mercredi 1 octobre 2008

Le monopole de l’éducation devrait-il imposer l’éthique et la culture religieuse à tous les « étudiants » (sic) ?

Nous publions ci-dessous de larges extraits d'une lettre d'un enseignant de Granby publiée (en partie) par la Voix de l'Est la semaine passée.
Suite à la lettre de Rémi Robert, enseignant de philosophie au Cégep de Granby, sur le cours d’éthique et culture religieuse, voici quelques commentaires. Premièrement, vous utilisez le terme étudiant tout au long de votre article. Sachez qu’au primaire et au secondaire, il n’y a aucun étudiant, il n’y a que des élèves (voir le site de l’Office de la langue française : élève qui fréquente un établissement d'enseignement supérieur). Je suis donc parfaitement d’accord avec vous ! Vous dites : «l’étudiant s’éveille et cherche par lui-même le sens et les enjeux de sa spiritualité» avec ECR. « Un panorama acceptable des différentes religions » peut donc être présenté aux étudiants. Mais quel âge a « un étudiant » M. Robert ?

Le problème avec le cours d’ECR n’est pas difficile à comprendre. Le Code civil mandate les parents comme l’autorité première de l’enfant. Cependant, le gouvernement usurpe ce droit pour maintenant inculquer une culture religieuse obligatoire dès 6 ans et sur 11 années. Il faut réaliser que le MELS détient un «monopole» sur l’éducation au Québec.

[…]

Vous parlez d’une société qui déserte les lieux de culte. C’est vrai, mais cela donne-t-il le droit moral au gouvernement de forcer les parents ? Vous parlez de l’accueil des réfugiés. Ironiquement, il y en a parmi eux qui demandent l’exemption ! D’ailleurs, avez-vous lu le récent livre « Le Québec sur le divan » ? Plusieurs psychologues et psychiatres d’ici et d’ailleurs y analysent « la psychologie du Québec ». Plusieurs de ces auteurs parlent de l’exagération des Québécois « de souche » à vouloir s’ouvrir à la diversité culturelle et religieuse comme s’ils n’étaient pas déjà très ouverts (un complexe même selon certains auteurs). Alors, avec ce cours, le gouvernement semble vouloir amplifier de façon démesurée ce désir d’ouverture de certains et inculquer au peuple l’obligation de « devenir » ce qu’il doit être selon l’État.

Le MELS est-il l’autorité suprême sur l’éducation de nos enfants et sur la société ? Plusieurs parents ne veulent pas de religion à l’école et sont ignorés! L’ancien cours de morale faisait leur affaire ! C’est aux parents de juger des contenus religieux présentés ou non à leurs enfants ! Le gouvernement doit respecter la liberté de conscience de tous ses citoyens ! Le problème se situe bien au delà de la foi de l’enfant M. Robert. C’est une question de droit des parents et de contrôle de l’État.

[...]

La Commission scolaire du Val-des-Cerfs a donné comme un des motifs de refus de l’exemption ceci : « il n’appartient pas à la Commission scolaire de juger des contenus pédagogiques » choisis par le ministère. Autrement dit, nos élus les commissaires (et nos directeurs et nos enseignants) devraient-ils demeurer de simples exécutants soumis s’ils ne peuvent contredire le Ministère ?

Vous dites que le cours n’a pas pour but de « convertir ou même d’endoctriner les « étudiants », mais plutôt « d’élargir les horizons culturels ». Mais on parle d’horizons religieux ! De plus, saviez-vous que 39 % des anciens programmes religieux couvraient les grandes religions ? Mais les parents l’avaient choisi ! Que ce cours d’ECR soit donc optionnel ! Le parent le choisirait. Vous parlez de « tolérance à l’égard de la différence de culte », mais qu’en est-il de la tolérance de la part du gouvernement ? Pourquoi ce gouvernement libéral tient-il autant à imposer à tous unilatéralement ce cours? À la rencontre avec les autorités du MELS à Valcourt, la suggestion leur a été faite de donner un cours solide et concentré sur la culture des religions en 5e secondaire et non avant. Pourquoi ? Parce que les enfants ont le besoin d’entendre parler d’abord de leur croyance afin d’en faire un point de référence. Ceci est nécessaire au bon équilibre du développement. En insérant des contenus de différentes croyances au primaire, ce processus d’identification personnel est outrepassé. On bouscule la pensée du jeune enfant avant de l’aider à définir et à solidifier ses propres croyances de base. L’enfant se retrouve confronté trop tôt. Il se fait présenter ce à quoi il peut croire. On veut que ce soit présenté comme une culture, mais l’enfant, qui n’a pas encore à son âge de croyance de base bien définie, recherchera à s’en approprier une sans avoir la capacité et le développement mental pour le faire. Voilà pourquoi la présentation d’une variété de « culture » religieuse n’a pas sa place dans un cours imposé à des « élèves » du primaire.

Patrice Gagnon, enseignant
Porte-parole de la Coalition pour la liberté en éducation de la Haute-Yamaska

L'emprise du monopole de l'Éducation sur le secteur privé

Mythe : L'école privée offre une diversité pédagogique et permet aux parents d'éviter la réforme pédagogique décriée par de nombreux parents et intervenants.

Réalité

Les écoles privées québécoises doivent respecter les exigences du ministère de l'Éducation. Que ce soit pour les notes, les bulletins, la pédagogie ou le contenu du programme de l'éducation québécoise, toutes les institutions doivent s'y conformer.

Certaines écoles privées ont un programme d'enseignement enrichi, mais elles doivent toutefois se conformer aux exigences du ministère de l'Éducation; exigences qui tendent à s'allonger. La dernière exigence du Monopole : le programme unique pour tous d'éthique et de culture religieuse qui — ne pas rire — permettrait l'ouverture à la diversité...

« C’était complètement débile… »

Extrait d'un article du « professeur solitaire » :
Vendredi dernier, j’ai reçu une « formation » (si on peut l’appeler ainsi) pour le nouveau cours d’éthique et culture religieuse.

C’était complètement débile…

La personne qui animait cette soi-disant formation a avoué elle-même avoir été parachutée là à sa grande surprise et ne savait donc pas trop de quoi elle parlait. Elle a lu le programme, l’a digéré et nous le vomissait dans le bec comme les gentils petits oisillons que nous sommes. Comme d’habitude, nous les profs, on est supposés s’asseoir là gentiment, avaler et surtout, SURTOUT, ne rien remettre en question.

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C’est quoi l’idée derrière ce cours ? Simple: face à la réalité du Québec qui compte de plus en plus d’immigrants, le gouvernement a décidé de remplacer les cours de catéchèse et de morale par un nouveau cours sur l’éthique et sur TOUTES les cultures religieuses.

[...]
Faire étudier les fondements du sikhisme, du taoïsme ou du judaïsme aux élèves québécois, ça fait très « belle ouverture d’esprit » et « on est tous des frères » en apparence, mais quand on s’y arrête, il y a quelque chose de débile là-dedans. C’est la majorité qui s’adapte à la minorité alors que ça devrait être le contraire. Pensez-vous que les petits Français et Allemands étudient l'islam au primaire à cause du grand nombre d'immigrants algériens et turcs ? Croyez-vous que les écoles primaires américaines enseignent les fondements du catholicisme en réaction à l'immigration massive des latinos ? Bien sûr que non… ce genre de trucs, on retrouve ça seulement ici !

Deuxièmement, on justifie ce nouveau cours avec la citation suivante d’André Gide: «Le meilleur moyen pour se connaître, c’est de chercher à connaître autrui.» À cela je réponds ceci: pourquoi passer par la religion pour apprendre à connaître autrui? Est-ce la seule chose qui nous définit? Moi, j’ai des amis qui ne partagent pas mes croyances et si on me demandait de les décrire, je vous parlerais de leurs goûts, de leurs rêves, de leurs valeurs, de leurs vies et de leurs personnalités, leur religion n’entrerait même pas en ligne de compte. L’idéal n’est-il pas de regarder au-delà de ces étiquettes? Plutôt que de dire « j’ai une amie musulmane », n’est-il pas préférable de dire « mon amie Shahrzad adore les films policiers et rêve d’être architecte » ? Pensez-y, les gens de votre entourage, les aimeriez-vous plus ou moins s’ils avaient une religion différente ? Dans mon cas, la réponse est non, cela n’influence en rien l’opinion que j’ai d’eux !

J'irais même jusqu'à dire qu'imposer une étiquette à quelqu'un divise les gens au lieu de les réunir. Je pense à deux de mes anciennes élèves, l'une juive et l'autre musulmane. En 5e année, elles étaient les meilleures amies du monde. C'était tellement beau de les voir. Elles étaient inséparables, toujours en train de s'amuser, de rire, de se faire des câlins. Je leur avais demandé si la religion de l'une et de l'autre était parfois un problème et j'ai bien vu par leurs réponses qu'elles s'en fichaient éperdument, tant de leur propre religion que de celle de l'amie. Puis, en 6e, elles ont commencé à apprendre, à prendre conscience de leurs religions respectives et de celle de l'autre. Elles se sont lentement éloignées. À la fin de l'année, elles ne se parlaient plus. Parce qu'elles avaient perdu la capacité de voir ce qui les réunissait, les rapprochait, ce qui faisait d'elles des amies. Elles ne voyaient plus en l'autre qu'une « musulmane » ou une « juive ». C'est à briser le cœur. Qu'on fiche donc la paix aux enfants, qu'on les laisse donc être des enfants! Pour eux, la religion est une abstraction qui n'a aucune importance !

[...]

Mais non, avec ce nouveau cours, dès la première année, on va leur enfoncer dans le fond de la gorge ces étiquettes et mettre toute l'emphase sur le fait que le groupe X n'est pas comme le groupe Y. C'est d'une tristesse inouïe.

Troisièmement, ce qui m'écœure le plus et ce qu’il y a de plus insidieux et de plus dangereux dans ce cours, c'est qu'on demande surtout au prof de ne jamais intervenir, de ne jamais donner « son opinion personnelle » et de laisser les enfants se faire leur propre opinion. Ça peut paraître merveilleux vite de même, mais pensez-y un peu…

Ça tombait bien parce que justement, la parachutée nous a montré un vidéo d’un enseignante de Québec qui a fait une activité dans sa classe. Les élèves, divisés en groupes, devaient faire des recherches sur les récits de l’origine des humains dans différentes religions. Ce qui est scandaleux, c’est que l’évolution (la parachutée a même osé utiliser le terme « théorie » pour en parler) est présentée comme un récit de plus parmi les autres. Le prof n’a rien dit à ce sujet, c’est comme si l’évolution avait autant de crédibilité scientifique que Adam et Ève ! Hallucinant…

[...]

Dans le vidéo, l’enseignante n’intervenait pas, elle laissait les élèves patauger là-dedans aveuglément. À un moment donné, elle a demandé aux élèves de relever les similitudes entre ces différentes versions de l’origine de l’homme. Un p’tit gars a répondu un truc du genre : « Dans toutes les versions, c’est un ou des dieux qui ont créé l’homme, sauf pour l’évolution ». Qu’est-ce que cet enfant est en train de se dire? Peut-être quelque chose du genre : « Si toutes les religions racontent que des dieux ont créé les êtres humains, comment peuvent-elles toutes se tromper ? »

Manque de manuels en anglais au Québec, aucun en ECR

L'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec a fait parvenir une lettre ouverte à la ministre de l'Education, Mme Michelle Courchesne concernant les manuels scolaires.

L'APEQ avait déjà soulevé cette question en mars 2008 avec la ministre. Depuis ce temps, comme le président de l'APEQ, Serge Laurendeau, reconnaît dans sa lettre, il y a eu « des progrès concrets : des manuels de mathématiques et d'histoire et d'éducation à la citoyenneté pour le secondaire IV ont été produits à temps pour la rentrée de l'année courante ».

Cependant, M. Laurendeau poursuit en signalant « malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à accomplir ». C'est ainsi qu'aucun manuel d'éthique et de culture religieuse n'existe à ce jour en anglais.