lundi 30 mars 2009

Les prétendus « sages » qui décident pour nous se préparent-ils à une défaite judiciaire ?

M. Denis Watters a coordonné les équipes de rédaction du cours controversé d'Éthique et de culture religieuse. L'an dernier, la ministre de l'Éducation (MELS), Michelle Courchesne, l'avait mandaté pour faire une tournée de la province afin de calmer les inquiétudes des parents à l'égard de ce cours. On ne peut pas dire que sa mission ait réussi. Depuis le 1er juillet dernier, Denis Watters n'est plus à l'emploi du ministère de l'Éducation.

Il y a quelques semaines déjà, Denis Watters déclarait au sujet des procès intentés contre le fait que le gouvernement – avant même d’avoir entendu les parents concernés – avait décidé de n’accorder aucune exemption aux cours d’éthique et de culture religion : « J’attends avec impatience la suite dans ce dossier. Je suis certain que la cause se rendra jusqu’en Cour suprême. »

En Cour suprême, avec les sous des 72 % de parents qui disent qu’il existe une autre solution plus tolérante : accepter le choix en matière d’éducation morale et religieuse.

Aujourd’hui, dans un article d’autopromotion dont le Devoir a le secret, celui-ci faisait l’éloge de son ancien journaliste et collaborateur occasionnel Jean-Pierre Proulx en laissant ses colonnes ouvertes au même Jean-Pierre Proulx ! On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même...

Bien sûr, la lecture de l’article est insupportable de prétention quand on comprend que, pour M. Proulx, seule sa manière d’envisager le dialogue, le pluralisme et l’éducation morale est la bonne. Tout cela au nom de la « démocratie », conçue chez Leroux comme un règne de l'« égalité » décrétée par des philosophes qui orientent l'État, et du « respect le plus absolu de la diversité »... Faisant croire que ses préférences et celles de ses amis experts sont celles du Québec et qu’elles vont dans le « sens de l’histoire »MC, notion que l’on croyait reléguée aux oubliettes de l’histoire après la défaite cinglante des monopoles philosophiques et politiques d’inspiration communiste.

Mais il faut savoir se faire violence et lire jusqu’au bout la prose autocongratulatrice de M. Proulx pour noter, à l’instar de M. Watters, qu’il semble douter de l’issue des procès engagés contre l’imposition de son bébé, le cours ECR : « la Cour suprême du Canada a dans ses arrêts sur les accommodements raisonnables, avalisé la thèse de la «croyance sincère» [de ceux qui demandent une exemption pour des raisons religieuses], ouvrant ainsi la porte à des décisions imprévisibles. »

Eh, oui. Il se pourrait bien que les parents gagnent contre l’État qui bénéficie pourtant de moyens nettement supérieurs (ne fût-ce qu'en termes de nombre d'avocats engagés dans ces procès, de recherchistes, d'experts universitaires qui lui sont quasiment tous directement ou indirectement redevables : vous voulez faire partie d'un comité, M. le professeur, être chargé d'une mission prestigieuse ?)

Notons que M. Proulx apprend aussi à respecter ces parents consciencieux qui se préoccupent de l’éducation morale de leurs enfants et qui veulent donc soustraire ceux-ci au programme pondu par M. Proulx et ses acolytes : il ne s’agit plus « des catholiques les plus intégristes » comme Radio-Canada le disait, mais de « nos concitoyens ». Il faut dire que l’opposition à ce cours vient de partout : protestants, catholiques, athées et agnostiques du MLQ, coptes, musulmans, juifs orthodoxes, nationalistes, etc.

Terminons par une citation d’un autre apologiste du cours d’éthique et de culture religieuse, également abonné aux pages d’opinions du Devoir.
« […] on doit […] concevoir une éducation où les droits qui légitiment la décision de la Cour suprême [à propos de l’affaire du kirpan accepté car « croyance sincère »], tout autant que la culture religieuse qui en exprime la requête, sont compris de tous et font partie de leur conception de la vie en commun. Car ces droits sont la base de notre démocratie, et l’enjeu actuel est d’en faire le fondement d’une éthique sociale fondée sur la reconnaissance et la mutualité. C’est à cette tâche qu’est appelé le nouveau programme d’éthique et de culture religieuse »

Georges Leroux, Éthique, culture religieuse, dialogue, Fides, 2007, pp. 45-46


Il serait ironique que les adeptes du programme d’ECR soient mis en échec par ce qu'ils vénèrent (le respect des Chartes comme principale balise morale, « la foi sincère comme base légitime et suffisante de l’objection de conscience »). Les meilleurs élèves du cours ECR seraient alors ceux qui ont, non seulement, « bien compris cette décision de la Cour suprême », mais qui l’appliquent « dans leur conception de la vie en commun » et qui donc demandent, leurs devoirs faits, de ne plus voir leurs enfants subir l’idéologie du programme gouvernemental conçu par les experts cooptés du Monopole de l'Éducation.