dimanche 10 mai 2009

« On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d’orteils »

« On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d’orteils »

La ministre de l’Éducation du Québec, Mme Courchesne

Conférence de presse le 18 avril 2008. Rapporté dans l'article "Le cours de culture religieuse obligatoire", LE SOLEIL, 19 avril 2008.

« Le cours ECR viole la liberté religieuse des Québécois »

Article fort critique de l'imposition du programme d'éthique et de culture religieuse dans la Gazette de Montréal de ce dimanche.

Extraits ci-dessous (article complet en anglais, ici) :
Programme scolaire viole la liberté religieuse des Québécois
Le cours obligatoire d'éthique et de religion devant les tribunaux


Par WILLIAM JOHNSON,
le 10 mai 2009

Le Québec se réveillera-t-il et respectera-t-il enfin la liberté de conscience et la liberté religieuse dans toutes les écoles de la province ?

Demain, commence à Drummondville un procès d'une semaine devant la Cour supérieure du Québec qui verra la conscience même du Québec passer en justice. Deux parents de Drummondville se présenteront devant le tribunal au nom de leurs enfants, un garçon de 6 ans en première année et un adolescent de 16 ans en secondaire V, pour défendre leur position selon laquelle le caractère obligatoire du programme d'éthique et de culture religieuse viole leurs convictions religieuses.

Selon leur requête en justice, « le programme contrevient à leur foi sincère, car il impose à l’élève une vision polythéiste du phénomène religieux, est relativiste, dissocie l’éthique et la morale et prétend à la neutralité lorsqu’il aborde les questions d'éthique et interfère dans la capacité des parents à transmettre leur foi à leur enfant. »

Ces parents représentent une large rébellion qui s'est mobilisée contre le cours. Les parents d'élèves ont présenté 1 742 demandes d'exemption. Toutes ont été refusées. C'est pourquoi les deux parents de Drummondville ont simplement demandé à leurs enfants de ne pas suivre le cours d'ECR, ce qu'ils ont fait ainsi que de nombreux autres élèves dans la province. Dans une école secondaire de Granby, non loin, six élèves ont été suspendus de l'école pour avoir boycotté le cours d'ECR.

Les dissidents sont soutenus par une large Coalition pour la liberté en l'éducation dont Richard Décarie est le porte-parole. Cette coalition comprend des personnes de différentes confessions, des nationalistes qui condamnent le multiculturalisme sous-jacent au cours qu'ils considèrent comme un rejet de l'identité du Québec, et même le Mouvement laïque québécois qui s'oppose à l'enseignement de la religion dans les écoles.

Un établissement privé, le collège Loyola, contestera également l'imposition du cours à ses 731 étudiants quand il se présentera à la Cour supérieure du Québec du 8 au 12 juin à Montréal. Le collège Loyola a refusé de mettre en application le programme ECR cette année. Selon son directeur, Paul Donovan, Loyola invoque une clause [de la Loi sur l'enseignement privé] qui permet aux écoles privées de donner un cours différent, mais qui est « équivalent » à celui utilisé dans les écoles publiques.

[Plus de détails ici]

[...]

Les jeunes enfants croient tout ce que leur institutrice dit. Si l'enseignante donne une même importance à toutes les religions, les enfants comprennent, de manière subliminale, que toutes les religions sont d'égale valeur, qu'on ne peut critiquer aucune religion. Beaucoup de parents trouvent que cela contrevient à leurs croyances.

Limiter la liberté religieuse en imposant un même cours religieux ne pourrait se justifier que si cette contrainte était proportionnelle à un besoin démontré. Par exemple, un tel cours pourrait probablement être imposé en dernière année de lycée, quand les convictions des élèves sont moins fragiles et leur esprit critique plus développé. Mais à des enfants de 6 ou 7 ans ? Et sans recours possible à une exemption pour ceux dont la foi commanderait d'éviter un tel cours ?

Courchesne doit revenir à la raison. Autrement, je suis sûr que les tribunaux, et certainement la Cour suprême du Canada, déclareront sa loi [imposant le cours ECR] comme incompatible avec une société libre et démocratique.

Opposition dans la communauté juive au cours d'éthique et culture religieuse

La Gazette de Montréal de ce dimanche rapporte que l'opposition au cours d'éthique et de culture religieuse ne faiblit pas dans la communauté juive où certains considèrent que la loi religieuse juive interdit d'enseigner d'autres religions.

Le Monopole de l'Éducation prétend que le programme ECR n'est pas de l'instruction religieuse, mais un programme de culture religieuse.

Selon le rabbin Shimshon Hamerman, directeur de l'Académie Solomon Schechter, une des cinq écoles pilotes ayant mis en place le cours ECR avant sa généralisation en septembre 2008, « Les personnes religieuses ne distinguent pas la religion et la culture. »

Bien que le programme semble être bien accepté à son école, Harmenan précise que les écoles juives orthodoxes ont de grandes difficultés avec le volet « culture religieuse ».

« Pour eux cela signifie enseigner une autre religion et c'est totalement contraire à leurs croyances » ajoute-t-il.

« Selon moi, le malaise est immense dans les écoles orthodoxes » déclare Charley Lévy, directeur général de l'Association des écoles juives qui représente quinze écoles.

« Un énorme malaise parce que cela s'oppose diamétralement à la manière dont la foi s'organise » de préciser Lévy.

« Le point de vue selon lequel on peut séparer la culture de la religion est un point de vue séculier qui s'oppose à la perspective religieuse où cette séparation ne peut se faire. »