jeudi 29 septembre 2022

Pensionnats — Quels enfants disparus ?

Quels enfants disparus ? C’est la question que se pose Hymie Rubinstein dans le Western Standard. Nous publions ci-dessous la traduction de son article. Mme Rubenstein est rédactrice en chef du bulletin The REAL Indian Residential Schools et professeur d’anthropologie à la retraite à l’Université du Manitoba.

Élèves amérindiennes au pensionnat de Kamloops
 

La Commission de vérité et réconciliation et le Centre national pour la vérité et la réconciliation ont-ils été complices de l’invention et de la diffusion d’un mythe scandaleux concernant la mort d’enfants autochtones dans les pensionnats ? Considérons les preuves.

Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (NCTR), généreusement subventionné, est le successeur de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada. Il est chargé de rendre compte de l’histoire, du fonctionnement et de l’héritage des pensionnats indiens au Canada.

La CVR a commencé le travail de développement d’un registre commémoratif « honorant les enfants qui ne sont jamais revenus de l’école ». Le NCTR a poursuivi ce travail.

« Le mémorial se souvient, honore et reconnaît les enfants qui sont morts alors qu’ils fréquentaient un pensionnat au Canada » ou « dans l’année suivant leur sortie de l’école ».

La justification de l’inclusion des élèves qui ne sont pas réellement décédés à l’école « … repose sur une pratique courante des pensionnats consistant à renvoyer les élèves qui souffraient d’une maladie en phase terminale chez eux ou dans des institutions telles que des hôpitaux et des sanatoriums. »

Confondre l’expression « enfants qui ne sont jamais revenus de l’école » avec « enfants décédés alors qu’ils fréquentaient un pensionnat » est le premier indice qu’il y a anguille sous roche. 

De nombreux étudiants qui « ne sont jamais rentrés chez eux » n’avaient peut-être pas de domicile où retourner. Certains étaient orphelins ; certains ont été envoyés dans ces écoles pour les protéger de foyers dysfonctionnels ou abusifs. Cela était particulièrement vrai au cours des quatre dernières décennies pendant lesquelles ces pensionnats ont fonctionné, période à laquelle la plupart de ses « survivants » ont fréquenté ces écoles. Pourtant, cela n’a pas empêché leurs restes d’être envoyés dans leur réserve d’origine pour y être enterrés chaque fois que cela était possible.

De même, l’expression « enfants décédés alors qu’ils fréquentaient un pensionnat » suggère implicitement que l’école était responsable de leur mort, une accusation dépourvue de toute preuve.

Plus troublant encore, selon le NCTR : « Suivant les directives fournies par les “survivants” [c’est-à-dire toute personne autochtone qui a fréquenté un pensionnat indien] lors des réunions communautaires tenues en 2018 et lors du Rassemblement national des aînés, seuls les noms et les dates de la mort seront rendus publics. » Cette directive paraît suspecte dès le premier abord.

Il est permis au NCTR de publier pour chaque école un résumé sur la cause des décès et les lieux d’inhumation, ce qu’il a fait pour le système des pensionnats indiens dans son ensemble. Le fait qu’il ait délibérément omis de le faire au niveau de chaque école a contribué à augmenter le traumatisme et la rage ressentis par les peuples autochtones à travers le pays, entraînant des incendies d’églises et d’autres actes destructeurs depuis le 27 mai 2021.

Comment peut-on prétendre que les actes de décès individuels comme privés, voire sacro-saints, alors qu’ils sont disponibles pour consultation, bien que souvent payante, par toute personne qui le souhaite ?

Ou le NCTR cache ces actes de décès parce qu’il désire entretenir ce traumatisme et cette rage ?

Presque tous les détails révélés, basés sur les noms et les dates de décès répertoriés par école dans le registre commémoratif, ont été compilés et analysés par Nina Green, une chercheuse indépendante passionnée par ce travail d’enquête dans les archives.

L’un des objectifs de Mme Green était de vérifier l’exactitude des données, étant donné le caractère incomplet des inscriptions individuelles dans le registre commémoratif publié.

Il était nécessaire d’entreprendre cette tâche chronophage pour confirmer la véracité de l’affirmation répandue selon laquelle la plupart des enfants qui ne sont pas rentrés chez eux ont été enterrés dans des tombes anonymes à proximité de leurs écoles, souvent dans des circonstances pénalement douteuses. La TRC et le NCTR ont-ils été complices dans l’invention et la diffusion de ce mythe scandaleux en cachant au public des dossiers dont ils ont la garde ? À tout le moins, le NCTR n’a rien fait pour répudier ce mythe diffamant qu’il pourrait facilement abattre s’il publiait l’information qu’il détient.

En ce qui concerne les données numériques sur les décès d’étudiants, le volume 4 du rapport 2015 de la TRC traitant des « enfants disparus » indique que 3 201 étudiants nommés et non nommés — la catégorie des nommés chevauchant probablement en tout ou en partie celle des non nommés — sont décédés à leur école ou ailleurs. Il indique également que sur les 1 241 élèves nommés dont le lieu d’inhumation a été déterminé par les moyens employés par la CVR, seuls 423 élèves sont morts dans les écoles tandis que les autres sont morts ailleurs (tableau 4, p. 21). Ce chiffre de 423 représente 0,3 % des quelque 150 000 élèves qui ont fréquenté un pensionnat indien.

Tous ces chiffres sont bien loin de l’estimation extraordinaire de Murray Sinclair, l’ancien commissaire en chef de la CVR, selon laquelle « … il pourrait y avoir entre 15 et 25 000, et peut-être même plus » enfants décédés dans les pensionnats indiens.

Mais il est libre de le dire, car on ne sait pas à quel point le NCTR a cherché à établir le sort des « enfants disparus » dans les archives accessibles au public. Au lieu de cela, tout manque d’informations serait de la faute des églises qui géraient les écoles et du gouvernement fédéral qui les a financées.

Pourtant, même si le NCTR a enquêté avec diligence sur cette question, comme il le prétend, aucune conclusion détaillée n’a été rendue publique depuis 2015, à l’exception d’ajouts au registre commémoratif.

Si le Registre commémoratif faisait vraiment partie d’un « voyage collectif d’hommage et de commémoration des enfants perdus dans les pensionnats », on ne devrait pas refuser de signaler leur lieu d’inhumation comme c’est le cas aujourd’hui'hui.

Ajoutons qu’il n’existe pas de parenté, pas de descendants, qui recherchent frénétiquement leurs ancêtres disparus. Comment cela pourrait-il être si 15 000 à 25 000 « enfants… ne sont jamais revenus des pensionnats » ?

Quant aux conclusions de Nina Green, les registres de décès de 30 écoles de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Manitoba, soit 22 % des 139 pensionnats subventionnés par l’État, montrent que presque tous ont été enterrés dans leurs réserves d’origine. Le NCTR le sait sûrement aussi.

Il ne veut pas plus reconnaître publiquement que bon nombre des noms figurant dans le registre sont ceux d’enfants qui n’étaient pas élèves d’un pensionnat indien lorsqu’ils sont décédés. C’est ainsi que, en réponse à une demande d’information formulée le 9 septembre 2022 par James McCrae, ancien ministre de la Justice et procureur général du Manitoba, au sujet d’un de ces élèves — la célèbre Helen Betty Osborne — Jesse Boiteau, l’archiviste principal du NCTR a répondu : « De nombreux noms sont ajoutés à la demande des membres de la famille des enfants qu’ils ont perdus et qui ont fréquenté un pensionnat indien. »

Osborne était étudiante externe au [lycée] Margaret Barbour Collegiate au Pas [il y avait déjà un fort français en 1760], au Manitoba. Elle avait été accueillie par une famille non autochtone lorsque [à 19 ans] elle a été enlevée, violée et brutalement assassinée le 13 novembre 1971. Pourtant, son nom apparaît sur la liste des enfants qui « ne sont jamais revenus à la maison » du pensionnat indien Guy Hill qu’elle avait fréquenté auparavant en tant qu’élève du primaire. Pour mettre fin à tout débat, Boiteau a conclu sa réponse à McCrae en déclarant : « nous ne répondrons pas à d’autres questions sur le registre alors que nous poursuivons nos efforts de recherche sur les pensionnats et que nous aidons les survivants et leurs familles à guérir. »

Et voilà pour la transparence et la responsabilité au NCTR qui, comme la CVR elle-même, a oublié que, sans vérité, il ne peut jamais y avoir de réconciliation.

Quant à Mme Green, elle a inlassablement envoyé ces résultats et d’autres découvertes originales à des dizaines de médias établis, d’organisations autochtones et gouvernementales et des particuliers. Seuls quelques-uns en ont accusé réception et à peine un ou deux ont appuyé ses conclusions.

Ajoutons une dernière observation probablement superflue pour la plupart des lecteurs, à savoir que — « …une armée de consultants, d’avocats et de comptables siphonne des centaines de millions de dollars des Premières Nations et des coffres du gouvernement fédéral. » Le quotidien politiquement correct The Star [de Toronto] omet de mentionner que cela inclut également des hordes de dirigeants amérindiens, d’activistes et d’universitaires.

Il ne s’agit pas de paroles en l’air. Le budget fédéral 2022-2023 contient une liste de mesures totalisant 4,7 milliards de dollars pour « soutenir les communautés alors qu’elles font face à leur passé et bâtir un avenir où les enfants autochtones peuvent s’épanouir », dont 209 millions de dollars pour aider les communautés à « documenter, localiser et commémorer les lieux de sépulture à anciens pensionnats », construire un nouveau Centre national pour la vérité et la réconciliation et « assurer la divulgation complète des documents fédéraux liés aux pensionnats ».

On dit souvent qu’il n’y a que deux choses sûres : la mort et les impôts. Dans ce cas, les certitudes sont la mort et l’enrichissement.

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En 7 mois, 23.000 immigrants illégaux sont rentrés au Québec, les hôtels de Montréal sont combles (m-à -j)

Un nouveau complexe modulaire verra le jour cet automne sur ce site où sont accueillis les immigrants illégaux qui passent par la frontière terrestre en provenance des États-Unis.

La hausse croissante de illégaux empruntant ce passage explique cette dépense (« investissement » selon Radio-Canada) d'un demi-million de dollars, d'après des documents d'appel d'offres qui viennent d'être rendus publics. « Actuellement, le chapiteau en place ne répond plus aux besoins grandissant de traitements de migrants », de déclarer un de ces documents de la Gendarmerie royale du Canada.

Entre janvier et août, plus de 23 000 immigrants illégaux ont utilisé le chemin Roxham pour entrer au Canada. Un record qui engendre de nombreux problèmes.


Mise à jour du 27 septembre

Un demi-milliard de $

Selon Radio-Canada, le gouvernement Trudeau a payé plus d’un demi-milliard pour le chemin Roxham.

Contrats sans appel d’offres, ententes renouvelées, infrastructures modernisées : Ottawa a investi massivement pour l'accueil des immigrants illégaux qui se présentent au chemin Roxham, selon des chiffres obtenus par l'émission Enquête. Et tout indique que ce passage semble destiné à durer.

 


Billet du 15 septembre

Le chemin Roxham n’a jamais vu autant de personnes le traverser de manière irrégulière pour entrer au pays. Incursion dans l’industrie des passeurs qui emmènent les demandeurs d’asile jusqu’à la frontière.

Le gouvernement Trudeau a refusé les demandes d’entrevue. Entre janvier et juin, un record, 20 000 immigrants illégaux qui sont passés par le chemin Roxham et ont été accueillis par le service express de luxe gratuit (accueil, navette, pécule et allocations, chambre d’hôtel) des douanes canadiennes. Les hôtels de Montréal sont combles.

Plus de détails sur ce lucratif trafic dans Roxham Inc. Le commerce payant de l'immigration. Trafic payant car l'accueil et la prise en charge par le Canada sont garantis (merci Justin Trudeau!) et sans risque.

Reportage complet



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