mardi 13 juillet 2010

Cours ECR serait à l'origine de la faillite de la maison Fides

Le cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) serait à l'origine des déboires de la maison d'édition Fides, qui a annoncé mardi s'être placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.

C'est du moins ce qu'a affirmé le directeur de l'entreprise, Michel Maillé à la Presse Canadienne : « On a pensé, à l'époque, que c'était une bonne idée de produire du matériel pour ce cours. [...] Pour toutes sortes de raisons, cela s'est avéré très décevant, l'investissement a été très lourd et les retombées ont été minimes », a-t-il expliqué.

Ainsi, la maison d'édition a investi 1,5 million $ dans la production de manuels et de guides pour le cours enseigné dans les écoles primaires et secondaires de la province. Fides a également publié deux livres qui faisaient l'éloge du cours imposé d'ECR : Éthique, culture religieuse, dialogue. Arguments pour un programme de Georges Leroux et École, religions et formation du citoyen : transformations au Québec (1996-2009) de Stéphanie Tremblay. Georges Leroux a également participé à l'élaboration des manuels ECR de Fides. Enfin, rappelons que Guy Durand avait proposé son livre critique du programme ECR à Fides, son éditeur de longue date, mais que cette maison avait refusé de le publier. L'ouvrage a été publié par les éditions Guérin qui, aux dernières nouvelles, se portent bien financièrement.

Cependant, la concurrence d'autres maisons d'édition et les critiques formulées envers le cours par le milieu de l'enseignement et les parents d'élèves ont nui aux ventes dans les écoles, ce qui a empêché Fides de récupérer sa mise.

« Je pense qu'il y a beaucoup d'écoles qui hésitent à faire des achats sans trop savoir ce qu'il va advenir du programme [d'éthique et de culture religieuse] », a ajouté M. Maillé.

Les dernières statistiques de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec dans le secteur du livre indiquent que la part de marché des éditeurs québécois n’a pas fléchi, ce qui constitue une bonne nouvelle ; la littérature générale n’a pas perdu de terrain, au contraire. Ce sont les éditeurs scolaires, un secteur traditionnellement solide, qui s’affaiblissent. L’édition scolaire est un secteur dangereux : les maisons conçoivent et impriment des manuels, soumis en période d’essai à la bienveillance des enseignants qui en éprouvent la qualité en classe. Les changements de programme sont également des aléas constants, la remise en cause du programme ECR par le PQ et l'ADQ agit enfin comme une épée de Damoclès qui décourage l'achat de manuels.

Fides devra présenter d'ici le 30 août un plan de restructuration à ses créanciers, pour indiquer comment elle compte redresser ses finances. Un délai peut être accordé, advenant que le plan de redressement de l'entreprise ne soit pas tout à fait au point.

L'éditeur avait annoncé à la fin du mois de juin le licenciement de 13 employés. Ceux-ci quitteront leurs fonctions le 30 août prochain, après le préavis de huit semaines exigé par la loi, a indiqué M. Maillé, précisant qu'ils travaillent dans tous les secteurs d'activités de l'entreprise.

Le non-renouvellement par l'Université de Montréal d'une entente conclue avec Fides pour la gestion de ses éditions a également contribué aux déboires financiers de la maison d'édition montréalaise.

M. Maillé a, par ailleurs, bon espoir de s'entendre avec d'autres entreprises du secteur de l'édition pour assurer l'avenir de l'entreprise. Il a notamment indiqué être en pourparlers avec quatre éditeurs, mais n'a pas voulu préciser lesquels. Il y a quelques jours Le Devoir mentionnait parmi les acheteurs potentiels Bayard Canada, propriété d'une autre congrégation religieuse, de même que les éditions de Mortagne.

Fides, qui emploie présentement 21 personnes, est l'une des plus importantes maisons d'édition au Québec. L'éditeur Fides, autrefois propriétaire d'immeubles, de presses rotatives et d'un réseau de distribution possède encore un catalogue qui compte plus de 2 000 titres, certains considérés comme des classiques de la littérature québécoise. C'est un des catalogues les plus riches au pays. Fides a été fondée en 1937 par le père Paul-Aimé Martin.




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