dimanche 7 octobre 2018

Laïcité : elle ne permet pas de faire cohabiter des religions antagonistes, selon Zemmour

Extraits d’un entretien du journal Le Télégramme avec l’auteur Éric Zemmour en marge de la publication de son dernier essai Destin français :


Quelles leçons puisez-vous dans l’Histoire ?

Zemmour. — Le pouvoir politique a toujours eu besoin de l’Histoire pour se légitimer. Clovis [le franc converti au christianisme] a été le symbole d’une France chrétienne et au XIXe, les progressistes laïcards ont privilégié les Gaulois. Mais la France, qui n’est pas une race, ni une ethnie, ni même une langue, est un pays fondé par le catholicisme. L’Église et donc le christianisme ont uni et fédéré des populations disparates. Saint-Louis a voulu faire des Français le nouveau peuple élu. L’écrivain André Suarès disait « la France a l’Évangile dans le sang et sa plus grande erreur est de mettre du sentiment dans la politique ». L’Église a longtemps dénoncé — avant de le faire sien aujourd’hui avec le pape François — ce message hérétique qui résume le catholicisme à l’amour de l’Autre. Mais cet amour immodéré de l’Autre, jusqu’à la haine de soi, nous mènera au pire. Puisqu’on n’oblige plus les nouveaux arrivants à se soumettre aux valeurs et mœurs issues du christianisme, ils imposent dans de nombreux territoires, leur propre système de valeurs et de mœurs. C’est la charia de fait. Les conquérants de l’Islam ont toujours agi ainsi lorsqu’ils ont conquis l’Empire romain d’Orient, au contraire des « Barbares » venus du Nord, qui détruisaient l’Empire romain d’Occident, mais adoptaient la religion chrétienne et la langue latine. Les deux systèmes sont antagonistes de manière irréductible.


N’est-ce pas le rôle de la laïcité de faire cohabiter ces religions antagonistes ?

Zemmour. — La laïcité, produit du christianisme, ne peut s’accorder avec l’Islam, système politico-religieux mélangeant le temporel et le sacré. Malraux disait : « Une civilisation, c’est ce qui s’agrège autour d’une religion ». Deux civilisations qui se partagent un même territoire, cela ne peut que finir en guerre des civilisations et en France, une guerre civile. Nous avons oublié que nous étions le pays des guerres civiles, car nous avons oublié notre Histoire. Et on a tout fait pour ça. D’autres ne font pas notre erreur. Les pays de l’Est ont connu la conquête islamique et les drames du multiculturalisme. Chaque nation, après la dislocation de l’Empire des Habsbourg en 1919, était devenue un mini-empire multiculturel. Tout cela a fini par une guerre généralisée. Ils n’en veulent plus. Les Hongrois arrêtent donc les vagues migratoires comme les Polonais. Ce que les élites appellent avec mépris le populisme n’est rien d’autre que le cri des peuples qui ne veulent pas mourir. Car on connaît une explosion démographique sans précédent dans les pays du Sud. Il y avait 300 millions d’Africains en 1900 [Note du carnet : sans doute plutôt 120 millions, voir [1] et [2]]. Il y en aura 2 milliards en 2050. Ils se répandent sur les pays européens. Les envahisseurs [évaluent leurs options] et vont vers les pays faibles comme le nôtre qui ne se défendent pas au nom des droits de l’Homme.


Guerre, le terme n’est-il pas un peu fort ? Quel pessimisme !

Zemmour. — Nous avons des dizaines de Kosovo en préparation. Si nous voulons vivre une partition dans 20 ans, continuons comme cela. Il y a un grand mensonge sur les chiffres de l’immigration. Allez voir Michèle Tribalat (démographe, spécialiste des questions d’immigration ; NDLR, voir ici), elle vous donnera les vrais chiffres. En France, les guerres d’historiens ont toujours préparé les guerres politiques et les guerres civiles. Nous avons aujourd’hui des historiens qui effacent l’Histoire de France pour forger une « histoire inclusive » afin de permettre aux nouvelles populations de se reconnaître dans cette Histoire. Les immigrés d’avant faisaient le contraire, ils s’appropriaient l’Histoire de France. Le grand effacement accompagne le grand remplacement.