vendredi 5 mai 2023

Étude danoise — Le cannabis causerait ¼ des nouveaux cas de schizophrénie chez les jeunes hommes

Une nouvelle étude réalisée au Danemark présente les résultats les plus inquiétants à ce jour concernant le lien entre le cannabis et la schizophrénie.

Selon des chercheurs danois, le cannabis est désormais à l’origine d’un cas sur quatre de schizophrénie nouvellement diagnostiquée chez les jeunes hommes.

D’après leur analyse, le cannabis est désormais de loin le facteur de risque non génétique le plus important pour la schizophrénie, une maladie mentale dévastatrice.

Les symptômes les plus connus de la schizophrénie sont la paranoïa et les hallucinations, mais la maladie nuit également à la motivation et réduit même l’intelligence globale. En outre, les personnes atteintes de schizophrénie courent un risque élevé de commettre des actes de violence.

La nouvelle étude suggère que les États-Unis, où la consommation de cannabis est beaucoup plus élevée qu’au Danemark, pourraient déjà connaître une augmentation du nombre de cas de schizophrénie. Mais comme les États-Unis n’essaient même pas de comptabiliser les nouveaux diagnostics de schizophrénie, il est pratiquement impossible d’en être certain.
 
Selon les chercheurs, le lien entre la consommation problématique de cannabis et la maladie s’est considérablement renforcé au cours des 50 dernières années. Au cours de la même période, le cannabis est devenu beaucoup plus puissant, avec des niveaux beaucoup plus élevés de THC — la substance chimique responsable de ses effets psychoactifs.

Les chercheurs ont pu suivre ces changements grâce au système national de soins de santé du Danemark, qui leur a permis de voir tous les nouveaux diagnostics de schizophrénie et de troubles liés à l’usage du cannabis — ou dépendance à la marijuana. Ils ont examiné le nombre de personnes souffrant de ce trouble qui ont ensuite été diagnostiquées schizophrènes. Ils ont ensuite pris en compte d’autres facteurs connus pour être à l’origine de la schizophrénie, tels que les antécédents familiaux de maladie mentale.

L’étude était de grande envergure, puisqu’elle portait sur les dossiers médicaux de près de 7 millions de personnes, soit l’ensemble de la population danoise âgée de 16 à 49 ans en 2012.

(La courbe rouge ci-dessous correspond au facteur de risque de schizophrénie associé au cannabis dans la population mâle. En 1972, à peine 2 % des nouveaux cas de schizophrénie chez les hommes étaient attribuables à une forte consommation de cannabis. En 2022, c’est le cas d’environ 20 % d’entre eux).
 
 

Tendances de la proportion de schizophrénie attribuable aux troubles liés à la consommation de cannabis au Danemark entre 1972 et 2021, par sexe. VA % = variation annuelle en pourcentage, VAM % = variation annuelle moyenne en pourcentage de 1971 à 2021 VA%=VAM % indique qu’aucun point de jonction n’a été identifié à l’aide du critère d’information bayésien.

Ils ont constaté que les troubles liés à la consommation de cannabis constituaient un signal extrêmement puissant pour un diagnostic de schizophrénie à venir ; une personne présentant ces troubles avait un risque 30 fois plus élevé d’être diagnostiquée plus tard comme schizophrène.

Une grande partie de ce risque accru pourrait s’expliquer par d’autres facteurs, tels que les antécédents familiaux de maladie mentale, qui sont également plus élevés chez les personnes souffrant de troubles liés à la consommation de cannabis. Cependant, même après avoir pris en compte tous ces facteurs, les chercheurs ont constaté que la dépendance au cannabis était associée à un risque 2,3 fois plus élevé de développer une schizophrénie.

C’est chez les jeunes hommes que la dépendance au cannabis est la plus dangereuse. Les hommes de 20 ans et moins avaient près de quatre fois plus de risques de développer une schizophrénie s’ils étaient de grands consommateurs.

Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté qu’environ 15 % des cas de schizophrénie diagnostiqués chez les hommes en 2021 résultaient d’une dépendance au cannabis. Chez les jeunes hommes, ce pourcentage était encore plus élevé.

Les femmes présentaient également un risque accru de nouveaux diagnostics de schizophrénie après une forte consommation de cannabis, bien que ce risque soit plus faible. Cette différence peut refléter une différence entre les cerveaux des femmes et des hommes, ou le fait que les hommes consomment plus de cannabis que les femmes, même au sein du groupe des consommateurs diagnostiqués comme dépendants.

Malheureusement, le problème des maladies mentales liées au cannabis risque d’empirer avant de s’améliorer, car de plus en plus de personnes consomment cette drogue de manière intensive et dangereuse.

Dans les années 1970, les variétés de cannabis standard contenaient généralement environ 2 % de THC. Aujourd’hui, l’herbe de cannabis contient généralement 20 % de THC, et des extraits de THC fumables presque purs sont largement disponibles. Le THC peut également être vapoté ou ingéré sous forme comestible, une méthode d’utilisation qui augmente encore sa puissance.

Par conséquent, les consommateurs de cannabis consomment couramment beaucoup plus de THC qu’il y a une génération, ce qui se traduit par des sensations fortes plus intenses et plus durables et par un risque accru de dépendance.

En 1990, seul un homme sur 1 000 au Danemark était diagnostiqué comme souffrant d’un trouble lié à la consommation de cannabis. Aujourd’hui, ce taux est de 1 sur 40.

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« Je suis blanche » : une universitaire s'excuse d'avoir prétendu à tort toute sa vie qu'elle était amérindienne

La controverse autour de l’anthropologue Elizabeth Hoover a suscité des appels à la démission et des inquiétudes parmi ses étudiants et les universitaires amérindiens quant à l’intégrité académique de l’université de Berkeley en Californie.

Un des portails de Berkeley


Après l’embauche d’Elizabeth Hoover en tant que professeur associé à l’UC Berkeley en 2020, l’anthropologue a été mentionnée dans les médias du campus comme l’un des chercheurs amérindiens qui pourraient contribuer à faire du campus un lieu plus accueillant pour l’apprentissage et la recherche sur l’histoire, la culture et les problèmes contemporains des Amérindiens.

Mais Mme Hoover est aujourd’hui au cœur d’une controverse en admettant qu’elle est « une personne blanche » qui a prétendu « à tort » être amérindienne pendant « toute sa vie ». Cette situation a suscité des appels à la démission de Mme Hoover et des inquiétudes parmi ses étudiants et les universitaires amérindiens quant à la réputation de l’université de Berkeley et au respect de l’identité amérindienne authentique.

Lundi, Mme Hoover a présenté des excuses qui confirment ce que d’autres universitaires et militants amérindiens disaient d’elle depuis plus d’un an, à savoir que l’experte en santé environnementale et en justice alimentaire dans les communautés amérindiennes, diplômée d’une université de la très élitiste Ivy League, est une personne blanche qui s’est longtemps présentée comme une universitaire amérindienne, alors qu’elle se construisait une carrière universitaire de haut vol et obtenait un poste dans l’une des meilleures universités publiques des États-Unis.
 
Je suis une personne blanche qui s’est identifiée à tort comme autochtone toute sa vie », a déclaré Mme Hoover dans une longue déclaration publiée sur son site web. Dans sa déclaration et lors d’un entretien avec ce média, Mme Hoover a déclaré qu’elle avait toujours supposé qu’elle était amérindienne parce que c’est ce qu’on lui avait dit lorsqu’elle grandissait dans le nord de l’État de New York. Elle a ajouté qu’elle n’avait jamais sciemment falsifié son identité ou tenté de tromper qui que ce soit. « Je suis un être humain », a-t-elle déclaré. « Je n’ai pas cherché à blesser ou à exploiter qui que ce soit. »

Capture d’écran de la page LinkedIn de Mme Hoover. Le talisman des pronoms (she/her) n’aura pas empêché que cette « prétendienne » soit démasquée
 
L’affaire Hoover survient alors que les cercles amérindiens sont de plus en plus attentifs à la nature complexe de l’identité amérindienne et qu’ils en discutent intensément. Elle fait suite à des allégations selon lesquelles une autre résidente bien connue de la région de la baie de San Francisco, feu l’activiste Sacheen Littlefeather, a passé les cinquante dernières années à prétendre à tort être une Apache des montagnes blanches et une Yaqui.