lundi 8 avril 2019

Disparaître ? de Jacques Houle : Regard franc sur l’immigration




Recension par Étienne-Alexandre Beauregard de Disparaître ? de Jacques Houle, publié en avril 2019 aux Éditions Liber.

Au XXIe siècle, l’immigration est devenue un enjeu de plus en plus politisé, codifié et censuré par le politiquement correct. Justement parce qu’on ne peut en parler sans marcher sur des œufs, Disparaître ? de Jacques Houle tombe à point. Ce court essai publié aux Éditions Liber et incluant une préface de Mathieu Bock-Côté affronte sans complaisance et avec rigueur les idées préconçues pour brosser un portrait réaliste du phénomène migratoire au Québec et proposer des solutions aptes à régler le déficit d’intégration touchant présentement le Québec.

L’immigration est politique

L’une des plus grandes réussites de l’ouvrage de Jacques Houle est de rappeler au lecteur dès le premier chapitre que l’immigration constitue un outil puissant pour atteindre des objectifs politiques, ce que l’on oublie trop souvent lorsqu’on en sacralise le principe même au nom de « l’ouverture à l’autre » ou quelque grand principe. Pourtant, dès le début de la présence coloniale anglaise au Canada, les migrations de masse ont été utilisées à des fins strictement politiques, pour asseoir la domination d’une majorité anglaise sur le continent.

L’auteur rappelle qu’en 1870, le Manitoba était peuplé à 50 % de Métis francophones et que le français était la langue officielle de la province, alors que seulement vingt ans plus tard, l’arrivée massive de colons des îles britanniques a réduit les Métis à un poids dérisoire de 8 %, permettant au gouvernement manitobain de retirer le statut de langue officielle au français. (p. 26)

Plus loin dans son étude, Houle compare les seuils d’immigration au Québec sous les gouvernements libéraux et péquistes et le résultat est sans appel : sous le Parti québécois, une moyenne de 23 000 nouveaux arrivants se sont installés au Québec annuellement, contre 46 000 sous la gouverne du Parti libéral, soit exactement le double ! (p. 105) Il en ressort aussi le constat que, si le PQ a fait varier les seuils selon la situation économique, le PLQ a toujours forcé la limite, notamment lorsque Jean Charest a fait passer les seuils d’immigration de 40 000 à 53 000 en pleine crise économique. Le constat de l’auteur est implacable : les gouvernements libéraux instrumentalisent l’immigration à des fins strictement électorales, augmentant les nombres sans jamais revoir les budgets d’intégration à la hausse.

Le Québec se retrouve donc dans une situation plutôt périlleuse de déclin de la langue française, alors que seuls 47 % des Montréalais ont le français pour langue maternelle et que le Québec reçoit annuellement l’équivalent de 0,6 % de sa population en immigration, soit bien plus proportionnellement que la majeure partie des pays occidentaux. (p. 41) Essentiellement, l’immigration est un outil politique et démographique d’une puissance inouïe, et ceux qui ont à cœur l’avenir du Québec français ne peuvent le laisser entre les mains des libéraux et des multiculturalistes canadiens.

Débouter les idées préconçues

Le chapitre le plus réussi et éclairant de Disparaître ? est sans doute le quatrième, intitulé « Faux prétextes », où Jacques Houle déboute méthodiquement le discours des défenseurs des seuils d’immigration actuels avec une sérénité sans faille et avec les chiffres de Statistique Canada. Bon pédagogue, l’auteur écarte un à un les mythes idéologiques qui rythment actuellement le débat sur l’immigration.

Par exemple, l’idée selon laquelle le vieillissement de la population se réglerait par l’immigration serait erronée, puisque l’âge moyen des immigrants est trop proche de l’âge moyen des Québécois pour y changer quoi que ce soit, sinon une baisse de l’âge moyen de moins de 0,1 an. (p. 70) Pour y arriver, il faudrait davantage de naissances, mais le taux de fécondité des nouveaux arrivants étant sensiblement le même que celui des natifs, cela ne règle pas le problème.

Le chapitre le plus réussi et éclairant de Disparaître ? est sans doute le quatrième, intitulé « Faux prétextes », où Jacques Houle déboute méthodiquement le discours des défenseurs des seuils d’immigration actuels avec une sérénité sans faille et avec les chiffres de Statistique Canada.

Concernant la fameuse « pénurie de main-d’œuvre », l’auteur y oppose une pénurie d’emplois de qualité, faisant valoir que 40 % des diplômés de niveau collégial ou universitaire occupent des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés. (p. 73) La grande mise en scène de la « pénurie de main-d’œuvre » servirait principalement le Conseil du patronat, qui souhaite mordicus l’arrivée de hordes de « cheap labour » prêtes à accepter des salaires de misère pour freiner la hausse naturelle des salaires et maximiser les profits aux dépens des salariés, Houle l’illustre mieux que quiconque à date.

Ces deux exemples parmi tant d’autres font de Disparaître ? une lecture essentielle pour tous ceux qui souhaitent avoir l’heure juste sur les conséquences réelles du phénomène migratoire au Québec plutôt que le même argumentaire libéral repris de part et d’autre depuis des années.

Des solutions pour la situation actuelle

Afin que le Québec puisse réellement tirer profit de l’immigration, culturellement et économiquement, Jacques Houle conclut son bref essai avec quelques mesures susceptibles de renverser la tendance. Il propose notamment de fixer les seuils d’immigration à 30 000 annuellement, de sélectionner au moins 75 % de francophones ou de francotropes provenant de pays culturellement proches du Québec (France, Italie, Roumanie, Espagne, etc.) afin de rendre l’intégration plus facile.

Au niveau de l’emploi, l’auteur prône une hausse du salaire minimum à 15 $, pour éviter l’exploitation des nouveaux arrivants dans des emplois de misère pour lesquels ils sont surqualifiés, et une robotisation accrue des entreprises du secteur industriel québécois, faisant valoir que seuls 20 % sont automatisés au Québec contre 55 % aux États-Unis et 75 % en Allemagne. Houle met aussi de l’avant des mesures natalistes pour contrer de manière efficace le vieillissement de la population au Québec.


Plus loin, l’auteur souligne avec raison que, pour maintenir le consensus artificiel du « toujours plus » entretenu principalement par le Parti libéral et ses alliés idéologiques, la question du nombre n’est pratiquement jamais posée aux Québécois, ou assimilée à de « l’intolérance » dès qu’une réponse négative est obtenue. Pourtant, un sondage Angus Reid cité dans le livre affirmait que 51 % des Québécois étaient favorables à une baisse des seuils d’immigration, contre seulement 6 % pour une hausse, prouvant qu’il est plus que temps de remettre ce dogmatisme en question.

Un essai lucide, modéré, nécessaire

Somme toute, Disparaître ? de Jacques Houle livre un plaidoyer documenté et modéré pour une baisse des seuils d’immigration, réconciliant l’identitaire et l’économique. Loin de laisser, comme certains, le monopole de l’économie à ceux qui réclament à corps et à cris une hausse toujours plus grande du nombre de nouveaux arrivants, l’auteur n’hésite pas à les affronter sur leur terrain — et gagne haut la main — avec l’aide des chiffres de Statistique Canada. Houle parvient également à prouver à ceux qui en doutaient encore de l’aspect idéologique et politique du système actuel d’immigration, mettant en échec ceux qui le sacralisent au nom de grands principes et montrant, chiffres à l’appui, qu’il favorise l’anglicisation et le déclin du français, surtout dans la région métropolitaine.


Avec un style « droit au but » qui laisse tomber les grandes envolées et les formules creuses au profit d’un argumentaire pragmatique et axé sur le réel, Disparaître ? s’inscrit en quelque sorte dans le courant de François Legault et de Simon Jolin-Barrette, qui prônent un débat serein et réfléchi sur l’immigration au Québec. Avec son plaidoyer béton et nécessaire, qui va à contre-courant de ce qu’on répète aux Québécois depuis des années, Jacques Houle met les bases d’un tel débat. Il va sans dire que Disparaître ? est un ouvrage à lire pour tous ceux qui considèrent que l’immigration est un enjeu fondamental pour l’avenir du Québec.

Le ministre Roberge prétend sans rire « donner une grande flexibilité aux parents » alors qu'il élimine toute notion d'équivalence...

Selon un article qui ne semble pas parodique de L’Actualité, le gouvernement caquiste rejette l’idée selon laquelle il pénalise tous les parents qui font l’école à la maison en adoptant de nouvelles règles.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, affirme au contraire donner aux parents « pas mal de flexibilité » alors qu’il vient de supprimer toute idée d’équivalence !

Le ministre Roberge (à droite) jette un regard vers un parent québécois qui le supplie. La réponse est NON !

C’est ainsi qu’il a répondu sans rire à l’Association juridique canadienne pour l’école-maison (HSLDA), qui lui a demandé la semaine dernière d’assouplir ou de retirer son projet de règlement.

Le règlement de M. Roberge, établi sans consultations avec les associations de parents éducateurs, oblige l’enseignement d’un contenu minimal en langues, mathématique, sciences et univers social, ainsi que la passation d’examens ministériels.

Il exige en outre que les quelque 5000 petits Québécois scolarisés à la maison se présentent à des rencontres dans le but de permettre un meilleur suivi.

À l’heure actuelle, les familles qui font l’école à la maison sont tenues d’enseigner certaines matières, comme le français, l’anglais et les mathématiques, mais peuvent choisir la manière dont elles le font. Les examens du ministère sont optionnels, les parents pouvant proposer des évaluations équivalentes.

Le diagnostic de M. Roberge candidat... Ministre, il veut désormais que les parents imitent cette école qui diplôme des « analphabètes » ?

En renforçant la réglementation, le ministre Roberge prétend empêcher l’utilisation de l’école à la maison comme « astuce » pour se soustraire à la Loi sur l’instruction publique. Selon lui, des parents prétendent faire l’école à la maison mais, en réalité, envoient leurs enfants dans une école religieuse (le matin), où ils ne suivent pas le programme de formation de l’école québécoise (ni sans doute même pas un programme équivalent). C’est un faux problème, il s’agit en réalité d’écoles talmudiques en rien illégales. Elles enseignent le Talmud et l’hébreu le matin, l’après-midi les garçons qui les fréquentent font l’école à la maison...

M. Roberge utilise une certaine réaction identitaire et laïciste (ce qui est peut-être d'ailleurs contradictoire car on évacue une partie de l'identité québécoise de la sorte) pour imposer avec rigidité le seul programme scolaire québécois.

Il semblerait que le fait que M. Roberge a été un instituteur au primaire dans une école publique ne l’ait pas nécessairement bien préparé à comprendre qu’il existe une diversité de manière d’enseigner et d’éduquer ses enfants. Du corporatisme mal placé, borné ?

Voir aussi


Enfants éduqués à la maison... adultes bien adaptés ?

L’école à la maison du professeur idéaliste

Instruction à domicile — l’ACPEQ appelle le ministre au dialogue

Les écoles talmudiques ne sont pas des « écoles illégales juives »