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mardi 26 août 2025

Québec — Comité préconise d’abolir le financement public des écoles religieuses dites privées

Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau ont dévoilé mardi leurs 50 recommandations censées renforcer « la laïcité » au Québec.

Ces coprésidents recommandent notamment de mettre fin de façon progressive aux avantages fiscaux et aux subventions accordés aux organismes religieux ainsi qu’au financement étatique (qui n'est que partiel) des écoles dites privées et religieuses.

Jusqu’ici, le Premier ministre du Québec, François Legault, s’est opposé à définancer les écoles privées religieuses, plaidant que cela nuirait à des institutions qui appliquent le programme scolaire. Rappelons qu'aucune école au Québec n'est vraiment libre de choisir son programme scolaire ni sa pédagogie et que toutes, mêmes celles qui ne reçoivent pas de subventions, fait rare dans les démocraties, doivent appliquer tout le programme scolaire, voir la saga entourant l'imposition du défunt programme ECR.

Résumons :
 
Pourquoi ne pas se concentrer sur les écoles publiques ? Pourquoi ne pas limiter l'immigration des personnes qui poseraient des problèmes d'intégration ? Le problème est démographique. La France est plus laïque que le Québec et elle n'échappe pas aux problèmes décriés par les critiques de l'entrisme islamiste.

Rappelons qu'il n’existe pas de répertoire public exhaustif et à jour des écoles privées religieuses au Québec, car le ministère de l’Éducation ne compile plus de statistiques spécifiques sur les écoles selon leur confession religieuse. Selon un rapport de Radio-Canada de 2022, environ 50 écoles privées subventionnées au Québec ont une vocation religieuse explicite, parmi les 165 écoles privées subventionnées. Cela inclut 27 écoles catholiques, 14 juives, 4 musulmanes, 2 arméniennes, 2 protestantes évangéliques et 1 grecque orthodoxe.


Voir aussi
 
« C’est la démographie, stupide! » (l'immigration massive musulmane)
 
 
 
 
 

Le gouvernement québécois ne veut plus de religion dans les garderies communautaires (2010, pas d'explications de la crèche de Noël ?)

 


 

jeudi 9 janvier 2025

Royaume-Uni : les mauvaises idées des Travaillistes pour l'école

À la mi-décembre, la fille de Tim Jonas a dit au revoir à ses amis et à ses enseignants dans son école privée de Wakefield, dans le Yorkshire. M. Jonas, développeur web, explique que sa famille n'est plus en mesure de payer les frais de scolarité de sa fille de neuf ans, maintenant que le gouvernement travailliste britannique y ajoute 20 % de taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Aucune des 44 écoles primaires publiques de Wakefield n'ayant pu lui garantir une place, elle se rendra à une école située à quelques kilomètres de la ville. M. Jonas se sent « assez positif » à propos de ce déménagement, maintenant qu'il est en cours. Mais il regrette d'avoir dû retirer sa fille d'une école où elle était heureuse et où elle réussissait bien.

Après deux ans d'âpres débats, la TVA sur les frais de scolarité est entrée en vigueur le 1er janvier. Malgré tout le bruit qu'elle a suscité, il y a fort à parier que cette mesure aura moins d'impact que ne l'imaginent les irréductibles des deux camps. Cela devrait pourtant inquiéter les travaillistes, qui insistent sur le fait que rendre l'enseignement privé plus cher était une bonne façon de passer ses premiers mois à la direction du système scolaire.

Un parti qui a jadis donné la priorité à « l'éducation, l'éducation, l'éducation » semble étonnamment à court de bonnes idées. Les frais de scolarité de la plupart des écoles privées augmentent en même temps, mais dans des proportions variables. Les établissements les plus huppés, comme Eton, font payer aux parents la totalité des 20 %. D'autres établissements disent s'efforcer de limiter les augmentations, mais prévoient d'échelonner les augmentations dans le temps. Les règles de récupération de la TVA permettront à certaines écoles de réaliser des économies (lorsque les entreprises commencent à facturer la TVA à leurs clients, elles cessent de payer la taxe sur certaines de leurs propres dépenses). Mais même dans ce cas, la plupart des écoles devront réduire leurs dépenses ou puiser dans leurs économies si elles souhaitent maintenir l'augmentation des frais de scolarité en dessous de 15 %.

L'effet sur les inscriptions ne se fera sentir que dans quelques années. Bien que certains enfants déménagent déjà, les parents essaient d'éviter de les retirer au milieu de l'année scolaire ou lorsqu'ils préparent des examens importants. Le gouvernement estime que les effectifs des écoles privées finiront par diminuer d'environ 6 %, ce qui entraînera la fermeture d'une centaine d'établissements (la Grande-Bretagne en compte environ 2 600, qui accueillent quelque 600 000 élèves, soit 6 % des enfants d'âge scolaire). Elle s'attend à ce que les enfants soient transférés dans des écoles publiques et à ce que certains parents ne choisissent pas d'emblée l'enseignement privé.

Pour l'instant, ces prévisions semblent raisonnables. Dans le privé, les chefs d'établissement se disent plus inquiets de la diminution du nombre de nouveaux élèves que de l'exode des élèves existants. Le Conseil des écoles indépendantes, un groupe industriel, indique que le nombre d'élèves de 11 ans entrant dans les écoles secondaires privées a chuté d'environ 5 % en septembre dernier, d'après une enquête menée auprès de quelque 700 établissements. Il pense que les inquiétudes concernant les frais de scolarité en sont la principale raison.

Les parents dont les enfants fréquentent les écoles les plus huppées sont ceux qui auront le moins de mal à trouver des fonds supplémentaires. Les établissements plus petits et plus modestes sont les plus susceptibles de diminuer. Selon Tony Perry, de l'association Education Not Taxation, qui s'oppose à la réforme, les changements s'annoncent particulièrement difficiles pour les enfants ayant des besoins éducatifs spéciaux. Les parents de ces enfants mettent parfois leurs finances à rude épreuve pour s'offrir un enseignement privé, après avoir conclu que les écoles publiques locales ne sont pas en mesure d'apporter à leurs enfants l'aide dont ils ont besoin.

La question la plus importante est de savoir si les avantages de la taxe l'emporteront sur ses inconvénients. Les travaillistes ont probablement raison de dire que la taxation des frais de scolarité va rapporter environ 1,5 milliard de livres (1,9 milliard de dollars américains) par an (même si beaucoup d'enfants fuient vers les écoles publiques, les parents vont probablement dépenser une grande partie de ce qu'ils économisent pour acheter des produits soumis à la TVA). Mais même si tout cet argent va à l'éducation, il n'augmentera les budgets des écoles publiques que d'un maigre 2 %.

Les projets encore vagues du parti travailliste pour améliorer les écoles publiques n'incitent pas à l'optimisme. Il a beaucoup parlé de l'embauche de 6 500 enseignants supplémentaires ; l'été dernier, il a déclaré qu'il s'agirait de l'une de ses « premières mesures ». Mais cela ne représente qu'un enseignant pour quatre écoles. Et les ministres n'ont pas encore expliqué comment ni quand ces objectifs seront atteints. Si les écoles anglaises manquent de personnel, ce n'est pas parce que les responsables politiques ont refusé de prévoir un budget pour recruter davantage de personnel, mais parce que trop peu d'enseignants veulent travailler pour le salaire proposé. Pour remédier à cette situation, il faudra probablement augmenter les salaires des enseignants bien plus que ce que le parti travailliste semble disposé à faire.

En ce qui concerne les inspections, le problème n'est pas d'avoir traîné les pieds, mais d'avoir agi de manière trop irréfléchie. En septembre, le gouvernement a ordonné à l'Ofsted, l'inspection des écoles, de cesser d'attribuer des notes globales aux établissements (telles que « Excellent » et « Insuffisant »). Cette décision a ravi les enseignants, qui détestaient l'ancien système ; leur opposition s'est intensifiée depuis le début de l'année 2023, lorsqu'un chef d'établissement dont l'école risquait d'être rétrogradée s'est suicidé. Pourtant, ils risquent d'aimer encore moins les inspections du nouveau style. Des fuites laissent entendre que l'Ofsted pourrait bientôt commencer à attribuer aux écoles des notes dans une dizaine de sous-catégories floues. L'idée semble être de brosser un « tableau plus large » des forces et des faiblesses de chaque établissement. Mais cela ne signifiera que plus de critères pour les enseignants, plus d'informations pour les parents et plus de travail pour un organisme d'inspection qui semble depuis longtemps à court d'argent.

Les dernières annonces du parti travailliste mettent à mal les libertés dont jouissent les écoles ayant le statut d'« académie » (environ 80 % des écoles secondaires et plus de 40 % des écoles primaires). Le précédent gouvernement conservateur avait accordé plus d'autonomie à ces écoles, espérant ainsi faire progresser les résultats. Mais les projets de loi publiés le 17 décembre donneraient aux politiciens plus de contrôle sur leurs programmes et les empêcheraient d'embaucher du personnel sans qualifications pédagogiques (ou qui n'est pas en formation). L'idée d'obliger les académies à respecter des barèmes de rémunération centralisés a suscité une grande confusion : Les travaillistes ont dû préciser que les écoles qui payaient plus que la moyenne n'étaient pas invitées à réduire les salaires des enseignants. La manière dont tout cela profitera aux enfants n'a pas encore été bien expliquée.

« Tout le monde se gratte la tête », déclare Tom Richmond, un analyste politique qui a travaillé au ministère de l'éducation. « Nous voyons beaucoup d'annonces, mais nous n'avons pas encore de plan. Un autre analyste (qui préfère garder l'anonymat de peur de se faire des ennemis au sein de la nouvelle administration) note que les réformes des conservateurs, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ont été guidées par une « vision » forte de ce à quoi ressemblent les salles de classe performantes. « Je ne sais pas vraiment quelle est l'école de rêve des travaillistes ».

Pour ceux qui craignent que les travaillistes ne mettent à bas les réformes des 15 dernières années, la dérive du ministère de l'éducation est tolérable. Les écoles anglaises ont grimpé dans les classements internationaux. De grands changements épuiseraient les enseignants à un moment où il est déjà difficile de les retenir. La base du parti travailliste compte de nombreux idéologues qui, s'ils en avaient l'occasion, démantèleraient les normes et affaibliraient la discipline. Le gouvernement, et c'est tout à son honneur, semble avoir résisté à leurs pires idées.

Pourtant, les menaces qui pèsent sur la matière grise des jeunes sont de plus en plus nombreuses. Environ un quart des élèves de l'enseignement secondaire sont « constamment » absents, soit deux fois plus qu'avant la pandémie ; la proportion de ceux qui sont absents plus de la moitié du temps est en augmentation. Les services destinés aux enfants nécessitant une éducation spéciale sont en crise ; les coûts croissants menacent de mettre les conseils locaux en faillite. La lutte pour les écoles privées a détourné les décideurs politiques de questions plus importantes.

Source : The Economist

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vendredi 1 novembre 2024

Liban, « Pourquoi les enfants musulmans verraient les enfants chrétiens apprendre et pas eux ? »

Tandis que les écoles publiques accueillent massivement des déplacés et ont dû reporter la rentrée scolaire, les établissements privés - majoritairement chrétiens - ont pu accueillir leurs élèves.


Beyrouth

Dans l’école Saint Vincent de Paul située dans le quartier Clémenceau, à Beyrouth (photo de la cour ci-dessus), un groupe de femmes vêtues de noir est assis sur un banc, le regard dans le vide. De rares bouffées d’air frais agitent le linge qui, sur les fenêtres de l’établissement, sèche au soleil. Il y a là des couvertures, des t-shirts encore tachés et des sous-vêtements. Une dizaine d’enfants jouent dans la cour de récréation tandis que la sonnerie retentit pour rien. Ces enfants n’ont pas fait leur rentrée scolaire début octobre. Près de 880 déplacés ont trouvé refuge dans les salles de classe après que leurs quartiers ont été lourdement bombardés par Israël. À la place des tables, les matelas jonchant le sol accueillent des corps fatigués par l’exil. Au deuxième étage du bâtiment principal, une femme aide son fils à se laver à l’aide du lavabo des toilettes.

« Je suis arrivée de Dahié le 27 septembre et j’ai trouvé l’école ouverte, donc je me suis installé , raconte Mohammed, assis sur un banc de la cour de récréation, ses deux mains massives posées sur ses genoux. On est très bien accueillis ici, ils font tout pour que l’on soit bien». Chaque jour, une dizaine de membres du personnel de l’établissement continue de travailler et épaule les réfugiés. Pour autant, bien qu’ils ne nient pas l’urgence de la situation, ces salariés tiennent les déplacés pour responsables du report de la rentrée des classes.

En raison de la guerre, cet établissement public ne peut pas accueillir ses propres élèves. Quelque 700 écoles publiques libanaises se sont transformées en centres d’hébergement d’urgence pour accueillir une partie des 1,2 million de Libanais qui ont dû fuir leurs lieux d’habitation depuis le 23 septembre, selon les dernières estimations de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Par conséquent, la rentrée scolaire a été reportée au début du mois de novembre. Pour les écoles privées, la situation est différente: le 14 octobre, le ministre de l'Éducation Abbas Halabi a autorisé celles situées en zones sûres à ouvrir leurs portes. Peu d’entre elles accueillent des déplacés. Cette rentrée des classes différenciée cristallise les tensions entre les communautés réfugiées, principalement chiites, et les communautés chrétiennes.

Une rentrée scolaire politique

«Il n’y a quasiment pas d’enfants chiites dans ces écoles privées. Qui a les moyens de payer 2000 dollars par an de frais scolaires ?», s’indigne Hassan Mourad, député sunnite et Président de la commission parlementaire pour l’éducation. Le 26 septembre, cet élu de la Bekaa a dénoncé sur Facebook « les logiques communautaires» de certains acteurs au sujet de l’ouverture des écoles privées. Dans son viseur: le réseau des écoles chrétiennes. « Je n’aime pas parler en ces termes, mais c’est la réalité aujourd’hui. Je ne veux pas qu’il y ait deux Liban. Pourquoi les enfants musulmans verraient les enfants chrétiens apprendre et pas eux ?» S’indigne-t-il. Il déplore les pressions que le ministre de l’Éducation aurait subies de la part du directeur du comité des écoles privées, dirigé par le père Youssef Nasr.

L’intéressé nie ces accusations. Surtout, il refuse de parler de divisions : « Si quelqu’un n’est pas capable d’aller à l’école, il ne peut pas obliger les autres à ne pas y aller non plus », estime celui qui est également secrétaire général des écoles catholiques du Liban. Il appelle à ce que les déplacés soient accueillis dans d’autres lieux que les écoles, même si aucune solution n’a pour l’instant été trouvée par l’État.

Les membres des organisations du secteur éducatif se déchirent au sujet de la marche à suivre dans ce contexte de guerre entre le Hezbollah et Israël . Pour les uns, cette guerre doit mobiliser l’ensemble de la population libanaise. Pour les autres, elle doit épargner ceux qui peuvent l’être, les enfants en particulier. « En réalité, ceux qui réclament la fermeture des écoles privées pendant encore un mois car ce n’est pas leur priorité. Leur priorité, c’est de soutenir la résistance», avance Youssef Nasr.

Dans le secrétariat de l’établissement Saint Vincent de Paul, Élias (dont le prénom a été modifié), un membre du personnel, soupire: « Certains ont choisi cette situation (de guerre, ndlr) , d’autres non et nous ne voulons pas perdre un an à cause de cela». « Nous avons dû débuter les cours en ligne en raison de l’occupation de l’école» , poursuit-il en passant sa main dans ses cheveux grisonnants.

Un système éducatif exsangue

Il estime que 20 à 30 élèves décrochent chaque jour, car le manque d’électricité, de réseau internet et d’ordinateurs au Liban ne leur permet pas d’étudier dans des conditions favorables à l’apprentissage. « Nous avons demandé à tous les acteurs de ce pays, l’État, l’Église, des associations, de trouver une autre solution pour ces réfugiés, mais ça n’a rien changé». Dans le bureau plongé dans une demi-obscurité, seuls les cris des enfants troublent le silence qui a envahi la pièce.

En 2019, le secteur privé assurait plus de 70% de la scolarisation des élèves libanais, un chiffre qui aurait augmenté depuis le début de la crise économique, selon le secrétariat général de l’enseignement catholique. Par ailleurs, un tiers des élèves inscrits dans les écoles chrétiennes sont issus d’autres communautés, selon la même source.

«L’éducation est un secteur vital pour la survie du Liban », fulmine Vincent Gelot, responsable des projets de l’Œuvre d’Orient au Liban et en Syrie. L’association apporte un soutien financier aux écoles privées libanaises. La réouverture de ces établissements est pour l’humanitaire essentielle, afin d’assurer un niveau minimum d’éducation malgré la guerre. «On sort de cinq années calamiteuses avec la révolution de 2019, la crise économique et la pandémie qui a été gérée de façon catastrophique», rappelle-t-il. Selon le ministère de l’éducation, 300.000 enfants libanais, sur 1.2 million, n’étaient plus scolarisés avant le 23 septembre.
 
À Jabboulé, dans le nord de la plaine de la Bekaa, Mère Jocelyne Joumaa, directrice de l’orphelinat Notre Dame du Bon Service témoigne d’une situation humanitaire très difficile : « Avec les bombardements d’hier soir, la panique domine dans la région. Les femmes et leurs enfants viennent se réfugier dans notre couvent. C’est terrible. Notre mission est de témoigner du visage du Christ. »

Depuis le 7 octobre, des dizaines d’écoles privées ont ouvert leurs portes à travers le pays. Le sort des écoles publiques, censées ouvrir dans deux semaines, reste suspendu à la guerre en cours entre Israël et le Hezbollah. Et si celle-ci ne s’arrête pas ? « Le sud du pays vivra comme j’ai vécu en 1982. Nous étions bombardés, et nous n’avons pas pu étudier », augure le député Hassan Mourad.
 
 « L'école en ce moment, ce n'est pas notre priorité ? »

Fatima, huit ans, erre dans cet abri en se languissant de son école, laissée derrière elle, comme sa maison. « L'école et les cahiers de coloriage me manquent », assure-t-elle à l'AFP.

Les hostilités transfrontalières ont débuté il y a un an, après l'ouverture d'un front contre Israël par le Hezbollah, dans la foulée de l'attaque sur le sol israélien de son allié palestinien du Hamas, qui a déclenché la guerre à Gaza. Mais si elles ont été meurtrières, elles n'ont longtemps eu qu'un impact limité sur le fonctionnement des écoles du sud du Liban. Depuis qu'elles ont laissé la place à une guerre ouverte, étendue aux abords de Beyrouth, qui a fait plus de 1 100 morts en deux semaines, selon les autorités, tout a changé.

« Danger sécuritaire », « entraves au mouvement » des élèves et des professeurs... Le ministre de l'Éducation, Abbas al-Halabi, énumère toutes les raisons pour lesquelles son ministère ne « prendra pas le risque » d'organiser la rentrée avant un mois.

« Ça fait deux semaines qu'on dort dans la rue, donc l'école, ce n'est pas notre priorité en ce moment », affirme Salma Salmane, 30 ans, réfugiée dans le centre de Beyrouth avec ses jumelles de sept ans. Jennifer Moorehead, de l'ONG Save the Children, anticipe déjà une année blanche. Avec au moins un mois de scolarisation en moins en 2024-2025, les enfants vont encaisser « un lourd retard sur le programme ».

Sources : AFP, Le Figaro, Œuvre d’Orient, Le Télégramme

vendredi 23 février 2024

Anne Coffinier et la défense de la liberté scolaire

Entretien avec Anne Coffinier, énarque, ancienne diplomate, fondatrice de l’association Créer son école. Depuis plus de 20 ans, elle défend la liberté scolaire et accompagne les créateurs d’écoles indépendantes en France, ainsi que les parents qui pratiquent l’instruction en famille (IEF).
  • 00:44 : Présentation de Créer son école
  • 02:48 : École libre, indépendante, hors contrat ?
  • 04:20 : Historique de l’école privée
  • 07:10 : Le cas du lycée Averroès
  • 09:30 : Les Français sont attachés au privé
  • 11:08 : Le séparatisme islamiste passe-t-il par l’école ?
  • 15:00 : Hors contrat, hors contrôle ?
  • 18:05 : Revoir les relations entre le public et le privé
  • 21:40 : L’interdiction de l’école à la maison (IEF)
  • 25:20 : Le succès trompeur du privé sous contrat
  • 28:40 : L’éducation, domaine régalien ?
  • 30:30 : Comment nos élites font sécession par l’école
  • 38:50 : L’ascenseur social bloqué
  • 41:01 : Peut-on réformer l’Éducation nationale ?
  • 49:05 : La scolarisation à 3 ans et IEF
  • 55:01 : La place des parents d’élèves
  • 1:01:31 : Faire payer l’école publique ?
  • 1:03:45 : Les élèves perturbateurs
  • 1:12:20 : 15 ans pour tout changer
  • 1:14:40 : L’autonomie des établissements

lundi 12 février 2024

Paris — 7 établissements scolaires catholiques sous contrat pourraient être transformés en logements sociaux

Voici venue la «guerre scolaire urbaine» alerte Anne Coffinier !

À Paris, sept établissements d’enseignement privés se retrouvent piégés par le plan local d’urbanisme de la mairie.

Le nouveau PLU (plan local d’urbanisme) de la Ville de Paris a prévu de contraindre près de 2000 bâtiments à se transformer à terme, en tout ou partie, en logements sociaux. Techniquement, ces parcelles sont classées en « emplacements réservés » ; on dit ainsi pudiquement qu’elles sont « pastillées » par le PLU. Des établissements publics sont visés, tels que le CROUS de Mabillon, mais aussi des immeubles de bureaux, des immeubles de logement et même – et c’est l’objet de cet article – des établissements d’enseignement privés sous contrat.


Manœuvres immobilières

Les propriétaires institutionnels de bureau ont conduit un lobbying actif et se sont vivement défendus dans les médias. Ils menacent d’utiliser massivement leur droit de « délaissement » pour forcer la Mairie de Paris à reculer. Concrètement, ils prévoient de demander à la Mairie de racheter leur bâtiment et, si elle ne l’avait pas fait dans le délai imparti d’un an, le bâtiment en question serait dépastillé, donc libéré de ses obligations quant aux logements sociaux.

La manœuvre est habile : la Mairie de Paris, déjà lourdement endettée, n’aura pas les moyens financiers d’acheter des centaines de parcelles à Paris, a fortiori dans un contexte également compliqué pour les bailleurs sociaux.

Sept écoles piégées !

Et voilà qu’on découvre qu’au moins sept établissements privés catholiques scolaires sous contrat sont pastillés  dans la capitale ! Ces derniers ne pourront ni construire, ni mener une restructuration lourde, ni réaliser une extension, ni surélever un bâtiment, ni réaliser un changement de destination sans devoir créer des habitations dont une partie de logements sociaux pouvant aller jusqu’à 100% de la surface d’habitation créée. Autrement dit, cela signifie que ces derniers seront privés de la possibilité de réaliser tout type de travaux de grande ampleur. Leur développement sera donc gelé.

Mais de quels établissements s’agit-il ? Le collège Saint-Jean Gabriel dans le 4è arrondissement, l’école Saint-Eloi, le collège Sainte-Clotilde et le lycée Saint-Michel de Picpus dans le 12è, mais aussi les groupes scolaires Saint-Vincent de Paul et de Notre-Dame de France dans le 13è arrondissement ainsi que le lycée Saint-Michel des Batignolles dans le 17è. Curieux coup du sort, qui vient dans le contexte de l’annonce de la suspension des subventions de la Ville de Paris à l’école Stanislas, en contradiction avec la loi.

Les écoles pastillées viennent donc d’être invitées par la Direction diocésaine de Paris à protester par écrit, dans le cadre de l’enquête publique ouverte jusqu’au 29 février. En plus de cette étape nécessaire, les établissements catholiques concernés et les parents d’élèves ont évidemment intérêt à faire connaître fortement leur opposition, à l’instar de ce qu’ont fait les foncières et autres propriétaires institutionnels de bureaux, sans quoi  ils seront immolés par « notre Drame de Paris », Anne Hidalgo.

Le pas de vague n’est pas possible

En politique, le « pas de vagues » n’est pas une option. En religion, non plus d’ailleurs, mais c’est un autre sujet.

Une fois le PLU adopté, restera la possibilité de l’attaquer au tribunal administratif pour illégalité. N’est-ce pas en effet un détournement de procédure que de classer tant de parcelles en emplacement réservé, alors que la Mairie de Paris sait bien qu’elle est incapable de les racheter lorsque les propriétaires feront valoir en nombre leur droit de délaissement ?

Cet usage offensif du dispositif de pastillage est de la politique. Anne Hidalgo fait même preuve d’innovation en inventant une nouvelle dimension à la guerre scolaire qui se joue maintenant… dans la rue ! Voici en effet venue la « guerre scolaire urbaine ».  Comme c’est technique, la Maire de Paris a pu avancer sans être repérée.

Il est quand même inouï que les écoles visées n’aient été prévenues que le 6 février. Au Conseil de Paris, personne n’a identifié cette attaque contre les établissements catholiques sous contrat lorsque le PLU a été examiné. Il faut dire que les parcelles sont nommées uniquement par les numéros de rue et que la loi ne prévoit pas d’obligation pour les mairies de prévenir les propriétaires concernés. Là encore, seuls les initiés pourront agir et sauver la valeur marchande et la liberté d’utilisation de leur propriété. Drôle de conception de la transparence politique et du respect des droits des citoyens, dont pas moins de 40% des enfants sont scolarisés dans les établissements sous contrat parisiens…


Source

dimanche 12 novembre 2023

Norvège — Les écoles chrétiennes menacées par le budget prévisionnel 2024

Présentée dans le budget prévisionnel 2024, la forte réduction des subventions menace directement les écoles chrétiennes en Norvège. Elles expriment de grandes inquiétudes quant à leur avenir.

Certaines pourraient fermer. Les écoles chrétiennes de Norvège ont découvert avec grand étonnement le plan du gouvernement. Présenté le 6 octobre, le budget prévoit en effet une réduction des subventions aux établissements scolaires de 4,3 millions d’euros. D’ici cinq ans, le gouvernement projetterait ainsi d’économiser environ 42 millions d’euros, selon le quotidien Vart Land.

« C’est très grave »

Cette réduction de subventions concerne au moins 110 établissements chrétiens. Conseillère principale de l’Association des écoles chrétiennes libres, Sidsel Høland Olausson exprime son désarroi: «C’est très grave et cela signifie que les écoles doivent licencier du personnel. Nous imaginons également que des écoles devront fermer à cause de cela».

Par ailleurs, l’ancien Ministre des Finances (janvier 2020 et octobre 2021), Jan Tore Sanner incite le gouvernement «à retirer la proposition et à proposer un ajustement dans le budget». Le parlementaire du Parti conservateur pointe le «manque de dialogue» avec les organisations d’écoles indépendantes. Selon lui, la proposition envoyée aux établissements en janvier 2022 est «peu documentée et mal formulée».

Source

mercredi 1 novembre 2023

Québec : la guerre contre l'école privée est une guerre injuste

Ci-dessous un texte de Mathieu Bock-Côté qui rappelle quelques principes de base. Pour ce carnet, il est regrettable que le Parti québécois ait encore cédé à sa volonté étatiste populiste de gauche en cherchant à « conventionner » (nationaliser dans les faits) les écoles dites privées. Notons que les écoles privées, au Québec, le sont en fait très peu : elles doivent notamment enseigner le programme du public, y compris dans leur pédagogie, c’est ce qui a opposé le collège Loyola au Monopole de l’Éducation. La sélection qu'on leur reproche peut-être une excellente chose: s'imagine-t-on une école de musique qui accepte le tout venant ? Enfin, il existera toujours un écrémage ne fût-ce que géographique, les écoles des quartiers cossus regrouperont des enfants de parents nantis. Le public ferait mieux de relever son niveau, ses exigences et sa discipline de manière interne sans vouloir aspirer le privé qui parvient à mieux s’en sortir.

On a reparlé de l’école privée ces derniers jours, dans le cadre du Conseil national du Parti Québécois.  

Et chaque fois, on en parle de la même manière, comme s’il s’agissait d’une institution problème, fondamentalement illégitime, qu’il faudrait mater et faire rentrer dans le rang.

C’est une erreur, et une grave erreur, et cela, encore plus quand l’école publique s’effondre à grande vitesse, et ne parvient plus à transmettre les savoirs élémentaires, et ne sait pas non plus transmettre la culture.

L’école privée se présente alors à la manière d’une bouée de sauvetage.

Comportement

On reproche à l’école privée de sélectionner selon le comportement des élèves et selon leur profil scolaire — autrement dit, selon leurs notes. 

C’est pourtant sa plus grande vertu.

D’abord pour le comportement. Brisons ce tabou : l’école paie cher le prix de l’inclusion à tout prix des élèves à problèmes dans les classes. 

Les élèves turbulents condamnent les professeurs à faire de la discipline à temps plein — une discipline qu’ils n’ont même pas le droit de faire, car s’ils faisaient preuve de la moindre manifestation d’autorité, on les accuserait de brutaliser les élèves.

Dans un monde normal, on mettrait les élèves à problèmes dans une classe à part et on cesserait de les transformer en fardeau pour tous ceux qui veulent enseigner et apprendre calmement.

De même, il est normal que l’école privée sélectionne selon les notes. Elle cherche ainsi à créer un environnement d’excellence.

Bouée de sauvetage

Je précise qu’elle n’est pas parfaite.

Mais elle offre, redisons-le, une bouée de sauvetage alors que le système scolaire public coule devant nous. Il serait immoral de lui compliquer la vie.

J’ajouterais même qu’elle devrait servir d’exemple au public, où tant de professeurs se démènent admirablement, malgré un système éducatif qui les empêche de faire leur métier.

Nous en sommes loin. 

Voir aussi

Effet d’écrémage lié à la liberté scolaire : faible ou déjà présent

Réaction à « Près de 75 % des Québécois contre le financement public des écoles privées »

QS et le PQ s’uniraient contre la « ségrégation scolaire »

« Ségrégation scolaire » : harcèlement scolaire des bons élèves 

Nombre d’élèves en difficulté a près de doubler en 10 ans, coût : 2,3 milliards par an

L’école privée ferait épargner 4452 $ par élève au Trésor public québécois

Éducation : les variables non significatives (notamment les dépenses par élève) et la variable pertinente (la qualité)

 « Les écoles privées, c’est pour les riches »

samedi 28 octobre 2023

Infox de la Presse ? Le Parti québécois proposerait de nationaliser les écoles privées...

Selon La Presse de Montréal, « un gouvernement péquiste interdirait à toutes les écoles financées par l’État, publiques ou privées, de sélectionner en fonction des notes ou du comportement les élèves des programmes particuliers. [...] En outre, le PQ, qui s’était déjà positionné pour la fin des subventions aux écoles privées, nuance cette fois sa position en proposant de les « nationaliser » ». 
 

Bobard ? Le chef du Parti québécois a émis une démenti ce matin à ce sujet :

dimanche 18 juin 2023

France — L’enseignement privé catholique (subventionné) reste également étroitement surveillé par l'État macronien

Tandis que les atteintes à la laïcité se multiplient (euphémisme : présence d'élèves islamistes) dans l’enseignement public, l’éducation nationale ne relâche pas pour autant sa surveillance méticuleuse de l’enseignement privé, et en particulier des écoles catholiques. Ces dernières semaines, le déclenchement de deux inspections générales, visant des établissements catholiques sous contrat avec l’État [c'est-à-dire subventionnés], a rappelé aux écoles privées qu’elles sont scrutées de près.

La première concernait le lycée Jean-Paul II de Compiègne. Le 11 avril dernier, cinq inspecteurs pédagogiques de l’académie d’Amiens avaient été saisis par le recteur suite à des plaintes d’enseignants, qui dénonçaient une «culture de la censure » et des « dérives graves ». En cause, le refus par la direction de diffuser deux films : un biopic sur Simone Veil [la pro-avortement pas la philosophe] et Rafiki, qui raconte une histoire d’amour entre deux lycéennes kényanes. Le directeur de l’établissement, Étienne Ancelin, s’est réjoui à la suite de l’inspection d’une conclusion jugée « favorable » : des recommandations ont bien été faites à l’établissement, mais sans remettre en cause le contrat d’association avec l’État, précise la direction de l’enseignement catholique en France.

Procédures d’inspection

Plus tôt dans l’année, c’est le prestigieux lycée Stanislas (ci-contre), à Paris, qui est arrivé dans le viseur de l’inspection générale du ministère, cette fois à la suite de deux articles de Mediapart [média d'extrême gauche] dénonçant «l’univers sexiste, homophobe et autoritaire» de l’établissement. Son directeur, Frédéric Gautier, reste convaincu néanmoins que l’inspection ne remettra pas en cause le lien de confiance qui lie son établissement à l’État : «Le ministre a sûrement voulu montrer qu’il n’avait pas de complaisance particulière vis-à-vis de nous : Mediapart a publié un premier article, il n’a pas réagi, alors ils ont insisté en écrivant qu’il ne faisait rien et à ce moment une inspection a été décidée », résume-t-il avec flegme. «Mais l’inspection se passe dans de bonnes conditions, je ne crois pas du tout qu’il y ait une cabale contre nous ou contre les écoles catholiques », ajoute-t-il.

Une conviction partagée par le secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, qui n’a pas connaissance d’inspections visant d’autres établissements privés catholiques. «Le but de ces inspections est d’abord d’apaiser les choses dans des établissements qui ont fait l’objet de critiques », estime-t-il.

Un optimisme que ne partagent pas, en revanche, les associations de soutien aux écoles hors contrat, qui s’estiment plus facilement victimes d’un véritable renforcement des contrôles. «C’était prévisible depuis le vote de la loi confortant les principes républicains, qui a été dévoyée par rapport à son objectif original et sert parfois pour le gouvernement à restreindre la liberté éducative des parents », estime Sophie Audugé, porte-parole de SOS Éducation. Si elle ne détecte pas une augmentation significative du nombre de contrôles (déjà très élevé), la présidente de Créer son école, Anne Coffinier, regrette un ton de plus en plus accusatoire dans les procédures d’inspection. «L’État tente parfois de briser le lien de confiance entre les élèves et leur école », juge-t-elle. Au point, estime-t-elle, de « décourager » ceux qui entendent se lancer dans la création d’une école hors contrat.

Source : Le Figaro

Voir aussi

France — Malgré un budget de l'éducation publique en hausse constante, l’enseignement privé remporte la mise (mention de la polémique montée par Médiapart au collège Stanislas)

mardi 31 août 2021

Les nouveaux visages de la liberté scolaire en France : conférence de rentrée 2021

La rentrée 2021 en France est marquée par l'ouverture de 104 nouvelles libres (sans subventions) mais de plus en plus contrôlées par l'État centralisateur. Lire le dossier de presse.


 

Au programme de la vidéo ci-dessous

00:00 conférence de presse de rentrée 30 août 2021
00:10 Introduction et présentation par Anne Coffinier
5:05 Statistiques et grandes tendances de l'année 2021
8:50 les écoles ouvertes en 2021
20:50 émergence des écoles "nature"
27:15 séance de questions
34:25 Point sur la loi Gatel visant à "simplifier et mieux encadrer le régime d'ouverture et de contrôle des établissements privés hors contrat"
Perspectives pour 2022...


vendredi 23 avril 2021

France — Traitement inégalitaire pour les lycéens des écoles libres au bac 2021

Communiqué d’Anne Coffinier, présidente de Créer son école :

Les lycéens des établissements privés hors contrat [non subventionnées par l’État] ne passeront pas le bac 2021 dans la dignité et l’égalité

Le Conseil d’État vient de rendre une ordonnance de référé rejetant la demande déposée par l’association Créer son école, soutenue par 234 autres requérants : les lycéens des établissements privés hors contrat passeront donc leur bac à l’issue d’une année scolaire gravement perturbée par l’épidémie de Covid, moyennant 9 à 13 épreuves écrites et orales d’affilée, en présentiel, alors que leurs camarades des lycées publics et sous contrat ne passeront que 2 épreuves (philosophie et grand oral), validant toutes les autres au contrôle continu.

Comment soutenir sérieusement qu’il n’y a pas de rupture d’égalité face à la santé, mais aussi face à l’accès au principal diplôme national et donc aux études supérieures ?

Le Conseil d’État s’en est sorti au prix de ce qui s’apparente à un déni de justice ; en effet, le résumé des moyens juridiques des requérants est incorrect : certains ont été omis, d’autres ajoutés par la haute juridiction administrative ! (Voir le dossier juridique complet pour juger sur pièces.) La décision ne répond pas au cœur de l’argumentation juridique déployée par les requérants. — Prenons l’exemple de la prise en compte des notes de contrôle continu : nous affirmons que, puisqu’elles sont acceptées sans problème par Parcoursup, elles doivent l’être aussi pour le bac. Cet argument central a été purement et simplement ignoré. — Sur le plan sanitaire, nous soutenons que la dégradation des conditions sanitaires depuis septembre ne permet pas de passer les épreuves correctement en fin d’année (cours annulés, élèves et professeurs malades, programmes non terminés, entraînements aux épreuves non réalisés). A fortiori, condamner une minorité (les lycéens hors contrat) à passer ce « bac de l’impossible » tandis qu’on accorde le bac au contrôle continu aux autres est une rupture d’égalité inacceptable et irresponsable.

À quoi bon avoir laissé les lycéens dans l’incertitude durant de longues semaines pour répondre ainsi par une décision entachée d’erreurs matérielles : l’ordonnance de référé parle ainsi à un endroit de « la société requérante » (comme si le requérant était une entreprise) alors que le recours a été déposé par des centaines de requérants (comme une sorte de class action [recours collectif au Québec]) !

Face à tant d’approximations juridiques, nous ne pouvons que conclure au caractère politique de cette décision du Conseil d’État, qui a plaqué des arguments juridiques ignorant aussi bien le contexte sanitaire exceptionnel que la nature des moyens effectivement avancés par les requérants.

Les 4 000 jeunes qui voteront pour la première fois dans quelques mois auront commencé leur vie de citoyen par une expérience de quasi-déni de justice qui n’augure rien de bon pour leur confiance dans les institutions et les gouvernants de notre pays.

Quelles conclusions en tirer à plus long terme ? Le bac, en tant que diplôme national ayant une véritable valeur, est mort. Jean-Michel Blanquer l’aura tué, entre sa réforme et sa gestion de la Covid. Les certifications privées ont de beaux jours devant elles.

Plus largement, cette inégalité de traitement sur le bac fait suite à une série d’attaques contre les libertés éducatives des citoyens ; tant l’instruction en famille que les écoles privées hors contrat ont fait l’objet de mesures destinées ouvertement à les supprimer ou à les restreindre fortement : loi Gatel en 2018, loi pour l’école de la confiance en 2019, décrets discriminant les candidats au bac des établissements hors contrat, projet de loi sur les principes républicains. Le gouvernement a donc délibérément pris l’initiative de rallumer la guerre scolaire. Il instrumentalise habilement la peur qu’inspirent l’islam politique et la Covid pour porter des coups contre tout ce qui est indépendant de l’Éducation nationale. Ce n’est pas rendre service à cette dernière qui a besoin de soupapes de sécurité.

Mais en tapant si fort sur ceux qui veulent être libres, le gouvernement ne se fait pas que des amis, car les Français veulent choisir librement le type d’éducation pour leurs enfants. L’urgence est à réformer l’école publique, non pas à pénaliser ceux qui choisissent les écoles libres ou l’instruction en famille. L’instruction libre est l’avenir et rien ne pourra mettre un coup d’arrêt à son essor.


Voir aussi

Dernière actualité sur le projet de loi contre le séparatisme visant à interdire l’instruction à domicile, sauf cas de forces majeures, en France. 

France — notes du contrôle continu remontées dans les établissements publics pour le bac

 


mardi 9 mars 2021

Baccalauréat en France : « Les candidats des établissements privés hors contrat injustement pénalisés »

Anne Coffinier (ci-contre), présidente de l’association Créer son école, dénonce, dans une tribune au « Monde » de mardi 9 mars, le fait que les lycéens scolarisés dans les établissements privés hors contrat n’aient pas le droit cette année au contrôle continu au baccalauréat, comme leurs camarades du public et du privé sous contrat avec l’État.

Plus de 4 000 candidats au bac risquent d’être injustement pénalisés cette année s’ils n’obtiennent pas très vite gain de cause devant la justice. Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, vient de leur imposer de passer la quasi-totalité de leur bac en mai-juin sous forme d’épreuves terminales, tandis que les autres élèves obtiendront leur examen au contrôle continu à plus de 80 %, à la suite notamment de l’annulation des épreuves terminales de spécialités en raison de la crise sanitaire. Leur faute ? Simplement que leurs parents les aient scolarisés en lycée privé hors contrat et non dans un établissement public ou privé sous contrat avec l’État.

Pour ces jeunes, après les perturbations induites par le Covid-19 dans leur scolarité et leur vie sociale, c’est la mauvaise nouvelle de trop. Ils ne comprennent pas ce deux poids deux mesures qui les expose au stress et à l’échec en cette année déjà tellement bouleversée par la pandémie. Personne n’anticipait d’ailleurs que le ministère de l’Éducation nationale infligerait un traitement différencié à une catégorie de jeunes pour le bac de cette année, vu la situation sanitaire.

Traitement punitif

Sam Piter, athlète de haut niveau et membre de l’équipe de France de surf, est scolarisé à l’institut Hackschooling à Soorts-Hossegor dans les Landes depuis sa classe de 3e. Cet établissement privé hors contrat lui permet de mener au plus haut niveau sa carrière sportive et sa scolarité. Sam est bon élève et mène de front ces deux projets qui lui tiennent à cœur. Mais en juin, il sera condamné à choisir entre passer son bac ou concourir lors d’importantes compétitions sportives qui se déroulent au même moment. Mérite-t-il ce traitement punitif uniquement parce qu’il étudie dans un lycée privé hors contrat ?

Ils sont des centaines à se joindre au référé-suspension doublé d’un recours pour excès de pouvoir organisé par l’association Créer son école devant le Conseil d’État, afin de tenter d’obtenir le droit de valider eux aussi un maximum de matières en contrôle continu.

La situation sanitaire étant la même pour tous, qu’est-ce qui peut justifier d’exposer à un risque accru de contamination une catégorie de jeunes, qui, pour composer leurs épreuves, devront converger vers des centres d’examen de grande taille et souvent éloignés de leur domicile quand les autres candidats obtiendront leur bac « en restant au chaud » ?

Certains affirment que les établissements privés hors contrat n’auraient pas la capacité juridique d’attribuer des notes destinées à être prises en compte officiellement dans un diplôme national, parce que ce processus ne se déroulerait pas sous l’autorité de l’éducation nationale. Et que, depuis Bonaparte, l’État possède le monopole de la « collation » des grades universitaires, et donc du bac qui en constitue théoriquement le premier échelon.

Mais l’argument ne tiendrait que si, dans les établissements publics, les notes étaient exclusivement attribuées par des fonctionnaires de l’État — auxquels leur statut offre les garanties déontologiques et académiques censées assurer leur incorruptibilité. Ce n’est pas le cas, à l’heure où les contractuels sont de plus en plus nombreux. Sans compter que les professeurs des établissements d’enseignement privé sous contrat avec l’État sont pour leur part habilités à noter alors qu’ils n’ont pas le statut de fonctionnaires.

Quatre inspections en moyenne

Serait-ce alors le fait d’être supervisés par un proviseur ou un directeur fonctionnaire qui habiliterait les enseignants à noter ? Si tel était le cas, il faudrait supprimer à ceux de l’enseignement privé sous contrat le droit d’évaluer les élèves puisqu’ils sont placés sous les ordres de directeurs d’établissement de droit privé qui ne dépendent aucunement de l’éducation nationale. Et quid des établissements privés sous contrat dirigés par un fonds d’investissement étranger, comme c’est de plus en plus fréquemment le cas ? La tendance à « surnoter » pour satisfaire les actionnaires et veiller à la bonne valorisation de l’actif ne peut alors pas être exclue !

Dans l’enseignement catholique, les directeurs d’établissements privés sous contrat sont placés sous l’autorité de l’organisme — tout à fait privé — de gestion des établissements catholiques (dans lequel siège souvent le représentant de l’évêque). Ils étaient matériellement en capacité de relever les notes attribuées par leurs enseignants pour le bac au contrôle continu en 2020. Difficile alors de ne pas considérer que ce sont eux les notateurs de dernier ressort.

Mais il y a les inspecteurs, me direz-vous… Les enseignants de l’éducation nationale sont inspectés par l’éducation nationale, qui garantit ainsi leur aptitude à bien évaluer les élèves. Qui peut toutefois croire que cela constitue réellement une garantie lorsque l’on sait que ces enseignants sont inspectés moins de quatre fois dans leur carrière en moyenne ? A contrario, depuis la loi Gatel de 2018, les établissements privés hors contrat subissent contrôle sur contrôle, de façon inopinée la plupart du temps, et portant sur les diplômes et la moralité des enseignants autant que des directeurs ainsi que, bien entendu, sur la bonne acquisition des connaissances. À quoi bon monopoliser tant d’inspecteurs de l’éducation nationale pour inspecter autant les établissements hors contrat, si les contrôles qu’ils diligentent ne servent aucunement à en garantir le sérieux académique et la moralité ?

La motivation réelle pour imposer à ces milliers de jeunes de passer un bac plus difficile et plus dangereux en pleine pandémie reste bien énigmatique. Il semblerait si naturel de reproduire cette année la solution de bon sens retenue l’an dernier par Jean-Michel Blanquer, en permettant aux lycéens ayant un dossier de contrôle continu de présenter les épreuves de spécialité, voire tout le bac, en contrôle continu. Le Conseil d’État tranchera d’ici quelques jours.


vendredi 18 décembre 2020

Malgré le fort secteur privé, le Québec aurait le système scolaire le plus équitable au Canada

Selon David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privé :

De plus, contrairement à un discours populaire [anti-école privée], le Québec n’a pas un système scolaire inéquitable. Les tests PISA évaluent l’équité des différents systèmes scolaires en mesurant l’écart entre les élèves les plus performants et les moins performants.

En 2018, de toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec que cet écart était le plus faible en lecture et en mathématique, ce qui en ferait en fait le système scolaire le plus équitable au Canada, qui se classe lui-même parmi les pays les plus équitables au monde.

M. Bowles poursuit en disant « Nos élèves se démarquaient dans les tests internationaux. Les jeunes de 15 ans, évalués tous les trois ans par le biais des tests PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), se classaient parmi les meilleurs au monde, particulièrement en mathématique. »

Dans le dernier TEIMS (2019), les résultats des élèves québécois en mathématiques sont dans la moyenne supérieure, mais en rien parmi les premiers au monde. Les élèves québécois en 4e année du primaire se classent ainsi 17e avec la Flandre belge et juste derrière les États-Unis… C’est bien, mais encore faut-il comprendre les limites de ces tests (aucune démonstration, aucune dissertation, rien sur la culture générale ou même scientifique, rien qui évalue la faculté de pourvoir bien écrire dans sa langue maternelle (en français ici), etc.) 

Voir Les élèves québécois parmi les meilleurs au monde ? et Québec et PISA 2018 — bons résultats en maths, baisse en sciences, immigrants à la traîne et fort taux de non-participation des écoles.

Voir aussi 

PISA — analyse des résultats de la Finlande (en baisse) et de l’Estonie (1re en Occident)

Effet d’écrémage lié à la liberté scolaire : faible ou déjà présent

L’école privée n’est pas à blâmer

« Ségrégation scolaire » : harcèlement scolaire des bons élèves

Grande-Bretagne : se débarrasser des écoles privées ? Mieux vaudrait résorber l’inégalité entre les écoles publiques

QS et le PQ s’uniraient contre la « ségrégation scolaire »

Québec — Moins d’élèves, mais dépenses en forte hausse

Très forte augmentation des élèves allophones à Montréal (coûts supplémentaires en francisation et remédiation)

Nombre d’élèves en difficulté a près de doubler en 10 ans, coût : 2,3 milliards par an

vendredi 3 avril 2020

France — Bac supprimé: une rupture d’égalité inacceptable (m. à j.)

Le ministre de l’Education nationale a déclaré au 20h que tout élève disposant d’un livret scolaire est éligible au contrôle continu pour le diplôme du baccalauréat : établissements publics, sous contrat et hors contrat.






En France, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé ce matin que les élèves de première et terminale passeraient le bac (et le brevet) en contrôle continu en juin, à l’exception des élèves des établissements privés hors contrat, et de ceux du CNED et de l’école à la maison qui le passeraient en septembre sous la forme d’épreuves finales (en présentiel).

Cette décision est fortement rejetée par les élèves, familles et établissements scolaires scolaires concernés (bac général, technologique et professionnel, brevet) car :

  • Il sera bien plus difficile d’obtenir son baccalauréat ainsi, mais ce sera pourtant officiellement le même bac (discrimination).
  • Les élèves du hors-contrat passeront en dernier dans le système Parcoursup (l’absence de validation du bac en juin bloquant leur dossier) et n’auront que très peu de chances de pouvoir accéder à l’établissement supérieur qu’ils souhaitent. C’est une discrimination dans l’accès au service public de l’enseignement supérieur.
  • Les élèves et les professeurs du hors contrat vont devoir travailler tout l’été et enchaîner sans repos l’année scolaire suivante, après un troisième trimestre déjà éprouvant.
  • Il n’est pas certain que les conditions sanitaires soient réunies en septembre pour que le bac ait effectivement lieu, ce qui fait peser une incertitude supplémentaire.
  • Les élèves du hors-contrat vont commencer leur année scolaire prochaine en retard et fatigués, ce qui les pénalisera.
  • Les élèves du hors-contrat n’auront pas de système de rattrapage (alors que les autres élèves auront l’oral de rattrapage de juillet et celui de septembre). Psychologiquement, faire passer le bac aux élèves du hors-contrat en septembre en même temps que les élèves en rattrapage leur renvoie une image dégradée d’eux-mêmes.
L’association Créer son école demande que le gouvernement revienne sur sa décision très vite et fasse passer le bac pour cette année en contrôle continu aux élèves du hors-contrat. Dans la mesure où les établissements privés hors contrat sont désormais contrôlés très sérieusement (depuis la loi Gatel d’avril 2018), il est absurde qu’on ne reconnaisse pas la capacité de ces établissements à délivrer des notes dans le cadre du contrôle continu. D’ailleurs, c’est bien sur la base de ces notes de contrôle continu que Parcoursup et l’intégration dans le cadre de l’enseignement supérieur se réalisent déjà.

Elles peuvent donc servir sans problème de base pour la délivrance du bac ou du brevet en contrôle continu dans le hors-contrat !

Cette décision inique pénalise gravement les lycées hors contrat, alors que les circonstances exceptionnelles invitent à une attitude magnanime traitant tous les enfants de France de la même manière. Elle requiert une réaction énergique tant sur le plan politique et contentieux.

Créer son école appelle à l’union tous les acteurs éducatifs et proposera demain un plan d’action pour obtenir tous ensemble un traitement respectueux et équitable des élèves des lycées hors contrat.

Anne Coffinier, présidente de Créer son école

Axelle Girard, directrice d’EducFrance

Voir aussi

France — dédoublement des classes en banlieues, fermeture de 200 à 300 classes en milieu rural

lundi 2 mars 2020

France — clichés, poncifs et bobards sur l'école libre

Anne Coffinier dénonce les clichés, poncifs et bobards sur les écoles hors contrat :

Quand une personne ou une institution autre que l’État ouvre une école, elle est obligatoirement hors contrat. C’est la loi ! Pas un choix.

C’est seulement après 5 ans d’existence qu’un tel établissement peut demander à passer sous contrat avec l’État. Seulement, en pratique, l’État n’accorde presque aucun contrat, surtout en période de budgets publics contraints. Aux écoles de se serrer la ceinture !

Parlons à présent de ce qu’on appelle « l’école à la maison » : elle concerne les enfants qui sont suivis par un précepteur ou bien par leurs parents, avec ou sans le soutien d’un cours par correspondance. La tendance est à la mode, tant elle répond à des situations de détresse, de harcèlement ou de phobie scolaire par exemple… Certaines familles choisissent aussi tout simplement de garder leurs enfants à la maison, parce qu’elles considèrent que les ressources de l’économie de l’information et de la connaissance sont la voie d’avenir pour instruire. Il faut y voir aussi un mouvement de société, qui tend à privilégier l’idée qu’il revient à l’enseignement de s’adapter aux enfants plutôt que l’inverse. Signe des temps, ce mouvement est global. Bien des artistes en herbe et des futurs sportifs de haut-niveau pratiquent l’école à la maison…

Mais le paysage de l’instruction à domicile n’est pas toujours rose. Hugo Micheron que nous avons interviewé cette semaine, dans son essai sur Le Jihadisme français le souligne à plusieurs reprises : l’instruction à domicile peut servir de paravent à des entreprises d’embrigadement irresponsables des enfants…

Mais revenons aux écoles au sens strict du terme. Soyons clairs : une « école » est une structure reconnue par la loi, et dont la création est conditionnée par un grand nombre d’exigences. Les entreprises clandestines d’embrigadement de jeunes enfants ne sont pas des écoles ! Les regroupements informels d’enfants pour des raisons avancées de mutualisation des coûts, ou de recherche d’une plus grande socialisation ne sont pas davantage des écoles. On les appelle « écoles de fait » ou « écoles non déclarées », ou encore « écoles clandestines ». Si, pour la loi, la situation de deux enfants issus de deux familles différentes et scolarisés dans un même lieu doit donner lieu à une déclaration en vue de créer une école privée hors contrat, la réalité est très différente. Ces diligences ne sont pas toujours accomplies. Ces lieux de formation (ou d’embrigadement le plus souvent) sont alors des écoles clandestines échappant à tout contrôle systématique.

Est hors contrat une école dont la création et l’existence sont régies par le Code de l’éducation, selon le cadre précisé et nettement renforcé par la « Loi Gatel » du 13 avril 2018. Contrairement aux idées reçues, une telle école est régulièrement soumise à des contrôles bien plus poussés que ceux des écoles publiques ou privées sous contrat… Les inspections portent en effet sur l’école dans sa globalité, sur le respect du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Bref, pas le cadre idéal pour créer une secte…

Dernier point mais non le moindre, distinguons bien entre écoles coraniques et écoles musulmanes. La première catégorie ne correspond pas à des écoles, mais à des lieux de formation religieuse chargés de transmettre la religion musulmane par la mémorisation du Coran. Ces établissements ne sont pas contrôlés par l’État, en tout cas pas en tant qu’« établissements scolaires ». Quant à la deuxième catégorie, celle des écoles musulmanes, elles renvoie à des écoles privées confessionnelles, pouvant être sous contrat (comme les cinq grandes écoles rattachées à la Fédération nationale de l’enseignement musulman) ou bien hors contrat. Pour exister, ces dernières doivent être régulièrement déclarées et respecter les obligations qui incombent aux écoles hors contrat. À l’État de les contrôler autant que nécessaire bien sûr, le cadre de ces contrôles étant clair et efficace pour peu que les contrôles soient mis en place.

Cher lecteur, si vous avez lu jusqu’ici, vous êtes désormais incollable sur les distinctions propres à l’enseignement libre et sur ce qui n’en relève pas. Parlez-en, partagez, diffusez ! En matière de hors contrat, mieux vaut appeler un chat un chat.


dimanche 22 septembre 2019

Étatisation des garderies : le ministre va serrer la vis et pousse le personnel vers le secteur subventionné

D’ici « quelques semaines », Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, dévoilera en détail la solution qu’il aura retenue pour serrer la vis à ces garderies en milieu familial non régies. Un changement à la loi ou des contraintes administratives sont envisagés.

« On a un fichu problème de qualité et de sécurité » dans ces services de garde, croit M. Lacombe. Il réagissait aux informations que La Presse a révélées mardi, comme quoi le nombre de plaintes contre les garderies privées en milieu familial a explosé. En 2018-2019, un millier de plaintes ont été retenues par le ministère de la Famille en lien avec ce type de garderies, soit presque trois fois plus qu’un an auparavant.

Des exemples ? Une gardienne qui quitte son domicile et laisse les enfants entre les mains d’un mineur ; une autre qui a une conduite inacceptable avec les bambins ; des personnes qui consomment de la drogue à l’étage supérieur de la garderie en présence des enfants, témoigne M. Lacombe. Parmi le millier de plaintes, il y a celle de Jennifer Boisvert, dont le fils a fréquenté pendant deux semaines, en septembre 2018, la garderie Marie Chocolat à Sherbrooke.

Le ministre Lacombe déplore que ces garderies privées en milieu familial passent totalement sous le radar du ministère de la Famille. « On n’a pas de moyens d’aller vérifier de façon proactive si les enfants sont en sécurité. »

Travaillant sur ce dossier depuis plusieurs mois, le ministre promet des changements concrets. « Ce sera musclé. »

M. Lacombe explique que son ministère a 10 000 places subventionnées en milieu familial à offrir, qui ne trouvent pas preneur étant donné la rareté des éducatrices qui veulent les obtenir. « J’invite les éducatrices qui sont dans le milieu non régi, qui n’ont pas de permis, à joindre le réseau régi. On a des places subventionnées et on a un cadre plus sécuritaire », lance-t-il.

Abolir le modèle ?

Le ministre envisage même d’abolir pour de bon le modèle des garderies en milieu familial non régies.

« Le choix que je fais, c’est de miser sur la sécurité et de m’assurer comme ministre que tous les enfants sont en sécurité. On n’oblige aucun service de garde à fermer. On leur demande seulement d’avoir un permis. Je pense qu’on est capables. »

La députée du Parti québécois Véronique Hivon trouve pour sa part que le gouvernement réagit très tard, alors que le ministre est au courant des plaintes depuis des mois. « C’est une situation qui est très, très grave. »

Mme Hivon déplore que le gouvernement de la Coalition avenir Québec se soit entêté l’an dernier à ne pas encadrer davantage ces garderies en milieu familial non régies, lors de l’étude du projet de loi 143.

« Ils ont refusé tout encadrement. Aujourd’hui, on voit les résultats. Ils partagent une part de cette responsabilité-là, des mauvais services. »

À l’heure actuelle, les propriétaires de ces garderies privées en milieu familial peuvent accueillir un maximum de six enfants et doivent répondre à trois exigences : avoir une assurance responsabilité civile, suivre un cours de réanimation cardiorespiratoire et se plier à une vérification de leurs antécédents judiciaires.

Source

mercredi 3 juillet 2019

Écoles hors contrat (libres) : un réel engouement, mais les parents doivent être prudents


Les établissements scolaires publics et privés sous contrat ont clos depuis plusieurs mois leurs inscriptions pour septembre. Reste une solution de dernière minute, cet été, pour les parents d’enfants à profils particuliers, en mal-être ou refusés partout : le hors contrat. Renvoyés par leurs écoles ou collèges en raison de leur comportement ou de leurs résultats, ils sont assez volontiers acceptés par ces structures.
Seule condition : être prêt à payer des sommes conséquentes puisque, dans le hors contrat, les salaires des enseignants ne sont pas pris en charge par l’État. « Le hors contrat, c’est un choix pédagogique, mais aussi, pour certains élèves, le choix de la dernière chance. Cela peut être une main tendue dans un cas de harcèlement ou de phobie scolaire. Ces établissements accueillent quand les autres se défaussent face à la difficulté », explique Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l’école, qui accompagne le développement du hors contrat, en plein essor depuis cinq ans même s’il n’accueille encore que 0,5 % des élèves. [Note du carnet : normal, l’État fausse le marché avec ses écoles gratuites ce qui empêche beaucoup de parents de choisir]

S’il apparaît comme une planche de salut pour certains parents, permettant de « sauver » scolairement des enfants peu adaptés au système classique, il peut aussi comporter des zones d’ombre que certaines familles apprennent parfois à leurs dépens. Entre la plaquette de présentation qui vend du rêve aux parents et la réalité, le hiatus peut être très important. « C’est la porte ouverte à toutes les escroqueries possibles en matière éducative », juge, cinglant, un parent qui a expérimenté l’école de Tersac à Meilhansur-Garonne, dans le Lot-et-Garonne, inspirée du modèle anglo-saxon. Lorsqu’il y envoie, il y a cinq ans, son fils de 11 ans, « aux résultats moyens », il pense que Tersac, avec ses méthodes de travail strictes et sa volonté « d’excellence » affichées, va « le mettre sur des rails ». Derrière des « cours de savoir-vivre fumeux », le père réalise surtout que son fils « n’est pas du tout cadré ».

Il s’avère que les cours sont dispensés par plusieurs personnes non formées dans la discipline enseignée. Comme ces professeurs de mathématiques titulaires d’un simple diplôme de marketing ou de biologie et « payés au SMIC [salaire minimal] malgré l’investissement financier des parents qui monte jusqu’à 20 000 euros par an », souligne Laurent Dumont. [Note du carnet, comme des reportages de France 2 l’ont indiqué cela se passe aussi dans le public, des journalistes aux connaissances très limitées et sans diplôme dans la discipline se sont ainsi fait embaucher comme profs de maths...



Dans « Envoyé spécial », une plongée édifiante dans les failles du système de recrutement de l’Éducation nationale. En à peine quinze jours, un journaliste du magazine a été engagé comme enseignant… dans le secteur PUBLIC sans aucune qualification.



L’enfant est passé de 13 de moyenne générale à Tersac, « où les notes étaient gonflées pour faire plaisir aux parents », à « 6 de moyenne dans le public », se souvient le père. « Sa scolarité a été saccagée. Je le regretterai toute ma vie. »

Un témoignage corroboré par celui d’anciens élèves et parents qui ont créé un groupe Facebook ad hoc. Alexandre Enjolras, en terminale, énumère le roulement de ses enseignants depuis septembre : quatre professeurs d’économie, cinq professeurs de philosophie, trois professeurs d’histoire. L’école a été vendue, en mars 2018, au groupe Diderot Éducation. Le patron, Aldrick Allal, assure être en passe d’avoir « assaini la situation de cette école qui accueillait des enfants à problèmes de familles riches » et avoir « fait le ménage » parmi les enseignants et les élèves. La cession s’est toutefois faite dans la douleur. Aldrick Allal a été mis en examen en décembre dernier pour menaces de mort et exécution de travail dissimulé. Mais il entend « laver son honneur », défend-il.

Autre cas de figure classique : l’école hors contrat récente qui ferme ses portes du jour au lendemain. C’est ce qui est arrivé en 2016 à César Gimbert, inscrit à l’école Corbilo de Saint-Nazaire. Internationale, elle accueillait des enfants « surdoués ». « L’enseignement au lycée était léger, souligne-t-il. Un seul élève sur six a eu son bac. Les professeurs étaient sympathiques, mais manquaient d’expérience. » Elle a fermé à un mois du bac, sans préavis. Désaccords internes, situation financière fragile… les élèves se sont retrouvés sur le carreau.

Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Si la presse évoque régulièrement les ouvertures en hausse de ces structures associatives, les chiffres des fermetures sont inconnus. Anne Coffinier évoque une « dizaine de cas par an » pour 157 créations en 2018. Mais aucune n’est tenue de faire remonter l’information. Responsable de l’école alternative Les Lueurs, dans le village de Kerléau dans le Morbihan, Émilie Kieffer a dû cesser son activité en 2018, deux ans après l’ouverture. En plus de difficultés financières, elle décrit, amère, sur le site de l’école « une réalité partagée par les créateurs d’écoles hors contrat : les conflits humains incessants ». Le fait que le coût de la scolarité soit à la charge des familles « peut augmenter les attentes familiales et créer un trouble supplémentaire si l’équipe ne peut répondre aux attentes parentales ». Les incompréhensions, voire des actes vengeurs « très prégnants dans nos écoles », « mènent à la fermeture de nombreuses écoles ou, au mieux, au renouvellement de l’équipe pédagogique qui souffre d’une fréquente rotation de personnel ».

Les écoles maternelles et primaires Montessori, en plein essor, peuvent également décevoir parfois. Rien de plus simple que de créer une école labellisée Montessori, marque non protégée, après seulement quelques semaines de formation. Des paysagistes, commerciaux ou psychothérapeutes se lancent dans l’aventure de la création avec parfois, en guise d’expérience éducative, la seule éducation de leurs propres enfants. Cécile en a fait l’expérience douloureuse l’an dernier dans les Hauts-de-France. Son fils de 7 ans a été scolarisé dans une nouvelle école Montessori avec, selon elle, « une pédagogie très mal enseignée ». « Il n’y avait aucune règle, aucun cadre !, rapporte-t-elle. L’enseignante pleurait en classe, dépassée. Les enfants se frappaient devant des éducatrices, ces dernières expliquant que c’était une expérience de vie ! Nous avons vite retiré notre fils, comme quatre autres familles. » Témoignage similaire à Paris pour Nicolas, qui a laissé son fils dans une école Montessori pendant deux ans. « L’enseignante lui laissait faire ce qu’il voulait puisque le principe de cette pédagogie c’est que l’enfant doit apprendre à son rythme, raconte-t-il. Il a parfaitement appris à lire. Mais c’est tout ! Il a cumulé les lacunes et a dû redoubler son CP… »

L’ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen a, quant à elle, pris ses distances, en 2018, avec le Domaine du Possible, une école de pédagogie alternative fondée près d’Arles en 2015 avec son mari, l’établissement étant soupçonné de dérives sectaires. Une enquête du Monde diplomatique, publiée l’an dernier, décrivait notamment une cérémonie initiatique appelée la « spirale de l’Avent », inspirée par l’anthroposophie, un courant de pensée ésotérique.



Vérifier le sérieux de ces écoles privées


Lors de leurs rencontres portes ouvertes, les écoles hors contrat se parent de leurs plus beaux atours. Renvoyé de son collège privé de l’Ouest parisien, le jeune Jacques a été séduit, en juin, par les fondateurs d’une école hors contrat qui devait ouvrir à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Il était question d’élèves « doués », d’accueil sur mesure, de cours de cinéma… Faute d’un nombre d’inscrits suffisant, elle est restée à l’état de projet. Après une recherche sur Internet, les parents de Jacques ont découvert que les fondateurs avaient connu un échec dans une autre ville.

« Il faut tout vérifier », insiste Anne Coffinier qui conseille les écoles hors contrat. Regarder les comptes en détail, « poser sans ambages des questions franches sur les diplômes des profs » et « parler aux anciens élèves ». Depuis 2018, la loi exige que les directeurs aient au moins cinq ans d’expérience dans l’enseignement. Les professeurs doivent avoir un bac +2, « ce qui freine les créations, notamment de petites écoles Montessori », souligne Anne Coffinier.

Pour les collèges et lycées, le taux de réussite aux examens est un indice. Mais, sur ce point, aucune vérification n’est possible, ces chiffres n’étant pas publics… Enfin, les associations Montessori avec pignon sur rue recommandent aux parents de s’assurer de la présence d’éducateurs diplômés « Montessori International ».