jeudi 8 octobre 2020

Étude — la fermeture des écoles et universités causerait plus de décès, mais aplatirait les courbes

Des chercheurs de l’Université d’Édimbourg ont réanalysé les résultats du rapport de l’Imperial College qui ont conduit au verrouillage strict de nombreux pays en utilisant des données mises à jour dans un modèle de simulation détaillé (« CovidSim »). Cette étude est publiée dans le British Medical Journal, ou BMJ, revue médicale hebdomadaire britannique à comité de lecture qui existe depuis 1840. C’est l’une des revues de médecine générale les plus lues dans le monde.

La nouvelle analyse montre que les fermetures d’écoles entraîneraient plus de décès liés au covid-19 en fin de compte (étalés sur une période nettement plus longue que la première vague) que l’absence de fermeture d’écoles. En outre, la distanciation sociale parmi les seules personnes de plus de 70 ans serait plus efficace pour réduire les décès liés au covid-19 que la distanciation sociale générale.


Leur analyse suggère que les interventions mises en œuvre en mars ont réduit la demande de pointe de lits dans les unités de soins intensifs (USI), mais étaient également connues pour prolonger l’épidémie, entraînant davantage de décès de covid-19 à long terme à moins qu’un programme de vaccination efficace ne soit rapidement déployé et accepté par la population.

Cette étude confirme que l’ajout des fermetures d’écoles et d’universités à d’autres mesures (isolement des cas, mise en quarantaine des ménages et éloignement social chez les personnes de plus de 70 ans) augmenterait le nombre total total de décès liés au covid-19 par rapport à l’absence de fermeture.

L’analyse soutient la projection selon laquelle si la distanciation sociale générale réduisait le nombre de cas de covid-19, elle augmenterait le nombre total de décès par rapport à une distanciation sociale de plus de 70 ans seulement. En effet, les décès liés à la covid-19 sont fortement biaisés vers les groupes plus âgés.

Plus de 97 % des décès liés au covid-19 surviennent chez les plus de 65 ans, contre 5 % pour la grippe espagnole. En tant que tels, ils concluent que l’atténuation d’une épidémie de covid-19 « nécessite une stratégie différente de celle d’une épidémie de grippe, en mettant davantage l’accent sur la protection des personnes âgées et vulnérables ».

La tentation autoritaire envers les jeunes est très présente dans les médias, souvent sans base scientifique. Et on s’étonne que les jeunes dépriment... (de la chroniqueuse G. Pettersen du Journal de Montréal)

Le modèle prédit une deuxième vague, qui croît initialement plus lentement, mais devient plus importante que la première à moins que les interventions ne soient à nouveau mises en œuvre. Les chercheurs soulignent que les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour prédire de manière fiable exactement où les pics localisés se produiront.

Néanmoins, les auteurs soulignent que les conseils politiques du Royaume-Uni se sont concentrés sur la réduction du nombre total de cas de covid-19, et non sur le nombre de décès. Les stratégies qui minimisent les décès « impliquent de concentrer des mesures de distanciation sociale plus strictes sur les maisons de soins où les gens risquent de mourir plutôt que sur les écoles où elles ne sont pas ».

Selon les chercheurs, dans tous les scénarios d’atténuation, les épidémies modélisées à l’aide de CovidSim se terminent finalement par une infection et une immunité généralisées, et le nombre final de décès dépend principalement de la répartition par âge des personnes infectées et non du nombre total de personnes infectées.

Culpabilisation gouvernementale des jeunes : « Ma fille m’a refilé la Covid, j’ai failli mourir », sur les erreurs pratiquées en « réanimation » lors du printemps (par exemple l'intubation bien trop fréquente), voir cette vidéo.

La prudence s’impose cependant quand on considère certains chiffres particuliers. Lorsque des chercheurs ont utilisé un modèle similaire pour prévoir l’impact de la pandémie en Suède, par exemple, les chiffres prédits étaient bien supérieurs aux résultats réels. Néanmoins, la chose qui a vraiment provoqué l’alarme mondiale en mars n’était pas tant le demi-million de décès en Grande-Bretagne, conséquence d’une politique laissez-faire. Même si ce chiffre de 500 000 morts au Royaume-Uni est souvent répété, ce qui a causé la panique c’était plutôt l’affirmation de l’équipe du Collège impérial que la « stratégie d’atténuation la plus efficace » qu’elle avait examinée — isolement des cas, quarantaine des ménages et distanciation sociale des personnes âgées — entraînerait environ 250 000 décès.

C’est la raison pour laquelle, on nous a déclaré que le confinement général de tous s’imposait. Si le gouvernement britannique avait demandé à Ferguson de modéliser le confinement généralisé, le résultat prédit aurait été de 200 000 morts — en d’autres termes, dans le même ordre de grandeur que la stratégie plus modérée — aurait-on imposé le confinement généralisé quand on considère les dégâts qu’il a causés ?

Plus précisément, pour la Covid-19, la fermeture d’écoles et d’universités était une grave erreur, semble-t-il (contrairement aux commentaires du professeur Neil Ferguson, qui a dirigé la modélisation originale). Les garder ouvertes aurait signifié que beaucoup de jeunes auraient été infectés, de façon le plus souvent bénigne, cela aurait accéléré le processus d’atteinte de l’immunité « collective ».

En conclusion, les auteurs écrivent : « La stratégie optimale pour sauver des vies dans une épidémie de Covid-19 est différente de celle prévue pour une épidémie de grippe avec un profil d’âge différent pour ce qui est de la mortalité. » À tout le moins, dit Ackland, les écoles auraient pu rester ouvertes tout en faisant tout son possible pour protéger les groupes les plus vulnérables. La priorité absolue était de garder la maladie hors des hôpitaux et des foyers de soins.


Voir aussi

Déclaration de Great Barrington (13 600 médecins et experts) sur la Covid-19 — il existe une autre façon de faire (mettre fin au long supplice pour tous, il faut considérer l’ensemble des effets des politiques actuelles et pas uniquement les cas de la Covid-19)

Covid : la Suède impassible face à la deuxième vague 

Plus d’un jeune sur trois souffre d’anxiété ou de dépression

« Il y a une augmentation de l’anxiété [chez les jeunes] dans nos cabinets, on voit que le recours à la médication augmente. La toxicomanie bat des records et on ne parle pas de l’usage pathologique de l’Internet », a fait savoir lundi le Dr Jean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine et porte-parole de l’Association des pédiatres du Québec. Or, selon celle-ci dernier, les jeunes sont devenus des cibles faciles pour rassurer la population, inquiétée par le discours gouvernemental sur la résurgence des infections.

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COVID-19 : le modèle défectueux qui a confiné le Canada

Le coronavirus affecte peu les jeunes de moins de 20 ans. Selon le CDC, le taux de survie des jeunes infectés est de 99 997 % (scénario 5). Il est de 99,98 pour les moins de 50 ans (dans le même ordre que celui de la grippe saisonnière établi à 0,01 %).

Rappelons que l’Islande comme la Suède n’ont jamais fermé ni leurs garderies ni leurs écoles jusqu’à 16 ans. Une étude conjointe entre les autorités de santé publique en Suède et celles en Finlande, où presque tous les élèves ont été tenus à l’écart de l’école pendant deux mois, a révélé que les approches différentes adoptées par ces deux pays (absence ou présence à l’école) n’avaient entraîné aucune différence mesurable sur les taux de contagion dans la population.  En Islande, les autorités qui ont testé dix pour cent de la population n’ont trouvé (fin avril) aucun cas d’un enfant ayant infecté un adulte.

Cela signifie que — que les écoles soient ouvertes ou non — les enfants sont moins à risque de la Covid-19 que de la grippe, qui tue à titre d’exemple en moyenne 40 à 50 enfants en Angleterre et au Pays de Galles chaque année. Contrairement à la grippe, les écoles ne sont pas des foyers de contagion de Covid-19, et en Suède, les enseignants présentaient le même risque d’attraper la Covid-19 que les membres d’autres professions.

La pandémie de COVID-19 a eu un « impact brutal » sur la santé mentale des jeunes adultes au Québec, alors que plus d’un tiers d’entre eux souffrent de symptômes d’anxiété et même de dépression.

Selon un rapport européen, Là où le COVID-19 chez les enfants a été détecté et les contacts suivis, aucun contact adulte dans le cadre scolaire n’a été détecté comme positif au SRAS-CoV-2 pendant la période de suivi. La conclusion de ces enquêtes est que les enfants ne sont pas les principaux moteurs de la transmission du SRAS-CoV-2 aux adultes en milieu scolaire.

Directeur de laboratoire Pasteur : l'immunité collective est sous-estimée dans les chiffres officiels, ce virus est plus infectieux et plus bénin qu'on ne l'a cru. Avec un taux de mortalité de 0,2 % c'est du même ordre que la grippe (taux de mortalité 0,1 %). On a confiné en France une ou deux semaines après le pic de la première vague. La région la plus touchée (le Grand Est) au printemps a le moins de cas maintenant. Israël épargnée au printemps vit sa première vague maintenant. On est quasiment au sommet de cette deuxième « vague ou vaguelette ». (Ci-dessous, vidéo, 23 min). 

Pierre Charneau (Institut Pasteur) sur vaccin, immunité collective, confinement