samedi 16 décembre 2023

Origine et histoire de la Bûche de Noël

La bûche étant traditionnelle, nous avons reproduit ce récit traditionnel de son origine (inspiré de « La nuit de Noël dans tous les pays » paru en 1912)

La bûche de Noël réunissait autrefois tous les habitants de la maison, tous les hôtes du logis, parents et domestiques, autour du foyer familial. La bénédiction de la bûche avec les cérémonies traditionnelles dont elle se parait n’était que la bénédiction du feu, au moment où les rigueurs de la saison le rendent plus utile que jamais.

Cet usage existait surtout dans les pays du Nord. C’était la fête du feu, le Licht des anciens Germains, le Yule Log [en anglo-saxon, le Julekubbe ou Julblock en Scandinavie, Bloc na Nollaig (le Bloc de Noël) en Irlande], le feu d’Yule des forêts druidiques, auquel les premiers chrétiens ont substitué cette fête de sainte Luce dont le nom, inscrit le 13 décembre au calendrier et venant du latin lux, lucis, rappelle encore la lumière.

 
Tradition de la grande bûche de Noël. Dessin de Léon Lhermitte
paru dans Le Monde illustré du 1er janvier 1884


Il est tout naturel qu’on mette en honneur, au 25 décembre, au cœur de l’hiver, le morceau de bois sec et résineux qui promet de chauds rayonnements aux membres raidis sous la bise. Mais, souvent, cette coutume était un impôt en nature, payé au seigneur par son vassal. À la Noël, on apportait du bois ; à Pâques, des œufs ou des agneaux ; à l’Assomption, du blé ; à la Toussaint, du vin ou de l’huile.

Il arrivait aussi, quelquefois, que les pauvres gens ne pouvant se procurer des bûches convenables pour la veillée de Noël, se les fissent donner. « Beaucoup de religieux et de paysans, dit Léopold Bellisle, recevaient pour leurs feux des fêtes de Noël un arbre ou une grosse bûche nommée tréfouet ». Le tréfeu, le tréfouet que l’on retrouve sous le même nom en Normandie, en Lorraine, en Bourgogne, en Berry, etc., c’est, nous apprend le commentaire du Dictionnaire de Jean de Garlande, la grosse bûche qui devait, suivant la tradition, durer pendant les trois jours de fête. De là, du reste, son nom : tréfeu, en latin tres foci, trois feux.

Partout, même dans les plus humbles chaumières, on veillait autour de larges foyers où flambait la souche de hêtre ou de chêne, avec ses bosses et ses creux, avec ses lierres et ses mousses. La porte restait grande ouverte aux pauvres gens qui venaient demander un gîte pour la nuit. On leur versait en abondance le vin, la bière ou le cidre, suivant les contrées, et une place leur était accordée à la table de famille. On attendait ainsi la Messe de minuit.

Qu’on se représente les immenses cheminées d’autrefois : sous leur manteau pouvait s’abriter une famille tout entière, parents, enfants, serviteurs, sans compter les chiens fidèles et les chats frileux. Une bonne vieille grand-mère contait des histoires qu’elle interrompait seulement pour frapper la bûche avec sa pelle à feu et en faire jaillir le plus possible d’étincelles, en disant : « Bonne année, bonnes récoltes, autant de gerbes et de gerbillons ».

La bûche de Noël était un usage très répandu dans presque toutes les provinces de notre vieille France. Voici, d’après Cornandet, le cérémonial que l’on suivait dans la plupart des familles : « Dès que la dernière heure du jour s’était fondue dans l’ombre de la nuit, tous les chrétiens avaient grand soin d’éteindre leurs foyers, puis allaient en foule allumer des brandons à la lampe qui brûlait dans l’église, en l’honneur de Jésus. Un prêtre bénissait les brandons que l’on allait promener dans les champs. Ces brandons portaient le seul feu qui régnait dans le village. C’était le feu bénit et régénéré qui devait jeter de jeunes étincelles sur l’âtre ranimé.

« Cependant, le père de famille, accompagné de ses enfants et de ses serviteurs, allait à l’endroit du logis où, l’année précédente, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche. Ils apportaient solennellement ces tisons ; l’aïeul les déposait dans le foyer et tout le monde se mettant à genoux, récitait le Pater, tandis que deux forts valets de ferme ou deux garçons apportaient la bûche nouvelle.

« Cette bûche était toujours la plus grosse qu’on pût trouver ; c’était la plus grosse partie du tronc de l’arbre, ou même la souche, on appelait cela la coque de Noël. Le gâteau allongé en forme de bûche que l’on donnait aux enfants le jour de Noël portait encore au début du XXe siècle dans certaines provinces le nom de coquille ou petite bûche, en patois, le cogneu ou cougnou. (Il se pourrait que le terme signifie coin [cuneus en latin] ou coin en fer [pour fendre le bois], voire berceau. L’étymologie en est disputée.)

Cougnou belge

« On mettait le feu à cette coque et les petits enfants allaient prier dans un coin de la chambre, la face tournée contre le mur, afin, leur disait-on, que la souche leur fît des présents ; et tandis qu’ils priaient l’Enfant-Jésus de leur accorder la sagesse, on mettait au bout de la bûche des fruits confits, des noix et des bonbons. À onze heures, tous les jeux, tous les plaisirs cessaient. Dès les premiers tintements de la cloche, on se mettait en devoir d’aller à la messe, on s’y rendait en longues files avec des torches à la main. Avant et après la messe, tous les assistants chantaient des Noëls, et on revenait au logis se chauffer à la bûche et faire le réveillon dans un joyeux repas. »

Dans la Semaine religieuse du diocèse de Langres du 23 décembre 1905, un vieil auteur, Marchetti, expose le sens religieux de ces pratiques : « La bûche de Noël, dit-il, représente Jésus-Christ qui s’est comparé lui-même au bois vert. Dès lors, continue notre auteur, l’iniquité étant appelée, dans le quatrième Livre des Proverbes le vin et la boisson des impies, il semble que le vin répandu par le chef de famille sur cette bûche signifiait la multitude de nos iniquités que le Père Éternel a répandues sur son Fils dans le mystère de l’Incarnation, pour être consumées avec lui dans la charité, dont il a brûlé durant le cours de sa vie mortelle ».

Le gâteau

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la bûche de Noël, dessert de réveillon par excellence, n’est pas une tradition qui remonte aux fins fonds des origines de la gastronomie française. La méprise vient du fait que la bûche, la vraie, la bonne grosse bûche de bois sec que l’on mettait dans l’âtre le soir de Noël du temps où il y avait encore une cheminée dans tous les foyers existe, elle, depuis le Moyen-Âge.

La tradition de la grosse bûche de bois perdura jusqu’à la fin du XIXe tant que les gens avaient un âtre dans leur maison. Quand ces foyers disparurent dans la plupart des maisons, la tradition des bûche de bois disparut avec ceux-ci.

L’invention de la bûche pâtissière remonte à la même époque : au XIXe siècle, sans que personne ne sache vraiment qui en a la paternité, les sources multiples se contredisant. Certaines évoquent sa création vers 1834 par un apprenti pâtissier de Saint-Germain-des-Prés. D’autres estiment que la bûche de Noël est née à Lyon dans les années 1860 dans la cuisine du chocolatier Felix Bonnat. Une autre piste mène à Pierre Lacam, glacier du prince Charles III de Monaco, qui l’aurait conçue en 1898.

Toujours est-il que la bûche en tant que pâtisserie n’a commencé à se populariser qu’après la Libération, dans les années 1945-1950. C’est surtout une tradition des pays francophones.

Au Québec, il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale avant que la bûche connaisse le succès, « avec notamment l’immigration de pâtissiers, des savoir-faire et des échanges culinaires entre le Québec et la France », souligne M. Jean-Pierre Lemasson, professeur associé au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM.

À preuve : dans ses recherches, M. Lemasson a constaté l’absence totale de bûche dans La Nouvelle Cuisinière canadienne, le premier livre de recettes publié au pays en 1840. Il y a cependant beaucoup de poudings et de gâteaux d’inspiration britannique...

Bûche de Noël traditionnelle au beurre

Pour ceux que les détails folkloriques intéressent, on trouvera ci-dessous une description des traditions de la bûche (de bois) de Noël dans ce qu’elle offrait de particulier en Berry, en Normandie, en Provence et en Bretagne.

Les États-Unis sont politiquement divisés, il en va de même pour le cinéma américain

UN HOMME ORDINAIRE affronte un puissant ennemi aux ressources illimitées. C’est le thème de « The Shift », un film de science-fiction sorti le 1er décembre. Mais il pourrait aussi décrire son distributeur, Angel Studios, dirigé par des frères qui se définissent comme de simples « garçons de ferme de l’Idaho » et qui sont en croisade pour remodeler Hollywood.

Angel, un studio indépendant, est à l’avant-garde d’une tendance importante dans le monde du divertissement américain. Les conservateurs, qui reprochent à Hollywood d’être devenu non pas une usine à rêves, mais une usine à « wokeries », écrivent et produisent leurs propres films et séries, s’adressant à des spectateurs qui ne partagent pas les vues de la gauche sur le genre, la race et la rectitude politique. On les appelle l’« Hollywood conservateur » ou l’« alt-write » (jeu de mots sur « alt-right », la droite alternative en français et « write » pour suggérer un scénario alternatif).

Leur plus grand succès est « Sound of Freedom », un suspense d’action réalisé par Angel, qui sera diffusé en continu sur Amazon Prime Video à partir du 26 décembre. Il a récolté 184 millions de dollars de recettes dans les cinémas américains, dépassant les derniers opus des franchises « Indiana Jones » et « Mission : Impossible ». (Il a également connu une bonne performance à l’étranger, où il a rapporté 63 millions de dollars.)

« Sound of Freedom » est « L’inspecteur Harry » de l’ère Donald Trump. L’intrigue plaît aux spectateurs républicains : un homme de loi américain voit le mal, tente de le vaincre et se heurte à une bureaucratie gouvernementale sans cœur, si bien qu’il prend les choses en main et sauve la situation. Le film retrace la vie de Tim Ballard, un militant controversé selon The Economist de la lutte contre le trafic sexuel. Dans le film, il est dépeint comme un agent fédéral vertueux qui surprend des pédophiles en train de partager de la pornographie enfantine en ligne. Bien décidé à sauver d’autres enfants, M. Ballard se voit signifier par son supérieur qu’il ne peut pas participer à une dangereuse mission de sauvetage en Amérique du Sud. Il rend son badge et part quand même.

Parmi les amateurs du film figure M. Trump qui a déclaré : « Il s’agit d’un film très important, d’un long métrage très important et d’un documentaire très important, le tout réuni en un seul film ». À l’approche de l’élection de 2024, M. Trump veut montrer son soutien à la lutte contre le trafic sexuel, qui préoccupe de nombreux électeurs évangéliques et que certains théoriciens du complot dramatiseraient de manière ridicule selon certains.

D’autres sociétés ont suivi avec intérêt le succès de « Sound of Freedom » et se sont jointes à la fête, notamment le Daily Wire, un média fondé par Ben Shapiro, un éditorialiste conservateur, et Jeremy Boreing, un réalisateur de films. (« Il est temps de faire exploser l’étoile de la mort qu’est le monopole de la gauche sur le divertissement », a proclamé M. Shapiro). Les films et séries du Daily Wire sont diffusés sur DailyWire+, sa plateforme de diffusion en continu, qui compte 1 million d’abonnés.


La dernière en date est « Lady Ballers », une comédie réalisée par M. Boreing. Elle suit des joueurs de basket masculins médiocres qui deviennent transgenres pour participer à une ligue féminine et se moque avec enthousiasme de l’orthodoxie libérale en matière d’identité sexuelle. Comme on pouvait s’y attendre, le film n’a pas été bien accueilli par les téléspectateurs de gauche. Un commentateur progressiste l’a qualifiée de « “Madame Doubtfire”, mais diabolique ».

« Lady Ballers » ne sonne peut-être pas comme un film hollywoodien, mais sa production en a toutes les apparences. Une production plus soignée a renforcé l’attrait des productions des studios conservateurs, et la diffusion en continu leur a permis d’atteindre un plus grand nombre de téléspectateurs. Il s’agit là d’un changement radical. Pendant des décennies, les tentatives des conservateurs pour rivaliser avec les films hollywoodiens étaient lamentables. « Left Behind », une trilogie de films apocalyptiques de 2000 à 2005 réimaginant le Livre de l’Apocalypse, en est un bon exemple : ces films, qui se voulaient une franchise de suspense, ressemblaient plutôt à des projets amateurs rejetés par des candidats d’écoles de cinéma. (Ils sont sortis directement en vidéo).
 
 Aujourd’hui, les productions conservatrices se répartissent en trois catégories. La première, la plus prévisible, consiste à railler le wokisme. « Lady Ballers » en est le modèle : elle prend un sujet brûlant et en fait la satire. Le résultat permet aux politiciens républicains de faire valoir leurs arguments. (« Lady Ballers » comporte une apparition éclair de Ted Cruz, sénateur républicain du Texas). Daily Wire a récemment annoncé une nouvelle série comique animée pour adultes, « Mr Birchum », sur un enseignant qui « tente de naviguer dans un monde qu’il ne comprend pas ou qu’il n’approuve pas ». La distribution des voix comprend Roseanne Barr, une humoriste qui soutient Trump, et Megyn Kelly, une ancienne présentatrice de Fox News.

La deuxième catégorie est celle des contenus religieux, ou « basés sur la foi ». Neal Harmon, le patron d’Angel, explique que son studio veut raconter des histoires qui « diffusent plus de lumière ». Par exemple, « The Shift », le dernier film d’Angel, s’inspire de l’histoire biblique de Job. L’un de ses plus grands succès est « The Chosen » (L’Élu), un feuilleton basé sur la vie de Jésus, qui a été visionné plus de 500 millions de fois. L’entreprise est actuellement en train de rassembler des fonds pour la réalisation d’un film d’animation sur David.

De manière contre-intuitive, la troisième catégorie de contenu évite complètement la politique. Prenons l’exemple d’Amanda Milius, ancienne fonctionnaire du département d’État sous M. Trump, qui a connu la célébrité avec un documentaire sur le dossier Trump-Russie. Parmi ses projets actuels figure un film biographique sur John McAfee, un informaticien plus grand que nature. « C’est une histoire de putes et de cocaïne sur un yacht. Je ne peux pas vraiment présenter cela à l’Amérique conservatrice », plaisante-t-elle.
 
Mme Milius est catégorique : l’art doit l’emporter sur la partisanerie. « Si vous voulez être à droite et dire “Oh, Hollywood est dominé par la gauche”, ne faites pas les mêmes erreurs et ne faites pas valoir votre idéologie… faites valoir l’histoire et l’esthétique », dit-elle.

D’autres font de même. Les films non politiques de Daily Wire comprennent un western, « Terror on the Prairie », un suspense, « Shut In », et une comédie excentrique, « The Hyperions ». En octobre, le studio a lancé Bentkey, une plateforme pour enfants, dont la mission est de dépolitiser les divertissements pour enfants.

Mais même dans les films « dépolitisés », la politique est palpable. Bentkey a été lancé en pleine polémique sur la reprise par Disney du dessin animé « Blanche-Neige » de 1937. L’actrice principale, Rachel Zegler, a promis une version moderne : « Nous ne sommes plus en 1937 », et Blanche-Neige « ne sera pas sauvée par le prince et ne rêvera pas du grand amour ». En réponse, Bentkey réalise une version de « Blanche-Neige », qui se veut un retour plus fidèle à « un conte d’une vérité intemporelle » (le film sortira l’année prochaine).

M. Boreing est lucide quant au marché plus large des productions du Daily Wire, même celles qui sont ostensiblement apolitiques. « Je pense que l’idée que l’on peut faire du “contenu grand public” et attirer des gens de gauche et de droite est un peu naïve », admet-il. L’Amérique s’est divisée en deux tribus — les gauchistes et les conservateurs — qui consomment des produits différents, des sources d’information différentes et, de plus en plus, des divertissements différents.
 
Cela signifie-t-il que les films conservateurs seront relégués à un public de vrais croyants ? Le large succès de « The Chosen » suggère que non. La diffusion en continu, que ce soit par l’intermédiaire des plateformes des studios ou de plateformes populaires comme Netflix, permettra aux films et aux séries télévisées d’atteindre un large public aux États-Unis.

Ces productions peuvent également toucher des publics internationaux. Une fois de plus, « Sound of Freedom » est un signe avant-coureur. Le film a obtenu de bons résultats en Amérique du Sud, où il s’est appuyé sur un réseau de personnalités conservatrices. Au Brésil, les fils de Jair Bolsonaro, l’ancien président et allié de M. Trump, ont assisté à la première. Au Salvador, Nayib Bukele, le président, a encouragé les Salvadoriens à voir le film.

L’Europe pourrait également devenir un marché important pour le contenu conservateur américain. Sur tout le continent, les hommes politiques de droite ont le vent en poupe et les batailles des guerres culturelles américaines se sont étendues à l’ensemble du continent. En France, le wokisme est un sujet de discussion majeur. Le mois dernier, Europe 1, une station de radio de premier plan, a publié un éditorial critiquant Disney pour avoir embrassé la « révolution woke », qu’elle a vivement décrite comme « une déconstruction de nos rêves d’enfant ». Cela ressemble beaucoup à l’argumentaire de vente de M. Boreing pour Bentkey.

Source : The Economist