mardi 21 novembre 2023

Québec — Des milliers d'immigrants formés en anglais au secondaire (à la formation professionnelle)

Des clauses de la loi 101 mal rédigées et la volonté de permettre le libre choix de langue à partir de 16 ans (?) permettent à des milliers d'immigrants d'être formés à la formation professionnelle (35,5% du total !) en ANGLAIS.

Ce carnet est pour le libre choix de l'école, de la pédagogie, des enseignants employés même (comme dans d'autres pays) mais pour que tout l'enseignement subventionné soit en français. Plus de liberté pédagogique, mais inscrit dans un unilinguisme territorial (comme en Suisse, en Belgique, les États-Unis, etc.)

[Malgré la loi 101, étudier] au secondaire en anglais demeure possible pour les immigrants nés de deux parents allophones. En 20 ans, plus de 140 000 néo-Québécois ont suivi une formation professionnelle en anglais, en contradiction avec l’esprit de la Charte de la langue française, révèlent des données consultées par Le Devoir.

Pas moins du tiers (35,5 %) de tous les étudiants allophones du Québec en formation professionnelle au secondaire ont décroché leur diplôme en anglais en 2021. Le nombre réel est encore plus important, car ces statistiques excluent les écoles non subventionnées.



La Charte de la langue française stipule que « l’enseignement se donne en français dans les classes maternelles, dans les écoles primaires et secondaires », sauf exception. Or, la loi permet à n’importe qui de s’inscrire, une fois passé le cap des 16 ans, dans une formation professionnelle dans la langue de son choix. Il devient donc légal de terminer son secondaire aux adultes, ou a fortiori dans un programme de diplôme d’études professionnelles (DEP), tout en choisissant l’anglais comme langue d’apprentissage.

Ils sont plus de 140 000 à avoir ainsi profité de cette échappatoire depuis 2002, et plus de 10 000 en 2021, selon les données du ministère de l’Éducation. La formation professionnelle permet d’accéder à une panoplie de « métiers d’avenir », comme les qualifie le gouvernement, par exemple mécanicien, secrétaire ou conducteur de poids lourd.

Ce constat indigne le président du Mouvement Québec français, Maxime Laporte, contacté par Le Devoir. « On s’imagine que la normalité, c’est le libre choix [linguistique]. Je regrette, mais la normalité, c’est plutôt que la langue nationale, dans une société linguistiquement normale, s’impose comme langue commune, langue des institutions et langue officielle. »

La tactique est particulièrement courue dans les centres de services scolaires anglophones, où 57,8 % des nouveaux arrivants préfèrent étudier en anglais. « Dans le secteur de la formation professionnelle, c’est même devenu la principale activité des commissions scolaires anglaises à Montréal, pour ne pas dire une spécialité », renchérit Maxime Laporte.

Les enfants de travailleurs temporaires profitent également d’exemptions à l’obligation de l’apprentissage en français dans les écoles publiques. Le chercheur indépendant, chroniqueur et essayiste Frédéric Lacroix, qui a compilé les données citées ci-dessus, dresse un constat implacable. « Dans un contexte de hausse de l’immigration, de plus en plus de monde en nombre absolu n’a aucune obligation de francisation. »

De plus en plus d’écoles secondaires francophones offrent des formations professionnelles en anglais. En 20 ans, près de 10 000 étudiants ont profité de ces programmes.

Frédéric Lacroix s’inquiète de l’effet à long terme de cette scolarisation en anglais. Il ajoute que des études récentes indiquent ces « trous », résultats de « de clauses mal rédigées, d’omissions, de non-dits », qui conduisent une part toujours plus importante de Québécois à utiliser l’anglais dans la vie de tous les jours.

Selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), la moitié des jeunes ayant étudié dans un établissement postsecondaire anglophone préfèrent travailler en anglais (50,4 %) et 28,7 % d’entre eux préfèrent recevoir un service en anglais dans les commerces.


 

Source:  Le Devoir