samedi 28 mai 2016

Mort à papa ! Mort à maman !

Texte de Mathieu Bock-Côté sur une histoire « d'inclusion » :

C’est une histoire française, mais elle aurait très bien pu se passer au Québec – en fait, cela nous arrivera un jour.
Dans une école de village de la Gironde, les institutrices ont informé les parents d’élèves qu’elles ne fêteraient plus la fête des Mères ni la fête des Pères.

La raison: certains enfants n’ont pas de mère, d’autres n’ont pas de père. Ils risquent de se sentir exclus.

Alors les institutrices ont remplacé ces deux fêtes par celle «des gens qu’on aime».
Inclusion ?

La chose est devenue virale sur les médias sociaux. Elle heurtait le bon sens.

Pourquoi parler de cet événement lointain? Parce qu’il n’est pas si lointain.

Parce qu’il est révélateur d’une étrange manie qui domine notre époque: pour ne pas blesser la minorité, et quelquefois, l’infime minorité, on écrasera la majorité, on la privera de ses ancrages.

On veut créer une société inclusive pour tout le monde. Mais pour cela, on exclura la majorité. Tu es majoritaire? Ta gueule!

Papa, maman? Taisez ces mots que je ne saurais entendre! De la même manière, à la Commission scolaire de Montréal, on a effacé il y a quelques années la référence au père et à la mère dans certains formulaires pour éviter de faire preuve d’homophobie.

Parce que des gens ne fêtent pas Noël, devra-t-on désormais fêter la lumière?

[Mathieu Bock-Côté cherche visiblement avec cette Fête de la lumière à exclure, à stigmatiser les « mal-voyants » ! Ce carnet s'insurge avec la plus forte vigueur contre ces intolérables scotomaphobie et typhlophobie !]


Parce que des gens ne fêtent pas Pâques, devra-t-on plutôt fêter le chocolat?

Tout effacer !

Et puisqu’en ce monde il y a des célibataires malheureux, devrait-on suspendre la célébration de la Saint-Valentin? Parce que certains Québécois un peu bizarres se sentent d’abord et avant tout Canadiens, faut-il cesser de célébrer la Saint-Jean?

Faut-il tout aseptiser pour ne déplaire à personne, pour n’écorcher personne?

Faut-il défigurer le monde pour le rendre habitable à tous?


Faut-il écrire l’avenir avec une grosse gomme à effacer?

Apparemment, oui.

Voir aussi

Italie — Plus de fête des Pères à cause d'une enfant élevée par ses deux « mamans »

† Deux mots pour désigner la peur irrationnelle des aveugles... Blague à part, ce carnet est résolument « phobophobe ».


France — Les fautes d’orthographe diminuent fortement les chances d’être recruté

« Je constatais que mes étudiants faisaient de plus en plus de fautes dans leurs écrits, tout en n’ayant aucune conscience de l’impact que cela pouvait produire sur leurs recruteurs ! » Cette observation a conduit Christelle Martin-Lacroux, enseignante-chercheuse à l’institut universitaire de technologie (IUT) de Toulon-Var, à consacrer sa thèse en sciences de gestion à « l’appréciation des compétences orthographiques en phase de présélection des dossiers de candidature ».

CV et réseaux sociaux à l’épreuve

Et les résultats de ses recherches sont des plus probants : à expérience égale, un CV présentant des fautes a trois fois plus de chances d’être écarté qu’un CV à l’orthographe impeccable. Tout aussi frappant, les candidats sont encore plus sévères que les recruteurs concernant la bonne maîtrise de la langue française.

« C’est ce que j’ai appelé “le paradoxe de l’orthographe”, explique Christelle Martin-Lacroux. Même s’ils n’ont pas toujours les compétences pour écrire correctement, les candidats ont intégré l’importance de l’orthographe dans le cadre professionnel. »

Et le panel questionné par la chercheuse estime que la non-maîtrise de l’orthographe est un signe de laxisme, de défaut de politesse vis-à-vis du recruteur, voire de manque d’intelligence.

Quant aux recruteurs, « ils sont à la recherche d’indices de fond, comme de forme, pour déterminer l’employabilité des candidats, analyse la spécialiste d’économie et de gestion commerciale. La présence de fautes d’orthographe peut les décourager de rencontrer le candidat. »

Et il n’y a pas que le CV ou la lettre de motivation qui sont passés au crible. Selon une enquête menée par RégionsJob en 2013, sur les 60 % de recruteurs qui étudient les profils des candidats sur les réseaux sociaux, 71 % repartent avec un a priori négatif face à des fautes. Un point de crispation très franco-français, puisque Christelle Martin-Lacroux a constaté que les Anglo-Saxons sont beaucoup moins exigeants concernant les compétences langagières.

L’orthographe à la peine

La maîtrise de l’orthographe est un débat récurrent, ces dernières années, parmi les pédagogues. Plusieurs études ont en effet démontré une baisse générale du niveau des Français. Selon une enquête menée par le Projet Voltaire, qui publie son deuxième baromètre sur les liens des Français à l’orthographe, en 2016 les sondés maîtrisaient 43,25 % des règles de l’orthographe, contre 51 % en 2010.

Une baisse dont la cause ne fait pas l’unanimité, mais qui semble déterminée par plusieurs facteurs, comme la difficulté du français ou l’évolution des méthodes d’apprentissage. Le nombre d'heures d'enseignement du français a également fortement baissé en France. C'est ainsi qu'en 1976, un élève qui sortait du collège [15 ans] avait reçu 2 800 heures d'enseignement du français depuis son entrée au cours préparatoire. En 2004, il en avait reçu 800 de moins.

Christelle Martin-Lacroux note également un certain assouplissement des critères de notation des enseignants : « En 2015, l’académie d’Aix-Marseille avait ainsi donné comme consigne aux examinateurs du baccalauréat général de n’enlever que deux points s’ils corrigeaient des copies présentant au moins dix fautes graves par page. »

Selon le Projet Voltaire, qui propose notamment des accompagnements en orthographe à plus de mille établissements primaires, secondaires et supérieurs, les règles les plus complexes à assimiler sont les règles grammaticales. Et la règle la moins maîtrisée pourrait bien servir aux futurs candidats. Ainsi, vous écrirez « à l’attention de » au moment d’adresser votre candidature à un recruteur, en rédigeant votre lettre de motivation, mais vous rédigerez CV et lettre de motivation avec l’« intention » d’attirer son regard.

Source

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