vendredi 26 juillet 2024

Crise du logement au Portugal, le Portugal durcit sa politique migratoire

Le Portugal durcit sa politique migratoire et adapte son régime de visas dorés pour faire face à la crise du logement.

Des milliers de personnes manifestent à Lisbonne pour le droit au logement (avril 2023)

L'afflux de immigrants au Portugal n'a pas seulement contribué au récent succès électoral de la droite, il a également exacerbé un problème sociétal de longue date. Les programmes de visas dorés mis en place par le Portugal pour permettre aux riches ressortissants de pays tiers, y compris d'anciennes colonies portugaises, d'accéder à l'UE, ont contribué à une importante crise du logement. La disponibilité de logements abordables pour les citoyens a été considérablement réduite, les immigrants étant les plus touchés par ce problème. Nombre d'entre eux ne parviennent pas à trouver un logement et sont contraints de vivre dans la rue ou dans des chambres surpeuplées, les loyers élevés et les prix de l'immobilier liés au tourisme ne faisant qu'aggraver la situation.

Le gouvernement minoritaire dirigé par Luís Montenegro (gauche sociale démocrate) prévoit de s'attaquer à ces deux problèmes en mettant en place des politiques d'immigration plus strictes et en améliorant le système des visas dorés afin de garantir de meilleures conditions de vie aux immigrants en situation régulière.

Renforcer les règles pour les personnes à la recherche d'un emploi

Le nombre de migrants au Portugal a augmenté de 33 % en 2023. Selon les données du gouvernement, entre 800 000 et un million de personnes vivent dans le pays, ce qui représente environ 10 % de la population totale.

Les immigrant soccupent souvent des emplois précaires et perçoivent des salaires inférieurs.

Le système actuel permet aux citoyens étrangers entrés au Portugal avec un visa touristique de trouver un emploi et de demander un permis de séjour. Or, le gouvernement prévoit d'introduire de nouvelles règles obligeant les étrangers cherchant un emploi dans le pays à demander un visa de travail auprès d'un consulat portugais avant leur arrivée.

En outre, le ministre a expliqué que le gouvernement entendait renforcer les contrôles aux frontières, mettre en place une équipe spéciale chargée de traiter rapidement plus de 400 000 demandes de visa et investir dans des centres répondant aux besoins immédiats des immigrants en situation de vulnérabilité.

« Le Portugal a besoin d'une immigration régulée », a déclaré Leitao Amaro lors d'une conférence de presse.

Le « visa doré » remplacé par le « visa solidaire »

En 2012, le Portugal a mis en place le programme « Visa en or », qui permettait aux ressortissants de pays non membres de l'UE d'obtenir un visa de séjour européen en investissant dans le pays. Cette initiative a permis de percevoir plus de 7,3 milliards d'euros, mais a également contribué à une crise du logement touchant à la fois les citoyens et les immigrants.

Le gouvernement prend des mesures décisives pour remédier à la crise du logement induite par le régime des visas dorés.Il modifie le régime et instaure un nouveau "visa solidaire".

L'objectif est d'accroître la disponibilité des immeubles résidentiels pour les citoyens et les immigrants, et d'atténuer ainsi la crise du logement.

Dans le cadre du régime adapté, les étrangers fortunés souhaitant obtenir des droits de résidence auront la possibilité d'investir dans des fonds, de contribuer à des projets culturels ou de recherche, ou de créer des emplois en investissant dans des logements abordables pour les ressortissants portugais ou les immigrants.

Pauvreté et cherté des loyers

Les loyers ont augmenté d'environ 65 % entre 2015 et 2024, tandis que les prix de vente ont grimpé en flèche à un rythme plus de deux fois supérieur, selon des spécialistes locaux des données sur le logement cités par Reuters.

Le Portugal a l'un des revenus moyens les plus bas d'Europe occidentale, avec des salaires mensuels avoisinant les 1 200 euros à la fin de l'année 2023. Les migrants gagnent souvent encore moins, les Brésiliens - qui représentent 40 % de la communauté migrante du Portugal - gagnant environ 20 % de moins, selon l'Observatoire des migrations.

Voir aussi

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Canada n’arrive pas à créer assez d’emplois pour tous les gens qui décident d'y venir 

Le Canada, 3e pays où les ménages sont les plus endettés

Près de 40 % des Ontariens envisagent de quitter la province en raison du coût du logement

La crise du logement, l’immigration massive et l’autoritarisme qui vient (pour notre bien, bien sûr)

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Logements réservés aux minorités ethniques : « C'est pas discriminatoire. C'est fait pour des clientèles ciblées »

 

Cérémonie d’ouverture uniquement des Jeux Olympiques de Paris (m à j)

Travelo barbu se trémousse dans la pluie:
La république française évoquée (Marie-Antoinette décapitée) lors de la cérémonie d'ouverture.  
La Sainte Cène de Léonard de Vinci à la mode travelo    

Trio multiracial (deux hommes de couleur, une femme blanche) qui s'embrasse et s'apprête à passer à l'action (oui, oui, cela faisait partie du «spectacle»)
 


À Moscou en 1980, c'était en russe et en français :

Heureusement, il y a eu Céline Dion...




 
Il y a 100 ans, les Français vivaient la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en français (uniquement).

Documentaire intéressant mais orienté sur les J.O. de 1924 :



(Le documentaire, très politiquement correct et féministe, aime à dire que la décennie des années 20 est celle des femmes « libres et audacieuses », c'est surtout celle de femmes jeunes sans homme, la guerre a tué 20 % des hommes français de 20 à 44 ans. Pour ne rien dire du million d'invalides, mutilés et des gueules cassées. La concurrence était donc rude (pardon audacieuse) entre femmes pour attirer les jeunes hommes valides. Les restrictions sévères contre la contraception s'expliquent par l'hécatombe de la Guerre et la chute vertigineuse des naissances qui s'en est suivie, il manquait déjà des millions d'enfants en 1920...)

. Effet de la guerre de 1914-1918 sur la structure par âge et par sexe de la France métropolitaine (frontières d’avant-guerre) : pyramides des âges attendues en 1920 avec (rouge) et sans la guerre (vert).

Entretemps en 2024, la Macronie parle franglais, voire anglais à Paris pour les Jeux Olympiques.

Full speed ?


  Messages sans correspondance ou traduction en français:

 

etc.

Le colistier de Donald Trump, J.D. Vance, prônait en 2021 davantage de poids électoral aux parents avec enfants

Le colistier de Donald Trump, JD Vance, estimait en 2021 que les Américains sans enfants devraient « faire face aux conséquences et à la réalité » et ne pas avoir « le même poids électoral » dans la démocratie.

Vance: « Donnons le droit de vote à tous les enfants de ce pays, mais confions ce droit de vote aux parents de ces enfants ».

Il est évident que cette proposition va agacer bien des gens et qu’il faudrait sans doute la moduler (1 voix par adulte et par enfants ?). Mais Vance s’attaque à un problème réel.

Les personnes âgées sans enfants qui réclament de l’argent à l’État (les soins de santé très coûteux de leur vieillesse sont ainsi surtout payés par les jeunes contribuables, il en va de même des infrastructures comme les routes) constituent un problème classique de resquille ou de parasitisme. Cette situation ne peut être maintenue indéfiniment. La chute du taux de natalité et la demande croissante émanant des personnes âgées pèsent déjà lourdement sur les finances des États occidentaux qui ont mis en place un État providence. L’immigration massive ne résout guère le problème fiscal, car les immigrants sont relativement âgés, font peu d’enfants au Canada en moyenne, et sont demandeurs nets de soins de santé et d’aide sociale, plus particulièrement pendant les premières années de leur séjour.

Les gens sans enfants veulent le beurre (ne pas consacrer de temps ni d’argent aux enfants) et l’argent du beurre (profiter du travail des enfants que les autres auront éduqués à leurs frais). Notons que le problème n’est pas limité à l’État-providence, la valeur des biens (maisons, actions) est soutenue par une demande de la part des jeunes, si la part des jeunes diminue fortement la valeur des biens diminuera à terme.

Vance souligne plus généralement que les gens qui n’ont pas d’enfants (il exclut ceux qui le sont pour des raisons indépendantes de leur volonté) sont moins investis dans l’avenir de leur pays et les conséquences de leurs décisions. Il rappelle que les enfants rendent leurs parents meilleurs, que les pays développés avec une population jeune sont des sociétés plus dynamiques et inventives.

La vidéo au complet (en anglais, pour les sous-titres traduits automatiquement appuyer sur la molette en bas à droite) :

J.D. Vance a trois enfants (avec sa femme d’origine indienne). La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, n’a eu aucun enfant, elle est la belle-mère de deux enfants que son mari Douglas Emhoff a eu avec une autre femme.

Voir aussi
 
 
 
 
 
 
 
 

jeudi 25 juillet 2024

Niall Ferguson : « Nous sommes tous devenus des Soviétiques »

Niall Ferguson est titulaire de deux diplômes d’Oxford et a enseigné dans cette université, ainsi qu’à Cambridge, à l’université de New York, à la London School of Economics et à Harvard. Il est aujourd’hui chercheur principal à la Hoover Institution de Stanford. Il est notamment l’auteur de Civilisations (2020, Tempus et 2014 chez Saint-Simon), L’Irrésistible ascension de l’argent (2011, Tempus),  La Place et la Tour : Réseaux, hiérarchies et lutte pour le pouvoir (2019, Odile Jacob) et Apocalypses — De l’Antiquité à nos jours (2021, Saint-Simon).

 Des clients sur la rue Smolensky, dont deux soldats de l’armée soviétique, font la queue devant le comptoir d’un magasin de spiritueux en attendant d’acheter de la vodka, le 16 novembre 1991.

Un gouvernement en déficit permanent, une armée pléthorique. Une idéologie bidon véhiculée par les élites. Des citoyens en mauvaise santé. Des dirigeants sénescents. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

L’expression pleine d’esprit « l’Amérique soviétique tardive » a été inventée par l’historien de Princeton Harold James en 2020. [Harold James y soulignait, entre autres aspects, une similarité entre l’URSS et les États-Unis que Niall Ferguson ne relève pas ci-dessous : la croissante confrontation ethnique de ces fédérations multiethniques]. Elle est devenue de plus en plus pertinente depuis lors, à mesure que la guerre froide dans laquelle nous nous trouvons — la deuxième — s’intensifie.

C’est en 2018 que j’ai signalé pour la première fois que nous étions dans la Deuxième Guerre froide. Dans des articles publiés dans le New York Times et la National Review, j’ai tenté de montrer comment la République populaire de Chine occupe désormais l’espace laissé vacant par l’Union soviétique lorsqu’elle s’est effondrée en 1991.

Ce point de vue est moins controversé aujourd’hui qu’il ne l’était à l’époque. Il est clair que la Chine n’est pas seulement un rival idéologique, fermement acquis au marxisme-léninisme et au régime de parti unique. C’est aussi un concurrent technologique, le seul que les États-Unis affrontent dans des domaines tels que l’intelligence artificielle et l’informatique quantique. C’est un rival militaire, avec une marine déjà plus importante que la nôtre et un arsenal nucléaire qui rattrape rapidement son retard. C’est aussi un rival géopolitique, qui s’affirme non seulement dans la région indo-pacifique, mais aussi par procuration en Europe de l’Est et ailleurs.

Mais ce n’est que récemment que j’ai été frappé par le fait que, dans cette nouvelle guerre froide, nous pourrions être les Soviétiques, et non les Chinois. C’est un peu comme ce moment où les comédiens britanniques David Mitchell et Robert Webb, jouant des officiers de la Waffen-SS vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, posent l’immortelle question : « Sommes-nous les méchants ? »

J’imagine deux marins américains se demandant un jour — peut-être alors que leur porte-avions s’enfonce sous leurs pieds quelque part près du détroit de Taïwan — : « Sommes-nous les Soviétiques ? Sommes-nous les Soviétiques ?

Oui, je sais ce que vous allez dire.

Il y a un monde de différence entre l’économie planifiée dysfonctionnelle que Staline a construite et léguée à ses héritiers, qui s’est effondrée dès que Mikhaïl Gorbatchev a tenté de la réformer, et l’économie de marché dynamique dont nous, Américains, sommes fiers. 

Le système soviétique gaspillait les ressources et ne faisait que garantir des pénuries de biens de consommation. Le système de santé soviétique était paralysé par des hôpitaux délabrés et des pénuries chroniques d’équipements. La pauvreté, la faim et le travail des enfants étaient omniprésents.

Aujourd’hui, en Amérique, de telles conditions n’existent que dans le quintile inférieur de la distribution économique, même si leur ampleur est réellement effroyable. La mortalité infantile dans l’ex-Union soviétique était d’environ 25 pour 1 000. Le chiffre pour les États-Unis en 2021 était de 5,4, mais pour les mères célibataires du delta du Mississippi ou des Appalaches, il est de 13 pour 1 000.

La comparaison avec l’Union soviétique, me direz-vous, est néanmoins risible.

Regardons-y de plus près.

Un homme ivre s’allonge au buffet de la gare de Kazan à Moscou, le 6 janvier 1992.

Une « contrainte budgétaire douce » chronique dans le secteur public était l’une des principales faiblesses du système soviétique ? J’en vois une version dans les déficits américains qui, selon les prévisions du Bureau du budget du Congrès (CBO), dépasseront 5 % du PIB dans un avenir prévisible et augmenteront inexorablement jusqu’à 8,5 % d’ici 2054. L’insertion du gouvernement central dans le processus de prise de décision en matière d’investissement ? C’est aussi ce que je constate, malgré le battage médiatique autour de la « politique industrielle » de l’administration Biden.

Les économistes ne cessent de nous promettre un miracle de productivité grâce aux technologies de l’information, et plus récemment à l’IA. Mais le taux de croissance annuel moyen de la productivité dans le secteur des entreprises non agricoles aux États-Unis est resté bloqué à 1,5 % depuis 2007, soit à peine mieux que les sombres années 1973-1980.

L’économie américaine fait peut-être l’envie du reste du monde aujourd’hui, mais rappelez-vous comment les experts américains ont surestimé l’économie soviétique dans les années 1970 et 1980.

Et pourtant, vous insistez sur le fait que l’Union soviétique était un homme malade plus qu’une superpuissance, alors que les États-Unis n’ont pas d’égal dans le domaine de la technologie militaire et de la puissance de feu.

En fait, non.

Nous avons une armée qui est à la fois coûteuse et inégalitaire par rapport aux tâches qu’elle doit accomplir, comme le montre clairement le rapport récemment publié par le sénateur Roger Wicker. En lisant le rapport de Wicker — et je vous recommande de faire de même — je n’ai cessé de penser à ce que les dirigeants soviétiques successifs ont affirmé jusqu’à la fin : que l’Armée rouge était l’armée la plus importante et donc la plus meurtrière du monde.

Sur le papier, c’était vrai. Mais c’est de papier que l’ours soviétique s’est avéré être fait. Elle n’a même pas été capable de gagner une guerre en Afghanistan, malgré dix années de mort et de destruction. (Pourquoi cela vous rappelle-t-il quelque chose ?)

Sur le papier, le budget de la défense des États-Unis dépasse effectivement celui de tous les autres membres de l’OTAN réunis. Mais qu’est-ce que ce budget de défense nous permet réellement d’acheter ? Comme l’affirme M. Wicker, il est loin d’être suffisant pour faire face à la « coalition contre la démocratie » que la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord ont mise en place de manière agressive.

Selon M. Wicker, « l’armée américaine manque d’équipements modernes, de financements pour la formation et l’entretien, et a accumulé un énorme retard en matière d’infrastructures. Elle est trop sollicitée et trop mal équipée pour remplir toutes les missions qui lui sont assignées à un niveau de risque raisonnable. Nos adversaires s’en rendent compte, ce qui les rend plus aventureux et plus agressifs ».

Et, comme je l’ai souligné ailleurs, le gouvernement fédéral dépensera presque certainement plus pour le service de la dette que pour la défense cette année.

Et ce n’est pas tout.

Ils ont changé de sexe et le regrettent : le grand tabou de la « détransition » de genre

ENQUÊTE DU FIGARO — Les transitions de genre augmentent, les détransitions aussi. Derrière ce phénomène se cache un immense mal-être d’une partie de la jeunesse.

Quand elle rencontre un pédopsychiatre pour la première fois il y a une dizaine d’années, Sophie, 14 ans, est pleine de certitudes. Quelques jours plus tôt, elle décrétait auprès de ses parents qu’il fallait l’appeler Soan, et qu’elle était un garçon. « C’était une enfant timide, mal dans son corps », se remémore le professionnel de santé, interrogé par Le Figaro. Avec son père, elle réclame un certificat médical pour entreprendre un traitement hormonal, ainsi qu’une mastectomie, l’ablation des seins. Le point de départ d’une transition de genre. Notre praticien dit l’avoir « écoutée », tout en lui conseillant de « prendre le temps » avant de débuter le processus. L’adolescente s’est alors mise en colère, accusant le médecin de vouloir lui faire une « thérapie de conversion ». Face à une telle situation, le spécialiste a refusé de fournir au père de Sophie le document demandé. « Ils sont revenus à la charge quelques mois plus tard, décrit le psychiatre. J’ai encore refusé. La jeune fille a menacé de se suicider ».


Mais la famille a persévéré, trouvé un endocrinologue complaisant pour obtenir le précieux sésame. Dans la communauté trans, des cartes de France des praticiens « safe », qui ne discuteront pas leurs choix, ont été créées. Six mois plus tard, le pédopsychiatre reçoit pourtant un appel du père de famille. « Sa fille avait pris des hormones, puis avait été opérée en Thaïlande dans la foulée. Elle n’allait pas bien du tout : elle était dépressive et devenue anorexique ». Hospitalisée, l’adolescente s’est « enfoncée dans son mal-être », relate cet interlocuteur. Avant qu’il ne perde contact avec elle, le médecin se souvient qu’elle « commençait à formuler des regrets et une grande détresse, d’avoir atteint son corps de cette manière, sans retour possible ». Lui qui a pourtant accompagné plusieurs adolescents dans leur transition de genre « lorsqu’ils étaient prêts », regrette ces quelques cas de « retour dans la détresse ». « Ce sont des situations dramatiques pour les concernés et leur famille ».

Insécurité croissante à Montréal : le Japon et la France mettent en garde leurs citoyens

Le Japon signale une « détérioration de la sécurité » du métro. La France avertit contre la hausse des vols.

« À Montréal, les crimes contre la personne ont augmenté de 50 % entre 2018 et 2023, selon les statistiques du SPVM [service de police de la ville de Montréal] et la police a du mal à expliquer cette croissance fulgurante des voies de fait, agressions sexuelles et vols en tout genre. »

La hausse de la criminalité à Montréal n'a pas échappé aux visiteurs étrangers. Le Japon a diffusé un avis pour ses citoyens, le 18 juillet, pour leur demander de faire attention dans le métro. La France a aussi revu son avertissement aux voyageurs pour signaler l'augmentation des vols à la tire, vols de véhicules et cambriolages à Montréal.

Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Fady Dagher, s'explique mal la croissance fulgurante des crimes contre la personne. « Ça va prendre des études sociologiques pour mieux comprendre. »

Il suspecte néanmoins une banalisation de la violence chez les jeunes, jumelée à un isolement sur les réseaux sociaux.

Montréal n'est pas la seule ville au Canada a connaître une hausse de la criminalité et des délits.

À Toronto aussi
 
Entretemps à Peel (grande région de Toronto), la police affirme que 18 suspects arrêtés (photo ci-dessous) dans le cadre d'une série d'invasions de domicile, de détournements de voiture et de vols avec violence dans la région de Peel sont liés à un « réseau criminel organisé » opérant à partir de Brampton et de Mississauga.

La police régionale de Peel affirme que la quasi-totalité des armes à feu utilisées dans la piraterie routière et les violations de domicile sont passées illégalement en contrebande depuis les États-Unis. Elle a également déclaré que la quasi-totalité des suspects arrêtés dans le cadre d'une vaste opération baptisée " ProjectWarlock " étaient des récidivistes qui avaient été libérés sous caution. Peel a connu depuis le début 2024 une augmentation de 58 % des détournements de voitures et de 350 % des violations de domicile.




mercredi 24 juillet 2024

L’Australie supprime son système de « visas dorés »

Le dispositif pour attirer les investissements étrangers est sans bénéfice réel pour l’économie.

Il ne suffira plus d’avoir un compte en banque bien garni pour s’installer en Australie. Le gouvernement vient de supprimer son visa pour «investisseur significatif », un titre de séjour communément appelé « visa doré ».

Introduit en 2012 pour faire fructifier l’économie et attirer les investissements étrangers, il permettait aux étrangers de s’installer sur l’île-continent et d’obtenir la nationalité australienne plus rapidement que par les canaux habituels.

Contrairement aux autres titres de séjour délivrés par l’Australie, ni limite d’âge ni test d’anglais n’étaient imposés. Il suffisait pour obtenir un visa doré de passer au moins 40 jours par an en Australie et d’y investir un minimum de 5 millions de dollars (environ 3 millions d’euros).



Mais, selon la ministre des Affaires intérieures, Clare O’Neil, qui a annoncé la suppression de ce dispositif il y a quelques jours, « il est évident depuis des années que ce visa n’apporte pas à notre pays et à notre économie ce dont nous avons besoin», il n’a pas «fourni les résultats économiques attendus ».

En 2022, l’institut Grattan, spécialiste des politiques publiques, s’était penché sur ce visa dans un rapport et avait recommandé sa suppression. «Les détenteurs de visa doré sont plus âgés, moins qualifiés et gagnent peu d’argent en Australie. Au cours de leur vie, ils coûtent en moyenne 120 000 dollars (73 000 euros) aux contribuables australiens, car ils ont un recours élevé aux services publics, bien supérieur au montant des impôts qu’ils paient. À l’inverse, un immigré qualifié typique génère un solde fiscal positif de 250 000 dollars (151 000 euros) », souligne ainsi Brendan Coates, le chef économiste du Grattan Institute, qui a dirigé ce rapport. Dans ses conclusions, il soulignait que la suppression de ce dispositif permettrait d’«accroître chaque année les rentrées fiscales générées par les cohortes de migrants au cours de leur vie de 3,7 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) ».

Selon les données les plus récentes (qui s’arrêtent à juin 2020) du ministère des Affaires intérieures, plus de 2300 visas dorés ont été délivrés depuis leur mise en place, en novembre 2012, et plus de 85% de ses détenteurs sont des ressortissants chinois. Parmi ces derniers, plus de 600 ont depuis obtenu la nationalité australienne. Cela n’a rien d’étonnant puisqu’ils étaient explicitement visés, ce visa portant d’ailleurs le numéro 888, un chiffre symbole de triple chance dans la numérologie chinoise.

Blanchiment et corruption

Sa suppression est saluée par Transparency International Australia, dont la présidente, Clancy Moore, a expliqué à la BBC que «pendant trop longtemps, des officiels corrompus et des kleptocrates ont utilisé ces visas dorés comme un moyen de placer leurs fonds illicites en Australie et probablement y cacher les fruits de leurs crimes ».

Le gouvernement australien lui-même, dans un rapport sur ces visas dorés paru en 2016, s’alarmait de leur « potentielle utilisation pour du blanchiment d’argent et d’autres activités malfaisantes ».

Le quotidien The Australian avait ainsi révélé qu’au moins 80 visas dorés avaient été délivrés à des Cambodgiens, parmi lesquels de nombreux hauts dignitaires du régime corrompu de Hun Sen. C’est ainsi le cas d’Aun Pornmoniroth, le ministre cambodgien des Finances, et de sa femme, qui possèdent plusieurs appartements luxueux à Sydney, où ils sont les voisins du major général Lau Vann et de sa femme, également propriétaires d’un logement dans l’un des quartiers les plus prisés de Melbourne.

L’Australie est ainsi le dernier pays occidental en date à supprimer ce type de dispositif, qui selon l’union européenne, «présente un risque en matière de sécurité, de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme, de corruption et d’infiltration par le crime organisé ».

Si la Grèce, l’Italie et Malte proposent toujours ce type de visa, l’Espagne envisage de supprimer le sien, tandis que l’Irlande et le Portugal ont abrogé le leur l’an dernier.

Source : Le Figaro

Thierry Lentz : « Pourquoi la gauche s’est toujours opposée à l’appel au peuple »

Extrait d'un texte de Thierry Lentz, historien et enseignant. Il a notamment publié Sur les bords de la Seine… Histoire et secrets du tombeau de Napoléon et Charles Bedaux le Magnifique (1886-1944), tous deux aux éditions Perrin.

[...]

Prise du palais des Tuileries, 10 août 1792, par Jacques Bertaux, 1793. L'Appel au peuple, selon la gauche.


l'arbitrage populaire par le biais du référendum ou de la voie électorale est une idée développée «à droite», à laquelle la «gauche» s'est toujours opposée, en lui substituant l'assurance de sa supériorité, exprimée par le cercle des «pensant bien» et au besoin dans la rue. Contrairement à une idée reçue, la revendication de « l'Appel au peuple » ne date pas de la chute du Second Empire, lorsque les bonapartistes contestaient la proclamation de la IIIe République, et encore moins de la Ve République, lorsque de Gaulle le mit en œuvre dans sa pratique constitutionnelle. Il plonge ses racines dans la doctrine monarchiste des débuts de la Révolution française. Parfois évoqué au moment de la rédaction des cahiers de doléance, où chaque sujet pouvait interpeller le souverain, c'est surtout au moment du procès du roi qu'il fit son entrée, par la droite, dans le débat politique. Les royalistes demandèrent alors que les électeurs soient saisis de la condamnation à mort de Louis XVI, ce qu'ils baptisèrent nommément « l'Appel au Peuple ». On ne saura jamais ce que les campagnes et bourgs français auraient décidé en cas de votation. Une décision magnanime effraya tellement les hommes au pouvoir, qu'ils refusèrent que l'on consulte les citoyens. Et pour se justifier, ils arguèrent que les campagnes n'étaient pas encore libérées de la féodalité. Qui plus est, pour eux, le véritable «Appel au peuple» avait déjà eu lieu, lors des émeutes d'août 1792, lorsque 30.000 personnes armées amenèrent la chute de la monarchie. Ils allèrent encore plus loin en prétendant que le peuple siégeait en permanence dans leurs clubs politiques, à la commune insurrectionnelle de Paris et au sein de l'aile avancée de la Convention (nom de l'assemblée nationale, de 1792 à 1795).

L'opposition gauche-droite concernant « l'Appel au Peuple » devint dès lors un facteur permanent de la vie politique française. En gros, la droite légitimiste le réclama en vain pendant la Révolution, sous la Restauration, pendant la monarchie de Juillet, sous la IIe République et au début du Second Empire, afin que soient tranchées les questions de régime et de légitimité. Les bonapartistes récupérèrent l'héritage pour imposer Napoléon IV et tentèrent de le faire fructifier jusqu'au début des années 1930 au profit de ses héritiers. Face à ces deux courants, la gauche - qui se présentait pourtant comme respectueuse de la volonté populaire - opposa avec constance les voies qui lui avaient réussi en 1793, en 1848 et en 1870 : celles des valeurs supérieures imposées par ses élites (essentiellement parisiennes) et de la vérité forcément ignorée de la populace. Au besoin, elle légitima les insurrections menées pour son compte.

Ces racines-là, récemment documentées par une thèse de doctorat soutenue dans une université du nord de la France, gardent, on l'aura compris, une grande actualité. Toutes choses égales par ailleurs, les temps n'ont guère changé, ce qui saute aux yeux depuis quelques semaines dans les suites données aux résultats électoraux par la gauche et la minorité présidentielle désorientée : rejet du suffrage universel, opposition Paris-Province et, au besoin, manipulation de la rue. Décidément, l'Histoire n'est pas que le passé.

« Comment la testostérone explique la différence entre les sexes »


La biologiste évolutionniste explique en quoi cette hormone détermine des comportements différents en matière de compétition, de sexe et de violence. Et elle raconte pourquoi elle a dû quitter Harvard où elle était persécutée par certains étudiants pour ses prises de position scientifiques jugées transphobes.


Carole Hooven vient de publier «Testostérone. Toute la vérité sur l’hormone qui nous définit et nous divise» (Fyp). Entretien de l'auteur dans le Figaro.

LE FIGARO. — Vous consacrez votre livre à une hormone, la testostérone, que vous qualifiez de «clé des mâles». En quoi est-ce une variable déterminante dans la différence entre les sexes ?

CAROLE HOOVEN. — Cette molécule joue un rôle crucial dans la formation des corps et des comportements masculins, en particulier dans notre espèce. La testostérone explique en grande partie pourquoi, en moyenne, les hommes et les femmes diffèrent de façon significative. Pourquoi les hommes sont généralement plus grands et plus poilus que les femmes, en raison de la forte testostérone pubertaire, et pourquoi les garçons s’adonnent plus souvent à des jeux brutaux, à cause de la testostérone fœtale. Cela ne concerne pas seulement les effets physiques. Nous partageons les mêmes gènes du désir sexuel, mais un taux élevé de testostérone, typique des mâles, modifie la psychologie sexuelle, augmentant considérablement le désir sexuel. Les femmes ayant un taux de testostérone élevé développent un désir sexuel plus proche de celui des hommes. Cela se voit clairement chez les hommes transgenres , qui augmentent leur taux de testostérone pour adopter un rôle sexuel masculin.

On peut également voir les effets de cette différence entre les sexes dans les niveaux précoces de testostérone chez les enfants. Les effets comportementaux sont visibles très tôt, avec des garçons qui sont plus actifs, qui prennent plus de risques et participent à des jeux plus brutaux que ne le font les filles. Chez les animaux, ce type de jeu lié à la testostérone sert de test pour se placer dans la hiérarchie sociale adulte. Comprendre comment naviguer dans cet environnement complexe est crucial pour le succès reproductif des mâles. Cela implique d'apprendre à coopérer et à rivaliser, parfois physiquement, et à comprendre ses propres forces et faiblesses. Soulignons que cela peut aussi apprendre aux mâles à contrôler leurs impulsions agressives. Les animaux mâles privés de ce type de jeu deviennent plus agressifs, échouent à coopérer, à se faire des amis et à trouver des partenaires. Leur reproduction en souffre et ils meurent même à des taux relativement élevés.

— Vous avez été confrontée à des théoriciens du genre au cours de votre carrière académique. Votre point de vue sur la biologie était-il minoritaire ?

— Oui, en tant que biologiste évolutionniste, j’ai été persécutée. J’ai été amenée à quitter Harvard en raison de la culture d’intolérance qui y règne. J’ai été accusée de transphobie parce que j’ai exprimé mes doutes sur l’emploi de termes tel que « personne enceinte » plutôt que « femme », et la disparition des mots « mâle » et « femelle » dans le vocabulaire des professeurs de médecine qui ne voulaient pas offenser des étudiants. D’ailleurs, j’ai été citée lors de l’audience de Claudine Gay , la présidente de Harvard, après les manifestations antisémites sur le campus. Le représentant Tim Walberg lui a demandé, lors de l’audience : «Carole Hooven, une biologiste évolutionniste, a été contrainte de démissionner parce qu’elle a affirmé que le sexe d’une personne est biologique et binaire. … et donc, madame la présidente, dans quel monde un appel à la violence contre les Juifs est-il un discours protégé, mais une croyance que le sexe est biologique et binaire ne l’est-il pas ?»


— On parle beaucoup de « masculinité toxique ». Pourtant, vous montrez dans votre livre que le taux d’agression physique est assez similaire entre conjoints. Comment expliquer alors que les femmes sont plus susceptibles de mourir entre les mains de leur mari que l’inverse ? En quoi l’agressivité masculine diffère-t-elle de l’agressivité féminine ?

— C’est une question importante et sensible que j’aborde dans mon livre. J’ai été surprise de découvrir, en approfondissant mes recherches, l’étendue de la violence conjugale perpétrée par les femmes. Les sexes ne diffèrent pas en termes de colère ; les femmes peuvent être tout aussi explosives que les hommes. Ce qui diffère, ce sont les risques physiques que chaque sexe est prêt à prendre et leur réaction face à l’escalade de la violence. Chez les humains et la plupart des autres mammifères, les femelles sont moins disposées à risquer leur sécurité physique, car leur succès reproductif dépend davantage d'une longue vie en bonne santé. Les mâles, quant à eux, peuvent obtenir des avantages reproductifs en prenant des risques pour augmenter leur statut social et acquérir des ressources et des partenaires ; l'équilibre coût-bénéfice est donc différent.

Ainsi, si les femmes peuvent ressentir une colère aussi intense que les hommes, cela se traduit moins souvent par une violence extrême. Les femmes sont tout aussi susceptibles de s’engager dans une agression physique « de bas niveau » ; frapper, lancer des objets, donner des coups de pied, etc., mais moins d’en arriver à une violence sévère ou à un meurtre. Par conséquent, les hommes sont plus susceptibles de frapper violemment leurs partenaires intimes , voire de les tuer, mais les taux globaux d’agression sont à peu près égaux. Bien sûr, cela varie selon la géographie et la culture.

— Les femmes n’excellent-elles pas dans d’autres formes de compétition et d’agression ?

— Si. Alors que les garçons et les hommes sont plus enclins à se confronter directement, via des insultes ou des combats physiques, les filles et les femmes rivalisent de manière plus indirecte et ont plus de difficultés à résoudre les conflits. Les études montrent que les garçons et les hommes sont simplement meilleurs pour naviguer et résoudre les conflits, potentiellement parce qu'ils peuvent se fier à des signaux indiquant leur statut ; c'est une manière assez efficace de réduire la violence au sein des communautés (principalement masculines) qui doivent coopérer pour, par exemple, défendre un territoire ou leurs familles. Regarder trop longtemps dans les yeux d'un autre homme, draguer sa copine ou marcher vers lui avec le torse bombé sont, en un sens, des défis à son statut. Une confrontation directe, verbale ou physique, est une manière simple de déterminer qui est le chef et, une fois cela réglé, le conflit est résolu.

L’agression directe n’est évidemment pas idéale, et certains mâles peuvent ne pas avoir les capacités d’y participer et se retrouvent en bas de l’échelle sociale. Certains appellent cela la « masculinité toxique », mais je n’aime pas trop ce terme. Les filles et les femmes ont leurs propres méthodes de compétition, moins idéales, mais nous ne les qualifions pas de « toxiques ».

Les filles et les femmes sont plus susceptibles de rivaliser pour un statut de manière indirecte, comme par le commérage ou en dénigrant une rivale sur les réseaux sociaux. Cela rend plus difficile la résolution des conflits, souvent parce que l’identité de l’attaquante est inconnue. Cette forme de compétition permet aux femmes de rivaliser pour un statut ou pour une personne d’une manière qui réduit les risques de préjudice physique, mais elle peut être aussi très cruelle et nuire à la santé mentale.

— Mettre en avant la dimension biologique des différences entre les sexes, n’est-ce pas encourir le risque du fatalisme ? Cela signifie-t-il que nous ne pouvons rien changer à la violence masculine ?

— C’est une question extrêmement importante. Premièrement, il faut rappeler que les différences sexuelles existent selon une moyenne. Certaines femmes ont un fort désir sexuel et peuvent être violentes, tandis que certains hommes sont extrêmement pacifiques et n’aiment pas le sexe. Nous sommes tous des individus. Certaines personnes croient que, la biologie, c’est le destin. Que, si les hommes sont plus volages ou plus violents que les femmes, cela est dû à des différences évolutives et hormonales, et que nous devons donc l’accepter. Que les gens ne pourraient pas changer. C’est le concept de « déterminisme biologique », et il est faux. Il suffit de regarder comment les sexes se comportent dans votre culture, puis de comparer avec d’autres cultures à travers le monde.

Si vous avez beaucoup voyagé ou simplement suivi les actualités, vous savez que les hommes dans certaines cultures sont beaucoup plus violents entre eux ou que les agressions sexuelles y sont presque encouragées. Dans d’autres régions, vous pouvez laisser votre maison ouverte ou ne pas vous inquiéter si vous êtes une femme marchant seule en ville. Les standards sexuels varient également énormément. Dans certains endroits, il est accepté que les femmes aient de nombreux partenaires sexuels, tandis que, dans d’autres, elles peuvent être exécutées pour cela. Mais, ce qui n’existe pas, ce sont des cultures où les femmes ont une totale liberté sexuelle, avec de nombreux partenaires sexuels et où on attend des hommes qu’ils soient fidèles à une seule partenaire ; ou encore des cultures où les femmes violent et tuent et où les hommes restent à la maison avec les enfants. La direction de ces grandes différences sexuelles en matière de sexe et d’agression est presque toujours la même, mais la nature et l’ampleur de ces différences varient.

Le sophisme naturaliste conduit à la croyance que nous devrions accepter plus facilement ce qui est naturel que ce qui est culturel. Bien sûr, c’est une fausse dichotomie, car nature et culture contribuent tous deux au comportement.

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Royaume-Uni : pas de hausse notable des suicides depuis la restriction des bloqueurs de puberté

Selon un rapport indépendant rendu par le professeur de psychiatrie Louis Appleby, conseiller en prévention du suicide au département de la santé et des affaires sociales de l’université de Manchester, les affirmations selon lesquelles le taux de suicide chez les jeunes souffrant de dysphorie de genre a fortement augmenté depuis que le NHS a restreint l’accès aux bloqueurs de puberté sont fausses.

Le conseiller du Gouvernement a été chargé de mener cette étude par le secrétaire à la Santé suite aux allégations formulées par le Good Law Project. L’organisation contestait la décision de l’ancien ministre de la Santé de mettre fin à la prescription par les cliniques privées de médicaments bloquant la puberté d’enfants ou d’adolescents atteints de dysphorie de genre.

Les données issues du NHS England relatives aux jeunes suivis au Tavistock and Portman NHS Foundation Trust montrent un total de 12 suicides : 6 chez les moins de 18 ans, 6 chez les 18 ans et plus. Au cours des 3 années précédant 2020-21, 5 suicides ont été recensés, contre 7 au cours des 3 années suivantes. « Compte tenu des fluctuations attendues sur de petits nombres », ces écarts ne sont pas significatifs d’un point de vue statistique, explique Louis Appleby. De plus, parmi les jeunes décédés, certains souffraient de troubles mentaux ou avaient vécu des « expériences traumatisantes », des ruptures familiales. Certains avaient été pris en charge par les services de protection de l’enfance.

Louis Appleby souligne en outre que cette question a été discutée sur les réseaux sociaux « de manière insensible, inquiétante et dangereuse », à l’opposé de la façon dont il faudrait signaler les suicides. En effet, il existe un risque que « des adolescents déjà en détresse entendent le message selon lequel “des gens comme vous, confrontés à des problèmes similaires, se suicident”, ce qui les conduirait à imiter le suicide ou l’automutilation ».

 

Sources : Observatoire de la petite sirène (19/VII/2024) ; The Guardian, Denis Campbell (19/VII/2024) ; BBC (19/VII/2024) , via Généthique.

Association mondiale pour la santé des personnes transgenres « coupable » d’une « fraude scientifique majeure et inqualifiable »

Dans une tribune parue dans Le Point le 23 juillet, Dominique Crestinu, gynécologue-endocrinologue, Beryl Koener, pédopsychiatre, Céline Masson, professeur des universités en psychologie de l’enfant et de l’adolescent, et Jacques Robert, professeur émérite de cancérologie, PUPH, tous membres de l’Observatoire de la Petite Sirène (OPS), réagissent à la « fraude scientifique » entourant les protocoles médicaux prescrits par l’Association mondiale pour la santé des personnes transgenres (WPATH).

« Deux sexes et seulement deux »

Alors qu’une proposition de loi « visant à encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans le prise en charge des mineurs en questionnement de genre » a été adoptée par le Sénat français le 28 mai dernier, et qu’un rapport réalisé par le Dr Hilary Cass, ancienne présidente du Royal College of Paediatrics and Child Health a été rendu public le 10 avril, l’Observatoire de la Petite Sirène a organisé un congrès international les 28 et 29 juin, en partenariat avec la Society for Evidence-Based Gender Medicine (SEGM). Réunissant près de cinquante médecins, pédopsychiatres, psychologues et chercheurs de toutes disciplines et de différents pays, ce congrès avait pour objectif de faire le point et d’échanger des informations récentes sur le traitement des enfants et des adolescents souhaitant changer de genre (cf. Genre : 140 médecins et intellectuels appellent à informer les jeunes objectivement).

Rappelant qu’il « existe deux sexes et seulement deux », mâle et femelle, les membres du Bureau de l’OPS expliquent qu’« on ne peut parler de “sexe assigné à la naissance” » car « ce n’est pas une question d’appréciation » (cf. Théorie du genre : un ancien transgenre dénonce « un prosélytisme général »). « Taille des gamètes, chromosomes, caractères sexuels primaires et secondaires visibles ou non, il est impossible de se tromper dans l’immense majorité des cas » précisent-ils. Ainsi, « l’idée que véhiculent certaines associations que “le sexe est un spectre” ou que les enfants peuvent “choisir le sexe qui leur convient” relève de la pure idéologie ».

Des « traitements irréversibles et dangereux »


Cependant, à l’approche de l’adolescence, certains jeunes souffrent de dysphorie de genre, autrement appelée « angoisse de sexuation pubertaire ». Il s’agit d’un trouble caractérisé par le sentiment d’appartenir à l’autre sexe. Alors que certains pays ont développé des structures spécialisées comme la clinique Tavistock en Angleterre, des organismes nationaux et internationaux, comme la WPATH (World Professional Association for Trangender Health) ou la Society for Evidence-Based Gender Medicine (SGEM), ont été mis en place pour coordonner ce type de traitement et élaborer des directives a priori consensuelles afin de faire bénéficier les adolescents de tous les pays des meilleures approches disponibles.

Mais, la WPATH et d’autres associations professionnelles recommandent d’appliquer le « Dutch protocol », mis en place par une équipe néerlandaise, dans une situation qui n’est pas celle pour laquelle il a été élaboré. La WPATH recommande la prescription de « bloqueurs de puberté » et d’« hormones sexuelles “inversées” » alors qu’il s’agit de traitements « irréversibles et potentiellement dangereux » (cf. « La transition de genre est devenue incontrôlable » : l’alerte d’une psychiatre « pionnière » dans ce domaine). En effet, l’utilisation des bloqueurs de puberté n’a pas reçu d’autorisation de mise sur le marché de l’Agence nationale de la santé et du médicament (ANSM) et présente des risques qui n’ont pas été évalués (cf. Bloqueurs de puberté : des données « insuffisantes »). Concernant les hormones du sexe opposé, « il existe des risques à long terme dont l’incidence dans la population des adolescents est à l’heure actuelle inconnue faute d’un recul suffisant ».

Une « fraude scientifique majeure et inqualifiable »

L’Observatoire s’est alarmé « des risques que faisait courir aux enfants et adolescents la prescription de traitements non validés ». Il reproche à la WPATH d’être « coupable » d’une « fraude scientifique majeure et inqualifiable » après avoir exigé « d’un collège d’experts indépendants qu’elle avait missionné, tous chercheurs de la Johns Hopkins University à Baltimore, de faire état de ses conclusions avant de réaliser les études qu’elle lui avait commandées ».

Comme l’incite le rapport d’Hilary Cass, il faudrait « ne prendre en charge ces adolescents que sous l’angle de la psychologie ou de la pédopsychiatrie » car « nous ne disposons pas du moindre argument scientifique permettant de justifier la prise en charge de ces adolescents par des “bloqueurs de puberté” et/ou des hormones “inversées” ». « L’objectif de l’OPS est exclusivement la protection des adolescents contre la mise en place de traitements non validés dont la sécurité n’est pas assurée, cette protection dût-elle s’exercer contre les adolescents eux-mêmes », expliquent les quatre auteurs de la tribune. « Les devoirs des parents vis-à-vis des enfants sont tout aussi primordiaux que les droits des enfants (…). A nous de faire en sorte qu’ils ne nous reprochent pas de leur avoir laissé la liberté d’asservir leur corps en cédant trop vite à un désir souvent transitoire » concluent-ils.

 


Source : Le Point, tribune de quatre membres de l’Observatoire La Petite Sirène (23/VII/2024), via Généthique

Canada n’arrive pas à créer assez d’emplois pour tous les gens qui décident d'y venir

« L’augmentation du taux de chômage est plutôt attribuable au fait que le Canada n’arrive tout simplement pas à créer assez d’emplois pour toutes les personnes qu’il accueille », explique Marie-Ève Fournier dans la Presse de Montréal.

Depuis une quinzaine de mois, le taux de chômage grimpe constamment. Petit à petit, il est ainsi passé de 5 % à 6,4 %, au pays.


Les entreprises qui effectuent des licenciements collectifs parce que leurs activités roulent au ralenti sont peu nombreuses. Les fermetures et les faillites aussi. D’ailleurs, les économistes de Desjardins qualifient la baisse nette du nombre d’emplois en juin de « goutte d’eau » par rapport aux gains de la dernière année, dans une nouvelle étude qui décortique ce qui se passe dans le marché du travail.

L’augmentation du taux de chômage est plutôt attribuable au fait que le Canada n’arrive tout simplement pas à créer assez d’emplois pour la masse immense d'immigrants que le gouvernement Trudeau laisse entrer.

« L’augmentation record du nombre d’immigrants a fait en sorte que le rythme de croissance de l’emploi au cours de la dernière année, malgré sa vigueur, n’a pas suffi à maintenir le taux de chômage à un niveau stable », explique Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique de Desjardins. Dans les trois premiers mois de l’année, 121 800 immigrants se sont installés ici. Ils s’ajoutent aux 472 000 de l’an dernier.

Face à ce flot, il faudrait créer des emplois à un rythme bien plus soutenu pour que la proportion de chômeurs demeure stable. Même si on y arrivait, ce ne serait pas magique, car une adéquation parfaite entre les besoins des employeurs de chaque région et les compétences des personnes qui s’y établissent serait nécessaire.

On se retrouve donc avec un taux de chômage élevé, à 12,5 %, parmi les personnes arrivées au pays depuis moins de cinq ans, ce qui se compare à 9,1 % il y a six mois. Si l'on ignore la période pandémique, il s’agit du taux le plus élevé depuis 2015, note Desjardins. Pendant ce temps, le taux de chômage chez les travailleurs nés au Canada et ceux ayant immigré il y a plus de 10 ans demeure « très bas ».

Autrement dit, deux réalités en apparence contradictoires coexistent : le marché du travail est « assez favorable » pour ceux qui ont déjà un emploi, mais « extrêmement difficile » pour ceux qui en cherchent un. La probabilité qu’une personne rentre dans le marché du travail, ce qu’on appelle le taux de sortie de chômage, « tourne autour des niveaux observés pendant la crise financière » de 2009.

Les jeunes sont aussi touchés par cette concurrence de l'immigration

Évidemment, ce phénomène particulier ne touche pas que les immigrants. Les nouveaux diplômés se retrouvent exactement dans le même bateau. Le taux de chômage de cette cohorte est d’ailleurs en progressions « constante ».

La nouvelle réalité a aussi frappé les jeunes du secondaire qui voulaient travailler cet été. Ces dernières années, les entreprises apostrophaient pratiquement les adolescents en pleine rue pour les supplier d’accepter un boulot. Le rapport de force s’est renversé à une vitesse que personne n’avait imaginée.

Début mai, j’avais d’ailleurs échangé avec des parents qui étaient tombés en bas de leur chaise en constatant que leur adolescent n’arrivait pas à se trouver un emploi d’été, alors qu’ils entendent constamment parler de pénurie de main-d’œuvre1. Eh oui, les commerces, les restaurants et les camps de jour avaient recommencé à faire passer des entrevues et se montraient très sélectifs.

D’ailleurs, en juin, le taux d’emploi des élèves et des étudiants de 15 à 24 ans qui retourneront aux études à la fin de l’été s’est établi à 46,8 %, ce qui représente le taux le plus faible depuis juin 1998, si on exclut la période pandémique.

Au Québec

Au Québec, le taux de chômage en juin a augmenté de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 5,7 %.

Il y avait 4514 600 personnes en emploi, en recul de 0,4 % par rapport au mois précédent. Cela se traduit par une perte de 3200 emplois à temps plein et de 14 500 emplois à temps partiel.

Les plus importants reculs au Québec ont été enregistrés dans les services publics (-5,2 %), les transports et l’entreposage (-1,8 %) et le commerce de gros et de détail (-1,5 %).

PIB/habitant en baisse

Rappelons que le PIB par habitant du Canada baisse constamment depuis près de 2 ans, « malgré » la forte immigration. En d'autres mots, chaque habitant du Canada devient plus pauvre (et consomme d'ailleurs moins).



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mardi 23 juillet 2024

24 juillet 1534 — Jacques Cartier prend possession du Canada au nom du roi de France

Texte de René Maran, paru en 1968 :

Le pilote malouin brûlait de « voyager, découvrir et conquérir à Neuve-France, ainsi que trouver, par le Nord, le passage au Cathay » (la Chine), le roi de France voyant dans ce périple une façon d’entraver l’avancée de Charles Quint et, partant, de l’affaiblir financièrement

L’enfance et l’adolescence de Jacques Cartier, né en 1491 à Saint-Malo, nourries de hauts faits maritimes, l’avaient poussé à faire de bonne heure ses classes de marin, en bourlinguant le long des côtes de l’Europe et de l’Afrique. Peut-être même participa-t-il à des guerres de courses, à des abordages.

Toujours est-il qu’il est « pilote et maître de navire » en 1521. Sa notoriété, déjà grande, sa fortune solide lui assure un bel avenir. L’une et l’autre lui ont permis de se marier, l’année précédente, avec Catherine des Granches ou des Granges, l’une des plus fortunées héritières de sa ville natale, fille de Jacques, connétable de Saint-Malo et sieur de la Ville-ès-Gars, et de dame Françoise, née du Mast.

Portrait de Jacques Cartier devant une carte de la côte canadienne. Dessin (colorisé) de Pierre Gandon (1899-1990)

Le mariage, célébré en grande pompe, a été béni par Messire Lancelot Ruffier, vicaire de Saint-Malo. Jacques Cartier accède par cette union au rang de notable en vue. II a pour beau-frère Macé Jalobert, maître d’équipage, et peut désormais compter en toute occasion sur l’appui financier et moral des Maingart, puissante famille alliée à celle des Granches. Il marche, lors de la fête patronale de la confrérie malouine de Saint-Jean, aux côtés du prévôt, derrière les « sonneux et tambourins », en tête de ses confrères venus en grand nombre, « nonobstant quelque indisposition de temps et mortalité ».

Jacques Cartier ne jouit pourtant, à cette époque, que d’une renommée locale. Où et comment l’a-t-il acquise ? Les archives malouines gardent encore sur ce point le silence. On peut néanmoins avancer qu’il connaissait déjà plus ou moins les côtes brésiliennes. Les Malouins du XVIe siècle s’engageaient volontiers comme marins sur les navires espagnols ou portugais allant chercher en Amérique Équinoxiale ce bois de teinture dit « bois de Brésil ».

Sans doute Jacques Cartier y fut-il pour son propre compte, à ses risques et périls. Ceux-ci étaient grands. Les Portugais, considérant le Brésil comme leur, massacraient sans merci tous ceux qui osaient leur faire concurrence. Tant de prétention avait d’ailleurs le don de révolter le pilote Crignon, qui s’écriait : « Quoique les Portugais soient le plus petit peuple du monde, le monde ne leur semble pas assez grand pour satisfaire leur cupidité. Il faut qu’ils aient bu de la poussière du cœur d’Alexandre pour montrer une ambition si démesurée. Ils croient tenir dans une seule main ce qu’ils ne pourraient embrasser avec toutes les deux. Il semble que Dieu ne fit que pour eux les mers et la terre, et que les autres nations ne soient pas dignes de naviguer. »

Quoi qu’il en soit, il est patent que Jacques Cartier a ramené du Brésil, en 1527, une jeune indigène, Catherine du Brésil, qui fut baptisée, le 30 juillet 1528, à Saint-Malo, par Messire Lancelot Ruffier, et eut pour marraine Catherine des Granches, femme de Jacques Cartier, tandis que Guyon Jamyn, recteur de Saint-Jacut, et beau-frère de Thomase Cartier, sœur du futur découvreur du Canada, lui servait de parrain. Il est patent aussi qu’il était suffisamment versé dans la connaissance de la langue portugaise pour servir d’interprète aux Portugais pris en mer et gardés dans les prisons de Saint-Malo.

Cartier n’apparaît soudain en pleine lumière qu’en 1533. Le navigateur malouin va sur ses quarante-deux ans. L’inaction lui pèse. II a soif d’aventures, voit loin, pense grand et voudrait, sentant qu’il n’est pas fait pour n’être rien qu’un roulier des mers, qu’on lui confiât une entreprise à sa taille. Mais à qui doit-il s’adresser ? À qui peut-il faire part de ses désirs, de ses projets ? Parbleu, à Philippe de Chabot, seigneur de Brion, comte de Buzançais et Charny, amiral de France !

Il a déjà eu l’occasion de deviser nombre de fois avec ce grand seigneur, notamment le jour où il lui a fait don de quelques-uns des singes et des perroquets qu’il avait rapportés du Brésil, en 1527. Les grands de ce monde ne sont pas insensibles aux présents. Les cadeaux entretiennent leur mémoire. L’appétit de l’or tiendra celle de Philippe de Chabot en éveil. Son zèle — car il est la vénalité même — croîtra en raison des richesses qu’on fera miroiter à ses yeux. Lui seul peut, en tout cas, vu le crédit dont il jouit à la cour de François Ier, faire aboutir la demande qu’il lui adresse. Celle-ci tend à obtenir l’autorisation de poursuivre les recherches que Giovanni Verrazzano n’a pu qu’ébaucher naguère.

La demande formulée par le père adoptif de Catherine du Brésil tombait à merveille. En favorisant ses desseins, le roi de France dispose d’un moyen propre à entraver l’expansion coloniale de Charles Quint, et à lui créer, ce faisant, de pénibles embarras financiers. L’autorisation que sollicite Jacques Cartier sert par conséquent sa politique. D’où il découle qu’il se doit de lui prêter tout son appui pour lui permettre d’aller « aux Terres Neuves découvrir certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver quantité d’or ».

Itinéraire du premier voyage de Jacques Cartier en 1534

Il mande à cet effet à son trésorier, le 12 mars 1534, de verser entre les mains de Jacques Cartier, navigateur et maître pilote, la somme de six mille livres. Le royal commanditaire met, en outre, à sa disposition, deux navires. Chacun de ces navires jauge soixante tonneaux. Leur équipage ne comprend que soixante hommes en tout.

Leur recrutement ne s’opéra pas sans difficulté. Tout fut mis en œuvre pour l’enrayer. Force fut au vice-amiral Charles de Moüy, seigneur de la Meilleraye, d’intervenir avec énergie, au nom du roi, pour faire entendre raison aux matelots que les armateurs malouins débauchaient en sourdine. Il y parvint, en mettant l’embargo sur tous les navires ancrés en rade de Saint-Malo. Celui-ci ne fut levé qu’au départ de l’expédition que le roi de France avait placée sous le commandement de Jacques Cartier.

Au dire de Léon Ville, qui a romancé un agréable Jacques Cartier à l’usage de la jeunesse, des deux vaisseaux que commande le marin breton, l’un s’appelle le Triton, l’autre le Goéland. Selon le même auteur, le voyage d’aller dura quatre-vingt-dix jours. En réalité, parti de Saint-Malo le 20 avril 1534, Jacques Cartier atteint le cap terre-neuvien de Bonavista le 10 mai suivant, mouille à cinq lieues de là, au sud, dans un port auquel il donne le nom de Sainte-Catherine, s’y ravitaille en viandes et en poissons, prend alors la direction du nord, s’engage dans le détroit de la Baie des Châteaux, qui s’appelle aujourd’hui le détroit de Belle-Isle.


Il serre ensuite de près la côte méridionale du Labrador, dans la direction du sud-ouest, « jalonnant çà et là sa route, souligne M. d’Avezac, l’un de ses meilleurs et plus consciencieux biographes, de quelques noms bretons, tels que Havre de Brest, Havre de Saint-Servan, au milieu de beaucoup d’autres, jusqu’à la baie de Chicataka, qui fut appelée Havre de Jacques Cartier. »


Jacques Cartier prend possession de la Baie de Gaspé le 24 juillet 1534. 
Illustration de Louis-Charles Bombled (1862-1927) publiée dans Histoire de la Nouvelle-France par E. Guénin (1904)

Comme le golfe allait s’élargissant de plus en plus, il voulut en reconnaître la rive opposée, et vint aborder au cap Double, la pointe Riche de nos jours, pour descendre ensuite jusqu’à un cap qu’on atteignit le 24 juin et qu’on appela pour cette raison cap Saint-Jean, aujourd’hui cap de l’Anguille. De là, tournant à l’ouest, on toucha successivement à diverses îles, dont l’une reçut le nom de Brion, en l’honneur du grand amiral qui avait patronné l’expédition, et l’on arriva au fleuve des Basques : la rivière de Miramichi. Puis on remonta au nord, en explorant la Baie-des-Chaleurs, dont l’entrée est signalée au-delà par le cap de Prato, aujourd’hui Cap Forillon.

De là, toujours serrant la côte qu’il remonte vers le nord, il arrive à Gaspé et prend possession, le 24 juillet 1534, du sol de la Nouvelle France. Voici le texte authentique de cette prise de possession :

« Le XXIVe jour dudit mois, nous fîmes faire une croix, de trente pieds de haut, qui fut faite devant plusieurs d’eux [il s’agit des indigènes de Gaspé], sur la pointe de l’entrée dudit havre ; sous le croisillon de laquelle mîmes un écusson en bosse, à trois fleurs de lys, et dessus, un écriteau en bois, engravé en grosses lettres de forme, où il y avait : VIVE LE ROY DE FRANCE

“Et icelle croix plantâmes sur ladite pointe devant eux, lesquels la regardaient faire et planter. Et après qu’elle fut élevée en l’air, nous nous mîmes tous à genoux, les mains jointes, en adorant icelle devant eux ; et leur fîmes signe, regardant et leur montrant le ciel, que par icelle était notre rédemption.”

La Gaspésie est désormais terre française. Le roi de France a dorénavant droit de regard sur les provinces qui l’entourent. Leur ensemble forme le Canada. En donnant à François Ier ces terres nouvelles, leur découvreur a rempli l’essentiel de sa mission. Voilà ce que signifie, aux yeux de Cartier et de ses gens, le “padron” fleurdelisé dominant la baie de Gaspé.

Source : d’après Voyages de découverte au Canada entre les années 1534 et 1542, suivis d’une biographie de Jacques Cartier par René Maran, paru en 1968

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