lundi 14 février 2022

Crise du logement : le tabou des seuils d’immigration trop élevés

Du quotidien La Presse :

[...] On se doit toutefois de remarquer qu’un facteur en particulier est toujours, ou presque, gardé sous silence. C’est celui de nos seuils d’immigration trop élevés.

Jean-François Perreault, le vice-président et économiste en chef de la Banque Scotia, l’expliquait récemment devant le Comité des finances à Ottawa : « Depuis 2015, nous avons vu une augmentation énorme de l’immigration qui a amplifié la pression sur le marché immobilier. »

Ce sont même les immigrants eux-mêmes qui font les frais de cette pression, car en arrivant ici, leur premier réflexe est évidemment de se chercher un logement, mais bien souvent avec peu de succès.

Nous sommes donc dans une situation paradoxale où les propositions de hausse de l’immigration, c’est-à-dire des politiques qu’on qualifie habituellement de « pro-immigration », nuisent en réalité à la qualité de vie des immigrants.


Les gouvernements du Québec et du Canada semblent faire peu de cas de cette réalité, alors que Québec hausse son seuil à 70 000 immigrants en 2022 et que le Canada de Justin Trudeau garde le cap sur son objectif de 400 000 immigrants par année.

Ces seuils d’immigration ont été annoncés sans réelle résistance par d’autres politiciens ou par les journalistes. À l’inverse, une baisse déclenche invariablement une cacophonie médiatique où tous partagent leur réflexion sur la question. Souvenons-nous du tollé, il y a quelques années, alors que François Legault avait modestement proposé de baisser les seuils durant deux ans pour ensuite les remonter.

Complaisance envers les propositions de hausse de l'immigration

Comment expliquer notre complaisance à l’égard des propositions de hausse de l’immigration, alors que celles-ci exacerbent la crise du logement ? C’est qu’il y a une forme de privilège progressiste qui fait bénéficier à ses tenants un certain passe-droit dans les domaines politique, journalistique et intellectuel.

Nous accordons une valeur morale univoquement positive à la hausse des seuils d’immigration, ce qui nous empêche de la remettre en question.

La posture morale, celle que l’on associe généralement à « l’ouverture à l’autre », semble suffire pour justifier des propositions qui posent pourtant de réels problèmes.

De l’autre côté, lorsqu’une baisse est sur la table, on présuppose que de mauvais sentiments l’animent et qu’on se doit en ce sens de pousser ses défenseurs à les avouer. On [Les médias] talonnera dans les points de presse celui qui défend une telle politique. On n’hésitera pas non plus à montrer l’épouvantail de la pénurie de main-d’œuvre sans pour autant dire que l’augmentation de l’immigration ne pallie qu’en partie la pénurie, car elle nécessite à son tour davantage de services comme des soins hospitaliers, des écoles, des enseignants, etc.


 
[...]

Privilège à révoquer, tabou à renverser

Comprenons bien qu’il ne s’agit pas de critiquer le fait que l’on questionne longuement le premier ministre du Québec lorsqu’il évoque des baisses d’immigration. Toutes nos politiques doivent se justifier sur les plans logique et factuel, c’est tout à fait sain pour notre démocratie.

Le problème est plutôt notre indolence envers les propositions de hausse de l’immigration. Il est plus que temps de mettre fin à ce privilège progressiste. Chaque proposition, aussi vertueuse peut-elle paraître, se doit d’être remise en question.

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Le patronat québécois reprend de plus belle sa campagne en faveur de l’immigration massive : 64 000 par année au Québec ! (1er avril 2021, ce n’est hélas pas un poisson d’avril)

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« Le français pourrait disparaître de la fonction publique au Québec » 

 

Immigration de masse : Toujours plus (le Canada connaît la plus forte croissance démographique du G7)

Mise à jour du 14 février : Le gouvernement Trudeau veut accueillir plus de 431 000 nouveaux résidents permanents cette année, et encore davantage les deux années suivantes. 

Le parti libéral du Canada revoit ses cibles précédentes à la hausse et souhaite admettre un total de 1,33 million d’immigrants d’ici 2024. 


Le ministre fédéral de l’Immigration, le libéral Sean Fraser, a déposé son premier rapport annuel au Parlement lundi après-midi, dévoilant ces nouvelles cibles.  

Il s'agit du niveau d'immigration le plus élevé depuis le « boom du blé » au début des années 1910.

Le gouvernement libéral du Canada ayant perdu patience avec la population canadienne qui vote en grande majorité pour d'autres partis, il semble avoir décidé d'élire un nouveau peuple, plus docile, plus reconnaissant.


Billet du 13 février

La population canadienne a augmenté de 5,2 % entre 2016 et 2021, principalement en raison d’une politique d’immigration de masse.

Selon les données du dernier recensement de 2021, le Canada compte aujourd’hui 37 millions d’habitants, soit 5,2 % de plus qu’il y a cinq ans, ce qui en fait le pays ayant connu la plus forte croissance démographique parmi les pays membres du G7.

D’après les premières données publiées mercredi matin par Statistique Canada, la population canadienne a crû de 1,8 million d’individus depuis le dernier coup de sonde national, en 2016.

En 2021, le Canada comptait 36 991 981 d’habitants.

« La population du Canada croît à un rythme deux fois plus élevé que les États-Unis. »

— Une citation de Patrick Charbonneau, analyste principal au Centre de démographie de Statistique Canada

C’est essentiellement à l’immigration que l’on doit cette croissance, souligne le démographe Patrick Charbonneau. En fait, quatre personnes sur cinq qui se sont ajoutées à la population canadienne entre 2016 et 2021 étaient issues de l’immigration.

La croissance naturelle de la population, soit les naissances moins les décès, ne représente, elle, que 15 % de la croissance démographique observée au pays depuis cinq ans.

Comme on s’y attendait, la pandémie a eu un effet notable sur la courbe démographique canadienne. Après avoir enregistré une croissance record de 583 000 personnes (+1,6 %) en 2019, la population canadienne a connu en 2020 son taux de croissance le plus bas depuis un siècle.

Entravée par la fermeture prolongée des frontières pour tenter de protéger le pays de la pandémie de COVID-19, la croissance démographique n’aura été que de 0,4 % en 2020, soit un gain de 160 000 personnes. Mais, même en dépit de la pandémie, le rythme de croissance démographique du Canada est demeuré le plus élevé du G7, souligne Statistique Canada.

Parmi les provinces, ce sont l’Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique qui ont connu la croissance la plus forte, avec des hausses respectives de 8 % et de 7,6 %.

La perte de poids démographique se poursuit au Québec


Le pourcentage de personnes vivant au Québec dans la population canadienne est passé de 23,2 % à 23 % au cours des cinq dernières années.

En dépit d’une augmentation de 4,1 % de sa population, qui se chiffrait à 8 501 833 lors du recensement, en 2021, le Québec continue de perdre du poids démographique au Canada par rapport aux autres provinces.

En 2021, les personnes qui vivent au Québec représentaient 23 % de la population canadienne contre 23,2 % en 2016. Cette tendance observée lors des 10 recensements précédents se poursuit donc. La croissance démographique du Québec demeure inférieure à celle du pays, qui était de 5,2 % au printemps 2021.

À titre de comparaison, la population de l’Ontario a crû de 5,8 % au cours des cinq dernières années, principalement en doublant le nombre d’immigrants accueillis par rapport au recensement précédent.

Les trois quarts des Canadiens vivent aujourd’hui dans les 41 grandes agglomérations urbaines du pays.

C’est à l’immigration, encore une fois, qu’on doit cette forte croissance des centres urbains. « Plus de 9 nouveaux immigrants permanents sur 10 s’installent dans une région métropolitaine (RMR) », note Statistique Canada. Une tendance qui est cependant compensée dans les grandes villes par une augmentation des migrations vers les banlieues.

« Si on regarde les migrations internes dans les trois plus grands centres urbains du Canada, il y a plus de gens qui quittent les villes vers la périphérie […] mais de façon générale, l’immigration réussit à compenser ces pertes-là », explique le démographe Patrick Charbonneau.

Pour preuve, souligne Statistique Canada, « pour la première fois en six recensements, aucune RMR au Canada n’a connu une diminution de population de 2016 à 2021 ».

Pour ce qui est de Montréal et Toronto, la population des deux Région métropolitaine de recensement (RMR) a augmenté de façon similaire entre 2016 et 2021, soit de 4,6 %. Ce qui les situe très loin derrière les villes de Kelowna, Chilliwack et Kamloops, qui affichent des taux de croissance respectifs de 14 %, 12,1 % et de 10 %.

Fait à noter, pour la première fois en 25 ans, Calgary ne fait plus partie des cinq Région métropolitaine de recensement (RMR) affichant les taux de croissance démographique les plus élevés.

Croissance beaucoup plus lente dans les régions rurales

Alors que les villes se remplissent sous l’effet de l’arrivée de dizaines de milliers d’immigrants au pays chaque année, dans les régions rurales, la croissance démographique est nettement moins forte.

En mai 2021, un peu plus de 6,6 millions de personnes vivaient dans une région rurale au pays, soit 0,4 % de plus qu’au recensement précédent, alors que la croissance des régions urbaines était de plus de 6,3 % au cours de la même période.

Par conséquent, le poids démographique des personnes vivant en milieu rural continue de diminuer au Canada. « Pour un neuvième recensement consécutif : il est passé de 18,7 % en 2016 à 17,8 % en 2021 », peut-on lire dans les documents de Statistique Canada.

Or, cette baisse aurait pu être plus marquée encore si ce n’avait été de l’arrivée de la pandémie, souligne l’agence fédérale.

« Étant donné qu’un plus grand nombre de Canadiens peuvent maintenant travailler à domicile à cause de la pandémie, la population de certaines régions rurales a augmenté, alors qu’un plus grand nombre de personnes ont quitté les centres urbains, en particulier au Québec et en Ontario », dit-elle.

Source : SRC.

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Sondage — 71 % des Québécois pour la levée des restrictions liées à la Covid

Plus de 70 % des Québécois et les deux tiers des Canadiens croient qu’il est temps d’abandonner les restrictions liées à la COVID-19 et de commencer à vivre avec le virus, selon un nouveau sondage.

L’enquête, menée par Maru Public Opinion pour Postmedia, a révélé que 64 % des personnes interrogées pensent qu’à moins que les hôpitaux et les unités de soins intensifs ne soient touchés par une augmentation soudaine de patients COVID-19 qui compromet les soins aux autres, les gouvernements devraient lever les restrictions liées à la pandémie.

Les répondants vivant au Québec (71 %), en Alberta (65 %) et en Ontario (65 %) étaient les plus susceptibles d’être de cet avis. Ceux qui sont le moins susceptibles de résider en Colombie-Britannique (48 %), au Manitoba et en Saskatchewan (41 %) et au Canada atlantique (39 %).

Selon le sondage, 56 % des Canadiens affirment que les personnes non vaccinées ne devraient pas subir de pression pour se faire vacciner. La majorité pense que si quelqu’un n’est pas vacciné à ce stade, il ne se fera pas vacciner à l’avenir, et faire pression sur lui crée un contrecoup qui est « pire que de vivre avec lui dans nos communautés ».

En ce qui concerne la question de savoir par qui les précautions doivent être prises, 53 % des répondants pensent que les mesures qu’ils prennent pour se protéger doivent leur revenir et non au gouvernement ni aux responsables de la santé publique. Cette opinion est largement majoritaire au Québec (62 %) et en Alberta (62 %) et minoritaire en Colombie-Britannique (41 %) et au Canada atlantique (44 %).

Au demeurant, le sondage a révélé que 45 % des Canadiens croient que le moment est venu pour les médecins en chef et les responsables de la santé publique de prendre du recul.

Le sondage auprès de 1 506 adultes canadiens qui sont des panélistes de Maru Voice Canada a été mené le 9 février. Un échantillon probabiliste comparable de cette taille a une marge d’erreur estimée de plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20.

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Une vaste majorité de commerçants exploitant de grandes surfaces en ont « ras le bol » du passeport vaccinal, qui ne fait que leur attirer les foudres des clients mécontents, parfois agressifs, tout en faisant diminuer l’affluence et les ventes, témoignent-ils. (La Presse)

Covid-19 : pourquoi le Danemark s'apprête à renoncer à la vaccination

Après avoir décidé de lever la plupart des restrictions, le pays scandinave pourrait abandonner totalement son programme de vaccination d'ici la fin du mois de février.

C'est une étape de plus dans la volonté de «vivre avec le virus». Depuis le 1er février, le Danemark a fait le choix, comme le Royaume-Uni, de tenter le pari d'un retour «à la vie d'avant», en tirant un trait sur les masques et le passe sanitaire, en rouvrant les boîtes de nuit, bars et restaurants sans restriction, malgré un nombre de cas record. S'il reste «recommandé» de s'isoler pendant quatre jours en cas de test positif, les cas contacts ne sont plus contraints à aucune quarantaine. Mais depuis vendredi 11 février, le pays scandinave est allé encore plus loin. Dans un communiqué passé relativement inaperçu chez nous, il a esquissé ce qui ressemble à un abandon pur et simple de la vaccination à court terme. Une première mondiale depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Ainsi, le gouvernement danois a annoncé dans un premier temps ne plus proposer de doses supplémentaires de vaccins à sa population. Les personnes âgées ou à risque ne recevront pas la quatrième et les moins de 18 ans se passeront de troisième. Mais surtout, le programme de vaccination pourrait être totalement suspendu «au plus tard au printemps». «Le Conseil national de la santé suivra de près l'évolution de l'épidémie dans les semaines à venir, et nous espérons pouvoir annoncer fin février les dates de clôture du programme de vaccination», indique ainsi le communiqué. 

Les autorités danoises justifient cette décision en fonction de plusieurs critères. D'abord, un taux de vaccination qu'ils estiment suffisant. D'après les chiffres du Statens Serum Institut, un institut de recherche sur les maladies infectieuses, cités par le journal Politiken , 80,9% des 5,8 millions de Danois étaient vaccinés au 11 février, dont 61,4% avec une dose de rappel. Un des meilleurs taux d'Europe, selon les données d'Our World in Data, seulement devancé par le Portugal.

C'est moins que le Québec avec 81,72 % de la population doublement vaccinée (86 % de la population éligible) et 57, 4 % de doses de rappel dans la population éligible. En outre, depuis le début du mois de décembre, au moins deux millions de personnes auraient contracté le variant Omicron du coronavirus au Québec, dont un million uniquement depuis le début de 2022. En outre, près de la moitié des Québécois ont contracté la Covid-19 en deux ans de pandémie, a révélé mercredi le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau.

 À titre de comparaison, 79% de la population française est actuellement vaccinée, dont 55% avec la troisième dose, selon les chiffres du ministère de la Santé. «Au Danemark, nous avons un niveau très élevé de vaccination», se félicite ainsi le gouvernement dans son communiqué, qui évoque une «très grande immunité protectrice» de la population.