samedi 31 mai 2008

Et si Bouchard-Taylor étaient pour la « dictature des intellectuels au pouvoir d’un peuple encore imparfait » ?

Mathieu Bock-Côté, auteur de La Dénationalisation tranquille paru chez Boréal, a publié ce samedi une lettre ouverte qui rejoint grandement notre analyse publiée mercredi passé sur la commission Bouchard-Taylor : Bouchard-Taylor  : la peur de la fragmentation justifie moins de libertés scolaires pour les « de souche ».
Un camp de rééducation

Marcuse se posait déjà la question à l’époque : comment transformer massivement les mentalités populaires ? Comment « rééduquer la population » ? De ce point de vue, la politique a désormais pour fonction de transformer la société en immense camp de rééducation idéologique où l’identité nationale sera déconstruite pour permettre la mise en place de nouveaux mécanismes de socialisation qui déprendraient l’individu des traditions qui le façonnent.

[...]

Le vieux mythe de l’homme nouveau qui intoxique l’intelligentsia depuis trop longtemps prend aujourd’hui la forme du rêve d’un homme « sans préjugés » infiniment tolérant et inlassablement ouvert au dialogue. Ne retrouve-t-on pas cet aveu chez ceux qui veulent fabriquer au berceau l’homme sans préjugés dont la société adulte se refuserait d’accoucher ? Lorsqu’on milite pour la conversion de l’école au multiculturalisme, comme en témoignent le sacrifice de l’histoire nationale à l’histoire multiculturelle ou la mise en place d’un programme d’Éthique et de culture religieuse (un programme dont la commission encourage la « promotion énergique »), on peut dire de l’État québécois qu’il a intériorisé cette utopie et qu’il entend désormais fabriquer un nouveau peuple, ce que les commissaires reconnaissent en disant vouloir construire une nouvelle culture commune, celle de la « citoyenneté interculturelle » qui serait enfin déprise de la culture nationale du Québec historique.

Mais le peuple réel rechigne. Il ne voulait pas de la révolution socialiste hier. Il ne veut pas de la révolution multiculturelle aujourd’hui, comme la controverse des accommodements raisonnables l’aura amplement démontré. On traduira donc de manière conceptuelle sa dissidence dans le langage de l’intolérance pour ne reconnaître dans la défense de l’identité nationale qu’une marque de xénophobie ou de racisme. Évidemment, de tels sentiments ne devraient pas être permis dans le débat public. Car le débat public n’est pas un espace sans contraintes, comme le reconnaissait Marcuse, qui distinguait les « contraintes progressistes » des « contraintes réactionnaires », les premières étant nécessaires pour émanciper la subjectivité (aujourd’hui on dirait les identités), les secondes limitant plutôt leur expression et devant pour cela être démantelées.

Censure et discrimination

Une censure qui correspond à la volonté de criminaliser la dissidence par rapport au multiculturalisme. Cette volonté était explicitement présente dans le rapport de la commission Bouchard-Taylor, qui proposait « que la charte québécoise interdise l’incitation publique à la discrimination ». Dans la mesure où on connaît la définition très élargie que les « sciences sociales » donnent aujourd’hui de la discrimination, on doit comprendre ici que le rapport de la commission propose d’interdire tout simplement la contestation publique du multiculturalisme. Si on suit les commissaires dans leur raisonnement, le simple fait de plaider pour faire de la majorité francophone le pôle de convergence de la communauté politique québécoise sera considéré comme un appel à la discrimination. Doit-on en conclure que la charte devrait désormais interdire la diffusion de certains écrits tardifs de Fernand Dumont ?

Le point d’aboutissement d’une telle dynamique ne laisse pas de doute : la révolution culturelle a fini par générer un nouveau régime politique pour nos sociétés qui se déprennent subrepticement de la démocratie libérale. Le régime techno-chartiste repose ainsi explicitement sur la disqualification du peuple par un système idéologique qui criminalise ses manifestations. La lecture du rapport de la commission nous permet de voir à quel point les chartes sont désormais sacralisées et servent de texte fondateur pour réinterpréter toutes les interactions sociales au Québec. Le chartisme est certainement aujourd’hui l’héritage le plus net de la nouvelle gauche sur le plan institutionnel et doit être considéré comme l’instrument par excellence de désarmement et de neutralisation de la souveraineté populaire, qui est de plus en plus présentée comme une simple tyrannie de la majorité contre laquelle devrait s’imposer la technocratie progressiste. Il va de soi que les chartes, de ce point de vue, ne servent pas à préserver les libertés individuelles, mais bien à les comprimer.

Il y a quelque chose de fascinant dans le radicalisme idéologique, avec sa perpétuelle régression utopique. Hier, la société sans classes promettait une réconciliation des consciences dans un monde abolissant pour de bon l’aliénation générée par le capitalisme. Dans la société multiculturelle, il devrait seulement y avoir la perpétuelle réconciliation des différences s’enrichissant les unes les autres. Mais la promesse de la société idéale est toujours l’avant-dernière étape avant l’anesthésie des libertés. La chose devait désormais être reconnue : rien n’est plus intolérant qu’une philosophie qui réclame pour elle seule le monopole de la tolérance. Derrière les grands appels au pluralisme intégral, c’est une vieille tentation qui se dévoile sous une allure neuve. Une nouvelle tentation totalitaire.

Le Devoir essaie de défendre les attaques du PQ contre les écoles confessionnelles

On se rappellera que Mme Malavoy du Parti Québécois avait déclaré en chambre « Il ne peut y avoir deux modèles, l'un pour les écoles publiques, l'autre pour les écoles privées. L'enseignement religieux doit se faire en dehors des heures d'enseignement régulier, c'est ce que nous demandons à la ministre de l'Education ». Marie Malavoy, avait dénonçé à l'Assemblée nationale les deux poids deux mesures, selon elle, qui permettent aux écoles privées de conserver une formation confessionnelle, alors que celle-ci sera évacuée à la prochaine rentrée du programme des écoles publiques.« Cela revient à permettre à des parents qui peuvent payer de continuer d'avoir accès à un enseignement religieux interdit aux autres. C'est inacceptable »

Ce samedi, Le Devoir, par la voix de Michel David, tente d'expliquer cette allergie de la part du PQ envers tout ce qui est religieux. Rappelons que ce n'est pas la première fois qu'un journaliste du Devoir vole à la défense de l'imposition du programme d'éthique et de culture religieuse déjà qualifié de « défi grandiose », mais ici il passe à la vitesse supérieure : chasser toujours plus le religieux, faire du prétendu secteur privé, une copie conforme du secteur public.

Extraits :
Michel David
Le Devoir
samedi 31 mai 2008

À compter de septembre prochain, toutes les écoles du Québec devront dispenser le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse. Les parents qui se désolent à l’idée que leurs enfants seront privés d’un enseignement confessionnel ont toutefois le choix de les envoyer à l’école privée, qui pourra l’offrir en sus du nouveau cours.

Que cet avantage soit réservé aux plus fortunés ne semble pas troubler outre mesure la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne. « C’est ainsi fait parce que ces écoles assument précisément leur statut d’école privée et c’est pour ça que les parents paient davantage pour y envoyer leurs enfants », a-t-elle expliqué jeudi à l’Assemblée nationale.

Ben oui, quoi, les riches sont riches parce qu’ils sont riches. Il n’y a rien à faire, c’est comme ça. Après la médecine, voici donc la laïcité à deux vitesses. Il faut reconnaître à Mme Courchesne le mérite de dire les choses comme elles sont.
Notons, l'ambigüité du mot laïcité qui, ici, signifie l'exclusion de la religion de la société et plus particulièrement de l'école et non simplement une neutralité bienveillante qui pourrait facilement, comme en Belgique par exemple, laisser plusieurs cours de religion être enseignés dans les mêmes écoles. Montrant par l'exemple la possibilité d'une coexistence pacifique de celles-ci au sein de l'école et de la société.

[...]

Il est clair que l’octroi du monopole sur l’enseignement confessionnel à l’école privée risque d’inciter encore plus de parents à se détourner de l’école publique.
À qui la faute sauf à ceux qui veulent bannir les cours de religion de l'école publique ?
C’est bien connu, on ne prête qu’aux riches. Soit, les parents doivent payer quelques milliers de dollars pour envoyer leurs enfants au privé, mais ces écoles sont tout de même subventionnées par l’État à hauteur de 60 %. C’est là que le bât blesse.
Ah, l'argument galvaudé et fallacieux de l'argent des contribuables ! Tellement éculé !

D'une part, toutes les écoles confessionnelles ne sont pas subventionnées à 60 %, certaines le sont à zéro pour cent. Le PQ leur permettrait-il de continuer à enseigner la religion ?

D'autre part, ce 60 % — qui n'est jamais que l'impôt des parents, contribuables eux aussi, qui leur revient de droit — correspond au programme imposé par le Monopole de l'Éducation à ces écoles prétendument privées. L'État paie chichement ce qu'il impose du haut de son Monopole.

Enfin, à combien la valeur sociale de cet enseignement privé devrait-elle être évaluée ? Ses résultats scolaires sont meilleurs, son taux de décrochage bien inférieur, ses élèves instruits à prix réduit pour l'État (40 % au minimum d'économisés). Toutes les écoles deviendraient-elles publiques et laïques comme le veut le PQ et le Devoir, l'État aurait-il plus d'argent pour s'en occuper ?

Nous ne sommes plus en 1905 en France, MM du PQ et du Devoir... La chasse aux écoles cléricales est finie depuis plus d'un siècle.


[... dogme suivant de M. David]

Il demeure que la religion ne devrait pas être considérée comme une activité parascolaire au même titre que la musique ou le ballet classique. Dans ce domaine, tout le monde devrait avoir le même choix ou la même absence de choix.
[...]

La meilleure façon d’assurer une réelle équité serait évidemment de mettre fin au financement public des écoles privées
En échange d'une véritable liberté de programme, de pédagogie et d'embauche ?

C'est ce que demandent les écoles mennonite, juives orthodoxes et protestantes évangéliques. Mais voilà : elles sont déclarées illégales par le Monopole précisément parce qu'elles veulent être libres même si cela signifie que les parents paient deux fois pour l'instruction de leurs enfants : par leurs impôts et par les frais de scolarité de leur école illégale.

vendredi 30 mai 2008

Les écoles unisexes aux États-Unis



Les écoles non-mixtes se multiplient aux États-Unis. De nombreux parents et professeurs sont convaincus que cette séparation des sexes fait de la classe un espace plus studieux où les enfants obtiennent de meilleurs résultats. Dans un souci d'augmenter le niveau d'éducation de sa jeunesse, l'administration Bush a modifié une loi de 1972 qui rendaient obligatoires les écoles mixtes dans le public : désormais les procédures sont simplifiées pour ouvrir des établissements publics unisexes.

Voir aussi Les classes séparées pour les garçons et les filles de plus en plus à la mode aux États-Unis.

On notera le professionnalisme du journalisme qui ne parvient pas à s'empêcher de conclure en disant que l'école mixte est proche de la « vraie vie »... Comme si l'école qui regroupe par souci d'efficacité les enfants par classes d'âge était un lieu proche de la vraie vie ! Rappelons que certains psychologues maintiennent que l'école prolongée, mixte ou non, infantilise en réalité les adolescents.

Benoît XVI : contre le relativisme et pour la liberté scolaire soutenue par l'État

Benoît XVI, s’exprimait récemment devant la Conférence des évêques italiens (CEI) a déclaré que l’État devait apporter son soutien financier aux écoles d’enseignement catholique.

Le Pontife a insisté sur la priorité éducative, dont il a donné cette définition, très précise : « Il s’agit de transmettre la foi aux nouvelles générations et, pour cela, il faut réagir au relativisme d’une culture qui met Dieu entre parenthèses et l'écarte de toute décision et de tout débat, notamment en ce qui touche aux questions définitives, au profit d’affirmations et de solutions de l’instant. »

Le Pape a déclaré à ce propos : « Comment ne pas avoir, dans ce contexte, une parole en faveur de ces lieux spécifiques de formation que sont les écoles ? Dans un État démocratique, qui s’honore de promouvoir la libre initiative dans tous les domaines, l’exclusion d’un soutien adéquat aux efforts des institutions de l’Église dans le domaine de l’école ne semble pas se justifier. Il est bien légitime de se demander si la qualité de l’enseignement ne serait pas stimulée par la mise en présence de différents centres de formation suscités, dans le respect des programmes définis par le ministère et valables pour tous, grâce aux initiatives populaires multiples, ayant pour préoccupation de se faire les interprètes des choix éducatifs des familles elles-mêmes. Tout laisse penser qu’une telle confrontation ne manquerait pas de produire des effets bénéfiques. »

Le PQ ne veut que le cours relativiste de l'État comme cours religieux dans les écoles confessionnelles

Le Parti québécois voudrait empêcher les écoles privées de dispenser des cours d'enseignement religieux confessionnel, en plus du nouveau programme d'Éthique et culture religieuse (ECR) qui sera implanté en septembre.

Pour une taille unique, un programme unique

Le Devoir rapporte que la critique péquiste en matière d'éducation, Marie Malavoy, a dénoncé hier à l'Assemblée nationale les deux poids deux mesures qui permettent aux écoles privées de conserver une formation confessionnelle, alors que celle-ci sera évacuée à la prochaine rentrée du programme des écoles publiques. « Cela revient à permettre à des parents qui peuvent payer de continuer d'avoir accès à un enseignement religieux interdit aux autres. C'est inacceptable » a lancé sans rire Mme Malavoy lors de la période des questions.

Remarquons que par le même « raisonnement » on peut vouloir éliminer les écoles privées (seuls les parents qui paient y ont accès) ou permettre l'enseignement religieux partout y compris dans les écoles publiques.

Mme Malavoy a exprimé sa crainte que les écoles privées utilisent cet argument pour promouvoir la fréquentation de leurs institutions. « Est-ce que la ministre peut revenir sur sa décision et faire en sorte que les écoles privées appliquent les mêmes règles que les écoles publiques ? » a demandé Mme Malavoy.

« Il ne peut y avoir deux modèles, l'un pour les écoles publiques, l'autre pour les écoles privées. L'enseignement religieux doit se faire en dehors des heures d'enseignement régulier, c'est ce que nous demandons à la ministre de l'Education », a conclu la députée.

Prêcher le pire pour faire accepter ce que l’on souhaite imposer ?

Tolérance quand tu nous tiens ! Ces propos radicaux et liberticides ont-ils pour but de faire passer le gouvernement et Mme Courchesne pour des modérés et s'assurer que le cours sera bien implanté ? Les opposants au cours d'ECR se sentant à la limite soulagés que les écoles confessionnelles pourront continuer à être confessionnelles même si on leur impose un cours qu'elles réprouvent.

Source Le Devoir, vidéo des débats de l'Assemblée nationale (à partir de 42 min 40 sec) et le communiqué du Parti québécois.

mercredi 28 mai 2008

Québec — houleuse réunion d’information sur le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse

Le Monopole de l’Éducation organisait lundi une soirée d’« information » sur le nouveau cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse au Collège Saint-Charles-Garnier de Québec. De nombreux parents y ont fait connaître leur mécontentement. Parmi ceux-ci, on retrouvait même une commissaire scolaire.

À l’extérieur du Collège Saint-Charles-Garnier, un membre de la Coalition pour la liberté en éducation, posait des formulaires d’exemption sur les pare-brise des voitures. Alors qu’à l’intérieur, selon la journaliste du Soleil, la colère grondait parmi la cinquantaine de parents assistant à la présentation du nouveau programme, obligatoire en septembre dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec.

« Je vais inciter mon garçon de sept ans à apporter un livre et à lire durant le cours, promet Brigitte Lemieux, mère de deux enfants. Il pourra couler, ça ne me dérange pas ! »

Méfiance envers l'État et la promesse de réserve des enseignants

Sophie Bouchard, mère de famille et commissaire à la commission scolaire des Découvreurs, déplore que les valeurs catholiques soient absentes du nouveau cours. « En tant que parent, je ne crois pas à la prépondérance de la religion catholique et protestante dans le cours que nous promet le ministère, ajoute-t-elle en entrevue. Et je ne me fie pas au devoir de réserve des enseignants. »

Des incidents se produisent déjà, ajoutait la commissaire scolaire à la journaliste du Soleil. « J’ai été témoin, dans un conseil d’établissement, d’un parent qui n’était pas à l’aise avec le fait que le film Da Vinci Code avait été présenté en classe, raconte-t-elle. Le prof n’avait pas prévenu les parents. »

Comment évaluer ?

Le directeur du programme au ministère de l’Éducation, Pierre Watters, aura eu beau répéter que le nouveau cours ne vise à faire la promotion d’aucune religion, plusieurs parents sont restés inquiets. « Si un élève refuse de participer à un projet qui parle d’une autre religion, est-ce qu’il va être pénalisé ? » demande Mary Colley.

Le Soleil nous informe que l’évaluation se fera comme dans tous les autres programmes d’études, à partir d’observation de productions d’élèves. Faut-il donc comprendre que le refus de participation sera puni ?

« L’évaluation ne porte pas sur les convictions », assure le fonctionnaire.

S’agira-t-il donc d'évaluations écrites sur des faits ou d'évaluation de l'attitude « correcte » et « interculturelle » lors des sessions de dialogue ? La journaliste n'a, semble-t-il, pas poussé le fonctionnaire à être plus précis.

Apprendre à réfléchir sur l’avortement et l’euthanasie

La portion « éthique » du nouveau cours n’a pas non plus fait l’unanimité. « Est-ce qu’on va apprendre à nos jeunes que l’avortement et l’euthanasie sont normaux et qu’il ne faut pas les juger ? », demande Brigitte Lemieux.

L’enseignant n’est pas là pour donner des bonnes ou des mauvaises réponses, mais pour aider les jeunes à réfléchir a tenté de répondre Pierre Watters.

Réponse savoureuse. Comme s’il était possible (ou désirable) de raisonner en l’absence d’un cadre de références de ce qui est important ou non, de ce qui est bien ou mal. Gageons que, dans le cas de l’avortement, les critiques trop insistantes faites à l’égard de ce qui peut être considéré comme le meurtre d’un être humain unique innocent et sans défense seront souvent réduites au silence par le professeur ou d’autres élèves en faisant appel à la valeur « liberté de choix » de la femme ; liberté de choix bien évidemment évacuée dans le domaine de l’enseignement et plus particulièrement quand il s'agit d'imposer à tous ce même cours d’éthique et de culture religieuse.

Offrir le choix pour renouer avec la confiance ?

Pourquoi ne pas simplement offrir le choix aux parents ? Pourquoi ne pas leur permettre de choisir le type d’enseignement confessionnel ou moral qui abordera les sujets de société moraux comme l’euthanasie, l’avortement, l’interprétation du phénomène religieux ? Il semble que c’est la moindre des choses pour inspirer confiance aux parents alors qu’actuellement le programme d’Éthique et de culture religieuse semble surtout être défendu par les zélateurs d’une « laïcité » partiale. Ce zèle justifie la méfiance des parents quand ils songent à ce que l’État et les professeurs imposeront à leurs enfants.

La volonté de centralisation de Mme Courchesne dans le dossier des commissions scolaires irrite

Nous en parlions déjà il y a quelques semaines dans Mme Courchesne « serre la vis » et « renforce son autorité »... Quelle surprise !, la Fédération des commissions scolaires ne semble pas en démordre, elle s'oppose à la volonté de centralisation du Monopole.

Oui à la reddition de comptes, non à sa bureaucratisation

La Fédération des commissions scolaires convient que la gouvernance implique nécessairement que la commission scolaire effectue une reddition de comptes efficace et transparente. Toutefois, tant en ce qui concerne le plan stratégique, la convention de partenariat et la déclaration de services prévus au projet de loi, la FCSQ ne croit pas qu'une intervention directe dans la gestion des commissions scolaires soit justifiée puisqu'une telle approche risque d'avoir pour effet de déresponsabiliser ces dernières et d'accroître la bureaucratisation du processus de reddition de comptes. La Fédération est d'avis que la ministre doit se limiter à édicter les grandes orientations, les objectifs et les cibles nationaux et respecter l'autonomie des commissions scolaires. « La valorisation de la démocratie scolaire passe par une plus grande marge de manoeuvre des commissions scolaires et non par une plus grande centralisation. Il est important que ce projet de loi maintienne un équilibre entre la volonté du gouvernement de valoriser la démocratie scolaire et la tentation d'un trop grand contrôle gouvernemental dans l'administration des commissions scolaires », de conclure M. Caron.

Vidéo de la réunion publique de la CLÉ du 19 février 2008

En primeur, une vidéo résumant les allocutions des différents orateurs qui avaient pris part à la réunion publique d'information de la CLÉ le 19 février 2008 à Montréal au sujet du nouveau programme obligatoire d'Éthique et de culture religieuse.



Nous avions fait, le 20 février 2008, un compte rendu de ce colloque, voir Réunion des partisans du choix en éducation à Montréal.

Nouvelles d’Espagne

Nouvelles de la lutte des parents espagnols contre l’imposition du cours d’Éducation à la citoyenneté. Cette bataille n’est, en effet, pas uniquement québécoise mais elle est internationale, car bon nombre d'États prétendent réduire la liberté sociale, en commençant par l'éducation des enfants.

La Cour suprême d’Espagne a accepté d’étudier le cas de l’objection de conscience réclamé par les parents qui s’oppose au programme d’Éducation à la citoyenneté, elle ne devrait pas statuer avant un an. Pendant ce temps, plus de 100 recours ont été présentés dans une grande partie des communautés autonomes d'Espagne (en Catalogne, au Pays Basque, en Navarre, dans la Région cantabrique, en Castille La Manche et en Asturies). Près de 34 000 parents ont fait des demandes d’exemption en vertu de l’objection de conscience.

Entre-temps, les parents espagnols continuent leur campagne d'information dans toute l'Espagne en organisant des colloques et des causeries plus informelles afin que les parents d’élèves comprennent le véritable enjeu et les conséquences liberticides liées à l’imposition du programme gouvernemental d’Éducation à la citoyenneté.


La bataille idéologique contre le programme d'Éducation à la citoyenneté que le gouvernement socialiste espagnol veut imposer se livre principalement dans six communautés espagnoles. Parmi quatre de celles-ci (Andalousie, Asturies, Aragon et Catalogne), les tribunaux se sont prononcés et ont invalidés des parties du programme, pour ce qui est des deux autres (Madrid et la communauté de Valence), les gouvernements locaux eux-mêmes ont décidé de soutenir la contestation à ce programme. En Murcie, le gouvernement n'appuie pas aussi ouvertement les objecteurs, mais il va leur concéder des avantages.

Langue de bois du Monopole de l'Éducation


Article amusant du Soleil de la semaine passée relevé par le Québécois libre.
« D’autres ministères ont élevé le jargon administratif au rang d’œuvre d’art, écrit-il, mais aucun de ceux-là ne peut rivaliser avec le charabia de luxe de notre célèbre ministère, que les initiés surnomment affectueusement MELS. À côté de lui, même le redoutable ministère de la Santé passerait pour... un enfant d’école. » Voici quelques exemples :
  • Les enfants ne vont pas vraiment à l’école. Ils « vivent une expérience scolaire et sociale ».
  • Ils ne subissent pas un échec. Ils « expérimentent une situation de non-réussite scolaire ».
  • Ils ne choisissent plus un métier. Ils suivent une « trajectoire vocationnelle ».
  • Et quand ils se chamaillent, c’est qu’« ils n’ont pas développé leurs aptitudes de résolution de problèmes » [et négligent les règles de base de l'interculturalisme à Montréal].
  • Un enfant n’est pas dissipé. Il s’est « désorganisé ».
  • L’examen devient une « expérience d’évaluation ».
  • La formation cède la place au « continuum éducatif de l’enfant ».
  • Les élèves ne proviennent pas des quartiers proches de l'école. Ils « originent de bassins d’alimentation ».
  • Les directeurs qui bénéficient de mesures de soutien deviennent des « accompagnés ».
  • N’importe qui peut discourir sur le décrochage scolaire, mais il faut l’âme d’un poète pour évoquer « les besoins des acteurs de l’accrochage scolaire ».
  • La formation reçue par un enfant devient comme par magie «une trajectoire scolaire », qui lui permet de « s’insérer socialement ».

Maintenant imaginez un élève, écrit le chroniqueur du Soleil, qui veut vous expliquer qu’il aura bientôt un examen de mathématiques, et qu’il n’a rien étudié : « Dans le langage ultrapoétique du MELS, cela donnera à peu près ceci. Nom d’un petit bonhomme ! Je dois vivre une expérience d’évaluation en mathématiques à 13h et je n’ai pas encore maîtrisé les compétences disciplinaires! Je risque une non-réussite scolaire, ce qui pourrait me faire dévier de ma trajectoire vocationnelle et compromettre mon insertion sociale harmonieuse... »

Bouchard-Taylor : la peur de la fragmentation justifie moins de libertés scolaires pour les « de souche »


On trouvera ci-dessous quelques extraits révélateurs du rapport complet de la Commission Bouchard-Taylor concernant l’école.

Un bon principe pour commencer

Commençons par un bon principe que nous partageons :
« b) l’attribution à l’école d’une mission émancipatrice dirigée contre la religion n’est pas compatible avec le principe de la neutralité de l’État entre religion et non-religion ; » (p. 20)

N'admettre aucune dérogation aux cours obligatoires

Ce passage qui se retrouve par deux fois dans le rapport nous paraît nettement plus discutable.
« Au nom de la finalité du système d’éducation, des élèves ne doivent pas être exemptés de cours obligatoires. Cependant, un élève peut être autorisé à abandonner un cours de musique pour suivre un cours équivalent s’il s’agit d’une activité optionnelle. » (pp. 21 et 180)
D’une part, nous ne pensons pas que l’État doive avoir le monopole dans la définition des programmes scolaires, les écoles privées devraient pouvoir choisir les leurs.

D’autre part, il suffit donc de rendre de plus en plus de programmes obligatoires pour que l’État puisse imposer de plus en plus ses valeurs, ou plutôt celles de ses experts et celles des lobbies qu'il voit d'un bon œil. C’est d’ailleurs exactement ce qui se passe avec le cours d’Éthique et de culture religieuse qui touche pourtant des sujets qui jusqu’à présent inspiraient la plus grande prudence : la religion et les croyances. Le gouvernement et ses experts ont décidé ce qui était bon en termes de valeurs pour tous les futurs citoyens (le gouvernement espère bien influencer les croyances et comportements des enfants sinon ce cours est inutile) et a simplement décidé de le rendre obligatoire dans les écoles publiques et – puisque les lumières de l’État doivent être diffusées, au besoin, contre la volonté des obscurantistes – dans les écoles privées confessionnelles.

Le pluralisme obligatoire pour rendre difficile toute résistance au modèle dominant
« En exposant les élèves à une pluralité de visions du monde et de modes de vie, l’État démocratique et libéral rend la tâche plus difficile aux groupes qui cherchent à se soustraire à l’influence de la société majoritaire afin de perpétuer un style de vie fondé davantage sur le respect de la tradition que sur l’autonomie individuelle et l’exercice du jugement critique. La neutralité de l’État n’est de ce fait pas intégrale. » (p. 135)
Non, un État démocratique ne doit pas par définition exposer les élèves dès leur plus tendre enfance à une pluralité de modes de vie et de visions du monde choisie par l’État pour être démocratique.

Au demeurant, ces valeurs auxquelles on expose de force les enfants sont-elles même choisies de manière démocratique ?

Car c’est là que le bât blesse, ces valeurs présentées aux élèves ne sont pas nécessairement celles de la société majoritaire, mais celles des pédagogues et autres groupes de pression considérés avec bienveillance par l’État (voir récemment l’engouement pour la spiritualité autochtone dans les écoles, les campagnes de lutte contre l’homophobie, l’altermondialisme, etc.) Ces valeurs sont en réalité celles du prêt-à-penser des « élites » éducatives et elles différent souvent de celles de la société majoritaire.

Tolérance intéressée ?

On a souvent l’impression à la lecture du rapport que la tolérance qui y est prêchée est intéressée : il s’agit d’être tolérant pour en fin de compte intégrer, enfin « métisser », les cultures – interculturalisme oblige – et non pas pour préserver une quelconque diversité considérée comme précieuse.
« Pensons ici aux jeunes sikhs, musulmans et juifs qui fréquentent l’école publique française – plutôt que l’école privée anglaise ou religieuse – où on leur permet de porter des signes religieux visibles.
[…]
En favorisant l’intégration, ces mesures contribuent aussi à l’atteinte d’autres objectifs collectifs connexes : l’apprentissage du français, la socialisation et l’interculturalisme, la cohésion sociale, l’autonomisation des femmes issues de l’immigration et en situation précaire, etc. » (p. 166)

Irénisme touchant et autocongratulation déplacée
« L’école québécoise a fait de grands pas, en effet, vers l’idéal de rapprochement et de bonne entente citoyenne axé sur l’égalité et la prévention de la discrimination. Elle a manifestement contribué à abaisser les barrières sociales en favorisant l’intégration de certains groupes racisés. La francisation a amené à l’école publique des clientèles qui, en se côtoyant et en échangeant dans la même langue, ont appris à se connaître. On en voit les résultats dans les perceptions de l’Autre, chez les jeunes Québécois d’aujourd’hui (le contraste avec les aînés est frappant, comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre). D’autres indices, fondés ceux-là sur la performance scolaire ou professionnelle, vont dans le même sens, par exemple le fait que les filles d’immigrants réussissent mieux sur le marché du travail que celles issues de familles natives. En janvier 2008, une étude du ministère de l’Éducation révélait aussi que les enfants de parents immigrés ont plus de succès en classe que les autres écoliers » (p.203)
Faut-il rappeler à MM. Bouchard et Taylor que l’école publique française a tellement bien fait son travail de rapprochement vers la société francophone que les immigrés se précipitent vers les CEGEP en anglais dès que la loi le leur permet, alors que les francophones de souche ne le font pas ? Et si la familiarité n’engendrait pas toujours le respect et l’admiration ?

Quant au succès scolaire des enfants immigrés en classe, il n’est pas certain que l’école publique québécoise y soit pour grand-chose. L’école privée francophone ou anglophone fait-elle moins bien ? Quid de l’école ontarienne ? Moins bonne que la québécoise ? Rien ne le prouve. Les bons résultats moyens des enfants d’immigrés au Québec reflètent surtout la sélection des parents et grands-parents en fonction de leurs compétences pour être admis à immigrer. En outre, les choses ne sont pas nécessairement aussi roses que veulent nous le faire penser les commissaires quand on considère le détail et qu'on considère les différents types d'immigration, trop facilement amalgamés.

Les enfants nés ou dont les parents sont nés en Amérique centrale éprouvent plus de difficultés que les autres Québécois : à peine 51 % ont obtenu un diplôme secondaire sept ans après leur entrée en première secondaire, par rapport à 72% pour les autres Québécois. Ce pourcentage chute à 43 % pour la région des Antilles et Bermudes.

Les enfants immigrés de première génération, aujourd’hui, sont nettement moins nombreux à obtenir un diplôme que les Québécois (59 % après 7 ans d'études) et redoublent plus fréquemment que tous les autres élèves y compris les immigrés de seconde génération.

Statistiquement, la situation tendrait à se corriger avec les années, mais la composition des immigrés est-elle vraiment restée la même depuis trente ans ? Est-on passé d'une immigration libanaise et vietnamienne, aujourd'hui tarie et de seconde génération, qui était bien formée ou qui valorisait fortement les études à une immigration subsaharienne, antillaise et centraméricaine « francophile » mais moins bien formée ?

Il n’y a pas lieu d’être optimiste quand on sait que les écarts de revenus se sont fortement accentués entre les immigrés et les Canadiens de souche depuis 20 ans en défaveur des immigrés ; or les conditions socio-économiques constituent un prédicteur important de réussite scolaire.

[En 1980, les nouveaux immigrants de sexe masculin qui avaient un revenu d'emploi gagnaient 85 cents pour chaque dollar de revenu d'emploi des hommes nés au Canada. En 2005, ils n'en gagnaient plus que 63. Chez les nouvelles immigrantes, les chiffres correspondants étaient de 85 cents et de 56 cents respectivement.]

Éducation à la citoyenneté
« Il y a une cinquième voie sur laquelle on n’insistera jamais assez, soit celle de l’éducation. C’est là, dès les premières années du primaire, que doit se former la sensibilité aux différences, aux inégalités, aux droits et aux rapports sociaux, ce qu’on résume en général par la notion de citoyenneté. » (p. 237)
Bien évidemment, cette éducation citoyenne obligatoire peut être l’occasion d’un formatage en règle des enfants captifs du Monopole qui pourront être soumis aux dernières modes et aux préférences philosophiques et sociales d’un petit groupe d’experts non représentatifs dont les valeurs risquent d’être « en avance » par rapport à celles de la société d’accueil et même aux valeurs des immigrés souvent conservateurs pour ce qui est des mœurs. Il suffit de penser, par exemple, à tout ce qui touche au mariage et à l’homosexualité.

On assiste simplement à une course dans la précocité pour savoir qui sera le premier à forger les représentations du monde des enfants : les parents ou l’État. MM Bouchard et Taylor penchent en faveur de l’État, car ils y voient un vecteur pour propager leur vision du monde (« l’interculturalisme ») et ainsi contrer l’influence des parents trop conservateurs qui sont relégués aux rôles de simples géniteurs payeurs.

Non aux écoles ethniques
« La question, comme on le sait, est d’actualité. Une demande, rapportée par les médias, vient d’être faite pour l’ouverture d’une école réservée aux jeunes Noirs. Il s’agirait d’une école conçue pour eux, où ils retrouveraient un sentiment de fierté, le goût de s’affirmer, à l’abri des barrières et de la discrimination (directe ou indirecte) dont ils souffrent présentement. Ces raisons sont légitimes et respectables, compte tenu des taux de décrochage scolaire chez les groupes racisés. Néanmoins, nous ne sommes pas en faveur de ce projet. Si l’État devait y donner suite, ce serait consacrer l’incapacité du système scolaire public à servir tous les citoyens. » (p. 237)
Tiens, un aveu ? L’école publique québécoise ne réussirait donc pas aussi bien que le rapport nous l’indiquait précédemment dans sa lutte en faveur de l’égalité et la prévention de la discrimination ?

Intensification de l’ « interculturalisme » à l’école, même si les « de souche » renâclent
« L’une des caractéristiques de l’interculturalisme réside dans une insistance sur l’importance des interactions pour réduire les distances culturelles. C’est là, comme on sait, un moyen efficace de prévenir ou de réduire les stéréotypes et les tensions qui peuvent en résulter. On devrait encourager ces interactions dans tous les domaines d’activité. En voici quelques exemples. À l’école, malgré tous les efforts déployés par les enseignants et les gestionnaires, des distances et même des résistances demeurent, notamment du côté des élèves issus de la société d’accueil. Les pratiques scolaires interculturelles, déjà importantes, devraient être intensifiées. » (p. 257)
Eh oui, il faut intensifier les interactions, même si les jeunes Québécois de souche se demandent pourquoi on les soumet à tant de ré-, pardon, d’éducation alors qu’ils pensaient que les immigrés devaient s’adapter à la culture et aux us locaux.

Pour le reste, la distance culturelle, le conflit même, peut exister précisément parce qu’on est forcé d’interagir avec des gens dont on connaît désormais fort bien les différences culturelles et qu’on désapprouve. Il suffit de penser à tous les Québécois allergiques à la religion pour y avoir, selon eux, trop baigné ou encore aux querelles linguistiques dans des zones bilingues entre gens qui se connaissent bien et qui ne mythifient pas un « Autre lointain, virtuel, imaginé ».

Bref, l’interculturalisme semble un remède un peu naïf aux maux identitaires, plus particulièrement quand on considère à quel point les gens veulent se distinguer et tiennent à leur identité culturelle et ethnique. À moins, bien sûr, que l’ « interculturalisme » ne consiste pas uniquement à connaître les autres pour ne plus les fantasmer, mais encore à faire en sorte que les gens taisent leurs différences et leurs préférences et n’osent plus trop les exprimer, surtout s’ils sont majoritaires.

Œcuménisme de façade, subventions aux associations ethniques
« Subventionner les groupes ethniques, célébrer les fêtes religieuses entre croyant et incroyant dans la religion en question. La célébration conjointe de fêtes religieuses entre croyants de diverses confessions, comme cela s’est fait en octobre 2007 à l’université McGill, est une autre voie à emprunter. Il faut encourager des politiques comme celle de la Ville de Montréal qui accorde des subventions à des groupes ethniques en insistant pour que les activités financées aient un caractère pluriethnique (par exemple, les Week-ends du Monde au parc Jean-Drapeau). » (p. 257)
Cet œcuménisme de façade doit-il vraiment encore être encouragé ? Le cadavre du pénible Mouvement d’animation spirituelle de la démocratie universelle des années soixante bouge-t-il encore ? Va-t-on ressortir les guitares et les chansonnettes insipides avant de pousser un grand om libérateur ? Cette hypocrisie vieux jeu est-elle vraiment nécessaire et efficace ? Rapproche-t-elle vraiment les communautés ?

Les commissaires semblent surtout songer aux Québécois de souche en écrivant ceci, car, dans leur esprit, ceux-ci ne croient sans doute plus vraiment en quoi que ce soit. Cela ne devrait donc pas leur coûter grand-chose d’assister à ces curiosités anthropologiques que sont les fêtes religieuses minoritaires. Tout cela serait pour la bonne cause : éviter la formation de ghettos alors que le Québec devient de plus en plus divers… Pour eux, cette cause vaut bien un intérêt feint ou superficiel.

Sibyllin paragraphe sur les écoles ethnoconfessionnelles et « illégales »
« Dans les conditions présentes, il est à prévoir que la demande d’écoles privées ethnoconfessionnelles va augmenter, ainsi que la demande de financement public. Cette perspective en préoccupe plusieurs pour qui une telle tendance n’irait pas dans le sens du modèle québécois d’intégration. Certains intervenants à nos audiences ont, du reste, proposé un moratoire sur le développement de nouvelles écoles ethnoconfessionnelles, le temps de réexaminer toute cette question. Nous souhaitons que le gouvernement prête attention à ces questions. Il conviendrait aussi de préciser la définition même et le statut exact de ces écoles. Par ailleurs, on devrait résoudre le problème des écoles illégales, qui entraînent la marginalisation des élèves. » (p. 260)
Les commissaires ne se prononcent pas sur les écoles ethnoconfessionnelles, car, selon leur seul prisme (« ces écoles intègrent-elles leurs élèves à l’interculture québécoise ? »), il n’est pas prouvé en réalité qu’elles marginalisent leurs élèves. Voir leur remarque : « Encore là, on doit se garder d’inférences trop faciles. Certains travaux ont montré que les élèves ayant fréquenté des écoles ethnoconfessionnelles ne souffraient pas de marginalisation. Voir P. SERCIA (2004). »

Notons qu’il n’est pas sûr comment cette intégration et cette marginalisation sont mesurées… Le taux de mariage interculturel ? Le taux de rétention des valeurs et religion des parents ?

Pour ce qui est des écoles dites « illégales », principalement les écoles évangéliques fréquentées par des Québécois de souche et des écoles juives et mennonite, on notera à nouveau que les commissaires ne se soucient pas du droit des parents à pouvoir éduquer leurs enfants selon leurs croyances; cela leur est très secondaire. Non, seule les intéresse la possibilité que ces écoles entraîneraient la marginalisation des élèves. Que proposent les commissaires ? Mystère. Si on les suit bien, il faudrait transformer ces écoles « illégales » en des écoles qui ressemblent nettement plus aux écoles publiques afin de pouvoir agir sur les jeunes enfants et les faire participer (avec qui ?) à l’interculturalisme en sapant l’influence des seuls parents. On notera le peu de tolérance et de respect des choix des parents dès qu’on peut désormais prétexter du danger de la création de « ghettos » d’immigrants. Rappelons que ces écoles « illégales » sont fréquentées par des Québécois ou des Canadiens de vieille souche qui n’ont pas posé de problèmes sociaux particuliers. Que reproche-t-on aux évangélistes ou aux mennonites ?

On comprend le dilemme des commissaires et leur silence : pourquoi ces écoles et ces communautés accepteraient-elles de devenir de plus en plus comme les écoles publiques, alors qu’elles ont été fondées pour ne pas y ressembler ?

Notons que ni les évangélistes ni les mennonites n’ont fait de demandes d’accommodements raisonnables si ce n’est peut-être pour pouvoir bénéficier de la liberté d’éduquer leurs enfants comme bon leur semble ; ce qui leur est permis ailleurs au Canada. Seule l’intransigeance du Monopole de l’Éducation qui « dialoguait » à sens unique avec ces écoles en cherchant à leur imposer ses conditions et en menaçant de faire intervenir la DPJ dans le cas des mennonites a sorti ces paisibles communautés de l’obscurité médiatique.

Promotion énergique de l’ECR (avec nos sous)
« Nous recommandons fortement au gouvernement de faire une promotion énergique du nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse qui doit entrer en vigueur en septembre 2008. Il est important que le public sache exactement ce que sont les finalités et le contenu de ce cours ainsi que la fonction indispensable que cet enseignement est appelé à remplir dans le Québec du XXIe siècle. » (p. 260)
Tiens, on va imposer ce cours sans que le public soit au courant au préalable du contenu et du but de ce programme obligatoire dans toutes les écoles, même confessionnelles ? De plus en plus curieuse, cette démocratie libérale de MM. Taylor et Bouchard.

Et si le public une fois au courant des véritables finalités n’était pas d’accord ? Et si les parents ne voulaient pas d’un programme qui vise à créer des jeunes malléables, pluralistes, qui ne croient pas trop en une religion afin d’éviter la formation de ghettos et faciliter par l’interculturalisme l’avènement d’une nouvelle culture commune québécoise dirigée par les experts et pédagogistes du Monopole ?

Comme s’il n’y avait pas moyen d’apprendre des faits sur les autres religions d’une autre manière que celle imposée par le Monopole à tous les élèves du Québec !

Les commissaires évitent de remettre en question le taux d’immigration et de mentionner les Premières nations

Enfin, notons que les commissaires dissertent pendant près de trois cents pages sur comment limiter les effets de marginalisation et de ghettoïsation, conséquences de la diversité croissante de la société québécoise due à l’immigration sans jamais proposer de limiter le taux d’immigration. Car qui veut nous faire croire que la fragmentation qui menace le Québec serait celle engendrée par les accommodements raisonnables de « Québécois de souche » devenus témoins de Jéhovah (30 000 adeptes au Québec) ou évangélistes ?

Limiter l’immigration est pourtant la manière la plus évidente de limiter cette diversité et fragmentation croissantes qu’il faut ensuite juguler par un appel constant à l’État qui saura imposer l’interculturalisme à l’école et dans le reste de l’espace public. Non, le concept de limitation de l’immigration est tabou (on ne parle pourtant pas d’un arrêt, mais de ne plus la hausser ou de la réduire légèrement). Tabou aussi son pendant : une politique familiale nataliste juste et universelle qui a l’avantage de former des jeunes mieux intégrés à la société d’accueil que les immigrés.

Rappelons qu’actuellement la société francophone majoritaire est la moins féconde des communautés québécoises. Les francophones font moins d’enfants que les anglophones, lesquels font moins d’enfants que les allophones et les Amérindiens et Inuits.

Autre sujet tabou : ces mêmes Amérindiens et Inuits alors que, s’il existe un risque de fragmentation du Québec hors de Montréal, il est bien là. Pas chez les francophones de souche trop catholiques ou trop religieux en général et qui rechignent à se soumettre de bon gré à l’interculturalisme et à l’intervention croissante de l’État auprès de leurs enfants pour en faire de « bons citoyens » tels que définis par le Monopole et ses experts.

mardi 27 mai 2008

Allemagne — Voix dissonante à la gauche de la gauche en faveur du salaire parental


« Le vent de l’Histoire souffle dans nos voiles », déclarait ce week-end le chef de Die Linke (La Gauche), la gauche de la gauche allemande, Oskar Lafontaine après ses succès électoraux. Mais c’est bien plutôt le vent de la discorde qui semble dominer le premier congrès de ce parti regroupant déçus radicaux du parti socialiste (SPD) et ex-communistes.

Christa Müller, la compagne du dirigeant, a récemment publié (voir ci-contre) dans une maison d’édition catholique un livre intitulé Ton enfant te veut – la véritable liberté de choix grâce au salaire parental, y défendant notamment l’idée d’un bon salaire parental.

Mme Lafontaine a eu, tardivement, un enfant qui a aujourd’hui 10 ans. Ses positions sur les affaires familiales ont, peu à peu, radicalement changé. Devenue mère au foyer, elle affirme que « c’est dans les familles où le père et la mère travaillent à temps partiel ou dans celles où la mère reste à la maison que les enfants se sentent le mieux ». En tant que porte-parole de La Gauche pour les affaires familiales dans le Land de Sarre, elle a commencé à prendre position contre les crèches, soulignant que « l’encadrement de l’État » ne suffit pas à socialiser les jeunes, comme le montrent « les troubles de la jeunesse en France ». Mme Müller n'a sans doute pas entendu parler de l'interculturalisme québécois, recette miracle de l'État à appliquer obligatoirement dès le plus jeune âge...

Christa Müller a annoncé qu’elle prendra la parole en faveur d’une politique nataliste à un congrès de la très conservatrice « Union paneuropéenne » à Augsbourg. Inutile de dire que Die Linke dont elle est porte-parole de la section sarroise est furieuse. Christa Müller a été accusée de développer des thèses rétrogrades « dignes de l’Église catholique », et une pétition a été lancée contre la « prime aux fourneaux ». Les invectives que lui lancent ses camarades frôlent l’exclusion du parti. Tolérants comme on l’est à gauche, de proches collaborateurs de Lafontaine semblent envisager cette éventualité.

Dimanche avait lieu le Congrès de La Gauche, à Cottbus. Pas moins de 200 délégués et fédérations ont présenté une motion réaffirmant que « La Gauche veut des crèches pour tous » tout en condamnant tout discrédit qui serait porté sur cet instrument capital de socialisation et d’émancipation des femmes.

Ce fut le texte clé du congrès, il fut adopté à la quasi-unanimité, sous un tonnerre d’applaudissements. Non sans courage, Christa Müller est montée à la tribune pour plaider la liberté de choix. « J’ai toujours compris La Gauche comme étant un parti de liberté », a-t-elle tenté de dire sous les sifflets...

Un Québécois n’aurait pas été dépaysé.

lundi 26 mai 2008

Les classes séparées pour les garçons et les filles de plus en plus à la mode aux États-Unis



Larry Cahill, membre du Centre pour la neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire à l’Université de Californie à Irvine, déclare que « Nous pouvons dire avec de plus en plus de confiance que les hommes et les femmes traitent l’information de manière différente ».

Michael Gurian, thérapeute de famille à Spokane dans l’État de Washington, précise pour sa part que « ces différences signifient que, dans une classe mixte de trente élèves, cinq à sept garçons connaîtront des difficultés alors qu’on les force à s’asseoir en silence, à lire, à beaucoup écrire tout en se tenant fort occupés. »

Chaque année voit de nouvelles statistiques alarmantes confirmer les difficultés des garçons. Alors que les filles ont fait de grands progrès en mathématiques et en sciences, les garçons continuent de trainer en lecture et, plus significatif encore, en rédaction l’écart s’est même accentué dans des tests comme ceux du NAEP (National Assessment of Educational Progress).

Les garçons sont également plus enclins à décrocher de l’école. Depuis 1970, le taux d’inscription des filles à l’université a crû trois fois plus vite que celui des garçons ; à tel point qu’aujourd’hui les filles représentent 57 % des inscrits à l’université.

« Les garçons de familles à faibles revenus s’en tirent moins bien que les filles de même niveau socio-économique » précise Judith Kleinfeld, professeur de psychologie à l’Université de l’Alaska à Fairbanks.

Les écoles et les classes séparées en fonction du sexe, une solution ?

Les chercheurs de l’université Stetson en Floride ont complété un projet-pilote de trois ans qui compare classes mixtes et classes séparées pour garçons et filles dans une école primaire voisine de l’université. Les écoliers de cette école ont été affectés à une classe mixte ou à une classe unisexe de sorte que la taille et le profil démographique de ces classes soient identiques. Les résultats de ces étudiants aux tests FCAT de Floride (Florida Comprehensive Assessment Test) sont les suivants

Pourcentage des écoliers déclarés compétents selon les tests FCAT

37 % des garçons dans les classes mixtes
59 % des filles dans les classes mixtes
75 % des filles dans les classes unisexes
86 % des garçons dans les classes unisexes

Ces écoliers avaient suivi exactement le même programme dans la même école. Cette école intègre également des écoliers ayant des troubles de l’apprentissage ou un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité. Plusieurs des élèves précédemment dits à troubles et affectés à des classes unisexes ont bien réussi les tests FCAT.

Après 4 ans d’étude, le professeur Kathy Piechura-Couture de l’université Stetson a indiqué à l’antenne de la NBC que 55 % des garçons dans les classes mixtes réussissaient les tests FCAT, alors que 85 % des garçons dans les classes pour garçons réussissaient. À nouveau, même école, même programme, même taille de classe, même profil sociodémographique.

Selon le Dr. Leonard Sax, auteur de plusieurs livres sur le sujet dont celui illustré ici, les écoles et classes séparées pour chaque sexe permettent d’abattre les stéréotypes (« les garçons sont bon en maths, les filles en poésie ») et permettent aux garçons et aux filles de transgresser ceux-ci et d’être bons dans les matières où ils ne sont pas supposés exceller. Les écoles et classes séparant les sexes permettent souvent aux filles de s’exprimer plus librement. Quant aux garçons, une pédagogie qui tient plus en compte leur besoin d’activité physique leur permettrait de mieux réussir à leur propre rythme.

Croissance des classes et écoles de même sexe dans le secteur public

Alors que les écoles ou classes séparées pour les garçons et les filles existent depuis longtemps dans le secteur privé de l’éducation aux États-Unis, le titre IX des Amendements à l’enseignement de 1972 avait en pratique interdit la création de telles classes dans le secteur public puisqu’elles étaient désormais considérées comme une forme de discrimination sexuelle et privaient les écoles en contravention de subsides.

Le titre IX a été modifié à la fin 2006 et il est désormais nettement plus facile de créer des écoles et des classes de même sexe à titre volontaire.

En 1995, il n’existait que deux écoles publiques séparant les sexes aux États-Unis. Personne ne connaît exactement le nombre d’écoles ou de classes séparant les sexes aux États-Unis, mais selon le Dr Sax, il y en aurait plus de 360 et leur nombre serait en forte croissance.

Les politiques du gouvernement du Québec sapent la famille et les communautés religieuses, contre-pouvoirs nécessaires dans une société libre

Douglas Farrow, professeur en Études religieuses de McGill, publie dans la Gazette de Montréal un article critique au sujet des politiques récentes de l'État québécois en matières d'éducation et de politique familiale 
Je me demande quand donc nous rendrons-nous compte que la situation a fondamentalement changé en Occident ? Quand concerterons-nous nos actions pour protéger nos libertés, de façon à ce qu’elles puissent être transmises à nos enfants et à la prochaine génération ?
Je pense que le nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse devrait être un signal d’alarme. Voici pourquoi.

Ce n’est pas parce que je suis contre le fait d’enseigner aux enfants, disons à des enfants plus âgés, des choses concernant d’autres religions que le christianisme. Comme j’enseigne dans une faculté de sciences religieuses, on comprendrait difficilement que je m’oppose à cela. Mais je suis contre le nouveau programme parce qu’il est même imposé aux écoles privées et confessionnelles, et même aux jeunes enfants.

Je me dresse contre ce cours parce que — ne vous y trompez pas — ce cours vise à sevrer les enfants des religions traditionnelles et de leurs engagements moraux pour leur inculquer une idéologie antipathique à ces engagements, l’idéologie dite du « pluralisme normatif ».

Le but est de leur enseigner le principe de Sheerman selon lequel la foi est acceptable tant et aussi longtemps que les gens n’y croient pas trop. Ce qui est visé, en d’autres mots, c’est de les arracher de leur communauté de socialisation de base — leurs familles et leurs lieux de culte — pour les unir dans l’État, avec l’État et sous l’État, un État qui se considère foncièrement plus important que ces familles et ces églises.

Dans un article que j’ai écrit le mois passé, je rappelais aux catholiques canadiens certaines choses que le Pape Léon XIII avait dites dans son encyclique Affari Vos (1897) sur la question scolaire au Manitoba.
  • Léon XIII souligne d'abord que l’Église catholique « se tint au berceau de l’État canadien, » et en particulier au berceau de son système d’éducation, ce qui, normalement, devrait susciter une écoute plus respectueuse de l’État sur cette question alors que nous avons à nouveau à y faire face ; et, réciproquement, il nous faut rappeler à l’Église qu’elle a encore un devoir de responsabilité en cette matière.
  • Deuxièmement, que « nos enfants ne peuvent fréquenter des écoles qui, soit ignorent, soit ont l’intention arrêtée de combattre la religion catholique, ou des écoles dans lesquelles ses enseignements sont méprisés et ses principes fondamentaux rejetés. » C’est précisément ce que le nouveau cours force nos écoles à faire, explicitement ou implicitement. « Il est nécessaire d’éviter à tout prix, comme étant les plus dangereuses, les écoles dans lesquelles toutes les croyances sont bienvenues et traitées comme des égales, comme si, en ce qui concerne Dieu et les choses divines, il n’était d’aucune importance que ce qui est cru par quelqu’un soit correct ou non et qu’il s’engage du côté de la vérité ou de l’erreur. » Mais, au mois de septembre, nos écoles feront précisément cela. Et si elles ne font pas cela, elles feront quelque chose d’encore plus dangereux : la mise en place du « pluralisme normatif » qui est un critère irréligieux pour juger la vérité et l’erreur.
  • Troisièmement, que « sans religion il ne peut y avoir aucune éducation digne de ce nom, ni quelque bien que ce soit, étant donné que la véritable nature et puissance de tous les devoirs origine des devoirs spéciaux qui lient l’homme à Dieu, qui commande, défend et détermine ce qui est bien et mal. » Comme le note Léon XIII : « désirer que les esprits soient gagnés au bien tout en les laissant sans religion est aussi insensé que d’inviter les gens à la vertu après avoir enlevé les fondements sur laquelle elle repose. »
  • Quatrièmement, que les catholiques doivent être unis, en s’élevant au-dessus des partis politiques, s’ils veulent accomplir quelque chose. Le Pape Léon XIII déplore précisément le fait que dans la situation du Manitoba, « les catholiques canadiens eux-mêmes se soient montrés incapables d’agir de concert pour la défense des intérêts qui touchent de si près le bien commun, à un moment où l’importance de ce qui était en jeu aurait dû faire taire les intérêts partisans, qui sont décidément d’un niveau plus bas. » Les choses auraient pu changer depuis cent ans, mais rien n’indique que la situation ait changé. Ici, au Québec, même nos évêques francophones ne semblent pas agir de concert.

En plus de ces orientations de Léon XIII, il ne faudrait pas oublier la mascarade au cours de laquelle nous avons perdu des droits parentaux et familiaux fondamentaux par les lois 109, 118, et 95. Stéphane Dion, à titre de ministre des Affaires intergouvernementales, déposa en 1997 une résolution permettant d’amender la Constitution de telle façon que la loi abolissant le système scolaire confessionnel puisse devenir effective. Stéphane Dion précisa à ce moment que « le droit à une instruction religieuse est toujours garanti sous la Section 41 de la Charte des droits et libertés qui possède un statut quasi constitutionnel selon la Cour Suprême du Canada ». Mais cette garantie s’avéra sans valeur. Quand la loi 95 fut présentée en 2005, la Charte québécoise elle-même fut amendée à l’insu du public, sans débat significatif et sans même qu’il y ait enregistrement d’un vote.

La version originale de la Section 41 accordait aux parents « un droit permettant d’exiger dans les établissements scolaires publics que leurs enfants reçoivent une éducation religieuse ou morale en conformité avec leurs convictions. » La nouvelle version concède seulement « un droit de donner à leurs enfants une éducation religieuse et morale conforme à leurs convictions et respectueuse des droits et des intérêts des enfants. » Tant pis pour la quasi-constitutionnalité. Et qui donc, je me le demande, déterminera ce qui est ou non dans les meilleurs intérêts des enfants ?

Il est crucial que nous comprenions comment la loi fédérale sur le mariage de même sexe, la loi C-38, a changé le terrain légal à la fois au Canada et au Québec. Contrairement à l’Article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la plus haute cour de justice du Canada a transformé le mariage en une institution qui, plutôt qu’être reconnue par l’État, appartient désormais à l’État — une institution qui est une créature de la loi civile et non celle de la loi naturelle. Le Parlement a alors redéfini le mariage de telle façon que la procréation est exclue de ses visées.

Ces changements ont mis en danger la plupart de nos droits et libertés parentaux. Ce n’est plus clair désormais, pour ce qui a trait à la loi, à qui appartiennent les enfants et qui est au bout du compte responsable des enfants. Avec l’éviction du mariage traditionnel, il n’y a plus d’institution qui témoigne clairement que la famille naturelle a des droits et des responsabilités qui ne dérivent pas de l’État, mais existent indépendamment et sont donnés à l’État. La famille ne protège plus ses membres du pouvoir de l’État et de l’autorité.

Cela a des conséquences sur la question de l’éducation. Un des droits particuliers auquel nous avons toujours été attachés, qui était, jusqu’à récemment, reconnu dans notre Constitution, est le droit d’éduquer nos enfants comme nous le souhaitons, spécialement en ce qui regarde la religion. Mais ce droit (toujours valable bien sûr) nous a maintenant été enlevé. L’État a décidé pour nous comment éduquer nos enfants, même en ce qui concerne la religion. Et pourquoi ne le ferait-il pas ? Après tout, n’est-ce pas le même État qui, la même année, fit passer la loi 95 et élimina gaiement, sous la juridiction fédérale, l’institution elle-même qui protégeait l’instance familiale naturelle et ses droits — l’institution qui disait clairement de qui les enfants relèvent ?

Au Québec, le gouvernement fait pression pour aller de l’avant avec un plan de formation de la prochaine génération, image concoctée par des idéologues professionnels qui ne se sont pas souciés de ce que les familles du Québec et les communautés religieuses pouvaient en penser. Il sait, comme un document ministériel récent le déclare, « qu’éduquer c’est, d’abord et avant tout, former un être humain. » Et il avoue que « le besoin de sécularisation de l’école publique de façon à respecter les droits de chaque personne humaine, ne signifie pas que l’école n’a plus à s’occuper du développement spirituel des étudiants. » Ainsi elle s’occupera de leur développement comme il lui semblera bon. Elle formera tous les enfants d’après une philosophie individualiste et pluraliste qui supprime et efface efficacement la conception catholique du développement spirituel.

Pensez-vous que cette prétention est exagérée ? Je peux seulement vous dire, si c’est ce que vous pensez, que soit vous n’avez pas lu soigneusement les documents exposant la politique derrière le nouveau programme, soit vous ne comprenez pas la foi catholique elle-même. La foi catholique — étant trinitaire, incarnée et ecclésiale — est précisément non individualiste ni pluraliste, ni relativiste. Elle s’intéresse à la personne plutôt qu’à l’individu. Elle cherche la communion, non l’homogénéité imposée par l’État. (Notez le mot « normatif » dans l’expression « pluralisme normatif »). La foi catholique désire la vérité et, par conséquent, reconnaît que l’erreur existe. Elle ne se réfugie pas dans le subjectivisme, comme le fait ce programme ; un subjectivisme qui voile à peine le cynisme d’une intelligentsia et d’un service public composés majoritairement de catholiques désenchantés.

Peut-être n’êtes-vous pas conscients que des sommités des deux côtés de l’Atlantique ont commencé à questionner le droit des parents à éduquer leurs enfants conformément à leurs propres croyances religieuses, même dans l’intimité de leurs propres maisons. Notre ministère de l’Éducation n’est pas allé aussi loin, du moins pas encore. Mais il est déterminé à l’’emporter sur les parents. Nos enfants seront soumis au pilonnage de la supériorité de l’individualisme sur le communautarisme ; ce qui fera de l’individualisme le nouveau communautarisme. Quel est le but ou quel est le résultat visé (par cette catéchèse individualiste), je le demande, sinon d’isoler les enfants des communautés — familiales et religieuses — qui relativisent l’État et ses institutions ? Qui nuancent leur dépendance et allégeance envers l’État ? Bref, ce qui fait une société libre ?

D’autres personnalités éminentes (et cela ne devrait pas nous surprendre) ont commencé à remettre en question le droit des organisations religieuses comme telles, et pas seulement leurs écoles privées, à agir librement comme organismes de charité si leurs enseignements et pratiques ne sont pas conformes à l’idéologie actuelle de l’État. Que les croyances et les pratiques de ces mêmes organisations religieuses aient présidé à la fondation de ce même État et de son progrès, et sont à la racine de son histoire et de son organisation ne semble guère compter. La nouvelle image doit l’emporter ; elle doit à tout prix configurer le visage de la nouvelle génération. Les principales sources de résistance à cette image doivent être neutralisées sinon éradiquées. Et la cible principale n’est pas, comme l’imaginent certains, l’islam radical, qui importe, il est vrai, chez nous des idées et des pratiques antagonistes à notre ordre social et à son histoire. La cible essentielle est le christianisme, plus particulièrement le catholicisme.

Ceci peut paraître alarmiste, mais, bien franchement, je veux sonner l’alarme. Je pense que nous devons comprendre le contexte dans lequel le combat sur le nouveau programme s’inscrit et qu’il est désormais impossible de ne pas prendre parti dans cette bataille.

Difficultés scolaires des garçons aux États-Unis – les chiffres

Les garçons connaissent souvent plus de difficultés scolaires que les filles, quelques chiffres des États-Unis :
2,5   Le nombre de fois qu’un garçon risque une retenue comparé à une fille.
3,4Le nombre de fois qu’un garçon risque d’être renvoyé comparé à une fille.
66 % Le pourcentage arrondi des élèves en difficulté qui sont des garçons.
10 %Le pourcentage approximatif des garçons qui ont des troubles d’apprentissage, compare à 6 % de filles.
2,5Le nombre de fois qu’un garçon risque d’être diagnostiqué avec un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité comparé à une fille.
3La différence entre les taux de progression d’inscription à l’université entre les femmes et les hommes depuis 1970 ; le nombre d'étudiantes croît nettement plus vite.
57 %   Le pourcentage d’étudiants universitaires qui sont des femmes.

dimanche 25 mai 2008

Campagne publicitaire simultanée de la CLÉ dans six quotidiens québécois

Le jour même où les commissaires Bouchard et Taylor recommandent au gouvernement de faire une « promotion vigoureuse » du nouveau cours imposé par l’État d’Éthique et culture religieuse, la Coalition pour la liberté de choix en éducation se paie d’énormes publicités dans six journaux de Montréal et de Québec. La CLÉ qui regroupe des parents catholiques, protestants, orthodoxes et athées rappelle aux « Parents, c’est à vous de choisir, pas au gouvernement ! »

Ces publicités de grande taille font écrire à Mme Louise Leduc de La Presse de Montréal que « La Coalition pour la liberté de choix en éducation [...] a manifestement les moyens financiers de ses ambitions ».

La publicité comprend également le formulaire d’exemption à ce cours conçu par la CLÉ, on y invoque l’article 222 de la Loi sur l'instruction publique. Rappelons que ce même article était celui invoqué par les parents athées qui ne voulaient pas envoyer leurs enfants à un cours d'enseignement religieux.

Toutes les exemptions refusées, l’ordre vient d’en haut !

Jusqu’à ce jour, les demandes d’exemption reçues dans une demi-douzaine de commissions scolaires de la Rive-Sud de Montréal, de l’Estrie et du Lac-Saint-Jean ont toutes été refusées. Les demandes en révision n’ont pas eu davantage de succès. Notons que cela n’est absolument pas étonnant puisque, d'une part, la ministre Courchesne a indiqué très tôt à tous les fonctionnaires et commissaires qu'elle refuserait toutes les demandes d’exemption et, d'autre part, comment imaginer que le Monopole de l’Éducation, une nouvelle fois juge et partie, accorde une dispense pour un nouveau programme motivé idéologiquement et que la ministre imagine être la seule réponse adéquate pour formater les futurs élèves dans un Québec « de plus en plus divers ». « On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d’orteils » devait déclarer Mme Courchesne, le 18 avril 2008 au Soleil, pour justifier son intransigeance et son zèle dans ce dossier.

Bientôt en cour supérieure ?

Lorsque tous les recours administratifs auront été épuisés, Me Jean-Yves Côté, membre de la Coalition et père de trois enfants, veut se rendre en Cour supérieure avec une demande de contrôle judiciaire. « Le Code civil prévoit que les parents sont responsables de l’éducation de leur enfant, précisait Me Côté au Soleil. Et la déconfessionnalisation des structures n’a jamais voulu dire qu’on devait se faire enseigner une religion d’État et qu’on perdait la liberté de conscience et de religion ! »

Si la CLÉ ne parvient pas à se faire entendre sur le fond du dossier d’ici la rentrée scolaire, elle demandera des exemptions temporaires pour soustraire les enfants au nouveau programme.

Qu’a la ministre contre le cours de religion chrétienne ?

Antoine Malek, porte-parole de la Coalition, n’admet pas que le ministère de l'Éducation ait imposé à tous les élèves ce cours sans véritable consultation indépendante et sans se préoccuper du fait que les enseignants devront se présenter devant les enfants avec une formation minimale « d'à peine huit heures ». M. Malek s’est exclamé à la journaliste de La Presse qui l’interrogeait : « Qu'a donc la ministre Michelle Courchesne contre le cours de religion chrétienne ? »

« Soirées de propagande » payées par le contribuable

Le Monopole de l’Éducation tiendra deux soirées d’information sur le programme d'ECR dans la région de Québec dans les jours à venir : le lundi 26 mai au soir au Collège Saint-Charles-Garnier et le lendemain, mardi soir, à Lévis à l’école secondaire Les Etchemins. La Coalition entend répondre à ce qu’elle qualifiait au Soleil de Québec comme des « soirées de propagande » par une conférence le 9 juin au Montmartre canadien à 19 h 30.

Darcos contre Zemmour



Xavier Darcos, le ministre de l'éducation nationale, a mis beaucoup d'eau dans son vin depuis 2000 quand il écrivait dans L'art d'apprendre à ignorer que les jeunes d'aujourd'hui, ballotés par les lubies du moment, sont plongés dans un savoir émietté, lacunaire et instable. Il stigmatisait alors les nombreux théoriciens — qui n'ont parfois jamais enseigné — qui tâchent, contre l'évidence, de démontrer l'élévation du niveau des connaissances scolaires parfois en ajustant les résultats au bac pour atteindre les résultats commandés par le Plan.



Concernant la Finlande championne du palmarès PISA, tests internationaux faits auprès de jeunes de 15 ans : l'efficacité de l'autonomie des élèves plus âgés des lycées finlandais, vantée par M. Darcos, ne fait l'objet d'aucune étude internationale comparative comme les tests PISA ou ceux du PIRLS. On ne sait pas si elle est bénéfique ou non, si elle est plus efficace que les classes structurées.

Question subsidiaire : à l'écoute de cet entretien qui évite les sujets qui fâchent (composition de l'immigration et effets sur les résultats, poids des syndicats, comment combattre la dévalorisation des diplômes, coût astronomique de l'Éducation nationale par rapport au privé, etc.), en quoi M. Darcos est-il un ministre de droite ?

samedi 17 mai 2008

Tout ça pour ça ? Les ethnies se replient malgré le multiculturalisme imposé à tous par le Monopole ?

On comprend que l’immigration croissante ait pu plaire à certains « laïques » et autres athées du Québec adeptes du multiculturalisme.

On allait pouvoir prétexter de la diversité croissante, à Montréal surtout, pour imposer à tous les Québécois un programme d’histoire qui sacrifie au prêt-à-penser multiculturel le plus affligeant et un autre d’éthique et de culture religieuse relativiste. Pourquoi ? Parce que. Parce qu’« on en était rendu là » comme l’avait si éloquemment expliqué un ancien ministre de l’éducation du Québec en 2005. Évidemment, il s’agissait d’un bon tour joué aux prétendus extrémistes et autres rétrogrades qui auraient encore voulu qu’on enseigne qu’une religion particulière était la bonne sans que l’État instille le doute par un cours relativiste obligatoire imposé à tous les enfants.

Pour la bonne cause laïciste et relativiste, il avait fallu modifier – sans que cela soit jamais au programme d’un parti lors d’une élection – la constitution canadienne (article 93) pour éliminer d’importantes protections offertes aux parents catholiques et protestants, amender l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés pour limiter le rôle des parents dans le choix de l’éducation de leurs enfants et leur droit à des programmes scolaires qui respectent leurs croyances et convictions. Les professeurs ne pourront plus bénéficier de l’article 20 de la Loi sur l’instruction publique et refuser de donner le cours d’éthique et de culture religieuse. Les écoles prétendument privées au Québec (même celles qui ne reçoivent aucun subside) devront enseigner ces programmes controversés.

Eh, bien. S’il s’agissait de s’assurer que l’école québécoise serait plus diverse à Montréal en éliminant partout d’anciens droits et libertés religieuses, il semble que toutes ces contraintes et pertes de droits furent en vain. Rappelons que les écoles publiques protestantes et catholiques étaient déjà diverses et qu’aux États-Unis les écoles catholiques privées sont souvent plus diverses que les écoles publiques qui le plus souvent recrutent dans un bassin géographique homogène.

Vaines toutes ces libertés perdues. En effet, on assiste désormais à une demande d’écoles ethniques au Québec, loin du relativisme officiel. Chaque communauté culturelle et ethnique – et le gouvernement s’assure que leur poids augmente chaque année – semble vouloir ses écoles. Foin de l’assimilation et de l’intégration. Vive les racines semblent dire ces immigrants. Rappelons que le Québec est déjà la province qui assimile linguistiquement le moins vite les immigrés. Ils semblent hésiter à se défaire de leur langue dans un milieu où le français n’est pas hégémonique et l’anglais est encore très utile. Il y a fort à parier que les choses n’iront guère mieux en matière de valeurs culturelles alors que les immigrés renforceront leur poids et que la majorité francophone vieillit rapidement et que ses enfants sont déjà minoritaires dans certaines écoles montréalaises et le deviendront de plus en plus.

Isolement des communautés ethniques symbolisé cette semaine par un projet d'école « afrocentriste » qui est sur le point d’accoucher à Montréal. Des représentants de la communauté noire soumettront la semaine prochaine un projet d'école publique anglophone faisant une place importante à la promotion du patrimoine africain.

Selon ses concepteurs, l'école afrocentriste permettrait de redonner une fierté aux jeunes noirs déconnectés de leur héritage culturel. Elle encadrerait mieux les jeunes et contribuerait à lutter contre le décrochage scolaire, qui frôle les 50% chez les élèves noirs au secondaire.

Il existe déjà deux autres primaires publiques anglophones à Montréal qui offrent des projets pédagogiques à caractère ethnoculturel; l’une se concentrant sur la culture italienne et l'autre sur la culture juive.

Le maire de Côte-Saint-Luc, Anthony Housefather, caresse également l'idée de proposer une école secondaire qui se distinguerait par une offre en études juives.

« Ces deux écoles sont très populaires. Des parents campent même dans la cour d'école au moment de l'inscription, ce qui est plutôt rare puisque notre commission scolaire a perdu quelque 800 élèves l'an dernier », précise M. Cohen, porte-parole de la commission scolaire anglophone de Montréal.

Sources : La Presse et Le Devoir.

vendredi 16 mai 2008

À propos de l'examen d'écriture du MELS

Billet amusant du Professeur masqué sur l'examen d'écriture du MELS.

Extraits :
Comme l'ont relevé certains articles de La Presse, la réussite à certains critères de cette épreuve atteint des proportions similaires aux élections soviétiques. Mais comment expliquer un tel succès alors que certains jeunes peinent pourtant à écrire correctement leur langue maternelle?

C'est bien simple: cet examen est conçu pour être réussi par le plus grand nombre possible d'élèves, qu'ils sachent écrire correctement ou pas. L'important, c'est de décerner des diplômes et d'envoyer les petits sur le marché du travail. Pour les autres, des cours de rattrapage sont prévus au cégep et même à l'université. Rattrapage après 13 années d’enseignement du français et deux épreuves ministérielles qui sont supposées valider la maitrise de la langue…

[...]

Une formule gagnante : le cahier de préparation

Afin de s'assurer que le plus grand nombre d'élèves réussissent cet examen, on leur confère certains avantages majeurs.

On remet tout d'abord un cahier de préparation aux élèves. Ce dernier contient des textes à partir desquels ils devront écrire un texte argumentatif d'environ 500 mots.

Le gag, si c'en était drôle, c'est que ce cahier révèle immédiatement une partie du sujet qui sera abordé. Cette année, par exemple, il y avait de fortes chances que le sujet porte sur la gestion des déchets. Pourquoi? Tout d’abord le titre du cahier est «Parlons poubelles!» Ensuite, il écrit dans le cahier qu’une partie du sujet portera sur ce sujet:

«Au cours des prochains jours, on vous demandera de réfléchir et de prendre position, en tant que jeune citoyen ou citoyenne, sur la gestion des déchets au Québec.»

On suggère même à la même page des activités qui pourraient servir à l’écriture du texte:
«La première vous amène à prendre conscience du problème de l’élimination des déchets. La deuxième vise votre gestion écologique des déchets dans le quotidien. La troisième vous propose certains textes sur cette problématique et ses différentes dimensions telles la réduction, la réutilisation, le recyclage, la valorisation des matières résiduelles, etc.»

Et devinez finalement quel a été le sujet de rédaction? Donnez votre opinion sur les mesures mises en place pour gérer les déchets. Quelle surprise!

L'avantage pour l'élève est donc qu'il pourra écrire une partie de son texte et l’apprendre par coeur, anticiper les aspects de celui-ci, ses arguments, etc. On voit ainsi des élèves qui 50% dans l’année bondir à 75% au ministère.

[...]

Ce cahier est évidemment remis aux élèves qui peuvent le travailler pendant près d'une semaine avec un ami, un parent. Quoi de mieux d’ailleurs qu’un parent enseignant de français quand vous êtes Fille masquée! On ne mesure donc pas la capacité des élèves à comprendre des textes, mais plutôt leurs habiletés sociales ou leur entourage familial.

Dans ma classe, les forts se sont regroupés entre eux et n’ont admis qu’un petit nombre d’élèves en difficulté au sein de leur cénacle. Sur quelle base aurais-je pu les obliger à faire autrement? Soyez gentils… Vous me faites de la grosse pé-peine, là…

[...]

Une autre formule gagnante : la feuille de notes

Afin de pouvoir utiliser des arguments solides et précis, on permet à l’élève de retranscrire sur une feuille de notes les extraits tirés des textes qu’il juge pertinents.

Il peut aussi ajouter certains éléments afin de l’aider dans sa correction comme en fait foi cette consigne :

«Après avoir lu et annoté les textes, inscrivez les éléments d’informations susceptibles de soutenir votre argumentation : mots-clés, citations et références, positions d’experts, schémas et définitions. Vous pouvez également y noter des éléments qui vous seront utiles pour vérifier et améliorer la qualité de votre texte (vocabulaire, syntaxe, ponctuation, orthographe d’usage et grammaticale, organisateurs textuels)».

Un élève futé pourra toujours caché au sein de sa feuille de notes des informations qui seraient interdites. De toute façon, à toutes fins pratiques, ces feuilles ne sont pas vérifiées efficacement. Certaines contiennent de milliers de mots, vous imaginez le travail!

Elles ne sont pas envoyées au MELS, le prof qui surveille l’examen n’a souvent aucun idée de ce qu’on doit y retrouver et les zélés comme moi qui demandent à avoir la possibilité d’être libéré pour vérifier les feuilles de notes de ses élèves se heurtent parfois à une direction qui trouve que ça coûte cher.

[...]

Dictionnaire et grammaire

Il faut aussi savoir que les élèves rédigent leur texte en ayant la possibilité de consulter un dictionnaire et une grammaire. On s’étonne toujours du nombre de fautes qu’ils commettent quand on sait qu’ils ont droit à ces deux outils.

[...]

Et pourquoi ne pas faciliter les choses!

On compare souvent les résultats des élèves d’une année à l’autre. Mauvaise idée! En effet, cette comparaison est fautive parce que le MELS change les conditions dans lesquelles celui-ci est administré.

Par exemple, l’année dernière, on a allongé de 15 minutes le temps dont peuvent bénéficier les élèves parce qu’on a remarqué que plusieurs d’entre eux manquaient de temps. Au lieu de remarquer qu’ils étaient plus faibles et que l’épreuve les dépassait, on leur facilite les choses!

De même, cette année, sans avoir averti les enseignants, le MELS a décidé de permettre aux élèves de pouvoir retranscrire des marqueurs organisationnels sur leur feuille de notes. Au début, ils ne m’ont pas cru quand je leur ai annoncé la nouvelle tellement elle semblait incroyable.

L’impact d’une telle décision est évidemment que les choses seront plus faciles pour nos jeunes puisqu’ils pourront écrire les organisateurs textuels suivants :

Devant ce problème
Pour ma part,
Premièrement
En effet
C’est-à-dire
Par exemple
En fait
Il faut
Deuxièmement
Ainsi
En d’autres mots
Pour conclure
En premier lieu
En second lieu


Ajoutez à cette liste les mots-clés, les citations et références, les positions d’experts, les schémas et définitions de vocabulaire, les éléments de syntaxe, de ponctuation, d’orthographe d’usage et grammaticale et vous obtenez rien de moins qu’un texte à numéros.

Dur, dur d’échouer…

Mme Courchesne « serre la vis » et « renforce son autorité »... Quelle surprise !

La Presse titrait au sujet des « conventions de partenariat » que la ministre du Monopole de l'éducation, Mme Courchesne, veut imposer aux commissions scolaires qu'elle « serre la vis ». Le Devoir, pour sa part, parlait du fait qu'elle « renforce son autorité »...

Mme Courchesne serait autoritaire et aurait une tendance à la centralisation ? Allons donc, les mauvaises langues ! Cela ne lui ressemble pas du tout, entêtée et sans tact, d'accord. Mais pas autoritaire quand même !

Ah, ben si, apparemment, le Devoir avait déjà utilisé « serrer la vis » au sujet de Mme Courchesne en parlant de cette grande priorité — surtout quand on la compare aux bagatelles que sont le haut taux de décrochage et la violence dans les écoles — qu'est l'obligation qui serait faite aux rares écoles juives orthodoxes de se conformer complètement au programme unique d'instruction imposé par Mme Courchesne. Rappelons qu'à l'époque le Devoir n'avait pas jugé bon de demander ce qu'en pensaient les personnes concernées : les parents et professeurs de cette communauté hassidim installée depuis près de 60 ans au Québec. Mais Le Devoir est un grand journal objectif.

Mais bon, il est vrai que Mme Courchesne avait déjà déclaré qu'elle refuserait d'office toutes les demandes de dispense du cours d'éthique et de culture religieuse, alors que les commissions de révision des commissions scolaires n'avaient même pas encore statué et que les griefs des requérants n'avaient même pas été entendus. Une première en matière de droit. D'aucuns avaient alors parlé d'« abus de pouvoir » qui motiverait chez un ministre plus scrupuleux une démission.

L'école, havre de socialisation — 13 % des crimes des adolescents y sont commis

Parmi les missions que le Monopole de l'Éducation a données à l'école, on retrouve :
« — l'école doit socialiser et préparer aux rôles sociaux de la vie adulte »
Le terme est défini dans le Rapport final des états généraux en 1996 :
« Socialiser est une autre finalité de l'institution scolaire. Celle-ci doit transmettre les valeurs qui fondent notre société démocratique (l'égalité, les libertés fondamentales, le respect de l'autre, la justice, la coopération, la solidarité) et le respect des institutions communes tout en demeurant un lieu d'exploration des valeurs. Elle prépare les individus à l'exercice de la citoyenneté en leur apprenant leurs droits et leurs devoirs, le respect des règles communes et l'ouverture à la diversité. L'école est aussi le creuset d'une société démocratique par sa fonction d'égalisation des chances et sa contribution à la cohésion sociale. Elle ne doit pas négliger ce volet de sa mission, sous peine d'être elle-même un agent de fracture sociale. (Rénover notre système d'éducation : dix chantiers prioritaires, p. 5) »
Passons sur le fait que d'éminents chercheurs reprochent à l'école d'infantiliser les adolescents en les regroupant par classe d'âge (pour des raisons d'efficacité et non de qualité) et en les coupant des adultes.

Ne revenons pas sur cette socialisation qui justifie l'imposition de valeurs parfois fortement teintées de correctivisme politique multiculturel et relativiste comme dans le cas des nouveaux programmes d'histoire et d' éthique et de culture religieuse, socialisation qui sert également de prétexte pour interdire tout bonnement l'éducation à la maison en Allemagne.

Loin des pétitions de principe grandiloquentes du Monopole, voyons simplement les faits que révèle la dernière étude Criminalité chez les jeunes de Statistique Canada

Environ 1 crime sur 10 commis par les jeunes survient sur les terrains d'une école
« En 2006, environ 1 crime sur 10 commis par les jeunes s'est produit sur les terrains d'une école, les voies de fait étant les plus fréquentes (27 %), suivies des infractions relatives aux drogues (18 %). Une arme était présente dans environ 7 % des crimes perpétrés à l'école. Il s'agissait d'une arme à feu dans moins de 1 % de tous les crimes perpétrés à l'école. »
Le rapport détaillé précise :
« L’inquiétude constante que suscitent le taxage et la violence à l’école fait en sorte que les crimes commis par les jeunes sur les terrains des écoles constituent un sujet d’intérêt croissant. En 2006, environ le dixième (13 %) des infractions au Code criminel (sauf les délits de la route) et des infractions relatives aux drogues commises par des jeunes ont été perpétrées sur les terrains d’une école. À peu près les trois quarts (73 %) de ces crimes ayant été signalés à la police se sont produits pendant les heures d’activités scolaires surveillées, alors qu’environ le quart de ces crimes ont eu lieu après l’école. Toutefois, étant donné l’absence d’élèves, d’enseignants ou d’autres membres du personnel, les crimes commis en dehors des heures de classe seraient plus susceptibles de n’être ni détectés ni signalés que ceux ayant lieu pendant les
heures de classe.
[...]

les taux de crimes commis par des jeunes à l’école ont généralement augmenté. Selon les données déclarées par la police, les taux d’infractions au Code criminel et d’infractions relatives aux drogues commises par des jeunes à l’école étaient 27 % plus élevés en 2006 qu’en 199811. Cette augmentation est attribuable en partie à la hausse de 18 % du taux d’infractions au Code criminel commises par les jeunes à l’école, ainsi qu’au bond de 66 % du taux d’infractions relatives aux drogues. »
Aucune donnée publiée sur les différences intraprovinciales

L'étude complète ne ventile pas les résultats du Québec. Où les violences perpétrées à l'école ont-elles lieu ? Dans les écoles urbaines, de banlieue, rurales ? Dans les réserves indiennes ? Dans les écoles juives, francophones, mennonites, évangéliques, privées, publiques ?