mercredi 3 octobre 2012

Espagne — Le cours d'éducation à la citoyenneté disparaît en pratique

Le Parti populaire (centre-droite) espagnol a publié son avant-projet de loi qui réformera le controversé programme d'Éducation à la citoyenneté instauré par le parti socialiste espagnol de José Luis Rodríguez Zapatero.

Selon le texte du projet de loi, l'Éducation à la citoyenneté cours sera éliminé à tous les niveaux.

« Il s'agit là d'une excellente nouvelle et la fin d'une bataille qui a duré six ans », a déclaré Jaime Urcelay, président des Professionnels pour l'éthique, un groupe qui a mené la bataille juridique contre le programme imposé par le gouvernement socialiste. Les Professionnels pour l'éthique ont eu l'occasion de se pencher sur le texte du projet de loi, ils soulignent les aspects positifs suivants :
  • l'élimination dans la loi organique sur l'Éducation de tout le jargon idéologique qui imposait « le développement des capacités émotionnelles des élèves et la reconnaissance de la diversité affective et sexuelle ». Le nouveau texte parle plutôt de l'éducation comme d'« un moyen qui vise à faciliter le développement personnel et l'intégration sociale ».
  • une nouvelle matière, l'Instruction civique et constitutionnelle, sera enseignée en 2e année du secondaire en lieu et place d'Éducation à la citoyenneté. « Il est trop tôt pour l'évaluer », d'expliquer Urcelay, « parce que nous ne connaissons pas son contenu. Mais, s'il s'agit de connaître notre système politique et juridique, le fonctionnement de nos institutions démocratiques et que le tout est dénué de toute volonté d'endoctriner ou de façonner les consciences des élèves, nous n'avons pas d'objection. » Cette matière sera également transversale, c'est-à-dire qu'on abordera ce sujet dans d'autres matières du programme obligatoire.
  • le cours d'Éducation à la citoyenneté disparaît des années au primaire et secondaire,  les heures récupérées par l'élimination de cette matière seront utilisées pour renforcer les matières de base. 
Mais, pour les Professionnels pour l'éthique, une question reste en suspens. C'est le préjudice scolaire qu'ont subi de nombreux élèves objecteurs de conscience du programme d'Éducation pour la citoyenneté. En effet, dans de nombreux cas, ceux-ci auraient été marginalisés, négligés et contraints de redoubler une année pour avoir contesté ce programme controversé à l'école. « C'est un problème qui ne peut rester sans réponse, ces élèves sont les victimes d'une lutte pour la liberté de tous. Ils ne méritent pas d'être punis dans leur cursus scolaire, ils méritent plutôt la reconnaissance sociale », a conclu Urcelay.

Pour la presse de gauche, les programmes scolaires ont été modifiés et « les références à l’homophobie ont été supprimées, tout comme les références aux conflits sociaux ou aux inégalités homme-femme. » Ce qui était conçu comme un enseignement de valeurs n’est plus qu’une éducation civique très générale sur les lois et la Constitution.

Outre la quasi-disparition du controversé programme d'Éducation à la citoyenneté, le Parti populaire désire rétablir la liberté scolaire au niveau de la mixité ou non des écoles. C'est ainsi que le PP a récemment critiqué une décision du Tribunal suprême qui annule l’obligation faite aux Communautés autonomes (de grosses provinces) de financer les établissements sous contrat qui séparent les garçons des filles. Le ministre de l’Education, José Ignacio Wert, a annoncé son intention de modifier la loi pour assurer les possibilités de financement de ce type d’établissements. La région de Madrid, présidée par Esperanza Aguirre, a confirmé qu’elle continuerait à financer les huit écoles de ce type situées sur son territoire.

Voir aussi

Texte du projet de Loi organique pour l'amélioration de la qualité en éducation (2012) (en espagnol)

Espagne — bilan désastreux pour les socialistes, il ne reste que l'idéologie et le chômage

Espagne — « sain relativisme » du programme d'éducation à la citoyenneté admis par le gouvernement

La cause ECR en Cour suprême du Canada suivie attentivement en Espagne

Espagne — Plainte contre l’éducation à la citoyenneté devant le parlement européen

L'Espagne poursuivie par des parents devant la Cour européenne

Espagne — La « loi de l'égalité » permettra de discriminer contre les écoles non mixtes






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Le juge Richard Wagner qui a entendu l'affaire Loyola contre MELS pressenti à la Cour suprême

Richard Wagner
Le premier ministre Stephen Harper propose de nommer le juge Richard Wagner de la Cour d'appel du Québec à la Cour suprême du Canada.

Le juge Wagner devra comparaître devant un comité spécial de la Chambre des communes jeudi afin de répondre aux questions des députés, comme le veut la pratique instaurée le gouvernement Harper peu de temps après son arrivée au pouvoir.

Mais cette séance spéciale est largement symbolique. On peut donc s'attendre à ce que le juge Wagner remplace la juge Marie Deschamps, qui a pris sa retraite du plus haut tribunal du pays à la mi-août. La candidature du juge Wagner a été examinée à huis clos au cours de l'été par un comité formé de députés de tous les partis fédéraux. La députée du NPD Françoise Boivin, qui siégeait à ce comité, s'est réjouie de la recommandation faite par le premier ministre Harper. « Il était dans nos trois recommandations », a-t-elle indiqué. Elle l'a décrit comme un juge très bien perçu par ses pairs, poli, patient, avec une approche très pratique et un style d'écriture direct et accessible. Au téléjournal de Radio-Canada, la seule remarque qui a accompagné la possible nomination du juge Wagner a été qu'il remplaçait une femme et que cela allait diminuer la proportion des femmes. On a des priorités féministes à la SRC.

Le juge Wagner a entendu la cause de Loyola contre le MELS en appel en mai dernier. Notre relation de cette séance. Rappelons que le Monopole de l'Éducation du Québec tient à interdire toute adaptation du cours ECR à l'optique catholique de cette école secondaire de tradition jésuite. La décision des trois juges d'appel dans ce dossier est toujours attendue.

L'ancienne juge Marie Deschamps est bien connue pour son jugement-haussement d'épaules superficiel dans la cause qui opposait une famille de Drummondville qui demandait à pouvoir bénéficier d'une exemption au cours ECR pour deux de ses enfants (pas tous ses enfants d'âge scolaire au passage). Son jugement a été fortement critiqué par les partisans des droits parentaux, voir ici, ici, ici, ici et  et encore là. Peu après la juge Deschamps annonçait sa démission pour des raisons personnelles alors qu'elle était encore relativement jeune (59 ans), quinze ans avant la date de sa retraite obligatoire (2027). La juge a expliqué qu'elle « estime qu'il est temps d'explorer d'autres façons de rendre service à la société ». De nombreux autres juges sont septuagénaires : la juge en chef Beverley McLachlin, 69 ans; le juge Lebel, 72 ans; le juge Fish, 73 ans; le juge Rothstein, 71 ans.

À l'époque de la nomination de la juge Deschamps par Jean Chrétien en 2002, cette promotion avait surpris certains observateurs, et le fait que son mari, Paul Gobeil, avait été organisateur libéral avait été souligné. Lors du procès ECR, la juge Deschamps a affirmé sans rire et d'un air nonchalant qui sied aux grands esprits que l'Église catholique était en faveur du créationnisme. C'est bien sûr faux (voir l'intervention du Pape Jean-Paul II devant l'Académie pontificale des Sciences le 22 octobre 1996 dans le lien).




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