mercredi 1 juin 2011

200 000 immigrants en 4 ans au Québec, bon pour le développement durable !?

Québec mène une consultation publique sur le document : « La planification de l’immigration au Québec pour la période 2012-2015 ». La Commission sur les relations avec les citoyens a entamé des audiences publiques hier.

Le document de consultation dévoile que le gouvernement de Québec désire accueillir 200 000 immigrants au cours des quatre prochaines années, soit une moyenne de 50 000 par année. Le gouvernement fait valoir que l'immigration est nécessaire, au plan démographique, pour pallier le vieillissement de la population, et au plan économique, pour pallier à la pénurie de main-d'œuvre et favoriser l'essor économique du Québec. Les quotas par bassin géographique (régions d'où proviennent les immigrants) visent à favoriser la diversité culturelle.

Passons sur le fait que l'utilité démographique de l'immigration est marginale au mieux (elle contribue surtout à faire grossir la population totale, mais la pyramide des âges n'est pas réellement modifiée, voir l'illustration ci-dessous et le texte ici).


En jaune, la pyramide des âges réelle du Québec en 2006 (avec immigration réelle).
La ligne noire représente la pyramide des âges du Québec sans immigration pendant les 40 dernières années.

Passons sur le fait de l'utilité économique de l'immigration actuelle est loin d'avoir été prouvée. Les documents du gouvernement font l'hypothèse que tous les immigrants sont actifs et gagnent bien leur vie au Québec, ce n'est pas le cas. En réalité, les immigrants sont nettement plus au chômage que les Québécois de souche et gagnent moins d'argent en moyenne que les Québécois de souche. Voir ici, ici et . L'immigration de gens d'affaires est également un échec : six immigrants sur dix appartenant à la catégorie des gens d’affaires quittent rapidement le Québec.

Dans son dernier rapport sur la sélection des immigrants, le Vérificateur général établissait que seuls 9 pour cent (9 %) des immigrés sélectionnés ont une formation correspondant aux besoins de main-d'œuvre du Québec. Voici la conclusion de Carl Bergeron sur l'impact de ce rapport :
Il y a assez de soufre dans ce document pour incendier tout le bunker de l’inter/multiculturalisme d’État ou, à tout le moins, pour commencer à poser des “questions qui tuent” — de ces questions fondamentales qui font leur chemin, et qui, mine de rien, causent la chute des régimes. Car une fois enfoncée la porte de l’Immigration, c’est tout le reste, c’est-à-dire l’inter/multiculturalisme d’État, qui devient soudain à votre portée. Les experts. Les profs planqués. La piétaille subventionnée. Les organismes de “sensibilisation”. Les “Caravanes de l’anti-dérapage”. Les “centres de recherche” qui siphonnent l’argent public. Les contrats d’auxiliaires. Les Commissions des droits de la personne. Les journalistes-relais. Les Observatoires sur le “racisme”, la “discrimination”, la “phobie” sous toutes ses formes. Les avocats chartistes. Les industriels des “inégalités systémiques”. Les alliances académiques, médiatiques, politiques, juridiques. Tout le système grâce auquel le Québec réel est tenu en laisse.

Un récent rapport de l'Institut Fraser révélait également que l'immigration coûte près de 20 milliards de dollars par année aux contribuables canadiens.

Qu'en est-il de la diversité culturelle ?

Si dans le monde on peut arguer que cette diversité culturelle est une bonne chose (en tout cas, il n'est certainement pas bon de la réduire par la force), il n'est pas du tout évident que l'augmentation de la « diversité » soit nécessairement une bonne chose dans une petite province comme le Québec. Quel avantage y a-t-il à fragmenter davantage la société québécoise, à importer des personnes à la culture, la langue, la religion différentes ? On ne peut imaginer que l'avantage soit la diversité raciale, car cela supposerait que les races existent et que certaines populations moins métissées sont inférieures à d'autres et que la « diversité » corrigerait ce handicap. Cette diversité culturelle, linguistique et religieuse croissante au Québec est-elle donc vraiment bonne ? Pas pour ceux qui disent du même coup qu'il faut intégrer ou assimiler ces étrangers, puisque par ce processus même on fera disparaître cette diversité et donc cette « richesse ». On ne peut donc considérer cette diversité culturelle, linguistique et religieuse comme un enrichissement que, d'une part, si l'on est un adepte du multiculturalisme le plus radical qui cherche à perpétuer des communautés distinctes qui ne s'intègrent pas ou, d'autre part, si l'on croit que les sociétés métissées sont meilleures que les sociétés homogènes et que l'on  cherche à changer profondément le Québec par le métissage. Or plusieurs sociologues, comme Robert Putnam et Pierre-André Taguieff, prétendent que cette diversité croissante fragilise les sociétés d'accueil.

La diversité comme prétexte pour plus d'interventions de l'État

Rappelons aussi que c'est cette diversité qui a servi de prétexte pour limiter le choix des parents à l'école québécoise et imposer un programme comme celui d'éthique et de culture religieuse. Cette diversité croissante s'accompagne également d'autres politiques de discrimination positive en faveur des minorités immigrées (voir aujourd'hui la fonction publique montréalaise serait « trop blanche »), de campagnes publicitaires pro-immigration (répétées) et de « politique de sensibilisation » qui sont autant de coûts cachés et d'ingérence de l'État pour la société d'accueil.

Sur le plan linguistique, il est évident que l'immigration actuelle diminue petit à petit la place du français au Québec et plus particulièrement à Montréal puisque les immigrants n'adoptent pas le français au minimum à 80 %. Même Louis Cornellier du Devoir l'avait noté samedi passé dans le Devoir, pour ce chroniqueur il faudrait que de 8 à 9 immigrants sur 10 s'assimilent au français pour maintenir le poids du français au Québec. On est loin du compte.

À qui profite cette politique ?

Pour Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, auteurs de l'essai Le Remède imaginaire / Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec cette politique d'immigration profite d'abord au parti libéral :
« Malgré la francisation relative de l’immigration, l’appui au Parti Libéral du Québec demeure proportionnellement plus fort chez les immigrants que chez les natifs. Le gouvernement a donc un intérêt objectif à faire diminuer la part relative des natifs dans la population. »
On peut encore ajouter que cette politique profite aux entrepreneurs qui peuvent tirer avantage des salaires moins importants des immigrés récents.  En effet si, en 1980, les nouveaux immigrants de sexe masculin qui avaient un revenu d'emploi gagnaient 85 cents pour chaque dollar de revenu d'emploi des hommes nés au Canada. En 2005, ils n'en gagnaient plus que 63. Chez les nouvelles immigrantes, les chiffres correspondants étaient de 85 cents et de 56 cents respectivement.

N'oublions pas parmi les personnes qui bénéficient du très haut taux d'immigration, les conseillers en immigration, et tous ceux qui espèrent qu'une société fragmentée permettra d'imposer leur vision d'une société « métissée » avec des politiques nouvelles, des programmes sociaux et rééducatifs nouveaux qui garantiront par le bras de l'État « le vivre ensemble et le bien commun ».

L'immigration bonne pour le développement durable ?

Dans le cadre de sa politique de développement durable, le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles s'est également posé la question de savoir si l'immigration de 200 000 immigrants en quatre ans est bonne pour le développement durable. La réponse pour le gouvernement (dans un document de neuf pages consacré à la question) est bien évidemment « oui ».

Mais la chose n'est pas du tout certaine.

D'une part, au niveau de la planète, faire en sorte de 50 000 personnes par an passent de sociétés moins développées économiquement, moins énergivores comme le Maghreb, l'Afrique, les Antilles ou l'Amérique  latine et viennent vivre dans une société de l'abondance comme celle du Québec qui consomme nettement plus, jette et gaspille nettement plus, n'améliorera en rien le bilan carbone de la planète.

Enfin, pour ce qui est du Québec, la Loi sur le développement durable comprend une composante « sociale » et « protection du patrimoine culturel ». Or, est-ce que la venue de 200 000 personnes en 4 ans, soit 1 million en 20 ans, sans compter leurs descendants, est la meilleure manière de protéger le patrimoine culturel et linguistique vivant du Québec ? Mieux qu'une politique nataliste axée sur la promotion de la croissance démographique interne accompagnée d'une immigration plus réduite et plus sélective ?





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