vendredi 2 décembre 2022

Netflix, l’endoctrinement par le divertissement

Dans son essai L’Empire Netflix publié aux éditions de la Nouvelle Librairie, le journaliste Édouard Chanot nous fait découvrir les coulisses d’une industrie qui a fait de la propagation du wokisme l’une de ses spécialités.

Uniformiser le monde au nom... de la diversité

En 2022, Netflix peut compter sur 221 millions d’abonnés répartis partout sur la planète pour leur imposer « une seule vision du monde » dont le propre est de l’uniformiser au nom… de la diversité. C’est le paradoxe américain par excellence : répandre la démocratie partout grâce à des moyens peu démocratiques. Ou plutôt répandre le marxisme culturel grâce au capitalisme. En bref, coloniser les esprits au nom de la décolonisation.

Jusque dans les bidonvilles de l’Inde où des gens se partageront un abonnement pour regarder des séries sur leur portable, dans son ensemble, Netflix est féministe, multiculturaliste et écologiste à l’américaine.

« Netflix contribue résolument à délimiter le périmètre des interdits moraux. Sur la plateforme, les militants woke devenus managers, scénaristes, réalisateurs ou producteurs de séries ouvrent la fenêtre de nos esprits à leurs propres jugements, autrefois impensables et demain populaires », analyse Édouard Chanot.

Révolution culturelle, révolution gestionnaire

« Chez Netflix, la révolution culturelle doit être permanente », mais aussi la révolution managériale qui permet à la première de prendre forme. Forte de son milliard d’heures de visionnement par semaine en 2018, la plateforme prône une concurrence démesurée entre ses employés bien qu’elle soit devenue l’un des symboles de l’esprit pantouflard occidental. Les employés de Netflix n’ont pas vraiment le temps de jouir de leur propre produit.

Pour conserver son poste dans cette boîte, il faut « performer » sans relâche et se soumettre à toutes sortes de pratiques comme les « évaluations 360 », c’est-à-dire des repas à huit collègues durant lesquels les « modérateurs » doivent identifier les « attitudes toxiques ». Tout est calculé, mesuré et monitoré pour maximiser le rendement. Sous le soleil de la Californie, « les enfants des hippies sont devenus de redoutables capitalistes ».

L’algorithme est roi

Autre constat du journaliste dans son bref ouvrage mais particulièrement dense et éclairant: les algorithmes contribueraient à façonner un art sur mesure en fonction des profils des utilisateurs, ouvrant ainsi la voie à des créations « à la carte » combinant leurs préférences. Serait donc en train de naître une manière de scénariser tenant moins compte des passions et aspirations humaines intemporelles que des attentes psychologiques immédiates d’un public hypnotisé.

Netflix aspire à cibler de manière toujours plus précise ce que vous avez envie de voir à tel moment de la journée, il aspire à vous connaître pour vous vendre une ambiance.

« Netflix ne saurait être réduit à une simple plateforme de streaming [diffusion par internet]. C’est un mastodonte du data [données], qui a fait basculer l’intelligence artificielle dans la consommation et la production cinématographiques. »

Par ailleurs, l’auteur note que l’entreprise américaine semble avoir entamé son déclin, devant maintenant redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour que ses adeptes continuent à lui offrir autant de « temps de cerveau ». Aucune entreprise ne peut arrêter de courir dans le marché contemporain. Comme quoi le confinement n’aura pas été si bénéfique pour Netflix, ou du moins pas plus que pour HBO, Disney+ et Amazon Prime; ses principaux concurrents dans cette course au divertissement à la maison.

Source : Causeur

L’Empire Netflix,
par Édouard Chanot,
paru à la Nouvelle Librairie,
à Paris,
le 23 septembre 2022,
70 pp.,
ISBN-13 : 978-2493898371

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Les salles de cinéma françaises n’attirent plus grand monde. Elles subissent une baisse de 30 % de la fréquentation par rapport à 2019 et des ventes estivales moins importantes que l’an passé, alors que le passeport sanitaire n’est plus demandé. Pire, le mois de septembre décroche le plus mauvais nombre d’entrées depuis 1980, hormis l’année 2020 marquée par les fermetures sanitaires. En octobre, la fréquentation a repris quelques couleurs avec 14,26 millions d’entrées sur le mois, mais cela reste moins bon que la période pré-Covid (19,8 millions, en octobre de 2019). Une situation catastrophique qui touche en premier lieu les films français.

Vers aucun film français dans le Palmarès des 10 meilleurs ?

Le premier film tricolore n’arrive qu’à la dixième place du box-office avec Qu’est-ce qu’on a tous fait au Bon Dieu ? qui totalise 2,4 millions d’entrées. Un résultat décevant pour le réalisateur Philippe Chauveron qui a annoncé qu’il n’y aurait pas de « Bon Dieu 4 ». Seuls 8 films français dépassent le million d’entrées alors qu’ils étaient 15 en 2016 et 16 en 2017 à franchir ce cap. 

Les échecs cuisants des productions françaises se comptent par dizaines et n’épargnent pas des têtes d’affiche. Certes, les films « Novembre » et « Simone » ont attiré deux millions de spectateurs, et certains critiques tentent de se rassurer en citant des exemples plus proches des 500 000 entrées, sans trop s’attarder sur les budgets et la réelle rentabilité de ces films… Mais, les dernières semaines ont leur lot de désastres financiers avec la nouvelle version de « Belle et Sébastien », « Jack Mimoun », « Plancha » ou encore « Pétaouchnok ». Pendant ce temps, « Black Adam » incarné par l’ancien catcheur Dwayne Johnson a dépassé les deux millions d’entrées et la vague « Black Panther 2 » a séduit plus de 2,4 millions de spectateurs en seulement deux semaines d’exploitation. Si le très attendu « Avatar : La Voie de l’eau » réalise un bon démarrage en décembre prochain, il pourrait tout simplement ne plus y avoir de films français dans le Top 10 du box-office national !

Pourtant, les studios américains ont retardé beaucoup de films à gros budgets, crise sanitaire oblige, laissant le champ libre à la concurrence, qui ne fait pas le poids. « Il y a eu moins de mégaproductions cette année et ceux qui étaient en manque de locomotives sont allés voir les quelques-uns qu’on a eus. Il y a eu une concentration du public sur ces films » confie à Valeurs actuelles Charles Vintrou, président du groupe des exploitants et des cinémas indépendants (GECI). En 2021, 43 % des films vus en France sont américains, contre 40 % de films français. Un résultat « presque » honorable, si l’on oublie que 247 films français sont sortis face à 78 américains… En réalité, trop de longs métrages français n’ont été vus par personne tandis que les productions É.-U. remplissent les salles… Devant ce désamour du public envers le cinéma français, quelques voix s’élèvent.

« Les gens ne veulent pas aller au cinéma pour se faire chier ! » et copinage

Invité le 12 octobre dernier à France Inter, Jérôme Seydoux, président du groupe Pathé, estime que pendant les douze derniers mois « l’offre des films français a été faible » et que les spectateurs « n’avaient pas envie de voir ces films ! ». Pointant du doigt un manque de qualité chez les professionnels du cinéma tricolore, il lance une vérité cinglante « les gens ne veulent pas aller au cinéma pour se faire chier ! » L’acteur Stéphane de Groodt, abonde, sur une chaîne d’information : « Il y a vraiment de grosses daubes. Alors, forcément, on décourage les gens ! » et se demande « comment certains de ces films ont pu être financés ? » Question posée à un distributeur français, habitué aux grands événements du 7e art, qui répond sous couvert d’anonymat : « Si on ne fait pas partie du sérail, on ne fait pas de films, car il y a beaucoup de copinage. On passe à côté d’excellents projets. Mais il faut être très habile [ou soumis] dans ce milieu pour ne froisser personne ».

« Quand j’allais au cinéma, c’était pour me divertir, j’allais voir Belmondo, Delon, ou de Funès… je ne vais pas payer pour voir Pierre Niney ! »

Pour Charles Vintrou, il y a trop de films « que l’on qualifie du milieu, sans grande ambition, dont on se dit qu’on les verra à la télévision ou sur Netflix. » Avec un coût moyen de 4,7 millions d’euros, la plupart des productions françaises ne peuvent rivaliser avec les budgets d’Hollywood pouvant dépasser les 200 millions de dollars. Mais c’est le public âgé de 15 à 24 ans, qui a le plus retrouvé le chemin des salles durant ces derniers mois. Or, « les gros films américains sont destinés à un public jeune et n’ont pas [n’a plus…] d’équivalent en France » remarque Jean Patrick Flandé de Film Media Consultant, agence spécialisée dans le placement de produits. Le nouvel « Astérix » et « Les Trois Mousquetaires », deux grosses productions françaises d’environ 70 millions d’euros, prévues pour 2023 et cofinancées par Pathé, sont très attendues par les patrons de salles. Philippe Borys-Combret, qui exploite plusieurs cinémas cannois, se réjouit de ces sorties : « Les films à gros budgets, très souvent marchent très bien. Et ça faisait longtemps que la France n’en faisait plus ». Entre les films d’auteur qui n’intéressent qu’une niche de spectateurs et les comédies lourdingues aux ficelles éculées, le cinéma français peine en effet à retrouver des couleurs. La faute à des scénarios trop encadrés, dont les thèmes sont souvent répétitifs. Plusieurs scénaristes évoquent leurs difficultés à présenter des projets novateurs. Dialogues coupés pour ne vexer personne et travail bâclé pour tourner au plus vite avec la personnalité du moment deviennent la norme.

La mort des héros [et de l’épopée]

Selon une étude du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) publiée en mai, 30 % des plus de 60 ans estiment que peu (ou pas) de films « ont donné envie d’aller au cinéma ». Un chiffre inquiétant, car cette tranche d’âge représente 1/3 du public dans les salles et qu’elle est plus tournée vers les films français. « Quand j’allais au cinéma, c’était pour me divertir, j’allais voir Belmondo, Delon, ou de Funès… je ne vais pas payer pour voir Pierre Niney ! » peste Catherine, retraitée qui se contente désormais de séries américaines. « Les scénarios y sont bons, et les acteurs sont beaux ! » juge l’ex-cinéphile. « Il y a peut-être des talents vieillissants et la nouvelle vague n’est pas encore là » constate Jean Patrick Flandé qui a connu cette époque où les films français « rivalisaient avec les américains. » Lorsque Jean-Paul Belmondo fait 918 000 entrées en 1987 avec « Le Solitaire », il comprend qu’il est temps de ranger son revolver de justicier. Aujourd’hui, faire 900 000 entrées est considéré comme un succès. Que dire également de l’empire cinématographique de Luc Besson qui s’est effondré dans une totale indifférence, alors que ses productions [en anglais et pas vraiment françaises ni même européennes] s’exportaient très bien dans le monde ?

Quand c’est l’État qui arrose

Selon l’IREF (Institut de recherches économiques et fiscales) chaque année, le cinéma français reçoit 500 millions d’euros de subventions, qu’il s’agisse d’aides directes ou d’incitations fiscales. Pour combler ce gouffre, les chaînes de télévision ont depuis 1984 des obligations d’investissement dans la production d’œuvres cinématographiques. Une taxe est également prélevée sur leur chiffre d’affaires pour soutenir le secteur de la production. Depuis un an, les services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) doivent consacrer au moins 20 % du chiffre d’affaires qu’ils réalisent en France au financement de la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles européennes [ ? européennes ?] ou d’expression originale française. Les plateformes donnent également plus de 5 % de leur chiffre d’affaires réalisé en France au CNC. Même le simple spectateur met la main à la poche en allant voir un film puisque 10,7 % du ticket d’entrée est versé au CNC. Durant la crise du Covid, Roselyne Bachelot a déclaré fin 2020 avoir « apporté 1,1 milliard d’aides au monde du cinéma et de l’audiovisuel, donc à plus de 80 % au cinéma. » Une source du CNC glisse officieusement que l’établissement public a reçu « plus de 300 millions du ministère cette année ».

Les privilégiés veulent conserver leurs chasses gardées

Malgré un système très protégé et subventionné, un comité de professionnels du cinéma s’est réuni le 6 octobre à l’Institut du monde arabe, pour demander des comptes une fois de plus à l’État. Le retour de la redevance télé est réclamé. Le plan de financement France 2030 prévoyant la création de nouveaux studios numériques est décrié, car il menacerait tout un système de privilégiés qui n’ont pas envie de se caler sur des normes américaines. Cet appel au secours d’un vieux système à bout de souffle prônant « l’exception culturelle » a réuni plus de 1000 personnes avec la présence de Jack Lang.

Après avoir conspué Hollywood durant des décennies, Netflix est désormais le grand méchant loup pour une partie de la profession. Aucune remise en question ne semble effleurer l’esprit de ces rebelles des beaux quartiers, qui bien évidemment font de l’art, quand les autres font de l’argent. Le discours est rodé sans éviter une contenance hautaine et méprisante vis-à-vis du public. Devant 1000 personnes, Agnès Jaoui déclare lors de cette réunion : « Au cinéma je suis Dieu, à la télé je suis l’employée de patrons, eux-mêmes employés de patrons… ». Elle confie quelques jours plus tard à Ouest France au sujet des plateformes : « ce qu’on me propose comme réalisatrice ou scénariste pour travailler pour elles, c’est très mal payé. » Dans La Provence, Clovis Cornillac [bien connu pour ses opinions très à gauche] s’en prend même aux spectateurs qui « doivent être un peu moins flemmards ».

« Le cinéma est un art, et par ailleurs une industrie » disait André Malraux lorsqu’il se voit confier, en 1959 par Charles de Gaulle, les Affaires culturelles auquel le CNC est rattaché. Le Général souhaite « assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent ». Avec l’arrivée des plateformes américaines, une fois de plus, la France est en retard dans cette révolution industrielle et artistique. Certes, des acteurs et des réalisateurs français commencent à franchir le pas, mais la belle famille du cinéma semble se déchirer sans trop se soucier de son public. Le cinéma, invention française et outil de « influence » de nombreux pays, mérite probablement des projets ambitieux, mais pour le « quoi qu’il en coûte », il est peut-être temps de dire : « coupez ! »

[On notera que les Américains font des films et feuilletons historiques se déroulant en France… : Marie-Antoinette, Les Liaisons Dangereuses (le feuilleton de cette année), Chéri, Cousin Bette, les Duellistes, etc.  La France, avec un passé épique qu’elle ignore, semble se concentrer sur la comédie diversitaire lourdaude et les films militants sur les passeurs d’immigrants illégaux.]

Source avec corrections éditoriales : Valeurs actuelles 

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