lundi 28 avril 2008

Scepticisme à La Presse quant à l'opportunité du cours d'ÉCR

Éditorial instructif dans la Presse de ce lundi, où l'on nous dit que « la transition de l'école confessionnelle à l'école laïque ne se fera pas sans heurts ». Il s'agit des heurts probables qu'engendra le nouveau cours obligatoire d'Éthique et de culture religieuse que Mme Courchesne veut imposer à grands frais, quitte apparemment à outrepasser ses droits.

Remarquons, une nouvelle fois, que ce cours controversé sera également imposé aux écoles privées confessionnelles et non seulement aux écoles publiques dites laïques. On verra également qu'en réalité l'éditorialiste ne craint pas uniquement une transition douloureuse, mais que ce programme posera des difficultés permanentes en obligeant les enfants à s'identifier en termes religieux (« relater leur vécu ») par rapport à leur camarade, ce qui est pour le moins paradoxal pour des écoles qui se veulent désormais laïques :
Que dira-ton [sic] aux enfants lorsque viendra le temps d'aborder la question de la non-croyance? (Pour compliquer les choses, le mot « athéisme » ne fera pas partie du vocabulaire employé dans les manuels. Dans un excès de rectitude politique qui frise le ridicule, le Ministère a jugé que ce terme était péjoratif)
Il n'est pas évident que la rectitude politique soit à l'origine de cette occultation lexicale récente, il est plus probable qu'il s'agisse de ne pas effrayer les parents croyants qui avaient déjà dénoncé le fait que l'athéisme serait enseigné à leurs enfants.
Au Ministère, on répond que lors d'une discussion sur la naissance, par exemple, l'enseignant pourrait aborder les différents rites tout en faisant une place à ceux qui ne pratiquent pas. L'enfant baptisé pourrait apporter la bougie de son baptême, et celui qui n'a pas été baptisé raconterait que ses parents avaient tout de même organisé une petite fête... Cet exemple illustre parfaitement le cœur du problème: le nouveau cours créé [sic] un contexte où l'enfant doit se positionner et se définir par rapport à une religion. L'identité de l'Autre reposera en partie sur son appartenance religieuse. Résultat: ce qu'il risque de retenir, c'est que son copain Mohamed est musulman et que la petite Noémie est catholique. N'est-ce pas trahir l'esprit de la loi sur la laïcité qui devrait faire de l'école un espace neutre, sans référence au religieux?
L'éditorialiste préconise enfin, de façon quelque peu malhabile, que « [l]es religions devraient être enseignées dans un cours d'histoire ». On devine qu'il s'agit, plutôt que d'enseigner les religions censées sortir de l'école laïque, d'enseigner les grands faits historiques et sociologiques relatifs aux religions.

L'idée n'est pas sotte. Toutefois, quand on considère l'affligeant correctivisme politique du nouveau programme d'histoire pondu par le Monopole, on peut craindre le pire. Il faut enfin savoir si ce cours d'histoire incorporant plus de faits religieux serait une nouvelle fois imposé à toutes les écoles ou s'il existerait un choix, élément si rare au Québec dans le domaine de l'enseignement.