mercredi 25 janvier 2017

France — Plus de neuf parents sur dix veulent une autre école

Selon un sondage BVA, les Français estiment que l’école doit s’adapter à chaque enfant afin de transmettre les fondamentaux et de réduire les inégalités.

Un constat sans ambiguïté. À lire le sondage BVA, on mesure le haut degré d’insatisfaction des familles française à l’égard de l’école. Plus de 9 parents d’élèves sur dix — public et privé confondus — voudraient la voir réformée : dans certains domaines pour 52 % d’entre eux, en profondeur pour 44 %.


S’ils aspirent au changement, c’est qu’en dépit des réformes successives, l’école, selon eux, n’est pas à la hauteur des enjeux. Ainsi, à peine 56 % des sondés considèrent qu’elle permet à tous les élèves de maîtriser les « fondamentaux » (lire, écrire, compter), alors que cette tâche est identifiée comme sa mission première (2).


L’intégralité du sondage


Les parents d’élève du (semi — ) privé plus sévères

Les familles apparaissent d’ailleurs de plus en plus critiques au fur et à mesure que leurs enfants avancent dans leur scolarité. Signe peut-être, relève Julien Goarant, directeur clientèle chez BVA, que « les lacunes, identifiées trop tard, se font sentir pleinement à partir du collège ». Les parents de lycéens sont en tout cas seulement 42 % à penser que l’école offre à tous cette maîtrise.

Sur ce même point, les parents d’élèves du privé [il n’est pas clair si c’est uniquement ceux du privé sous contrat soumis à de nombreuses restrictions] se montrent les plus sévères : ils sont seulement 48 % (contre 58 % dans le public) à exprimer pareille opinion. « Sans doute présentent-ils des attentes plus fortes vis-à-vis de l’école. Sans doute aussi leur sentiment d’inefficacité de l’école publique explique-t-il en partie leur repli vers le privé », ajoute le sondeur.


Leur point de vue rejoint en tout cas les enseignements d’études récentes, réalisées par ou avec l’Éducation nationale, et qui attestent notamment d’une baisse de niveau en orthographe et d’une vraie faiblesse en mathématiques, matière dans laquelle nos élèves de CM1 sont bons derniers de la classe européenne.

Un manque d’adaptabilité de l’école

En France plus qu’ailleurs, ces difficultés scolaires sont souvent, comme le montre l’étude PISA conduite par l’OCDE, corrélées au niveau social des parents. Ce dont une majorité de sondés semble avoir conscience, puisque 58 % d’entre eux pensent que l’école ne permet pas de réduire les inégalités sociales. Autre jugement, encore plus sévère : les deux tiers des parents estiment que l’école ne sait pas « s’adapter à chaque enfant ».

Ce qu’ils attendent d’elle ? Un soutien renforcé dès les premières difficultés rencontrées (76 % jugent cette idée « prioritaire ») et des pédagogies adaptées à chacun (62 %). Autrement dit, alors que le quinquennat qui s’achève a été marqué par 60 000 créations de postes dans l’éducation, le recrutement d’enseignants supplémentaires (57 %) n’est pas, aux yeux des sondés, la seule ni même la principale solution.


« Ce sondage conforte nos observations : les enseignants français sont plutôt bien formés d’un point de vue académique [anglicisme], mais ont besoin d’être mieux armés pour gérer l’hétérogénéité des classes et aider les élèves en difficulté », commente Éric Charbonnier, expert éducation à l’OCDE. Les sondés sont ainsi une majorité à juger « prioritaire » un renforcement de la formation des professeurs, initiale (57 %) et continue (56 %). « Parce qu’ils n’ont pas une mauvaise opinion des enseignants, les Français considèrent que c’est leur formation qui est défaillante », observe Julien Goarant.

Pour plus d’autonomie des établissements

Rejoignant là encore les recommandations de l’OCDE, les parents d’élèves se prononcent pour une plus grande autonomie des écoles. Plus de huit sur dix estiment que donner la possibilité aux chefs d’établissement de recruter leurs équipes influerait positivement sur la réussite scolaire, l’implication des enseignants ou encore la qualité de l’accompagnement des élèves. « Au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, les établissements, jouissant d’une plus grande autonomie, utilisent souvent une partie de leurs moyens pour renforcer l’accompagnement personnalisé et l’aide aux devoirs », abonde Éric Charbonnier.

Les parents sont en tout cas très nombreux (86 %, et jusqu’à 92 % dans le cas des classes sociales défavorisées) à répondre par l’affirmative lorsqu’on leur demande si les élèves devraient pouvoir, au moins jusqu’à la fin du collège, effectuer les devoirs à l’école, après les cours, avec l’aide d’un adulte compétent. Des devoirs qui, aujourd’hui, pèsent souvent sur l’ambiance familiale et renforcent les inégalités sociales, chaque enfant ne bénéficiant pas, hors de l’école, du même soutien. « Même si beaucoup sont orientés avant tout vers la réussite de leurs propres enfants, les Français attendent de l’école, très liée à la République, davantage d’égalité, via un accompagnement adapté à chacun », conclut Julien Goarant.
Source : La Croix

(1) Enquête réalisée en ligne auprès de 604 parents d’enfants scolarisés au primaire et/ou au secondaire du 4 au 9 janvier 2017.

(2) Suivent « apprendre à l’élève à apprendre, en lui faisant acquérir des méthodes de travail » et « former l’élève pour qu’il soit capable de réussir sa vie professionnelle ».

Effet de l'école québécoise sur le sentiment nationaliste des jeunes ?

Mathieu Bock-Coté se penche sur le rôle de l’école sur le déclin du sentiment nationaliste chez les jeunes Québécois. Se rappeler que le Parti québécois ne s’est notamment jamais vraiment opposé à l’implantation du programme d’éthique et de culture religieuse, et même aujourd’hui il ne s’y oppose pas par nationalisme, mais par féminisme ! Notons le chiffre cité confond les francophones et les non-francophones. Quel est donc l’impact de l’immigration ? Combien de ces jeunes sont issus de l’immigration et donc issus de familles très peu favorables à la souveraineté du Québec ?

Le sondage Léger paru lundi dans Le Devoir a de quoi effrayer les souverainistes : non seulement leur option est globalement en baisse, mais la jeune génération la rejette massivement.
77 % des jeunes de 18 à 24 ans s’opposent à l’indépendance.

On peut bien se dire que les résultats­­ sont un peu exagérés.

Mais la tendance est là. Nous sommes devant un épuisement de l’identité nationale.

Masochisme

Comment la jeunesse en est-elle­­ venue à rejeter la souve­raineté ?

Mon hypothèse est la suivante : la souveraineté est l’expression la plus conséquente de l’idée de nation au Québec.

Plus vous considérez le Québec­­ comme une nation à part entière, et plus vous souhaiterez qu’il s’autodétermine.

Or, la jeune génération a évolué depuis sa naissance dans un environnement idéologique et médiatique qui disqualifie la nation­­.

À l’école, on lui a présenté une vision tronquée et grossière du passé.

L’harmonie autour du tipi...
Manuel d’Éthique et de culture religieuse CEC, 3e primaire


Autant on a célébré l’Amérique amérindienne, autant on a présenté la Nouvelle-France comme une époque odieuse.

En gros, l’aventure des Européens­­ en Amérique serait fondamentalement criminelle.

La jeunesse a été éduquée dans un sentiment de culpabilité collective.

L’harmonie dans le tipi...
Manuel d’Éthique et de culture religieuse CEC, 3e primaire, p. 37

Cela fait en sorte que la jeune génération est très souvent favorable aux nationalismes amé­rindiens et très hostile au nationalisme québécois.

Elle croit ainsi défendre la justice sociale. En fait, elle chante « l’autre » pour mieux masquer son mépris d’elle-même.

On l’a aussi élevée dans un individualisme­­ extrême.

La seule bataille qui vaille, c’est celle pour l’extension infinie des droits individuels et des droits des minorités. La majorité serait raciste et xénophobe.


La Grande Noirceur (à gauche) et notre merveilleuse époque (à droite)
Page 56 — cahier-manuel d’éthique et de culture religieuse Entretiens II pour la 1re secondaire des éditions La Pensée

La jeunesse se passionne plus aisément pour les toilettes mixtes ou toutes les questions liées à l’identité sexuelle que pour l’avenir du fait français en Amérique.

[Dans les médias aujourd’hui : La SAAQ interdit à des employés de dire « Monsieur » ou « Madame », À la suite d’une plainte d’un transgenre sur près de 22 millions de transactions par an]

On lui a aussi inculqué l’idée que la mondialisation était l’horizon­­ de notre temps.

La nation serait désormais une communauté insignifiante et la souveraineté du Québec, un projet­­ dépassé.

On lui dit : votre identité est mondiale. On l’enferme dans une fausse alternative : pourquoi faire­­ un pays quand vous pouvez sauver la planète ?



Et cela sans évoquer le poids de l’immigration massive.

De même, pourquoi tenir au français quand la langue anglaise est décrétée la seule langue d’avenir. Il faut ajouter qu’on lui a inculqué un sentiment illusoire de sécurité identitaire, comme si le Canada multiculturel et massivement anglophone ne menaçait plus notre identité.

Et allons au fond des choses : fondamentalement, cette jeunesse­­ est née dans un peuple vaincu par deux défaites référendaires et psychologiquement ébranlé. Les souverainistes ont l’air de petits perdants, timorés et misérables.

La défaite défait.

Reconstruire

Elle perd ses repères québécois et en cherche ailleurs : au Canada, aux États-Unis, dans le tiers-monde ou sur la planète entière­­.

Mais elle dédaigne le Québec. Son indifférence est le symptôme d’un suicide collectif.

Que faire, alors ?

Adapter la souveraineté à cette génération à l’identité anémiée ? Non. Un peuple qui ne sait plus qu’il est un peuple ne voudra jamais l’indépendance.
Mieux vaudrait réveiller le sentiment national refoulé par la jeunesse et reconstruire celui du peuple québécois.

Cela prendra du temps.

[Note du carnet : Cela peut commencer à la maison pour autant que l’on ait une descendance... plus importante que le chiffre moyen de 1,4 enfant/femme francophone.]

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Chute importante prévue du français dans les foyers québécois

Conséquence de la crise démographique prolongée et de l’immigration constante.

1. Un recul de presque 10 % au Québec

Selon les projections du document Projections linguistiques pour le Canada, 2011 à 2036, le poids démographique de la population de langue maternelle française au Québec devrait passer de 79 % en 2011 à une proportion oscillant entre 69 % et 72 % en 2036.

Pendant ce temps, l’anglais continuera de progresser dans la province. La population de langue d’usage anglaise au foyer grimpera à 13 %.



2. Sous la barre des 20 % à l’échelle du Canada

À l’échelle canadienne, cette proportion devrait chuter de 21,3 % en 2011 à un taux se situant entre 17 % et 18 % en 2036.


3. Une baisse dramatique hors Québec

La précarité de la langue française à l’extérieur du Québec est aussi inquiétante : la proportion de francophones hors Québec devrait passer de 3,8 % en 2011 pour s’établir à environ 2,7 % en 2036.

Pour saisir l’importance de cette baisse, il faut la mettre en perspective : 1,1 % de la population canadienne représentait en 2013 environ 380 000 personnes.

Cette chute est attribuée, par les auteurs de l’étude, à l’accroissement de l’immigration qui deviendra le « principal moteur de croissance démographique au Canada ». Alors que les immigrants représentaient 20 % de la population canadienne en 2011, ce taux devrait se hisser à 26 %, voire 31 %, au cours des deux prochaines décennies.

4. Un Canadien sur deux sera un immigrant ou un enfant d’immigrant

Selon l’étude, « la composition linguistique et ethnoculturelle du pays se verrait modifiée » en raison de l’immigration. On prévoit qu’en 2036, près d’un Canadien sur deux sera un immigrant ou un enfant d’immigrant.




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