dimanche 28 septembre 2008

Nouvelles d'Espagne et de la lutte contre l'imposition du programme d'Éducation à la citoyenneté


Quelques dernières nouvelles d'Espagne :
  1. À ce jour, plus de 45 000 parents ont fait des demandes d'exemption au programme d'Éducation À la citoyenneté ;
  2. Plus de 100 décisions judiciaires (jugements ou mesures de sauvegarde) ont été prononcées en faveur des objecteurs qui exemptent leurs enfants du cours et des examens associés à celui-ci ;
  3. Plus de 50 juristes (avocats, procureurs, notaires) consacrent du temps ou prodiguent leurs conseils gratuitement aux objecteurs.

samedi 27 septembre 2008

Le Petit Robert — mots à orthographe multiple

Alain Rey, le plus célèbre des linguistes, lance un pavé dans la mare en proposant dans son Petit Robert 2009 des mots écrits d’une manière différente de celle des autres dictionnaires. Son but : simplifier notre langue. Le dictionnaire encyclopédique Hachette avait déjà fait ce choix en 2002.

Orthographe rectifiée

Près de 6 000 des 60 000 mots (dont 400 nouveaux) y figurent avec plusieurs orthographes : la traditionnelle et celle souvent dérivée de sa prononciation usuelle. La plupart de ces modifications sont des mots composés que l'on a soudés ou des emprunts aux langues étrangères qui ont été francisés. Cela donne par exemple « millepatte », « bassecour », « parebrise », « pizzéria »,... Acuponcture voisine avec acupuncture.

Nouveaux mots

En ce qui concerne la langue française, de nouveau mots issus des secteurs de l'informatique, du sport et de l'environnement ont été ajoutés. On pourra lire et employer les mots « blogosphère », « glaciériste », « réfugié climatique », « bioéthanol » ou encore « écoparticipation » (taxe pour financer le recyclage).


« Le français n’est pas en décrépitude »

Avec la malice et la gourmandise qui le caractérisent, Alain Rey assume. L’évolution de la langue française, il est vrai, c’est son credo : « Les gens ont toujours une idée unitaire de la langue française, or il y a autant de types de français que d’usages dans le monde francophone. Si on lisait aujourd’hui du Montaigne comme il écrivait à son époque, ce serait illisible. Un ouvrage original de Racine semblerait bourré de fautes : aujourd’hui, il aurait une sale note ! » Alain Ray répond à ceux qui l'accuseraient de contribuer au déclin de la langue française : « Le français n’est pas en décrépitude. C’est si on ne le laisse pas vivre qu’il reculera ! » Alain Rey justifie son dépoussiérage : « Un choix militant, dans le sens où je suis pour une plus grande démocratisation de l’orthographe, trop raide. Il ne s’agit pas de choquer, simplement de donner, avec une prudence de Sioux, quelques exemples de simplification acceptables. »

De plus en plus de cégépiens écrivent mal le français

Les élèves de cégep ont de plus en plus de difficulté à écrire correctement le français. Selon le quotidien Le Soleil, le nombre de cegépiens qui se sont inscrits au cours de rattrapage pour le français a augmenté de 36 % entre 2002 et 2006.

Selon la Fédération des cégeps, cette augmentation peut s'expliquer par les difficultés grandissantes des jeunes Québécois en français. Généralement, ces cours de mise à niveau sont imposés aux élèves qui ont leur diplôme d'études secondaires en poche, mais dont la moyenne générale en français est faible. On peut d'ailleurs se demander à la lumière de ces faiblesses grandissantes ce que ce diplôme d'études secondaires peut bien encore indiquer quant au niveau des connaissances en français de ces diplômés.

Selon les données fournies par la Fédération des cégeps, le nombre d'inscriptions à ces cours est passé de 4 700 en 2002 à 6 400 en 2006.

Les cours de mise à niveau — dont la réussite est obligatoire — permettent de revoir des notions de base : grammaire, orthographe, syntaxe, ponctuation, etc. En cas d'échec, dans la plupart des cégeps, l'élève recommence le même cours de mise à niveau...

Toutefois la réussite au cours de mise à niveau n'est pas un gage de succès pour la suite. Le nombre de fautes permis est deux fois plus élevé que dans les cours de français habituels : une erreur tous les 15 mots plutôt qu'une erreur tous les 30 mots.

Selon Patrick Moreau, professeur de français de cégep au Collège Ahuntsic et auteur du livre Pourquoi nos enfants sortent-ils de l'éco­le ignorants ?, « La langue s'enseigne de plus en plus mal dans les écoles. La majorité ont des lacunes énormes et ils ont de la difficulté à exprimer clairement leurs idées, surtout à l'écrit. »

On se console comme on peut : dans le subjectif

Chantale Lebel, enseignante de français au Cégep Limoilou interrogée par le Soleil, voit dans ces résultats quel­ques lueurs d'espoir : « Je ne sais pas s'ils sont vraiment moins bons à l'écrit, mais une chose est sûre, c'est qu'ils ont plus d'idées, dit-elle. Parfois, ça sort tout croche, mais ils ont de quoi argumenter. »

Encore faudrait-il voir ce qui est qualifié d'arguments, la régurgitation confuse du prêt-à-penser ?

France — École secondaire, la violence entre les lignes

Qu’est-ce que la violence dans les écoles secondaires (les collèges) des quartiers difficiles de France ? Que se passe-t-il dans les têtes de ces élèves capables du pire et du meilleur et qui rendent souvent la tâche difficile aux professeurs ? Une équipe da la télévision publique française a passé trois semaines dans un établissement dit sensible, anciennement ZEP (zone d'éducation prioritaire), dans le quartier du Neuhof à Strasbourg. Une dizaine de faits graves ont été signalés à la justice l’année dernière.


jeudi 25 septembre 2008

Est de Montréal : les enseignants et les manuels d'ECR ne sont pas prêts

Le Guide Montréal-Nord, en date du mercredi 24 septembre 2008 (page 11), nous informe que le cours d'ECR
« suscite un malaise chez les enseignants de la Commission scolaire de la Pointe-de-l'Île (CSPI) qui ne le maîtrisent pas. « Les professeurs ne se sentent pas prêts », explique Luc Ferland, président du syndicat des enseignants de la Pointe-de-l'Île (SEPI). Pour leur transmettre les bases du nouveau programme, la CSPI a tenu une journée de formation l'année dernière. Toutefois, cette journée n'a pas satisfait le corps enseignant. « Ça consistait en la lecture du programme du cours, tout simplement. Il y avait très peu de documents complémentaires et d'ateliers proposés. Ce n'était pas fameux », ajoute Sylvain Frenette, lui aussi représentant du SEPI. »


On apprend également que les manuels se font attendre :
« L'année scolaire est amorcée et, en plus de ne pas se sentir d'attaque pour enseigner le cours d'éthique et culture religieuse, les enseignants attendent toujours le manuel pédagogique associé à ce programme. Ce recueil est prêt, mais il doit recevoir une série d'approbations avant de pouvoir servir. Tout ce manque de préparation laisse un goût amer dans la bouche des enseignants. »

mercredi 24 septembre 2008

Le dialogue, la diversité et le nouveau « vivre ensemble » à l'œuvre

Nous reproduisons ci-dessous une lettre ouverte envoyée à la Voix de l'Est par Patrick Andries (elle est aussi ici pendant quelques jours) :
« La Voix de l'Est nous apprenait récemment qu'aucun élève n'échapperait désormais au cours d'éthique et culture religieuse à Granby alors que certaines écoles conciliantes avaient permis jusque là aux enfants de parents objecteurs de ne pas assister à ce cours. C'était inacceptable pour la commission scolaire et le Ministère.

Selon le ministère de l'Éducation, ce nouveau programme fait la promotion du dialogue, de la tolérance et d'un nouveau « vivre ensemble » ouvert sur la diversité. Il est frappant de constater la cruelle contradiction entre ce prétendu contenu et les actions de ce même Ministère qui parle de sanctions contre les enfants (échec possible, signalement potentiel à la DPJ), ne dialogue pas, refuse toute conciliation et diversité d'opinions dans ce dossier. Prêcher par l'exemple, disait-on dans un vivre ensemble précédent...

Je ne suis pas un de ces parents touchés par les décisions crispées du Ministère. Cependant, je ne puis qu'avouer mon admiration pour ces parents courageux qui sont prêts à braver une machine administrative qui brandit si facilement la menace. Il suffit de penser aux sacrifices importants que sont prêts à s'imposer ces parents alors qu'à notre époque, où de plus en plus les deux parents travaillent, il est si difficile de retirer ses enfants de l'école en pleine journée. Il n'est pas douteux que ces difficultés logistiques et les menaces du Ministère découragent nombre de parents.

Éric Choinière affirmait que « le comité de révision est d'avis que ce cours n'est pas susceptible de causer préjudice à l'élève ».

Les séances devant ce comité de révision se seraient déroulées dans une absence glaciale de dialogue et les motifs de l'avis négatif que j'ai pu lire ne sont guère plus élaborés que ceux de M. Choinière, alors qu'on avait pourtant soumis au comité un argumentaire de plus de 70 pages rédigées par un avocat prônant l'exemption.

Rappelons aussi la différence de traitement entre ces parents et ceux qui s'opposaient au cours de religion pour leurs enfants. Ceux-là furent exemptés sans difficulté. On comprend le raisonnement du ministère de l'Éducation : la religion peut causer des préjudices à des enfants alors que le cours relativiste ou pluraliste préparé par le Ministère ne saurait le faire.

Or, cela n'est en rien évident. Notons d'abord que le gouvernement n'a avancé aucune étude pour démontrer que son cours améliorait vraiment le vivre ensemble ou que ce cours ne pourrait en aucun cas influer sur le cheminement de foi des enfants, un sujet d'inquiétude des parents de Granby. Ceci alors que des témoignages d'anciens élèves d'ÉCR dans les écoles-pilotes indiquent que ce cours a bien agi sur leur foi, parfois en la raffermissant (voir Le Nouvelliste de jeudi dernier).

Le Ministère a également oublié qu'encore récemment le cardinal Ratzinger, dans son document Dominus Jesus, condamnait le pluralisme et le relativisme; perspective adoptée par le cours d'ÉCR.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'école secondaire privée catholique Loyola s'oppose à l'imposition du cours d'ÉCR alors qu'elle enseigne déjà la morale et un cours de culture religieuse. Pourquoi est-il si difficile de comprendre que des écoles privées catholiques (juives, protestantes...), ou ici des parents de ces confessions, veuillent enseigner l'éthique et les religions du monde à partir d'une perspective conforme à leur foi ? Est-ce que le ministère de l'Éducation est en train de dire que sur ces sujets délicats, il détient la vérité révélée et que seule sa manière d'enseigner ces sujets est la bonne ?

La véritable tolérance et le pluralisme de fait ne sont décidément pas du côté du Ministère. »

Le cours d'ECR : la foi est acceptable tant et aussi longtemps que les gens ne la prennent pas trop au sérieux...

Extraits d'un article de Douglas Farrow dans le n° XXI d'Égards. Les intertitres sont de nous.

«

[...]

 [L]e nouveau cours d’éthique et culture religieuse devrait constituer un signal d’alarme. Non que je sois contre le fait de transmettre aux enfants, disons à des enfants plus âgés, un enseignement concernant d’autres religions que le christianisme. En tant que professeur dans une faculté de sciences religieuses, on s’attendra difficilement à ce que je m’y oppose. Je suis contre le nouveau cours parce qu’il est imposé aux écoles privées et confessionnelles ainsi qu’aux jeunes enfants. Je me dresse contre ce cours parce qu’il vise à sevrer les enfants des religions traditionnelles et de leurs engagements moraux pour leur inculquer une idéologie hostile à de tels engagements, l’idéologie dite du « pluralisme normatif ».

Principe de Sheerman

Le but est de leur enseigner le principe de Sheerman selon lequel la foi est acceptable tant et aussi longtemps que les gens ne la prennent pas trop au sérieux. Ce qui est visé, en d’autres mots, c’est d’arracher les enfants de leur communauté de socialisation de base — leurs familles et leurs lieux de culte — pour les unir à l’État, avec l’État et sous l’État, un État qui se considère plus important que les familles et leurs Églises.

Léon XIII : fuir les écoles où toutes les croyances sont traitées comme des égales

Dans un article publié dans le numéro 19 d’Égards, je rappelais aux catholiques canadiens certaines choses que le Pape Léon XIII avait dites dans son encyclique Affari Vos (1897) sur la question scolaire au Manitoba.

Léon XIII souligne d’abord que l’Église catholique « se tint au berceau de l’État canadien », et en particulier au berceau de son système d’éducation, ce qui, normalement, devrait avoir gagné à l’Église une écoute plus respectueuse de l’État sur cette question alors que nous avons à nouveau à y faire face ; et, réciproquement, il nous faut rappeler à l’Église qu’elle a encore un devoir de responsabilité en cette matière.

Deuxièmement, que « nos enfants ne peuvent fréquenter des écoles qui, soit ignorent, soit ont l’intention arrêtée de combattre la religion catholique, ou des écoles dans lesquelles ses enseignements sont méprisés et ses principes fondamentaux rejetés. » C’est précisément ce que le nouveau cours force nos écoles à faire, explicitement ou implicitement. « Il est nécessaire d’éviter à tout prix, comme étant les plus dangereuses, les écoles dans lesquelles toutes les croyances sont bienvenues et traitées comme des égales, comme si, en ce qui concerne Dieu et les choses divines, il n’était d’aucune importance que ce qui est cru par quelqu’un soit correct ou non et qu’il s’engage du côté de la vérité ou de l’erreur. » Mais au mois de septembre 2008, nos écoles feront précisément cela. Et si elles ne font pas cela, elles feront quelque chose d’encore plus dangereux : la mise en place du « pluralisme normatif » qui est un critère irréligieux pour juger la vérité et l’erreur.

Pour un chrétien : point d'éducation morale digne de ce nom sans religion

Troisièmement, que « sans religion, point d’éducation morale digne de ce nom, ni vraiment efficace, étant donné que la nature même et la force de tout devoir dérivent de ces devoirs spéciaux qui relient l’homme à Dieu, à Dieu qui commande, qui défend et qui détermine ce qui est bien et mal. » Comme le note Léon XIII : « désirer que les esprits soient gagnés au bien tout en les laissant sans religion est aussi insensé que d’inviter à la vertu après en avoir ruiné la base. »

[...]

Mascarade qui servit à priver les parents d'un choix

Rappelons-nous la mascarade au cours de laquelle nous avons perdu des droits parentaux et familiaux fondamentaux par les lois 109, 118, et 95. Stéphane Dion, à titre de ministre des Affaires intergouvernementales, déposa en 1997 une résolution permettant d’amender la Constitution de telle façon que la loi abolissant le système scolaire confessionnel puisse devenir effective. Stéphane Dion précisa à ce moment que « le droit à une instruction religieuse est toujours garanti sous la Section 41 de la Charte des Droits et Libertés qui possède un statut quasi constitutionnel selon la Cour Suprême du Canada ». Mais cette garantie s’avéra sans valeur. Quand la loi 95 fut présentée en 2005, la Charte québécoise elle-même fut amendée à l’insu du public, sans débat significatif et sans même qu’il y ait enregistrement d’un vote.

La version originale de la section 41 accordait aux parents « un droit permettant d’exiger dans les établissements scolaires publics que leurs enfants reçoivent une éducation religieuse ou morale en conformité avec leurs convictions. » La nouvelle version concède seulement « un droit de donner à leurs enfants une éducation religieuse et morale conforme à leurs convictions et respectueuse des droits et des intérêts des enfants. » Tant pis pour la quasi-constitutionnalité évoquée par Stéphane Dion ! Et qui donc, je me le demande, déterminera ce qui est ou non dans les meilleurs intérêts des enfants. C’est une brèche dans les droits parentaux suffisamment grande pour y faire passer une cavalerie.
[...]

Cela a des conséquences sur la question de l’éducation. Un des droits particuliers auquel nous avons toujours été attachés, qui était, jusqu’à récemment, reconnu dans notre Constitution, est le droit d’éduquer nos enfants comme nous le souhaitons, spécialement en ce qui regarde la religion. Mais ce droit (toujours valable bien sûr) nous a maintenant été enlevé. L’État a décidé pour nous comment éduquer nos enfants, même en ce qui concerne la religion. Et pourquoi ne le devrait-il pas ? Après tout, n’est-ce pas le même État qui, la même année, fit passer la loi 95 et élimina gaiement, sous la juridiction fédérale, l’institution elle-même [le mariage traditionnel] qui protégeait l’instance familiale naturelle et ses droits — l’institution qui disait clairement à qui les enfants appartiennent.

L'État s'occupera de l'éducation de tous les enfants comme bon lui semblera

Au Québec, le gouvernement fait pression pour aller de l’avant avec un plan de formation de la prochaine génération concocté par des idéologues professionnels qui ne se sont pas souciés de ce que les familles du Québec pensaient. L’État s’occupera du développement de tous les enfants comme bon lui semblera. Il formera tous les enfants d’après une philosophie individualiste et pluraliste qui supprime et efface efficacement la conception catholique du développement spirituel.

La foi catholique n'est ni individualiste, ni pluraliste, ni relativiste

Pensez-vous que cette prétention est exagérée ? Je peux seulement vous dire, si c’est ce que vous pensez, que soit vous n’avez pas lu soigneusement les documents exposant la politique derrière le nouveau curriculum, soit vous ne comprenez pas la foi catholique elle-même. La foi catholique — étant trinitaire, incarnée et ecclésiale — n’est précisément ni individualiste, ni pluraliste, ni relativiste. Elle s’intéresse à la personne plutôt qu’à l’individu. Elle cherche la communion, non l’homogénéité imposée par l’État (notez le mot « normatif » dans l’expression « pluralisme normatif » [ce qui doit devenir la norme]). La foi catholique désire la vérité et, par conséquent, reconnaît que l’erreur existe. Elle ne se réfugie pas dans le subjectivisme, comme le fait le curriculum, un subjectivisme qui voile à peine le cynisme d’une intelligentsia et d’un service public composés majoritairement de catholiques qui ont perdu la foi.

Les « experts » se penchent sur les familles

Aujourd’hui des « experts » des deux côtés de l’Atlantique commencent à questionner le droit des parents à éduquer leurs enfants conformément à leurs propres croyances religieuses, même dans l’intimité de leurs propres maisons. Notre ministère de l’Éducation n’est pas allé aussi loin, du moins pas encore. Mais il est déterminé à avoir préséance sur les parents. Nos enfants seront soumis au pilonnage de la supériorité de l’individualisme sur le communautarisme« experts »; ce qui fera de l’individualisme le nouveau communautarisme. Quel est le but ou quel est le résultat visé par cette catéchèse individualiste, sinon de séparer les enfants des communautés — familiales et religieuses — qui relativisent l’État et ses institutions« experts »? Le but n’est-il pas de déplacer vers l’État leur allégeance« experts »?

Vers des Églises conformes à l'idéologie de l'État ?

D’autres personnalités éminentes (et cela ne devrait pas nous surprendre) ont commencé à questionner le droit des organisations religieuses comme telles, et pas seulement leurs écoles privées, à agir librement comme organismes de charité si leurs enseignements et leurs œuvres ne sont pas conformes à l’idéologie actuelle de l’État. Que les croyances et les pratiques de ces mêmes organisations religieuses aient présidé à la fondation de ce même État et de son progrès, et qu’elles soient à la racine de son histoire et de son organisation ne semble guère compter. Le nouveau plan doit l’emporter ; il doit à tout prix configurer le visage de la nouvelle génération et la résistance doit être neutralisée sinon éradiquée. La cible principale ? Ce n’est pas, comme l’imaginent certains, l’islam radical, qui importe chez nous des idées et des pratiques antagonistes à notre ordre social et à son histoire, mais le christianisme, et plus spécialement le catholicisme.

Je pense que nous devons comprendre l’enjeu plus large dans lequel le combat sur le nouveau cours s’inscrit. Il est désormais impossible de ne pas prendre parti dans cette bataille. »

Abonnement à Égards

Le collège en France, un laboratoire d’analphabétisme ?

Retour du rapport de force, de l'agressivité comme valeurs viriles

Citations : « Le mot victime » est devenu une insulte. « T’es une victime », se lancent-ils. Chaque fois, cela me fait froid dans le dos. Et cela me scandalise de la part d’individus dont la plainte est devenue le fond de commerce. », écrit Mara Goyet. De son côté, on lit sous la plume de Iannis Roder : « Chez ces jeunes violents, le monde ne se conçoit que comme rapport de force permanent entre forts et faibles. Être et paraître fort aux yeux des autres, du groupe de la bande, est vital. Ne pas l’être, c’est disparaître. » Ceux des collégiens qui « n’affichent pas une allure agressive, ne regardent pas les gens de manière provocatrice, ne hurlent pas pour parler, ne jouent pas à faire peur », sont considérés par les autres comme des « bouffons », des « proies faciles », des « bolos », explique-t-il.

Hiatus entre les idéaux des enseignants et la sous-culture des banlieues

Plusieurs témoignages de professeurs de collèges en « zones difficiles » paraissent en cette rentrée. Et le tableau qu’ils dessinent de la vie quotidienne dans ces établissements est accablant. Il montre, en particulier, le formidable hiatus qui s’est creusé en quelques années entre les idéaux et les représentations des enseignants et les idéologies spontanées de gamins travaillés par la sous-culture des jeux vidéo, des clips, des séries et films de violence.

Le prof comme ennemi

Ces professeurs demeurent massivement acquis aux idéaux des Lumières, mais dans leurs classes, ils sont confrontés à des gamins parfois travaillés par le repli communautaire, le refus haineux du pays d’accueil, un trop fréquent mépris de la culture et une fascination pour l’argent vite gagné. Au surplus, ceux qui croient encore à la promotion sociale par le savoir et le diplôme, courent le risque de passer pour des « collabos » du système. Du coup, le « prof », incarnation de l’institution et de l'endoctrinement, passe du côté de l’ennemi…

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Livres des invités

Iannis Roder enseigne depuis dix ans dans un collège ZEP (Zone d'éducation prioritaire) de Seine-Saint-Denis. Jeune agrégé d'histoire et géographie catapulté dès sa première rentrée scolaire dans un collège « de banlieue », Iannis Roder se heurte très vite à une réalité tragi-comique, en contradiction avec ses idéaux et le discours officiel de l'institution. Que peut-il enseigner à des enfants qui disposent de cinq cents mots pour communiquer et dont certains savent à peine lire ? Des enfants à la vision simplifiée, voire simpliste, du monde. Qui ne savent pas se situer, quelque part entre leur quartier repoussoir et leur pays d'origine dont ils ne sont pas. Des enfants lâchés et trompés par le système, bercés par l'imaginaire doré de la télévision, rêvant uniquement de gloire et d'argent. Dans son établissement comme dans tant d'autres, la violence ordinaire, presque banale, charrie son lot de sexisme, d'homophobie, de racisme, d'un antisémitisme croissant...

Mata Goyet est professeur d'Histoire-Géographie. Elle a passé dix ans dans un collège en banlieue parisienne, en ZEP. En y entrant, elle s'était promis d'y rester. Dix ans plus tard, elle a demandé sa mutation, c'est fini, elle part. Elle aime enseigner, ne s'est absolument pas lassée de ce métier qu'elle ne magnifie pourtant pas. Ce sont les conditions de cet enseignement qui se sont terriblement dégradées, dans certains établissements plus que d'autres, et c'est bien la question du cadre, de l'autorité qui est centrale.

« Quand on choisit le Québec, on choisit aussi les Québécois et leurs valeurs »...

Nous connaissons de nombreux parents insurgés par le fait que le gouvernement les prive d’une de leur fonction et droit qui leur tient le plus à cœur : celui de décider de l’éducation de leurs enfants.

Nous publions, à titre d’exemples et de soutien à toutes ces familles qui se sentent lésées par un État envahissant, deux lettres d’une mère de famille adressées d’abord à la ministre de l’Éducation, Mme Courchesne, et ensuite au Premier ministre du Québec, M. Jean Charest.


Mme Couchesne,

Je suis très choquée de me faire dire par vous, en tant que parent de 3 enfants, ce qui suit : « Ce cours fait partie du régime pédagogique et jusqu'à l'âge de 16 ans, on a l'obligation d'aller à l'école et de suivre ce régime, a dit la ministre Courchesne. Je souhaite que les parents laissent leur enfant à l'école et qu'ils songent plutôt au bien de leur enfant, à ce que lui fera vivre ce retrait. »

Je trouve cela excessivement prétentieux de votre part de me dicter comment je dois élever mes enfants. Vous m'avez volé mon droit de choisir pour MES ENFANTS !

Je ne crois pas que vous seriez intéressé que je me présente chez vous, à vos enfants, et leur dise ce qui est « vraimen » bien, vous ne seriez probablement pas d'accord avec ce que je leur enseignerais...

Je songe au bien de mes enfants quand je ceux les retirer du cours d’éthique et de culture religieuse.

[…]

Imposer un cours sans le consentement des parents, c'est de la dictature et c'est mettre son nez en plein dans le milieu familial, ce qui ne revient pas au gouvernement.

Je voudrais une réponse personnelle de votre part,

Merci

________________________

Lise Couture-Richard
Gatineau, Québec
M. Jean Charest,

Je suis une mère très déçue des évènements.

J'envoie mes enfants à l'école pour avoir des enseignements, mais est-ce que moi, en tant que parent, j'ai un mot à dire sur l'éducation de mes enfants ? Je crois que c'est un « OUI » inévitable. Je ne veux pas que mes enfants soient inscrits dans le cours d'éthique et culture religieuse. Je ne suis pas d'accord avec beaucoup de thèmes qui seront touchés ou abordés dans ce cours. J’ai déjà entamé des démarches auprès des écoles de mes enfants. On me refuse l'exemption. Je fais des démarches auprès de ma commission scolaire à ce sujet, et j’ai reçu encore un refus... je vous ai fait même parvenir la demande d'exemption de mes 3 enfants, au début mai 2008, et je n'ai pas reçu de réponse de votre part.

Alors, comment pouvez-vous écrire sur votre site personnel : « Quand on choisit le Québec, on choisit aussi les Québécois et leurs valeurs » ? J'ai mes valeurs et je les inculque à mes enfants. Aux dernières nouvelles, moi et mon mari sommes toujours vivants et responsables de l’éducation de nos enfants ! Je crois que ce cours va causer un préjudice grave à mes enfants (selon l'article 222 de la Loi sur l'instruction publique) et nous causer un préjudice à mon époux et moi-même.

Mes enfants sont donc dans l'incapacité de suivre ce cours (selon encore l'article 222 de la loi sur l'instruction publique du Québec). Vous devez prendre position quand vous dites : « Quand on choisit le Québec, on choisit aussi les Québécois et leurs valeurs ». Moi, je suis au Québec, je suis québécoise, mais on ne respecte pas mes valeurs en imposant un cours semblable que je ne veux pas, et que plusieurs autres parents ne veulent pas non plus.

Code civil du Québec
605. Que la garde de l'enfant ait été confiée à l'un des parents ou à une tierce personne, quelles qu'en soient les raisons, les père et mère conservent le droit de surveiller son entretien et son éducation et sont tenus d'y contribuer à proportion de leurs facultés
La Convention des droits de l’enfant, articles 14.1 et 14.2 qui précisent :
« 14.1 Les États parties respectent le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion. »
« 14.2 Les États parties respectent le droit et le devoir des parents ou, le cas échéant, des représentants légaux de l'enfant, de guider celui-ci dans l'exercice du droit susmentionné d'une manière qui corresponde au développement de ses capacités. »

Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, article 26.3 qui dit :
« Les parents ont a priori le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leur enfant ».

Pacte international relatif au droit civil et politique article 18.4 qui précise :
« Les États parties du présent pacte, s’engagent à respecter la liberté des parents et le cas échéant des tuteurs légaux de faire assurer l’éducation morale et religieuse de leur enfant conformément à leur propre conviction. »

Protocole additionnel à la sauvegarde des droits de l’homme article 2 qui dit :
« L’État dans l’existence des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation conformément à leur conviction religieuse et philosophique. »


Je ne veux pas que ce courriel soit donné à d'autres ministres pour me répondre. Ce courriel s'adresse à vous, M. Charest.

Je voudrais une réponse de vous… et non d'un de vos ministres.

Merci

________________________

Lise Couture-Richard
Gatineau, Québec

lundi 22 septembre 2008

Un enseignant sort de son silence devant le pluralisme et le multicularisme imposés par l'État

Antoine Brunet, enseignant dans la ville de Québec, sort de son silence pour dénoncer, dans le Soleil, le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse imposé au nom du pluralisme et du multiculturalisme.

Quelques extraits de cette lettre d'opninion ci-dessous, les intertitres sont de nous.

Séance de novlangue

Au mois de février de l'an dernier, lors d'une journée pédagogique, nous avons reçu la visite des pédagogues de notre commission scolaire travaillant au nom du Ministère de l'Éducation. Ils venaient instruire notre équipe d'enseignants sur le contenu du programme Éthique et culture religieuse afin que nous puissions bien le comprendre et, qu'à travers de petits ateliers, nous soyons mieux préparés à l'appliquer ou « l'adapter » à la réalité de la classe. Bref, ils étaient là pour nous familiariser avec la « novlangue » ou le nouveau discours du ministère en matière de morale et de religion.

[...]

Multiculturalisme obligatoire pour tous

Au nom du multiculturalisme, et dans l'esprit idéologique qui règne au Ministère de l'Éducation, le gouvernement du Québec expose maintenant les jeunes du primaire à une pluralité de religions, et ce, dès la première année du primaire.

[...]


Malléables comme de la pâte à modeler

Mais qui sommes-nous véritablement ? Comment nous identifions-nous par rapport aux autres ? Qu'est-ce que la nation québécoise ? Nos esprits sont-ils aussi malléables que de la pâte à modeler, acceptant de nous modeler selon ce que nous propose la mode du jour ou le parti au pouvoir ? Suivrons-nous le dogme postmoderne de l'ouverture qui dit que toutes les valeurs se valent ? Serons-nous à l'image de ces petits bouddhas en pâte à modeler que fabriquent nos enfants ? Nos petits, avec leurs esprits encore plus malléables, sont-ils suffisamment enracinés dans leur propre culture pour être abandonnés devant cette vitrine de réalités qui leurs sont étrangères ? À quoi s'attend-on de leur part, à la fin d'un tel cours ? Retiendront-ils les différentes notions sur ces religions à la manière d'automates ? Quel progrès ! En vérité, ce cours de « culture » religieuse ne les rendra pas plus cultivés. Les enfants n'étudieront ces religions qu'en surface, sans véritablement baigner dans aucune d'entre elles. Et toutes ces religions seront considérées sur le même pied d'égalité dans un heureux relativisme. Nos enfants, dont l'identité est encore fragile et qui connaissent mal leur héritage, seront noyés dans cette multitude.

[...]

Comparer sans avoir une base de comparaison ?

Ces petits ne sont pas encore enracinés dans leurs propres traditions et ne possèdent pas leurs propres points de repères fermes ! Plutôt, on exige d'eux qu'ils puissent se comparer aux autres traditions religieuses, et encore, de pouvoir comparer ces religions étrangères entre elles. Il me paraît évident qu'ils doivent d'abord grandir et approfondir leurs propres racines avant de s'aventurer dans le monde de la diversité religieuse. N'est-ce pas en s'appuyant sur son propre patrimoine culturel qu'on apprend à se tenir debout devant l'autre pour mieux le comprendre ? Il semble que l'État n'ait pas voulu choisir et s'affirmer, de peur de se faire taxer de conservatisme ou de xénophobie. C'est bien plus simple d'accepter la pluralité comme fondation de notre mosaïque québécoise que de défendre une position de principe. On demande donc aux Québécois d’élargir toujours plus leurs horizons... mais avec le risque de perdre de vue de ce que nous sommes nous-mêmes ! Il est proche le jour où certains de nos enfants, des enfants du Québec de demain, dénonceront leurs propres parents parce que ceux-ci ont été intègres ou parce qu'ils n'ont pas voulu suivre l'idéologie relativiste du parti ! Nous aurions alors à craindre nos propres enfants à cause du mal qu'on leur a fait en demeurant passifs.

Restaurons enfin l'éducation

Personnellement, je suis plus qu'incommodé par l'enseignement d'un tel cursus. À mon avis, on ne rend justice à personne dans ce programme : ni aux petits ni aux étrangers nouveaux venus, sûrement pas à la nation québécoise (dont la grande majorité est culturellement chrétienne) et certainement pas aux religions qui n'y sont étudiées qu'en surface. Que faire, donc ? D'abord, manifestons notre opposition à ce programme du ministère. Ensuite, comme le dit si bien le jeune intellectuel Mathieu Bock-Côté, « profitons du malaise que le programme Éthique et culture religieuse génère pour formuler un tout autre discours sur l'éducation qui permettra enfin d'ouvrir le chantier de sa restauration. » Si chacun met la main à la pâte, il sera possible d'espérer que demain, deux et deux font quatre.

Rencontres lénifiantes devant des salles vides

Extraits d'un article de L'Action week-end de Joliette du 21 septembre 2008. Les intertitres sont de nous.

Manque d'intérêt des parents pour les séances organisées par l'État

Les assemblées publiques mise de l'avant par la Commission scolaire des Samares afin de répondre aux questions des parents concernant le nouveau cours éthique et culture religieuse ne passeront pas à l'histoire comme des succès de foule. Quatorze parents ont répondu à l'invitation à Sainte-Julienne mardi. Mercredi, neuf parents ont écouté les explications présentées à l'auditorium de la polyvalente L'Érablière de Saint-Félix-de-Valois. [Le 3 mai, seules seize personnes avaient assisté à une réunion similaire à Westmount, les fonctionnaires avaient alors balayé du revers de la main les questions relatives aux droits des parents.]

Préparer les enfants à un marché du travail international ?

Conseillère pédagogique du cours éthique et culture religieuse, Johanne Domaine a, pendant plus de 30 minutes, exposé la démarche provinciale entreprise il y a des années. Peu importe la matière, dit-elle, nos écoles préparent les élèves pour le marché du travail dans 20-25 ans. « Nos enfants voyageront sans doute plus que leurs parents. Ils côtoieront des travailleurs d'ethnies différentes. L'objectif du programme, c'est apprendre à vivre ensemble avec nos différences », a-t-elle mis en relief.

[...]

« Une théorie superbe mais j'ai des doutes au niveau de l'application. Les élèves au secondaire font preuve de jugement. Par contre, au primaire, tout ce que dit l'enseignant est force de loi », a fait valoir une mère de famille.

[...]

Quand avez-vous consulté les parents  ?

« Oui, mais quand avez-vous consulté les parents ? », a demandé une intervenante mercredi.

samedi 20 septembre 2008

M. Jean-Pierre Proulx sur les poursuites en justice

Enfin un article dans la presse papier sur les actions en justice contre l'imposition du programme d'éthique et de culture religieuse. Nous en avions parlé ici il y a quelques jours. Un billet concernant l'école privée Loyola et l'autre sur deux écoles publiques de Drummonville.

Croisade ou défense contre un monopole envahissant ?

Notons d'emblée l'entrée en matière du Soleil : « La croisade contre le programme d’éthique et culture religieuse se transporte devant les tribunaux. » Croisade ? Une offensive religieuse et moyen-âgeuse ? Il s'agit plutôt de la défense de parents contre le monopole d'État ou, si l'on tient à une image religieuse, du combat de David contre Goliath. Mais on comprend, cette image serait positive ; elle ne peut donc s'utiliser.

M. Jean-Pierre Proulx s'attendait aux recours en justice

Jean-Pierre Proulx, omniprésent dans ce dossier et toujours accueilli dans les colonnes des journaux, ne se dit pas surpris par les recours en justice. Mais n'explique pas pourquoi disant, au contraire, que c'est « pour régler la question sur le plan juridique qu’on a adopté un cours non confessionnel. » Humm.

Les droits des catholiques et protestants étaient des privilèges...

Selon M. Proulx, « On savait que l’enseignement confessionnel portait atteinte au droit à l’égalité, parce qu’on offrait l’enseignement religieux uniquement aux catholiques et aux protestants. »

D'une part, les droits au Canada ne sont pas nécessairement octroyés à tous. C'est le cas quand des raisons pratiques ne le permettent pas. C'est ainsi que les pouvoirs publics du Canada n'octroient le droit de correspondre avec eux, en général, qu'en anglais et en français. Et dans certaines régions, les droits linguistiques des francophones sont également limités par un critère de « demande suffisante ». D'ailleurs, ce critère s'applique dans le programme d'ECR : toutes les religions ne doivent pas être enseignées, mais uniquement les plus importantes pour le gouvernement (avec un accent étrange sur les spiritualités autochtones).

D'autre part, qu'est-ce qui empêchait d'octroyer l'enseignement confessionnel à d'autres groupes religieux, là où le nombre le justifierait, comme cela se fait dans les écoles publiques d'autres pays occidentaux comme la Belgique, l'Allemagne, etc. ?

« Explication »

Selon le Soleil, Jean-Pierre Proulx explique « C'est pour régler la question sur le plan juridique qu’on a adopté un cours non confessionnel ».

On ne voit pas très bien l'explication.

Le beau sophisme ! Il n'y avait aucun problème juridique avant qu'on ne supprime les articles qui permettaient cet enseignement confessionnel. D'ailleurs, l'Ontario finance toujours les écoles publiques catholiques.

On a vu également qu'on aurait pu adopter une autre voie : permettre des cours de religion pour d'autres confessions. On aurait également pu décider de ne pas aborder les religions à l'école sauf quand leur mention se justifiait dans des cours d'histoire ou de littérature par exemple. C'était d'ailleurs la recommandation de Régis Debray en France pour palier le manque de culture religieuse des élèves français incapables d'appréhender la culture occidentale et l'histoire mondiale : pas de cours de culture religieuse à part qui serait relégué au rang de cours mineur comme la musique, mais une intégration franche et objective dans les matières de base.

Enfin, il est tout à fait possible de supprimer un privilège (disons) dans un premier temps pour ensuite imposer un cours qui enfreint un autre droit, celui des droits des parents de pouvoir décider de la formation spirituelle ou philosophique de leurs enfants.

Or, en quoi l'État respecte-t-il ce droit quand il impose son cours en la matière à tous, même dans les écoles confessionnelles privées ? On a bien supprimé le droit de décider puisqu'il y a imposition.

Formation ECR — « Le dialogue, ça peut se faire seul »

Extrait vidéo savoureux où Mme Lily Cloutier, coauteur des six manuels d'éthique et culture religieuse chez Modulo, explique ce que le dialogue peut être... On apprend ainsi que le dialogue peut se pratiquer tout seul. Le Québec est décidément très en avance.



Définition du Petit Larousse illustré : DIALOGUE, n. m. 1. Conversation, échange entre deux ou plusieurs personnes ; 2. Discussion visant à trouver un terrain d'entente; fait de dialoguer. 3. Ensemble des répliques échangées.


vendredi 19 septembre 2008

Réunion publique sur l'ECR en Beauce, 30 septembre

Annonce de la Coalition pour la liberté en éducation :

Depuis septembre, le gouvernement du Québec impose ce cours dans toutes les écoles primaires et secondaires.

Prêchant la tolérance, il ne tolère que sa propre vision des religions et de l'éthique et brime les droits de tous les enfants, parents et enseignants du Québec.


Réunion d’information
Mardi le 30 septembre à 19 h 30

Salle des Chevaliers de Colomb
3295, boulevard Dionne
St-Georges de Beauce

Venez entendre nos conférenciers :
  1. Mme A. de Champlain, présidente du comité de la région de Québec;
  2. M. P. Andries, présentation de 8 manuels du cours;
  3. Me J.-Y. Côté, avocat spécialisé en jurisprudence.


Parents, c’est à vous de choisir pour vos enfants!

Pas au gouvernement !



Coalition-CLE.org     Soyez des nôtres !    infos@coalition-cle.org

Autre poursuite en justice contre le cours d'éthique et de culture religieuse

Une poursuite en justice contre la commission scolaire des Chênes (Drummondville) a été déposée cette semaine auprès de la Cour supérieure du Québec. Les parents sont soutenus par la Coalition pour la liberté en éducation.

Objet du litige : le refus d'exemption au cours d'ECR pour les enfants de parents qui envoient ceux-ci dans des écoles de ladite commission scolaire. Le recours intenté contre la commission scolaire estime que le programme d'ECR porte atteinte à la « liberté de conscience et de religion ».

La poursuite vise à annuler ce refus de la commission scolaire, à accorder la demande d'exemption et à déclarer anticonstitutionnels les articles 1, 3 et 13 de la Loi 95. Il s'agit par là d'invalider le caractère obligatoire du cours, la disparition du libre choix de la formation religieuse et philosophique et la modification de l'article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés. L'article 41 garantissait aux parents le droit d'exiger l'éducation religieuse et morale de leurs enfants dans les établissements publics mais, en 2005, la référence aux établissements publics a été supprimée.

Rappelons que Stéphane Dion, à titre de ministre des Affaires intergouvernementales, déposa en 1997 une résolution permettant d’amender la Constitution de telle façon que la loi abolissant le système scolaire confessionnel puisse devenir effective. Stéphane Dion précisa à ce moment que « le droit à une instruction religieuse est toujours garanti sous la Section 41 de la Charte des droits et libertés qui possède un statut quasi constitutionnel selon la Cour Suprême du Canada ». Mais cette garantie s’avéra sans valeur. Quand la loi 95 fut présentée en 2005, la Charte québécoise elle-même fut amendée à l’insu du public, sans débat significatif et sans même qu’il y ait enregistrement d’un vote.

La version originale de la Section 41 accordait aux parents « un droit permettant d’exiger dans les établissements scolaires publics que leurs enfants reçoivent une éducation religieuse ou morale en conformité avec leurs convictions. » La nouvelle version concède seulement « un droit de donner à leurs enfants une éducation religieuse et morale conforme à leurs convictions et respectueuse des droits et des intérêts des enfants. » Tant pis pour la quasi-constitutionnalité. Et qui donc, je me le demande, déterminera ce qui est ou non dans les meilleurs intérêts des enfants, quand il s'oppose à ce que les parents désirent, si ce n'est l'État ?


Ces demandes rejoignent celles de l'Association des juristes catholiques du Québec.

mercredi 17 septembre 2008

L’école Loyola poursuit en justice la ministre Courchesne

L’école secondaire Loyola, un établissement catholique privé situé à Notre-Dame-de-Grâce, a décidé de poursuivre en justice la ministre de l’Éducation, Mme Courchesne. Loyola s’est tourné vers la Cour supérieure du Québec pour exiger que le ministère de l’Éducation du Québec (MELS) lui accorde une exemption au nouveau cours d’éthique et de culture religieuse (ECR), pour peu que Loyola enseigne son programme d’éthique et des religions du monde que cette école estime équivalent au programme d’ECR, mais débarrassé des aspects contraires à sa vocation d’institution catholique.

La requête de Loyola se fonde en droit sur l’article 22 du règlement d’application de la Loi sur l’enseignement privé, R.Q. c. E-9.1, r.1 :
« 22. Tout établissement est exempté de l'application du premier alinéa de l'article 32 pourvu que l'établissement offre des programmes jugés équivalents par le ministre de l'Éducation. »
Imposition de l'uniformité contraire à la loi

Dans une lettre en date du 7 août 2008, le ministre de l’Éducation a refusé à Loyola sa demande d’exemption, mais en invoquant une raison sans rapport avec la seule condition de refus : la non-équivalence du programme de Loyola. En effet, Mme Courchesne invoquait comme motif au refus d’exemption que celui-ci « empêcherait les élèves visés de recevoir la formation souhaitée pour tous les élèves du Québec ».

Mme Courchesne désire donc imposer l’uniformité alors que nulle part celle-ci n’est mentionnée dans le règlement et la Loi, au contraire, le règlement d'application, et plus particulièrement l’article 22, admet l’équivalence de programme et différentes formes d’exemption.

Loyola a répliqué en détail à la ministre en lui envoyant une autre lettre où Loyola insiste sur le caractère équivalent du cours que cet établissement donne à la place du cours d’ECR. En réalité, selon Loyola, son cours allait bien plus loin que le cours du ministère. En effet, plutôt que de réduire les religions à leur dimension purement culturelle, Loyola aborde l’étude des autres religions d’une telle façon que ses étudiants puissent apprécier les dimensions profondément spirituelles de ces autres religions. Cette perspective adoptée par Loyola prendrait racine dans l’intime conviction de la direction de l’école qu’on enseigne plus sûrement la tolérance et un vivre ensemble pacifique dans notre société quand chacun est ancré dans sa foi et son identité, plutôt qu’en imposant à tous une seule idéologie approuvée par l’État.

Amorcer le dialogue...

Interrogé par la Gazette, le directeur de Loyola, Paul Donovan, a déclaré qu’il n’avait jamais reçu de réponse de la part de la ministre de l’Éducation, Mme Michelle Courchesne. « Il semble que c’est la seule manière d’amorcer un dialogue » a-t-il ajouté en parlant de la poursuite en justice.

Objections au pluralisme normatif du volet éthique

Si le monopole de l’Éducation impose son programme d’ECR aux écoles privées, il permet à celles-ci d’enseigner leur propre confession en sus du programme imposé par l’État. Mais cet enseignement doit se faire dans un cours séparé, à une heure différente du cours d’ECR. La requête, déposée par Loyola à la Cour supérieure de Montréal le 15 septembre au nom de l’école Loyola et d’un parent d’élève, considère cette situation comme « inacceptable, car ceci revient à inculquer aux étudiants deux conceptions du monde diamétralement opposées ».

L’objection principale de Loyola se concentre sur le volet éthique du cours que l’école considère comme une perspective relativiste ou pluraliste normative de la morale. Le programme gouvernemental d'ECR préciserait que les arguments religieux ou la dimension religieuse ne peuvent borner les discussions éthiques ce qui est contraire à un établissement dont le projet éducatif est précisément d’enseigner l’éthique dans une dimension religieuse.

Archevêque de Sherbrooke blâme le gouvernement qui n'a pas trouvé la façon d'assurer une exemption à ceux qui la demandent

Selon Corus Nouvelles, Monseigneur André Gaumond considère que le débat autour du cours d'Éthique et de culture religieuse est sain.

L'archevêque du Diocèse de Sherbrooke soutient que les gens ont toute la liberté de s'exprimer sur le sujet comme ils le font.

Au nom des évêques du Québec, Mgr Gaumond blâme plutôt le gouvernement qui n'a pas trouvé la façon d'assurer une exemption pour les parents qui le désirent.

De son côté, le coordonnateur du boycott du cours, Sylvain Lamontagne indique que peu de gens qu'il rencontre connaisse le nouveau programme et qu'il poursuit son combat en informant le plus de monde possible.

Un rassemblement de la CLÉ est prévu à Montréal le 18 octobre.

Écoutez le reportage

Écoles conservatrices juives contre le cours d’ECR

Le Canadian Jewish News rapporte que plusieurs écoles juives, orthodoxes et hassidiques, disent qu’une bonne partie du nouveau programme obligatoire d’éthique et de culture religieuse (ECR) est « irréconciliable avec leurs convictions ».

Elles cherchent toutefois à collaborer avec le Ministère de l’Éducation du Québec afin de trouver un moyen de respecter la loi sans enfreindre leurs croyances, a déclaré le rabbin Yochanan Kuhnreich, directeur de l’école Beth Jacob qui accueille quelque 500 jeunes filles.

« Nous enseignons déjà une grande et importante partie du programme, celle qui traite de l’éthique et du dialogue [peut-être pas de manière relativiste et « neutre » comme prescrit toutefois]. Mais les autres aspects posent de sérieuses difficultés, irréconciliables avec nos convictions. » Le rabbin Yochanan Kuhnreich n’a toutefois pas voulu préciser quels étaient ces aspects.

Les écoles traditionnelles orthodoxes juives qui ne sont pas hassidiques, mais religieuses (« frum »), ont été jusqu’ici réticentes quant à ce nouveau programme.

Le rabbin Mendel Marasow, directeur de l’Académie Beth Rivkah placée sous les auspices du mouvement loubavitch, a par le passé exprimé des doutes quant à savoir s’il serait possible d’enseigner complètement le programme d’ECR dans son école. Contacté la semaine passée par la journaliste du Canadian Jewish News, il lui a demandé de s’adresser au rabbin Kuhnreich qui, pour sa part, a répondu de façon prudente et à mots choisis.

À titre confidentiel, les chefs hassidiques ont indiqué qu’ils seraient prêts à quitter le Québec s’ils devaient enseigner un contenu religieux qu’ils considèrent inadéquat pour leurs enfants.

Le Congrès juif du Canada avait souligné, l’année passée, devant la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables que beaucoup de membres de la communauté juive préfèreraient que le cours d’ECR commence au secondaire. Il déclarait alors que de nombreux parents veulent que leurs enfants aient une bonne assise dans leur religion avant d’être exposés à d’autres religions.

mardi 16 septembre 2008

45 % des Québécois contre le cours d'éthique et de culture religieuse qui leur est imposé !

Alors que le Ministère vend depuis des mois son cours d'éthique et de culture religieuse comme un cours qui ouvre sur le monde dans un Québec de plus en plus divers et va permettre aux jeunes Québécois de développer un nouveau « vivre ensemble » empreint de tolérance et de dialogue, ce cours est désapprouvé par 45 % des Québécois selon un sondage commandé par Le Devoir, journal favorable à ce programme.

Petite remarque liminaire sur l'ouverture...

Les programmes d'éducation morale et religieuse précédents remplacés par le cours pluraliste (ou relativiste) d'éthique et de culture religieuse consacraient déjà une part de leur contenu aux cultures religieuses autres que la leur, comme le rappelait récemment M. Bergevin du ministère de l'Éducation à Valcourt, mais dans une perspective protestante ou catholique comme désire encore le faire l'école secondaire catholique Loyola.

Information sur le sondage du Devoir

Ce coup de sonde a été réalisé par téléphone entre le 13 et le 17 août auprès de 1005 Québécois. Pourquoi attendre un mois avant d'en sortir les résultats ? La marge d'erreur est de plus ou moins 3,4 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Ce qui veut dire que de 41,6 % à 48,4 % des Québécois ne voient pas d'un oeil favorable le cours d'ECR. C'est beaucoup pour un cours imposé à tous !

La seule question posée sur le cours ECR a été « À votre avis, est-il préférable qu'à l'école primaire et secondaire les enfants reçoivent...?

 Le nouveau cours ECR... 52 %
 Aucun cours ayant trait à la religion... 29 %
 Une éducation religieuse confessionnelle... 16 %
 Je ne sais pas, je refuse de répondre...  2 %

Apparemment le Devoir n'a pas demandé aux personnes sondées si elles étaient d'accord pour que les parents perdent leur liberté de choix entre l'enseignement moral et religieux, dans le but d'implanter ce cours de façon obligatoire.

Sondés sans être au courant

Ce qui est frappant dans ce sondage ce n'est pas tant les résultats qui, selon nous, peuvent encore beaucoup varier à l'avenir, mais c'est le fait qu'il ait été effectué alors qu'il n'y avait quasiment aucun manuel de paru (mi-août), que les professeurs n'avaient reçu qu'une formation des plus rudimentaires et que bien entendu les parents québécois moyens ne connaissaient quasiment rien du contenu de ce cours sauf ce que la machine éducative leur en avait dit avec toute l'ambiguïté de formules comme mettre « un accent particulier sur les traditions chrétiennes » (Le Devoir) ou le « caractère prédominant » (Bergevin du MELS) du christianisme. À quel point les parents savent-ils que souvent le christianisme est réduit à un rôle minoritaire ? Que savent-ils du volet éthique — vanté en répétant sans cesse les vertus du dialogue — et de son aspect relativiste ?

Façonner l'opinion grâce aux sondages

On est donc en droit de se demander si ce sondage ne sort pas aujourd'hui (un mois après avoir été effectué) pour tenter de façonner l'opinion et créer un consensus autour du cours imposé d'ECR alors que la critique semble pourtant se faire de plus en plus entendre (enfin, peu dans le Devoir bien sûr).

Qu'il nous soit permis à ce sujet d'évoquer The Opinion Makers un essai publié à la mi-août aux États-Unis et qui porte le sous-titre de « Un initié dévoile la vérité derrière les sondages ».

Son auteur, David W. Moore, ancien rédacteur principal à l'institut de sondages Gallup, y révèle que les enquêtes d'opinion aujourd'hui reflètent plus les caprices du public que sa volonté parce qu'elles souffrent d'un défaut méthodologique inhérent : les résultats des sondages ne font pas la différence entre ceux qui ont des opinions bien arrêtées et ceux qui ont à peine, voire pas du tout, réfléchi à la question.

Les personnes sondées se voient donc sommées de fournir une opinion, irréfléchie ou peu mesurée, parce que les sondages ne permettent pas d'exprimer un avis nuancé.

Selon David Moore, les firmes de sondage ont tendance à fabriquer un faux consensus sur les questions sociales et politiques en passant sous silence les réponses indécises ou peu sûres. Inévitablement, à ce régime, les sondages se trompent parfois dans leurs prédictions comme ce fut le cas récemment lors de la primaire du Nouvel Hampshire où tous les instituts de sondage prévoyaient une victoire de Barack Obama alors que Mme Hillary Clinton devait en réalité emporter une victoire « surprise ».

Moore révèle que les échantillons sont désormais prélevés à partir d'une population de plus en plus restreinte : les abonnés au téléphone fixe et ceux qui veulent bien répondre (les sondeurs hésitent à en parler, mais aujourd'hui près de 8 personnes sur 10 qu'ils essaient de contacter filtrent leur appel ou leur raccrochent au nez).

Décrochage catastrophique — Parizeau réplique à la ministre Courchesne

L'ancien Premier ministre, Jacques Parizeau, a répliqué à l'entretien de la ministre de l'Éducation, Mme Courchesne, publié le 12 septembre par le Journal de Montréal. Voici le contenu de sa lettre tel que publié ce 16 septembre.
« J'ai été sidéré par l'entrevue que vous a accordée la ministre de l'Éducation et que vous avez publiée le 12 septembre comme commentaire de mon texte intitulé « Le gâchis scolaire ».

La ministre vous a dit [sur le ton intense qu'on lui connait comme le dit le Journal de Montréal] :« Les chiffres de Jacques Parizeau sont exacts pour les années 2000, 2001 et 2002 mais depuis il y a eu une amélioration sensible du taux de diplomation grâce à nos actions »...

Les chiffres qui sont cités par la ministre pour 2000, 2001 et 2002 ne reflètent pas le taux de diplomation, mais réfèrent au nombre d'élèves entrés en 1re secondaire. Par exemple, ceux qui sont entrés en 1re secondaire en 2002 ont dû notamment finir leur 5e secondaire en 2007. C'est pourquoi tous les chiffres que j'ai cités sont tirés du Rapport officiel de diplomation de 2007, le plus récent.

Les efforts du ministère pour améliorer la situation de ceux entrés en 2003 seront connus quand les résultats de 2008 seront publiés. Pour 2004, en 2009, pour 2005 en 2010,... et pour 2008 en 2013. Alors on pourra juger des « actions » du ministère.

Dans l'intervalle, que le ministère laisse aller sa ministre en public, sans lui fournir de quoi se défendre et d'éviter de confondre ceux qui rentrent dans le système et ceux qui en sortent, le dénominateur et le numérateur, en dit long sur le degré de confusion qui règne dans cette boîte.

Jacques Parizeau »

Deux membres de la CLÉ chez Richard Martineau

Richard Décarie et Benoit Girouard de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) étaient ce lundi à l'émission Franchement Martineau.

dimanche 14 septembre 2008

Nouvelle éthique planétaire, constitution européenne et cours d'éthique et de culture religieuse

Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits d'une critique faite par l'équipe de Liberté politique au sujet de l'éthique sous-jacente au projet de Constitution européenne qui a été rejeté par la France et les Pays-Bas en 2005. Cette critique se base sur une analyse de l'Institute for Intercultural Services.
« Nous nous limitons ici à proposer quelques clefs de lecture du Traité à la lumière de l'analyse faite dans nos rapports précédents de la postmodernité, de ses paradigmes, de son éthique, et de la gouvernance mondiale. En quoi la Constitution s'aligne-t-elle sur les valeurs de la nouvelle culture postmoderne ?

[...]

4.- L'abandon des valeurs universelles a ouvert une ère post-démocratique

Comme nous le savons, la référence à l'héritage chrétien de l'Europe est absente du texte du traité. Le préambule parle des "héritages culturels, religieux et humanistes" de l'Europe en omettant "l'héritage chrétien", qui est pourtant la marque distinctive de l'histoire européenne. La portée et les conséquences de ce rejet n'ont peut-être pas été suffisamment bien perçues. En effet, ce qui disparaît avec "l'héritage chrétien", c'est aussi le concept judéo-chrétien d'universalité, la notion que l'ordre social et politique se fonde sur ce qui est donné par la nature et la Révélation judéo-chrétienne — sur un ordre ouvert, et non fermé, à la transcendance, à la loi éternelle. L'abandon de l'universalité déconstruit la modernité en tant qu'alliance de la tradition judéo-chrétienne et de l'héritage des Lumières. Aussi bien le projet européen que les Nations-unies avaient été fondées après la Seconde Guerre mondiale sur ce qu'on avait jusqu'à récemment coutume d'appeler les "valeurs universelles". La constitution européenne rompt avec cette tradition.

Construire de nouvelles « valeurs communes », pensez ECR au Québec

La nature a horreur du vide. Si les valeurs universelles ne sont plus le contrat de la société européenne, il faut les remplacer, combler le vide, construire de nouvelles "valeurs communes". Construite arbitrairement, la nouvelle éthique sera nécessairement immanente. Le choix individuel et collectif arbitraire se substitue à l'universalité, le pour soi à l'en soi, le processus au contenu. La construction de la nouvelle éthique se fait par inclusion de tous les choix possibles : la nouvelle éthique est inclusive. Ce processus constructiviste nous introduit en pleine post-modernité, là où la liberté de choix rejette ce qui est donné.

L'éthique inclusive prétend ne pas rejeter les valeurs universelles mais de les inclure comme composantes égales d'un nouveau tout comportant d'autres choix et valeurs. L'éthique inclusive prétend "transcender" l'éthique judéo-chrétienne. En réalité, elle la transforme de l'intérieur et finit par en détruire l'identité et la spécificité.

La construction de l'éthique inclusive est confiée à des experts et technocrates arbitrairement choisis en fonction de leur "compétence". Ces minorités finissent par exercer indirectement un pouvoir normatif éthique sur l'ensemble de la population à travers les institutions qu'ils influencent parfois de manière substantielle. La gouvernance par les experts, aussi appelée démocratie participative, met profondément en crise le gouvernement par les élus et la démocratie représentative. Il est aisé de voir de quelle manière la crise actuelle de la démocratie est directement liée à l'abandon par l'Occident de ce qui est par nature universel. Les proportions actuellement prises par la gouvernance des experts, des "personnalités éminentes" consultées par les dirigeants sont telles que nous pourrions déjà être entrés dans une ère post-démocratique sans nous en être rendus compte.

L'Institute for Intercultural Services se demande si la culture postmoderne actuelle, dans la mesure où elle rejette la loi que Dieu a inscrite dans nos cœurs et le contenu objectif du langage, est capable de produire une constitution et de construire des institutions. Le choix arbitraire ne pourrait que les construire sur du sable — ou mener à la dictature. »

Respecter la capacité d'apprentissage, ne pas tout apprendre en même temps

Extrait d'une lettre ouverte de Nestor Turcotte, philosophe, qui dénonce le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) imposé aux élèves et parents québécois et qui prétend tout enseigner en même temps dès six ans :
[...] L'enfant découvre vite aussi qu'il est un animal religieux. Il pose la question du sens. Du sens des choses et des êtres. Du sens aussi de l'existence. Le nouveau programme d'Éthique et de culture religieuse, imposé par le ministère de l'Éducation à tous les enfants du Québec et sans l'accord des parents, va à l'encontre de tout ce que je viens de dire sur les enseignements de base. On ne peut pas enseigner toutes les données des grands courants religieux planétaires, surtout à un enfant du primaire, sans jeter une grande confusion dans la tête du jeune enfant. Dans le domaine religieux, les mêmes mots peuvent se retrouver dans plusieurs religions, sans avoir toujours le même sens. Ayant un vocabulaire encore trop réduit, le jeune sera incapable de faire les distinctions qui s'imposent, clarifier certains concepts, éviter la confusion des genres. Au lieu de lui apporter les éléments qui lui permettraient de mieux juger et comparer les différentes doctrines religieuses, on en arrivera à créer en lui un mélange de mots, une mauvaise appréciation du domaine religieux, voire à son rejet.

Respecter la capacité d'apprentissage

L'enfant ne peut pas tout apprendre en même temps. L'enfant ne peut pas tout apprendre sur tous les sujets en procédant par un apprentissage parallèle. Ce travail intellectuel est le lot des adultes, ayant acquis une certaine formation intellectuelle. L'histoire des religions comparées fait souvent l'objet de cours universitaires et collégiales. Ayant parcouru un certain chemin, le jeune adulte devient apte à comparer ce qui, de prime abord, semblait être semblable. À vouloir prendre tous les chemins en même temps, à vouloir enseigner tout en même temps aux classes du primaire et du secondaire, on risque de créer une telle confusion dans les esprits qui ne fera qu'accentuer l'abandon éventuel de toute dimension religieuse dans l'être. Là, comme ailleurs, la méthode s'impose. Tout être humain a une certaine capacité d'apprentissage. On dénonçait jadis le bourrage de crâne fait aux enfants. On ne doit pas craindre de dénoncer ce qui s'en vient. Jadis, on gavait les jeunes d'un seul aliment. Maintenant, on les gavera davantage avec de multiples produits servis par des personnes qui n'en possèderont pas souvent la posologie. Le ministère de l'Éducation est responsable de ce cafouillis. Une correction de tir s'impose : seule la ministre peut procéder.


La ministre, le Premier ministre, les tribunaux, un futur gouvernement...

samedi 13 septembre 2008

Grande marche le 18 octobre

Une marche contre l'imposition du cours d'ECR aura lieu à Montréal
le 18 octobre 2008 à 14 h,
Place du Canada (métro Bonaventure).

Détails
La Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ)
www.coalition-cle.org | infos@coalition-cle.org

vendredi 12 septembre 2008

« Tolérance et diversité dans une société pluraliste » à l'œuvre : rappel à l'ordre des directeurs, tous les élèves soumis à l'ECR

Prêcher par l'exemple qu'on dit !

Le Monopole de l'Éducation a de nouveau montré sa crispation, son manque de souplesse et son intolérance envers les parents qui refusent que leurs enfants assistent au cours d'éthique et de culture religieuse imposé à la population québécoise à coup de slogans culpabilisants sur l'apprentissage du dialogue (sic!), de la diversité croissante et de la tolérance. Toute chose que le gouvernement n'applique évidemment pas quand il s'agit d'imposer sa philosophie du « vivre ensemble ». Rappelons que le gouvernement refuse à une école confessionnelle qu'elle enseigne plutôt l'éthique et les cultures religieuses d'un point de vue catholique, de manière conforme donc aux convictions religieuses des parents. Refus donc. Ça doit être cela la liberté, la tolérance et la diversité à l'œuvre.

Dernier exemple en date : le conseil des commissaires du Val-des-Cerfs de Granby qui refuse d'exempter 16 élèves du cours d'éthique et culture religieuse (ECR). Les parents sont en furie. Mais la commission scolaire a confirmé qu'elle s'entêterait ne fléchirait pas.

Plusieurs directions d'école avaient accordé le droit de retrait de leurs enfants, dans un esprit de conciliation, aux parents qui en avaient fait la demande. Mais des ordres leur sont parvenus d'en-haut. Qui a parlé d'autonomie des écoles encore ?

Les directions d'école ont été ramenées à l'ordre, mercredi après-midi, au cours d'une réunion à la commission scolaire. Certaines écoles permettaient aux parents de retirer leurs enfants du cours d'éthique et culture religieuse. Hors de question, maintient la commission scolaire. « Les directions ont reçu une directive claire », a répliqué Sandra Thibodeau à la Voix de l'Est. Mme Thibodeau est responsable de la « communication » auprès de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs.

« Mme Courchesne est une émotive »

Quelques extraits révélateurs sur la personnalité de Mme Courchesne tirés d'un article de La Presse :
« La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, est une émotive. J'ai passé une heure dans son bureau de Montréal, jeudi.

[...]

L'entrevue se déroulait calmement. Mme Courchesne causait réforme, compétences transversales, sondages, drogue, violence.

L'entrevue a dérapé lorsque la question des subventions à l'école privée est arrivée comme une bombe. « Il faut revaloriser l'école publique », a affirmé Mme Courchesne.

Des mots creux qui ne veulent rien dire. Valoriser, je veux bien, mais comment ? Combien de ministres ont « valorisé » l'école publique à coups de projets « tellement formidables » ? Résultat ? Nul. La saignée se poursuit. Les parents fuient l'école secondaire publique et refusent d'y envoyer leur ado.

Les chiffres sont renversants. Dans certaines régions du Québec, un élève sur trois fréquente une école secondaire privée. Un sur trois, c'est énorme.

[...]

— Avez-vous envoyé vos enfants à l'école publique ? ai-je demandé à la ministre.

— Non, a-t-elle répondu.

[...]

« Ils sont allés au privé parce qu'ils étaient pensionnaires et que j'étais sous-ministre. Je n'avais pas les moyens d'avoir une nounou qui coûtait une fortune, alors faites attention ! » a-t-elle lancé d'une voix aiguë.

[...]

La discussion s'est ensuite égarée sur le rôle des commissions scolaires dans la « valorisation » de l'école publique. La ministre s'est énervée et a monté le ton. Elle a de nouveau justifié le choix de l'école privée pour ses enfants. Lorsque le chapitre privé-public a été clos, elle avait les larmes aux yeux.

Émotive.

« J'suis pas fâchée, j'suis pas fâchée, a-t-elle protesté. Je parle avec fougue et passion. »

La ministre a la mèche courte. En août, elle a débarqué dans le bureau d'une journaliste à la tribune de La Presse, à Québec, pour l'engueuler sur le choix d'un mot dans un article. Elle la montrait du doigt et parlait fort. Du jamais vu.

Les journalistes de la tribune ont envoyé une lettre officielle au bureau du premier ministre Jean Charest pour se plaindre de Mme Courchesne. Intimidation, ont-ils dit. »

Séparer religion et éthique ?

Nous avons déjà abordé la question : il est faux de dire que les parents religieux seront contents du volet d'éthique du cours d'ECR alors que ce cours imposé par le Ministère de l'Éducation ne présente pas ce volet conformément à la morale de leur religion mais de façon « pluraliste » ou « relativiste ». Parfois cette présentation sera même tout simplement tendancieuse comme c'est le cas du dossier sur le clonage d'ERPI.

C'est avec intérêt que nous avons lu l'article Séparer éthique et religion dont nous reproduisons quelques extraits ci-dessous :
« [O]n ne peut pas tracer une frontière étanche entre éthique et religion.

[...]

[S]i l'éthique peut se passer de religion, celle-ci, par contre, ne peut pas se développer sans dimension morale. Le but fondamental de toute religion, c'est de proposer à l'humain une conception globale, holiste, de la vie en ce monde, ce qui comporte une cosmologie, une anthropologie, une sociologie et une éthique, au sens d'une façon d'envisager les rapports aux autres et au monde sur la base de cette conception de la vie. Au risque de me répéter, s'il est possible de parler d'éthique sans référence à Dieu, il est impossible de parler de Dieu sans en inférer des conséquences sur notre « vivre ensemble ».

[...]

[Selon certains] développons un discours éthique indépendant de toute référence religieuse, afin d'arriver à nous côtoyer sereinement par-delà les différences qu'engendrent nos appartenances de foi. Mais une fois qu'on a dit cela, quels pourront être les repères pour construire ce discours éthique commun, rassembleur ?

Jacques Beauchemin a bien montré, dans La société des identités, que c'est un pari extrêmement difficile à tenir. Pourquoi ? Parce que l'éthique part toujours d'une conception de l'humain, et que cette conception de l'humain n'existe pas, pour un individu X, indépendamment de sa propre conception générale de la vie, qui est la plupart du temps influencée par 1000 facteurs, dont le religieux n'est pas le moindre.

Besoin d'un exemple ? On a parfois la prétention de dire que la Charte universelle des droits de l'Homme est, justement, universelle, et qu'elle devrait pouvoir s'imposer partout, en surplomb, en quelque sorte, de toute religion et de toute culture. Mais il y a des coins du globe où elle est impossible à mettre en œuvre, car l'anthropologie locale y résiste radicalement. Pensons à l'Inde « profonde », si imprégnée de la mentalité des castes : souvent, même l'individu qui pourrait bénéficier de ces droits n'en envisage même pas l'existence, tant il est imprégné d'une conception de la vie où l'égalité fondamentale des individus est absente. Je ne veux pas partir ici un débat sur les Droits de l'Homme en Chine, mais est-ce si sûr que le bafouement de ces droits est essentiellement une question liée à un état de dictature qui cherche à se maintenir ? Certes, il y a probablement de cela. Mais n'y a-t-il pas aussi, plus intrinsèquement, une mentalité commune où la dignité individuelle n'a pas le même écho qu'en Occident ? Tout cela pour dire que notre charte « universelle » a toutes les chances d'être très occidentale, toute imprégnée qu'elle est de l'humanisme grec, du droit romain et de l'anthropologie personnalisante judéo-chrétienne, le tout ayant été progressivement assumé par la société civile depuis les Lumières.

Attention : je ne prétends pas que l'Occident et le christianisme ont raison puisque les « Droits de l'Homme » y sont nés. Je pense personnellement que cette conception des droits devrait idéalement en venir à imprégner toute culture. Mais si je le pense, n'est-ce pas précisément parce que je suis moi-même un occidental ?

Ce que je prétends, donc, c'est à l'extrême difficulté d'une opération pour identifier les valeurs communes, une opération qui prétende pouvoir justifier rationnellement ce choix sur la base d'un humanisme universellement acceptable. Il restera toujours des gens pour dire : « moi, dans ma façon de voir la vie humaine, telle valeur n'est pas vraiment recevable ». Tout ce qu'on pourra leur dire, ce sera : « ici, c'est comme ça, si tu veux vivre en terre québécoise, tu devras t'y plier. » Mais on ne pourra pas lui PROUVER que ça doit être comme cela.

[...]

Ce cours [d'ECR] permet d'aborder 2 thèmes humains fondamentaux: l'éthique ET la question de la religion dans la vie humaine. Rien dans la description ne dit que le discours éthique doive être influencé par quelque posture religieuse que ce soit. Certes, avant il y avait « Enseignement moral et religieux catholique » (par exemple), où tout était marqué par la foi chrétienne. Comme c'est ce cours qui a été aboli et remplacé, le nouveau cours devait prendre acte du vide, de sorte que les 2 thèmes sont pris en compte, mais chacun pour ce qu'il est : parfois on parlera de questions éthiques, et parfois on parlera de questions religieuses.

Seulement, comme je l'ai montré, si on peut penser qu'il sera possible de parler d'éthique sans référence religieuse, on ne pourra cependant pas parler de religion sans parler d'éthique, sous l'angle de : « voici ce que pensent ces croyants de la vie, de l'homme, du monde, etc. et, en conséquence, voici leurs valeurs... ».

jeudi 11 septembre 2008

Après l'ex-conseiller de Stephen Harper — Le président de l'Union paysanne se joint à la Coalition CLÉ

Dépêche reçue par le fil de presse CNW Telbec :
MONTRÉAL, le 11 sept. CNW Telbec — La Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) reçoit un autre appui de taille. Le porte-parole de l'Union paysanne, M. Benoit Girouard père de cinq enfants, se joint, à la Coalition Clé « pour dénoncer le caractère obligatoire du cours d'ÉCR et aider les parents du Québec à empêcher l'État de traiter nos enfants comme les cobayes d'une nouvelle lubie pédagogique » a-t-il déclaré. Cette déclaration rejoint celle de M. Jacques Parizeau qui dénonce l'échec des politiques de l'actuel gouvernement Charest et du gouvernement du Parti québécois, lorsque Mme Pauline Marois dirigeait le ministère de l'Éducation.

La CLÉ s'oppose au nouveau cours obligatoire d'éthique et culture religieuse (ÉCR) qui, depuis la rentrée scolaire, remplace l'enseignement moral et religieux dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec, allant ainsi à l'encontre même du caractère laïque de l'éducation que l'État prétend réaliser. « Comme parent, je suis le premier responsable de l'éducation éthique, morale et religieuse de mes enfants et l'État ne peut pas m'usurper ce droit » a précisé M. Girouard. Les parents, les enseignants et le public en général sont donc invités à la « résistance civique » et à s'informer d'urgence sur cet acte totalitaire de la ministre Michelle Courchesne contre leurs droits fondamentaux, avec la complicité coupable des syndicats, des commissions scolaires et des partis Libéral et Québécois.

On peut contacter la CLÉ au : Coalition-CLE.org

Renseignements : Brigitte Roy, (514) 772-9205

« L'enseignement public francophone en train de s'effondrer » selon Jacques Parizeau

Dans une entrevue au Journal de Montréal, Jacques Parizeau estime que le système de l'enseignement public francophone est carrément en train de s'effondrer et somme le ministère de l'Éducation du Québec d'expliquer comment il a pu en arriver à un tel gâchis.

Monsieur Parizeau a été frappé a plusieurs égards, mais surtout le sort des garçons francophones (et allophones) de Montréal qui l'a interpelé quand on le compare à celui de leurs homologues anglophones. C'est ainsi que cinq ans après leur arrivée au secondaire, seuls 36 % des francophones des écoles publiques relevant de la Commission scolaire de Montréal avaient obtenu leur diplôme, en juin dernier, alors que 67 % des anglophones du secteur public l'avaient obtenu. Après sept ans, moins de la moitié des francophones et allophones du secteur public francophone (49 %) l'avaient obtenu, contre 79 % du secteur public anglophone.

mercredi 10 septembre 2008

Cours d'ECR — « Le boycottage s'étend » selon le Journal de Montréal

« Des parents protestent contre ce pot-pourri de religions qui banalise la leur ».

C'est sous ce titre et sous-titre, le sous-titre uniquement visible dans l'édition papier, que le Journal de Montréal rapporte que le mouvement de boycottage contre le cours d'ECR s'étend.

Quelques remarques sur l'article :
Aucun des 860 parents québécois (sur un million d'élèves) qui ont jusqu'à maintenant demandé une exemption ne l'a obtenue.
Ces chiffres sous-estiment grandement les demandes d'exemption puisque l'école Loyola à elle seule totalise 650 demandes d'exemption !
« Il faut faire la preuve qu'il y a un préjudice grave, dit le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, André Caron. À mon avis une telle démonstration ne peut pas se faire. »
On se demande bien pourquoi il a été facile pour les parents qui s'opposaient au cours de religion catholique ou protestante de se faire exempter au même titre (article 222 de la Loi sur l'instruction publique). En quoi serait-il impossible pour un parent croyant de démontrer un préjudice similaire face à un programme qui banalise sa religion, enseigne un pluralisme condamné par son Église et expose ses enfants à des pressions conformistes au niveau des croyances familiales ?

Après tout un enfant d'athée n'était pas forcé de croire ce que l'on enseignait au catéchisme non plus, d'ailleurs le catéchisme seul a, semble-t-il, eu bien peu de succès quand on considère le nombre important d'athées adultes qui y sont passés pendant leur jeunesse. Aucun préjudice grave dû au catéchisme non plus alors ? Et pourtant on a bien accordé avec facilité des exemptions dans ce cas-là !

Mais bon, le « deux poids, deux mesures » n'est pas exclu au Québec bien sûr.

Et les écoles privées évangéliques ?

L’école catholique secondaire Loyola a demandé à être exemptée du cours d’ECR imposé par le Monopole de l’Éducation. Qu’en est-il des autres écoles confessionnelles ?

À notre connaissance, l’école chrétienne Emmanuel de Dollard-des-Ormeaux est la seule autre école du Québec qui ait officiellement demandé à être exemptée. Le Monopole de l’Éducation n’a pas encore répondu à sa requête.

On ne parle pas souvent des écoles évangéliques privées non subventionnées dans la presse et de la manière dont elles perçoivent ce cours. Pourquoi ne sont-elles pas montées au créneau alors que ce cours tend à banaliser le christianisme et prône une découverte autonome par l’élève de l’éthique dénuée de toute perspective religieuse qui lui donnerait une assise ?

D’après nos renseignements, une douzaine de représentants d’écoles évangéliques qui enseignent le programme ACE se sont réunis le 26 et 27 juin à l’Assemblée du Plein Évangile (Full Gospel Assembly) à Montréal à quelques pâtés de maison du pont Mercier pour une session de formation sur le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse.

L’instructrice originaire de l'Inde aurait précisé à son auditoire de chrétiens convaincus que ce cours permettrait à de nombreux élèves dans les écoles publiques, dépourvus de toute connaissance chrétienne, d’entendre parler de Jésus et que le volet d’éthique permettrait à l’enseignant de souligner le point de vue chrétien dans certaines décisions éthiques alors que les élèves pourraient ne connaître auparavant que la réponse éthique « laïque », contraire à la Bible. Notons que certains musulmans et juifs se disent également la même chose, pensant tous que ce cours leur offrira une exposition supplémentaire dans les écoles québécoises et ne pensant jamais que tous pourraient peut-être bien y perdre.

Lors de cette réunion, l’instructrice qui a beaucoup insisté sur les préjugés racistes des Québécois à cause de sa couleur de peau aurait indiqué que les écoles évangéliques privées pourraient adapter le cours et ne seraient pas obligées d’enseigner ce qu’elles considèrent répréhensible pour autant qu’elles enseignent des éléments factuels sur les autres religions.

On leur aurait également signalé que, bien qu’idéalement le professeur doive adopter une position neutre, il est évident que les convictions de celui-ci ne pourront rester totalement cachées. L’important étant de fournir, une heure par semaine, des faits sur d’autres religions et de développer des compétences favorables au dialogue. Les sujets en éthique pourraient être choisis afin de ne pas aborder des sujets contraires au projet éducatif de l’école (ne pas aborder le droit à l’avortement ou les mariages homosexuels par exemple).

Si ces informations (provenant de deux sources différentes) devaient se vérifier, pourquoi le Monopole de l’Éducation n’adopte-t-il pas la même souplesse envers l’école Loyola ?

Il n’est pas clair à ce stade que la formatrice ne sera pas désavouée ultérieurement par le Monopole de l’Éducation, ni que ces mesures conciliantes, si elles sont avérées, à l’égard d’écoles évangéliques ne seront pas supprimées une fois l’opposition au cours aura été vaincue dans les secteurs public et privé subventionnés. « Il faut harmoniser ». Rappelons que ces écoles évangéliques avaient été déclarées illégales par le Monopole et que leur existence est toujours menacée par un non-renouvellement de permis. Me Claude Grant de Gatineau représente ces écoles dans leurs déboires avec le Monopole de l'Éducation.

Interdite d’enseigner le cours d’ECR dans une perspective catholique, l’école Loyola prépare un recours en justice

La Gazette rapporte que l’école secondaire Loyola, un établissement catholique privé pour garçons de Notre-Dame-de-Grâce, se prépare à un recours en justice au sujet du nouveau programme imposé d’éthique et de culture religieuse.

Loyola – une école confessionnelle privée rappelons-le – propose déjà son propre cours de culture religieuse, mais celui-ci n’a pas été approuvé par le Monopole de l’Éducation.

Le directeur de l’école, Paul Donovan, a déclaré à la Gazette « Je pense qu’on en arrive à un point où les tribunaux vont devoir décider. Nous avons demandé à discuter avec le [ministère de l’Éducation], mais ils ne nous ont pas répondu. »
Objection principale : le volet éthique du cours

Opposé au volet éthique du nouveau programme.

« Il y a beaucoup de bonnes choses dans cette matière qu’ils proposent et nous ne nous opposons pas à un tas de choses » d’ajouter Donovan. « Mais nous nous opposons à nous faire dire que nous devons l’enseigner d’une certaine manière et qu’il nous est interdit d’introduire des éléments de foi quand nous parlons des questions éthiques. C’est un problème. »

Loyola donne depuis longtemps un cours sur les religions du monde. Ce cours a été modifié récemment pour prendre en compte des éléments du cours d’ECR imposé par le Monopole de l’Éducation. Selon M. Donovan, la majorité des éléments du programme gouvernemental sont inclus dans le cours offert par son établissement, mais de telle façon qu’il « inclut une dimension religieuse et une perspective catholique. »

650 demandes d'exemption

Le directeur de Loyola affirme avoir reçu environ 650 demandes de parents qui désirent que leurs enfants soient exemptés du cours d'ECR. L'école accueille 730 élèves.

lundi 8 septembre 2008

« Ils ne comprennent pas les mots qu'ils utilisent »
Difficultés de l'Éducation nationale en France

Radio-Canada organise un débat sur le cours d'ECR

Radio-Canada organise une discussion de 25 minutes sur le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse.

Qui la société d'État invite-t-elle avec nos sous ? Un membre de la CLÉ ? Un des philosophes, sociologues, théologiens opposés à ce cours qui s'y sont opposés d'une perspective conservatrice ou religieuse ? Que nenni ! Vos impôts sont à l'ouvrage ! Radio-Canada invite plutôt :
  1. Marie-Michèle Poisson, vice-présidente du Mouvement laïque québécois et professeure de philosophie au cégep Ahuntsic, Mme Poisson s'est opposée par le passé au volet religieux du cours d'ECR;
  2. Alain Pronkin, directeur des communications du Centre d’information sur les nouvelles religions; M. Pronkin est pour l'intervention de la DPJ dans le cas d'enfants éduqués à la maison par ce qu'il nomme un mouvement sectaire ;
  3. L’abbé Raymond Gravel, prêtre catholique et ex-député bloquiste. Raymond Gravel s'est prostitué dans sa jeunesse et a travaillé dans un bar homosexuel. À l'âge de seize ans, il quitte la maison pour devenir une escorte masculine. Il est très controversé en raison de son appui au mariage homosexuel et à l'avortement, deux positions contraires à celles de l'Église catholique.


Il est possible d'écrire poliment à l'Ombudsman de Radio-Canada (c'est une dame) pour se plaindre de cette partialité sur les ondes de la radio publique.