lundi 8 janvier 2024

Le conflit qui couve sur l'enseignement de l'espagnol dans les écoles catalanes

Lorsque les évaluations PISA ont été publiées à la fin de l’année 2023, la plupart des pays se sont interrogés sur la manière de faire mieux. En Catalogne, les résultats ont été perçus sous l’angle du nationalisme et de la langue — comme tout le reste. L’Espagne a perdu du terrain depuis la dernière fois que les tests avaient été réalisés, en 2018. Mais les élèves de Catalogne étaient encore plus perdants, et les hispanophones de souche obtenaient de moins bons résultats que les catalanophones — un échec que les critiques se sont empressés de mettre sur le compte de la politique linguistique.

Dans les années 1980, la Catalogne a entamé une transition vers l’enseignement de toutes les matières en catalan, à l’exception de l’espagnol. Il y a plusieurs années, le tribunal suprême de la région a décidé qu’au moins 25 % des cours devaient être donnés en espagnol. Le gouvernement régional, dirigé par les séparatistes, a alors adopté une loi permettant aux directeurs d’école d’augmenter ou de diminuer le niveau d’enseignement en espagnol, selon les besoins.

Un nouveau rapport de l’Association des écoles bilingues de Catalogne (AEB), qui fait campagne pour plus d’espagnol, indique que pratiquement aucune école n’a modifié les politiques publiées. L’association a donc demandé au Parlement européen d’enquêter sur ce qu’elle considère comme une violation des droits fondamentaux des élèves. La semaine précédant Noël, une délégation a effectué une mission d’enquête. La secrétaire catalane à l’éducation affirme qu’ils sont venus en ayant déjà décidé que la politique linguistique de la région nuisait aux résultats des élèves. Elle attribue cette situation à la pauvreté des enfants, qui est plus élevée que la moyenne européenne.

À l’Escola San Jaume, une école primaire située à El Prat de Llobregat, une ville fortement hispanophone près de Barcelone, tous les panneaux sont en catalan. Seuls 10 % environ des élèves sont de langue maternelle catalane, explique le directeur, Arturo Ramírez. Un élève qui pose une question en espagnol est gentiment encouragé à essayer en catalan, mais les enfants peuvent se parler en espagnol en classe, comme ils le font en grande majorité pendant les pauses. Tout le monde finit par apprendre les deux langues, affirme M. Ramírez.

C’est d’ailleurs l’objectif déclaré de son école et de l’AEB : la maîtrise de l’espagnol et du catalan. Malgré les conflits incessants en Espagne, cet objectif est largement atteint en Catalogne, où plus de 80 % de la population parle et lit le catalan et où tout le monde, à l’exception de quelques immigrés, parle également l’espagnol. M. Ramírez affirme qu’« il n’y a pas de problème ici, que le problème est à l’extérieur du bâtiment. »

Source : The Economist