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jeudi 26 janvier 2023

Les médias et l'effet d'amnésie Gell-Mann

Dans un discours prononcé en 2002, l’auteur à succès Michael Crichton a inventé le terme effet d’amnésie Gell-Mann, d’après le physicien Murray Gell-Mann. Il a utilisé ce terme pour décrire le phénomène des experts croyant des articles de presse sur des sujets en dehors de leurs domaines d’expertise, même après avoir remarqué que les articles écrits dans la même publication qui relèvent de leur domaine d’expertise sont truffés d’erreurs et de méprises :

Les médias portent en eux une crédibilité totalement imméritée. Vous avez tous vécu cela, dans ce que j’appelle l’effet d’amnésie Murray Gell-Mann. (Je m’y réfère par ce nom parce que j’en ai discuté une fois avec Murray Gell-Mann [prix Nobel de physique en 1969] et qu’en utilisant un nom célèbre, je me rehausse moi-même et donne plus de sérieux à cet effet qu’il n’en aurait autrement.)

En bref, l’effet d’amnésie Gell-Mann est le suivant. Vous ouvrez le journal et lisez un article sur un sujet que vous connaissez bien. Dans le cas de Murray, la physique. Dans le mien, le monde du spectacle. Vous lisez l’article et voyez que le journaliste n’a absolument aucune compréhension ni des faits ni des enjeux. Souvent, l’article est si faux qu’il présente en fait l’histoire à l’envers, inversant la cause et l’effet. J’appelle cela les histoires « les rues mouillées provoquent la pluie ». Les journaux en sont pleins.

Dans tous les cas, vous lisez avec exaspération ou amusement les multiples erreurs de cet article, puis tournez la page et tombez sur les affaires nationales ou internationales, et lisez comme si le reste du journal était en quelque sorte plus précis sur la Palestine que les bêtises que vous venez de lire. Vous tournez la page et oubliez ce que vous veniez d’apprendre.

C’est l’effet d'amnésie Gell-Mann. Je soulignerai que cet effet ne s’applique pas dans d’autres domaines de la vie. Dans la vie ordinaire, si quelqu’un exagère ou vous ment souvent, il se déconsidère rapidement et vous doutez de tout ce qu’il dit. En droit commun, on parle de la doctrine du falsus in uno, falsus in omnibus, qui signifie « faux en une chose, faux en toutes choses ». Mais en ce qui concerne les médias, nous pensons contre toute évidence qu’il vaut probablement la peine de lire d’autres parties du journal. Alors qu’en fait, ce n’est presque certainement pas le cas. La seule explication possible de notre comportement est l’amnésie.


mercredi 21 septembre 2022

Ignorance des étudiants du collège anglophone Dawson (Montréal)

L’humoriste Guy Nantel ne pouvait s’empêcher de réaliser un nouveau micro-trottoir sur le sujet de la langue française et de la protection de la culture québécoise en en cette période électorale. Il a interrogé des étudiants au collège Dawson à Montréal. Il a posé des questions sur la Loi 96 et l'apprentissage de la culture francophone dans les cégeps anglophones ainsi que quelques questions de culture générale (vraiment de base). Le collège Dawson passe pour un établissement de qualité...

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samedi 7 août 2021

Joseph de Maistre : La défense des préjugés fondés contre l’universalisme abstrait

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J’ai essayé la formation sur les « préjugés inconscients » (racistes). Une arnaque.

Stéréotypes à l’école : au nom de l’égalité des filles, on veut les empêcher de choisir ce qu’elles veulent

Éthique et culture religieuse : « lutter contre les préjugés à l’endroit des musulmans »

Australie — Recrutement sur base de CV anonymisés augmente nombre d’hommes blancs sélectionnés

Theodore Dalrymple: Enfants gâtés pourris, les dégâts du sentimentalisme

Theodore Dalrymple: Le multiculturalisme et sa haine de toute identité nationale détruit la Grande-Bretagne 

Zemmour : « Les médias sont les curés d’aujourd’hui… et ils s’étonnent que les gens se détournent d’eux »  

Voltaire : méprisant, ami des despotes étrangers, flagorneur, anglomane, raciste, hypocrite et pingre, mais adulé aujourd’hui 

Houellebecq & Lejeune sur l’histoire, la religion, Zemmour, le catholicisme 

Edmund Burke. Les conservateurs révèrent-ils le passé pour lui-même ?  

Alan Bloom : « L’Âme désarmée » republiée  

Roger Scruton sur le progrès, le progressisme, le conservatisme et le populisme 

« La vérité sur le cours ECR », une nouvelle catéchèse politiquement correcte ? (et la lutte aux « préjugés ») 

jeudi 25 février 2021

J'ai essayé la formation sur les « préjugés inconscients ». Une arnaque.

Un texte de Douglas Murray paru dans le Daily Telegraph du 14 février 2021.

J’ai essayé la formation sur les « préjugés inconscients ». Étonnamment, c’est du pipeau.

C’est un exercice inutile et diviseur qui doit son existence à une collaboration entre les faibles d’esprit, les opportunistes et les facilement intimidés.

Cette semaine, le patron de KPMG, Bill Michaels, a fait la une des journaux pour avoir déclaré que les formations sur les préjugés inconscients étaient « de la m**e complète ». Ou, devrais-je plutôt dire « l’ancien patron de KPMG Bill Michaels » ? Car moins d’un jour après ce commentaire, l’Australien de 52 ans a été contraint de se retirer. Après tout, où irait-on si les dirigeants des entreprises du Fortune 500 allaient à l’encontre de la doxa anticapitaliste contemporaine ? Et aucun élément de la doxa n’est aussi dogmatique que l’imposture connue sous le nom de « formation aux préjugés inconscients ».

Beaucoup de personnes lisant ces lignes auront entendu parler de cet exercice. Certains pourraient même y avoir été soumis. Au cours de la dernière année, cet exercice non scientifique a été déployé dans toute une série d’entreprises. M. Michaels était trop indulgent. La formation sur les préjugés inconscients est plus que de la m**e. C’est un tissu d’inepties. Il n’a pu être mis en place que par une collaboration entre les faibles d’esprit, les opportunistes et les facilement intimidés.

Le tout a commencé il y a 20 ans grâce à une expérience réalisée par trois universitaires de Harvard. Les universitaires ont essayé de voir si l’on pouvait observer et quantifier les préjugés inconscients que les gens ont les uns envers les autres. Au cours des deux dernières décennies, ce test rudimentaire a été effectué en ligne par des millions de personnes. Avec le temps, il est devenu la base d’une industrie, propulsé par des gens qui avancent des idées de discorde au niveau de la politique identitaire. Ces personnes croyaient ou professaient croire que l’exercice était scientifique et pouvait en fait corriger le cerveau et le comportement de quiconque avait des croyances avec lesquelles ils n’étaient pas d’accord.

Cette théorie s’est répandue comme une traînée de poudre à un tel point que, lorsque ses inventeurs ont compris quel monstre ils avaient créé, ils ont essayé de le tuer. Deux des trois universitaires responsables de Harvard ont déclaré publiquement que l’exercice ne pouvait pas être utilisé de la manière dont il était utilisé. Il y a trop de variables dans le comportement des gens au cours d’une journée, sans parler d’une période plus longue, pour quantifier ou cerner — encore moins « corriger » — les « préjugés » de quiconque.

Mais c’est là que les opportunistes interviennent. Car ces dernières années, un autre groupe a décidé de prétendre que ces tests avaient une précision millimétrique. Ils ont commencé à facturer des centaines de dollars aux gens pour leur dire qu’ils avaient des préjugés. Une arnaque juteuse. Car si quelqu’un s’y opposait, c’était simplement une preuve supplémentaire de préjugé inconscient. Le camarade Staline aurait admiré le tour de passe-passe. [Voir à ce sujet La théorie de la « fragilité blanche ».]

Mais pour que l’arnaque fonctionne, les opportunistes avaient besoin de clients : ils en trouvèrent beaucoup parmi les lâches. Car dans tout le pays, les chefs d’entreprise et les fonctionnaires, intimidés par leurs employés subalternes, se dirent que donner à chacun une formation sur les préjugés inconscients était un moyen de montrer qu’il « faisait quelque chose ». Des militants peu sincères et ignorants ont réussi à lancer un programme qui se propose non seulement d’identifier les préjugés humains, mais également de recâbler le cerveau de tout un chacun. Prétention inouïe.

J’ai moi-même passé l’un de ces tests l’année dernière. Mon cours de « formation à grande vitesse » n’a duré que quelques heures. Pour mon argent, j’ai obtenu un certificat, j’ai subi quelques heures de tentatives de reprogrammation et j’en ai beaucoup appris sur cette supercherie.

L’objectif affiché était de montrer que les préjugés et les stéréotypes existent, que nous n’en sommes pas toujours conscients et qu’il faut briser « les vieilles habitudes ». Par exemple, on nous dit que nous sommes susceptibles de promouvoir des personnes avec lesquelles nous ressentons une plus grande sympathie et que cela est mal. Une étude de cas est proposée : une personne qualifiée pour un poste et une autre personne qui est un de vos amis et n’est pas qualifiée pour postuler au même emploi. Qui devriez-vous promouvoir ? Vous serez étonné d’apprendre que la bonne réponse n’est pas « votre copain ».

Mais l’essentiel est de promouvoir l’ordre du jour diversitaire. On nous dit que les préjugés inconscients « portent atteinte à la diversité » et qu’« une main-d’œuvre diversifiée et inclusive est essentielle pour recruter les meilleurs talents, favoriser la créativité et guider les stratégies commerciales. » Ce qui devrait faire de l’ONU l’organisation la plus efficace du monde.

Tout cela est simplement affirmé, jamais prouvé. Parce qu’en faisant le test, il devient de plus en plus clair qu’il ne s’agit pas d’éducation, mais de rééducation.

On m’a averti qu’en ce qui concerne la promotion des femmes, je peux faire le mauvais choix, car « dans votre culture et lors de votre éducation, vous avez appris que la femme est la figure maternelle. » Ailleurs, on nous avertit que nous pourrions avoir un parti pris antijeune en supposant que les personnes âgées en savent plus que les jeunes. Heureusement, il existe un éventail de façons de surmonter toutes ces notions scandaleuses.

Vous serez surpris d’apprendre que la première façon est d’« investir dans la formation ». « Tous les membres du personnel devraient recevoir une formation sur les préjugés inconscients afin de savoir ce qu’il faut surveiller. » Cette formation devrait être « pour tous ». Les « valeurs fondamentales » que chacun aura alors seront claires. Nous sommes encouragés à les réciter à haute voix. Une des incantations est « Je désire une main-d’œuvre où tout le monde est égal et diversifié. »

Et voilà. Une idéologie toute faite avec des slogans prêts à l’emploi pour vous préparer à notre époque. Tout ce que cela vous coûte, c’est du travail, du temps, de l’argent et toute l’estime de soi que vous auriez pu avoir avant d’être obligé de vous y soumettre.

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 La théorie de la « fragilité blanche » et des extraits du test idoine 

« La blanchité multiraciale » : comment les wokes expliquent que des non blancs votent pour Trump

Coca-Cola accusé d’avoir dit à des employés d’être «  MOINS BLANC  » pendant une formation donnée par DiAngelo, auteure/autrice/autoresse de la Fragilité blanche.

La psychologue organisationnelle Karlyn Borysenko, une militante contre la théorie critique raciale, a déclaré vendredi qu’elle avait obtenu des copies du matériel de formation d’un dénonciateur de Coca-Cola qui avait reçu un courriel  de la direction annonçant le cours. Le cours est donné en ligne, via la plateforme Linkedin Learning. Il est intitulé «Confronter le racisme, avec Robin DiAngelo», une des principales partisanes de la théorie critique de la race qui propose des séminaires d’entreprise sur la « blanchité/blanchitude et la fragilité blanche » et la «Justice raciale». Elle est connue pour facturer jusqu’à 40 000 $ pour une conférence d’une demi-journée.

 



dimanche 8 novembre 2020

France — Ces parents qui veulent continuer l'école à la maison

Pour lutter contre les dérives observées dans certaines familles sous emprise de l’islamisme, le gouvernement Macron souhaite interdire l’enseignement hors de l’école. Ce qui inquiète les tenants de l’enseignement à domicile.

Le chemin de l’école est court chez les Stevenson. Des chambres des enfants aux deux pièces dédiées à l’apprentissage, il n’y a que quelques mètres. Deux salles de classe à la maison où chacun y trouve son pupitre, sa trousse et ses cahiers. L’une d’elles accueille les collégiens tandis que l’autre est occupée par les plus jeunes. « Sinon, le chahut des uns peut gêner les autres », explique Kildine, mère courageuse de cette tribu de huit enfants, dont elle assure la scolarité à la maison depuis quatre ans. Huit enfants donc (2, 4, 6, 7, 9, 10, 12 et 16 ans) vivent dans cette grande maison à la campagne, à environ une heure de Bordeaux. Elle et son mari ont fait le choix de l’école à la maison pour les plus grands d’abord, qui avaient des difficultés dans le système scolaire classique, mais aussi pour ceux qui, plus en avance, ne pouvaient pas aller à leur rythme. Enfin, le trajet jusqu’à l’école (une heure quarante par jour en voiture) et les devoirs du soir, interminables, ont ni de les convaincre. Quand on lui demande si ses enfants n’ont pas de problèmes de socialisation, elle rit : « Nos enfants sont les plus socialisés du quartier, voire de la région », plaisante-t-elle. « Ils sont intégrés dans les clubs sportifs et engagés dans le scoutisme… Ils ont des amitiés fortes. Nous considérons qu’il est important de s’ouvrir à d’autres mondes. » Et d’ajouter : « Je les découvre aussi. Je les ai toute la journée et je les éveille intellectuellement, ce qui me permet d’avoir une relation privilégiée avec eux. »

 Le 2 octobre, l’annonce d’Emmanuel Macron sur l’arrêt de l’école à la maison dans le cadre du projet de loi sur le séparatisme, l’a autant surprise qu’énervée. « On nous retire une liberté fondamentale », tonne Kildine qui n’en comprend pas les raisons. Le mécontentement gronde aussi dans les familles, réunies dans les groupes Facebook comme l’IEF (groupe international francophone pour l’école à la maison), fort de ses 16 000 membres. Même stupéfaction au sein de l’association Les Enfants d’abord, où la présidente Gwenaëlle Spenlé, est choquée par « cette atteinte aux libertés fondamentales » qu’elle juge injustifiée, elle qui a élevé ses 5 enfants à la maison.

« L’instruction à domicile sera désormais strictement limitée, notamment aux impératifs de santé. C’est une nécessité », a déclaré le chef de l’État, qui a expliqué qu’il visait les familles qui choisissaient cette option pour des raisons religieuses. « Il y a suffisamment d’écoles sous contrat et hors contrat pour apporter une réponse qui soit conforme à ces aspirations », a tranché le président. Depuis, le projet de loi publié par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a confirmé ces positions, qui seront présentées au Conseil des ministres le 9 décembre prochain. Si elle est votée, cette loi mettra fin à près de cent quarante ans de liberté d’instruire en famille, instituée par la loi Jules Ferry de 1882. Un tsunami pour les 50 000 enfants concernés, même s’ils représentent une goutte d’eau, face aux 8,3 millions d’enfants scolarisés de 3 à 16 ans. Pour Édouard Gerey, directeur général de l’enseignement scolaire, cette décision est justifiée d’abord par la hausse inquiétante des effectifs ces dernières années. « Pendant longtemps, c’était un phénomène marginal, depuis dix ans l’augmentation est forte et constante. Ils n’étaient que 13-14 000 en 2007, 37 000 en 2018-2019, puis 50 000 en 20 192 020 », constate-t-il, même si leur nombre a mécaniquement augmenté suite à l’abaissement de la scolarité obligatoire à 3 ans en 2019. Il relève, sans généraliser, des béances dans l’éducation de certains enfants. « Par le biais des rapports d’inspection, nous constatons une socialisation insuffisante, les enfants vivent en système fermé, écrivent peu, des pans entiers des disciplines ne sont pas enseignés, notamment l’éducation au développement durable, aux médias, à la culture, à la connaissance des institutions. » Et de poursuivre : « Beaucoup ont des lacunes dans la transmission des démarches scientifiques, la chronologie en histoire, des connaissances en physique-chimie, en SVT (sciences de la vie et de la Terre NDLR), en technologie. Il leur manque souvent des bases pour poursuivre leur scolarité. Faire le choix de l’école à la maison limite leur horizon. » Il assure toutefois que « les familles itinérantes, les sportifs de haut niveau, les enfants malades ou qui souffrent de phobie scolaire suite à un harcèlement, pourront poursuivre leur instruction à domicile ». Le lien invoqué avec l’islamisme radical par les autorités ne convainc guère ces parents très engagés dans leur démarche de liberté d’enseignement.

DES CONTRÔLES FRÉQUENTS

Une réponse qui ne satisfait pas Kildine. « Les familles qui font l’école à la maison sont les familles les plus contrôlées de France. Nos enfants qui étaient à l’école avant ne voyaient jamais autant d’inspecteurs, proteste-t-elle. La mairie peut envoyer un assistant social chez nous an de vérifier l’état psychologique de nos enfants. L’État a tous les moyens pour contrôler et il le fait avec sérieux. » En effet, les parents doivent le déclarer au maire, qui mène une enquête la première année, puis tous les deux ans, et à l’IA-Dasen qui charge des inspecteurs de mener une enquête une fois par an afin de vérifier le niveau scolaire et la sécurité de l’enfant. Quant au lien avec l’islamisme radical invoqué par les autorités, il ne convainc guère ces parents très engagés dans leur démarche de liberté d’enseignement. Le ministère de l’Éducation nationale l’a reconnu en octobre 2020 dans un vade-mecum sur l’instruction en famille : « Les cas d’enfants exposés à un risque de radicalisation et repérés à l’occasion du contrôle de l’instruction au domicile familial sont exceptionnels », peut-on y lire.

Philippe Bongrand, maître de conférences à CY Cergy Paris Université et auteur d’un dossier de la Revue française de pédagogie consacré à l’instruction en famille, confirme : « Une part significative de ces parents aspire, en fait, à les scolariser. Ils font ce choix en raison du “niveau” de l’école de secteur, les “mauvaises fréquentations”, ou l’incapacité de l’établissement à répondre aux besoins éducatifs spécifiques de leur enfant. Ces familles déscolarisent ponctuellement, en attendant de trouver une meilleure solution. » Et de poursuivre : « Dans un département urbain où nous avons étudié la situation de l’intégralité des enfants instruits hors école, le sociologue Dominique Glasman et moi avons constaté que 50 % étaient déscolarisés une année ou moins. On peut se demander si l’accroissement des chiffres n’aurait pas à voir avec ce type de recours, ponctuel et loin d’être “idéologique”, à l’instruction en famille. » Le confinement du printemps pourrait aussi avoir encouragé certaines familles à sauter le pas. C’est le cas de Laurence, thérapeute, qui vit en Ariège avec son mari architecte. Depuis le mois de septembre, elle a décidé avec son mari Laurent de scolariser son fils à domicile. Victor, âgé de 12 ans, avait été inscrit à La Prairie, une école alternative à Toulouse. Mais après leur déménagement, un essai dans le collège « normal » du secteur, les a fait réfléchir. « Avant, j’étais content d’aller à l’école. Dans le collège d’à côté, j’avais la boule au ventre dès que je me réveillais à l’idée d’aller là-bas », explique Victor. Son mal-être et le port du masque obligatoire ont fait basculer la famille dans l’instruction à domicile. Avec le Cned, et beaucoup de patience, Laurence, qui ne se définit pas comme une pasionaria de l’instruction en famille, « coache » au mieux son fils, en attendant de trouver une solution.

Le confinement du printemps pourrait bien avoir encouragé certaines familles à sauter le pas

UN VÉRITABLE CHOIX DE VIE

C’est le cas aussi de la famille Charton, qui a effectué un voyage en Europe avec leurs deux enfants en auto-caravane. De retour en France, Céline et Franck, les parents, aimeraient poursuivre l’expérience, et « continuer à découvrir le monde en dehors du cadre de l’école », explique Anouk, la fille aînée. Originaire de Metz, pour Servane aussi, c’est un choix de vie pour ses 4 enfants, aujourd’hui âgés de 3 à 23 ans. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas l’aînée de réussir ses études supérieures, la jeune fille est en master anglais-japonais à l’université. « Je leur enseigne la bienveillance, l’empathie et l’ouverture sur le monde. Nous voyageons quand cela est possible financièrement et nous faisons de nombreuses sorties à la rencontre de professionnels. C’est aussi ça l’IEF : rencontrer des gens. » Mazarine, sa cadette s’insurge : « Quel cliché de dire que l’on ne voit personne quand on fait l’école à la maison ! »

LA MODE DU « NON-SCO »

L’instruction en famille n’a pas été toujours une excentricité. Elle a été dans le passé largement pratiquée dans les familles bourgeoises, tels Blaise Pascal et Mozart qui avaient été éduqués par leur père. Encore au XXe siècle, Françoise Dolto, Jean-Paul Sartre ou Jean d’Ormesson ont bénéficié d’une instruction tout ou en partie en famille, bénéficiant parfois des services de précepteurs. En Angleterre, Agatha Christie ou encore les célèbres sœurs Mitford n’ont jamais mis les pieds à l’école. Si l’instruction en famille n’a jamais vraiment disparu, la généralisation du travail des femmes dans les années 1970 l’a rendu obsolète. C’était pour mieux revenir en force, dans les années 1990, une mode venue des États-Unis cette fois, où quelque 1,8 million d’Américains sont scolarisés à la maison. Beaucoup sautent le pas en raison d’un système scolaire qu’ils jugent défaillant. Un phénomène de société aux É.-U. popularisé par l’excellent lm Captain Fantastic, qui montre un père de 6 enfants qui a bâti un paradis pour eux, et qui peu à peu doit s’ouvrir au monde.

Beaucoup de familles se décident en raison d’un système scolaire qu’elles jugent trop souvent défaillant. Mais cette mode venue des États-Unis prône aussi une forme extrême de l’école à la maison. Il s’agit du « unschooling », ou « non-sco » en français. Sur ce sujet, le documentaire de Clara Bellar, Être et devenir, fait figure de référence pour les familles « non sco ». L’auteur et conférencier André Stern en est un de ses défenseurs les plus enthousiastes. Cette fois l’école à la maison ne se fait pas par le biais de cours à distance ou de leçons, mais de façon informelle « comme un enfant apprend à marcher ou à parler ». Interviewé par Anne Coffinier, fondatrice de l’association Créer son école et de la Fondation Kairos pour l’innovation éducative, dans une vidéo diffusée sur YouTube, il explique comment cette loi est une attente à nos libertés. « On enlève une écharde en coupant une jambe. Tout le monde pourrait avoir besoin de cette liberté à un moment ou un autre, comme on est content d’avoir un gilet de sauvetage en avion. Je connais des enfants atteints de phobie scolaire, qui ont souffert de harcèlement, ou un enfant très en avance que l’école à la maison a sauvé », raconte-t-il. Et de rappeler, lui qui scolarise ses deux enfants en famille, que le contrôle est très sérieux.

LIBERTÉ PÉDAGOGIQUE

L’instruction en famille générerait, elle, un tempérament créatif et volontaire ? C’est ce que pense sans hésiter Anne Coffnier. Selon cette énarque, militante de la liberté pédagogique, l’instruction en famille peut concerner tout le monde à un moment ou un autre. « Moi-même, quand j’ai vécu en Écosse, j’ai recruté un enseignant à la retraite qui est venu donner des cours à mes enfants pendant un an. » Et de conclure : « L’instruction en famille est un système très réglementé, alors que ceux qui sont en dehors des clous, les enfants déscolarisés, les mineurs isolés, qui ne sont inscrits nulle part, le seront toujours. Il faut juste appliquer les règles existantes. » Et d’ajouter : « Beaucoup de familles ont l’impression de servir de boucs émissaires. »

Source : Le Figaro Magazine

mercredi 30 septembre 2020

Stéréotypes à l'école : au nom de l'égalité des filles, on veut les empêcher de choisir ce qu'elles veulent

Zemmour s’oppose à ce que l’État lutte contre « les stéréotypes » à l’école. Il faut respecter les choix et ne pas prendre les filles pour des pantins. Car, enfin, au nom de l’égalité des filles, on veut les empêcher de choisir ce qu’elles veulent et si elles préfèrent encore aujourd’hui les matières littéraires (les derniers chiffres le confirment) ce serait, selon cette vision constructiviste paternaliste, parce qu’elles sont débiles ou manipulées. En outre, rien ne prouve à l’ère de l’automatisation généralisée qui risque de supprimer de nombreux emplois techniques que les humanités ne seront pas ce qui sera le plus recherché.


La lutte contre les stéréotypes à l’école ou comment on prive les filles de liberté au nom de l’égalité

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Ces maires de gauche qui veulent « dégenrer » les cours de récréation (m. à j. vidéo)

Mathieu Bock-Côté : La volonté de rééduquer l'homme occidental (L'homme surnuméraire) 
 

Étude — La testostérone change la structure du cerveau

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Paradoxe confirmé : l’égalité juridique des sexes renforce les stéréotypes sexuels (chasser le naturel, il revient au galop ?)

Boris Cyrulnik : l’école valorise la docilité des filles et dévalorise la hardiesse des garçons
Cerveau masculin et cerveau féminin

Le paradoxe de l’égalité entre les sexes c. la théorie du genre

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dimanche 2 août 2020

Le mythe de la misogynie ambiante et pernicieuse

La femme qui aspire à être l'égale de l'homme manque d'ambition,
Timothy Leary ou Vincent Cespedes

De nombreuses féministes et progressistes affirment que l’Occident est en proie à une misogynie omniprésente. En fait, on affirme la chose si souvent, et elle est si rarement contestée, qu’elle fait partie du catéchisme de la victimisation de la gauche, répétée par cœur sans arrière-pensée. La seule vraie question est de savoir à quel point la misogynie serait puissante et pernicieuse.

Les données du monde réel, cependant, suggèrent un récit différent, compliqué par le fait que les hommes ont de pires résultats dans de nombreux domaines. Par exemple, ils sont beaucoup plus susceptibles d’être incarcérés, d’être abattus par la police, d’être victimes de crimes violents, d’être sans abri, de se suicider et de mourir au travail ou au combat que les femmes. En outre, les hommes ont une espérance de vie plus courte et sont moins susceptibles d’avoir un diplôme d’université que les femmes. Bien que ces données (et d’autres similaires) pourraient être conciliées avec la théorie de la misogynie omniprésente, elles devraient au moins faire réfléchir ceux qui ont l’esprit ouvert. Les meilleures données des sciences sociales contemporaines dressent un portrait assez différent et suggèrent que la persistance même du récit de la misogynie omniprésente prouve en fait l’inverse : la société est largement biaisée en faveur des femmes.

Rien n’est bien sûr simple et tranché de manière binaire au niveau social et les disparités entre les hommes et les femmes peuvent avoir de nombreuses causes. C’est pourquoi les résultats des sciences sociales doivent être soigneusement contrôlés pour établir l’étendue, le sens et la nature des préjugés liés au sexe. Bien que les détails puissent devenir compliqués, l’idée de base de la plupart des études de biais est assez simple. Les chercheurs présentent aux participants de l’étude des informations identiques dans le but d’évaluer un trait associé des hommes ou des femmes tout en manipulant le sexe associé à l’information fournie.

Par exemple, ils peuvent demander à deux groupes de personnes d’évaluer une dissertation identique, en disant à un groupe qu’elle a été écrite par un homme et à l’autre groupe qu’elle a été écrite par une femme. Si les participants à qui on a dit que le texte a été écrit par un homme l’évaluent comme plus convaincant, plus intelligent, plus perspicace que les participants qui le croyaient écrit par une femme, les psychologues considèrent qu’il s’agit d’un biais en faveur des hommes.

De même, si l’on venait à demander à deux groupes de personnes d’évaluer des études scientifiques identiques qui découvraient que les hommes ou les femmes obtenaient de meilleurs résultats sur une mesure du leadership, et les participants qui lisaient que les hommes surpassaient les femmes considéraient l’étude comme de meilleure qualité que les participants qui lisaient que les femmes surpassaient les hommes, les psychologues considéreraient cela comme un biais en faveur des hommes.

Contrairement aux attentes de la théorie de la misogynie omniprésente dans nos sociétés, des découvertes en psychologie dans un large éventail de sujets, d’échantillons et d’équipes de recherche suggèrent que de tels biais favorisent souvent les femmes.

C’est ainsi qu’un article qui vient d’être publié dans le British Journal of Psychology dirigé par Steve Stewart-Williams a révélé que les gens réagissent aux études universitaires sur les différences sexuelles de manière à favoriser les femmes. Dans deux études, les participants ont été invités à lire un article de vulgarisation scientifique qui a été manipulé expérimentalement pour suggérer que les hommes ou les femmes ont une qualité plus souhaitable (par exemple, les hommes/femmes sont meilleurs en dessin ou les hommes/femmes mentent moins souvent). Les participants ont évalué la recherche en faveur des femmes plus favorablement que la recherche en faveur des hommes. Plus précisément, les participants ont trouvé la recherche en faveur des femmes plus importante, plus plausible et mieux menée et ont trouvé la recherche favorisant les hommes plus offensante, plus nuisible, plus bouleversante et plus intrinsèquement sexiste. Ce biais proféminin a été observé chez les participants masculins et féminins, et dans la deuxième étude, les chercheurs ont répliqué les résultats dans un échantillon d’Asie du Sud-Est.


Cory Clark et Bo Winegard ont trouvé dans certains de leurs travaux une tendance similaire pour le trait valorisée socialement qu’est l’intelligence. Dans deux études, les participants ont lu une étude scientifique (fictive) qui aurait identifié un gène associé à une intelligence plus élevée et qui prétendait expliquer pourquoi (1) les hommes obtiennent des résultats plus élevés aux tests d’intelligence que les femmes, ou (2) les femmes obtiennent des résultats plus élevés aux tests d’intelligence que les hommes, ou encore (3) les hommes et les femmes obtiennent à peu près la même note aux tests d’intelligence. Les participants ont évalué l’étude scientifique comme étant tout aussi crédible lorsqu’elle a tiré la conclusion que les hommes et les femmes obtiennent des scores égaux aux tests d’intelligence et lorsque les femmes ont des scores plus élevés que les hommes, mais les participants ont trouvé l’étude moins crédible lorsqu’elle a suggéré que les hommes obtiennent des scores plus élevés aux tests d’intelligence que les femmes.

Dans une étude connexe, les participants ont lu un article au sujet d’un examen d’entrée à l’université qui prédirait avec une précision remarquable les performances universitaires des candidats. On leur a dit que soit les hommes ont tendance à surpasser les femmes, soit que les femmes ont tendance à surpasser les hommes à l’examen. Les participants approuvaient davantage l’utilisation de l’examen quand on disait que les femmes surclassaient les hommes que lorsqu’on disait que les hommes surpassaient les femmes. Ces résultats suggèrent que les gens acceptent plus facilement l’idée que les femmes pourraient être plus intelligentes que les hommes que l’inverse.

Les chercheurs ont observé une tendance similaire chez les universitaires en psychologie. En 2017, les chercheurs en sciences sociales William von Hippel et David Buss ont envoyé une enquête par courrier électronique à un échantillon de psychologues, leur demandant leurs croyances sur une variété d’affirmations et de résultats liés à la théorie de l’évolution. Ces psychologues étaient plus susceptibles d’approuver une différence de sexe en faveur des femmes que celle des hommes. Plus précisément, ils étaient plus susceptibles d’accepter que les femmes auraient pu évoluer pour être plus douées verbalement que les hommes que les hommes auraient pu évoluer pour être plus doués en mathématiques que les femmes. Bien que ces différences entre les sexes ne soient pas parfaitement symétriques (l’une concerne la capacité verbale et l’autre la capacité mathématique), il y a peu de raisons de croire qu’une explication évolutive d’une différence de sexe est plus plausible pour un domaine que l’autre. Comme les non-universitaires, les scientifiques eux-mêmes peuvent avoir des préférences pour les informations pro-féminines par rapport aux informations pro-masculines.

On constate également que les gens sont plus prompts à vouloir censurer les études scientifiques qui défavorisent les femmes. Dans cette étude, on a demandé aux participants de lire une série de passages de livres et de décider si le texte devait être censuré (par exemple, s’il devait être retiré de la bibliothèque, si un professeur ne devait pas l’exiger comme lecture obligatoire pour un cours). Un passage soutenait que les hommes ou les femmes font de meilleurs chefs. Les résultats ont montré que les gens voulaient plus censurer le livre quand il soutenait que les hommes font de meilleurs chefs que les femmes que quand il soutenait le contraire.

Ironiquement, ces préférences pro-féminines pourraient expliquer pourquoi l’angle traditionnel dans les médias se concentre si assidûment sur la possibilité de préjugés anti-féminins : la société se soucie plus du bien-être des femmes que des hommes et est donc moins tolérante à l’égard de disparités qui défavoriseraient les femmes. Une série d’études dirigées par Katharina Block a révélé que les gens se soucient davantage de la sous-représentation des femmes dans certaines carrières que de la sous-représentation des hommes dans d’autres. Dans une de ces études, par exemple, on a dit aux participants qu’une carrière particulière était dominée par des hommes ou des femmes. On a ensuite demandé aux participants s’il fallait mettre en place des politiques et des programmes pour encourager le groupe sous-représenté à entrer dans cette carrière et s’il fallait s’efforcer de recruter activement le groupe sous-représenté. Les participants étaient plus susceptibles d’appuyer cette action sociale lorsque les femmes étaient sous-représentées que lorsque les hommes l’étaient.

En outre, quand on disait qu’une carrière était très bien rémunérée, les gens étaient plus susceptibles de dire que des normes prohibitives empêchaient les femmes d’entrer dans une carrière à prédominance masculine que de dire que des normes prohibitives empêchaient les hommes d’entrer dans les domaines à prédominance féminine. Ainsi, les gens sont plus susceptibles de croire que les obstacles externes expliquent la sous-représentation des femmes dans les carrières souhaitables que la sous-représentation des hommes. Ces résultats suggèrent que lorsqu’il existe des disparités dans le monde réel entre les hommes et les femmes, les gens sont plus susceptibles de s’en soucier et plus susceptibles d’essayer d’adopter un comportement correctif lorsque les femmes sont désavantagées.

Une explication pour ces préjugés pro-féminins serait que les hommes auraient développé une tendance générale à la protection des femmes. En effet, de nombreux rapports au cours des dernières décennies ont montré que les gens ont plus de sympathie pour la souffrance des femmes que pour celle des hommes. Pour ne donner que quelques exemples : les gens sont moins enclins à faire du mal à une femme qu’à un homme, les femmes reçoivent plus d’aide que les hommes, ceux qui font du mal aux femmes sont punis plus sévèrement que ceux qui font du mal aux hommes et les femmes sont moins sévèrement punies que les hommes pour les mêmes crimes.

De telles découvertes contredisent le concept de « hommepathie » (himpathy), introduit dans le livre à succès de la philosophe Kate Manne, Down Girl : The Logic of Misogyny. Les anecdotes peuvent créer une illusion d’une bienveillance excessive pour les hommes, mais des analyses plus systématiques suggèrent le contraire : les gens sont beaucoup plus bienveillants envers les femmes. Le succès du livre de Manne pourrait bien être une manifestation de cette même bienveillance, car les gens sont plus alarmés et troublés par la possibilité d’un parti pris contre les femmes que contre les hommes.

Les préoccupations concernant le bien-être des femmes sont si fortes que les chercheurs considèrent souvent les préférences et les préjugés pro-femmes comme préjudiciables aux femmes. Par exemple, dans une série d’études dirigées par Lily Jampol, les chercheurs ont demandé aux participants d’évaluer des dissertations et de faire part de leurs commentaires à l’auteur. Les participants qui ont ensuite découvert que l’auteur de l’essai était une femme étaient plus susceptibles d’ajuster leurs évaluations de performance à la hausse que les participants à qui on avait dit que l’auteur de l’essai était un homme. Ce document s’intitulait « Le côté obscur des petits mensonges au travail : les évaluations faites des femmes sont révisées à la hausse », il soulignait les conséquences potentiellement néfastes de fournir une évaluation du travail moins franche ou déformée aux femmes.

Il est bien sûr possible que des commentaires trop positifs nuisent aux femmes à long terme, mais cela pourrait aussi les aider, par exemple, s’ils renforcent leur confiance, ou si les évaluateurs intériorisent les commentaires flatteurs. De plus, il est difficile d’imaginer que des résultats similaires, mais opposés seraient considérés comme potentiellement nuisibles aux hommes. Il semble qu’on résume souvent les résultats de recherche de telle sorte que « si les préjugés favorisent les hommes, alors c’est mauvais pour les femmes ; si les préjugés favorisent les femmes, c’est aussi mauvais pour les femmes. » Par exemple, l’effet les-femmes-sont-merveilleuses, c’est-à-dire la tendance des gens à voir les femmes plus favorablement que les hommes, est souvent considéré comme une forme de sexisme bienveillant contre les femmes. On attend avec impatience un article qui affirme que la préférence pour les hommes en tant qu’enseignants ou dirigeants n’illustre qu’une sorte de sexisme bienveillant contre les hommes.

Bien que non exhaustif, le tableau ci-dessous résume les résultats de nombreuses études démontrant des préjugés et des attitudes qui semblent favoriser les femmes.

Diverses études démontrant des préjugés, des attitudes et des traitements qui favorisent les femmes par rapport aux hommes

Conclusion

Étude

Les gens préfèrent épargner la vie des femmes plutôt que celle des hommes

Awad, Bonnefon, Shariff et Rahwan, 2019

Les gens soutiennent davantage d’actions sociales pour corriger la sous-représentation des femmes dans les carrières où elles sont peu présentent que la sous-représentation des hommes

Block, Croft, De Souza et Schmader, 2019

Les professeurs, hommes et femmes, préfèrent embaucher une femme à un candidat masculin pour des postes de professeur adjoint en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM)

Ceci & Williams, 2015

Les délinquants qui s’en prennent aux femmes reçoivent des peines plus longues que ceux qui s’en prennent aux hommes ; les hommes qui s’en prennent aux femmes reçoivent des peines plus longues

Curry, Lee et Rodriguez, 2004

La police réagit plus négativement envers les victimes hypothétiques de viol par des hommes que les victimes hypothétiques de viol par des femmes

Davies, Smith et Rogers, 2009

Les femmes reçoivent plus d’aide que les hommes

Eagly & Crowley, 1986

Les femmes sont évaluées plus favorablement que les hommes

Eagly, Mladinic et Otto, 1991

Les gens sont moins enclins à s’attaquer à des femmes qu’à des hommes

FeldmanHall, Dalgleish, Evans, Navrady, Tedeschi et Mobbs, 2016

Dans les morts causées par des véhicules, les conducteurs qui tuent des femmes sont condamnés à des peines plus longues que les conductrices qui tuent des hommes

Glaeser & Sacerdote, 2003

Les gens sont particulièrement intolérants à l’agression de la part d’un homme et à l’agression dirigée contre une femme

Harris & Knight-Bohnhoff, 1996

Les gens ajustent leurs évaluations de la qualité de dissertations à la hausse lorsqu’ils apprennent que l’auteur est une femme

 Jampol & Zayas, 2017

Les femmes sont moins punies que les hommes pour le même crime

Mazzella & Feingold, 1994

Prenant en compte de nombreuses variables, les hommes reçoivent des peines de prison plus longues que les femmes

Mustard, 2001

Les gens ont plus d’empathie envers les femmes délinquantes ou criminelles que pour leurs homologues masculins et envers les femmes victimes que pour les hommes victimes

Osman, 2011

Les femmes sont plus facilement considérées comme des victimes et les hommes comme des agresseurs ou auteurs de crimes

Reynolds, Howard, Sjåstad, Zhu, Okimoto, Baumeister, Aquino et Kim, 2020

Les gens considère qu’une femme commet une agression sexuelle contre un homme est moins coupable qu’un homme qui agresse sexuellement une femme

Russel, Oswald et Kraus, 2011

Les gens ont moins de sympathie pour délinquants masculins que leurs homologues féminins et plus de sympathie pour les femmes victimes que pour les hommes victimes

Savage, Scarduzio, Lockwood Harris, Carlyle et Sheff, 2017

Les délinquantes sexuelles se voient infliger des peines plus courtes que les délinquants sexuels de sexe masculin

Shields & Cochran, 2019

L’agression des femmes est perçue comme plus acceptable que l’agression des hommes

Stewart-Williams, 2002

Les gens évaluent les études scientifiques sur les différences sexuelles favorisant les femmes plus favorablement que la science sur les différences sexuelles favorables aux hommes

Stewart-Williams, Chang, Wong, Blackburn et Thomas, 2020

Les psychologues conviennent davantage qu’il est possible que les femmes aient évolué pour être plus douées verbalement que les hommes, mais pas que les hommes ont évolué pour être plus doués mathématiquement que les femmes

von Hippel & Buss, 2017

Les gens évaluent les études scientifiques qui suggèrent que les femmes obtiennent des résultats plus élevés aux tests de QI que les hommes plus favorablement que les études scientifiques qui suggèrent le contraire

 Winegard, Clark, Hasty et Baumeister, 2018

Les gens sont plus prompts à censurer un livre qui suggère que les hommes ont évolué pour devenir de meilleurs chefs que les femmes qu’un livre qui suggère le contraire

 Winegard, Clark, Bunnel, & Farkas, 2019

Comme nous le mentionnions ci-dessus, une caractéristique importante de bon nombre de ces études (mais pas toutes) est qu’elles sont expérimentales — elles assignent au hasard les participants pour évaluer les informations ayant une certaine incidence sur les résultats pour les hommes ou les femmes (ou un homme ou une femme). De nombreux chercheurs qui soutiennent que le sexisme à l’égard des femmes est encore un problème majeur dans les sociétés occidentales modernes soulignent les disparités réelles entre les hommes et les femmes (mais en ignorent bien d’autres). Par exemple, ils soulignent que les femmes sont sous-représentées dans les carrières et les postes de direction bien rémunérés dans les STIM, et que les femmes qui travaillent à plein temps gagnent moins que les hommes qui travaillent à plein temps. Cependant, l’existence de telles différences nous en dit peu sur les causes, car de même que la corrélation n’égale pas la causalité, de même la disparité n’équivaut pas à la discrimination. Et, en fait, l’affirmation selon laquelle les femmes sont sous-représentées dans les STIM parce que les candidats masculins qualifiés sont préférés aux candidats féminins également qualifiés ne semble plus plausible. Des travaux expérimentaux suggèrent que les professeurs dans les domaines STIM ont montré une préférence pour les candidates par rapport aux candidats masculins tout aussi qualifiés. D’autres explications, telles que les différences de personnalité et d’intérêts professionnels, paraissent donc beaucoup plus prometteuses.

Cela ne signifie pas, bien entendu, qu’il n’y a pas de préjugés à l’égard des femmes. Pendant longtemps, les femmes occidentales ont été traitées comme émotionnelles, irrationnelles et incapables de contribuer de manière significative à une culture supérieure. Il n’est pas inimaginable que certains de ces préjugés persistent et façonnent la société. Pour ne prendre qu’un seul exemple, il semble y avoir une sorte de parti pris dans le domaine du génie contre les femmes, de sorte que les gens associent plus facilement les hommes avec des niveaux extrêmement élevés d’intelligence que les femmes. Et bien qu’il y ait des raisons de croire que les hommes pourraient être plus fortement représentés aux extrémités les plus élevées (et les plus basses) de l’intelligence, ce stéréotype (qui pourrait donc être fondé) pourrait expliquer une partie de la sous-représentation des femmes aux extrémités les plus élevées de la réussite. Cependant, dans l’ensemble, les résultats présentés ici ne permettent plus d’affirmer que l’Occident baigne dans la misogynie.

L’opinion dominante veut que nous vivions dans une société patriarcale sexiste qui est constamment injuste envers les femmes et privilégie les hommes de presque toutes les manières. Et toute affirmation allant à l’encontre est traitée comme des protestations de conservateurs ignares ou de cinglés masculinistes. Une recherche sur Google Scholar sur la misogynie fournit 114 000 résultats, alors qu’une recherche sur la misandrie n’en fournit que 2 340. Nous soupçonnons que cette différence d’intérêt pour la misogynie par rapport à la misandrie ne reflète pas la prévalence relative de chaque type de préjugés, mais plutôt une plus grande préoccupation pour le bien-être des femmes que des hommes. Tous les arguments, anecdotes et données fournis pour étayer le récit selon lequel nous vivons dans une société implacablement misogyne pourrait bien être la preuve précise du contraire.


Source

(adaptée et traduite)

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mercredi 22 janvier 2020

« Vérification des faits » par JdM : l’avortement est (et devrait continuer d'être ?) un soin de santé…

Amusante cette tendance des débusqueurs de fausses nouvelles qui semblent surtout vouloir utiliser leur tribune réputée factuelle et impartiale pour faire passer leurs propres préjugés politiquement corrects sans comprendre le fond de la critique (avorter, ce n'est pas vraiment soigner) et sans gratter un peu pour vérifier si la réponse reçue est complète (le fédéral rembourse-t-il vraiment tous les frais de santé aux provinces sans droit de regard et sans considérer la classification de ces frais de santé par les provinces en question ?)

Campagne Québec-Vie relève ainsi [avec quelques corrections éditoriales] :


Répondant aux questions partisanes de Dutrizac sur les ondes de QUB radio, Richard Décarie, qui songe à se lancer dans la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC), avait simplement déclaré, parlant de la façon dont il agirait par rapport à la question de l’avortement en tant que potentiel chef du parti et éventuel Premier ministre, selon Le Journal de Montréal (JdM) :

Au niveau fédéral, la loi, elle est au niveau du financement des soins de santé à travers tout le pays. [...] Au niveau des soins de santé, un soin doit être qualifié comme étant un soin de santé avant d’être financé, et je vous annonce que l’avortement, ce n’est pas un soin de santé, et pourtant c’est financé à 100 %. 

Le petit passage « l’avortement ce n’est pas un soin de santé » n’a pas échappé aux traqueuses de « fausses nouvelles », Sarah Daoust-Braun et Marie-Christine Trottier, qui font profession au JdM de dénicher, entre autres, les déclarations (qu’elles croient) fallacieuses des politiciens.

Ayant déniché ce qu’elles s’imaginent sans doute être une perle en son genre, Mmes Daoust-Braun et Trottier, déclarant que l'avortement est un « soin de santé », révèlent que le Collège des médecins du Québec considère que « l’avortement est bel et bien considéré comme un soin de santé dans la province et est financé par le régime public québécois. L’interruption volontaire de grossesse est assurée en vertu de la Loi québécoise sur l’assurance maladie ». Elles ont manqué l’occasion de ne pas tomber dans les « fausses nouvelles ».

Car quand même la loi ou le Collège des médecins lui-même déclarerait que l’avortement est un « soin de santé » cela n’en ferait pas un pour autant. Un soin de santé vise à rendre ses saines facultés au corps malade ou a une partie de celui-ci si l’on ne peut sauver le reste, mais non à tuer volontairement, directement ou indirectement (comme quoi l’« aide médicale à mourir », ou euthanasie, n’est pas un soin de santé).

L’avortement, lui, est un acte dont le but est de tuer volontairement, directement ou indirectement, l’enfant à naître (ou produit vivant de la conception : œuf fécondé, zygote, embryon, fœtus) présent dans le ventre de sa mère. Lorsqu’un médecin administre à une mère enceinte de la chimiothérapie pouvant éventuellement tuer son enfant à naître, et que la mort de celui-ci survient, ce n’est pas un avortement, car le but du médecin en appliquant cette médication était d’éliminer la maladie et non de tuer le bébé – au fait, pourquoi ne parlons-nous pas d’« interruption de maladie » ?

Quand Mmes Daoust-Braun et Trottier proclament que l’avortement est un « soin de santé », il faudrait au moins qu’elles expliquent en quoi il en est un.

Ces dames assurent aussi qu’au fédéral, selon la Loi canadienne sur la santé, le gouvernement détermine comment il finance les systèmes de santé des provinces, mais non qu’un « soin médical est assurable ou non assurable, et nécessaire ou non nécessaire. Ce sont les provinces qui déterminent quels sont les services médicaux qu’elles couvrent ». Peut-être ont-elles raison sur ce point.

N’empêche que le fait que le gouvernement fédéral n’ait pas son mot à dire sur ce qui est soin de santé ou pas, si celui-ci est financé ou non, cela n’a pas empêché Justin Trudeau d’imposer l’avortement à l’Île-du-Prince-Édouard [en 2016, voir Global TV], notamment en menaçant cette province de suspendre les fonds fédéraux pour son système de santé… 

Quod erat demonstrandum.

Voir aussi

Médias — Membre de l'équipe chasseur d'intox du Monde condamné pour intox

Des groupes défendant le droit à l’avortement exhortent le fédéral à agir

[Federal] Health minister ‘will be checking’ on provinces’ abortion access plans

samedi 29 juin 2019

Quelle immigration africaine d'ici 30 ans ?

Le professeur en études africaines à la Duke University tord le cou à certaines idées reçues sur la réalité de l'immigration africaine à destination de l'Europe.


lundi 4 février 2019

Étude de 2018 (n=2064) : pas d'effet de menace du stéréotype sur résultats en maths des filles

Stéréotype sociologique moderne :
« Les femmes et les mathématiques,
un exemple de stéréotype négatif désinvestissant. »
Le concept de menace du stéréotype relève de l’étude des stéréotypes dans le domaine de la psychologie sociale. Il représenterait l’effet psychologique qu’un stéréotype aurait sur une personne visée par celui-ci. Face à certaines situations, un individu aurait la sensation d’être jugé à travers un stéréotype négatif visant son groupe ou craindre de faire quelque chose qui pourrait confirmer ce stéréotype. Dès lors, cela pourrait provoquer une diminution des performances de cet individu, dans un domaine où il est impliqué personnellement.

Selon cette théorie, quand une femme passe un test en mathématiques, son résultat serait possiblement affecté par le stéréotype selon lequel les femmes ont des capacités en mathématiques inférieures à celles des hommes. Cette conséquence de la menace du stéréotype aurait été démontrée, selon ses partisans, par Spencer, Steele et Quinn en 1999. De plus, les résultats montreraient que le stéréotype n’intervenait pas quand il était précisé au préalable que les femmes réussissaient le test aussi bien que les hommes. Ensuite, seules les performances dans ce domaine seraient impactées : un test en anglais de difficulté équivalente est tout aussi bien réussi par les femmes que par les hommes. Enfin, si le test en mathématiques est facile, les femmes ne seront pas non plus influencées par la menace.

Critiques

L’explication proposée par le concept de menace de stéréotype a très tôt attiré les critiques. Selon les chercheurs Paul R. Sackett, Chaitra M. Hardison et Michael J. Cullen, les médias et la littérature savante ont conclu à tort que l’élimination de la menace du stéréotype pourrait complètement éliminer les différences de performance entre les Américains européens et les Afro-Américains. Sackett et al. ont souligné que, dans les expériences fondatrices de Steele et Aronson (1995) où la menace de stéréotype était supprimée, un écart d’environ un écart-type restait entre les groupes sans usage de covariances, ce qui est très proche de la différence moyenne observée entre les Afro-Américains et les Européens aux scores sur des tests standardisés à grande échelle tels que le SAT.

Gijsbert Stoet et David C. Geary ont examiné les preuves justifiant le concept de la menace stéréotypée et notamment des écarts de réussite en mathématiques entre les hommes et les femmes. Ils ont conclu que les recherches sur les stéréotypes comportaient de nombreux problèmes méthodologiques, comme l’absence de groupes de contrôle, et que la littérature sur les menaces stéréotypées était faussement présentée comme « prouvée ». Ils ont conclu que les preuves avancées étaient très faibles.

L’ampleur et la nature de l’effet de menace de stéréotype ont également été remises en question. Flore et Wicherts ont conclu, dans une grande méta-analyse, que l’effet rapporté est faible, mais aussi que son importance est artificiellement augmentée par un biais de publication, pour expliquer les différences de résultats en mathématiques et en sciences entre les sexes. Ils soutiennent que, après correction du biais de publication, les effets de la menace de stéréotype étaient plus probablement proches de zéro. Ce biais signifie que les chercheurs ont tendance à publier ou à citer des effets positifs importants liés à une hypothèse ou une théorie, car les études montrant un manque d’effets ou des effets négligeables attirent moins d’attention. Dans le cas de la menace du stéréotype, on aurait accordé beaucoup d’importances à des effets (faussement) positifs dans des études insuffisantes alors que de grandes études similaires bien contrôlées trouvent des effets plus petits, voire non significatifs. (Voir Colleen M. Ganley, Leigh A. Mingle, Allison M. Ryan et Katherine Ryan, « An examination of stereotype threat effects on girls’ mathematics performance. »)

Étude (n=2064) de 2018 : aucune confirmation d’un effet de menace du stéréotype

Les auteurs (Flore, Mulder et Wicherts) d’une étude publiée en janvier 2019 ont mené une expérience de menace stéréotypée à grande échelle dans des écoles secondaires néerlandaises (n = 2064) pour étudier la généralisabilité de l’effet de menace du stéréotype.

Dans cette étude, les scientifiques ont tenté de reproduire l’effet global parmi les filles du secondaire des Pays-Bas et d’étudier quatre modérateurs théoriques principaux, à savoir l’identification du domaine, le sexe, l’anxiété liée aux mathématiques et la difficulté des tests. Chez les filles (13-14 ans), ils n’ont trouvé aucun effet global de la menace stéréotypée sur les performances en mathématiques ni aucun effet modéré de la menace stéréotypée.

L’étude a révélé un écart entre les sexes au test de mathématiques, les garçons ayant de meilleurs résultats que les filles. Mais cela ne semble pas être dû à la manipulation de la menace stéréotypée (« Grâce à une série d’analyses, nous concluons que nos données ne montrent aucun signe de baisse de performance due à la manipulation de la menace stéréotypée. »)