mercredi 30 novembre 2022

Population allemande : -1,5 million d'Allemands, + 4,3 millions d'immigrants en 8 ans

Depuis 2014, le nombre de citoyens allemands a baissé de 1,5 million, mais le nombre d'immigrants venus s'installer en Allemagne a lui augmenté de 4,3 millions. Ce qui a fait gagner au pays près de 2,9 millions d'habitants en 8 ans. 

La population en Allemagne a augmenté depuis 2014, mais la proportion de personnes en âge de travailler a diminué. Cette évolution a été affaiblie par l'immigration, comme le rapporte l'Office fédéral de la statistique (Destatis). Au 30 juin 2022, 2 882 000 personnes de plus vivaient en Allemagne qu'à la fin de 2014. Cette augmentation est principalement due à la migration des réfugiés en lien avec la guerre et la violence en Syrie, en Afghanistan et en Irak en 2015/2016 et après le conflit en Ukraine. Mais il y a aussi des afflux réguliers en provenance d'autres États de l'Europe de l'Est tels que la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne. Ainsi, entre le 31 décembre 2014 et le 30 juin 2022, le nombre de personnes de nationalité étrangère a augmenté (+4 341 000).


Le décret instituant le plan Biden d’allègement de la dette étudiante déclaré inconstitutionnel

Le juge fédéral du Texas, Mark Pittman, a déclaré il y a quelques semaines que le décret instituant le plan du président Joe Biden visant à annuler des centaines de milliards de dollars de dettes d’étudiants était inconstitutionnel et devait être annulé.

Le plan d’allègement de la dette a déjà été temporairement bloqué par la Cour d’appel du huitième circuit des États-Unis, basée à Saint-Louis, pour examiner la demande de six États républicains visant à l’interdire. Le plan de Joe Biden a fait l’objet de plusieurs actions en justice par des procureurs généraux d’États.

Le juge Pittman, dans une décision de 26 pages, a écrit que la loi HEROES, — une loi qui offre de l’aide financière pour les prêts consentis au personnel militaire et sur laquelle l’administration Biden s’est appuyée pour mettre en place le plan d’aide — ne permettait pas la mise en place d’un programme d’annulation des prêts aux étudiants de 400 milliards de dollars américains. « Le programme est donc un exercice inconstitutionnel du pouvoir législatif du Congrès et doit être annulé », écrit le juge Pittman. 


« Personne ne peut nier de manière plausible qu’il s’agit soit de l’une des plus grandes délégations de pouvoir législatif à l’exécutif, soit de l’un des plus grands exercices de pouvoir législatif sans l’autorité du Congrès dans l’histoire des États-Unis », a déclaré le juge Pittman.

Le juge texan a affirmé que la loi « ne fournit pas au pouvoir exécutif une autorisation claire du Congrès pour créer un programme d’annulation de prêt étudiant de 400 milliards de dollars ». Il a noté que les avocats de l’administration Trump ainsi que la présidente de la Chambre Nancy Pelosi (démocrate de Californie) avaient estimé que le président Biden n’avait pas l’autorité légale pour mettre en œuvre l’annulation massive de la dette par décret. Mme Pelosi avait déclaré l’année dernière que le Congrès devait passer une loi pour annuler la dette étudiante. Elle a, cependant, déclaré plus tard qu’elle soutenait le programme et a félicité le président de l’avoir proposé. Le ministère de la Justice a fait appel du verdict.

Le Bureau du budget du Congrès, non partisan, a calculé que l’annulation de la dette permettrait d’éliminer environ 430 milliards de dollars sur les 1600 milliards de dollars de dettes d’étudiants et que plus de 40 millions de personnes pouvaient en bénéficier.

Le plan, annoncé en août, prévoit d’effacer jusqu’à 10 000 $ US de dettes d’études pour les emprunteurs gagnant moins de 125 000 $ US par an, ou 250 000 $ US pour les couples mariés. Les emprunteurs qui ont reçu des bourses Pell au profit des étudiants à faible revenu verront leur dette réduite jusqu’à 20 000 $ US.

De nombreuses personnes avaient averti l’administration Biden que cette initiative ambitieuse pourrait rencontrer des difficultés juridiques. Pourtant, lors d’un entretien en octobre, le président Biden s’était vanté devant un aréopage d’activistes d’avoir signé une loi qui propose l’annulation de jusqu’à 20 000 dollars de prêts étudiants fédéraux pour les bénéficiaires de la bourse Pell et de 10 000 dollars pour les autres emprunteurs. Il a ensuite affirmé le bobard en disant que « je l’ai fait adopter par un vote ou deux, et c’est en vigueur. » 

 
Bien sûr, comme souvent quand Biden donne sa version de l’histoire — de son arrestation alors qu’il tentait de rendre visite au défunt président sud-africain Nelson Mandela aux 17 000 miles qu’il a parcourus avec Xi Jinping — l’affirmation de Biden selon laquelle il a obtenu une remise de prêt étudiant grâce à une loi adoptée par la législation était un gros mensonge. Il a contourné la législature et utilisé une directive présidentielle pour faire payer les dettes d’un groupe de personnes, ceux qui ont fréquenté l’université, par un autre groupe de personnes, les contribuables.

Un sondage réalisé par le Wall Street Journal avant les élections de mi-mandat cette semaine a révélé que les groupes clés essentiels aux chances des démocrates pour ces élections de mi-mandat, comme les jeunes électeurs, soutiennent fortement le plan d’annulation des prêts étudiants, bien que le grand public soit divisé sur la question.

CNBC a rendu compte cette semaine d’une enquête récente qui a révélé que 73 % des bénéficiaires présomptifs du plan Biden prévoyaient de dépenser l’argent qu’ils n’auraient plus à rembourser à voyager, aller au restaurant et acheter des articles de nouvelles technologies.

Si Biden voulait vraiment aider les étudiants, il devrait chercher à diminuer les frais de scolarité ruineux des universités américaines. Paradoxalement, une mesure efficace pour ce faire serait de limiter l’accès aux programmes de prêts fédéraux.

Au fur et à mesure que le coût de l’enseignement supérieur augmentait, le nombre d’étudiants ayant besoin d’utiliser des prêts étudiants fédéraux a également augmenté. Parallèlement, le montant moyen emprunté par étudiant, ainsi que le montant total annuel emprunté, ont augmenté. La facilité d’obtention de ces prêts fédéraux conduit à une inflation des frais d’inscription.

Alors que le nombre total d’emprunteurs fédéraux s’élevait à 5,9 millions pour l’année universitaire 2001-2002, il est passé à 9,4 millions d’emprunteurs pour l’année universitaire 2016-2017, soit une augmentation de plus de 3 % par an. Au cours de la même période, le montant annuel total des prêts étudiants fédéraux empruntés est passé de 49 milliards de dollars à 94 milliards de dollars, soit une augmentation de près de 4,5 % par an.

Alors que les prix continuent d’augmenter et que les remboursements des prêts étudiants grugent une partie croissante des salaires des diplômés, certains emprunteurs pourraient ne pas être en mesure de rembourser leurs prêts étudiants. Mais cela ne trouble pas les universités. En effet, lorsqu’un étudiant contracte un prêt universitaire, l’argent est versé directement au collège, ce qui signifie que le collège reçoit son argent immédiatement que l’emprunter rembourse ou non cet emprunt en fin de compte. L’emprunteur devient alors responsable du remboursement du prêt. Dans le cas d’un prêt étudiant fédéral, le gouvernement fédéral est responsable de s’assurer que l’emprunteur rembourse intégralement le prêt.

Dans un marché libre et non faussé, au fur et à mesure que les prix augmentent, la demande du bien en question à ce prix diminue. Mais dans l’enseignement supérieur, la généreuse disponibilité de prêts étudiants fédéraux permet aux candidats de combler l’écart entre ce qu’ils peuvent se permettre et le prix demandé par les universités. Les établissements post-secondaires peuvent donc continuellement augmenter le prix qu’ils exigent pour une année d’études.

Dans une étude de 2015, la Federal Reserve Bank de New York a constaté que chaque augmentation de 1 $ du montant maximal des prêts subventionnés entraînait une augmentation de 60 cents des droits d’inscription, tandis qu’une augmentation de 1 $ du plafond des prêts non subventionnés n’entraînait qu’une augmentation de 40 cents de ces frais de scolarité. 


Si la disponibilité des prêts étudiants fédéraux permet aux collèges d’augmenter les prix beaucoup plus rapidement que le rythme de l’inflation, le gouvernement peut peut-être utiliser son contrôle du marché fédéral des prêts étudiants pour aider à contrôler les coûts. Une stratégie pourrait être d’exiger des universités qu’elles n’augmentent pas le prix d’une éducation post-secondaire plus vite que l’indice des prix à la consommation. S’ils le font, soit leurs étudiants perdent tout accès aux prêts étudiants fédéraux, soit les étudiants ou les établissements devraient financer, de leur poche, l’excédent des frais de scolarité au-dessus du prix autorisé.

Supprimer complètement l’accès aux prêts étudiants fédéraux pour les étudiants d’une faculté pourrait réduire considérablement la demande. En conséquence, de nombreuses universités seraient probablement forcées de maintenir leurs prix dans la fourchette de prix recommandée ou risquer de faire faillite.

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Québec — 90 900 étrangers (et non 50 000) s'y sont établis en 1 an

C’est un total de 90 900 personnes provenant d’autres pays qui se sont établies au Québec du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022.

La différence, ce sont les immigrants temporaires, des gens qui sont entrés au Québec pour diverses raisons – travailleurs agricoles, étudiants internationaux, travailleurs spécialisés, demandeurs d’asile. Pour l’ensemble du Canada, on en compte plus de 850 000.

Il y a ainsi un décalage important entre les chiffres sur l’immigration, utilisés dans le débat public, et le nombre réel de personnes qui s’établissent ici.

Le débat porte sur le nombre de personnes qui obtiennent, chaque année, le statut d’immigrant permanent.

C’est ce chiffre qui fait l’objet de désaccords entre la cible de Québec, 50 000, et celle d’Ottawa, 500 000, d’ici 2025. Ou encore, lors de la campagne électorale, entre le seuil de 50 000 défendu par les caquistes, celui de 70 000 des libéraux ou les 80 000 des solidaires. Et pourtant, ces données, qui ont pris valeur de symbole, ne décrivent pas adéquatement la réalité de l’immigration.

« On ne prend pas les bons chiffres », affirme l’économiste Pierre Fortin.

« Les chiffres officiels qu’utilisent Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec sont les chiffres de l’immigration permanente. Il faut ajouter à ces chiffres la hausse annuelle de l’immigration temporaire », explique-t-il.

L’Institut du Québec dit la même chose. Dans un rapport publié en juin, les auteurs constatent : « Bien que le gouvernement du Québec ait au cours des dernières années abaissé ses seuils d’accueil pour les immigrants permanents, la province a, en réalité, accueilli bien plus de nouveaux arrivants sur son territoire. »

Les données sur les seuils d’immigration ne sont évidemment pas fausses. Ce sont des statistiques officielles. Mais elles ne tiennent pas pleinement compte de l’ampleur de l’arrivée, sur notre territoire, d’un nombre additionnel de dizaines de milliers de personnes venues de l’extérieur, et donc des défis liés à l’intégration et à la prise en charge, ou encore les effets sur les équilibres linguistiques.

C’est comme si, en voulant mesurer le nombre de calories que l’on a absorbées dans une journée, on ne tenait compte que de l’apport calorique des aliments solides, mais qu’on oubliait de prendre en compte les calories provenant des liquides.

Le vrai chiffre de l’immigration, au sens des Nations unies, au sens de Statistique Canada et au sens de l’Institut de la statistique du Québec, c’est bel et bien la somme des deux types d’immigration, temporaire et permanente.

Pierre Fortin, professeur émérite de sciences économiques à l’UQAM

« C’est l’augmentation d’une année à l’autre du nombre de personnes qui entrent et habitent sur le territoire de la nation », ajoute l’économiste.


 

Difficile à estimer

L’image que l’on associe souvent à un immigrant, c’est celle d’une personne qui a fait une demande à partir de son pays, qui a obtenu une réponse favorable des autorités canadiennes et qui, un jour, arrive ici. Autrefois en bateau, maintenant en avion.

Mais dans les faits, une très forte proportion des gens qui obtiennent le statut d’immigrant étaient déjà ici, parfois depuis des années, en vertu de divers programmes, et ont finalement obtenu la résidence permanente. [C'est une stratégie pour immigrer ici pour ceux qui n'auraient pas été choisis s'ils avaient fait leur demande alors qu'ils étaient encore dans leur pays ou à leur arrivée ici. Ils viennent avec la ferme intention d'immigrer de façon permanente mais disent d'abord juste vouloir y étudier ou y travailler temporairement, puis font la demande d'immigration permanente.]

Ils n’arrivent donc pas au Canada ou au Québec, ils changent de statut, et de colonne dans les statistiques.

« Il y en a encore qui sont choisis à l’extérieur, mais ce que je comprends, c’est que les gens ont peut-être un meilleur profil s’ils sont déjà ici. Je pense que c’est intéressant de prendre des gens qui sont déjà ici parce qu’ils sont intégrés », explique Stéphanie Valois, présidente de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration.

Le nombre d’immigrants permanents est assez stable, selon les plus récentes données de Statistique Canada : de 50 000 à 56 000 dans les années 2010, 44 866 en 2018-2019, avec l’arrivée de la CAQ au pouvoir et son engagement de réduire le seuil à 40 000, une chute à 33 295 et à 33 673 durant les deux années marquées par la pandémie, une remontée à 62 798 en 2021-2022, en raison d’un rattrapage post-COVID-19.

Pendant ce temps, un autre processus est en jeu, celui des immigrants temporaires qui entrent au Québec et en sortent. Leur nombre est plus difficile à évaluer en raison du caractère non permanent de leur présence. Les statistiques officielles mesurent toutefois le solde de ces arrivées et de ces départs. En quelques années, le solde des immigrants temporaires a explosé, passant de 12 671, en 2016, à 63 076, en 2019.

Le fait que le nombre de personnes qui entrent ainsi au Québec soit supérieur au nombre de ceux qui partent fait en sorte que le bassin de résidents non permanents augmente d’année en année.

L’ancien ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) Jean Boulet a déclaré en juin qu’il y avait 177 000 immigrants temporaires, au Québec, en 2021.

Ce chiffre se décompose ainsi : 23 795 titulaires de permis de travail du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), 62 270 détenteurs de permis de travail du Programme de mobilité internationale, et 90 800 étudiants internationaux.

Cependant, ce chiffre ne tient pas compte des personnes résidant temporairement au Québec qui ne sont pas titulaires de permis, « comme les enfants des titulaires de permis, les conjoints qui n’ont pas demandé de permis, les demandeurs d’asile qui n’ont pas de permis, les personnes dont le permis initial est expiré et qui sont en attente d’un renouvellement avec permission de travailler ou non », souligne le porte-parole du MIFI Gabriel Bélanger.

Le sommet précédent avait été atteint en 2019, avant la pandémie, avec 167 435 personnes. Il était de 102 125, en 2016.

Si le nombre des immigrants temporaires augmente, c’est parce que les gouvernements, tant à Québec qu’à Ottawa, souhaitent leur présence.

Dans son Plan d’immigration 2022, le MIFI vise notamment à « appuyer les employeurs de toutes les régions du Québec dans leurs démarches de recrutement de travailleurs étrangers temporaires, afin d’augmenter le nombre, de diminuer les délais avant leur arrivée et de faciliter les démarches pour répondre aux besoins de main-d’œuvre à court terme ».

Source : La Presse

Universités — L’exclusion des hommes blancs d’appels de candidatures fait l’objet de plaintes

Frédéric Bastien dont il est question dans le billet ci-dessous a été pris à partie par une enseignante de l'Université Laval le décrivant comme un « homme blanc médiocre». Il lui répond ci-dessous.


Un appel de candidatures à l’Université Laval (UL) pour le poste de titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire du Canada-Québec, qui exclut les hommes blancs, a incité un professeur, qui s’estime violé dans ses droits, à porter plainte à la Commission des droits de la personne du Québec et du Canada.

Campus de l'université Laval à Québec

« On est dans une dérive. On pense que combattre la discrimination par la discrimination, ce n’est pas une bonne façon de procéder. Ça va juste attiser les tensions, lance Frédéric Bastien, historien, professeur au collège Dawson et militant. C’est rare, un poste en histoire. »

Il estime qu’il aurait pu avoir les compétences nécessaires pour postuler : il possède un doctorat en histoire et a plusieurs publications à son actif, dont l’ouvrage La bataille de Londres.

On pense que combattre la discrimination par la discrimination, ce n’est pas une bonne façon de procéder. Ça va juste attiser les tensions. C’est rare, un poste en histoire. — Frédéric Bastien

Or, dans l’affichage de poste [...], l’Université Laval écrit [en gras] que « seules les personnes candidates possédant les compétences requises ET s’étant auto-identifiées comme membre d’au moins un de ces quatre groupes sous-représentés (femmes, Autochtones, personnes en situation de handicap et personne appartenant aux minorités visibles) seront sélectionnées ».

Extrait de l'appel à candidatures

« L’Université Laval ne peut déposer d’autres types de profils de candidatures tant que ses cibles de représentation ne sont pas atteintes, et ce, conformément aux exigences du Programme des CRC [chaires de recherche du Canada] », ajoute-t-on.

Quotas diversitaires

Ottawa a fixé des cibles de diversité à la suite d’un jugement de la Cour fédérale qui a fait l’objet d’un ajout en 2019. Celui-ci vise à réparer un déséquilibre historique dans la représentation des minorités. Les cibles pour décembre 2029 sont de 50,9 % pour les femmes, de 22 % pour les minorités visibles, de 7,5 % pour les personnes handicapées et de 4,9 % pour les Autochtones. Les universités s’approchent de l’objectif : des données du Programme des chaires de recherche du Canada montrent qu’en septembre 2022, la représentation pour les « femmes et personnes de minorités de genre » était de 44,3 %, de 24,9 % pour les personnes racisées, de 6,1 % pour celles ayant un handicap et de 3,8 % pour les Autochtones.

Pour y parvenir, des universités d’un peu partout au pays excluent dès le départ les candidatures d’hommes blancs aux postes de chaires de recherche financées par le fédéral. Cette situation avait été dénoncée par le gouvernement du Québec et l’opposition en mars dernier.

Du côté de l’UL, on prend le soin de préciser que « toutes les universités doivent se conformer à ces exigences ». « Avant le lancement de chaque concours de CRC, une évaluation est faite afin de savoir si des écarts restent à combler pour atteindre les cibles établies par le Programme [des chaires de recherche du Canada]. Si ces cibles sont atteintes, les CRC peuvent être attribuées à toute personne », explique la porte-parole Andrée-Anne Stewart.

Pour des questions de principe, Frédéric Bastien a acheminé le 31 octobre une plainte contre l’Université Laval et une contre le Programme des chaires de recherche du Canada aux commissions canadienne et québécoise des droits de la personne. « En faisant cela, elle a violé mes droits, écrit le professeur. En étant considéré comme un homme blanc, hétérosexuel, je ne pouvais postuler au poste en question, car les quotas pour les catégories indiquées plus haut n’étaient pas atteints. »

Matière à contestation 

Comme cette façon de faire génère de vifs débats, le professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal (UdeM) Stéphane Beaulac estime que le fait de porter plainte est une bonne nouvelle parce que « cela va permettre de régler la question » et de « tester le programme » [mettre à l'épreuve les critères discriminatoires du programme de financement].

« Il y a matière à aller contester ces affichages [de l'appel à candidatures]. Il y a de la poigne, juridiquement parlant », croit le spécialiste en droit constitutionnel. Mais pas nécessairement sur l’aspect discriminatoire, ajoute-t-il, parce que cela s’inscrit dans un programme expressément autorisé par la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et par le régime législatif.

« Le concept clé, c’est celui de la proportionnalité. C’est là que la poigne [le levier] juridique se trouve, estime celui qui a lui-même été président du comité d’embauche à la Faculté de droit de l’UdeM pour deux mandats. C’est de dire que ça va trop loin parce que le processus est censé garder comme priorité absolue la compétence à remplir selon les fonctions de l’affichage. C’est donc de se priver d’entrée de jeu de plusieurs dossiers qui permettraient de voir, dans le marché de l’embauche, qui sont les personnes les plus compétentes. »

Contacté par Le Devoir, le Programme des chaires de recherche du Canada insiste sur le fait que les « objectifs d’équité et l’embauche stratégique sont considérés comme des pratiques exemplaires par la Commission canadienne des droits de la personne pour remédier à la sous-représentation historique et persistante » des minorités.

« Les hommes blancs sont admissibles à plusieurs postes de chaire de recherche à travers les universités canadiennes, ajoute la porte-parole Andrea Matyas. Le Programme des chaires de recherche du Canada n’exclut personne et se veut inclusif. C’est justement pour cette raison que des mesures sont prises par le programme pour assurer une représentation qui corresponde à celle de la population. »

Empiètement sur la vie privée

L’Université Laval ajoute de son côté qu’un candidat ne peut pas obtenir un poste à une chaire de recherche canadienne s’il ne remplit pas un formulaire d’auto-identification. Consulté par Le Devoir, celui-ci comprend des questions avec des choix de réponse détaillés sur le genre, l’orientation sexuelle, l’identité autochtone, l’appartenance à une minorité visible et la présence d’un handicap. « Il s’agit d’une condition du Programme lors de l’évaluation des dossiers par le gouvernement fédéral », précise Andrée-Anne Stewart.

Une situation que dénonce Frédéric Bastien, qui envisage de porter plainte contre ce formulaire. « C’est la sphère privée de l’individu qui est envahie par l’employeur », croit-il.

Source : Le Devoir


Angleterre : le nombre de musulmans a doublé en 10 ans, les chrétiens ne sont plus majoritaires

Le recensement 2021 effectué par l’institut national britannique des statistiques souligne aussi que la population blanche dans les villes principales du pays est passée sous la barre des 40%.


Un recensement évocateur. Le rapport 2021 publié le 29 novembre par l’institut national britannique des statistiques a mis en lumière l’évolution de la population en Angleterre. Et le constat est sans appel, comme l’indique Le Point : le pays n’est plus une nation à majorité chrétienne. En effet, si les Chrétiens représentaient 59 % de la population en 2011, ils sont un peu plus de dix ans plus tard 46 %, soit moins de la moitié. Dans le même temps, la population blanche est passée sous la barre des 40% à Londres et Birmingham, les deux principales villes du pays. A contrario, le recensement souligne que la population musulmane a doublé en une décennie et demeure la deuxième religion du pays avec quatre millions d’individus musulmans. Quant au nombre de juifs, d’hindous et de bouddhiste, il reste plutôt stable.

Convictions entamées

En revanche, l’institut national britannique des statistiques souligne que le nombre d’athées a connu une forte progression depuis 2011, passant de 25 % à 37,2 %. La société multiculturelle d’outre-Manche a donc connu une nette évolution, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le Brexit a fortement diminué l’immigration des catholiques européens au profit de ceux du sous-continent indien et africain. Ensuite, les scandales à répétition au cœur de l’Eglise ont entamé les convictions de nombreux Chrétiens. « Le pays a fait une croix sur l’attachement automatique au christianisme. Nous devons mieux faire connaître la doctrine du Christ », a expliqué le révérend Stephen Cottrell, numéro deux de l’Église anglicane. Pour limiter le recul historique de la foi chrétienne en Angleterre, et alors que le nouveau roi Charles III s’est toujours dit défenseur de « toutes les fois », tout reste donc à faire.

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