de la Ville de Montréal » (communiqués, affiches, lettres, etc.), mais sera d’abord appliqué aux nouveaux contenus. Les documents déjà existants seront réécrits seulement quand des mises à jour seront faites. La Commission souhaite que la Ville demande à tous ses services et à tous arrondissements d’adopter ce style rédactionnel.

Rien de plus urgent dans le dossier linguistique à Montréal ?




Conférences sur « Lionel Groulx le penseur le plus influent de l’histoire du Québec »

Lionel Groulx le penseur le plus influent de l’histoire du Québec


Trois conférences concernant le livre Lionel Groulx Le penseur le plus influent de l’histoire du Québec, de l’historien Charles-Philippe Courtois s’en viennent au cours des prochaines semaines :

  1. Conférence à la Société de généalogie de Vaudreuil-Cavagnial
    Mercredi 24 octobre, 19 h 30, au Centre multisport (3093, boul. de la Gare, Vaudreuil-Dorion).

    Plus d’information : SGVC.ca


     
  2. Conférence à la Société historique des XI
    À l’invitation de la Société historique des XI, à Napierville, le mercredi 31 octobre.

    Plus d’information : info@shxi.ca ou 450-245-1046


     
  3. Conférence à la Bibliothèque de Sainte-Thérèse
    Mercredi 14 novembre, 19 h 00, à la Bibliothèque de Sainte-Thérèse (150, boul. du Séminaire).

    Plus d’information : Sainte-Therese.ca
https://www.fondationlionelgroulx.org/Lionel-Groulx-Le-penseur-le,1007.html

Préoccupations du ESCC concernant le programme d’éducation sexuelle

Monsieur le ministre, Le Conseil catholique d'expression anglaise (ESCC) a été fondé en 1981 et représente les intérêts de presque 400 000 catholiques anglophones au Québec. Au fil des ans, le Conseil s’est prononcé sur un large éventail de questions relatives à l’éducation au Québec, notamment la déconfessionnalisation et, plus récemment, le programme d’Éthique et culture religieuse (ÉCR). Le Conseil d’administration de l’ESCC désire porter à votre attention ses préoccupations concernant le programme d’éducation sexuelle introduit comme projet pilote dans 19 écoles du Québec en septembre 2015 et qui doit devenir obligatoire dans toutes les écoles du Québec en 2017. Nous tenons d’abord à féliciter le ministère de l’Éducation de se préoccuper de la santé physique et psychosociale de la jeunesse du Québec. L’environnement social actuel présente plusieurs tendances inquiétantes, notamment l’omniprésence d’attitudes et de comportements qui semblent normaliser l’exploitation et l’agression sexuelles, et la prévalence croissante des ITSS [infections sexuelles] chez les jeunes du Québec. C’est sans doute pour contrer ces tendances que le Ministère a jugé urgent de mettre en place un programme qui permettra d’aborder ces questions. Tout en comprenant bien les intentions du Ministère, le Conseil éprouve néanmoins de sérieuses inquiétudes touchant la méthode et les postulats sous-jacents du programme.
  • Nous sommes préoccupés par l’approche multidisciplinaire de l’éducation sexuelle telle que présentée pour le nouveau programme. Le programme encourage non seulement une méthode transversale, mais également l’implication de tous les enseignants, administrateurs et membres du personnel de soutien dans sa mise en œuvre. En théorie, on peut penser qu’une telle approche est plus globale et donc plus efficace, mais en pratique, nous estimons qu’elle mènera à une dilution du programme et à son échec. Il nous paraît illogique, sur le plan pédagogique, de (1) confier l’enseignement de la matière à des enseignants spécialisés dans d’autres disciplines et ayant peu de formation, sinon aucune, en éducation sexuelle et (2) de répartir l’enseignement à travers les disciplines sans jamais vraiment se centrer par conséquent sur la matière elle-même. Nous sommes également préoccupés par le fait que la matière est intégrée dans plusieurs disciplines différentes au lieu d’être présentée de façon distincte et séparée, ce qui, pour les parents, rend extrêmement difficile, sinon impossible, de suivre l’exposition de leur enfant à cette matière.
  • Vu la nature délicate du contenu du programme, nous sommes étonnés de constater qu’aucune disposition n’a été prise concernant (1) l’enseignement séparé aux garçons et aux filles, (2) les processus de maturation très individuels chez les élèves, faisant en sorte qu’il serait totalement inapproprié de présenter à bon nombre d’entre eux certains des sujets proposés ou (3) une reconnaissance du fait qu’il se trouve dans nos classes des élèves qui présentent d’importants retards de développement ou encore des problèmes de santé mentale et pour lesquels la matière serait également peu indiquée.
  • Dans la publication du ministère de l’Éducation, L’éducation à la sexualité en milieu scolaire : oui, mais comment ?, on note que les parents « sont les premiers responsables de l’éducation de leur enfant ». Nous sommes rassurés par une telle affirmation, mais nous trouvons dans le contenu d’apprentissage certaines directives qui semblent la remettre en question et qui en fait pourraient dresser les parents et les enfants les uns contre les autres. À de nombreuses reprises, les directives encouragent les enseignants à demander à leurs élèves de s’interroger sur les valeurs enseignées par leurs parents et les invitent à rejeter ce qu’ils jugent peu utile pour construire leur identité sexuelle. Il peut bien entendu y avoir de bonnes raisons de donner des lignes directrices de ce genre dans certaines circonstances exceptionnelles, mais le recours fréquent à de telles recommandations créera un écart entre les parents et les enfants, ce qui nous préoccupe énormément. Cela est aussi foncièrement en contradiction avec la reconnaissance par le Ministère que les parents « sont les premiers responsables de l’éducation de leur enfant ».
  • L’éducation sexuelle, telle que tentée dans ce programme, est un enseignement de valeurs, de normes et, au bout du compte, de ce que veut dire être une personne. Le Québec n’est pas une société culturelle homogène ; au contraire, c’est une société pluraliste. Or, ce programme présente une vision de la sexualité humaine comme si elle devait être normative et est, en fait, préjudiciable aux opinions autres que celles qui sont présentées dans les directives du gouvernement. Le mot « traditionnel » tel qu’utilisé dans les directives d’enseignement est en effet un terme péjoratif1. On affirme que les élèves des « communautés culturelles » ont plus de difficulté à « construire leur propre identité ». Une telle attitude est à tout le moins extrêmement condescendante. Dans notre propre perspective, les directives en matière « d’apprentissage » aux niveaux tant primaire que secondaire contiennent de la matière qui entre en contradiction directe avec l’enseignement catholique en matière de sexualité et de comportement sexuel. Par exemple : on enseigne aux jeunes de 7-8 ans que « l’anus » est un « organe sexuel »2 ; on discute de l’utilisation de la contraception artificielle et celle-ci est même décrite comme un comportement sexuel responsable, alors qu’on ne fait aucune mention – et encore moins d’enseignement – d’autres méthodes (p. ex., les cycles de fertilité) ; l’expérimentation sexuelle, incluant la masturbation, les aventures sans lendemain et les « amis avec avantages », est présentée sous une lumière positive. En outre, les rapports sexuels entre adolescents sont présentés non seulement comme étant la norme, mais comme étant une « contribution utile au développement de l’adolescent ». Les élèves qui, à l’âge de 16 ou 17 ans, n’ont pas encore vécu de relation « amoureuse » sont vus comme étant désavantagés et « ont plus de chances de vivre des fluctuations dans leur affect et leurs comportements »3. Nous parlons ici comme catholiques, mais nous ne sommes certainement pas l’unique communauté culturelle ou religieuse à être fortement préoccupée par le fait qu’on enseignera à nos enfants des choses qui sont aussi fondamentalement opposées à notre compréhension de la sexualité et des comportements sexuels.
  • Étant donné la nature litigieuse d’une bonne partie de ce contenu, le Conseil estime que la mise en œuvre du programme pilote, les rapports sur l’accueil du programme dans les écoles pilotes et la mise en œuvre universelle proposée en septembre 2017 ont été très insuffisamment étudiés et discutés à tous les niveaux. Alors que le nouveau programme en histoire a reçu une bonne couverture dans les médias et qu’on a pu réviser le curriculum, le nouveau programme d’éducation sexuelle n’en a reçu presque aucune. Si peu d’attention, en réalité, qu’une directrice d’une école primaire dans l’ouest de Montréal, aussi tard qu’en septembre 2016, ignorait complètement que ses enseignants seraient responsables dès septembre 2017 de l’éducation sexuelle.
Enfin, au moment d’écrire cette lettre, pas une seule journée de développement professionnel n’avait été prévue pour une formation pédagogique dans cette matière. Si les conseils de gouvernance et les parents sont parties prenantes dans nos écoles, alors nous voyons mal comment ceux-ci n’ont pas été consultés et n’ont pas eu l’occasion d’aider à établir le curriculum.

Le conseil d’administration du Conseil catholique d'expression anglaise soumet respectueusement que toute mise en œuvre proposée soit suspendue ou retardée jusqu’à ce que les interrogations et préoccupations susmentionnées aient été mieux étudiées et approfondies. Entre-temps, le Conseil souhaite pouvoir discuter de ces questions directement avec le ministre et lui demande par conséquent de prévoir une rencontre avec le Conseil dans les meilleurs délais.

Source : ESCC





1. « …d’autres normes, plus traditionnelles, continuent d’exister et d’influencer les croyances des adolescents sur les rôles sexuels et les rapports entre les hommes et les femmes (ex. : double standard sur l’acceptation sociale des comportements sexuels des filles par opposition à ceux des garçons, sur l’initiation des comportements sexuels, etc.). » Apprentissages en éducation à la sexualité, Secondaire, p. 4.

2. Apprentissages en éducation à la sexualité, Préscolaire et primaire, p. 2.

3. Apprentissages en éducation à la sexualité, Secondaire, p. 8.

Algérie : un mouvement de boycott de l’enseignement de l'arabe paralyse plusieurs collèges et lycées


En Algérie, des centaines d’élèves ont manifesté dans plusieurs villes de Kabylie pour s’opposer à l’enseignement de l’arabe. Le mois dernier, des parents d’élèves avaient à l’inverse protesté contre la généralisation de l’enseignement du berbère.


Démarré le 14 octobre dans le lycée de Beni Zmenzer, localité située à 110 km à l’est d’Alger, un mouvement de boycottage de l’enseignement de la langue arabe s’est rapidement propagé ces derniers jours à plusieurs dizaines d’autres établissements scolaires de la Kabylie, région historique d’Algérie majoritairement berbérophone. Outre les cours de langue, l’ensemble des cours de l’enseignement primaire et secondaire, en Algérie, sont prodigués en arabe.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux collégiens et lycéens ont diffusé des photos sur lesquelles on peut voir les protestataires brandir le drapeau berbère et des banderoles appelant à la suppression de l’enseignement de l’arabe.


Selon plusieurs médias locaux, le mouvement se veut une réponse à une occupation des locaux organisée en septembre dernier par des parents d’élèves opposés à l’enseignement obligatoire de la langue berbère dans une école de la ville de Jijel, choisie comme établissement pilote pour la généralisation de l’enseignement de la langue berbère.



En février dernier, le ministre algérien de l’Éducation nationale Nouria Benghrebrit avait confirmé la généralisation de l’enseignement facultatif de la langue berbère dans l’ensemble des établissements scolaires publics (écoles primaires, collèges et lycées) du pays, pour la rentrée 2018-2019. Une annonce qui avait suscité un tollé, notamment, parmi les députés d’obédience islamiste.

Parmi eux figure Naïma Salhi, membre du Parti de l’équité et de la proclamation. « Une langue qui n’en est pas une, qui n’est pas porteuse de sciences et qu’on ne comprend pas à l’extérieur ne va pas nous servir. Qu’est-ce qu’on fera avec ? », avait-elle lancé dans une vidéo diffusée sur Facebook en février 2018.

samedi 20 octobre 2018

Quebec : Nouveau curriculum pour l’éducation à la sexualité

Quebec: Nouveau curriculum pour l’éducation à la sexualité
Lettre ouverte au Ministre de l’Éducation


Monsieur le Ministre,

Notre fils de cinq ans va accéder à l’école primaire cette année. On a examiné le nouveau curriculum de l’éducation sexuelle et, basé sur cette examen on vous prie de le retirer pour permettre plus de consultation avec les parents. J’espère que d’autres parents et experts vous diront la même chose.

Vu que des enjeux de santé sont aussi impliqués, je fais copie à Ministre Barrette. Laissez-moi vous expliquer pourquoi plus de consultation est nécessaire (les citations proviennent du matériel issu par le ministère par rapport au curriculum) :

1. Le curriculum contient des erreurs graves

L’exemple par excellence est qu’on veut enseigner à nos enfants que l’anus est un organe sexuel, et cela aux enfants de sept ans. Dans nos écoles, on devrait enseigner une anatomie scientifiquement correcte, non une anatomie politiquement correcte.

Encore, le curriculum enseigne faussement que les condoms peuvent protéger des ITSS (« visite avec le docteur n’est pas nécessaire »), lorsqu’en vérité, ils ne protègent pas à 100 % et certaines maladies sont transmises par le contact de la peau ou oralement même si le condom est utilisé correctement, p. ex. le Papilloma virus.

La troisième erreur est que l’approche proposée fait trop de confiance à nos enfants. Nos enfants sont sous l’autorité des parents pour une bonne raison : ils ne prennent pas nécessairement des décisions bien réfléchies et responsables, et courent des risques sans trop y penser. Il est donc erroné de penser qu’après avoir reçu de l’information sur la contraception et les condoms, ils engageront dans des relations sexuelles plus sécuritaires. Pourtant, au lieu d’enseigner que l’abstinence est la seule méthode sécuritaire contre les infections, le curriculum suggère que l’enfant devrait « prendre en charge sa santé sexuelle et reproductive » et « adopter une attitude favorable à l’utilisation du condom ». On leur donne un faux sens de contrôle et de sécurité au lieu de leur dire la vérité : qu’il n’y a pas de relations sécuritaires en dehors d’une relation stable et sans antécédent, laquelle ils ne verront pas à leur âge.

En tant que parents, on se réserve le droit de ne pas permettre à un adolescent dont le cerveau n’est pas encore assez développé pour mesurer les risques de son comportement, de prendre ses propres décisions par rapport à son comportement sexuel ou autre. Un curriculum qui suggère aux enfants de huit ans que « de prendre conscience de la diversité des sources d’information 
sur la sexualité et d’être critiques à leur égard » ignore que les enfants de cet âge ne sont pas encore capables de faire de tels jugements. Nos enfants resteront sous notre supervision parentale jusqu’à ce qu’ils auront la maturité de gérer leurs propres vies (ceci n’est donc pas seulement une question de consentement des enfants, mais aussi, et surtout, celui des parents !).

2. Les enseignements sont trop détaillés et viennent trop tôt

On commence avec un enseignement très détaillé à un âge d’innocence. Cela nous force comme parents d’approcher ces questions en plus de détail que nécessaire à ces étapes de vie. On devrait plutôt cultiver cette innocence et ne pas la sacrifier au nom d’une éducation prématurée par rapport à ces enjeux. Il faut faire le nécessaire pour la protection des enfants contre l’abus, mais comme parents, nous souhaitons qu’on n’aille pas trop loin de l’autre côté en leur enseignant des idées ou même des faits qui ne conviennent pas à leur âge.

Pourquoi un élève en première année devrait-il « comprendre ce qu’est la sexualité » et en 2e année, devrait-il comprendre tous les détails de la conception ? Les détails prévus pour la 4e et 6e par rapport aux stéréotypes et l’homophobie devraient être enseignés à un âge plus élevé (14+) pour que les élèves tiennent la maturité pour en discuter. Et un jeune de 14 ans n’a pas besoin de savoir tous les détails des techniques sexuelles, comme si on devait le préparer à s’y engager à cet âge (au lieu de le décourager). Un enseignement « positif » dans ce sens combiné à un manque de jugement mature encouragera sans doute l’expérimentation dans ce domaine — et on en a déjà bien trop.

Aussi, un curriculum qui veut faire croire à des enfants de 12 ans que « l’entrée dans l’adolescence l’amènera graduellement à adopter de nouveaux rôles et comportements en rapport avec sa sexualité et à prendre de plus en plus ses propres décisions » et de parler d’un premier rendez-vous aux élèves de onze ans est une infraction majeure sur les droits des parents.

Il faudra donc réduire le contenu du curriculum à une fraction du contenu proposé pour les quatre premières années de l’école primaire. S’il y a lieu (mais ne pas par défaut), un enseignant pourrait enseigner sur les stéréotypes, etc., au cas où il y aurait du harcèlement lié à ce type d’occasion. En général, il y a déjà des mécanismes en place dans nos écoles pour minimiser l’harcèlement.

Il n’est pas non plus nécessaire de répéter plusieurs fois les mêmes enseignements, comme le prévoit le curriculum. On devrait donc enseigner une fois en primaire sur la protection contre l’abus, une fois aux enfants de onze à douze ans sur la puberté, et alors discuter des protections et risques et de l’abstinence comme seule option vraiment sécuritaire, aux adolescents de 14+ (on sait que les programmes qui n’enseignent que l’abstinence ont failli aux ÉE-UU, mais je parle ici de clarifier que les autres méthodes de protection ne fonctionnent pas avec plusieurs types d’infection). Revenir à ces thèmes chaque année enlèverait trop de temps des autres sujets d’apprentissage.

3. Le rôle et les droits des parents sont minimisés

À plusieurs reprises, le curriculum se réfère à des personnes de confiance auxquelles l’enfant devrait confier ses émotions et se doutes, sans même mentionner les parents comme de telles personnes. Comme parents, on ne voudrait surtout pas que nos enfants confient les détails de leur vie à des personnes hors d’un cercle très étroit, et d’abord ils devraient en parler à nous. On vous demande donc d’enlever de telles références du curriculum, vu que c’est encore une infraction contre nos droits comme parents.

On devrait également approcher avec caution le sujet des stéréotypes. Encore, lorsqu’on reconnaît qu’il y avait peut-être trop de restrictions par rapport aux stéréotypes dans les années 60, on vit maintenant dans le 21e siècle et il n’y a pas besoin d’aborder ce sujet avec nos jeunes enfants. Pour ce qui est considéré adéquat comme jouets ou activités des filles er garçons, c’est la responsabilité des parents et non des écoles.

Généralement, le curriculum devrait reconnaître le rôle central des parents dans l’éducation sexuelle et morale, lorsque les écoles ne devraient que rajouter ou souligner certains enseignements, surtout par rapport à la nouvelle réalité d’un monde réseauté et dominé par les médias électroniques.

Par contre, enseigner aux adolescents de « prendre conscience des facteurs qui peuvent influencer les relations sexuelles à l’adolescence » et de « respecter les besoins sexuels de l’autre » normalise et encourage les relations sexuelles parmi les jeunes et est donc antagoniste à notre intention comme parents de préserver leur santé et virginité pour qu’ils puissent entrer dans une relation matrimoniale plus tard sans avoir besoin de faire face aux préjudices de santé et psychologiques qui sont la conséquence du sexe extramatrimonial, surtout quand les organes sexuels ne sont pas encore matures.

On n’est donc pas d’accord avec une approche qui prend le sexe parmi les adolescents comme fait accompli sans même essayer de promouvoir l’abstinence (seulement les condoms, méthodes hormonales et procédures d’urgence sont mentionnés comme méthodes de protection, bien qu’on parle aussi de « report des relations sexuelles »). L’abstinence devrait toujours être présentée comme la seule option sécuritaire à 100 % par rapport aux ITSS quand on parle des risques et protections.

4. Les enseignements devraient être ciblés sur la santé sexuelle et les dangers des multimédias

Contrairement au curriculum, il ne faut pas présenter une vue (artificiellement) positive de la sexualité, mais en effet, les risques devraient être en avant-plan si on veut améliorer la santé publique au Québec. Une vue « positive » est déjà amplement pourvue par les médias et l’école devrait donc essayer de contrecarrer les exagérations et mettre les choses dans un contexte réaliste, basé sur la connaissance scientifique qu’on possède.

Pour les très petits (en primaire), il faut les protéger en leur donnant les moyens de reconnaître l’abus et de se défendre. Pour faire cela, il n’est pas nécessaire d’enseigner tous les détails sur le corps humain et la sexualité. Il suffit de leur expliquer qu’on ne se laisse pas voir à nu et qu’on ne se laisse pas toucher dans certaines zones du corps, et que faire si un adulte ou autre personne tentait de le faire.

Pour les plus grands, il est effectivement important de décourager le sextage et d’expliquer les dangers de l’Internet et des médias sociaux. Il est également important de leur expliquer les risques très augmentés du sexe prématuré, soit le manque de protection vaginal, le manque de protection contre les ITSS même avec l’utilisation des condoms, et la probabilité d’une infection ITSS trente fois plus élevée du sexe anal, ainsi que les dangers physiques et psychologiques des relations occasionnelles et de l’utilisation de la pornographie. Ce sont des détails qu’on ne retrouve pas dans le curriculum, ou bien ils sont abordés seulement à la fin de secondaire, après avoir fait la promotion des relations sexuelles parmi les élèves des classes plus basses pendant des années.

5. Les enseignements moraux devraient être laissés aux parents

Le curriculum promeut l’homosexualité (y compris le sexe anal) et la bisexualité à côté de la hétérosexualité. Comme parents, nous sommes très conscients que ce sont des réalités de notre société. Par contre, dus aux enjeux moraux liés à ces concepts de la sexualité, le rôle de l’école devrait être restreint à l’enseignement par rapport aux risques liés au sexe non vaginal et le respect envers les gens d’une orientation sexuelle divergente de l’hétérosexualité. C’est aux parents de passer leurs valeurs par rapport au comportement sexuel à leurs enfants, selon leurs cultures et croyances. Cela se réfère aussi à quand un jeune devrait commencer à avoir des relations sexuelles, et avec qui.

En résumé

Bien qu’on puisse être d’accord que certains enseignements sur la sexualité seraient bénéfices pour nos enfants, le curriculum proposé par le Ministère de l’Éducation va beaucoup trop loin tout en négligeant des détails importants. Bref, le curriculum devrait être réduit à un minimum en ce qui concerne les premières quatre années de primaire, et devrait être moralement neutre (soit, ne pas aller contre les convictions morales de certaines religions et cultures) et plus dirigé vers les dangers de prédation sexuelle et du sexe « protégé » et non protégé parmi les jeunes. Le curriculum devrait respecter les droits des parents et reconnaître la science par rapport aux risques liés aux ITSS.

Vu que le curriculum même confirme que les cas de chlamydia ont augmenté de 250 % depuis 2006 (et on devrait y rajouter la gonorrhée, le sida et la syphilis), on peut parler d’une crise de santé par rapport aux ITSS. Ce curriculum, en donnant aux jeunes un faux sens de sécurité en recommandant l’usage de condoms (on peut contracter la syphilis, herpes et virus du papillome même avec un condom), peut seulement rajouter à cette crise. On ne les laisse pas conduire une voiture — encore moins on devrait les laisser pratiquer des relations sexuelles qui sont trop risquées et peuvent les marquer à vie.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, mes salutations distinguées.

Martin Tampier
Parent, Terrebonne, QC

CC : Sous-ministre Sylvie Barcelo, Marie B. Deschamps, Geneviève Leblanc, Pierre-Luc Pouliot, Ministre Gaétan Barrette, Mathieu Traversy (Député, Terrebonne), Jean-François Roberge (CAQ), Alexandre Cloutier (PQ), Association des parents catholiques du Québec, Christian Lépine (archevêque de Montréal), Conseil Musulman de Montréal, Fédération CJA, La Presse, Le Devoir, Québec Famille, Association des Premières Nations du Québec et du Labrador, Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îsles

Voir aussi

Pétition pour amender le nouveau programme québécois d'éducation à la sexualité (plus de 30.000 signataires)

Texte supplémentaire de Martin Tampier (cliquer sur les images pour en voir une version plus grande) :