lundi 30 juillet 2018

Appropriation culturelle : avant Lepage, Rameau (rediff)

Dans le cadre des « controverses » et « tourmentes » récentes autour des spectacles SLĀV et Kanata nous reproposons cette appropriation culturelle due à Philippe Rameau dans les Indes galantes en 1736.

Remarquons que ces tourmentes ont été savamment relayées par les grands médias québécois. Il a ainsi suffi d’une simple lettre ouverte d’un groupe personnalités de peu de poids pour que les médias décrètent le jour même qu’il existait une controverse et une tourmente autour de Kanata. La SRC s’est ainsi fait une nouvelle fois le porte-voix, la caisse de résonance, de ces militants.

Dès 9 h du matin le 14 juillet, Radio-Canada parle de « tourmente » et de « controverse » :





La lettre ouverte dont la société d’État s’est fait le relais et qui a été mise en ligne par Radio-Canada sur le site Espaces autochtones de la SRC a été publiée le même 14 juillet, tôt le matin, et était passée inaperçue : elle n’a suscité que 1 (un) seul commentaire en 16 jours... L’article de la société d’État annonçant dans son titre la « controverse » dès 9 h du matin le même jour  a, par contre, recueilli plus de 200 commentaires approuvés par le modérateur public...



Revenons donc à Rameau qui près de trois siècles avant Lepage met en scène des Indiens et des Européens. Le tout à Paris avec des acteurs français ou plutôt « blancs » pour parler le langage contemporain dans une époque qui prétend abolir les distinctions de races...

Lors d’une représentation le 10 mars 1736, Rameau présente un nouvel acte (« une entrée ») à son opéra-ballet Les Indes galantes. Ce nouvel acte présente une histoire qui se déroule dans une forêt de la Nouvelle-France ou de Louisiane sous le régime français. Les « Sauvages » y tiennent le beau rôle, les prétendants européens de la belle Indienne Zima sont tournés en ridicule (l’un trop jaloux, l’autre trop volage). Non, décidément, le jeune prétendant indien de Zima, Adario, aime le plus simplement. La forêt nord-américaine est également un havre de paix où « jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs ». Les deux prétendants européens de Zima sont à l’arrière de la scène dans la vidéo ci-dessous. Ils sont tout essoufflés après quelques pas de danse, alors qu’Adario reste frais et fringant.




Rameau a assisté aux danses de deux chefs indiens de la Louisiane sur la scène du théâtre des Italiens à Paris en septembre 1725. Toutefois, la chorégraphie de la vidéo ci-dessus est bien moderne. La diction aussi d’ailleurs (pour une prononciation plus classique de ce rondeau, voir ici).

On trouvera ci-dessous la description de la danse de Deux Sauvages exécutée pour la première fois le lundi 10 septembre 1725 sur le Théâtre des Italiens. Ce texte fut publié pour la première fois dans le Mercure du mois de septembre 1725, puis dans le Parfaict Dictionnaire (1767).

Les Comédiens Italiens, avant leur départ pour Fontainebleau, donnèrent sur leur Théâtre une nouveauté des plus singulières. Deux Sauvages venus depuis peu de la Louisiane, grands & bien faits, âgés d’environ vingt-cinq ans, dansèrent trois sortes de danses, ensemble & séparément, & d’une manière à ne pas laisser douter qu’ils n’aient appris les pas & les sauts qu’ils font, très loin de Paris. Ce qu’ils prétendent figurer est sans doute fort aisé à entendre dans leur pays, mais ici rien n’est plus difficile à pénétrer : voici ce que nous en avons pu apprendre.

Le premier Danseur représentait un Chef de sa Nation, vêtu un peu plus modestement qu’on ne l’est à la Louisiane, mais en sorte que le nu du corps paraissait assez. Il avait sur la tête une espèce de couronne, pas riche, mais fort ample, ornée de plumes de différentes couleurs. L’autre n’avait rien qui le distinguât d’un simple guerrier. Le premier fit entendre à celui-ci, par sa façon de danser, & par ses attitudes cadencées, qu’il venait proposer la paix, & présenta le calumet ou étendart à son ennemi. Ensuite, ils dansèrent ensemble la danse de la paix. La seconde danse appelée la guerre, exprime une assemblée de Sauvages, où l’on prend le parti de faire la guerre à tel ou à tel peuple, & on en voit toutes les horreurs. Ceux qui sont de ce sentiment opinent en venant se mêler à la danse. Dans la troisième le guerrier va d’abord à la découverte de l’ennemi, armé d’un arc & d’un carquois garni de flèches, pendant que l’autre assis par terre bat du tambour, ou espèce de timbale pas plus gros que la forme d’un chapeau. Après avoir découvert l’ennemi, le Sauvage revient en donner avis à son Chef. Il imite ensuite le combat, dans lequel il suppose avoir défait l’ennemi. Après quoi ils dansent ensemble la danse de la Victoire.

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